“La vie éternelle commence des ici-bas”

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« À l’annonce de la maladie, j’étais enceinte de notre sixième enfant et nous avons fait le choix de vivre cette première étape dans le secret de notre couple. Il était si important pour nous que ce bébé soit accueilli dans un ciel bleu, sans nuage. Nous avions le pressentiment, Jérôme et moi, que ce chemin avec la maladie serait long, nous avions à coeur de protéger nos proches. Les premières années, Jérôme, en tant que vrai entrepreneur, a reçu la maladie comme une « mission » de plus à gérer. C’est à la troisième récidive que nous avons véritablement entrepris un chemin de conversion, main dans la main et en communion avec nos enfants, nos familles et amis de coeur.


Dans une dynamique d’éternité


Dans sa prière, Jérôme demandait avec confiance, énergie et insistance sa guérison. Début juillet, quand tous les traitements ont dû être interrompus, il a eu le sentiment qu’il se retrouvait désormais à nu face au Seigneur….

Catherine L’Écuyer : “Sachons préserver la magie de l’enfance”

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La Vie. Vous évoquez un enjeu éducatif fondamental qui consiste à respecter l’émerveillement. Pourquoi ?


Catherine L’Écuyer. Aristote disait que tous les humains ont, par nature, « le désir de savoir » ; ainsi les philosophes grecs définissaient-ils l’émerveillement. Or, dans nos sociétés occidentales, un enfant de 3 ans avide de connaissances, intarissable de questions, se plaint de s’ennuyer après quelques années d’école…


Comment l’expliquez-vous ?


C.L.É. Trop souvent, nous cherchons à encourager la motivation par le recours à des solutions externes : récompenses, punitions, stimulus technologiques, etc. En réalité, la motivation vraie et durable est interne. Un rythme effréné endort ce désir intérieur, puisqu’il en devient le substitut artificiel. L’enfant s’habitue à ce rythme qu’il ne trouve plus dans le quotidien. Il s’ennuie et perd tout intérêt pour la réalité.


La…

Dans l’antre de Balzac

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C’est une charmante enclave du quartier de Passy, au cœur du XVIe arrondissement de Paris. On y a une vue imprenable sur la tour Eiffel et, en guise de comité d’accueil, le pépiement des oiseaux, locataires affairés des arbres qui surplombent la maison à flanc de coteau.


À l’époque où Honoré de Balzac y emménagea, en 1840, pas encore de « dame de fer » à l’horizon, mais la campagne aux portes de Paris. Passy fut un village autonome jusqu’en 1860. Ce qui convenait parfaitement à l’écrivain, poursuivi par ses créanciers, menacé de « saisie de corps » et d’une peine de prison pour des dettes occasionnées par un train de vie fastueux. L’étage de cette maison du XVIIIe siècle, que l’écrivain loua sous un nom d’emprunt – celui de sa gouvernante et bientôt amante, Mme de Breugnol –, avait l’avantage de posséder, dans la cuisine, un escalier dérobé menant à une discrète ruelle en contrebas.


C’est dans ce modeste cinq-pièces baptisé par lui « ma cabane », « mon nid » ou encore « l’enveloppe de ma vie » que Balzac se terra pour écrire d’arrache-pied :« Ici naquirent sous sa plume le Cousin Pons, la Cousine Bette et d’autres chefs-d’œuvre, comme Splendeur et misères des courtisanes, raconte Yves Gagneux, conservateur du patrimoine et directeur depuis deux décennies de la Maison de Balzac. Surtout, entre ces murs fut établi le plan d’ensemble de l’un des projets les plus fous de l’histoire littéraire, auréolé d’un titre de génie : la Comédie humaine. »


Le forçat des lettres


Son cabinet de travail constituait pour Balzac le cœur du réacteur. Des murs tendus de velours rouge et une semi-obscurité, malgré la fenêtre donnant sur le jardin. Une petite table de travail en bois patiné, flanquée d’un large fauteuil. On imagine là le « forçat littéraire » noircissant inlassablement des centaines de feuillets par jour – ou plutôt par nuit, car Balzac avait l’habitude d’écrire à la bougie quand les autres dormaient, pour plus de tranquillité. Il se couchait à l’heure des vêpres et se levait à minuit, s’arrimait à son établi jusqu’à 8 h du matin, moment où l’imprimeur lui faisait porter les feuillets de la veille, qu’il corrigeait ensuite avec acharnement.


Dès 1908, la « cabane de Passy » fut aménagée en un musée privé par une association d’admirateurs et devint un lieu de pèlerinage. Léguée à l’État, qui la donna ensuite à la Ville de Paris, elle permit de rassembler, outre des manuscrits et des premières éditions, des objets liés à la vie du romancier, comme son extravagante canne de dandy au pommeau orné de turquoise. Aujourd’hui, loin d’affermir le lieu hagiographique à la gloire de « saint Balzac », Yves Gagneux n’a qu’un credo : « Susciter le désir de lire et relire l’œuvre. Plutôt que le grand homme, donner à apprécier son travail, l’immense chantier de son œuvre. »


Jeux d’épreuves


La pénombre de l’ancienne chambre à coucher abrite des portraits et des sculptures de l’écrivain, représenté en « galérien de plume et d’encre », qu’il prenne la pose dans la robe de bure des moines reclus, dans la robe de chambre des nuits sans sommeil ou dans la chemise rehaussée de bretelles des ouvriers cantonniers. « Je travaille 18 heures et j’en dors 6, je mange en travaillant, et je ne crois pas que je cesse de travailler même en dormant » , écrivit Balzac à sa maîtresse polonaise, Mme Hanska. 


Après un rapide premier jet manuscrit, il envoyait ses pages à l’imprimerie. Une fois qu’elles étaient revenues sous forme de colonnes compactes, l’auteur y apportait des corrections jusqu’à plus soif. « Au bout de quelques heures de travail, on eût dit le bouquet d’un feu d’artifice dessiné par un enfant. Du texte primitif partaient des fusées qui éclataient de toutes parts » , expliqua son ami Théophile Gauthier. Le visiteur peut ainsi contempler les extraits des neuf jeux d’épreuves de la Vieille Fille, affichés sur un mur de l’appartement. Et il comprend mieux pourquoi Balzac fut le cauchemar des imprimeurs et des éditeurs. Impitoyablement raturées, enrichies et surchargées, les versions se succédaient. Jusqu’à 13, voire 17 pour certains textes.


Des litres de café serré


Pour soutenir un tel rythme, notre homme à la robuste carrure avait besoin d’un carburant puissant. Il buvait des litres de café bien serré,« concassé à la turque » selon ses mots, et apte à stimuler sa « manufacture d’idées ». Sous une vitrine trône la célèbre cafetière en porcelaine de Limoges, au liseré rouge, griffée des initiales « H.B. », un cadeau de son amie et égérie Zulma Carraud. Le breuvage fumant, maintenu au chaud par le réchaud à bougie situé au-dessous, prenait place à côté des feuilles et de l’encre sur la table de travail. « Voilà quel fut le moteur de la Comédie humaine », sourit Yves Gagneux, en rappelant que Balzac faisait les 35 heures en deux journées ! À noter que les droits d’auteur n’existaient pas encore à l’époque. « Deux semaines après la publication du Père Goriot, il y avait déjà sur les boulevards 55 représentations qui en étaient tirées, sans même que le nom de Balzac ne soit cité. Inutile de dire que notre ami ne touchait pas un centime. »


Cathédrale littéraire


Dans la maison de Passy, vint à l’écrivain l’idée d’unifier ses récits par une commune architecture. Les nombreux romans parus sous forme de feuilletons dans la presse ou séparés chez différents éditeurs, furent publiés en 20 volumes entre 1842 et 1848, liés par une analyse d’une incroyable justesse. Sur le modèle de la classification biologique de Buffon pour les espèces animales, Balzac avait entrepris la typologie des « espèces » sociales, pointant les codes et les marqueurs de classe. Il fut entraîné dans « l’immensité d’un plan qui embrasse à la fois l’histoire et la critique de la société » , selon ses propres mots. La Comédie humaine compte environ 2 500 personnages ! Ce qui fait dire à Yves Gagneux que son auteur fétiche rivalisait avec l’état civil. Un diagramme géant permet de visualiser les ramifications du pharaonique projet de 150 romans. Balzac parvint à en écrire une centaine avant sa mort, en 1850. La Comédie humaine demeurerait inachevée. « Le retour des personnages d’un livre à l’autre fut l’un des principes littéraires les plus novateurs de l’époque. » Fidélisant le public bien avant les séries addictives de notre monde contemporain… Un quart des personnages circulent entre les travées de la cathédrale littéraire balzacienne – le baron de -Nucingen revient dans 32 romans, Rastignac dans 26.


Si Balzac est l’écrivain français le plus publié au monde, il est aussi le plus lu en Asie. Étonnant phénomène. Eugénie Grandet fait figure aujourd’hui de véritable star en Chine. Dans un nouveau musée ouvert à Wuzhen (ville au sud-ouest de Shanghai), une exposition sur le créateur de la Comédie humaine se tient d’ailleurs actuellement, en lien avec la Maison de Balzac à Paris. Il faut croire que les Chinois y retrouvent une part d’eux-mêmes.


À lire
La Comédie humaine est disponible en 12 tomes dans « la Pléiade » de Gallimard.

Du Père Goriot au Colonel Chabert, du Lys dans la vallée à la Peau de chagrin, tous les romans de Balzac sont disponibles en collection de poche.

Publiée en 2019, une histoire d’amour fou : la Vendetta, Folio, 2 €.


Informations pratiques

Après des travaux de rénovation et d’accessibilité, l’ajout d’une librairie et d’un café qui donnent agréablement sur l’autre côté du jardin – lui aussi restructuré –, la Maison de Balzac a rouvert ses portes cet automne. Outre les lieux où vécut pendant sept ans le grand écrivain, on peut y voir (jusqu’au 13 janvier) l’exposition de dessins et gravures Balzac et Grandville, une fantaisie mordante. La relation entre le dessinateur Grandville et celui qui fut aussi un homme de presse a donné de vifs coups de crayon et des caricatures hautes en couleur.

Maison de Balzac, 47 rue Raynouard, Paris XVIe. Du mardi au dimanche, de 10h à 18h. www.maisondebalzac.paris.fr

Dis maman, il est au ciel, papy ?

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« Est-ce que Minou ira au paradis ? » ; « Et toi, tu vas bientôt mourir ? » ; « Quand on ressuscitera, quel âge on aura ? »Nous sommes souvent démunis et maladroits pour parler de l’au-delà. « On peut croire à la vie éternelle, la résurrection de la chair et ne pas avoir de réponses à tout ! », souligne Bertrand Lesoing, chapelain du ­sanctuaire Notre-Dame de Montligeon, centre ­mondial de prière pour les défunts.


Tout en respectant la foi de ses patients, Muriel Derome, psychologue clinicienne à Garches (Hauts-de-Seine), invite à préciser que « le ciel » est une image : « C’est ce qu’il y a de plus grand, de plus immense, comme le cœur de Dieu, ou “l’amour” s’ils ne sont pas croyants. » De la même manière, « il est parti », « c’est une étoile (ou un ange) » sont des expressions à éviter. « Avant d’être un lieu, la vie éternelle est une rencontre : avec le Seigneur et tous ceux qui nous ont précédés, qui sont déjà passés par la mort », abonde le prêtre.


Exprimer ses émotions


Au nom de l’espérance chrétienne, il arrive parfois aux chrétiens de minimiser le caractère dramatique de la mort et la douleur de la séparation. Pionnière de l’accompagnement en fin de vie, Élisabeth Kübler-Ross incitait ainsi les parents : « Partagez votre angoisse et votre chagrin avec vos enfants. Le chagrin est une émotion naturelle qui nous permet de surmonter toutes les épreuves de la vie. » L’enfant a besoin d’adultes capables d’entendre sa peur de la mort, sa représentation, ses doutes, sa culpabilité parfois. ­Surtout s’il est encore dans la pensée magique, susceptible d’échafauder mille hypothèses afin d’expliquer un décès : « Avant, j’étais en maternelle. Elle est tombée malade quand je suis passé en CP. Est-ce que c’est parce que je suis en CP ? »


(…)

Les expériences de mort imminent, des signes de l’au-delà ?

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« En pleine nuit, avec 41,5 ° de fièvre, je descendais calmement, sans peur – je me revois encore ! – dans un tunnel sombre où je n’avais nulle crainte, attirée par une clarté inconnue… Par deux fois, je suis arrivée au bout de ce tunnel, au bord de l’Au-delà. J’ai vu des arbres magnifiques, une exubérance de fleurs aux teintes éclatantes, une intense lumière douce, un jardin merveilleux. Un océan de beauté ! J’étais subjuguée par l’immense clarté que je voyais au-delà des arbres, l’extraordinaire atmosphère de paix. J’ai aperçu une construction blanche sur une montagne, à ma droite, un bâtiment religieux, m’a-t-il semblé… Je voulais avancer plus avant… Cependant une force douce mais irrésistible m’a, par deux fois, fait reculer et, à regret, je suis “remontée” vers mon corps sur lequel devaient s’activer les soignants ! J’étais déçue de ne pouvoir aller plus avant. C’était si beau ! »


Madeleine Litoux avait alors 30 ans quand, lors d’une intervention chirurgicale où elle se voit mourir, elle vit cette expérience de mort imminente. Elle le racontera des années plus tard au Dr Patrick Theillier. Ce témoignage est l’un des sept publiés dans son ouvrage, préfacé par André Léonard, archevêque émérite de Malines-Bruxelles. « Il s’agit de faits réels existants qui m’ont été confiés, prévient l’auteur, les EMI ont toujours existé, dans toutes les cultures. La Bible et de grands mystiques y font référence. Le tableau de Jérôme Bosch (voir tableau ci-contre) laisse penser que ce dernier a pu vivre une telle expérience. Ce sont, selon moi, des signes de notre temps qui peuvent nous ouvrir à la vie intérieure. En parler est utile pour notre destinée », explique-t-il avant d’entrer dans le vif du sujet.


Vie intérieure


Ces phénomènes se sont intensifiés grâce aux progrès de réanimation médicale. Et des personnes ayant vécu une expérience à la frontière de la mort – appelés « expérienceurs » – qui de peur d’être incompris ou pris pour des fous se taisaient, osent aujourd’hui en témoigner. Dans les faits, les EMI surviennent chez des croyants de toute confession et des non-croyants ; malgré diverses tentatives de chercheurs, nul ne sait les déclencher. « Elles n’ont pas été voulues et sont vécues généralement lors d’un accident ou d’une intervention chirurgicale qui tourne mal. » Elles se produisent en cas de mort clinique apparente ou de coma avancé. Mais ne sont pas systématiques. Dans son second tome consacré à ces phénomènes, Patrick Theillier les qualifie d’expérience de « vie imminente » – une expression reprise par Fabienne Raoul, ancienne ingénieure nucléaire et auteure de Mon bref passage dans l’autre monde, édition Leduc.s.


Pour ce médecin croyant mais également pour Fabienne Raoul, il ne fait aucun doute que les EMI sont la preuve de l’existence d’une vie dans l’au-delà, e cette vie invisible apparaît plus réelle et plus belle que la vie terrestre. Mais cette conviction, partagée par certains chercheurs, rencontre encore de nombreuses résistances. « Sur le plan scientifique, on ne peut contester qu’il se passe quelque chose d’absolument anormal. Si la démonstration était faite, cela remettrait en cause un des paradigmes les plus fondamentaux de notre science biologique actuelle qui considère que la conscience est sécrétée par le cerveau », explique Patrick Thellier. Or comment expliquer que la conscience, alors qu’elle s’est détachée du corps durant une EMI, soit toujours active quand le cerveau ne fonctionne plus ? Comment un individu est-il capable de décrire très précisément les situations vécues, les rencontres faites avec un être bienveillant, les paroles reçues pendant une période de mort clinique avec un encéphalogramme plat ?


Quant à notre âme, qui fait un avec notre corps et s’en sépare ­lorsqu’a lieu une EMI, elle serait notre force vitale : « Un corps sans âme devient un cadavre. Elle a cette force spirituelle qui nous vient d’en haut, qu’on peut aussi appeler esprit. Elle est immuable, alors que le corps se transforme de jour en jour. Une fois ressuscitée, notre âme continuera à porter notre corps en elle, qui ne sera plus notre corps actuel mais un corps complètement spirituel qui restera notre corps. »


Purgatoire et enfer


Sur le plan de la foi chrétienne, et tandis que l’Église reste très prudente sur les EMI jugées souvent comme des phénomènes paranormaux, Patrick Theillier tire aussi d’autres conclusions. Comment interpréter que 2 à 5% des « expérienceurs » vivent des expériences infernales, très angoissantes ? « Si les agnostiques n’ont pas d’explication, l’enseignement de la foi chrétienne en donne une, avance-t-il. Pour les chrétiens, il n’y a pas que le paradis. La vie après dépend de la vie qu’on a ici sur terre, c’est une prolongation. On sait par les Écritures saintes et par les mystiques qui l’ont vécu qu’il y a aussi un monde “infernal”. C’est une sorte d’étape entre la terre et le ciel, où on pourra se purifier de nos scories pour pouvoir voir Dieu face à face. Combien de mystiques ont vu le purgatoire et demandent qu’on prie pour les âmes qui s’y trouvent, et elles peuvent elles-mêmes prier pour nous ! », analyse-t-il. 


Mais celui qui croit dans le Christ qui a promis de sauver tous les hommes, peut-il croire que l’enfer existe ? « La théorie qui dit qu’il existe, mais qu’il est vide, je n’y crois pas. L’enfer démontre notre liberté. Celle-ci est offerte à tous les pécheurs, mêmes à ceux qui meurent en état de péché mortel. Hélas, il est possible de refuser jusqu’au bout la miséricorde divine, en état de connaissance. »


Autre enjeu posé par les EMI, la possibilité d’entrer en relation avec les défunts. S’il est recommandé de prier pour nos défunts et de faire dire des messes, le médecin met en garde contre les moyens médiumniques utilisés pour garder une relation régulière et suivie avec nos morts : « Les psychologues le disent : quand il y a un deuil, il faut faire le deuil, c’est-à-dire accepter que la personne n’est plus là et qu’elle a sa vie à elle, et nous la nôtre. » Ce spécialiste témoigne à la manière de Bernadette, qui déclarait à propos des messages reçus par la Vierge : « Je ne suis pas chargée de vous le faire croire, je suis chargée de vous le dire. » « L’EMI est un appel à s’emparer de la vie éternelle. À nous ouvrir à cette dimension d’éternité, à un amour absolu de Dieu. Vivre dans la gratitude, la paix, l’amour des autres : c’est ça qui nous propulsera directement dans les meilleurs côtés de la vie éternelle. » Ne nous contentons pas de la Toussaint pour y songer !


 


À lire
Expériences de vie imminente, Patrick Theillier, Artège, tout juste sorti.
Expériences de mort imminente, du même auteur publié en 2015.


L’expérience de Fabienne Raoul

Dans Mon bref passage dans l’autre monde (Leduc.s), Fabienne Raoul raconte comment, en 2004, lors d’un malaise cardiaque, elle bascule dans un autre monde, sans limite, et vit un état de félicité. Cette expérience irrationnelle l’amène à balayer ses croyances en une science matérialiste et à changer de vie. Jusqu’alors, l’existence (humaine) se résumait en la matière seule pour cette ingénieure en nucléaire. Et la mort, au néant. Devenue depuis thérapeute, elle croit désormais en un « là-haut », qui agit quand elle l’invoque. Elle s’appuie sur les dernières recherches scientifiques en physique quantique, pour tenter d’expliquer comment il lui est possible de faire le lien entre la matière et le monde invisible. « Changer notre vision de la mort pour mieux vivre notre vie, c’est un des messages que je souhaite faire passer (…). Et le meilleur état d’esprit pour lire cet ouvrage, c’est d’être sceptique », écrit-elle. Lecteurs, soyez donc « dans un doute sain, sans a priori, ni jugement préétabli » !

Face à la justice, le rire au secours des enfants maltraités

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Ce mercredi après-midi, seuls les pas pressés du personnel médical viennent troubler le silence pesant de ce long couloir d’hôpital. Soudain, les trilles d’une clarinette retentissent, puis enflent à mesure que deux personnages improbables se rapprochent. Costume rouge à larges carreaux, chemise noire et bretelles, cheveux hirsutes, pour lui. Ample robe à fleurs verte et jupon jaune, bonnet de rugbyman pour elle. Nous sommes à l’hôpital de la Source, à Orléans (Loiret). Sur la porte de la salle d’attente de l’unité d’accueil médico-judiciaire du service pédiatrique (UAMJP), une pancarte prévient de ces visites impromptues : « Attention, ici passage de clowns, deux fois par semaine. »


Aujourd’hui, c’est au tour de Sophie Jude et de Vincent Pensuet, comédiens, de troquer leurs vêtements de quidam, pour se transformer en Mamzelle Zaza et Molotov, deux clowns de l’association le Rire médecin, qui égaient les jeunes patients des services pédiatriques du centre hospitalier régional (CHR) d’Orléans depuis 20 ans. Cet après-midi-là, ils ne passent pas de lit en lit pour distribuer de la joie aux enfants malades, mais vont se consacrer à Aïssata (le prénom a été changé), 3 ans, victime présumée de violence extra-familiale. La famille, venue la veille aux urgences, a rendez-vous avec deux officiers de police et Barbara Tisseron, pédiatre et médecin légiste, responsable de l’UAMJP, pour y être entendue.Ces unités ont été imaginées il y a 20 ans, par la Voix de l’enfant, une association de protection de l’enfance, en application de la loi Guigou, qui rend obligatoire l’enregistrement audiovisuel de l’audition de tout enfant victime de violence sexuelle. L’objectif de ces permanences en milieu hospitalier est de recueillir la parole de l’enfant dans un lieu unique, dédié, et sécurisant. Les professionnels – pédiatre, médecin légiste, psychologue, infirmière, assistante sociale, et enquêteurs – se rassemblent autour de lui. 


Je voulais pouvoir accueillir les enfants maltraités en leur consacrant le temps nécessaire aux soins médicaux.


Consacrer du temps au soin 


À Orléans, c’est Barbara Tisseron qui crée cette unité pluridisciplinaire en 2008. « Je voulais pouvoir accueillir les enfants maltraités en leur consacrant le temps nécessaire aux soins médicaux », témoigne-t-elle. En 2013, le dispositif s’est enrichi d’une salle d’audition filmée, puis, en 2017, d’une salle de confrontation protégée, qui permet de mettre l’enfant face à son agresseur par caméra interposée. En 2018, 850 enfants y ont été accueillis sur réquisition du procureur de la République, et 150 en dehors de toute procédure judiciaire. Généralement, l’enfant est d’abord entendu par un officier de police ou de gendarmerie dans la salle d’audition filmée, puis par la psychologue, avant l’examen médical par le pédiatre. Une vitre sans tain permet au pédiatre et à la psychologue de suivre l’audition, gravée sur DVD qui servira de pièce à l’enquête, pour éviter à l’enfant de répéter les faits lors des examens psychologiques et médicaux. « Depuis la création de cette unité, l’amélioration de l’accueil des enfants victimes est une préoccupation quotidienne », insiste Barbara Tisseron. C’est dans cette logique, qu’elle décide de faire appel au Rire médecin en 2014. Une expérience inédite.


Détendre l’enfant


Dans la salle d’attente dédiée à l’UAMJP, Marie-Laure Toulmé, l’infirmière, a pris la famille en charge. Elle leur explique d’une voix douce la procédure qui va suivre. Pendant que sa mère est entendue par la police, la petite Aïssata s’active dans l’immense coin dînette, le visage déterminé et le geste sûr, près de son père et de sa petite soeur. Molotov pénètre alors dans la pièce en jouant une douce mélodie, et s’affale sur un fauteuil. Sa comparse lui emboîte le pas en fredonnant. Le papa, abattu, esquisse un sourire. Mamzelle Zaza demande à boire à la petite. Sans un mot, Aïssata lui tend un verre avec sérieux et retourne à sa cuisine. « Madame, trois cafés ! » demande alors le clown. La petite s’exécute. Les clowns jonglent avec les tasses et les envoient dans le décor, sous le regard étonné de l’enfant. « Tiens, papa ! », dit Mamzelle Zaza en tendant la tasse au père de l’enfant, qui se détend, imperceptiblement. « Il est froid », répond-il. Molotov, allongé sur le sol, ronfle comme un sonneur. La petite soeur éclate de joie, sous le regard attendri du père.


Ces comédiens sont extrêmement fins dans l’analyse des émotions de l’enfant et de la famille.


Débloquer la parole


« Je ne pensais pas être amenée à rire dans ce service », admet Sophie Jude en ôtant son nez rouge. C’est Barbara Tisseron qui a convaincu le Rire médecin de l’intérêt pour son unité : « Je voulais replacer les enfants au centre. Eux aussi ont le droit de rire, de jouer ! » L’intervention des clowns dans ce contexte demande un savant dosage que seuls des comédiens professionnels peuvent maîtriser. « Si l’enfant prononce un mot durant le jeu, cela peut rendre la parole plus facile durant l’audition. Mais il ne faut pas non lui faire dépenser toute son énergie », explique Vincent Pensuet. « Ces comédiens sont extrêmement fins dans l’analyse des émotions de l’enfant et de la famille », confirme Barbara Tisseron. Pour Blandine Césard, psychologue clinicienne, spécialisée en psycho-victimologie au CHR d’Orléans, il est intéressant d’apaiser l’enfant dans certaines situations, de le distraire pour atténuer la tension. « D’un point de vue médical, cela fait diminuer le cortisol, l’hormone du stress, avec moins de confusion de mémoire, et plus de facilité pour l’enfant à rapporter ce qu’il a vu ou vécu. Cela ne rend pas l’événement moins traumatique, mais débloque certaines situations quand l’enfant ne veut pas s’exprimer », affirme-t-elle.


Accompagner la souffrance


Jusqu’à fin 2018, les clowns ne s’occupaient que de l’accueil des enfants maltraités et repartaient ensuite dans les autres services pédiatriques. Depuis, grâce à de nouveaux financements privés, ils consacrent deux demi-journées par semaine à l’UAMJP, ce qui permet d’attendre l’enfant à chaque étape de son passage. À leur contact, les infirmières du service « développent leur imaginaire », et s’inspirent de leurs techniques les jours où les clowns n’interviennent pas. Et si le rire s’invite dans ce lieu de douleur, il n’est pas question de nier la souffrance. « Nous l’accompagnons », conclut Molotov, se souvenant du jour où il a offert une pluie de mouchoirs à une mère en pleurs.


Depuis 1999, 64 UAMJP ont été créées par la Voix de l’enfant dont 5 ont une salle de confrontation protégée. En 2019, 5 nouvelles unités sont en projet. Elles sont financées à 70 % par des fonds privés, et à 30 % par l’État. www.lavoixdelenfant.org

Des seniors à l’Abord’âge !

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Philippe Michel lance son idée dans la conversation, comme un discret hameçon. « Je veux pêcher, mais les autres ne veulent pas. J’amènerai tout de même une ligne de traîne, pour le plaisir… » À quelques mètres de lui, une voix qui claque comme un hauban, celle de Bernard Gerbeau, l’un de ses compagnons de galère, que l’on croyait inattentif, embarqué dans une autre discussion, retentit avec force : « La pêche, non ! » Pas plus démonté que le lac Léman sous la bise, Philippe Michel ne renonce pas à son appât. Il n’en démord pas. « J’utiliserai ma ligne quand on aura un vent arrière… C’est vrai que la moindre algue offre une résistance à l’avancée du bateau, et qu’elle nous freinera. On a quand même 5000 km à faire ! » C’est un bout de chemin : 5000 km à la rame, sans assistance, à empoigner l’océan Atlantique à la force des bras. Près de deux mois à se laisser ballotter l’estomac sur un bateau en fibre de verre et carbone, de 8 mètres de long à peine. Entre 50 et 60 jours à se frayer, à la paluche, une route à travers les vagues jusqu’à la Martinique – arrivée en février. Les baroudeurs des mers ont fait le calcul : au moins un million de coups de rame seront nécessaires pour rallier les Antilles depuis les îles Canaries !


Début décembre, ils seront quatre à demeurer en alerte, à quai. Les rames à portée de la main, prêts à s’en aller creuser la mer. « On attendra qu’une fenêtre météo s’ouvre pour nous laisser passer », explique Philippe Michel. « C’est la bonne période pour partir, il n’y a plus de cyclones, les alizés qui vont sur les Caraïbes commencent à se lever et à se renforcer. On subira sans doute des orages, du côté des Canaries, mais après trois semaines difficiles, on devrait bénéficier de vents portants. » Ils sont quatre, comme les mousquetaires et les points cardinaux. Un quartette de fortes têtes que l’on aborde, ce jour-là, dans le port des Minimes de La Rochelle, à quelques semaines du départ. « Au départ du projet, nous ne nous connaissions pas. À l’arrivée, il faudrait que l’on soit devenus amis ! »


Il y a là Philippe Michel, de Mérignac (Gironde), infirmier psy en retraite, 68 ans, surnommé « le pédaleur fou », et donc pêcheur contrarié ; Bernard Gerbeau, de Talence (Gironde), 71 ans, ancien navigateur aérien et commandant de bord dans le transport aérien militaire, dit « l’amuseur public » ; Philippe Schucany, 61 ans, ancien membre de la police scientifique dans le canton de Neuchâtel (Suisse), surnommé « le couteau suisse » ; et enfin Philippe Berquin, le « skipper d’aventures », un Nantais (Loire-Atlantique) de 60 ans, manager à la SNCF : toujours en activité professionnelle, il a déjà traversé quatre fois l’Atlantique – à la voile et à la rame – et deux fois le Sahara… en char à voile. Ces gars-là, aux caractères bien trempés, complices et complémentaires, n’ont rien de moussaillons. Hissons le mot : ce sont des « seniors ».


L’âge n’est pas un lest qui plombe 


C’est précisément l’enjeu de ce défi : montrer que l’âge n’est pas un lest qui plombe l’existence. « Les gens qui sont classés comme “seniors” sont presque considérés comme des êtres finissants ! », se rebiffe Bernard Gerbeau. « La vieillesse est bien sûr inéluctable, mais nous voulons montrer que l’on peut repousser certaines limites et bien vieillir : être intellectuellement vigoureux, actif, avoir une hygiène de vie, monter des projets et surtout faire du sport ! » Eux-mêmes s’accordent à reconnaître qu’ils sont des « récidivistes des défis sportifs » : le skipper Philippe Berquin est parachutiste et coureur de marathons, Philippe Michel pratique le canoë-kayak, le ski de fond et a parcouru à vélo la Guyane, le Surinam ou l’Australie… 


De leurs côtés, Bernard Gerbeau et Philippe Schucany, spécialistes de l’aviron, rament comme les Shadoks pompent : ils ont participé plusieurs fois au Tour du lac Léman. C’est d’ailleurs lors de cette régate de 160 km, qui use les bras comme des bielles, que le projet est né, en 2018. « Tout le monde ne peut pas traverser l’Atlantique à la rame ou gravir l’Everest à cloche-pied, nous sommes bien d’accord ! Évidemment, il est déconseillé de se mettre brusquement au squash à 50 ans si l’on n’a jamais fait de sport. Pourtant, après avoir consulté un médecin, tout le monde peut faire de la marche, du jogging ou de l’aviron. Pratiquer une activité, c’est aussi sortir de l’isolement, et renouer des relations sociales », insiste Philippe Berquin.


Nous voulions montrer que le sport pouvait aider non seulement à mieux vieillir, mais aussi à ralentir certaines maladies.

- Philippe Berquin


Il y a deux ans, ce navigateur émérite a traversé l’Atlantique à la rame, en compagnie de Gilles Ponthieux, un dentiste, atteint de la maladie de Parkinson. Lors de ce défi, sur une embarcation de 7 mètres de long, les deux acolytes ont effectué les 2600 miles en 52 jours de navigation. « Nous voulions montrer que le sport pouvait aider non seulement à mieux vieillir, mais aussi à ralentir certaines maladies. Lorsque Gilles est revenu de notre périple, sa neurologue a réduit son traitement et les soins médicaux de 30%. » En Suède, un septuagénaire, Åke Jonson, qui pouvait à peine marcher il y a 15 ans, souffrant d’ostéoporose, est devenu célèbre en se métamorphosant en sportif accompli : aujourd’hui, à 77 ans, après avoir commencé le sport par le vélo, il participe à des championnats d’athlétisme avec les vétérans. Des études l’ont prouvé : la pratique d’une activité sportive est bénéfique et peut engendrer une baisse de la mortalité (voir encadré).

Volontaires à l’étranger, ils témoignent 

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« Une communauté fraternelle »

© DCC
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Pourquoi suivre 10 jours intensifs de formation avant de partir en mission ? La réponse de Cécile Bonnet. Cécile Bonnet est partie un an en Tunisie enseigner le français à des femmes tunisiennes, à de jeunes migrants et à des enfants d’un quartier défavorisé.


Organisé en juillet, à Nantes, le stage d’été de la DCC fait suite à des mois de réflexion personnelle et plusieurs week-ends d’orientation. Ce projet de volontariat, on l’a pensé, voulu, rêvé. Et pourtant… Au matin du premier jour subsistent beaucoup d’interrogations, quelques craintes, voire des doutes. Le rôle des formateurs, c’est de nous alléger de toutes ces pensées en nous offrant, en plus d’apports pratiques et théoriques, l’espace et le soutien pour continuer notre cheminement personnel. Nous sommes répartis en groupes de 20 volontaires en fonction de nos zones géographiques de mission, et je fais partie du groupe Afrique centrale-Maghreb. Très vite, je ressens une forte cohésion et une solidarité entre nous. L’imminence du départ, la convergence de nos situations et l’énergie de tous créent des liens qui seront une aide inestimable lors des 12 mois à venir. Nous créons ici une communauté fraternelle et solidaire entre volontaires. Mais, si ces 10 jours peuvent ressembler à un camp de vacances, ils n’en demeurent pas moins une formation technique sur les plans professionnel et personnel. J’ai été très impressionnée par la qualité des contenus proposés ! Durant notre séjour, plus de 50 intervenants extérieurs, experts, nous ont offert des conférences et des modules sur des thèmes aussi divers que l’interculturalité, les religions, les droits de l’homme ou la géopolitique… J’ai énormément appris, avant même de partir ! Mais ce qui m’a le plus marquée est l’ouverture de tous, concernant les croyances et la foi de chacun. N’étant pas catholique, j’ai eu la chance de rencontrer des gens aux profils variés, plus ou moins croyants, ou pratiquants, mais tous vivant la spiritualité selon leur cœur et acceptant l’Autre. N’ayant jamais reçu d’éducation religieuse, j’ai pourtant été particulièrement émue lors de la messe d’envoi célébrée par l’évêque de Nantes. Finalement, ce stage aura été pour moi une première occasion de vivre l’interculturalité, à travers la religion, tout en me préparant au mieux à la mission qui m’attend bientôt ! »


« Partir à la cinquantaine pour revenir plus vrais, plus libres »

© DCC
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François et Nathalie Frys, parents de quatre enfants, ont été professeurs des écoles en Andorre. Ils ont choisi de partir un an, à la rentrée 2019, comme éducateurs au Tchad.François et Nathalie FRYS, 54 et 52 ans, ont été affectés au village d’enfants des rues de Balimba, à Sarh, dans le sud du Tchad, comme éducateurs avec les Sœurs de la Charité, en partenariat avec la DCC.


« On ne le savait pas encore en septembre 2018, mais quelque chose travaillait au-dedans de nous. » La cinquantaine tous les deux, quatre enfants âgés de 21 à 28 ans, indépendants, Nathalie et François Frys ont éprouvé, cette année-là, le besoin de vivre un « temps charnière ». Ils étaient alors en Andorre professeurs des écoles depuis 20 ans et avaient prévu de rentrer en France en 2020. Une perspective qui ne cessait de les questionner : quelle suite donneraient-ils à leur parcours professionnel ? Se voyaient-ils exercer le même métier toute leur vie ? Nathalie et François aspiraient à du changement. Et voilà que, par un concours de circonstances, ils eurent l’occasion d’entendre le témoignage de Claire, ancienne volontaire de la DCC. Cela les décida à poser leur candidature pour un volontariat de solidarité internationale qui devait commencer en septembre 2019. « Nous avions fait assez de ménage en nous pour accueillir un nouveau “souffle” et avions ouvert nos voiles au possible. Lorsque nous avons croisé nos aspirations avec le projet pastoral de la DCC, ce souffle est devenu brise et vent impétueux : “Écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres” (Laudato si’), raconte François. Nous avions fait des tentatives d’évolution professionnelle qui n’avaient pas abouti. Nous étions prêts à lâcher une situation économique et financière intéressante. Et ainsi aller à l’encontre de cette tendance chère aux quinquas, qui souvent se résume à “plus de bien, de confort, de loisirs”. » Lors du stage de la DCC, à Nantes en juillet, le témoignage d’anciens volontaires sur leur « retournement de vie » consécutif à leur séjour les a bouleversés. Il y était question de vocation religieuse, de changements professionnels, de modes de vie plus simples, de nouveaux engagements… « On le pressent, quelque chose se joue pendant le VSI, qui permet de faire un pas de côté au retour. Pour vivre plus vrai, plus déterminé, plus libre », souligne François en se projetant dans un an. Nathalie renchérit : « Ce pas de côté qu’est notre départ au Tchad va me remettre là où j’avais envie d’être depuis longtemps. Il ouvre la porte du cœur. » Encouragés par leurs enfants, ils se réjouissent d’aller vivre dans un pays où les conditions sanitaires, alimentaires et de scolarisation des enfants sont parmi les plus difficiles au monde. « Se préparer à cette mission est extrêmement dynamisant. Nous allons partager une expérience professionnelle. Ce sera aussi une étape pour prendre soin de nous et forger une nouvelle identité de notre couple. »


Salarié, êtes-vous prêt à vous engager ?

Il est possible de vivre un engagement dans un contexte professionnel de deux semaines à six mois. Trois dispositifs spécifiques existent : le congé de solidarité internationale, le congé solidaire, le congé de solidarité. Pour en savoir plus, renseignez-vous auprès de France Volontaires.

À quoi sert l’Enseignement catholique ? 

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Le caractère propre de l’enseignement privé, reconnu par la loi Debré en 1959, réside surtout dans l’appartenance confessionnelle. Mais est-ce encore une réalité, quand très peu de parents inscrivent leurs enfants pour des raisons spirituelles ?


L’accueil de tous est dans notre ADN. Les parents qui ne se disent pas pratiquants sont heureux que l’école propose cette dimension spirituelle, que leur enfant soit accueilli et aimé comme une personne unique. Lorsque notre projet est clairement présenté aux familles, nous provoquons une forme d’adhésion. Ainsi, même des parents musulmans font le choix de l’école catholique parce que « Dieu n’est pas à la porte ». Un collège marseillais compte par exemple 90 % d’élèves de confession musulmane ; il est pourtant authentiquement catholique. La mixité culturelle et religieuse contribue à apaiser notre société. Plus les jeunes se rencontreront tôt, dans leurs différences, plus le risque du communautarisme diminuera.


Accueillir chacun tel qu’il est : n’est-ce pas aussi le cas dans l’enseignement public ?


Bien sûr, personne n’a « le monopole du coeur ». Mais il s’agit pour nous d’un devoir, au coeur de notre projet éducatif et qui s’enracine dans l’Évangile. Et nous avons la chance de pouvoir ne pas compter sur nos seules forces, mais de nous appuyer sur la prière. Si on ne vit pas des sacrements, on va résonner creux. Évidemment, nous ne sommes pas parfaits et nous avons tous à gagner en cohérence, à faire en sorte que ce que nous écrivons, qui est toujours très beau, corresponde à ce que nous vivons…


Dans chaque établissement, une communauté de chrétiens doit être active et visible.


Soit. Mais que fait-on lorsque même les enseignants ne sont plus chrétiens ?


Nos Instituts supérieurs de formation de l’enseignement catholique (Isfec) font découvrir aux candidats notre projet spécifique. Il leur est demandé de le faire vivre, là où ils sont, comme ils sont, tout en laissant à chacun la liberté de croire. Dans chaque établissement, une communauté de chrétiens doit être active et visible, afin d’assurer cette présence et porter le projet. Il suffit de deux ou trois, pour que le Christ soit présent, comme il l’a promis.


Est-ce toujours le cas ?


Oui, tout de même ! Et quand bien même il n’y aurait que le chef d’établissement, il porte cette mission pastorale qui lui est confiée et agit par contamination. Les signes visibles sont présents.


Pour des raisons évangéliques, l’enseignement catholique ne renoncera jamais à l’accueil de tous.


Certains parents reprochent une proposition pastorale trop peu nourrissante et trouvent davantage de cohérence dans le hors-contrat. Votre réaction ?


Il nous faut être attentifs aux demandes des familles catholiques pratiquantes. L’enseignement catholique est aussi fait pour elles, faut-il le rappeler ? Concernant le hors-contrat, nous nous sommes assez battus afin que soit reconnue la liberté scolaire pour ne pas la refuser à certains. Je respecte donc ce choix, qui s’analyse par un faisceau d’explications. Mais privilégier un entre-soi n’est pas notre projet. Pour des raisons évangéliques, l’enseignement catholique ne renoncera jamais à l’accueil de tous.


Comment conjuguer cet accueil de tous avec la mission d’annoncer l’Évangile et de favoriser une rencontre personnelle avec Dieu ?


C’est le rôle de tout baptisé, consacré « prêtre, prophète et roi », de vivre de la bonne nouvelle du Christ et de l’annoncer. Je crois beaucoup dans le témoignage de vie, dans notre manière d’être avec les autres, de les accueillir. Si les jeunes se sentent réellement aimés, à travers nous, ils découvriront le Christ. Cela arrive souvent par une rencontre : avec un copain, un prof, un membre du personnel. Je suis moi-même le parrain d’un ancien professeur qui a demandé le baptême et parrain de confirmation d’un chef d’établissement. Chacun peut devenir un chemin vers Dieu.


La catéchèse et la participation à l’eucharistie relèvent de la foi et supposent une libre adhésion. Elles ne peuvent revêtir un caractère obligatoire.


Les élèves non catholiques sont-ils tenus de participer aux célébrations ?


Il s’agit de distinguer les différents plans. La catéchèse et la participation à l’eucharistie relèvent de la foi et supposent une libre adhésion. Elles ne peuvent revêtir un caractère obligatoire. En revanche, la culture religieuse, qui est une transmission des connaissances, ne peut être facultative.


Le contrat avec l’État vous contraint. Quelle est votre marge de manoeuvre à l’égard de certains enseignements, tel le genre comme construction sociale ou le libre choix de l’orientation sexuelle ?


Notre liberté est grande, puisque le contrat d’association nous impose simplement d’enseigner les programmes de l’Éducation nationale. Certains manuels scolaires versent parfois dans l’interprétation, c’est particulièrement vrai sur ces questions, en effet, mais aussi sur d’autres : j’ai commencé ma carrière comme professeur de sciences économiques et sociales, à une époque où les théories économiques étaient plutôt orientées… Il nous appartient de choisir les manuels et de les utiliser librement. De manière générale, notre mission consiste, à donner des outils aux élèves afin de les aider à discerner et présenter une vision de l’homme qui s’appuie sur l’anthropologie chrétienne. Si on pense qu’elle est un chemin de bonheur, on ne va pas la garder pour nous !


Notre mission consiste, à donner des outils aux élèves afin de les aider à discerner.


Les infirmières scolaires, recrutées par le chef d’établissement, reçoivent-elles des consignes particulières ? Comment réagissent-elles si on leur demande la pilule du lendemain, par exemple ?


La plupart de nos établissements n’ont pas d’infirmière scolaire, souvent pour une question de taille. En tant que chef d’établissement, j’ai été confronté à cette situation. Il nous serait difficile d’insister sur le fait que les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants et, dans le même temps, les tenir éloignés de leur vécu. Sans en tirer de généralité car chaque histoire est unique et dépend du contexte familial, parfois complexe, j’ai toujours obtenu que l’élève aborde le sujet avec ses parents. Nos établissements n’ont pas à distribuer la pilule du lendemain.


Votre projet pastoral constitue l’un de vos chantiers de réflexion, finalisé en 2020. Cherchez-vous à innover ?


Il ne s’agit pas tant d’innover que de relire notre projet pastoral : quel est le rôle de l’enseignement catholique dans un monde qui a évolué, dans une société où la pratique religieuse a diminué et qui s’est sécularisée ? Quelle est notre proposition ? Comment évangéliser, aujourd’hui, dans un contexte où plus rien n’est évident, où nos contemporains ont assez peu de connaissances ?


Comment passer d’une pastorale par le haut à une pastorale qui rejoint la personne là où elle en est, puis cheminer avec elle ?


En raison de ce décalage, n’est-il pas tentant de choisir la facilité et de gommer l’aspect confessionnel ?


Ce décalage est réel, mais j’y vois une chance. Qu’il s’agisse de nos élèves ou même des jeunes enseignants, beaucoup n’ont rien reçu – certains n’ont jamais lu ni entendu une ligne de l’Évangile – mais ils sont curieux et ouverts. Notre questionnement s’apparente à la préoccupation du Saint-Père au sujet des périphéries : comment passer d’une pastorale par le haut à une pastorale qui rejoint la personne là où elle en est, puis cheminer avec elle ? Jésus n’a pas fait autrement avec les disciples d’Emmaüs. Notre pastorale doit être centrée sur cette démarche. Le nouveau président du conseil épiscopal de l’enseignement catholique, Mgr Ulrich, rappelle dans sa lettre pastorale de rentrée pour les communautés éducatives, qu’elle repose sur trois critères : « L’accueil de tous, l’annonce de l’Évangile et la visibilité de groupes chrétiens. »


La question de l’identité de l’école catholique est clivante, y compris au sein de l’épiscopat français…


Je ne parlerai pas de clivage, mais plutôt de diversité qui est une richesse pour l’Église. La diversité des propositions favorise l’accueil de tous. Différentes sensibilités s’y sont toujours exprimées. Certaines décisions correspondent d’ailleurs aux réalités locales. C’est ainsi que certains évêques, par exemple, ont reconnu canoniquement des écoles hors contrat L’essentiel est de préserver le ministère de la communion.


Quelles sont vos raisons d’espérer ?


Je crois beaucoup dans la jeunesse, sans doute moins matérialiste que notre génération, sa capacité à s’investir. Elle est curieuse, demandeuse. À nous de nous appuyer sur la générosité et l’ouverture de ces jeunes pour insuffler le sens qu’ils cherchent à leur vie. Le Christ est la plus belle réponse. N’ayons pas peur de témoigner de notre espérance, être signes de la joie qui nous habite pour notre jeunesse.


 

Philippe Delorme, diacre de 56 ans, père de cinq enfants, a été directeur diocésain du Val-de-Marne pendant 10 ans, mais aussi chef d’établissement dans les Yvelines et en Seine-Saint-Denis. Il vient de faire sa première rentrée comme patron de l’enseignement catholique.

Volontaires à l’étranger, ils témoignent 

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« Une communauté fraternelle »

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Pourquoi suivre 10 jours intensifs de formation avant de partir en mission ? La réponse de Cécile Bonnet. Cécile Bonnet est partie un an en Tunisie enseigner le français à des femmes tunisiennes, à de jeunes migrants et à des enfants d’un quartier défavorisé.


Organisé en juillet, à Nantes, le stage d’été de la DCC fait suite à des mois de réflexion personnelle et plusieurs week-ends d’orientation. Ce projet de volontariat, on l’a pensé, voulu, rêvé. Et pourtant… Au matin du premier jour subsistent beaucoup d’interrogations, quelques craintes, voire des doutes. Le rôle des formateurs, c’est de nous alléger de toutes ces pensées en nous offrant, en plus d’apports pratiques et théoriques, l’espace et le soutien pour continuer notre cheminement personnel. Nous sommes répartis en groupes de 20 volontaires en fonction de nos zones géographiques de mission, et je fais partie du groupe Afrique centrale-Maghreb. Très vite, je ressens une forte cohésion et une solidarité entre nous. L’imminence du départ, la convergence de nos situations et l’énergie de tous créent des liens qui seront une aide inestimable lors des 12 mois à venir. Nous créons ici une communauté fraternelle et solidaire entre volontaires. Mais, si ces 10 jours peuvent ressembler à un camp de vacances, ils n’en demeurent pas moins une formation technique sur les plans professionnel et personnel. J’ai été très impressionnée par la qualité des contenus proposés ! Durant notre séjour, plus de 50 intervenants extérieurs, experts, nous ont offert des conférences et des modules sur des thèmes aussi divers que l’interculturalité, les religions, les droits de l’homme ou la géopolitique… J’ai énormément appris, avant même de partir ! Mais ce qui m’a le plus marquée est l’ouverture de tous, concernant les croyances et la foi de chacun. N’étant pas catholique, j’ai eu la chance de rencontrer des gens aux profils variés, plus ou moins croyants, ou pratiquants, mais tous vivant la spiritualité selon leur cœur et acceptant l’Autre. N’ayant jamais reçu d’éducation religieuse, j’ai pourtant été particulièrement émue lors de la messe d’envoi célébrée par l’évêque de Nantes. Finalement, ce stage aura été pour moi une première occasion de vivre l’interculturalité, à travers la religion, tout en me préparant au mieux à la mission qui m’attend bientôt ! »


« Partir à la cinquantaine pour revenir plus vrais, plus libres »

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François et Nathalie Frys, parents de quatre enfants, ont été professeurs des écoles en Andorre. Ils ont choisi de partir un an, à la rentrée 2019, comme éducateurs au Tchad.François et Nathalie FRYS, 54 et 52 ans, ont été affectés au village d’enfants des rues de Balimba, à Sarh, dans le sud du Tchad, comme éducateurs avec les Sœurs de la Charité, en partenariat avec la DCC.


« On ne le savait pas encore en septembre 2018, mais quelque chose travaillait au-dedans de nous. » La cinquantaine tous les deux, quatre enfants âgés de 21 à 28 ans, indépendants, Nathalie et François Frys ont éprouvé, cette année-là, le besoin de vivre un « temps charnière ». Ils étaient alors en Andorre professeurs des écoles depuis 20 ans et avaient prévu de rentrer en France en 2020. Une perspective qui ne cessait de les questionner : quelle suite donneraient-ils à leur parcours professionnel ? Se voyaient-ils exercer le même métier toute leur vie ? Nathalie et François aspiraient à du changement. Et voilà que, par un concours de circonstances, ils eurent l’occasion d’entendre le témoignage de Claire, ancienne volontaire de la DCC. Cela les décida à poser leur candidature pour un volontariat de solidarité internationale qui devait commencer en septembre 2019. « Nous avions fait assez de ménage en nous pour accueillir un nouveau “souffle” et avions ouvert nos voiles au possible. Lorsque nous avons croisé nos aspirations avec le projet pastoral de la DCC, ce souffle est devenu brise et vent impétueux : “Écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres” (Laudato si’), raconte François. Nous avions fait des tentatives d’évolution professionnelle qui n’avaient pas abouti. Nous étions prêts à lâcher une situation économique et financière intéressante. Et ainsi aller à l’encontre de cette tendance chère aux quinquas, qui souvent se résume à “plus de bien, de confort, de loisirs”. » Lors du stage de la DCC, à Nantes en juillet, le témoignage d’anciens volontaires sur leur « retournement de vie » consécutif à leur séjour les a bouleversés. Il y était question de vocation religieuse, de changements professionnels, de modes de vie plus simples, de nouveaux engagements… « On le pressent, quelque chose se joue pendant le VSI, qui permet de faire un pas de côté au retour. Pour vivre plus vrai, plus déterminé, plus libre », souligne François en se projetant dans un an. Nathalie renchérit : « Ce pas de côté qu’est notre départ au Tchad va me remettre là où j’avais envie d’être depuis longtemps. Il ouvre la porte du cœur. » Encouragés par leurs enfants, ils se réjouissent d’aller vivre dans un pays où les conditions sanitaires, alimentaires et de scolarisation des enfants sont parmi les plus difficiles au monde. « Se préparer à cette mission est extrêmement dynamisant. Nous allons partager une expérience professionnelle. Ce sera aussi une étape pour prendre soin de nous et forger une nouvelle identité de notre couple. »


Salarié, êtes-vous prêt à vous engager ?

Il est possible de vivre un engagement dans un contexte professionnel de deux semaines à six mois. Trois dispositifs spécifiques existent : le congé de solidarité internationale, le congé solidaire, le congé de solidarité. Pour en savoir plus, renseignez-vous auprès de France Volontaires.