“J’ai 65 ans et je n’attends plus rien de la vie“

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« J’ai 65 ans je me demande ce que je vais faire du reste de ma vie.

Je n’ai goût à rien.

Je viens de rompre avec un compagnon que je connais depuis 3 ans. Trop possessif et cette relation était toxique pour moi.

Il est en déprime et je ne compte pas changer d’avis.

Je me sens minable et surtout un monstre.

Je viens de garder mes petits enfants pendant 10 jours et ne ressens rien.

J’ai l’impression de jouer un rôle.

Je n’attends plus rien de la vie.

Merci de m’avoir lue.

Cordialement »


> La réponse de Jacques Arènes :


Trop loin, trop près. Trop près de lui, celui qui partageait votre vie, au point qu’il était possessif et que c’était toxique. Trop loin de vos petits-enfants, et vous avez l’impression de ne rien sentir, d’être dans un rôle. Pas étonnant de demeurer dans cet étrange sentiment si vous n’attendez rien. Quoiqu’il y ait diverses manières de ne rien attendre. Dans votre absence d’attente, on entend : « rien ne peut plus advenir de bon, rien ne peut plus m’étonner ». Cette « non attente » ne sera jamais surprise, parce que le meilleur n’est jamais à venir. C’est assez compréhensible, puisque c’est un des symptômes de la dépression ce surplace de la temporalité. Comme aussi le sentiment de culpabilité, plus ou moins justifié. Ici, vous le justifiez, puisque vous êtes un « monstre » d’avoir abandonné votre conjoint.


Il y a une autre manière de ne pas attendre – elle n’est pas la vôtre – qui est plus difficile à mettre en œuvre. S’agit-il d’ailleurs de « mettre en œuvre » ? C’est plutôt « habiter » qu’il faudrait dire. Habiter ce second type de « non attente », ce serait ne pas présager d’aucune manière. Le pire n’est jamais sûr. Le meilleur non plus, certes, et vous n’avez pas à maîtriser ce qui peut arriver. En bien comme en mal. Etre ouverte donc, au pire peut-être, mais aussi au meilleur. Avec vos petits-enfants, comme avec d’autres, n’essayez donc pas de ressentir quelque chose, mais simplement de vivre, et d’être ouverte à ce qui se passe. Souvent c’est la même chose, les mêmes rituels, les mêmes sourires et les mêmes pleurs. Mais pas toujours. C’est dans le « pas toujours » que se joue notre liberté. Laissez alors vous faire par elle. Et surtout, ne vous faites pas avoir par les grandes idées de ce que serait une vie bonne – forcément celle des autres –, et vivez au jour le jour sans attendre.


J’ai bien entendu votre déprime. Elle est réelle. Prenez-là au sérieux et faites vous aider. Mais ça, vous le savez. Le vieillissement est une réelle épreuve, et il y a une prévalence plus forte de la dépression chez les plus âgés que chez les jeunes. Mais, personne ne le dit, et pourtant c’est la réalité. Prendre au sérieux cette épreuve, c’est nommer les dangers de votre époque de vie. Le psychanalyste américain Erik a fait la théorie des différentes crises à surmonter au cours des âges de la vie. On connaît surtout ses travaux sur l’adolescence, mais on méconnaît qu’il a aussi travaillé sur le reste du cycle d’existence. Le danger de votre période de vie est, selon Erikson, celui d’un bilan douloureux, et donc, au pire, du désespoir. A l’inverse, ce qui serait à construire serait pour vous une forme de « sagesse » et « d’intégrité », construction difficile tant les démons de l’auto-accusation sont présents. Vous n’avez pas à vous mettre la tête dans le sable, et à vous persuader que votre vie a été parfaite. Mais vous n’avez pas non plus à vous convaincre du contraire. Et à tenter simplement de continuer à avancer avec votre trajectoire telle qu’elle fut, avec ses ombres et ses lumières. Et, peut-être, ne plus attendre des événements idéaux. Etre simplement ouverte à ce qui arrive. Attentive à ce qui se passe dans la tête de vos petits-enfants. Et à tout le reste. Votre âge a quand même une « chance » : vous êtes moins obligée de prouver constamment que vous êtes quelqu’un de bien, et les enjeux de pouvoir et de reconnaissance sont moins intenses. Essayez donc d’être vous-même, sans attendre une quelconque réussite. Un projet de « sagesse »…


 


Posez vos questions à Jacques Arènes


Donner du sens à une épreuve, poser des choix délicats, comprendre une période de la vie… Vous avez des questions existentielles ou spirituelles ?
Adressez-les à Jacques Arènes, psychologue et psychanalyste :


> Par e-mail en écrivant à j.arenes@lavie.fr

> Par courrier postal en écrivant à Jacques Arènes, La Vie, 80 boulevard Auguste-Blanqui, 75013 Paris.


Chaque semaine, Jacques Arènes publie sa réponse à une des questions sur notre site internet.

Retrouvez toutes ses réponses passées dans notre rubrique
Questions de vie

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Je n’ai goût à rien.

Je viens de rompre avec un compagnon que je connais depuis 3 ans. Trop possessif et cette relation était toxique pour moi.

Il est en déprime et je ne compte pas changer d’avis.

Je me sens minable et surtout un monstre.

Je viens de garder mes petits enfants pendant 10 jours et ne ressens rien.

J’ai l’impression de jouer un rôle.

Je n’attends plus rien de la vie.

Merci de m’avoir lue.

Cordialement »


> La réponse de Jacques Arènes :


Trop loin, trop près. Trop près de lui, celui qui partageait votre vie, au point qu’il était possessif et que c’était toxique. Trop loin de vos petits-enfants, et vous avez l’impression de ne rien sentir, d’être dans un rôle. Pas étonnant de demeurer dans cet étrange sentiment si vous n’attendez rien. Quoiqu’il y ait diverses manières de ne rien attendre. Dans votre absence d’attente, on entend : « rien ne peut plus advenir de bon, rien ne peut plus m’étonner ». Cette « non attente » ne sera jamais surprise, parce que le meilleur n’est jamais à venir. C’est assez compréhensible, puisque c’est un des symptômes de la dépression ce surplace de la temporalité. Comme aussi le sentiment de culpabilité, plus ou moins justifié. Ici, vous le justifiez, puisque vous êtes un « monstre » d’avoir abandonné votre conjoint.


Il y a une autre manière de ne pas attendre – elle n’est pas la vôtre – qui est plus difficile à mettre en œuvre. S’agit-il d’ailleurs de « mettre en œuvre » ? C’est plutôt « habiter » qu’il faudrait dire. Habiter ce second type de « non attente », ce serait ne pas présager d’aucune manière. Le pire n’est jamais sûr. Le meilleur non plus, certes, et vous n’avez pas à maîtriser ce qui peut arriver. En bien comme en mal. Etre ouverte donc, au pire peut-être, mais aussi au meilleur. Avec vos petits-enfants, comme avec d’autres, n’essayez donc pas de ressentir quelque chose, mais simplement de vivre, et d’être ouverte à ce qui se passe. Souvent c’est la même chose, les mêmes rituels, les mêmes sourires et les mêmes pleurs. Mais pas toujours. C’est dans le « pas toujours » que se joue notre liberté. Laissez alors vous faire par elle. Et surtout, ne vous faites pas avoir par les grandes idées de ce que serait une vie bonne – forcément celle des autres –, et vivez au jour le jour sans attendre.


J’ai bien entendu votre déprime. Elle est réelle. Prenez-là au sérieux et faites vous aider. Mais ça, vous le savez. Le vieillissement est une réelle épreuve, et il y a une prévalence plus forte de la dépression chez les plus âgés que chez les jeunes. Mais, personne ne le dit, et pourtant c’est la réalité. Prendre au sérieux cette épreuve, c’est nommer les dangers de votre époque de vie. Le psychanalyste américain Erik a fait la théorie des différentes crises à surmonter au cours des âges de la vie. On connaît surtout ses travaux sur l’adolescence, mais on méconnaît qu’il a aussi travaillé sur le reste du cycle d’existence. Le danger de votre période de vie est, selon Erikson, celui d’un bilan douloureux, et donc, au pire, du désespoir. A l’inverse, ce qui serait à construire serait pour vous une forme de « sagesse » et « d’intégrité », construction difficile tant les démons de l’auto-accusation sont présents. Vous n’avez pas à vous mettre la tête dans le sable, et à vous persuader que votre vie a été parfaite. Mais vous n’avez pas non plus à vous convaincre du contraire. Et à tenter simplement de continuer à avancer avec votre trajectoire telle qu’elle fut, avec ses ombres et ses lumières. Et, peut-être, ne plus attendre des événements idéaux. Etre simplement ouverte à ce qui arrive. Attentive à ce qui se passe dans la tête de vos petits-enfants. Et à tout le reste. Votre âge a quand même une « chance » : vous êtes moins obligée de prouver constamment que vous êtes quelqu’un de bien, et les enjeux de pouvoir et de reconnaissance sont moins intenses. Essayez donc d’être vous-même, sans attendre une quelconque réussite. Un projet de « sagesse »…


 


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Il est en déprime et je ne compte pas changer d’avis.

Je me sens minable et surtout un monstre.

Je viens de garder mes petits enfants pendant 10 jours et ne ressens rien.

J’ai l’impression de jouer un rôle.

Je n’attends plus rien de la vie.

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Trop loin, trop près. Trop près de lui, celui qui partageait votre vie, au point qu’il était possessif et que c’était toxique. Trop loin de vos petits-enfants, et vous avez l’impression de ne rien sentir, d’être dans un rôle. Pas étonnant de demeurer dans cet étrange sentiment si vous n’attendez rien. Quoiqu’il y ait diverses manières de ne rien attendre. Dans votre absence d’attente, on entend : « rien ne peut plus advenir de bon, rien ne peut plus m’étonner ». Cette « non attente » ne sera jamais surprise, parce que le meilleur n’est jamais à venir. C’est assez compréhensible, puisque c’est un des symptômes de la dépression ce surplace de la temporalité. Comme aussi le sentiment de culpabilité, plus ou moins justifié. Ici, vous le justifiez, puisque vous êtes un « monstre » d’avoir abandonné votre conjoint.


Il y a une autre manière de ne pas attendre – elle n’est pas la vôtre – qui est plus difficile à mettre en œuvre. S’agit-il d’ailleurs de « mettre en œuvre » ? C’est plutôt « habiter » qu’il faudrait dire. Habiter ce second type de « non attente », ce serait ne pas présager d’aucune manière. Le pire n’est jamais sûr. Le meilleur non plus, certes, et vous n’avez pas à maîtriser ce qui peut arriver. En bien comme en mal. Etre ouverte donc, au pire peut-être, mais aussi au meilleur. Avec vos petits-enfants, comme avec d’autres, n’essayez donc pas de ressentir quelque chose, mais simplement de vivre, et d’être ouverte à ce qui se passe. Souvent c’est la même chose, les mêmes rituels, les mêmes sourires et les mêmes pleurs. Mais pas toujours. C’est dans le « pas toujours » que se joue notre liberté. Laissez alors vous faire par elle. Et surtout, ne vous faites pas avoir par les grandes idées de ce que serait une vie bonne – forcément celle des autres –, et vivez au jour le jour sans attendre.


J’ai bien entendu votre déprime. Elle est réelle. Prenez-là au sérieux et faites vous aider. Mais ça, vous le savez. Le vieillissement est une réelle épreuve, et il y a une prévalence plus forte de la dépression chez les plus âgés que chez les jeunes. Mais, personne ne le dit, et pourtant c’est la réalité. Prendre au sérieux cette épreuve, c’est nommer les dangers de votre époque de vie. Le psychanalyste américain Erik a fait la théorie des différentes crises à surmonter au cours des âges de la vie. On connaît surtout ses travaux sur l’adolescence, mais on méconnaît qu’il a aussi travaillé sur le reste du cycle d’existence. Le danger de votre période de vie est, selon Erikson, celui d’un bilan douloureux, et donc, au pire, du désespoir. A l’inverse, ce qui serait à construire serait pour vous une forme de « sagesse » et « d’intégrité », construction difficile tant les démons de l’auto-accusation sont présents. Vous n’avez pas à vous mettre la tête dans le sable, et à vous persuader que votre vie a été parfaite. Mais vous n’avez pas non plus à vous convaincre du contraire. Et à tenter simplement de continuer à avancer avec votre trajectoire telle qu’elle fut, avec ses ombres et ses lumières. Et, peut-être, ne plus attendre des événements idéaux. Etre simplement ouverte à ce qui arrive. Attentive à ce qui se passe dans la tête de vos petits-enfants. Et à tout le reste. Votre âge a quand même une « chance » : vous êtes moins obligée de prouver constamment que vous êtes quelqu’un de bien, et les enjeux de pouvoir et de reconnaissance sont moins intenses. Essayez donc d’être vous-même, sans attendre une quelconque réussite. Un projet de « sagesse »…


 


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Il est en déprime et je ne compte pas changer d’avis.

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Je viens de garder mes petits enfants pendant 10 jours et ne ressens rien.

J’ai l’impression de jouer un rôle.

Je n’attends plus rien de la vie.

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Il y a une autre manière de ne pas attendre – elle n’est pas la vôtre – qui est plus difficile à mettre en œuvre. S’agit-il d’ailleurs de « mettre en œuvre » ? C’est plutôt « habiter » qu’il faudrait dire. Habiter ce second type de « non attente », ce serait ne pas présager d’aucune manière. Le pire n’est jamais sûr. Le meilleur non plus, certes, et vous n’avez pas à maîtriser ce qui peut arriver. En bien comme en mal. Etre ouverte donc, au pire peut-être, mais aussi au meilleur. Avec vos petits-enfants, comme avec d’autres, n’essayez donc pas de ressentir quelque chose, mais simplement de vivre, et d’être ouverte à ce qui se passe. Souvent c’est la même chose, les mêmes rituels, les mêmes sourires et les mêmes pleurs. Mais pas toujours. C’est dans le « pas toujours » que se joue notre liberté. Laissez alors vous faire par elle. Et surtout, ne vous faites pas avoir par les grandes idées de ce que serait une vie bonne – forcément celle des autres –, et vivez au jour le jour sans attendre.


J’ai bien entendu votre déprime. Elle est réelle. Prenez-là au sérieux et faites vous aider. Mais ça, vous le savez. Le vieillissement est une réelle épreuve, et il y a une prévalence plus forte de la dépression chez les plus âgés que chez les jeunes. Mais, personne ne le dit, et pourtant c’est la réalité. Prendre au sérieux cette épreuve, c’est nommer les dangers de votre époque de vie. Le psychanalyste américain Erik a fait la théorie des différentes crises à surmonter au cours des âges de la vie. On connaît surtout ses travaux sur l’adolescence, mais on méconnaît qu’il a aussi travaillé sur le reste du cycle d’existence. Le danger de votre période de vie est, selon Erikson, celui d’un bilan douloureux, et donc, au pire, du désespoir. A l’inverse, ce qui serait à construire serait pour vous une forme de « sagesse » et « d’intégrité », construction difficile tant les démons de l’auto-accusation sont présents. Vous n’avez pas à vous mettre la tête dans le sable, et à vous persuader que votre vie a été parfaite. Mais vous n’avez pas non plus à vous convaincre du contraire. Et à tenter simplement de continuer à avancer avec votre trajectoire telle qu’elle fut, avec ses ombres et ses lumières. Et, peut-être, ne plus attendre des événements idéaux. Etre simplement ouverte à ce qui arrive. Attentive à ce qui se passe dans la tête de vos petits-enfants. Et à tout le reste. Votre âge a quand même une « chance » : vous êtes moins obligée de prouver constamment que vous êtes quelqu’un de bien, et les enjeux de pouvoir et de reconnaissance sont moins intenses. Essayez donc d’être vous-même, sans attendre une quelconque réussite. Un projet de « sagesse »…


 


Posez vos questions à Jacques Arènes


Donner du sens à une épreuve, poser des choix délicats, comprendre une période de la vie… Vous avez des questions existentielles ou spirituelles ?
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Je n’ai goût à rien.

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Il est en déprime et je ne compte pas changer d’avis.

Je me sens minable et surtout un monstre.

Je viens de garder mes petits enfants pendant 10 jours et ne ressens rien.

J’ai l’impression de jouer un rôle.

Je n’attends plus rien de la vie.

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Trop loin, trop près. Trop près de lui, celui qui partageait votre vie, au point qu’il était possessif et que c’était toxique. Trop loin de vos petits-enfants, et vous avez l’impression de ne rien sentir, d’être dans un rôle. Pas étonnant de demeurer dans cet étrange sentiment si vous n’attendez rien. Quoiqu’il y ait diverses manières de ne rien attendre. Dans votre absence d’attente, on entend : « rien ne peut plus advenir de bon, rien ne peut plus m’étonner ». Cette « non attente » ne sera jamais surprise, parce que le meilleur n’est jamais à venir. C’est assez compréhensible, puisque c’est un des symptômes de la dépression ce surplace de la temporalité. Comme aussi le sentiment de culpabilité, plus ou moins justifié. Ici, vous le justifiez, puisque vous êtes un « monstre » d’avoir abandonné votre conjoint.


Il y a une autre manière de ne pas attendre – elle n’est pas la vôtre – qui est plus difficile à mettre en œuvre. S’agit-il d’ailleurs de « mettre en œuvre » ? C’est plutôt « habiter » qu’il faudrait dire. Habiter ce second type de « non attente », ce serait ne pas présager d’aucune manière. Le pire n’est jamais sûr. Le meilleur non plus, certes, et vous n’avez pas à maîtriser ce qui peut arriver. En bien comme en mal. Etre ouverte donc, au pire peut-être, mais aussi au meilleur. Avec vos petits-enfants, comme avec d’autres, n’essayez donc pas de ressentir quelque chose, mais simplement de vivre, et d’être ouverte à ce qui se passe. Souvent c’est la même chose, les mêmes rituels, les mêmes sourires et les mêmes pleurs. Mais pas toujours. C’est dans le « pas toujours » que se joue notre liberté. Laissez alors vous faire par elle. Et surtout, ne vous faites pas avoir par les grandes idées de ce que serait une vie bonne – forcément celle des autres –, et vivez au jour le jour sans attendre.


J’ai bien entendu votre déprime. Elle est réelle. Prenez-là au sérieux et faites vous aider. Mais ça, vous le savez. Le vieillissement est une réelle épreuve, et il y a une prévalence plus forte de la dépression chez les plus âgés que chez les jeunes. Mais, personne ne le dit, et pourtant c’est la réalité. Prendre au sérieux cette épreuve, c’est nommer les dangers de votre époque de vie. Le psychanalyste américain Erik a fait la théorie des différentes crises à surmonter au cours des âges de la vie. On connaît surtout ses travaux sur l’adolescence, mais on méconnaît qu’il a aussi travaillé sur le reste du cycle d’existence. Le danger de votre période de vie est, selon Erikson, celui d’un bilan douloureux, et donc, au pire, du désespoir. A l’inverse, ce qui serait à construire serait pour vous une forme de « sagesse » et « d’intégrité », construction difficile tant les démons de l’auto-accusation sont présents. Vous n’avez pas à vous mettre la tête dans le sable, et à vous persuader que votre vie a été parfaite. Mais vous n’avez pas non plus à vous convaincre du contraire. Et à tenter simplement de continuer à avancer avec votre trajectoire telle qu’elle fut, avec ses ombres et ses lumières. Et, peut-être, ne plus attendre des événements idéaux. Etre simplement ouverte à ce qui arrive. Attentive à ce qui se passe dans la tête de vos petits-enfants. Et à tout le reste. Votre âge a quand même une « chance » : vous êtes moins obligée de prouver constamment que vous êtes quelqu’un de bien, et les enjeux de pouvoir et de reconnaissance sont moins intenses. Essayez donc d’être vous-même, sans attendre une quelconque réussite. Un projet de « sagesse »…


 


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Il est en déprime et je ne compte pas changer d’avis.

Je me sens minable et surtout un monstre.

Je viens de garder mes petits enfants pendant 10 jours et ne ressens rien.

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Il y a une autre manière de ne pas attendre – elle n’est pas la vôtre – qui est plus difficile à mettre en œuvre. S’agit-il d’ailleurs de « mettre en œuvre » ? C’est plutôt « habiter » qu’il faudrait dire. Habiter ce second type de « non attente », ce serait ne pas présager d’aucune manière. Le pire n’est jamais sûr. Le meilleur non plus, certes, et vous n’avez pas à maîtriser ce qui peut arriver. En bien comme en mal. Etre ouverte donc, au pire peut-être, mais aussi au meilleur. Avec vos petits-enfants, comme avec d’autres, n’essayez donc pas de ressentir quelque chose, mais simplement de vivre, et d’être ouverte à ce qui se passe. Souvent c’est la même chose, les mêmes rituels, les mêmes sourires et les mêmes pleurs. Mais pas toujours. C’est dans le « pas toujours » que se joue notre liberté. Laissez alors vous faire par elle. Et surtout, ne vous faites pas avoir par les grandes idées de ce que serait une vie bonne – forcément celle des autres –, et vivez au jour le jour sans attendre.


J’ai bien entendu votre déprime. Elle est réelle. Prenez-là au sérieux et faites vous aider. Mais ça, vous le savez. Le vieillissement est une réelle épreuve, et il y a une prévalence plus forte de la dépression chez les plus âgés que chez les jeunes. Mais, personne ne le dit, et pourtant c’est la réalité. Prendre au sérieux cette épreuve, c’est nommer les dangers de votre époque de vie. Le psychanalyste américain Erik a fait la théorie des différentes crises à surmonter au cours des âges de la vie. On connaît surtout ses travaux sur l’adolescence, mais on méconnaît qu’il a aussi travaillé sur le reste du cycle d’existence. Le danger de votre période de vie est, selon Erikson, celui d’un bilan douloureux, et donc, au pire, du désespoir. A l’inverse, ce qui serait à construire serait pour vous une forme de « sagesse » et « d’intégrité », construction difficile tant les démons de l’auto-accusation sont présents. Vous n’avez pas à vous mettre la tête dans le sable, et à vous persuader que votre vie a été parfaite. Mais vous n’avez pas non plus à vous convaincre du contraire. Et à tenter simplement de continuer à avancer avec votre trajectoire telle qu’elle fut, avec ses ombres et ses lumières. Et, peut-être, ne plus attendre des événements idéaux. Etre simplement ouverte à ce qui arrive. Attentive à ce qui se passe dans la tête de vos petits-enfants. Et à tout le reste. Votre âge a quand même une « chance » : vous êtes moins obligée de prouver constamment que vous êtes quelqu’un de bien, et les enjeux de pouvoir et de reconnaissance sont moins intenses. Essayez donc d’être vous-même, sans attendre une quelconque réussite. Un projet de « sagesse »…


 


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Je n’ai goût à rien.

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Il est en déprime et je ne compte pas changer d’avis.

Je me sens minable et surtout un monstre.

Je viens de garder mes petits enfants pendant 10 jours et ne ressens rien.

J’ai l’impression de jouer un rôle.

Je n’attends plus rien de la vie.

Merci de m’avoir lue.

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Trop loin, trop près. Trop près de lui, celui qui partageait votre vie, au point qu’il était possessif et que c’était toxique. Trop loin de vos petits-enfants, et vous avez l’impression de ne rien sentir, d’être dans un rôle. Pas étonnant de demeurer dans cet étrange sentiment si vous n’attendez rien. Quoiqu’il y ait diverses manières de ne rien attendre. Dans votre absence d’attente, on entend : « rien ne peut plus advenir de bon, rien ne peut plus m’étonner ». Cette « non attente » ne sera jamais surprise, parce que le meilleur n’est jamais à venir. C’est assez compréhensible, puisque c’est un des symptômes de la dépression ce surplace de la temporalité. Comme aussi le sentiment de culpabilité, plus ou moins justifié. Ici, vous le justifiez, puisque vous êtes un « monstre » d’avoir abandonné votre conjoint.


Il y a une autre manière de ne pas attendre – elle n’est pas la vôtre – qui est plus difficile à mettre en œuvre. S’agit-il d’ailleurs de « mettre en œuvre » ? C’est plutôt « habiter » qu’il faudrait dire. Habiter ce second type de « non attente », ce serait ne pas présager d’aucune manière. Le pire n’est jamais sûr. Le meilleur non plus, certes, et vous n’avez pas à maîtriser ce qui peut arriver. En bien comme en mal. Etre ouverte donc, au pire peut-être, mais aussi au meilleur. Avec vos petits-enfants, comme avec d’autres, n’essayez donc pas de ressentir quelque chose, mais simplement de vivre, et d’être ouverte à ce qui se passe. Souvent c’est la même chose, les mêmes rituels, les mêmes sourires et les mêmes pleurs. Mais pas toujours. C’est dans le « pas toujours » que se joue notre liberté. Laissez alors vous faire par elle. Et surtout, ne vous faites pas avoir par les grandes idées de ce que serait une vie bonne – forcément celle des autres –, et vivez au jour le jour sans attendre.


J’ai bien entendu votre déprime. Elle est réelle. Prenez-là au sérieux et faites vous aider. Mais ça, vous le savez. Le vieillissement est une réelle épreuve, et il y a une prévalence plus forte de la dépression chez les plus âgés que chez les jeunes. Mais, personne ne le dit, et pourtant c’est la réalité. Prendre au sérieux cette épreuve, c’est nommer les dangers de votre époque de vie. Le psychanalyste américain Erik a fait la théorie des différentes crises à surmonter au cours des âges de la vie. On connaît surtout ses travaux sur l’adolescence, mais on méconnaît qu’il a aussi travaillé sur le reste du cycle d’existence. Le danger de votre période de vie est, selon Erikson, celui d’un bilan douloureux, et donc, au pire, du désespoir. A l’inverse, ce qui serait à construire serait pour vous une forme de « sagesse » et « d’intégrité », construction difficile tant les démons de l’auto-accusation sont présents. Vous n’avez pas à vous mettre la tête dans le sable, et à vous persuader que votre vie a été parfaite. Mais vous n’avez pas non plus à vous convaincre du contraire. Et à tenter simplement de continuer à avancer avec votre trajectoire telle qu’elle fut, avec ses ombres et ses lumières. Et, peut-être, ne plus attendre des événements idéaux. Etre simplement ouverte à ce qui arrive. Attentive à ce qui se passe dans la tête de vos petits-enfants. Et à tout le reste. Votre âge a quand même une « chance » : vous êtes moins obligée de prouver constamment que vous êtes quelqu’un de bien, et les enjeux de pouvoir et de reconnaissance sont moins intenses. Essayez donc d’être vous-même, sans attendre une quelconque réussite. Un projet de « sagesse »…


 


Posez vos questions à Jacques Arènes


Donner du sens à une épreuve, poser des choix délicats, comprendre une période de la vie… Vous avez des questions existentielles ou spirituelles ?
Adressez-les à Jacques Arènes, psychologue et psychanalyste :


> Par e-mail en écrivant à j.arenes@lavie.fr

> Par courrier postal en écrivant à Jacques Arènes, La Vie, 80 boulevard Auguste-Blanqui, 75013 Paris.


Chaque semaine, Jacques Arènes publie sa réponse à une des questions sur notre site internet.

Retrouvez toutes ses réponses passées dans notre rubrique
Questions de vie

“J’ai 65 ans et je n’attends plus rien de la vie“

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« J’ai 65 ans je me demande ce que je vais faire du reste de ma vie.

Je n’ai goût à rien.

Je viens de rompre avec un compagnon que je connais depuis 3 ans. Trop possessif et cette relation était toxique pour moi.

Il est en déprime et je ne compte pas changer d’avis.

Je me sens minable et surtout un monstre.

Je viens de garder mes petits enfants pendant 10 jours et ne ressens rien.

J’ai l’impression de jouer un rôle.

Je n’attends plus rien de la vie.

Merci de m’avoir lue.

Cordialement »


> La réponse de Jacques Arènes :


Trop loin, trop près. Trop près de lui, celui qui partageait votre vie, au point qu’il était possessif et que c’était toxique. Trop loin de vos petits-enfants, et vous avez l’impression de ne rien sentir, d’être dans un rôle. Pas étonnant de demeurer dans cet étrange sentiment si vous n’attendez rien. Quoiqu’il y ait diverses manières de ne rien attendre. Dans votre absence d’attente, on entend : « rien ne peut plus advenir de bon, rien ne peut plus m’étonner ». Cette « non attente » ne sera jamais surprise, parce que le meilleur n’est jamais à venir. C’est assez compréhensible, puisque c’est un des symptômes de la dépression ce surplace de la temporalité. Comme aussi le sentiment de culpabilité, plus ou moins justifié. Ici, vous le justifiez, puisque vous êtes un « monstre » d’avoir abandonné votre conjoint.


Il y a une autre manière de ne pas attendre – elle n’est pas la vôtre – qui est plus difficile à mettre en œuvre. S’agit-il d’ailleurs de « mettre en œuvre » ? C’est plutôt « habiter » qu’il faudrait dire. Habiter ce second type de « non attente », ce serait ne pas présager d’aucune manière. Le pire n’est jamais sûr. Le meilleur non plus, certes, et vous n’avez pas à maîtriser ce qui peut arriver. En bien comme en mal. Etre ouverte donc, au pire peut-être, mais aussi au meilleur. Avec vos petits-enfants, comme avec d’autres, n’essayez donc pas de ressentir quelque chose, mais simplement de vivre, et d’être ouverte à ce qui se passe. Souvent c’est la même chose, les mêmes rituels, les mêmes sourires et les mêmes pleurs. Mais pas toujours. C’est dans le « pas toujours » que se joue notre liberté. Laissez alors vous faire par elle. Et surtout, ne vous faites pas avoir par les grandes idées de ce que serait une vie bonne – forcément celle des autres –, et vivez au jour le jour sans attendre.


J’ai bien entendu votre déprime. Elle est réelle. Prenez-là au sérieux et faites vous aider. Mais ça, vous le savez. Le vieillissement est une réelle épreuve, et il y a une prévalence plus forte de la dépression chez les plus âgés que chez les jeunes. Mais, personne ne le dit, et pourtant c’est la réalité. Prendre au sérieux cette épreuve, c’est nommer les dangers de votre époque de vie. Le psychanalyste américain Erik a fait la théorie des différentes crises à surmonter au cours des âges de la vie. On connaît surtout ses travaux sur l’adolescence, mais on méconnaît qu’il a aussi travaillé sur le reste du cycle d’existence. Le danger de votre période de vie est, selon Erikson, celui d’un bilan douloureux, et donc, au pire, du désespoir. A l’inverse, ce qui serait à construire serait pour vous une forme de « sagesse » et « d’intégrité », construction difficile tant les démons de l’auto-accusation sont présents. Vous n’avez pas à vous mettre la tête dans le sable, et à vous persuader que votre vie a été parfaite. Mais vous n’avez pas non plus à vous convaincre du contraire. Et à tenter simplement de continuer à avancer avec votre trajectoire telle qu’elle fut, avec ses ombres et ses lumières. Et, peut-être, ne plus attendre des événements idéaux. Etre simplement ouverte à ce qui arrive. Attentive à ce qui se passe dans la tête de vos petits-enfants. Et à tout le reste. Votre âge a quand même une « chance » : vous êtes moins obligée de prouver constamment que vous êtes quelqu’un de bien, et les enjeux de pouvoir et de reconnaissance sont moins intenses. Essayez donc d’être vous-même, sans attendre une quelconque réussite. Un projet de « sagesse »…


 


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Donner du sens à une épreuve, poser des choix délicats, comprendre une période de la vie… Vous avez des questions existentielles ou spirituelles ?
Adressez-les à Jacques Arènes, psychologue et psychanalyste :


> Par e-mail en écrivant à j.arenes@lavie.fr

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Chaque semaine, Jacques Arènes publie sa réponse à une des questions sur notre site internet.

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« J’ai 65 ans je me demande ce que je vais faire du reste de ma vie.

Je n’ai goût à rien.

Je viens de rompre avec un compagnon que je connais depuis 3 ans. Trop possessif et cette relation était toxique pour moi.

Il est en déprime et je ne compte pas changer d’avis.

Je me sens minable et surtout un monstre.

Je viens de garder mes petits enfants pendant 10 jours et ne ressens rien.

J’ai l’impression de jouer un rôle.

Je n’attends plus rien de la vie.

Merci de m’avoir lue.

Cordialement »


> La réponse de Jacques Arènes :


Trop loin, trop près. Trop près de lui, celui qui partageait votre vie, au point qu’il était possessif et que c’était toxique. Trop loin de vos petits-enfants, et vous avez l’impression de ne rien sentir, d’être dans un rôle. Pas étonnant de demeurer dans cet étrange sentiment si vous n’attendez rien. Quoiqu’il y ait diverses manières de ne rien attendre. Dans votre absence d’attente, on entend : « rien ne peut plus advenir de bon, rien ne peut plus m’étonner ». Cette « non attente » ne sera jamais surprise, parce que le meilleur n’est jamais à venir. C’est assez compréhensible, puisque c’est un des symptômes de la dépression ce surplace de la temporalité. Comme aussi le sentiment de culpabilité, plus ou moins justifié. Ici, vous le justifiez, puisque vous êtes un « monstre » d’avoir abandonné votre conjoint.


Il y a une autre manière de ne pas attendre – elle n’est pas la vôtre – qui est plus difficile à mettre en œuvre. S’agit-il d’ailleurs de « mettre en œuvre » ? C’est plutôt « habiter » qu’il faudrait dire. Habiter ce second type de « non attente », ce serait ne pas présager d’aucune manière. Le pire n’est jamais sûr. Le meilleur non plus, certes, et vous n’avez pas à maîtriser ce qui peut arriver. En bien comme en mal. Etre ouverte donc, au pire peut-être, mais aussi au meilleur. Avec vos petits-enfants, comme avec d’autres, n’essayez donc pas de ressentir quelque chose, mais simplement de vivre, et d’être ouverte à ce qui se passe. Souvent c’est la même chose, les mêmes rituels, les mêmes sourires et les mêmes pleurs. Mais pas toujours. C’est dans le « pas toujours » que se joue notre liberté. Laissez alors vous faire par elle. Et surtout, ne vous faites pas avoir par les grandes idées de ce que serait une vie bonne – forcément celle des autres –, et vivez au jour le jour sans attendre.


J’ai bien entendu votre déprime. Elle est réelle. Prenez-là au sérieux et faites vous aider. Mais ça, vous le savez. Le vieillissement est une réelle épreuve, et il y a une prévalence plus forte de la dépression chez les plus âgés que chez les jeunes. Mais, personne ne le dit, et pourtant c’est la réalité. Prendre au sérieux cette épreuve, c’est nommer les dangers de votre époque de vie. Le psychanalyste américain Erik a fait la théorie des différentes crises à surmonter au cours des âges de la vie. On connaît surtout ses travaux sur l’adolescence, mais on méconnaît qu’il a aussi travaillé sur le reste du cycle d’existence. Le danger de votre période de vie est, selon Erikson, celui d’un bilan douloureux, et donc, au pire, du désespoir. A l’inverse, ce qui serait à construire serait pour vous une forme de « sagesse » et « d’intégrité », construction difficile tant les démons de l’auto-accusation sont présents. Vous n’avez pas à vous mettre la tête dans le sable, et à vous persuader que votre vie a été parfaite. Mais vous n’avez pas non plus à vous convaincre du contraire. Et à tenter simplement de continuer à avancer avec votre trajectoire telle qu’elle fut, avec ses ombres et ses lumières. Et, peut-être, ne plus attendre des événements idéaux. Etre simplement ouverte à ce qui arrive. Attentive à ce qui se passe dans la tête de vos petits-enfants. Et à tout le reste. Votre âge a quand même une « chance » : vous êtes moins obligée de prouver constamment que vous êtes quelqu’un de bien, et les enjeux de pouvoir et de reconnaissance sont moins intenses. Essayez donc d’être vous-même, sans attendre une quelconque réussite. Un projet de « sagesse »…


 


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Donner du sens à une épreuve, poser des choix délicats, comprendre une période de la vie… Vous avez des questions existentielles ou spirituelles ?
Adressez-les à Jacques Arènes, psychologue et psychanalyste :


> Par e-mail en écrivant à j.arenes@lavie.fr

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Les gagas du “pola“ !

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Le soufflet n’est pas retombé ! Quand il se rétracta et se recroquevilla sur lui-même, pour devenir aussi fin qu’un étui à cigare, l’appareil Polaroid semblait démodé et condamné. Une relique de l’ingéniosité humaine figée à jamais dans la poussière, et rangée dans nos souvenirs légèrement tremblés, comme une photo aux couleurs de la mélancolie. Nul n’entendrait plus, s’échappant de ce boîtier grouillant de ressorts et de leviers, les borborygmes si caractéristiques qui accompagnaient l’alchimie de chaque prise de vue ! « Qui peut résister au charme de tous ces bruits ? Je suis fasciné par tous ces déclics et ces claquements, le son du déclencheur… et puis ce moment où la photo éjectée se révèle peu à peu sous nos yeux ! » Michael Meniane est un passionné de la photographie argentique à développement instantané. 


Paradoxalement, il s’est épris de cette pratique au moment même où, en 2007, la marque Polaroid, victime de la photographie…