La grotte Chauvet, patrimoine de l’humanité

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Rhinocéros à grande corne, dessiné sur un mur de la grotte Chauvet, en Ardèche. / Ph. Bloody-libu via Wikiòedia coòòons, domaine public.

Rhinocéros à grande corne, dessiné sur un mur de la grotte Chauvet, en Ardèche. / Ph. Bloody-libu via Wikimedia commons, domaine public.

Le Comité du patrimoine mondial de l’Unesco, réuni à Doha (Qatar) a reconnu aujourd’hui la grotte Chauvet-Pont d’Arc comme faisant partie du patrimoine mondial de l’humanité. Elle figurait parmi les candidats depuis 7 ans.

Ce site extraordinaire, situé dans une anse de la rivière Ardèche, est la plus ancienne grotte ornée connue à ce jour. Elle devient aujourd’hui le plus ancien des 1001 sites reconnus patrimoine mondial. Les peintures rupestres qu’elle abrite remontent à 36 000 ans, deux fois plus anciennes donc que celles de la grotte Lascaux, en Dordogne, découverte en 1940 et inscrite à l’Unesco depuis 1979 déjà.

Mais à la différence de celle-ci, qui a subi les dommages dus au tourisme, afin de la préserver  la grotte Chauvet n’a jamais été ouverte au public. Son art est exceptionnellement conservé grâce à un éboulis à l’entrée de la grotte survenu il y a 22 000 ans.

Elle fut découverte il y a vingt ans seulement

Ce qui expliquerait aussi sa découverte tardive, le 18 décembre 1994, par trois spéléologues amateurs dont Jean-Marie Chauvet lui a donné son nom.

Ses 435 peintures représentent plus de 14 espèces d’animaux, dont des mammouths, des rhinocéros laineux et des panthères. Peintes à l’ocre et à la main, elles s’étalent dans des galeries de 800 mètres qui atteignent jusqu’à 18 mètres de hauteur. Un espace souvent comparé à celui d’une cathédrale.

En plus de la caverne, le site classé par l’Unesco comprend l’écrin paysager naturel et le bassin hydrogéologique qui l’entoure, dont l’arche naturelle du Pont d’Arc et ses 54 m de haut, à l’entrée des gorges de la rivière Ardèche. Pour sa conservation, la grotte Chauvet est interdite au public, mais chacun pourra bientôt admirer sa reproduction grandeur nature, baptisée Caverne du Pont-d’Arc. Un peu de patience tout de même : ouverture prévue au printemps 2015.

Relevé 3D de la Caverne du Pont d’Arc, où l’art de la grotte Chauvet à été reproduit le plus fidèlement possible. / llustration Guy Perazio, via La caverne du Pont-d’Arc

« L’inscription de la Grotte au patrimoine mondial est un merveilleux hommage rendu aux premiers artistes de l’histoire et récompense l’engagement et la mobilisation des territoires ardéchois et rhônalpins », se félicite Pascal Terrasse, député de l’Ardèche et Président du Grand Projet de la Caverne du Pont-d’Arc.

Pour autant, ce classement ne permettra pas de dévoiler tous ses mystères. Qu’est-ce que les Homo sapiens qui l’ont décorée y faisaient-ils ? Les paléoanthropologues savent aujourd’hui qu’à l’époque, au Paléolithique, nos ancêtres n’habitaient pas dans les cavernes. Peut-être y célébraient-ils des cérémonies ? Le terme de « cathédrale » serait alors bien choisi…

F.G.

 

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Les anges gardiens de la grotte Chauvet

Comment un jeu vidéo peut-il rendre accro ?

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Une compétition de jeux vidéos / Ph. The Digitel Myrtle Beach, via Flickr - CC BY 2.0

Une compétition de jeux vidéos / Ph. The Digitel Myrtle Beach, via Flickr – CC BY 2.0

Attention, tous les jeux vidéo ne sont pas à mettre dans le même panier. En ce qui concerne les adolescents qui, scotchés à leurs manettes, passent avérer problématique, mais elle est le plus souvent transitoire. Elle relève davantage de la passion que de la véritable accoutumance.

Pour les psychiatres, la véritable dépendance concerne les jeux en réseau, les fameux jeux de rôle en ligne massivement multijoueurs (MMORPG selon le sigle anglais).

Un monde fantastique

Dans ce type de jeux vidéo, tels “World of Warcraft” ou “Everquest”, le joueur, représenté par un avatar – son double virtuel – interagit aux côtés d’autres joueurs connectés, dans un monde fantastique riche en aventures et combats de toute sorte. Or, ces jeux sont susceptibles d’engendrer
une passion tournant cette fois à l’obsession. Cela pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, ils sont sans fin : ils mettent en scène un monde dit persistant, qui continue d’évoluer même lorsque le joueur n’est pas connecté. “Cela provoque ce que j’appelle l’effet Tamagotchi : le joueur a peur de laisser son avatar tout seul dans le jeu, à l’abandon”, explique Jean-Claude Matysiak, chef du service de traitement des maladies addictives au centre hospitalier de Villeneuve-Saint-Georges (94).

En outre, lorsqu’il ne joue pas, le joueur n’augmente pas la puissance de son avatar. Enfin, le jeu crée un phénomène de communauté très rassurant : le joueur appartient à un groupe, il combat aux côtés d’autres passionnés, discute avec eux sur des forums, etc. “Il y a donc une reconnaissance par les pairs rassurante”, observe Julie Caillon, psychologue à l’université de Nantes.

Pour autant, l’addiction à ces jeux vidéo reste un phénomène marginal. Si aucune étude épidémiologique n’a encore été publiée en France, un rapport de l’Assemblée nationale de novembre 2008, se référant à des données issues du Canada, des Etats-Unis, d’Australie, de Nouvelle-Zélande et d’Europe du Nord, évaluait “la prévalence des joueurs problématiques et pathologiques” entre 1 et 3 % des joueurs qui ont déjà utilisé des jeux en ligne.

Le jeu devient un refuge

Il s’agit essentiellement de garçons âgés de 16 à 30 ans, célibataires. “On ne devient jamais addict par hasard. C’est une autothérapie qui vient soulager une souffrance interne”, précise Jean-Claude Matysiak. Et de citer trois profils concernés : adolescents angoissés par l’avenir issus de familles étouffantes, jeunes ayant vécu des traumatismes à répétition durant l’enfance, individus venant de subir un choc émotionnel violent, comme la perte d’un parent.

Le jeu devient alors un refuge. D’abord supposée maîtrisable, la conduite dérape. Initiée pour le plaisir, elle finit par être pratiquée pour éviter de se sentir mal. L’objet de l’addiction devient le centre de l’existence, avec des conséquences néfastes sur la vie sociale, affective, professionnelle.

Obnubilés, les accros des jeux en ligne en oublient de manger, ne sortent plus de chez eux, ne se lavent plus. “Le corps a moins d’importance puisque sa représentation est dans le jeu”, note Julie Caillon.

Sans doute peut-on retrouver un socle biologique commun à toutes les addictions : la drogue et le jeu déclenchent la sécrétion de dopamine, l’hormone du plaisir, dans le cerveau. Avec l’évolution des technologies et la libéralisation des jeux d’argent, ces addictions comportementales ne semblent pas près de disparaître.

En témoigne la création en 2008 du Centre de référence sur le jeu excessif, à Nantes, qui vise à développer la recherche et la prévention dans ce domaine.

M.-C.M.


 TRAITER L’ADDICTION AVANT DE RESOUDRE LE FOND DU PROBLEME

“Même si la maladie addictive peut être vue comme une seconde affection qui vient se greffer sur une maladie plus ancienne (traumatisme psychologique, etc.), indique le psychiatre Jean-Claude Matysiak, la première étape de la prise en charge consiste à s’intéresser exclusivement à l’addiction.” Il s’agit de comprendre ce que représente le jeu pour le patient, ce qu’il lui apporte. Des médicaments peuvent éventuellement l’aider à décrocher, comme les antidépresseurs sérotoninergiques, “dont on sait aujourd’hui qu’ils ont une activité anti-compulsive”. Ce n’est que dans un second temps qu’est envisagée une approche de fond du problème : comprendre pourquoi le patient est devenu accro, afin d’éviter qu’il ne reproduise ce schéma dans une autre conduite addictive.


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Les avions, réservoirs à bactéries

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Ph. Juanedc via Flickr - CC BY 2.0-630px

Ph. Juanedc via Flickr – CC BY 2.0-630px

Et si les cabines des avions étaient de véritables nids à microbes ? L’idée peut surprendre ceux qui ont assisté au ballet des hôtesses vidant, quelques temps avant l’atterrissage, le contenu de bombes désinfectantes dans la cabine passagers.

Et pourtant, une étude présentée par une équipe de biologistes de l’université d’Auburn (Alabama), révèle que certaines bactéries sont capables de survivre plusieurs jours sur les hublots, les accoudoirs, les tablettes en plastique, poches des sièges et autres dévidoirs ou encore sur les boutons métalliques.

Et pas n’importe quelles bactéries : le terrible staphylocoque doré, responsable entre autres d’infections cutanées, parfois mortelles, et la célèbre Escherichia coli incriminée dans bon nombre d’épidémies digestives.

Les cabines des avions constituent un milieu idéal

Pour prouver la résistance de ces deux bactéries, les chercheurs ont observé leur capacité de survie sur différents supports des avions dans les conditions de vol (24°C, taux d’humidité 18%).

Résultat : Escherichia coli survit 4 jours sur les accoudoirs et 3 jours sur les plateaux repas. Plus coriace, le staphylocoque doré reste vivant une semaine dans le tissu de la poche des sièges, même si le risque de transmission déclinent rapidement pour être quasiment nul au bout de 48 heures.

Loin de vouloir générer une phobie des vols commerciaux chez les hypocondriaques, l’étude soutenue par l’aviation fédérale américaine va permettre aux compagnies aériennes d’adapter leurs procédures de nettoyage et de désinfection. Ceci afin d’éviter, voire de limiter les risques d’infections transmises par l’air ou par contact.

Des risques que tempère l’un des auteurs de l’étude, Kiril Vaglenov, pour qui il n’est pas plus dangereux de prendre l’avion que d’aller au cinéma !

K.J.

 

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La rénovation thermique des bâtiments au coeur de la transition énergétique

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La rénovation thermique d'une maison. / Ph. Michel Turbin via Flickr - CC BY SA 2.0

La rénovation thermique d’une maison. / Ph. Michel Turbin via Flickr – CC BY SA 2.0

Présenté hier par la ministre de l’Écologie, le projet de loi de transition énergétique repose en grande partie sur la rénovation des bâtiments en vue de réaliser d’importantes économies d’énergie.

Réduire la consommation énergétique de la France de moitié d’ici à 2050,  telle est l’ambition de la ministre de l’Écologie Ségolène Royal, qui a exposé ce mercredi 18 juin son projet de loi de transition énergétique. En donnant plus de place aux énergies renouvelables dans le « mix énergétique » qui alimente l’Hexagone, cela devrait également permettre de réduire de 40 % les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici à 2030.

Pour ce faire, il faudra prioritairement rendre plus économes les bâtiments : on estime que l’énergie qu’ils engloutissent (principalement pour le chauffage) 40 % de l’énergie totale consommée en France, émettant 25 % du total des GES.

Relancer la rénovation thermique à grande échelle pourrait amener à la création de 70 000 emplois (PDF), d’après le ministère. Le chantier visant à rénover 500 000 logements par an, annoncé par François Hollande en 2012, est loin d’avoir atteint sa vitesse de croisière. Pour l’instant, seuls 160 000 logements ont été rénovés.

Des mesures d’incitation visant à relancer le mouvement de rénovation

Afin d’y parvenir, le projet de loi prévoit à la fois des incitations fiscales pour les ménages, des obligations légales et des simplifications bureaucratiques, qui devraient permettre d’accélérer le mouvement.

Les ménages qui entament des travaux de rénovation thermique avant le 31 décembre 2015 bénéficieront ainsi d’un allègement fiscal de 30 %, et les plus modestes auront droit à un chèque énergie. De plus, le crédit d’impôt développement durable sera accordé même si ces travaux ne sont pas réalisés d’un seul coup, mais en plusieurs étapes (façade, fenêtres, toiture…).

Les écoprêts à taux zéro devraient aussi être relancés et portés de 30 000 accordés actuellement à 100 000 par an.  Pour inciter les banques à les accorder, il est prévu que l’Etat mette en place un fonds de garantie.

A l’avenir, les permis de construire prendront en compte le critère de l’efficacité énergétique des bâtiments à construire ou à rénover, bien que cet aspect ne soit pas encore clairement défini dans le projet de loi. Celui-ci devrait être adopté fin 2014 ou début 2015.

Parmi les autres objectifs de la loi, mis à part le secteur de l’habitat, deux autres volets importants : la part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie devra être portée à 32 %  et celle du nucléaire devrait passer de 75 % à 50 % à l’horizon 2025-2030. La consommation d’énergies fossiles devra, elle, diminuer d’un tiers.

F.G.

> En savoir plus : Le Plan Bâtiment Durable, regroupant l’ensemble des acteurs du bâtiment, de l’immobilier et de l’énergie.

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Le Grand Paris Express se veut le métro le plus connecté du monde

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La ligne 14 du métro parisien, station Châtelet. / Ph. pterjean via Flickr - CC BY-SA 2.0

La ligne 14 du métro parisien, station Châtelet. / Ph. pterjean via Flickr – CC BY-SA 2.0

Le futur métro du Grand Paris, baptisé Grand Paris Express (GPE), devra être le métro le plus digital au monde, dans les vœux de son concepteur, la Société du Grand Paris.

La Société du Grand Paris a présenté, devant divers acteurs publics et privés, ses projets pour faire du GPE un haut lieu de la dimension digitale urbaine. Les 205 km de nouvelles lignes de métro, qui entoureront la capitale et la relieront à ses deux aéroports, devraient devenir une « autoroute numérique » à la pointe de l’innovation, proposant aux voyageurs une panoplie de services connectés.

A débuter bien évidemment par les réseaux mobiles, qui seront assurés dans les galeries souterraines par des points de connexion à la fibre optique, installés tous les 800 m. Ce qui permettra aux voyageurs urbains de ne pas se déconnecter durant leurs trajets. Un réseau de géolocalisation est aussi prévu, ainsi que des réseaux wi-fi à très haut débit.

Pour réaliser tout le potentiel du GPE et en faire une plate-forme numérique de la vie urbaine, sont à l’étude des espaces de travail partagés, des équipements connectés, ainsi que des espaces destinés à héberger des ateliers sur l’innovation numérique ou consacrés à des laboratoires développant des services pour la « mobilité connectée ».

Les données de mobilité des passagers en accès libre

C’est là l’une des ambitions phare de la Société du Grand Paris, qui veut associer des start-up numériques à sa démarche. Celles-ci ont été appelées à participer en février dernier, lors du lancement d’un appel à manifestation d’intérêt.

La société planifie de leur rendre disponibles, en accès libre, les données de mobilité des passagers, pour permettre de mieux étudier leurs déplacements et d’optimiser les services rendus : ce qu’on appelle aussi de l’Open data. Et si l’on considère que ce sont 12 millions d’habitants que le Grand Paris va relier entre eux, ces Open data sont aussi des… Big data.

Ces données ne seront délivrés qu’après accord de chaque voyageur, précise la société, qui insiste sur le fait qu’elles seront précieuses pour orienter aux mieux les usagers du métro, ou pour leur fournir des services spéciaux (notamment aux personnes à mobilité réduite).

F.G.

 

> Voir aussi : La vidéo de présentation du GPE le 13 juin dernier

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Les autorités redoutent que le chikungunya ne s’installe en France

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Aedes albopictus / Ph. John Tann via Flickr - CC BY 2.0

Aedes albopictus / Ph. John Tann via Flickr – CC BY 2.0

Alors que l’épidémie de chikungunya poursuit sa progression Outre-mer, les autorités sanitaires redoutent que la maladie ne s’installe en France métropolitaine.

L’Institut de Veille Sanitaire (InVS) a en effet annoncé vendredi la présence en Métropole de 47 personnes présentes touchées par le chikungunya, une maladie tropicale provoquée par un virus contre lequel il n’existe aucun traitement. Elle provoque d’intenses fièvres, des céphalées et de fortes douleurs articulaires.

Toutes les personnes atteintes ont été infectées alors qu’elles se trouvaient aux Antilles ou en Guyane… mais cette année, la probabilité que le la maladie prenne pied dans l’Hexagone, et s’y installe, est plus importante qu’auparavant.

Pourquoi ? D’une part, l’épidémie progresse à un rythme soutenu Outre-mer. La Martinique et la Guadeloupe enregistrent chacune 35 000 cas depuis le début de l’épidémie fin 2013, et 10 décès en tout, rapporte l’InVS (PDF). C’est en Guadeloupe que la progression de la maladie la plus marquée, avec 6 600 cas de plus dans la seule première semaine de juin.

Les habitants de la petite île de Saint-Martin sont aussi touchés par le « chik », tout comme, à un taux plus modéré, ceux de Saint-Barthélémy et la Guyane, petit département d’Outre-mer situé entre le Brésil et le Suriname. Ici, l’InVS estime que 58 % des 318 cas rapportés au total sont des cas autochtones : en clair, plus de la moitié des malades y ont été infectés sur place.

LE VIRUS DU CHIKUNGUNYA S’EST INSTALLE EN AMÉRIQUE DU SUD

Le virus est donc parvenu à s’installer sur le continent Sud-Américain, et pourrait par-là atteindre le Brésil. Ainsi, avec les flux de vacanciers qui cette été voyageront à travers l’Atlantique, que ce soit vers les Antilles ou pour la Coupe du monde de football, les risques d’importer la maladie augmentent.

Du coup, les autorités sanitaires craignent que le chikungunya ne s’installe en Métropole. C’est que le moustique tigre, le vecteur de la maladie, y est lui déjà bien présent, sans pour l’instant n’être porteur du virus.

Désormais, le redoutable diptère qui pique même le jour est endémique dans 18 départements du Sud de la France. Il pourrait devenir porteur du chikungunya s’il venait à piquer de personnes qui rentrent d’Outre-mer avec l’infection.

La seule défense actuelle contre Aedes albopictus, de son nom scientifique, est la prévention : l’assainissement des réservoirs d’eau stagnante (gouttières, cuves, pots de plantes…), une tâche rendue encore plus difficile par la grande résistance des larves. D’après l’Institut Pasteur, celles-ci peuvent survivre dans une gouttière jusqu’à six mois, avant d’entamer, dès la première pluie, leur métamorphose en nymphes puis en adultes ailés.

Pour l’instant, bien que les recherches aient clarifié certains mécanismes qui rendent plus virulent le virus CHIKV sévissant actuellement, aucun traitement n’existe contre la « maladie de l’homme courbé » — chikungunya en langue makondée.

F.G.

 

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Une découverte trop belle pour être vraie ?

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Voici l’Univers tel qu’il existait voilà près de 13,8 milliards d’années, et 380 000 ans seulement après le big bang. Cette image, prise par le satellite européen Planck, est en réalité une carte de température du rayonnement de fond cosmologique observé aujourd’hui. Les cosmologistes européens cherchent actuellement dans les données enregistrées par Planck la trace des ondes gravitationnelles primordiales... Réponse en octobre 2014. Photo ESA.

Voici l’Univers tel qu’il existait voilà près de 13,8 milliards d’années, et 380 000 ans seulement après le big bang. Cette image, prise par le satellite européen Planck, est en réalité une carte de température du rayonnement de fond cosmologique observé aujourd’hui. Les cosmologistes européens cherchent actuellement dans les données enregistrées par Planck la trace des ondes gravitationnelles primordiales… Réponse en octobre 2014. Photo ESA.

C’était le 17 mars 2014, et la nouvelle avait fait le tour du monde à la vitesse de la lumière, ou presque… Depuis leur lointain et quasi extraterrestre observatoire de la base Amundsen-Scott, située au Pôle Sud, les astronomes, pour l’essentiel américains, de l’équipe Bicep2 de John Kovac avaient observé… les ondes gravitationnelles primordiales ! Une découverte considérée avec raison comme l’une des plus importantes de ces dernières décennies, puisqu’elle concernait tout à la fois l’infiniment grand et l’infiniment petit et, pour la toute première fois depuis presque un siècle, semblait pouvoir promettre le mariage entre les deux grandes théories de la physique, irréductibles jusqu’ici : la mécanique quantique et la relativité générale.
Reprenons : à l’aide d’un télescope de seulement 30 centimètres de diamètre, c’est à dire un instrument de la puissance d’un télescope d’amateur, équipé d’un récepteur millimétrique extrêmement sensible, et sous le ciel le plus transparent de la planète, l’équipe de Bicep2 avait annoncé avoir détecté d’infimes variations (appelées polarisation de mode B) dans le rayonnement de fond cosmologique, variations interprétées comme la signature de l’émission d’ondes gravitationnelles primordiales – les déformations de l’espace-temps. En vrac et en quelques mots, cette découverte permettait pour la première fois de « contempler » l’Univers moins d’un milliardième de milliardième de seconde après le big bang, de prouver l’existence des ondes gravitationnelles prévues par la relativité générale d’Einstein, de réconcilier cette théorie de l’infiniment grand avec sa théorie concurrente dans l’infiniment petit, la mécanique quantique, et enfin, de prouver l’existence d’un mécanisme mystérieux mais fondateur du modèle cosmologique actuel, l’inflation…
Après une telle avalanche, pas de doute : le Prix Nobel de physique ne pouvait pas échapper à l’équipe de John Kovac.
Sauf que… Depuis quelques semaines, les couloirs, les cafétérias et les coupoles des observatoires résonnent de bruits et de rumeurs mettant en cause la découverte des ondes gravitationnelles par l’équipe de Bicep2… En cause ? L’utilisation par l’équipe de données du satellite européen Planck, données permettant d’affiner la contribution, dans l’image obtenue par Bicep2, du rayonnement de fond cosmologique – le vestige le plus ancien du big bang, où l’on cherche donc les fameuses ondes gravitationnelles primordiales – par rapport au rayonnement des galaxies situées entre le big bang et nous, au rayonnement du gaz intergalactique, au rayonnement du gaz interstellaire situé dans la Voie lactée, au rayonnement de la poussière interplanétaire situé dans le système solaire, etc… Ces contributions successives et stratifiées, Planck est justement conçu pour les mesurer avec une précision extrême. Sauf que l’équipe européenne a prévu de livrer ses propres conclusions concernant le rayonnement cosmologique et une possible observation du fameux rayonnement gravitationnel primordial en octobre 2014…

Les différentes contributions du ciel qu'il faut soustraire des données de Planck pour observer le rayonnement de fond cosmologique. Illustration François Bouchet et Richard Gispert.

Les différentes contributions du ciel qu’il faut soustraire des données de Planck pour observer le rayonnement de fond cosmologique. Illustration François Bouchet et Richard Gispert.

L’équipe de Bicep2, pour pouvoir, la première, clamer sa découverte, aurait donc, selon ces rumeurs, utilisé des données de Planck « brutes », montrées durant des exposés scientifiques par l’équipe de Planck… En travaillant ainsi, « à la main » et disons-le, un peu « en amateurs », les astronomes américains se seraient trompés dans leur interprétation et auraient découverts, non pas le rayonnement gravitationnel primordial, mais le rayonnement très ténu du gaz interstellaire d’avant-plan… Après le big bang de la découverte, un très très gros flop…
On en est là aujourd’hui. D’un côté, l’équipe de Bicep2 qui continue à espérer avoir joué gros et gagné gros, de l’autre, l’équipe de Planck qui distille le doute mais demeure coite quant à ses propres mesures, et attend tranquillement le mois d’octobre 2014 pour les publier… Nous devrions donc en principe savoir si la découverte des ondes gravitationnelles est validée, ou non, en octobre. Si elle ne l’était pas, la déception serait à la mesure de l’enthousiasme initial. Dans ce blog, nous avions, avant d’annoncer la nouvelle, multiplié les pares-feux : « D’abord, la prudence. Avant la stupeur, l’enthousiasme, le vertige et les superlatifs, la circonspection : l’annonce faite ce lundi 17 mars 2014 par une équipe de scientifiques essentiellement américains doit-être vérifiée, confirmée, d’abord par leurs pairs, ensuite par de nouvelles analyses des données et enfin par de nouvelles observations » et un point d’interrogation prudent chapeautait le billet… Les découvertes extraordinaires exigent des preuves irréfutables. A la décharge des journalistes qui ont cru inconditionnellement à cette belle découverte, et l’ont annoncé telle quelle, sans aucune distance, les innombrables communiqués de presse, émis par tous les instituts ayant peu ou prou participé à celle-ci ne s’embarrassaient guère de conditionnels non plus.
Serge Brunier

4 conseils pour une relation épanouie entre père et fille

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Longtemps dans l’ombre du couple mère-fille, les liens entre père et fille sont aujourd’hui sous les projecteurs. Un phénomène qui s’explique notamment par les mutations récentes de la famille et l’implication grandissante des jeunes pères. La Vie donne la parole à des psys sur cette relation unique.

Accueillir un autre que soi

Devenir le père d’une petite fille peut inquiéter. Dans l’imaginaire commun, il est plus facile d’élever un « mini-moi » qu’un « être dont on ignore tous les secrets », souligne Michèle Gaubert, psychothérapeute, spécialiste des rapports parents-enfants. Ainsi, Jean-Louis, 40 ans, aurait préféré d’emblée avoir un garçon « pour aller à la pêche et au foot ». Père d’une fille puis d’un fils, il a pourtant changé d’avis : « C’est avec elle que les relations sont les plus évidentes. Nos goûts et nos caractères similaires nous ont permis de créer une vraie complicité. » Un lien précisément fondé sur la différence. Alejo, lui, désirait que son premier enfant soit une fille. « Comme beaucoup d’hommes en froid avec leur père, je craignais de reproduire le même schéma, explique-t-il. Je voulais explorer un nouveau type de relation. » Un vœu qui a été exaucé. Profiter de la découverte de la paternité est d’autant plus facile lorsqu’on n’est pas en compétition sur le terrain de la virilité…

Favoriser son autonomie

Qu’en est-il pour la fille ? « Pour elle, c’est un vrai dilemme. Il faut se séparer de l’indispensable mère, contre son propre désir, en s’accrochant à son père, pour enfin renoncer aux deux », résume Michèle Gaubert. Il faut savoir poser des limites. Ce que des parents qui s’entendent bien parviennent à faire. Le père doit éviter de dire « mes deux femmes », pour prévenir le risque d’éveiller ou d’entretenir une rivalité. En cas de séparation, les parents rappelleront à leur enfant que « les rôles de ce trio ne changent pas pour autant », affirme Moussa Nabati, psychanalyste et docteur en psychologie. Avec leur rôle de « tiers séparateur », les pères sont appelés à faire le lien entre l’intérieur (le foyer) et le monde extérieur, et à encourager leurs filles dans ce sens, ne serait-ce qu’en leur proposant de jouer au ballon dans le jardin…

Transmettre ses connaissances – du simple nœud de lacets ou des astuces pour retenir les tables de multiplication aux valeurs les plus profondes (tolérance, respect, humilité) –, c’est croire en l’intelligence de sa fille. De même, en racontant ses peurs et ses bêtises d’enfance, le père fait comprendre à sa fille qu’elle est digne de confiance « et lui donne ainsi confiance en elle », estime le psychiatre et psychanalyste Alain Braconnier, pour qui la transmission est essentielle sur le chemin de l’autonomie. La nature des questions et des apprentissages évoluant avec le temps, il devra aussi accepter de basculer dans un autre registre à l’adolescence : celui des questions sur l’amour et sur le sens de la vie adulte.

L’aider à préparer son avenir

Les « papas solo » veilleront cependant à se rendre disponibles aux autres membres de la famille, aux amis, et, le cas échéant, à une nouvelle compagne. Moussa Nabati les encourage à ne pas mettre en suspens leur vie d’homme : « Être tout l’un pour l’autre empêche la fille de s’autonomiser. » Les pères ont également leur rôle à jouer dans l’élaboration d’un parcours professionnel, en « autorisant » notamment l’adolescente à se projeter dans la recherche scientifique ou les métiers du bâtiment, mais aussi en la soutenant tout simplement dans ses choix et son accès à l’indépendance financière, une des clés de l’autonomie. Cette posture se répercutera sur la vie amoureuse de sa fille (s’il s’interdit toute rivalité avec le compagnon de celle-ci) : une femme accompagnée dans son accès à l’indépendance ne cherchera pas un « protecteur » à tout prix, mais un partenaire avec qui partager sa vie.

Valoriser sa féminité

Les papas jouent aussi leur partition dans la construction de la féminité. « Si l’homme est respectueux de sa femme, la mère, et qu’il a une image saine et bienveillante de la féminité, la fille n’aura aucun mal à intégrer ces notions et à construire son estime d’elle-même », analyse Moussa Nabati. Dans le conte Comme une princesse, de Brigitte Minne (voir bibliographie), Marie est triste. Elle ne ressemble pas du tout aux princesses de ses légendes. Son père va alors lui prouver que toutes les femmes sont belles dans leur vraie différence. « J’ai voulu montrer que l’on peut être petite, porter des lunettes ou avoir n’importe quel autre profil et être jolie, rapporte l’auteure. En 2014, les papas peuvent aider leur fille à surmonter ce genre de difficultés. » Et faire rempart aux injonctions nocives d’une beauté normative. Par son regard, sa fierté, son attention, sa tendresse, il viendra à la rescousse de celle qui a besoin d’exister à ses yeux, tout comme d’être protégée et aimée.

À l’adolescence, l’enfant veut être traitée comme une jeune fille. Frapper avant d’entrer dans sa chambre, être respectueux avec ses copines, ne pas porter de jugements a priori sur ses petits copains sont autant de conseils pour entretenir la confiance. De même, les papas se garderont des commentaires désobligeants sur l’apparence des jeunes femmes, même émis sur le ton de la boutade. « Ils ont toujours un certain malaise par rapport à la distance qu’ils doivent avoir avec leur fille, analyse Alain Braconnier. Il faut se dire que la pudeur n’empêche pas l’affection. »

Évidemment, la tâche ne va pas s’interrompre le jour où mademoiselle s’envole. Il faudra réinventer la relation tout au long de la vie, notamment quand le père deviendra grand-père. Encore une autre histoire.’