Le ciel du mois de mars 2016

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Ciel mars 2016Le ciel du printemps est dominé par l’éclat de la planète Jupiter, visible toute la nuit, dans la constellation du Lion. Ce mois-ci, la plus grande planète du système solaire se trouve au plus près de la Terre, à 665 millions de kilomètres.
Impossible de manquer le plus brillant des astres, qui n’est surpassé en éclat que par le Soleil, la Lune et Vénus. Jupiter brille d’un éclat jaune et fixe plein sud, entre 21 h et minuit et, le lundi 21 mars au soir, la planète géante naviguera non loin d’une Lune gibbeuse, à trois jours de la Pleine Lune.

La planète Jupiter, photographiée avec un télescope d'amateur de 300 mm de diamètre, le 25 février 2016. Photo J.Y.

La planète Jupiter, photographiée avec un télescope d’amateur de 300 mm de diamètre, le 25 février 2016. Les nuées changeantes de l’atmosphère de la planète géante sont remarquablement bien visibles, ainsi que la spectaculaire Grande tache rouge, un anticyclone capable d’engloutir la Terre… Photo Jean-Yves Letellier.

Jupiter est un astre essentiellement gazeux, immense. Mesurant 142 000 kilomètres de diamètre, la planète est 318 fois plus massive que la Terre. Monde éthéré – la densité de la planète, 1,3, est à peine supérieure à celle de l’eau ! – Jupiter est une planète tempête, tournant à une vitesse folle sur elle-même : la journée de la planète géante ne dure que 9 h 55 min. C’est sa faible densité et sa vitesse de rotation qui explique la forte ellipticité de la planète, déformée par sa force centrifuge…

Jupiter photographiée avec un télescope de 225 mm de diamètre, le 1 janvier 2016. La Grande tache rouge est visible au limbe de la planète géante. Photo Paul Rolet.

Jupiter photographiée avec un télescope de 225 mm de diamètre, le 1 janvier 2016. La Grande tache rouge est visible au limbe de la planète géante. Photo Paul Rolet.

Jupiter compte, à ce jour, 67 satellites, dont quatre sont aussi grands ou plus grands que la Lune, et ont été découverts par Galilée en 1610 : Io, Europe, Ganymède et Callisto.
Invisibles à l’œil nu, ces quatre satellites galiléens peuvent être aperçus dans de simples jumelles grossissant 8 à 12 fois, et sont brillants et bien visibles dans les plus modestes instruments optiques : longues vues ou lunettes de 50 mm à 60 mm de diamètre, grossissant 20 x à 60 fois. Leur ballet cyclique autour de la planète géante – visible comme un disque ovalisé et jaune – est tellement rapide qu’il peut être suivi d’heure en heure… En effet, si la Lune tourne autour de la Terre en près d’un mois, Io tourne autour de sa planète géante en seulement 42 heures, Europe en trois jours et demi, Ganymède en une semaine, et enfin Callisto en un peu plus de deux semaines. Ainsi, si vous observez avec un instrument d’optique le mini système solaire que constitue Jupiter, vous verrez les quatre satellites galiléens, alignés comme à la parade, à l’ouest de la planète, le 4 mars au soir, à l’est le 14 au soir, à l’ouest de nouveau le 18 au soir et enfin à l’est le 28 au soir. Les éphémérides des satellites de Jupiter sont proposées dans le Guide du Ciel de Guillaume Cannat, publié chaque année.

Jupiter, photographiée le 25 février 2016, avec un télescope d'amateur de 350 mm de diamètre et 7200 mm de focale. La Grande tache rouge apparaît au limbe de la planète, et va traverser son disque cinq heures durant. Photo  Jean-Jacques Poupeau.

Jupiter, photographiée le 25 février 2016, avec un télescope d’amateur de 350 mm de diamètre et 7200 mm de focale. La Grande tache rouge apparaît au limbe de la planète, et va traverser son disque cinq heures durant. Photo Jean-Jacques Poupeau.

Toutes les autres nuits, les quatre satellites se croiseront, disparaissant derrière le globe de Jupiter, ou passant devant lui, projetant sur ses nuages l’ombre obscure d’une éclipse…
Un tel spectacle est magnifique, mais exige un véritable instrument d’astronomie pour être contemplé : lunette ou télescope de 100 à 150 mm de diamètre, grossissant 100 à 300 fois…
Un télescope de 200 mm à 600 mm de diamètre donne de Jupiter un spectacle d’une beauté à couper le souffle. Le globe nuageux se pare de mille teintes délicates, un subtil pastel de jaunes, beiges, roses, saumon, sur lequel se détache, toutes les dix heures, l’ovale orangé de la Grande tache rouge, un anticyclone assez grand pour engloutir la planète Terre…
Jupiter demeurera bien visible dans le ciel jusqu’à l’été, quand, à son tour, l’autre géante du système solaire, Saturne, s’approchera au plus près de la Terre…
Serge Brunier

Les quatre satellites de Jupiter, photographiés à une heure d'intervalle, le 28 janvier 2016, avec un petit télescope d'amateur de 150 mm de diamètre. Photo S.Brunier.

Les quatre satellites de Jupiter, photographiés à une heure d’intervalle, le 28 janvier 2016, avec un petit télescope d’amateur de 150 mm de diamètre. Photo S.Brunier.

Une intelligence artificielle qui reconnait les paysages du monde entier !

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Le type de photo présenté au logiciel (gauche) et la localisation probable trouvée par celui-ci (droite). Pour la tour Eiffel, aucun doute possible, pour le paysage de crique, deux lieux possibles, pour la photo de plage, des dizaines d'origines possibles (Tobias Weyand et al., Google)

Le type de photo présenté au logiciel (gauche) et la localisation probable trouvée par celui-ci (droite). Pour la tour Eiffel, aucun doute possible, pour le paysage de crique, deux lieux possibles, pour la photo de plage, des dizaines d’origines possibles (Tobias Weyand et al., Google)

Google a encore frappé. Des chercheurs de son laboratoire Computer Vision & Machine Learning ont conçu un “réseau de neurones profond” qui reconnait sur des photos le lieu où elles ont été prises, qu’il s’agisse d’un paysage, d’une rue ou d’un monument. Ce n’est pas une reconnaissance à 100 %, loin de là, mais ses capacités dépassent celles des humains.

Déjà connue pour son aptitude à reconnaitre et catégoriser les images (visages, objets, etc.), cette technologie prouve encore une fois son excellence dans les tâches “cognitives” visuelles et illustre la mainmise des géants du net dans le domaine de l’Intelligence artificielle.

Une intelligence artificielle bio-inspirée…

Les réseaux de neurones artificiels dits “profonds“, car ils contiennent plusieurs couches de neurones, sont à la mode depuis le milieu des années 2000 surtout grâce à l’entrée des grandes firmes du Web comme Google et Facebook dans le domaine de recherche en IA.

Inspirés du fonctionnement du cortex visuel des animaux, ces algorithmes nous épatent déjà par leur capacité à reconnaitre les visages ou les scènes, ou encore a créer des “concepts” visuels abstraits représentant de grandes catégories comme celle des “chats”, des “humains”, des “chaises”, etc.

… qui apprend à reconnaitre le monde

Leur secret : ils réussissent à “filtrer”, de couche en couche, les occurrences visuelles les plus significatives d’une image, ce grâce à une phase d’apprentissage préalable surveillé par un opérateur, qui leur sert de base de repère.

Ainsi, si l’on veut qu’ils sachent reconnaître des chats, il suffit de leur en faire voir des millions en leur indiquant qu’il s’agit d’un chat (apprentissage) : ils apprennent alors à reconnaître les similitudes entre ce qu’ils ont appris et l’image d’un chat qu’ils n’auraient pas vu précédemment. C’est de la statistique et du calcul de probabilités, mais sur un volume de données immense.

La phase d’apprentissage : 91 millions de photos

Dans la cas présent, durant sa phase d’apprentissage l’algorithme des chercheurs – nommé PlaNet – a vu défiler quelque 91 millions d’images de différents lieux de la Terre (photos de rues, d’immeubles, de paysages, etc.) contenues dans différentes bases de données du Web.

Quelques paysages soumis au logiciel. En jaune, leur localisation réelle, en vert la localisation supposée donnée par des humains, en bleu la localisation calculée par le logiciel ()

Quelques paysages soumis au logiciel. En jaune, leur localisation réelle, en vert la localisation supposée donnée par des humains, en bleu la localisation calculée par le logiciel (Tobias Weyand et al., Google)

Bien sûr, ces images étaient accompagnées des informations de localisation afin que le réseau associe les traits communs entre plusieurs images à une localisation unique – par exemple, des images des toits de Paris ont des caractéristiques communes que le logiciel “extrait” par filtrage et associe à la localisation de Paris.

Les résultats des tests

Puis les chercheurs ont testé sur 34 millions d’images non utilisées pour l’apprentissage la capacité du logiciel à les “rapprocher” statistiquement de ce qu’il avait appris, en le corrigeant quand il se trompait.

Enfin, ils sont allés chercher 2,3 millions d’images dans la base de donnée Flickr pour mesurer leur compétence. Résultat : PlaNet est capable de donner la ville d’origine pour 3,6 % d’images représentant des rues et 10.1 % d’images représentant des vues plus larges.

Représentation du calcul de probabilités du logiciel : en bleu, le maximum de correspondance entre l'image et une localisation calculée par le logiciel, en rouge les éléments de l'image que le logiciel ne reconnaît pas comme appartenant à la localisation calculée (minimum de probabilité). Grand Canyon, Norvège, Shangaï (T. Weyand et al., Google).

Représentation du calcul de probabilités du logiciel : en bleu, le maximum de correspondance entre l’image et une localisation calculée par le logiciel, en rouge les éléments de l’image que le logiciel ne reconnaît pas comme appartenant à la localisation calculée (minimum de probabilité). Grand Canyon, Norvège, Shanghai (T. Weyand et al., Google).

Mais s’il se trompe souvent de ville, il peut néanmoins resituer le pays d’origine de 28,4 % des images et le continent d’origine de 48 % d’entre elles. Cela semble peu, mais mis au défi par 10 humains ayant beaucoup voyagé, PlaNet les a battu 56 % des fois.

Le monde subdivisé en 26 000 secteurs

Bien sûr, l’entrainement du logiciel n’a pas été aléatoire : les photos de villes et des lieux habités ou très fréquentés étant favorisé par rapport à celles de grands espaces déserts et sous-représentés en termes de photos circulant dans le Web (les Océans et les Pôles ayant été carrément ignorés).

Les quelque 26 000 secteurs que les chercheurs ont déterminé pour découper le monde (T. Weyand et al., Google).

Les quelque 26 000 secteurs que les chercheurs ont déterminé pour découper le monde (T. Weyand et al., Google).

Concrètement, les chercheurs ont divisé le monde en 26 263 secteurs de tailles différentes : les grandes villes contenant plusieurs de ces secteurs, tandis que les espaces peu peuplés ou fréquentés n’en contenant qu’un seul (voir carte). Pour chaque secteur, le nombre de photos montrés au logiciel durant l’entrainement était le même.

Une intelligence avant tout statistique

Ce résultat montre encore une fois que l’approche massivement statistique dans le domaine de l’IA est très efficace, surtout depuis l’invention des réseaux de neurones profonds qui apprennent à filtrer et isoler des schémas récurrents à l’aide d’un entraînement sollicitant des milliards de données.

Et il n’est donc pas étonnant que les géants du Web, propriétaires de la plupart de ces données et disposant de moyens de calcul extraordinaires, soient aujourd’hui à la pointe de ce type de recherche.

Román Ikonicoff

 

>Lire aussi:

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  • Robots : leur intelligence dépasse déjà la nôtre – S&V n°1166 – 2014 – Peu à peu et sans grandes vagues, l’intelligence artificielle et la robotique sont sorties de l’échec relatif des années 1980 pour finir par devenir des acteurs essentiels dans nos activités. Ils nous dépassent déjà.

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Un matériau inspiré du scarabée, du cactus et de la plante carnivore qui collecte l’eau atmosphérique

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Capter la vapeur d'eau de l'atmosphère, comme le font les plantes avec la rosée, pour disposer d'eau potable (Ph. Strelitzia via Flickr CCBY 2.0)

Capter la vapeur d’eau de l’atmosphère, comme le font les plantes avec la rosée, pour disposer d’eau potable (Ph. Strelitzia via Flickr CCBY 2.0)

Qu’y a-t-il de commun entre un scarabée du désert de Namib, un cactus et une plante carnivore ? Des chercheurs de l’université de Harvard aux États-Unis ! En effet, ceux-ci ont marié les qualités de ces trois êtres si différents dans un nouveau matériau capable de collecter la vapeur d’eau de l’atmosphère avec une efficacité jamais atteinte jusque-là.

Les trois sources d'inspiration des chercheurs : le scarabée, le cactus et la plante carnivore (Kyoo-Chul Park et al., Nature 2016).

Les trois sources d’inspiration des chercheurs : le scarabée, le cactus et la plante carnivore (Kyoo-Chul Park et al., Nature 2016).

Une invention qui pourrait servir aux populations fragiles des pays désertiques mais également à des applications industrielles comme la désalinisation de l’eau de mer, les systèmes de déshumidification ou de climatisation, la distillation fractionnée, etc.

Un collecteur d’eau bio-inspiré

Le Ténébrion du désert (Onymacris unguicularis), scarabée qu’on trouve dans le désert du Namib, est déjà connu des ingénieurs en matériaux, qui cherchent à imiter la structure de sa carapace : érigée de centaines de petites bosselures, celle-ci capte et condense la vapeur d’eau pour fournir à son propriétaire les quelques gouttes de rosée qui lui permettent de survivre.

Le Ténébrion du désert en position de captage de la vapeur d'eau (Ph. Didier Descouens via wikicommons CC-BY-SA-4.0).

Le Ténébrion du désert en position de captage de la vapeur d’eau (Ph. Didier Descouens via wikicommons CC-BY-SA-4.0).

L’ingéniosité des cactus n’a pas non plus échappé aux scientifiques qui savent que leurs épines, armes redoutables contre les prédateurs, servent également à capter des gouttelettes d’eau, et à les rassembler et convoyer vers la plante, parfois même en défiant la pesanteur, grâce à leur texture et à leur forme asymétrique qui s’élargit vers la plante.

Les piques des cactus leur permettent de se défendre mais aussi de capter et diriger l'eau vers la plante (Domaine public).

Les épines des cactus leur permettent de se défendre mais aussi de capter et diriger l’eau vers la plante (Domaine public).

Enfin, nul botaniste n’ignore l’incroyable imagination de la sélection naturelle qui a doté les plantes carnivores du genre Nepenthes d’une urne-estomac dont la surface est tapissée d’une couche particulièrement collante et simultanément glissante, précipitant vers ses sucs digestifs tout insecte qui aurait eu la mauvaise idée de s’y poser.

Le xxxxx des Nepenthes est tapissé d'une matière très glissante (ici, spécimen hybride créé par l'homme, Ph. Yanto via wikicommons CC BY-SA 3.0).

L’urne-estomac des Nepenthes est tapissé d’une matière très glissante (ici, spécimen hybride créé par l’homme, Ph. Yanto via Wikicommons CC BY-SA 3.0).

Impression 3D et traitements de surface

Ces trois caractéristiques ont été mariées au sein d’un nouveau matériau “biomimétique” par les chercheurs de Harvard afin d’obtenir un système de captation de vapeur d’eau dont l’efficacité est six fois supérieure aux systèmes antérieurs conçus en laboratoire.

La condensation d’eau est plus efficace sur une surface convexe (bosse du matériau fabriqué par les chercheurs) que sur une surface plate (Kyoo-Chul Park et al., Nature 2016)

Concrètement, il s’agit d’une très fine couche d’aluminium qui a été pressée entre deux moules en polymère créés par impression 3D avec les structures voulues : des bosses de scarabée prolongées par des “conduits” imitant la forme des épines des cactus (une sorte de rampe s’élargissant à partir de la bosse).

 Accrocher la vapeur d’eau mais laisser filer les gouttes

Cette feuille d’aluminium à ensuite été soumise à de nombreux traitements thermiques et chimiques afin de lui donner les caractéristiques surfaciques recherchées, en particulier l’aspect hyper-glissant (hydrophobe) et adhérent de l’urne des Nepenthes.

Grâce à une “rampe” imitant la forme d’une épine de cactus, les gouttes d’eau glissent et sont canalisées, même contre le sens de la gravité (ici, vue du haut, Kyoo-Chul Park et al., Nature 2016)

Ils ont ainsi réussi, à l’aide de simulations informatiques et de tests (voir les vidéos), à doter la surface de la capacité à accrocher et garder les molécules et les microgouttelettes d’eau tout en permettant aux gouttes d’un certain diamètre de fluer sur elle sans s’accrocher. Reste à transformer cette manip de laboratoire en processus industriel…

–Román Ikonicoff

 

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> Lire également dans les Grandes Archives de Science & Vie :

  • Voici les matériaux surnaturels – S&V n°1133 – 2012. Durant des millénaires, l’humanité s’est servie des matériaux offerts par la nature. Mais peu à peu, en apprenant à jouer sur leur composition d’abord, puis sur leur structure microscopique, nous sommes devenus des spécialistes de l’art de créer de nouveaux matériaux aux propriétés inédites.

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S&V 1113 - ADN construction

 

 

 

 

 

Un matériau qui collecte l’eau atmosphérique inspiré du scarabée, du cactus et de la plante carnivore

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Capter la vapeur d'eau de l'atmosphère, comme le font les plantes avec la rosée, pour disposer d'eau potable (Ph. Strelitzia via Flickr CCBY 2.0)

Capter la vapeur d’eau de l’atmosphère, comme le font les plantes avec la rosée, pour disposer d’eau potable (Ph. Strelitzia via Flickr CCBY 2.0)

Qu’y a-t-il de commun entre un scarabée du désert de Namib, un cactus et une plante carnivore ? Des chercheurs de l’université de Harvard aux États-Unis ! En effet, ceux-ci ont marié les qualités de ces trois êtres si différents dans un nouveau matériau capable de collecter la vapeur d’eau de l’atmosphère avec une efficacité jamais atteinte jusque-là.

Les trois sources d'inspiration des chercheurs : le scarabée, le cactus et la plante carnivore (Kyoo-Chul Park et al., Nature 2016).

Les trois sources d’inspiration des chercheurs : le scarabée, le cactus et la plante carnivore (Kyoo-Chul Park et al., Nature 2016).

Une invention qui pourrait servir aux populations fragiles des pays désertiques mais également à des applications industrielles comme la désalinisation de l’eau de mer, les systèmes de déshumidification ou de climatisation, la distillation fractionnée, etc.

Un collecteur d’eau bio-inspiré

Le Ténébrion du désert (Onymacris unguicularis), scarabée qu’on trouve dans le désert du Namib, est déjà connu des ingénieurs en matériaux, qui cherchent à imiter la structure de sa carapace : érigée de centaines de petites bosselures, celle-ci capte et condense la vapeur d’eau pour fournir à son propriétaire les quelques gouttes de rosée qui lui permettent de survivre.

Le Ténébrion du désert en position de captage de la vapeur d'eau (Ph. Didier Descouens via wikicommons CC-BY-SA-4.0).

Le Ténébrion du désert en position de captage de la vapeur d’eau (Ph. Didier Descouens via wikicommons CC-BY-SA-4.0).

L’ingéniosité des cactus n’a pas non plus échappé aux scientifiques qui savent que leurs épines, armes redoutables contre les prédateurs, servent également à capter des gouttelettes d’eau, et à les rassembler et convoyer vers la plante, parfois même en défiant la pesanteur, grâce à leur texture et à leur forme asymétrique qui s’élargit vers la plante.

Les piques des cactus leur permettent de se défendre mais aussi de capter et diriger l'eau vers la plante (Domaine public).

Les épines des cactus leur permettent de se défendre mais aussi de capter et diriger l’eau vers la plante (Domaine public).

Enfin, nul botaniste n’ignore l’incroyable imagination de la sélection naturelle qui a doté les plantes carnivores du genre Nepenthes d’une urne-estomac dont la surface est tapissée d’une couche particulièrement collante et simultanément glissante, précipitant vers ses sucs digestifs tout insecte qui aurait eu la mauvaise idée de s’y poser.

Le xxxxx des Nepenthes est tapissé d'une matière très glissante (ici, spécimen hybride créé par l'homme, Ph. Yanto via wikicommons CC BY-SA 3.0).

L’urne-estomac des Nepenthes est tapissé d’une matière très glissante (ici, spécimen hybride créé par l’homme, Ph. Yanto via Wikicommons CC BY-SA 3.0).

Impression 3D et traitements de surface

Ces trois caractéristiques ont été mariées au sein d’un nouveau matériau “biomimétique” par les chercheurs de Harvard afin d’obtenir un système de captation de vapeur d’eau dont l’efficacité est six fois supérieure aux systèmes antérieurs conçus en laboratoire.

La condensation d’eau est plus efficace sur une surface convexe (bosse du matériau fabriqué par les chercheurs) que sur une surface plate (Kyoo-Chul Park et al., Nature 2016)

Concrètement, il s’agit d’une très fine couche d’aluminium qui a été pressée entre deux moules en polymère créés par impression 3D avec les structures voulues : des bosses de scarabée prolongées par des “conduits” imitant la forme des épines des cactus (une sorte de rampe s’élargissant à partir de la bosse).

 Accrocher la vapeur d’eau mais laisser filer les gouttes

Cette feuille d’aluminium à ensuite été soumise à de nombreux traitements thermiques et chimiques afin de lui donner les caractéristiques surfaciques recherchées, en particulier l’aspect hyper-glissant (hydrophobe) et adhérent de l’urne des Nepenthes.

Grâce à une “rampe” imitant la forme d’une épine de cactus, les gouttes d’eau glissent et sont canalisées, même contre le sens de la gravité (ici, vue du haut, Kyoo-Chul Park et al., Nature 2016)

Ils ont ainsi réussi, à l’aide de simulations informatiques et de tests (voir les vidéos), à doter la surface de la capacité à accrocher et garder les molécules et les microgouttelettes d’eau tout en permettant aux gouttes d’un certain diamètre de fluer sur elle sans s’accrocher. Reste à transformer cette manip de laboratoire en processus industriel…

–Román Ikonicoff

 

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X-files : que dit la science sur les enlèvements extraterrestres ?

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"La vérité est ailleurs", proclame X-files, Aux frontières du réel. - Ph. Televisione / Flickr / CC BY 2.0

“La vérité est ailleurs”, proclame toujours la 10e saison de X-files, Aux frontières du réel. – Ph. Televisione / Flickr / CC BY 2.0

X-files est de retour. La dixième saison, dont le premier épisode a été diffusé hier soir sur M6, démarre sur le thème de prédilection des agents Mulder et Scully : les extraterrestres. Voici un bref éclairage par les faits scientifiques.

L’épisode débute lorsque les deux ex-agents sont sollicités par un expert en extraterrestres, un certain Tad O’Malley, qui tient une émission très suivie du public. Celui-ci a fait fortune en propageant la théorie du complot selon laquelle le gouvernement américain manipule l’opinion publique au sujet des ovnis, et ce depuis l’affaire Roswell en 1947. A l’époque, un mystérieux engin avait été retrouvé près d’une base militaire au Nouveau-Mexique. L’Etat est même accusé d’être responsable des nombreux cas d’abduction (enlèvements soi-disant par les extraterrestres) rapportés depuis les années Soixante.

Réouverture du bureau “X-files”

O’Malley met Mulder et Scully face au témoignage troublant d’une “abductée”, la jeune Sveta. Elle leur raconte avoir été enlevée afin de subir des expériences, puis elle disparaît dans des circonstances mystérieuses. Alors que le bureau des affaires non classées (“X files”) avait été fermé par le FBI, Mulder et Scully sont de nouveau autorisés à mener des enquêtes par leur ancien chef, le directeur adjoint Skinner.

 

L’explication de l’affaire Roswell : des ballons de l’armée américaine

Ce “mythe fondateur” de l’ufologie a été définitivement élucidé cinquante ans après les faits, par un rapport de l’US Air Force. Les débris retrouvés par le fermier du Nouveau-Mexique, ainsi que les corps que d’autres témoins affirment avoir vu à la même période, ne sont pas d’origine extraterrestre. Ils sont issus de diverses expériences secrètes menées par l’armée elle-même au sein de la base de Roswell, visant à lancer dans la stratosphère des ballons dotés de capteurs pour surveiller l’armée soviétique. Ces ballons emportaient parfois des hommes ou des mannequins, dont certains se sont écrasés à terre… et ont été pris à tort pour des extraterrestres.

> Lire davantage dans les Grandes Archives de S&V : Roswell, cinquante ans de délire S&V n°959 (1997).

S&V 959 - Roswell

Les abductions : elles sont dues à la paralysie du sommeil

Plus récemment, en 2004, des tests menés par des psychologues tels que Richard McNally (université Harvard) ont permis d’élucider les très nombreux témoignages d’abduction (enlèvement par les extraterrestres). Les chercheurs reconnaissent que les victimes présentent toutes les caractéristiques des personnes ayant réellement subi un traumatisme —fréquence cardiaque, transpiration, tension musculaire— qui se rapprochent des cas les plus graves de stress post-traumatique.

Sauf que ces symptômes ne s’expliquent pas par le récit qu’elles en font, quand bien même elles en sont convaincues. La cause serait ailleurs : dans la paralysie du sommeil, un trouble qui survient lorsqu’on se réveille brièvement pendant le sommeil paradoxal. Désorienté et paralysé, le patient est alors sujet à des hallucinations qui peuvent tout à fait ressembler à l’idée qu’on se fait d’un enlèvement par des ET.

> Lire davantage dans les Grandes Archives de S&V : Vous avez dit bizarre ? Le paranormal décrypté par la science S&V n°1175 (2015) – acheter ce numéro.

S&V 1175 - paranormal

Les avions invisibles : certains avions furtifs sont passés inaperçus des années durant

Dans X-Files 10×1, Mulder et Scully n’en croient pas leurs yeux lorsque O’Malley leur présente un avion de l’armée américaine capable de disparaître de la vue en deux secondes ! Selon lui, c’est le modèle qui aurait servi à l’armée pour perpétrer les abductions. Ce prodige de rendre un avion invisible serait réalisé par “distorsion gravitationnelle” obtenue à l’aide de l’élément unumpentium. Soit l’un des éléments créés en laboratoire par les chimistes qui viennent de faire leur entrée officielle dans le tableau de Mendeleïev. Sauf que ces éléments ont une durée de vie d’une fraction de seconde ! Impensable, en l’état actuel des connaissances, de concevoir une application industrielle basée sur l’unumpentium.

Par contre, il existe des modèles d’avions militaires dont la furtivité est telle que leur existence est restée cachée pendant plusieurs années… alors que leurs rares observateurs les ont pris pour des ovnis ! C’est le cas du Stealth Fighter de Lockheed, à l’emblématique forme triangulaire.

> Lire davantage dans les Grandes Archives de S&V : L’ovni, c’est lui ! — S&V n°873 (1990).

S&V 873 - avion furtif ovni invisible

—Fiorenza Gracci

 

> Lire également :

 

> Lire aussi dans les Grandes Archives de S&V :

S&V 1175 - paranormal

  • The X files : la science manipulée S&V n°974 (1998). La série à l’énorme succès opère un “renversement pervers” d’après Marc Herbaut : alors que le paranormal est présenté comme réel, la science apparaît irrationnelle.

S&V 974 - x files

  • Roswell, cinquante ans de délire S&V n°959 (1997). Affaire close. Un rapport démontre que les prétendus ovnis tombés en 1947 étaient en fait des engins de l’US Air Force. Cette dernière avoue avoir mené des expériences secrètes de conquête de l’espace.S&V 959 - Roswell
  • L’ovni, c’est lui ! — S&V n°873 (1990). Un avion aussi furtif que son existence est restée cachée pendant 10 ans : c’est le Stealth Fighter de l’armée américaine. Voici comment la quasi-invisibilité est venue aux avions.

S&V 873 - ovni avion invisible

 

 

 

Voie lactée : une spectaculaire image… invisible

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Au cœur de notre galaxie, la Voie lactée, des volutes de gaz et de poussières flottent dans un cosmos en apparence presque vide d'étoiles...Cette photographie mosaïque est un composite d'images prises par le télescope millimétrique Apex, à 870 micromètres de longueur d'onde et par le télescope spatial millimétrique Planck, à 850 micromètres, en rouge, et par le télescope infrarouge Spitzer, entre 3,6 et 8 micromètres de longueur d'onde, en bleu. Photos ESO/Nasa/ESA.

Au cœur de notre galaxie, la Voie lactée, des volutes de gaz et de poussières flottent dans un cosmos en apparence presque vide d’étoiles…Cette photographie mosaïque est un composite d’images prises par le télescope millimétrique Apex, à 870 micromètres de longueur d’onde et par le télescope spatial millimétrique Planck, à 850 micromètres, en rouge, et par le télescope infrarouge Spitzer, entre 3,6 et 8 micromètres de longueur d’onde, en bleu. Photos ESO/Nasa/ESA.

Cette spectaculaire image de la Voie lactée montre notre galaxie telle que nos yeux ne la contempleront jamais… En effet, il s’agit d’une image composite, dans laquelle ont été fusionnées les données prises par les télescopes spatiaux Planck et Spitzer et par le télescope submillimétrique Apex…
Une image qui montre un cosmos froid, fait de gaz et de poussières, et où les étoiles ne jouent que de très pâles seconds rôles, quand les photos classiques de la Voie lactée révèlent un extraordinaire, vertigineux poudroiement d’étoiles…
Paradoxalement, la galaxie spirale dans laquelle nous sommes plongés était pour les astronomes, jusqu’à ces dernières années, l’une des plus difficiles à observer et étudier… Ce disque immense d’environ cent mille années-lumière de diamètre est riche de près de deux cents milliards d’étoiles, et son plan de rotation est empli de gaz et de poussières interstellaires.
Infiniment peu denses, vides ou presque, ces nuées, quand elles s’accumulent sur des dizaines, des centaines d’années-lumière, deviennent opaques comme le plus ténébreux brouillard. Au point de nous cacher le visage de la Galaxie, de nous voiler sa probable gracile et élégante silhouette en double spirale, lancée dans un ballet infiniment lent dans le cosmos…

L'image mosaïque de la Voie lactée prise par Apex, Planck et Spitzer mesure 140 degrés de longueur sur 3 degrés de hauteur.ESO/Nasa/ESA.

L’image mosaïque de la Voie lactée prise par Apex, Planck et Spitzer mesure 140 degrés de longueur sur 3 degrés de hauteur.ESO/Nasa/ESA.

Pour percer le véritable mur d’étoiles et de poussières du disque galactique, les astronomes ont changé le curseur de leur vision nocturne. Nos yeux, comme les caméras électroniques des télescopes optiques classiques, sont sensibles au rayonnement électromagnétique visible – la lumière – entre 0,4 et 0,8 micromètres de longueur d’onde environ, soit un peu moins d’un millième de millimètre. Mais le spectre électromagnétique est bien plus large que l’étroite vision humaine, réglée précisément par l’évolution sur le rayonnement émis majoritairement par notre étoile, le Soleil. En deçà de la lumière visible, il existe des rayonnements invisibles – et dangereux par l’énergie énorme qu’il peuvent transporter – l’ultraviolet, le rayonnement X et le rayonnement gamma. Au delà, du visible, bien moins énergétiques, les rayonnements infrarouge, millimétrique, décimétrique, métrique… Pour des raisons historiques, liées aux récepteurs inventés pour les détecter, ces grandes longueurs d’ondes sont qualifiées ensemble de « rayonnement radio » mais leur nature est identique à l’infrarouge, la lumière visible ou l’ultraviolet…
Le dernier domaine électromagnétique ouvert par les astronomes, voici une décennie environ, prolonge l’infrarouge : les ondes submillimétriques et millimétriques sont principalement émises par les milieux très froids, comme les cocons gazeux qui donnent naissance aux étoiles. Les milliards d’étoiles de la Voie lactée sont pratiquement invisibles dans ces rayonnements et notre galaxie est donc, pour les télescopes submillimétriques et millimétriques, presque transparente…

Ce montage montre le centre de notre galaxie, dans les constellations du Sagittaire et du Scorpion, vu dans divers domaines de longueur d'onde. En haut, Apex, à 870 micromètres, dans le domaine millimétrique, puis en infrarouge, avec le satellite Spitzer, entre 3,6 et 8 micromètres, puis par le télescope infrarouge Vista, entre 1,2 et 2,2 micromètres et enfin, dans le domaine de la lumière visible, entre 0,4 et 0,8 micromètres de longueur d'onde. Photos ESO/Nasa/ESA/S.Guisard.

Ce montage montre le centre de notre galaxie, dans les constellations du Sagittaire et du Scorpion, vu dans divers domaines de longueur d’onde. En haut, Apex, à 870 micromètres, dans le domaine millimétrique, puis en infrarouge, avec le satellite Spitzer, entre 3,6 et 8 micromètres, puis par le télescope infrarouge Vista, entre 1,2 et 2,2 micromètres et enfin, dans le domaine de la lumière visible, entre 0,4 et 0,8 micromètre de longueur d’onde. Photos ESO/Nasa/ESA/S.Guisard.

Le télescope millimétrique le plus puissant de la planète se trouve sur un plateau désolé situé dans la cordillère des Andes chiliennes, en bordure du désert d’Atacama, au Chili : Alma est un réseau de 66 antennes de 12 et 7 mètres de diamètre observant toutes ensemble. Cet engin géant, d’un coût de un milliard d’euros environ, a a été construit et est utilisé par l’Europe, les États-Unis et le Japon. Extrêmement puissant, Alma (Atacama Large Millimeter Array) est seulement limité par un champ de vision minuscule. Sur le plateau de Chajnantor, à plus de 5000 mètres d’altitude, ce télescope géant est secondé par un petit télescope de 12 mètres, Apex, qui a servi de banc d’essai à Alma…
Apex est doté d’une « caméra » à grand champ capable d’observer de grandes zones du ciel, et il sert d’éclaireur à Alma, en cartographiant de grands champs célestes dans le domaine submillimétrique…
Les astronomes européens viennent de scanner avec Apex et son instrument Laboca l’ensemble du disque galactique visible depuis l’hémisphère sud, un panorama de 140 degrés de large… Laboca (Large Bolometer Camera) est en réalité un thermomètre ultra sensible qui convertit les infimes variations de température qu’il détecte en une image de 300 pixels environ. L’instrument, sous vide, est refroidi à -272,85 °C, soit à peine plus que le zéro absolu, la température minimale possible, de -273,15 °C.
Cette nouvelle image panoramique de la Voie lactée va permettre aux astronomes de découvrir des cibles cosmiques intéressantes pour Alma, en particulier au cœur des plus jeunes nébuleuses, où se nichent des milliers d’étoiles naissantes et leurs planètes en devenir…
Serge Brunier

Le champ couvert par l'antenne de 12 mètres de diamètre Apex est immense : l'image panoramique de la Voie lactée mesure 140 x 3 degrés. La résolution de cette image, c'est à dire la précision de ses détails, avoisine 20 secondes d'arc. Par comparaison, le réseau Alma, dans un champ de quelques secondes d'arc seulement, offre une résolution de 0,02 seconde d'arc... Les images d'Alma sont donc cent fois plus nettes, ce qui est normal, puisque le réseau Alma est cent fois plus grand que le télescope Apex... Photo ESO/ESA.

Le champ couvert par l’antenne de 12 mètres de diamètre Apex est immense : l’image panoramique de la Voie lactée mesure 140 x 3 degrés. La résolution de cette image, c’est à dire la précision de ses détails, avoisine 20 secondes d’arc. Par comparaison, le réseau Alma, dans un champ de quelques secondes d’arc seulement, offre une résolution de 0,02 seconde d’arc… Les images d’Alma sont donc cent fois plus nettes, ce qui est normal, puisque le réseau Alma est cent fois plus grand que le télescope Apex… Photo ESO/ESA.

“La NASA de la low-tech”: l’expédition Nomade des mers démarre son tour du monde

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    Le Nomade des mers a largué les amarres du port de Concarneau pour un tour du monde autour des low-tech - Ph. © Fiorenza Gracci

Le Nomade des mers a largué les amarres du port de Concarneau pour un tour du monde autour des low-tech – Ph. © Fiorenza Gracci

Qu’ont en commun les éoliennes, les vers de farine, les réchauds à économie de bois, l’hydroponie et les poules ? Ils sont tous présents à bord du Nomade des mers, un catamaran pas comme les autres, qui a pris la mer mardi soir à Concarneau (Finisterre) pour une expédition autour du monde.

A son bord, trois habitants —plus un skipper, le navigateur Roland Jourdain— qui ont relevé un triple défi : vivre en autonomie grâce aux “low-tech”, découvrir de nouvelles applications autour du globe et les répertorier sur une plateforme ouverte à tous.

Les low-tech : simples, écologiques, géniales

“Low-tech” ? Par opposition à la high-tech, ces technologies visent à répondre par des moyens simples et écologiques à des besoins de base : se nourrir, boire, se chauffer, produire de l’énergie… Contrairement aux high-tech, elles sont faciles à fabriquer, demandent peu de compétences et de matériaux, tout en permettant de grandes économies de ressources et d’énergie. Et surtout, elles sont potentiellement utiles à des millions de personnes autour de la planète qui manquent de moyens.

“Notre objectif, c’est de devenir la NASA des low-tech !, annonce Corentin de Chatelperron, ingénieur et capitaine du bateau. Avec cette expédition, nous comptons à la fois partir à la découverte des technologies que les bricoleurs ont inventé aux quatre coins du globe et en tester un maximum pour notre vie en autonomie sur le bateau”.

Restée à terre, une équipe se chargera de centraliser les modes d’emploi des low-tech abordées par l’équipage, et de mettre à disposition librement sur le site Low-tech lab des tutoriels pour expliquer comment les fabriquer chez soi.

Corentin dresse la grand'voile du Nomade des mers - Ph. © Fiorenza Gracci

Corentin dresse la grand’voile du Nomade des mers – Ph. © Fiorenza Gracci

 

La fiche technique du Nomade des mers, catamaran low-tech.

La fiche technique du Nomade des mers, catamaran low-tech (CLIQUEZ POUR AGRANDIR).

Première phase de la navigation : 15 escales et 18 mois, soit un demi-tour du monde qui mènera le Nomade des mers jusqu’en Malaisie, en passant par le Brésil, l’Afrique du Sud et l’Inde.

Le défi de l’autonomie : serre, poules, insectes

Tout au long de ce périple, l’équipage vivra en autonomie sur ce catamaran de 14 mètres. Concrètement, qu’est-ce que ça veut dire ? Pour s’alimenter, le bateau-laboratoire est équipé de tout ce qu’on fait de mieux en low-tech.

Sur le pont, dans une serre hors-sol cultivée en hydroponie (irrigation goutte à goutte) et aéroponie (gouttelettes très fines pulvérisées sur les racines), pousseront des plantes vertes sélectionnées attentivement par l’ethnobotaniste Jean-Pierre Nicolas, de l’association Jardins du monde. “Des légumes feuilles à la pousse rapide, riches en vitamines, minéraux et protéines et présents naturellement sous les tropiques, énonce-t-il : bettes tropicales, pourpier, amarante… et des herbes aromatiques pour l’assaisonnement”.

Dans la cale, un empilement de bacs remplis de farine contient une excellente source de protéines animales : les vers de farine ! Ces larves de ténébrions, alimentées par les déchets des légumes dans leur vivarium, en contiennent 60 % ! Et pour varier les plaisirs, un poulailler a été aménagé à l’arrière du catamaran, embarquant quatre vaillantes poules bretonnes sélectionnées parmi les meilleures pondeuses. Le menu prévoit également des provisions de céréales et des légumineuses emportées à bord depuis la France, et sera enrichi au fur et à mesure des aliments locaux récoltés lors des escales et plantés dans la serre.

Quatre poules pondeuses entament leur premier tour du monde – Ph. © Fiorenza Gracci

Quatre poules pondeuses entament leur premier tour du monde – Ph. © Fiorenza Gracci

L'arrière du bateau (avant l'installation de la serre), montrant le réchaud. Ph. © Fiorenza Gracci

L’arrière du bateau (avant l’installation de la serre), montrant le réchaud. Ph. © Fiorenza Gracci

Enfin, pour cuisiner, un réchaud à économie d’énergie appelé TLUD est placé sur le pont : il réduit de 5 fois la consommation de combustible ! On peut l’alimenter par du charbon, aussi bien que par des biomasses sèches, comme du petit bois, des déchets verts…

Après une dizaine de jours de navigation, le Nomade des mers fera une première escale au Maroc. La suite de l’aventure et de la description de la vie à bord bientôt sur ces ondes…

—Fiorenza Gracci

 

> Pour en savoir plus :

 

> Découvrez l’équipage :

 

> Lire aussi dans les Grandes Archives de S&V :

S&V 1179 - aeroponie

Un mode de vie sain pour notre coeur

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En changeant nos habitudes, on pourrait réduire considérablement les risques d’infarctus, d’AVC, de pathologies cardio-vasculaires et le diabète. Arrêt du tabac, activité physique régulière et bien sûr bonne alimentation… Michel de Lorgeril retrace pour nous tous les éléments d’un mode de vie sain pour notre coeur. Médecin, expert en cardiologie et nutrition, membre de la Société européenne de cardiologie et chercheur au CNRS, il est internationalement reconnu pour ses travaux sur l’infarctus du myocarde et les omégas-3, le French paradox et la diète méditerranéenne.

1 Exercice physique, le meilleur des médicaments du coeur

« Des données scientifiques solides montrent combien l’exercice physique est plus efficace que les médicaments pour diminuer hypertension, diabète, infarctus et AVC….

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Maladies cardio-vasculaires : savoir écouter son coeur

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J‘ai commencé à ressentir les premiers symptômes en voyage. J’étais essoufflé et peinais à monter les marches », rapporte Éric, quinquagénaire et géant breton. Force de la nature, ce dentiste est toujours prêt à rendre service à un patient de passage le samedi matin ou à un ami qui « ne s’y connaît pas très bien en informatique ». Il est de toutes les fêtes et sorties et, où qu’il aille, sympathise avec tout le monde. « Après les essoufflements sont apparus d’autres symptômes, comme des douleurs aux mâchoires à chaque effort, au bras gauche ou derrière le sternum. C’est allé crescendo pendant 15 jours. Des symptômes classiques. En tant que professionnel de santé, j’aurais dû consulter immédiatement, mais j’étais sans doute dans le déni, comme de…

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"Il faut intégrer la dimension psychologique et le vécu"

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Cardiologue depuis 30 ans, Jean-Pierre Houppe s’est formé à la psychanalyse jungienne et à la sophrologie. Il a fondé l’association Meditas Cardio (Mesures d’éducation thérapeutique appliquées au stress en cardiologie). Il défend l’idée que le vécu psychologique et les émotions sont intimement liés aux pathologies cardiaques. D’où l’importance de développer une nouvelle approche pour faire du cerveau le meilleur allié du coeur : la psychocardiologie. Il est l’auteur de Prendre soin de son coeur, introduction à la psychocardiologie, chez Dunod.

En tant que cardiologue, pourquoi se préoccuper de la part psychologique pour un infarctus ou un AVC ?

Je me suis rendu compte que dans ma profession on butait sur quelque chose. « J’ai tout fait, mais mon patient ne va pas bien. Pourquoi ? » Comment expliquer que seulement…

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