Simplifier leur vie, ils l’ont fait

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Gwedolyn et Stéphane Bienvenue, Lyon, deux enfants de 4 et 7 ans :
« On s’est allégés des objets non indispensables »

« Le choix de ne pas avoir de voiture est central. Il est intervenu dans notre choix de résidence : le centre de ville de Lyon.

Le vélo est vraiment mon mode de déplacement quotidien. Je travaille dans une des communes de la banlieue ouest, ce qui représente une dizaine de kilomètres aller-retour. Les gens s’étonnent que je vienne de Lyon. Moi, ça me plaît de déconstruire ces représentations.

C’est économique, écologique, super pratique et rapide. Quand on y goûte, on se dit qu’on se simplifie la vie.

Pour nos vacances, on part en train et vélo. Nous connaissons bien toutes les voies vertes de France ! Le long de la Loire, de l’Atlantique, du canal du Midi… on a ratissé la France, et l’on a découvert de beaux endroits. C’est un fabuleux moyen de voyager en famille. Nous aimons bien l’itinérance, aller à la rencontre des gens. Quand on arrive à vélo, c’est sympathique, ça simplifie les rapports, on a un bon accueil. L’échange fait place à l’étonnement.

Nos deux enfants de 4 et 7 ans aiment ça, d’autant que l’on s’adapte à leur age. La petite est encore en carriole, mais l’aîné a son vélo attelé au mien.

Nos valises se résument à une sacoche chacun et deux sacoches pour l’intendance familiale.

À la maison, on essaie de s’alléger de tous les biens qui ne paraissent pas indispensables. Cela permet de faire de la place pour autre chose. Nous n’avons pas de micro-onde, pas de lave-vaiselle, de sèche-linge, de cafetière électrique… et les gadgets comme des robots de cuisine ou des machines à raclette n’ont pas droit de cité chez nous. Quand des amis dînent à la maison, ils se proposent spontanément pour faire la vaisselle. Cela crée du lien, ce sont des moments d’échange simple. C’est dans cette spontanéité que l’on est le plus proche. La simplicité, ça crée beaucoup de convivialité. Moins de biens, ça crée plus de liens !

Entre voisins, on se prête des pompes à vélo, des échelles, des outils. C’est sympa, on partage tout. Pour moi c’est ça, retrouver de la simplicité. C’est un piège de croire que l’on a pas besoin des autres, c’est enfermant. À acheter beaucoup de choses matérielles, on se sent mal à l’aise à aller taper à la porte des autres. Cela induit du repli sur soi, de l’individualisme. C’est récent, tous ces objets qui sont venus nous envahir et prendre la place de l’essentiel : être relié aux autres, créer de l’entraide, cultiver l’être plutôt que l’avoir.

On a pas de télé. Pour moi ça dégage du temps pour lire, pour raconter des histoires aux enfants. Ce sont des moments intimes qui ritualisent le quotidien. Les soirs d’élection, on fait des soirées chez des amis qui ont la télé. Cela crée des débats et des échanges que l’on aurait pas eu si l’on été restés chez nous.

N’ayant pas de téléphone portable, j’utilise beaucoup le mail, et je ne perds pas de temps à déplacer des rendez-vous. Il y a des situations où le portable est pratique mais l’on peut s’en passer dans 80% des cas. Je revendique fièrement d’avoir une carte téléphonique dans mon portefeuille même si je déplore la disparition des cabines..

Pendant les vacances de Noël, nous avons proposé à une mère d’élève de l’école, sans domicile, de venir habiter chez nous avec ses enfants. Nous aurions davantage hésité si nous avions eu à la maison des choses de valeur. La sobritété nous permet d’investir dans d’autres choses : des liens de solidarité.

La source de cet engagement, je la puise dans ma foi chrétienne, dont les valeurs sont le partage, la solidarité, l’entraide, l’accueil de l’autre. Nous avons un engagement associatif à travers « Chrétiens et pic de pétrole », qui s’interroge sur les convergences entre l’objection de croissance et le message évangélique. Cette recherche de simplicité est convergente avec la figure du Christ. On se met en chemin derrière lui en essayant d’être dans la sobriété. »

Claire de Buttet, Paris :
« J’ai changé de métier pour retrouver du temps »

« J’ai changé de vie il y a huit ans quand je suis devenue artiste et décoratrice d’intérieur à mon compte. Après des études d’arts, j’ai été assistante de direction dans différentes boîtes, dont un gros groupe de presse américain pour qui je travaillais au service publicité. Ce travail répétitif ne me correspondait plus. Cela faisait un moment que je voulais reprendre les pinceaux. Grâce au Fongecif, j’ai fait une formation de peintre décorateur pendant un an, et je me suis mise à mon compte.

Il est plus sûr d’être salarié, mais aujourd’hui je suis mieux alignée par rapport à ce que je voulais développer comme talent dans mon métier. J’avais l’impression que je passais à côté de ma vie si je ne reprenais pas les pinceaux et si je n’avais pas d’influence positive sur la vie des autres avec mon travail artistique. Ca simplifie la vie de trouver ce pour quoi on est fait.

Je fais un métier qui me permet d’avoir du temps pour mes enfants, et ce temps est un de mes biens les plus précieux. Il est important pour mon équilibre et pour le leur. Je gère mes horaires pour aller les chercher à l’école à 4 heures. Je vois tellement de mamans se plaindre de ne pas avoir de temps.

L’année dernière nous avons décidé de faire une chambre d’hôte à la maison, pour arrondir les fins de mois. Ainsi, si nous n’avons pas les moyens de voyager, le monde vient à nous ! Nous avons hébergé des Autraliens, des Japonais, des Norvégiens…C’est une ouverture sur le monde pour les enfants, et une belle expérience de partage et de simplicité. Deux Japonaises, qui s’étaient fait un programme très chargé de visite de tous les lieux touristiques, boutiques et musées parisiens, nous ont dit à la fin du séjour que le meilleur moment avait été le petit déjeuner que nous avons partagé en famille.

L’année dernière, je me suis lancée dans le blogging. J’ai créé Gratitude et Compagnie il y a six mois, pour partager des bonnes nouvelles, et tout ce qui donne du sens à la vie. J’ai plein de choses à donner, à partager sur la vie : des joies toutes simples, ce qui fait qu’une vie quotidienne est belle et bien remplie. C’est mon témoignage en tant que chrétienne. »

Donner ses cadeaux de Noël plutôt que les revendre

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C’est déjà devenu une habitude de Noël : chaque année, à peine la course aux cadeaux terminée, le 25 décembre ouvre de nouvelles hostilités : celles de la revente des cadeaux. Faut-il y voir un effet de la crise économique ? les Français sont de moins en moins choqués par cette pratique (qui reste néanmoins plutôt mal perçue) et de plus en plus nombreux à se débarrasser de leurs paquets encombrants dès le lendemain de la fête. Les sites eBay et PriceMinister enregistrent ainsi des pics d’activités dans les jours qui suivent la fête.

Selon un sondage OpinionWay, réalisé pour PriceMinister, ils seraient 52% des Français (63% chez les moins de 24 ans) à ne plus hésiter à revendre leurs cadeaux, surtout quand ils leur ont été offerts par des parents éloignés. Pour justifier leur geste, les revendeurs invoquent d’abord le fait d’avoir reçu un objet en double, mais aussi, dans une moindre mesure, que leur cadeau ne leur plaît pas ou leur paraît inutile.

Retrouver le sens du don

Et si, au lieu de céder à cette tendance peu glorieuse (71% de ceux qui revendent leurs cadeaux se garderont bien de s’en vanter), on retrouvait un peu de l’esprit de Noël en choisissant de partager le pull dont la couleur ne nous va pas, le livre qu’on n’a pas l’intention de lire ou le DVD reçu en double ? Il existe des sites spécialisés dans le don d’objets, comme donnons.org, qui permettent de joindre la bonne conscience à l’agréable en permettant à d’autres de bénéficier de ces cadeaux qui n’ont pas trouvé grâce à nos yeux, mais dont ils ont peut-être rêvé…

Quant à ceux qui souhaiteraient  se tourner vers une association caritative pour offrir leurs “superflu” de Noël, voici une brève liste de quelques unes qui accueilleront avec plaisir ces dons, pour mieux les redistribuer à ceux qui sont habituellement oubliés sous le sapin :

> Emmaüs,

> L’Armée du Salut,

> Les Restos du coeur,

> Le Secours populaire,

> Oxfam France.

Les astronomes ont-ils découvert la première Lune extrasolaire ?

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Une planète géante et sa lune flottent, peut-être, perdues dans l'obscurité de l'espace, parmi les étoiles de la Voie lactée, aux confins des constellations du Sagittaire et du Scorpion. Photo S.Brunier.

Une planète géante et sa lune flottent, peut-être, perdues dans l’obscurité de l’espace, parmi les étoiles de la Voie lactée, aux confins des constellations du Sagittaire et du Scorpion. Photo S.Brunier.

Si elle était validée, cette découverte passée inaperçue serait l’une des plus belles de l’année 2013 écoulée. Malheureusement, la nature est indifférente aux desiderata des savants, et cette fascinante observation risque fort… de n’être jamais confirmée.
Voici plusieurs années que le bruit court, puis s’estompe, puis son écho grossit de nouveau, dans les couloirs des observatoires et des instituts de recherche astronomique : « on » aurait découvert la première exolune. Exolune ? Oui : le satellite d’une exoplanète. Ce serait une formidable première. A ce jour, environ mille exoplanètes ont été trouvées dans la Galaxie, et autour d’elles, aucune lune. C’est normal, puisque les satellites des planètes, beaucoup plus petits et légers que les corps autour desquels ils tournent, sont extrêmement difficiles à détecter, avec les moyens d’observation – essentiellement indirects – actuels.
Alors les spécialistes spéculaient : a priori, le seul instrument capable de détecter le satellite d’une exoplanète, se devait être Kepler, le télescope spatial américain, qui a découvert des centaines d’exoplanètes en observant leurs transits devant leurs étoiles, transits provoquant de mini éclipses. A chaque transit de l’exoplanète, une éclipse secondaire, due à sa lune, aurait été détectée, décalée légèrement à chaque tour du fait de sa rotation autour de la planète. Imparable. Étrangement, à ce jour, ni Kepler, ni Corot, le télescope spatial franco-européen, ni les télescopes terrestres qui observent des transits, n’ont réussi à dénicher dans l’espace une exolune…
Non, la découverte – si il y a découverte – vient d’où on ne l’attendait pas, d’un réseau de surveillance terrestre, appelé MOA (Microlensing Observations in Astrophysics). Cette équipe internationale surveille, pratiquement 24 h/24, le bulbe galactique et ses milliards d’étoiles dans le but de détecter non pas des transits d’exoplanètes, donc l’affaiblissement cyclique d’étoiles, mais au contraire l’accroissement brutal de luminosité d’étoiles, provoqué par le passage devant elle d’exoplanètes.
Paradoxe, alors que les transits provoquent évidemment une baisse d’éclat des étoiles ? C’est que la technique d’observation du groupe MOA est basée sur un principe profondément différent de celui des transits, celui de l’optique gravitationnelle. On sait depuis la publication de la théorie de la relativité générale par Albert Einstein, voici bientôt un siècle, que l’espace se courbe en présence de masse. Cette déformation de l’espace – vérifiée en 1919 lors d’une éclipse totale de Soleil – contraint les rayons lumineux à suivre un chemin particulier autour des corps célestes – étoiles, galaxies, trous noirs, pour les cas concrets – qui agissent alors comme « lentilles gravitationnelles », capables, comme les lentilles optiques traditionnelles, d’amplifier la lumière des étoiles… Les astronomes utilisent cette étrange propriété de l’espace pour chercher des galaxies derrière les amas de galaxies et des planètes autour des étoiles lointaines.
Pour cela, il faut une configuration géométrique très particulière et extraordinairement précise : l’exoplanète, tournant autour d’une étoile dite « lentille », doit passer exactement devant une étoile très distante, dite « source ». Durant cet alignement, qui n’arrive qu’une seule fois, et qui est du au déplacement des étoiles autour du centre galactique, l’étoile source voit son éclat augmenter progressivement durant le passage devant elle de la lentille, puis diminuer de façon symétrique. Puis, si une planète se trouve à côté de l’étoile lentille, l’amplification reprend, et diminue de nouveau… L’optique gravitationnelle, fille de la relativité générale, étant précisément codifiée, il est possible aux chercheurs, à partir de l’amplification de lumière et de sa durée, et des caractéristiques de l’étoile source, de définir assez précisément la carte d’identité de la planète « lentille »…
Voilà pour le principe. C’est ainsi que le 26 juin 2011, l’un des télescopes de MOA, situé à l’observatoire du mont John, en Nouvelle-Zélande, a détecté le début d’une amplification de lumière d’un astre, baptisé MOA-2011-BLG-262, aux confins des constellations du Sagittaire et du Scorpion, non loin du Centre galactique. Aussitôt, l’événement – qui a duré près d’une centaine d’heures – a été suivi par les télescopes d’autres équipes (PLANET, MicroFun), depuis l’observatoire Canopus, en Tasmanie et l’observatoire de Siding Spring, en Australie. Mais quand une deuxième amplification a commencé à être détectée, le branle bas général a été décrété et la grosse artillerie astronomique mise à contribution : les observatoires de Cerro Tololo et Las Campanas, au Chili et l’observatoire Faulkes en Afrique du Sud. Enfin, plus tard, depuis le sommet du volcan Mauna Kea, à Hawaii, l’un des plus puissants télescopes du monde, le Keck Telescope, s’est joint aux observations…
L’analyse des données enregistrées par cette collaboration internationale, puis les observations de l’étoile source, MOA-2011-BLG-262, a pris près de deux ans, à l’issue desquels l’équipe de D.P Bennett, V. Batista, I.A Bond, C.S. Bennett, D. Suzuki, J.P. Beaulieu, A. Udalski, J. Donatowics – et plusieurs dizaines de leurs collaborateurs ! – a finalement publié sur ArXiv sa conclusion : l’événement MOA-2011-BLG-262 est peut-être du au passage devant l’étoile source d’une planète et de sa lune…
Une première « exolune », donc, aux caractéristiques très étranges, complètement inattendues. D’abord, ce satellite serait énorme, de la taille de la planète Mars, disons, et tournerait autour d’une planète géante, un peu plus grosse et trois fois plus massive que Jupiter. Un couple d’astres géants, donc, dont il n’existe pas d’exemple dans notre système solaire. Mais il y a plus : cette planète et sa lune ne tourneraient autour d’aucune étoile ! Elles flotteraient librement, dans le noir de l’espace, à 2000 années-lumière d’ici… On sait que des planètes sans étoile existent dans la Voie lactée, de tels astres ont pu être éjectés de leur système planétaire par un jeu de billard cosmique entre planètes ou entre étoiles et planètes. L’ennui, pour David Bennett et ses nombreux collègues, c’est que cette découverte n’est pas certifiée, car il existe, avec les données enregistrées, une autre possibilité d’explication à l’événement MOA-2011-BLG-262. Pire encore, elle ne sera peut-être jamais confirmée…
Les astronomes, en effet, ont calculé une seconde solution optique pour l’amplification de la source MOA-2011-BLG-262 par sa lentille. Il pourrait s’agir, non plus d’une planète et sa lune, mais d’une étoile dix fois plus petite que le Soleil, et de sa planète, à peu près grosse comme Neptune. Dans ce cas, le couple serait situé à 22 000 années-lumière environ.
Comment pourrait-on résoudre cette équation à deux inconnues ? C’est impossible aujourd’hui, la lentille et sa source sont, pour les télescopes actuels, presque confondues. Si il s’agit bien d’une planète et sa Lune, elles demeureront probablement à jamais invisibles, obscures sur le fond noir de l’espace. Si il s’agit d’une planète et de son étoile, cette dernière sera peut-être un jour détectée par un puissant télescope.
La possible première découverte d’une lune extrasolaire est à la fois fascinante et frustrante. Mais, même si elle demeure éternellement en suspend, elle montre que les astronomes sont désormais capables de trouver dans le cosmos des planètes et leurs satellites. On peut s’attendre à ce que, cette année peut-être, l’équipe de Kepler annonce à son tour la possible découverte d’une exolune.
Une Lune extrasolaire, un monde lointain, tournant dans l’orbe d’un monde lointain… Comment toucher plus l’imaginaire humain, bercé depuis la nuit des temps par l’étrange luminaire blafard qui traverse le ciel de la Terre en un cycle éternellement recommencé ? Et qu’écrirait aujourd’hui, à l’annonce qu’il existe dans le ciel d’autres lunes, aux paysages éclairés par d’autres soleils, ou par les myriades d’étoiles de la Galaxie, l’auteur de ces vers ?

Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth ;
Les astres émaillaient le ciel profond et sombre ;
Le croissant fin et clair parmi ces fleurs de l’ombre
Brillait à l’occident, et Ruth se demandait,
Immobile, ouvrant l’œil à moitié sous ses voiles,
Quel dieu, quel moissonneur de l’éternel été,
Avait, en s’en allant, négligemment jeté
Cette faucille d’or dans le champ des étoiles.

 

Des robots, des planètes et des hommes

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Un demi-siècle après les Soviétiques et les Américains, les Chinois arpentent aujourd'hui la surface lunaire avec leur robot mobile Yutu, photographié ici par le module d'atterrissage Chang'e 3. Photo CNSA.

Un demi-siècle après les Soviétiques et les Américains, les Chinois arpentent aujourd’hui la surface lunaire avec leur robot mobile Yutu, photographié ici par le module d’atterrissage Chang’e 3. Photo CNSA.

En posant sur la Lune, le 14 décembre 2013, le module Chang’e 3, la Chine est entrée dans le cercle très fermé des nations capables d’envoyer des engins terrestres… sur un autre monde. En effet, si, en un demi-siècle de conquête spatiale, le système solaire entier a été arpenté en tous sens par plus d’une centaine de robots spatiaux, de Mercure à Neptune en passant par des comètes et des astéroïdes, très peu de mondes ont été accostés par les frêles esquifs envoyés par l’humanité sur les vagues de l’espace… En tout et pour tout, 38 sondes, ont, à ce jour, réussi, avec plus ou moins de succès, à toucher une autre planète. Enfin, planète, pas tout à fait : Vénus et Mars, en réalité, et deux satellites, la Lune et Titan, auxquels ont peut ajouter à la limite, par bienveillance pour les géniaux ingénieurs qui ont réalisé ces petits miracles techniques, deux astéroïdes : Eros et Itokawa…
C’est la Lune, bien sûr, astre le plus proche de la Terre, à environ 380 000 kilomètres de distance qui a été convoitée la première par les deux premières puissances spatiales de l’histoire : l’URSS et les USA. Quarante sept ans avant les Chinois, les Soviétiques ont posé avec succès un engin sur le satellite de la Terre : Luna 9, en 1966. Puis, entre 1966 et 1976, les Soviétiques parviennent à poser les sondes Luna 13, Luna 16, Luna 20, Luna 24, et Lunokhod 1 et 2. Les Luna ramènent plus de 300 grammes d’échantillons de Lune sur Terre, tandis que Lunokhod 2 parcourt plus de 40 kilomètres dans la poussière lunaire, un record jamais battu jusqu’ici…

Est-il utile, ensuite, de rappeler l’extraordinaire épopée Apollo et ses six missions réussies ? En prélude à leur grand programme de conquête lunaire, les Américains parviennent à poser, au cours de la décennie 1960, cinq sondes Surveyor sur la Lune. Puis, entre 1969 et 1972, douze hommes arpentent la surface lunaire, et rapportent sur Terre environ 380 kilos de roches, mille fois plus que les sondes automatiques soviétiques.

Au cours des décennies 1960 et 1970, Soviétiques et Américains se lancent dans la conquête de la Lune. En haut, les traces de Lunokhod 2, qui parcourra plus de 40 km dans la cendre lunaire. Au centre, la sonde américaine Surveyor 3, visitée par les astronautes d'Apollo 12. En bas, la mission Apollo 17. Photos Nasa.

Au cours des décennies 1960 et 1970, Soviétiques et Américains se lancent dans la conquête de la Lune. En haut, les traces de Lunokhod 2, qui parcourra plus de 40 km dans la cendre lunaire. Au centre, la sonde américaine Surveyor 3, visitée par les astronautes d’Apollo 12. En bas, la mission Apollo 17. Photos Nasa et FKA.

Mars, ensuite ? Non : Vénus. Les Soviétiques, toujours eux, réalisent entre 1970 et 1981 une véritable prouesse, en parvenant à poser, dans l’enfer vénusien, huit sondes, Venera 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13 et 14. Des images de la surface étrange de Vénus sont prises, par une température de 450 °C… Durée de vie de ces sondes dans les conditions les plus extrêmes, probablement, du système solaire ? Quelques dizaines de minutes seulement…

Seuls les Soviétiques parviendront à poser des modules sur la planète Vénus, et à transmettre des photographies de sa surface. Ici, une image prise par Venera 13 en 1982. Photo FKA.

Seuls les Soviétiques parviendront à poser des modules sur la planète Vénus, et à transmettre des photographies de sa surface. Ici, une image prise par Venera 13 en 1982. Photo FKA.

Alors Mars ? Eh bien, la planète rouge, autrement plus difficile à atteindre que Vénus, ne sera jamais abordée par l’URSS. Mars sera américaine. De 1976 à 2012, sept sondes de la Nasa se posent dans le désert martien. Viking 1, Viking 2, Mars Pathfinder, Phoenix, Spirit, Opportunity et enfin Curiosity… Record, encore, mais américain, cette fois : voici dix ans que Opportunity arpente la surface martienne, sur laquelle il a parcouru plus de 37 kilomètres…

Seuls les Américains, entre 1976 et 2012, ont réussi à se poser sans encombre sur Mars. Après Viking 1, Viking 2, Mars Pathfinder, Phoenix et Spirit, Opportunity et Curiosity arpentent aujourd'hui les déserts glacés de la planète rouge. Photo Nasa.

Seuls les Américains, entre 1976 et 2012, ont réussi à se poser sans encombre sur Mars. Après Viking 1, Viking 2, Mars Pathfinder, Phoenix et Spirit, Opportunity et Curiosity arpentent aujourd’hui les déserts glacés de la planète rouge. Photo Nasa.

La Lune, Vénus et Mars, donc. Mais n’oublions pas l’exploit européen, ou plutôt, américano-européen, qui a permis à la sonde européenne Huygens, emportée par l’américaine Cassini, de se poser sur l’étrange monde de Titan, le grand satellite de Saturne, en 2005. Un record absolu, encore : jamais l’homme n’avait posé – métaphoriquement s’entend – le pied sur un astre aussi lointain : 1,2 milliard de kilomètres…

Un paysage de science-fiction, pour une mission de science-fiction... L'ESA et la Nasa parviennent, en 2005, à poser le module Huygens à la surface de Titan, le grand satellite de Saturne. Photo ESA.

Un paysage de science-fiction, pour une mission de science-fiction… L’ESA et la Nasa parviennent, en 2005, à poser le module Huygens à la surface de Titan, le grand satellite de Saturne. Photo ESA.

Reste deux missions, Near et Hayabusa, qui ont un statut un peu particulier… Dans aucun de ces deux cas, on ne peut vraiment parler d’atterrissage… La sonde américaine Near a achevé sa mission autour de l’astéroïde Eros en « se posant » sur Near, mais sans que cela ait donné lieu à des résultats scientifiques, car la sonde n’était pas prévue pour cela. Pourtant, dans la mesure où, jusqu’à la dernière seconde, Near a transmis vers la Terre des images de l’astéroïde, il semble que l’on puisse créditer la Nasa de cette réussite et ajouter Eros à la courte liste des mondes visités par l’humanité… Quant à Hayabusa… La sonde japonaise a réussi à toucher la surface de l’astéroïde Itokawa, à collecter pendant ce contact quelques grains de poussière minérale, puis à revenir sur Terre. Un exploit authentique, là aussi, même si l’on ne peut pas évoquer vraiment un atterrissage…

En haut, la sonde américaine Near s'apprête à achever sa mission en envoyant ses dernières images de l'astéroïde Eros, en 2001. En bas, l'ombre de la sonde japonaise Hayabusa se projette sur l'astéroïde Itokawa, en 2005. Photos Nasa et Jaxa.

En haut, la sonde américaine Near s’apprête à achever sa mission en envoyant ses dernières images de l’astéroïde Eros, en 2001. En bas, l’ombre de la sonde japonaise Hayabusa se projette sur l’astéroïde Itokawa, en 2005. Photos Nasa et Jaxa.

Reprenons : La Lune, Vénus, Mars, Titan et, si l’on veut, Eros et Itokawa. Nombre de planétologues, et les fervents amateurs de la conquête spatiale, attendent avec impatience le jour où des robots se poseront à la surface des satellites de Jupiter ou des lunes de glace de Saturne. Hélas, aucune mission n’est à ce jour prévue pour explorer ces mondes lointains et fascinants. Les agences privilégient l’affichage prestigieux – en envoyant des astronautes tourner inlassablement en orbite terrestre, à 400 kilomètres au dessus de nos têtes – et la répétition : les États-Unis et l’Europe construisent en ce moment même les futures sondes martiennes…
Alors, sommes-nous condamnés à rêver, des décennies durant, à des robots creusant la glace d’Europe, la mystérieuse lune de Jupiter, ou photographiant les rivages des mers titaniennes battues par des pluies de méthane tandis que les robots chinois laisseront des traces de roues dans la cendre lunaire et que les robots martiens continueront inlassablement à chercher la vie sur la planète rouge ? Probablement et malheureusement, oui. D’abord parce que de telles missions, coûteuses et complexes, demanderont – le jour où elles seront programmées, c’est à dire pas demain la veille – une dizaine d’années de préparation, décennie à laquelle il faudra rajouter plusieurs années de voyage. Rendez-vous donc, sur Europe, Encelade ou Titan en 2035 ou 2040, peut-être…
D’ici là, heureusement, l’année 2014 nous promet – peut-être – un extraordinaire atterrissage sur une autre monde… Peut-être, parce que la mission européenne Rosetta, qui a quitté la Terre en 2004, n’est pas encore arrivée à destination, la comète Churyumov-Gerasimenko. Mais si tout va bien, et si la sonde réussit à surmonter ses soucis techniques et la difficile approche d’une comète, nous assisterons, en novembre, à l’atterrissage du module Philaé à la surface de la comète. Espérons que cela dopera l’ambition et l’imagination des agences spatiales, à qui, au sens littéral du terme, nous sommes en droit de ne pas réclamer… la Lune.
Serge Brunier

Le module Philaé, testé à Brême, en Allemagne, au German Aerospace Center (DLR). Photo S.Brunier.

Le module Philaé, testé à Brême, en Allemagne, au German Aerospace Center (DLR). Photo S.Brunier.

La famille vue par Frédérique Bedos, la petite fille sur la balançoire

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Elle n’avait jamais soufflé mot de son enfance. Lancée dans une carrière télévisuelle entre New-York, Londres et Paris, animatrice à succès sur M6 et MTV, la rayonnante jeune femme s’efforçait de tourner la page et de repousser les peurs du passé. Aujourd’hui, elle se raconte dans un livre-témoignage : la Petite Fille à la balançoire. Elle dédie son récit « à (s)es mamans ». L’une l’a mise au monde, lui offrant un amour douloureux, traversé par la maladie mentale. L’autre l’a accueillie dans ses bras tranquilles et cette famille chaleureuse où la Ddass la conduisait chaque fois que « maman Jeanne » délirait. C’est là, par l’improbable force de l’amour, que la petite fille, puis l’adolescente s’est reconstruite. Frédérique Bedos porte aujourd’hui le projet ­Imagine, un média qui met en lumière des héros du quotidien. Consciente qu’on n’a jamais tout à fait fini de traverser son histoire, elle relit pour La Vie l’itinéraire d’une force fragile.

Maman Jeanne

« Je n’ai pas eu de père, mais je ne me suis jamais sentie abandonnée. Je n’ai pas cette blessure du cœur dont on met toute la vie à guérir. Avant que la maladie me la vole, je sais que ma mère m’a aimée. Fille de l’assistance publique, elle me racontait son émerveillement devant le bébé que j’étais, qu’un homme adoré lui avait donné avant de s’enfuir. Nous vivions, en tête à tête, une vie de bohème. On déménageait tout le temps, on n’avait rien, elle me gavait de bonbons et de tendresse. Imaginative, cultivée, maman Jeanne écrivait des poèmes, dessinait, m’a appris à lire à 3 ans, avec elle j’écoutais de l’opéra. Et puis, il y avait l’autre face, la ténébreuse, la maladie qui gagnait du terrain. Face de méchanceté, de mensonge que la petite fille de 8 ans que j’étais apprenait à distinguer de la mère qui l’aimait. Je devenais alors la maman de ma maman. Au retour de l’école, j’avais peur de ce que j’allais trouver, des hommes qu’elle ramenait, de ses tentatives de suicide, de ses délires paranoïaques qui finissaient en camisole chimique à l’hôpital psychiatrique. Peur surtout de ne pas pouvoir la sauver d’elle-même. ­Shootée, elle me ­regardait sans me voir. Et moi, le fourgon de police me déposait pour quelques jours dans la maison de ceux qui allaient devenir mes seconds “parents”. »

La famille

« Avec mes parents adoptifs, à qui j’ai été définitivement confiée par la justice après mes 11 ans, j’ai découvert une ribambelle de frères et sœurs. Avec Virginie, ma sœur coréenne, Pierre-Vincent, le bébé né sans bras ni jambes, Gaston, le frère camerounais dont le visage avait brûlé dans un feu… il fallait nous voir dans la rue. Cette tribu arc-en-ciel où il manquait un œil à l’un, un bras à l’autre ne passait pas inaperçue. Chacun est arrivé clopin-clopant dans cette famille avec son parcours chaotique. Mais nous ­devenions des enfants “choisis”. Et la magie a opéré. Quand on reçoit la bonne dose d’amour, les blessures ne vous écrasent pas. Même, elles vous permettent de nourrir de l’empathie pour les autres. Vous avez beau être en colère devant votre souffrance, le cercle élargi où circule la vie et le rire vous fait le cadeau du partage. Ma sensibilité, je la dois aussi à mon enfance. C’est là que j’ai appris ce qu’est la famille de cœur. Des expériences comme celles-là vous permettent d’embrasser la famille humaine, d’expérimenter en petit ce qu’on rêverait de vivre dans notre monde. »

[...]

> Retrouvez l’intégralité de cet article dans l’édition n° 3654-3655 de La Vie, datée du 19 décembre, disponible en version numérique en cliquant ici

Eloge de la déconnexion… temporaire

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Vous évoquez un mouvement vers la déconnexion. Quels en sont les signes selon vous ?

Dans les enquêtes d’opinion, le rapport aux nouvelles technologies est en train d’évoluer. Les temps ont changé depuis les débuts d’Internet où l’on célébrait la Toile, et même par rapport aux débuts des réseaux sociaux où l’on voulait être ami avec le monde entier. Avec la généralisation des smartphones et des tablettes que l’on emporte partout, le développement de la connexion s’est accéléré. Pour beaucoup, elle est devenue permanente, et l’on constate parallèlement l’émergence, dans les pays développés, d’une demande de régulation, sauf à devenir hypnotiques ou dépendants. Dans une étude menée sur les comportements de personnes plutôt technophiles, en 2012, 30% d’entre elles reconnaissaient avoir souvent envie d’éteindre leurs appareils technologiques, en France, en Suède, au Royaume Uni et au Japon.

Comment expliquer ce phénomène ?

On commence à percevoir le retentissement sur le bien-être et la santé de la connexion permanente. Des personnes décrivent un sentiment de malaise lorsqu’elles n’ont pas relevé leurs emails ou consulté leur fil Twitter depuis un certain temps. Pour certains, le fait de recevoir un message influe sur l’humeur. Dans l’entreprise, des études ont montré que des salariés sollicités en permanence sont moins efficaces que ceux qui débranchent régulièrement. A l’extrême, quelques-uns vivent une véritable situation de burn out, comme le blogueur Thierry Crouzet qui s’est littéralement effondré et l’a raconté dans un livre ( J’ai débranché, Fayard 2011)

Le phénomène ne concerne-t-il qu’une minorité de personnes hyper connectées du fait de leur métier ?

Certes il touche plus souvent les professionnels qui doivent rester connectés et réagir vite. Mais pour les autres aussi, il existe une gêne, un impact, même si les conséquences sont moins graves. Année après année, les Français nous disent qu’ils ont l’impression de passer de moins en moins de temps avec les autres, alors que les nouvelles technologies sont censées leur faire gagner du temps. Par ailleurs, la connexion permanente est en train de se généraliser. Le smartphone remplace progressivement le téléphone portable classique. Aujourd’hui une personne sur deux en possède un en France.

Justement, parler de déconnexion alors que les ventes de smartphones explosent, n’est-ce pas regarder en arrière et refuser le progrès ?

Il ne fait aucun doute que la connexion représente un progrès pour l’humanité. Internet et les réseaux sociaux sont devenus des outils indispensables à l’exercice des droits du citoyen comme l’a résumé Hillary Clinton en affirmant en 2010 que « la liberté de se connecter est un droit de l’homme ». Il ne s’agit pas de revenir en arrière car il est devenu difficile de vivre hors de toute connexion. Un journaliste américain, Paul Miller, en a fait l’expérience pendant un an et son bilan est mitigé : il s’est remis à lire, a retrouvé du temps pour des taches oubliées mais il a aussi perdu contact avec de nombreuses personnes. Le défi n’est pas de tout arrêter mais bien d’établir avec la connexion un rapport de juste distance. En décidant par exemple de prendre un peu de temps chaque semaine sans connexion, ou bien en éteignant systématiquement son portable quand on voit des amis ou organise une réunion de travail…

Pour vous, cette démarche est quasiment d’ordre spirituel. Que voulez-vous dire ?

Au XVIIe siècle, on pratiquait la retraite spirituelle, on se retirait régulièrement de la vie mondaine pour se remettre en contact avec Dieu et préparer son salut. Aujourd’hui, ce besoin de retraite est de nouveau important, qu’on soit religieux ou pas. Les nouveaux outils de communication sacralisent l’actualité immédiate, la réaction rapide et laissent de moins en moins de temps à la prise de distance et à la réflexion. En débranchant pour une durée plus ou moins longue, on remet en perspective l’instant présent, on prend du recul pour se reconnecter à sa vérité essentielle.

N’est-ce pas un luxe dans une société qui traverse une crise économique majeure ?

Il est vrai qu’en restant connecté, on a le sentiment de préserver son travail, sa position, dans un monde qui s’accélère, une économie en crise, des tensions accrues pour les mêmes performances. Nous vivons dans une société inquiète, qui a peur de l’avenir, et où s’est installée la peur de rater quelque chose. Il existe aujourd’hui l’idée diffuse que si je veille, il ne pourra rien m’arriver, je ne raterai rien, ni une information, ni un client potentiel. Or, c’est le contraire qui se produit. C’est en se mobilisant constamment que l’on est fragilisé : on en vient à perdre pied avec le présent et avec soi-même, on ne sait plus très bien qui l’on est. D’ailleurs, certains plongent dans le flux technologique pour combler un vide et oublier les questions essentielles.

Face à la pression économique et technologique, la seule volonté individuelle peut-elle suffire pour réguler le flux permanent ?

Le combat est difficile, d’autant qu’il existe des intérêts économiques puissants en faveur de l’hyper-connexion. En outre, même si l’ont voit des syndicats ou des entreprises commencer à réfléchir à l’encadrement de l’accès aux messageries professionnelles, la régulation peine à venir d’en haut car les autorités sont en crise. L’évolution vient plutôt de l’opinion qui a changé. Les gens n’adhèrent plus à l’idée que le progrès technologique entraînerait automatiquement un progrès social, comme dans les années 70. Ils savent qu’une avancée technologique n’est pas nécessairement positive pour la société.

Dans les années 90, on a vu l’émergence du mouvement slow (lent), qui répondait à un sentiment de perte de repères lié à l’accélération du rythme de vie. Il s’agissait de privilégier les repas partagés en opposition à la restauration rapide, afin de retrouver le goût des aliments et du vivre ensemble. Puis le concept du « slow » s’est élargi aux villes sans voiture. Le mouvement de déconnexion s’inscrit dans la même démarche : quand on ne prend pas son portable en passant à table, en famille ou entre amis, on privilégie le contact réel au détriment de la connexion. On retrouve la même dimension hédoniste, voire spirituelle : ralentir pour retrouver le sens de sa vie.

Un nouveau volcan actif découvert sous la glace de l’Antarctique

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Le mont Erebus vu depuis la péninsule de Hut Point

A l’Ouest du continent Antarctique s’étend le Executive Committee Range, une grande chaîne montagneuse constituée de 5 volcans. Or,  au sud de cette chaîne montagneuse, un volcan actif gît très probablement sous l’épaisse couche de glace, à quelques 25 à 40 km de profondeur.

C’est en tout cas ce qu’affirment des scientifiques américains, qui ont publié leurs conclusions le 17 novembre 2013 dans la revue Nature Geoscience, sous le titre « Seismic detection of an active subglacial magmatic complex in Marie Byrd Land, Antarctica ».

A l’origine de ces conclusions, il y a la détection en 2010 et 2011 de deux « essaims sismiques », enregistrés à 55 km au sud du Executive Committee Range. Un essaim sismique ? C’est un épisode au cours duquel une activité sismique est produite en un même lieu durant plusieurs semaines, et qui se caractérise par une série de secousses de magnitudes variées, sans que le moment où la magnitude maximale est atteinte ne puisse être déterminé avec précision.

Or, selon la sismologue Amanda Lough (Université de Washington de St. Louis, Etats-Unis) et ses collègues, une telle activité sismique ne peut qu’indiquer la présence d’un volcan actif. En effet, ces phénomènes sismiques se produisent généralement sous les volcans en activité, générés par l’activité magmatique de ces derniers.

Et ce n’est pas tout. Car selon les sismologues américains, les grondements actuellement produits par ce volcan enfoui sous la glace pourraient même annoncer la venue prochaine d’une éruption, sans toutefois que cette dernière puisse être datée.

Que se passerait-il en cas d’éruption ? Si les scientifiques excluent la possibilité que l’épaisse couche de glace située au-dessus du volcan fonde intégralement, ils indiquent en revanche que cela pourrait entraîner la fonte de la base de cette couche de glace. Ce qui pourrait alors avoir un impact important sur le mécanisme de fonte de la glace actuellement en cours en Antarctique. Et possiblement, un effet sur le niveau de l’océan (sur ce point toutefois, il semble que les avis divergent : des scientifiques n’ayant pas participé à l’étude, comme le glaciologue Robert Bindschadle, ont en effet indiqué que cet effet serait probablement très faible).

Notons enfin que d’autres volcans en activité ont déjà été découverts en Antarctique. L’un des plus célèbres est le Mont Erebus, situé sur l’Ile de Ross. Plus récemment, des travaux publiés en 2008 par le British Antarctic Survey avaient révélé l’existence d’un volcan actif suglaciaire (situé sous la glace), qui aurait même connu une éruption il y a quelques 2000 ans de cela (lire « First subglacial eruption found in Antarctica » sur le site du New Scientist).

Crédit photo : Hannes Grobe, Alfred Wegener Institute for Polar and Marine Research, Germany

Notre ADN contient des virus néandertaliens !

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Modèle d'homme de néandertal © Mary Harrsch

Modèle d’homme de néandertal © Mary Harrsch

Notre ADN contient des virus qui étaient également présents dans l’ADN de l’homme de Néandertal et celui de l’homme de Denisova, révèle une étude publiée le 18 novembre 2013 dans la revue Current Biology.

Un résutat qui suggère que ces virus proviennent d’un ancêtre commun à Néandertal, Denisova et Sapiens, qui vivait il y a 500 000 ans au moins.

Ces virus partagés en commun par Néandertal, Denisova et Sapiens sont en réalité des rétrovirus endogènes, c’est-à-dire qu’ils sont contenus dans l’ADN, et se transmettent donc de génération en génération.

Pour réaliser cette découverte, le généticien Gkikas Magiorkinis (Université d’Oxford, Grande-Bretagne) et ses collègues ont comparé de l’ADN ancien issu de fossiles néandertaliens et denisoviens à des échantillons d’ADN prélevés sur des patients atteints du cancer.

Résultat ? Les auteurs de l’étude ont découvert que des séquences de rétrovirus endogènes présents dans l’ADN de l’homme de Neandertal et de l’homme de Denisova étaient également présents dans l’ADN prélevé sur les volontaires ayant participé à l’expérience.

Plus précisément, ces rétrovirus endogènes (appartenant à tous une famille de virus appelée HML2, actuellement suspectée de constituer une forme de prédisposition génétique au cancer) ont été retrouvés au sein de la partie non codante de l’ADN des volontaires : cette partie de l’ADN qui ne code pour aucune protéine, parfois appelée ADN poubelle (lire « Des généticiens explorent la « matière sombre » du génome »),  représente 98.5 % environ de notre ADN.

Signalons que la présence de rétrovirus endogènes dans la portion non codante de notre ADN est un fait connu depuis longtemps des généticiens : il est estimé que ces rétrovirus endogènes constituent en moyenne 8 % de la portion non codante de notre ADN. Si, la plupart du temps, la présence de ces virus contenus dans notre ADN n’a aucune conséquence particulière sur la santé, ils pourraient toutefois, lorsqu’ils sont activés par des facteurs externes, être impliqués dans le Sida et le cancer.

Grâce à ces travaux, les auteurs de l’étude espèrent par conséquent pouvoir à l’avenir mieux cerner le véritable impact sur la santé de ces rétrovirus endogènes, et notamment leur possible rôle dans la survenue du cancer et du Sida.

Un superordinateur en quête du sens commun

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Neil : Un superordinateur en quête du sens commun

Analyser des images trouvées sur internet et tenter d’établir des corrélations entre elles. Telle est la mission de NEIL (Never Ending Image Learner), un superordinateur constitué de 200 processeurs, créé par des scientifiques de l’Université de Carnegie Mellon (Pittsburgh, États-Unis). Une activité à laquelle NEIL s’adonne 7 jours sur 7 et 365 jours par an, depuis la fin du mois de juillet 2013.

Le but : observer si NEIL est capable… d’accéder au « sens commun ». Le sens commun ? Il s’agit de ces savoirs qui sont de l’ordre de l’évidence, que l’être humain acquiert au fil de ces interactions avec les autres et avec le monde, et ce sans que ces savoirs soient transmis de façon explicite (savoir qu’on trouve généralement les avions dans le ciel, que les moutons sont de couleur blanche, etc).

Pour bien saisir l’intérêt de cette expérimentation, il faut savoir que la possibilité de créer des ordinateurs capables de raisonner en utilisant une forme de sens commun est aujourd’hui un enjeu majeur de l’intelligence artificielle. En effet, pour décider des actions qu’il doit mener dans son quotidien, l’être humain utilise en permanence les savoirs issus de son sens commun. Par conséquent, créer des machines possédant une base de connaissance de cette nature serait à l’évidence un grand pas en matière d’intelligence artificielle.

En quoi consiste plus précisément l’activité de NEIL ? A explorer les photos qu’il trouve sur le Web, à les classifier et à établir des corrélations entre elles. Par exemple, « savoir » qu’il existe plusieurs catégories de véhicules (les voitures, les motos, les vélos…), ou encore qu’il existe plusieurs marques et modèles de voiture. Mais aussi, repérer que les zébrures présentes sur le pelage d’un zèbre peuvent aussi être présentes sur le pelage d’autres animaux, comme le tigre.

Au-delà de l’intérêt purement scientifique de cette expérience, l’ambition de ce dispositif est de créer la plus grande base internet de données visuelles au monde, dont chaque élément (objet, lieu, personne…) serait défini par des attributs, et relié aux autres éléments de la base avec lesquels il entretient de façon manifeste une relation.

La réussite de cette expérience pourrait déboucher sur des applications très concrètes, notamment dans le domaine du traitement des données de la toile. En effet, le nombre d’images présentes sur Internet est gigantesque (Facebook, à lui seul, abriterait à l’heure actuelle quelques 200 milliards d’images). Par conséquent, disposer de machines capables d’explorer et de gérer sans aide humaine la gigantesque masse d’images présente sur internet serait à l’évidence un atout considérable.

A la lumière de ces dernières informations, l’identité des partenaires financiers qui soutiennent cette ambitieuse expérience scientifique n’est dès lors plus très surprenante. Et pour cause, puisqu’il s’agit du Département de la Défense des États-Unis… et de Google.

Les scientifiques du projet NEIL présenteront les premiers résultats issus de l’expérience NEIL le 4 décembre 2013 lors de la Conférence Internationale IEEE consacrée à la vision par ordinateur, organisée à Sydney (Australie).

Photo :  Carnegie Mellon University

Des astronomes détectent un sursaut gamma d’une intensité exceptionnelle

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Le mystère du chauffage de la couronne solaire serait résolu

Un sursaut gamma d’une puissance exceptionnellement élevée a été détecté le 27 avril par une équipe internationale d’astronomes, révèle la revue Science dans son édition du 22 novembre 2013 au sein de quatre articles.

Qu’est-ce qu’un sursaut gamma ? C’est une très brève émission de rayons gamma (un rayon gamma est un rayonnement électromagnétique extrêmement énergétique), généralement causée par l’effondrement d’une étoile massive sur elle-même. Un phénomène qui occasionne la libération d’une quantité d’énergie gigantesque, bien supérieure à celle libérée par le Soleil au cours de toute son existence. De ce fait, les sursauts gamma sont les événements cosmiques observables les plus lumineux.

Ce sursaut gamma exceptionnellement puissant a été détecté le 27 avril 2013 grâce aux télescopes spatiaux Fermi et Swift ainsi que par le réseau de télescopes terrestres RAPTOR.

Selon les auteurs de ces travaux, ce sursaut gamma a probablement été généré par l’effondrement d’une étoile massive sur elle-même, dont la taille serait de 4 à 5 fois supérieure à celle du Soleil.

L’évènement se serait produit à une distance de 4 milliards d’années-lumière de la Terre (cela signifie que le rayonnement gamma émis par cet effondrement a donc mis 4 milliards d’années pour atteindre la Terre). C’est une information qui n’est pas anodine car jusqu’ici, les sursauts gamma précédemment détectés avaient généralement été localisés à des distances plus importantes.

La detection de ce sursaut gamma a fait l’objet de quatre articles publiés dans la revue Science le 22 novembre 2013, sous les titres suivants :  « GRB 130427A: A Nearby Ordinary Monster Fermi-LAT », « Observations of the Gamma-Ray Burst GRB 130427A », « The First Pulse of the Extremely Bright GRB 130427A: A Test Lab for Synchrotron Shocks » et « The Bright Optical Flash and Afterglow from the Gamma-Ray Burst GRB 130427″.