On sait enfin pourquoi le méridien de Greenwich est décalé

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Le méridien de Greenwich, qui devrait par convention se situer sur la longitude 0°, en est décalé, comme le prouvent les mesures GPS (Domaine public)

Le méridien de Greenwich, qui devrait par convention se situer sur la longitude 0°, en est décalé, comme le prouvent les mesures GPS (Domaine public)

Le célèbre “méridien origine”, qui marque par convention la longitude zéro et sert de repère aux autres longitudes, est décalé de 102,5 mètres vers l’ouest par rapport à ce qui devrait être sa position, dans la région de Greenwich (Royaume-Uni). De manière plus générale, l’angle du méridien aux Pôles est décalé de 5,3 secondes vers l’ouest.

Ce phénomène était déjà connu depuis les premières mesures effectuées par GPS, lorsque des touristes ont commencé à signaler que leur GPS n’indiquait pas la longitude 0° quand ils se trouvaient sur le méridien. Mais les raisons de ce décalage n’étaient pas clairement identifiées. Aujourd’hui, une équipe de chercheurs s’est sérieusement penché sur la question et y a trouvé la réponse : c’est à cause des anomalies gravitationnelles de la croûte terrestre, du coté de Greenwich.

Greenwich est non pas à la longitude zéro mais à la longitude 00° 00′ 05,3”

La première question qui surgit à cette nouvelle est que, puisque le méridien de Greenwich marque la longitude zéro par convention depuis 1884, comment peut-on savoir qu’il est décalé ? La réponse est immédiate : le GPS. Ce système de satellites de mesures embarquant des horloges atomiques est bien plus précis que les calculs astronomiques du XIXe s. et ignore les conventions (et les erreurs) humaines.

La position théorique du méridien de Greenwich (longitude 0°) et de la ligne de l'équateur (latitude 0). Ph. Cham CC BY-SA 3.0.

La position théorique du méridien de Greenwich (longitude 0°) et de la ligne de l’équateur (latitude 0°). Ph. Cham via Wikicommons CC BY-SA 3.0.

En effet, selon ce système le méridien n’est pas bien positionné par rapport aux autres : par exemple, sa positions réelle par rapport au méridien marquant la longitude de 10° E est de 10° 00′ 05,3” E et sa position par rapport au méridien 10° OE est en réalité 9° 59′ 54,7” OE. Mais en revanche, les autres méridiens semblent, selon les calculs des chercheurs, bien positionnés. C’est donc un phénomène local, au niveau de la région de Greenwich, qui a altéré les mesures au moment de fixer le point zéro.

Un problème de densité de matière entourant le site de Greenwich

Ce phénomène est la gravité, affirment les chercheurs. Car si l’on sait qu’en moyenne la gravité en surface du Globe est de 9,81 m/s², les inhomogénéités de la croute terrestre peuvent faire varier localement cette valeur (la densité de matière en sous-sol agit sur la valeur de la gravité).

Or, la région de Greenwich est en plein dans une de ces anomalies : comme le montrent les chercheurs, la (petite) différence de gravité dans la région a donc légèrement faussé les mesures de l’époque sur ce méridien (paramétrées sur la base d’une gravité homogène de 9,81 m/s²) – sans influencer le calcul de la position des autres.

Pas de fâcheuses conséquences

Cela ne devrait pas prêter à de terribles conséquences, quelques villages déçus de ne plus être sur cette ligne particulière ainsi que des querelles de noms et de conventions. En effet, l’heure mondiale n’est plus calculée selon le système de Greenwich (Greenwich mean time ou GMT) : c’est l’heure UTC (Temps universel coordonné) qui sert de référence, et son calcul n’est pas basée sur ce méridien défectueux.

Román Ikonicoff

 

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Demain débute le festival du film scientifique Pariscience

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Du 1er au 6 octobre aura lieu le 11e festival international du film scientifique Pariscience, dont Science & Vie TV est partenaire.

Les projections se feront au Muséum national d’Histoire naturelle, dans le Jardin des Plantes, et quelques séances sont organisées autour du Muséum, à l’Institut Physique du Globe de Paris (IPGP) et dans les salles partenaires (Le Grand Action et La Clef). L’entrée est gratuite.

Chaque année, Pariscience propose une programmation internationale (fiction, documentaire, long-métrage, court-métrage) abordant toutes les disciplines scientifiques tout en éclairant les enjeux de la recherche désormais étroitement liés aux questions de société. Toutes les projections sont suivies d’un débat permettant de créer un échange entre scientifiques, équipe du film et public.

Consultez le programme, à partir duquel vous pouvez réserver vos séances (réservation fortement conseillée).

Notre recommandation pour le festival Pariscience

Parmi les films présentés, nous vous recommandons The Visit – Une rencontre extraterrestre, de Michal Madsen (vendredi 2 octobre, à 20h30).

Comment rendre compte de la rencontre entre l’humanité et un extraterrestre ? Avec The Visit, Michael Madsen met le public dans la peau de l’Alien : c’est lui qui tient la caméra. Laquelle s’adresse aux authentiques protagonistes de pareille rencontre : forces armées, ingénieurs de la NASA, membres de l’ONU, experts du célèbre projet SETI (Search for ExtraterresTrial Intelligence)

Tous jouent le jeu, dévoilant, face à l’E.T. virtuel, une diplomatie qui laisse affleurer la peur. L’artifice peut sembler maladroit, tant il est illusoire de prétendre incarner une pensée extraterrestre. Une réflexion extra-terrestre finit pourtant par éclore, au fil des entretiens : l’humain vaut-il la peine qu’on le visite ? Troublant.

—Thomas Cavaillé-Fol

 

 

 

 

 

Au bonheur de la faune et de la flore

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En Alsace, dans les vignes d’André Durrmann, des lignes d’acacias ponctuent les rangs de ceps. Au milieu broutent des moutons qui nettoient les allées et enrichissent le sol. Dans la nomenclature agricole, les pratiques du viticulteur entrent dans la catégorie de l’agroforesterie, qui mélange arbres, cultures et animaux. En France, plus de 3 000 hectares de parcelles sont convertis chaque année : céréales et oliviers, maïs et peupliers, pommiers et pâturages, vignes et arbres, canards et rizières……

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De l’eau liquide coule sur Mars aujourd’hui !

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Les planétologues ont découvert les Recurring slope lineae – lignes de pente récurrentes – sur les images prises par la sonde Mars Reconnaissance Orbiter. Un fluide coulait manifestement sur Mars. Nous savons aujourd'hui qu'il s'agit d'eau salée... Photo Nasa.

Les planétologues ont découvert les Recurring slope lineae – lignes de pente récurrentes – sur les images prises par la sonde Mars Reconnaissance Orbiter. Un fluide coulait manifestement sur Mars. Nous savons aujourd’hui qu’il s’agit d’eau salée… Photo Nasa.

Quatre siècles ou presque… Quatre siècles que les astronomes observent la planète rouge et y découvrent, ou croient y découvrir, de l’eau, de la vie, de l’eau, de la vie, chaque décennie ou presque… La recherche de l’eau liquide sur Mars, vieille comme la lunette de Galilée, est consubstantielle à celle de la vie, les biologistes s’entendant tous pour dire que sans ce solvant miracle, qui fait la spécificité de notre planète bleue, point d’extraterrestre dans le ciel, qu’il soit bactérie, lichen, herbe rouge, tartigrade pelucheux ou petit homme vert. Alors de l’eau… Il en a coulé, sur Mars… Au XIX e siècle, elle était drainée à flots furieux, depuis les calottes polaires vers les déserts équatoriaux, par des Martiens qui avaient découverts comment les Terriens, à l’époque, creusaient les canaux de Panama ou de Suez sur leur propre planète…
Au XX e siècle, de l’eau, encore et toujours, il en fallait, et beaucoup, pour expliquer les extraordinaires changements saisonniers de la surface martienne, que les astronomes suivaient, fascinés, l’œil à l’oculaire de leurs télescopes, au mont Wilson, à Junipero Serra Peak, Catalina ou au Pic du Midi. L’astronome Eugene Antoniadi, grand spécialiste de Mars, écrivait ainsi en 1924, après ses observations à la Grande lunette de Meudon « Non seulement les plages vertes, mais aussi des surfaces grisâtres ou bleues, tournaient sous mes yeux au brun, au brun-lilas ou même au carmin. C’étaient là presque exactement les couleurs des feuilles tombant des arbres en été et en automne dans nos latitudes ».
Et puis patratas ! Les sondes spatiales américaines, dans les années 1970, ont brisé le rêve, d’un seul coup, violemment : la planète Mars ? Un désert absolu à l’échelle d’un monde, un désert sec, glacial, au froid sidéral.
Les canaux de Mars ? Une illusion collective, due au fantasme impérieux que la petite sœur de la Terre soit habitée aussi. Les changements de couleurs et de formes de la surface martienne, au printemps et en été ? D’immenses nuées de poussières, levées par les tempêtes du désert…
Alors la vie a déserté Mars, et l’eau s’est figée…en glace. Car le précieux liquide, on l’a finalement trouvé, sur Mars, sous sa forme solide. Découverte extraordinaire, bouleversante ? Non… L’eau, cette molécule formée d’atomes d’hydrogène et d’oxygène, est un élément banal, dans le cosmos. L’hydrogène a été formé au moment même du big bang, l’oxygène est formé dans le cœur nucléaire des étoiles en fin de vie, il y en a partout dans l’Univers. Dans notre propre système solaire, au delà de la Terre, il y en a donc, sous forme de glace, un peu partout : sur Mars, sur tous les satellites de Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune, sur certains astéroïdes, sur les comètes… Et sous les banquises de Europe, Encelade, Titan, et bien d’autres mondes, il est certain que l’eau existe sous sa forme liquide.

De l'eau a coulé sur Mars en grande quantité, il y a plus de trois milliards d'années. Ici, Ravi Vallis, une coulée catastrophique, provoquée par l'effondrement de dizaines de milliers de km2 de désert martien, gorgé de glace. Photo Nasa.

De l’eau a coulé sur Mars en grande quantité, il y a plus de trois milliards d’années. Ici, Ravi Vallis, une coulée catastrophique, provoquée par l’effondrement de dizaines de milliers de km2 de désert martien, gorgé de glace. Photo Nasa.

Alors Mars ?
Eh bien le problème auquel se confrontent les planétologues depuis quarante ans et les premières sondes spatiales, c’est que la surface de Mars montre partout les traces du passage de l’eau… Vallées profondes, canyons encaissés, traces d’érosion, chaos gigantesques dus à des écoulements catastrophiques… Les spécialistes ont vite compris que ces écoulements, probablement dus à de l’eau liquide, étaient très anciens, et dataient d’une époque où la planète était plus chaude et humide, voici plus de… trois milliards d’années…
Et puis, à la fin du XX e siècle, la sonde américaine Mars Global Surveyor a découvert que sur certains flancs de cratères, de collines, des écoulements avaient eu lieu récemment, sans qu’il soit possible de dire si ce « récemment » à l’échelle géologique se comptait en jours, en siècles ou en dizaines de millénaires…
Enfin, en 2011, la sonde américaine Mars Lunar Reconnaissance Orbiter, un véritable « satellite espion » capable de percevoir des détails de un mètre à la surface de Mars a photographié littéralement en direct des écoulements à la surface de Mars !
Bien sûr, il ne s’agissait pas de rivières, de fleuves, rien, par exemple, ne ressemblant au cataclysme de Ravi Vallis qui, voici plus de 3 milliards d’années, a littéralement transporté des montagnes sous la force inouïe – mille Amazone en crue… – du flot martien… Non… Des ravines, tout au plus, filant sur cent ou deux cent mètres avant de se perdre dans le sable martien, au pied des reliefs…

Des ravines apparaissent par centaines sur les falaises du canyon Coprates. Si les planétologues veulent étudier sur place ces écoulements, il leur faudra adapter leurs robots actuels, ou en créer de nouveaux, aux possibilités de franchissement accrues. Photo Nasa.

Des ravines apparaissent par centaines sur les falaises du canyon Coprates. Si les planétologues veulent étudier sur place ces écoulements, il leur faudra adapter leurs robots actuels, ou en créer de nouveaux, aux possibilités de franchissement accrues. Photo Nasa.

Les spécialistes les appellent Recurring slope lineae – lignes de pente récurrentes. Mais quand même, quelle surprise ! De l’eau, sur Mars, aujourd’hui ? Surprise, oui, car sur Mars, la pression atmosphérique et la température très basses ne permettent plus à l’eau liquide de couler… Au Soleil, la glace se vaporise sans passer par l’état liquide… Mars est un désert ultracontinental, glacial, sidéral, absolu…
Les planétologues se sont donc gratté la tête pour proposer une explication excluant l’eau, de la glace carbonique, par exemple, mêlée à de la roche et de la poussière, pouvait aussi faire l’affaire. A moins que… A moins qu’il s’agit bel et bien d’eau, mais d’eau salée… Saturée de sel, on l’appelle alors saumure, l’eau martienne pourrait demeurer liquide assez longtemps pour couler, par des températures négatives, avant de se sublimer dans l’atmosphère…
L’hypothèse qu’il puisse exister de l’eau liquide très salée sur Mars est évoquée depuis la fin du XX e siècle… Dans certaines conditions, de véritables petites mares pourraient même résister quelques heures ou quelques jours, au cœur de l’été martien…
Mais comment prouver qu’il s’agit bien d’eau ? C’est à cette question que viennent de répondre, indirectement, dans le journal Nature Geoscience, Luju Ojha et ses collaborateurs, en analysant la géochimie des sols martiens où ces ravines coulent aujourd’hui… Ces sols, ont montré les chercheurs grâce aux instruments de la sonde Mars Reconnaissance Orbiter, sont saturés de sels… Ce que le spectrographe de MRO a détecté, c’est du chlorate, du perchlorate de magnésium et du perchlorate de sodium. Alors bien sûr, il ne s’agit pas encore d’une preuve absolue que le fluide s’écoulant l’été sur Mars est bien de l’eau très salée, celle-ci s’évaporant très vite après la coulée proprement dite, mais plus personne ne doute vraiment de la validité de cette hypothèse…
Ce n’est donc pas de l’eau pure qui coule sur Mars, mais plutôt une boue glacée, salée et mêlée de poussière, qui fond au Soleil d’été, dévale les pentes et se fige une fois l’eau contenue dans la saumure évaporée ou à nouveau gelée… Mais cette eau, dans le désert absolu qu’est la planète Mars, d’où vient-elle ?
Pour les chercheurs, elle proviendrait de l’atmosphère martienne… Celle-ci contient en effet 0,03 % de vapeur d’eau, suffisamment pour que les sels martiens l’absorbent, jusqu’à créer progressivement une saumure, laquelle, dans les pentes des reliefs, s’écoule lorsque la température estivale grimpe jusqu’à -20 °C, 0 °C voire +20 °C exceptionnellement…

La planète Mars devrait être explorée par de nouveaux robots mobiles au cours des années 2020/ La Nasa décidera t-elle d'envoyer le successeur de Curiosity, baptisé pour l'instant Mars 2020, étudier une ravine martienne où de l'eau a coulé ? Photo Nasa.

La planète Mars devrait être explorée par de nouveaux robots mobiles au cours des années 2020/ La Nasa décidera t-elle d’envoyer le successeur de Curiosity, baptisé pour l’instant Mars 2020, étudier une ravine martienne où de l’eau a coulé ? Photo Nasa.

Alors, de l’eau, sur Mars, cela relance t-il la lancinante et séculaire question de la vie sur la planète rouge ? Oui, encore une fois, parce que les biologistes se refusent à chercher de la vie, au sens terrestre du terme, sans eau liquide pour l’accueillir. Une fois ce postulat posé, restent quelques bémols. D’abord, bien sûr, se pose la question fondamentale de l’apparition de la vie en général : est-elle spontanée, automatique, dès lors que de l’eau liquide existe sur une planète ou la question de l’émergence du vivant est-elle un peu plus compliquée et subtile que cela ? Ensuite, chercher de la vie dans une saumure, c’est un peu comme chercher de la vie dans une bouteille d’eau de javel… Sur Terre, les saumures sont les endroits parmi les plus hostiles au vivant, même si des bactéries résistent aux conditions extrêmes des saumures du désert d’Atacama, par exemple. Par ailleurs, l’absence totale de bio marqueurs à la surface du désert martien laisse bien peu d’espoir de trouver quelque chose de vivant sur la planète Rouge…
Au final, que nous dit cette découverte sur l’avenir de l’exploration martienne ? Que les chercheurs vont être tentés d’aller voir sur place de quoi il retourne. La Nasa, l’ESA, décideront-elles de financer une mission martienne dédiée à l’étude de ces coulées ? Peut-être. Le successeur de Curiosity, le robot Mars 2020, qui devrait quitter la Terre en 2020, pourrait être adapté et dirigé vers l’une de ces ravines, par exemple.
Sauf que… Les scientifiques ont désormais une véritable éthique concernant l’exploration spatiale en général et l’exploration martienne en particulier. Si il existe le moindre doute sur l’existence possible d’une forme de vie martienne actuelle dans ces saumures, les étudier sera extraordinairement difficile… En effet, les sondes martiennes, quoique stérilisées, sont de véritables nids à bactéries… Le risque de contaminer Mars avec des microbes terrestres est pris très au sérieux, d’une part, et d’autre part, détecter de la vie martienne avec des instruments probablement contaminés par de la vie terrestre constitue un véritable cauchemar pour les exobiologistes…
L’annonce faite en fanfare hier par la Nasa, annonce faite au moment où se font les arbitrages concernant son budget annuel, une concordance, entre parenthèses, qui ne doit rien au hasard, va avoir deux conséquences immédiates : d’abord relancer l’intérêt des scientifiques et du grand public pour l’exploration martienne. Ensuite, et ce n’est bien sûr pas pour déplaire à la Nasa, qui n’en a ni les moyens techniques, ni la possibilité financière, reculer encore plus, si c’est possible, le voyage humain vers la planète rouge ; un voyage éternellement repoussé aux calendes grecques, ou aux ides de Mars, plutôt, en l’espèce…
Serge Brunier

 

Toutes les photos de l’éclipse totale de Lune

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Trois jours dans la vie de la lune de la Terre... Au fil de son orbite terrestre, la Lune se dévoile selon différentes phases. A l'approche de la Pleine Lune, les ombres à sa surface disparaissent peu à peu, puis le disque lunaire est entièrement éclairé. Sauf, bien sûr, en cas d'alignement parfait entre notre étoile, notre planète et sa lune. Les trois astres nous offrent alors le somptueux spectacle d'une éclipse de Lune... Photo S.Brunier

Trois jours dans la vie de la lune de la Terre… Au fil de son orbite terrestre, la Lune se dévoile selon différentes phases. A l’approche de la Pleine Lune, les ombres à sa surface disparaissent peu à peu, puis le disque lunaire est entièrement éclairé. Sauf, bien sûr, en cas d’alignement parfait entre notre étoile, notre planète et sa lune. Les trois astres nous offrent alors le somptueux spectacle d’une éclipse de Lune… Photo S.Brunier

Il ne fallait pas la rater… Non seulement l’éclipse totale de Lune du 28 septembre 2015 avait lieu au moment où notre satellite était au plus près de la Terre, mais en plus, la météorologie était favorable sur tout le territoire métropolitain, à l’exception du grand sud. De fait, des centaines de milliers de couches-tard ou de lèves-tôt ont profité d’un spectacle somptueux, entre 3 h 07 min et 6 h 27 min.

L'apparence de la Lune éclipsée prise en photographie est trompeuse. En effet, pour rendre au mieux la couleur de la phase totale de l'éclipse, et pour rendre celle-ci bien visibles sur leurs images, les photographes règlent leur appareil et ajustent leur prise de vue en fonction de la luminosité du phénomène... Ici, sur l'image de la Pleine Lune prise avant l'éclipse, 1/1000 e de seconde a suffi, à 200 ISO, et un diaphragme de 12, au foyer d'un petit télescope de 1800 mm de focale. L'image de droite, en revanche, a nécessité... 5 secondes de temps de pose ! Pendant l'éclipse du 28 septembre, la Lune plongée dans l'ombre de la Terre était donc environ cinq mille fois moins brillante que la Pleine Lune... Photos S.Brunier.

L’apparence de la Lune éclipsée prise en photographie est trompeuse. En effet, pour rendre au mieux la couleur de la phase totale de l’éclipse, et pour rendre celle-ci bien visibles sur leurs images, les photographes règlent leur appareil et ajustent leur prise de vue en fonction de la luminosité du phénomène… Ici, sur l’image de la Pleine Lune prise avant l’éclipse, 1/1000 e de seconde a suffi, à 200 ISO, et un diaphragme de 12, au foyer d’un petit télescope de 1800 mm de focale. L’image de droite, en revanche, a nécessité… 5 secondes de temps de pose ! Pendant l’éclipse du 28 septembre, la Lune plongée dans l’ombre de la Terre était donc environ cinq mille fois moins brillante que la Pleine Lune… Photos S.Brunier.

D’abord, cette ombre noire qui engloutit progressivement l’éclatante Pleine Lune, puis, en arrière-plan du croissant lunaire s’amincissant, le disque d’un rouge de plus en plus profond émergeant de l’obscurité… Cette éclipse de Lune a offert un spectacle magique, même observée à l’œil nu, même observée en pleine ville. L’affaiblissement de la lumière sélène a été très important, puisque elle a atteint cinq mille fois environ.

Cette série d'images a été prise à temps de pose constant, afin de montrer l'avance de l'ombre terrestre sur la surface lunaire. Photos S.Brunier.

Cette série d’images a été prise à temps de pose constant, afin de montrer l’avance de l’ombre terrestre sur la surface lunaire. Photos S.Brunier.

Les prochaines éclipses totales de Lune seront visibles dans l’océan Pacifique, depuis l’archipel de Hawaï, la Polynésie Française, la Nouvelle-Calédonie et l’Australie notamment, le 31 janvier 2018, depuis le Moyen-Orient, l’Afrique de l’Est, l’Inde, Madagascar et la Réunion, le 27 juillet 2018, et enfin, depuis les Etats-Unis, le Canada, le Mexique, l’Amérique du Sud, et le désert d’Atacama notamment, le 21 janvier 2019.
Quant à la prochaine éclipse totale de Lune entièrement visible depuis la France, il faudra attendre… le 20 décembre 2029.
Serge Brunier

 

La galerie des amateurs

 

Vous aussi, vous avez pris des photos de l’éclipse ?

Envoyez-les, avec votre nom et quelques mots de description (l’endroit, l’heure, les monuments éventuellement visibles sur la prise de vue), à cette adresse :

facebook@mondadori.fr

Nous mettrons les meilleures en ligne.

La rédaction de S&V.

 

28 septembre : observez l’éclipse totale de Lune !

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Durant une éclipse totale de Lune, celle-ci prend une couleur plus ou moins orangée ou rouge : ce sont les levers et les couchers de Soleil, sur Terre, qui se reflètent sur l'astre des nuits... Photo Serge Brunier.

Durant une éclipse totale de Lune, celle-ci prend une couleur plus ou moins orangée ou rouge : ce sont les levers et les couchers de Soleil, sur Terre, qui se reflètent sur l’astre des nuits… Photo Serge Brunier.

Difficile d’imaginer une plus belle conjonction céleste : dans la nuit de dimanche à lundi, le ciel sera clair, sans nuages, sur la France entière ou presque, la Pleine Lune sera particulièrement proche de la Terre et en plus… elle nous offrira le magnifique spectacle d’une éclipse totale…
Cette nuit là, notre étoile, la Terre et la Lune seront exactement alignées, et la Lune plongera dans l’ombre de la Terre, durant plus d’une heure. Une Lune particulièrement grande et brillante, puisque distante de seulement 357 000 kilomètres alors qu’elle peut s’éloigner, sur son orbite terrestre, au delà de 400 000 kilomètres.

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Le déroulement de l’éclipse totale

3 h 07 min : c’est le début de l’éclipse. La Lune, blanche et éblouissante comme de l’albâtre au Soleil, commence à pénétrer dans l’ombre de la Terre. L’assombrissement de notre satellite est spectaculaire… La Lune va t-elle totalement disparaître pendant l’éclipse ?

4 h 11 min : c’est le début de la phase totale de l’éclipse. La Lune est désormais entièrement plongée dans l’ombre de la Terre.

4 h 47 min : La Lune se trouve au cœur de l’ombre, c’est à ce moment qu’elle est le plus sombre.

5 h 23 min : c’est la fin de la phase totale, qui durera en tout 1 h 12 min. Un brillant croissant de Lune s’allume et grossit lentement.

6 h 27 min : L’éclipse est finie, la Pleine Lune éclaire de nouveau la nuit…

Alors, la Lune va t-elle disparaître complètement dans l’ombre de la Terre ? Cela semble logiquement inévitable, puisque, plongée dans le noir absolu de l’espace et en l’absence de Soleil, elle devrait être aussi noire que de l’ébène… Et pourtant, non. La Lune, durant la phase totale de l’éclipse, demeurera probablement visible, car elle sera faiblement éclairée par la lumière solaire, réfractée par l’atmosphère de la Terre, qui dessinera, vue de la Lune, une brillante auréole entourant notre propre planète…

Durant une éclipse totale de Lune, notre étoile, la Terre et la Lune sont parfaitement alignées. Illustration Observatoire de Paris.

Durant une éclipse totale de Lune, notre étoile, la Terre et la Lune sont parfaitement alignées. Illustration Observatoire de Paris.

Ce qui rend fascinantes les éclipses de Lune, c’est qu’il est impossible de prédire à quoi ressemblera la Lune durant la phase totale. La douce lueur qui l’éclairera sans doute sera celle des rayons du Soleil traversant l’atmosphère terrestre au moment du lever ou du coucher, sur Terre. Ce sont donc des couleurs crépusculaires qui teinteront la Lune durant plus d’une heure, et sa robe sera orangée, grise ou rouge, en fonction des conditions atmosphériques sur Terre. Parfois, si l’atmosphère est dense, nuageuse, empoussiérée, la Lune, effectivement, devient pratiquement invisible à l’œil nu ! Parfois, elle se pare d’une magnifique robe brillante et pourpre. Ce spectacle est à contempler à l’œil nu et aux jumelles, ces dernières amplifiant la faible lueur de la phase totale.

Photographier l’éclipse n’est pas très difficile, à condition, toutefois, d’utiliser un objectif d’une focale assez longue, de 100 à 600 mm. L’appareil photo sera installé sur pied, le diaphragme de l’objectif sera largement ouvert, entre 2.8 et 5.6. Le temps de pose doit être court, afin que la Lune ne se déplace pas trop dans le champ de l’appareil durant l’exposition. Une pose de 1 à 5 secondes suffit avec la plupart des téléobjectifs, jusqu’à 300 mm, les objectifs plus puissants exigeront des temps de pose plus courts. La sensibilité de l’appareil sera réglée en fonction de plusieurs tests d’exposition et bien sûr de la phase de l’éclipse. Durant la plongée de la Lune dans l’ombre, la photographie est très facile, c’est durant la phase totale que les choses se compliquent, la Lune pouvant alors être très sombre… Les astronomes amateurs, bien sûr, utiliseront une monture équatoriale, qui, en suivant automatiquement le mouvement propre de la Lune, leur permettra d’utiliser des temps de pose plus longs, des sensibilités plus faibles, des objectifs de plus grandes focales.

L’Association Française d’Astronomie propose au public de venir contempler l’éclipse avec des astronomes amateurs, partout en France, au sein des clubs, associations et observatoires amateurs.

Serge Brunier

 

Pourquoi certains accords musicaux sonnent-ils faux ?

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Qu'est-ce qui fait qu'un accord (ici, un Do), sonne juste à notre oreille ? - Ph. Kamaljith / Flickr / CC BY 2.0

Qu’est-ce qui fait qu’un accord (ici, un do), sonne juste à notre oreille ? – Ph. Kamaljith / Flickr / CC BY 2.0

“Cette question fait l’objet d’un vif débat depuis plusieurs siècles, répond le mathématicien grenoblois Frédéric Faure, qui étudie les liens entre la musique et les maths. Certains scientifiques pensent que cela est surtout dû à notre culture, et serait donc appris, quand pour d’autres, cela découlerait d’une aptitude innée nous permettant d’analyser les accords (des notes émises simultanément).”

“Cette capacité, essentielle pour comprendre la voix humaine, ferait en sorte que notre cerveau perçoive comme naturellement justes les harmoniques existant dans la voix, et comme faux, les autres.”

Les accords musicaux “justes” cachent des fractions simples entre fréquences

Cette dernière thèse remonte à l’Antiquité. Les mathématiciens grecs Euclide et Pythagore observèrent que les accords jugés agréables, que l’on retrouve dans la voix humaine, sont ceux dont le rapport entre leurs fréquences (nombre de vibrations produites dans un temps donné) est égal à une fraction simple, comme 1/1, 2/1, 3/2, 4/3…

“Ainsi, un intervalle de notes ayant un rapport de fréquences égal à 19/13 ou à 27/14 sonnera faux”, précise Frédéric Faure.

Notre oreille est conditionnée à reconnaitre l’harmonie des accords familiers

Pourtant, certains travaux indiquent, au contraire, que c’est surtout notre éducation musicale qui serait en cause. Par exemple, une étude publiée en 2013 suggère que l’on trouve moins désagréables les accords que l’on a déjà entendus, et qu’on peut apprendre à trouver consonants des sons jugés à la base dissonants.

Ce qui va dans le sens de la thèse d’Arnold Schönberg, un compositeur célèbre pour sa musique atonale très dissonante, qui clama que la dissonance était une question de convention, et que nous pouvions apprendre à l’aimer en nous y habituant.

–K.B.

D’après S&V n°1173

 

> Lire aussi dans les Grandes Archives de S&V :

S&V 1165 - 2014 clarinette

S&V 1116 - 2010 Shazam musique

S&V 1104 - 2009 musique emotions

 

 

Un nuage de microbes personnel entoure chacun d’entre nous

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Staphylococcus epidermidis, une bactérie peuplant la peau humaine, était prédominante dans le nuage microbien d'un des participants à l'expérience. - Ph. NIAID / Flickr / CC BY 2.0

Staphylococcus epidermidis, une bactérie peuplant la peau humaine, était prédominante dans le nuage microbien d’un des participants à l’expérience. – Ph. NIAID / Flickr / CC BY 2.0

Partout où nous allons, nous sommes accompagnés par un mélange très personnel de bactéries émises dans l’air alentour par notre corps ! Bouche, peau, intestins… ils dispersent en une heure 10 millions de particules biologiques issues des microbes qui habitent les divers replis de notre organisme.

Mais il y a plus : les microbiologistes de l’université de l’Oregon, qui ont révélé l’existence de ce nuage microbien, sont allés jusqu’à l’étonnante découverte qu’il nous est si personnel qu’il permet de nous identifier.

Comment est-ce possible ? Grâce à l’analyse des gènes appartenant à ces microbes. En effet, sur les milliers d’espèces bactériennes existantes, toutes ne sont pas présentes chez une personne donnée, et certaines d’entre elles prédominent. Résultat : le profil microbien est une sorte de signature, d’empreinte personnelle.

Comme pour les microbes intestinaux, le cocktail de microbes aériens est propre à chacun

En mai dernier, une technique similaire avait permis d’établir l’unicité du microbiote intestinal (ou flore intestinale) de chacun. Ce mélange de milliers de milliards de bactéries vivant dans notre tube digestif, et participant à notre immunité et à notre digestion, s’établit au cours de l’enfance à partir du microbiote maternel et demeure très stable au cours de la vie. Si bien que l’ensemble des gènes du microbiote (appelé microbiome) permet d’identifier une personne de la même manière que ses propres gènes (contenus dans les cellules humaines) !

A présent, la nouvelle recherche dévoile qu’il en va de même pour notre “microbiote aérien”. James Meadow et ses collaborateurs ont placé 11 volontaires dans une pièce stérilisée où circulait un air filtré, puis analysé 312 échantillons d’air et de poussière. Au total, 14 millions de fragments d’ADN ont été séquencés.

Résultat : la plupart des volontaires (8 sur 11) pouvaient être identifiés en l’espace d’une heure et demie à 4 heures, sur la base de son nuage microbien. Est-ce à dire qu’il pourrait être utilisé par la justice comme une preuve génétique de la présence de quelqu’un ? On en est loin : les microbes de chacun se mélangent dans l’espace avec ceux d’autres personnes. Tout récemment, une étude avait ainsi comptabilisé 125 000 espèces bactériennes en moyenne dans un logement.

Le plus intéressant dans cette nouvelle recherche est sans doute qu’elle éclaire un peu plus la manière dont les bactéries sont transmises des corps aux objets ou aux autres personnes. Car si la grande majorité d’entre elles sont inoffensives, voire bénéfiques, certaines sont pathogènes et véhiculent des maladies infectieuses.

—Fiorenza Gracci

 

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S&V 1161 - microbes terrestres

  • Toutes nos bactéries vont être recensées — S&V n°1088, 2008. Le “Human Microbiome Project” démarre aux Etats-Unis : il va séquencer l’ensemble des gènes des bactéries peuplant le corps humain, ouvrant un tout nouveau pan de la recherche biomédicale.

S&V 1088 - human microbiome project

En douceur contre le cancer

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Des sourires et des rires. Une bibliothèque, un coin cuisine et un salon où deux copines discutent autour d’un thé dans de confortables canapés. Un peu plus loin, une piscine, un hammam. Des ateliers cuisine, des cours de sophrologie, de méditation ou encore de yoga. Et aussi des soins esthétiques, du conseil en image, du théâtre ou de la réflexologie plantaire. Nous ne sommes pas dans un club de sport ou de loisirs, mais au centre Ressource, à Aix-en-Provence, un lieu unique en France où les patients atteints du cancer viennent se ressourcer, prendre soin d’eux et retrouver le sourire. 

Depuis quelques années, les médecines douces et les soins de mieux-être se sont largement développés à l’hôpital pour accompagner les traitements du cancer. Mais l’offre demeure encore restreinte et se situe dans une approche médicale,…

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Le codage, un jeu d’enfant

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Dubitatif devant l’écran, Oscar s’est un peu égaré dans son labyrinthe virtuel. « Qu’est-ce que ça veut dire : “S’orienter vers” ? Je fais quoi ? » À 10 ans, la main cajolant la souris de son ordinateur, Oscar est en pleine phase de codage. Et de rodage. Sur l’écran scintillant, des murs surgissent au fur et à mesure pour matérialiser un dédale, parsemé de pastilles jaunes. Ce vendredi après-midi, après cinq demi-journées d’initiation à la programmation informatique, le garçon tente patiemment de recréer une version du célèbre jeu vidéo Pac-Man. Dans la salle, six autres camarades, tous inscrits à l’atelier Magic Makers, à Paris, affinent le canevas de leurs minijeux, nez pointé sur le clavier. Au rythme des conseils de deux formateurs attentifs, Julien, diplômé en sciences de…

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