Pourquoi les aimants n’attirent-ils que le fer ?

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Lignes de champ magnétique développées par un aimant. Expérience de la limaille de fer (Windell Oskay via Flickr CC BY 2.0).

Lignes de champ magnétique développées par un aimant. Expérience de la limaille de fer (Windell Oskay via Flickr CC BY 2.0).

En fait, les aimants n’attirent pas que le fer, mais aussi le cobalt et le nickel, voire certains métaux de la famille des terres rares. Mais hormis ces exceptions, pourquoi les non-ferreux semblent rester indifférents au champ magnétique généré par les aimants ? Pour le comprendre, il faut pénétrer au cœur de la matière et se souvenir qu’un atome est constitué d’un noyau autour duquel gravitent des électrons.

Leur trajectoire en orbite peut être considérée comme un courant électrique qui génère un champ magnétique dit “orbital”. De plus, chaque électron possède aussi un “moment magnétique de spin”, comme s’il tournait sur lui-même.

Chaque électron est comme un petit aimant

La combinaison de ces moments orbitaux et de spin donne le moment magnétique de chaque électron. Le moment magnétique global de l’atome est la somme des moments magnétiques des électrons. Et en additionnant les moments magnétiques de tous les atomes, on obtient le moment magnétique total du corps qu’ils constituent.

Dans de nombreux éléments, comme l’eau ou les molécules organiques, les électrons s’assemblent sur la même orbitale en paires de spins opposés, ce qui annule leurs moments de spin, mais aussi leurs moments orbitaux, comme s’ils tournaient sur la même orbite mais dans des sens différents.

Des électrons libres et de noyaux à l’unisson

Dans d’autres matériaux, notamment certains conducteurs électriques (métaux), les atomes disposent d’électrons “libres”, non appariés, qui font perdurer un champ magnétique au niveau des atomes. Mais généralement, les atomes se dispersent à l’intérieur du corps, ce qui annule son champ magnétique. Quand on soumet ce corps à un aimant, il ne réagit pas ou très peu.

Dans le cas des matériaux ferromagnétiques, non seulement chaque atome a un moment magnétique dû à la présence d’électrons non appariés, mais les atomes ont en plus tendance à orienter leurs moments magnétiques parallèlement et dans le même sens. La force qui les y oblige – baptisée “l’interaction d’échange” – est d’origine quantique et dépend notamment de la distance interatomique.

Un effet d’alignement

L’interaction se répand entre différents atomes à l’intérieur de domaines magnétiques (des groupes d’atomes) constituant le matériau, orientés dans diverses directions, ce qui annule leur effet. Mais en présence d’un aimant, les domaines réagissent en s’alignant tous parallèlement, et le corps devient à son tour aimanté.

I.C.

 D’après S&V n°1101

 

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> Lire également dans les Grandes Archives de Science & Vie :

  • Nous avons bien un sixième sens magnétique ! – S&V n°1136 – 2012 – Si aujourd’hui nous nous orientons grâce à la vue et parfois à d’autres de nos sens, nous aurions également hérité d’une sensibilité aux champs magnétiques, tels les oiseaux migrateurs… Mais nous en avons perdu l’usage.

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  • Champ magnétique et tempêtes du Soleil – S&V n°994 – 2000 – Où l’on comprend comment le Soleil s’enroule dans ses propres lignes de champ magnétique et comment il s’en libère violemment.

S&V994

  • Voici les matériaux surnaturels – S&V n°1133 – 2012. Durant des millénaires, l’humanité s’est servie des matériaux offerts par la nature. Mais peu à peu, en apprenant à jouer sur leur composition d’abord, puis sur leur structure microscopique, nous sommes devenus des spécialistes de l’art de créer de nouveaux matériaux aux propriétés inédites.

1133

Le ciel du mois de septembre

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Le ciel du mois de septembre 2015, vers minuit.

Le ciel du mois de septembre 2015, vers minuit.

La grande horlogerie cosmique va ce mois-ci nous offrir deux beaux spectacles célestes à admirer. Alignements parfaits des astres aidant, ce sont deux effets de perspective cosmique, une occultation et une éclipse, que nous pourrons contempler à l’œil nu et aux jumelles.
Le 5 septembre au matin, le Dernier Quartier de Lune occultera la brillante étoile Aldébaran du Taureau. C’est à l’aube que la Lune et l’étoile géante rouge seront le plus proches l’une de l’autre, au dessus de l’horizon sud est. En Europe, l’occultation elle-même sera très difficile à observer dans un ciel déjà trop clair, le phénomène n’étant visible en pleine nuit qu’en Grande Bretagne, en Islande, au Groenland, et en Amérique du Nord. Ce rapprochement, et pour les plus chanceux, cette occultation, seront bien visibles à l’œil nu et aux jumelles, et n’exige pas l’utilisation d’un télescope.
Le 28 septembre, toute la nuit ou presque, c’est à une spectaculaire éclipse totale de Lune que nous allons assister… Cette nuit là, notre étoile, la Terre et la Lune seront exactement alignées, et la Lune plongera dans l’ombre de la Terre, durant plus d’une heure.
L’éclipse commencera, avec l’entrée de la Lune dans l’ombre de la Terre, à 3 h 07 min, le début de la phase totale, c’est à dire le moment où la Lune sera entièrement plongée dans l’ombre, aura lieu à 4 h 11 min, le maximum de l’éclipse aura lieu à 4 h 51 min, la fin de la phase totale interviendra à 5 h 23 min et enfin, la Lune sortira de l’ombre de la Terre à 6 h 27 min.

Durant une éclipse totale de Lune, la luminosité de l'astre des nuits chute spectaculairement, d'un facteur mille, ou plus. La Lune se pare d'une robe orangée, rouge ou grise. Photo Serge Brunier.

Durant une éclipse totale de Lune, la luminosité de l’astre des nuits chute spectaculairement, d’un facteur mille, ou plus. La Lune se pare d’une robe orangée, rouge ou grise. Photo Serge Brunier.

Il est impossible de prédire à quoi ressemblera la Lune durant la phase totale. Plongée dans l’ombre de la Terre, elle sera faiblement éclairée par les rayons du Soleil traversant l’atmosphère terrestre au moment du lever ou du coucher, sur Terre. Ce sont donc des couleurs crépusculaires qui teinteront la Lune durant plus d’une heure, et sa robe sera orangée, grise ou rouge, en fonction des conditions atmosphériques.
Photographier l’éclipse n’est pas très difficile, à condition, toutefois, d’utiliser un objectif d’une focale assez longue, de 100 à 600 mm. L’appareil photo sera installé sur pied, le diaphragme de l’objectif sera largement ouvert, entre 2.8 et 5.6. Le temps de pose doit être court, afin que la Lune ne se déplace pas trop dans le champ de l’appareil durant l’exposition. Une pose de 1 à 5 secondes suffit avec la plupart des téléobjectifs, jusqu’à 300 mm, les objectifs plus puissants exigeront des temps de pose plus courts. La sensibilité de l’appareil sera réglée en fonction de plusieurs tests d’exposition.
Serge Brunier

La médecine fait-elle dégénérer l’espèce humaine ?

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La médecine moderne est bénéfique pour l'individu. L'est-elle pour l'espèce ? (Ph. Robert Couse-Baker via Flickr CC BY 2.0)

La médecine moderne est bénéfique pour l’individu. L’est-elle pour l’espèce ? (Ph. Robert Couse-Baker via Flickr CC BY 2.0)

Difficile, dans la question, de ne pas entrevoir le spectre de l’eugénisme, cette idéologie qui estime qu’au lieu d’alourdir le “fardeau génétique” de l’humanité par des soins qui aident les “inaptes” à se reproduire, on ferait mieux de les stériliser. Mais d’un point de vue évolutionniste, la question est pertinente. En soignant les personnes malades, par définition moins adaptées que les autres à leur environnement, s’oppose-t-on à la sélection naturelle qui veut que seuls les plus aptes survivent ?

La réponse la plus honnête est oui, convient Steve Jones, généticien à l’University College de Londres. Mais cela n’a aucune importance”. Car un “mauvais” gène n’est problématique que dans un environnement donné.

La médecine modifie la sélection naturelle

A la préhistoire, ma myopie m’aurait empêché de chasser. Aujourd’hui, elle n’est pas handicapante. On ne vit plus dans la nature”, souligne-t-il. Et heureusement : renvoyés à l’âge de pierre, nous ne survivrions pas longtemps. Pour preuve, les animaux élevés en captivité sur des générations résistent mal à une réintroduction en milieu naturel : ils accumulent des mutations qui n’ont aucun impact en captivité mais sont délétères en milieu sauvage.

En fait, la médecine ne supprime pas la sélection naturelle, elle la modifie”, indique Michel Raymond, de l’Institut des sciences de l’évolution (Montpellier). Là où le choléra sévit, les individus sans gènes de résistance à l’infection sont défavorisés. Mais là où elle a disparu, ces gènes n’ont plus d’intérêt. Ainsi, le matériel génétique qui “compte” pour notre survie varie avec l’environnement. Impossible de dire si les gènes que l’on juge défectueux aujourd’hui seront un problème demain ! En outre, selon plusieurs généticiens, les qualités physiques qui favorisaient nos ancêtres sont désormais moins discriminantes que nos capacités intellectuelles.

Pour faire le bilan il faudra attendre quelques milliers d’années

Néanmoins, l’espèce humaine est de plus en plus tributaire de la médecine et certains le perçoivent comme une régression. “Si les césariennes se généralisent, les nouveau-nés pourront être plus gros et on ne pourra plus accoucher sans césarienne”, explique Michel Raymond. Nous ne pourrons quantifier l’influence de la médecine sur notre génome avant des milliers d’années. Mais puisque la médecine existe, rien ne peut justifier que l’on sacrifie des individus pour le bien hypothétique du génome de la population.

M.Co.

D’après S&V n°1102

 

> Lire aussi :

 

> Lire également dans les Grandes Archives de Science & Vie :

  • Les Grandes Archives de S&V : l’évolution. Formulée par Darwin au milieu du XIX° siècle, la théorie de l’évolution décrit l’histoire du vivant à partir de deux principes : la descendance avec transformation et la sélection naturelle. Les espèces qui vivent aujourd’hui sur terre partagent donc toutes des ancêtres communs. Celles qui ont disparu n’était plus adaptées à leur milieu.

  • Les nouveaux mystères de l’ADN – S&V n°1145 – 2013 – Depuis la découverte de la structure de l’ADN, en 1953, les biologistes ne cessent de s’étonner de la sophistication de cette minuscule machinerie qui contient toutes les informations pour faire fonctionner un organisme vivant. C’est un véritable langage, dont les paroles sont des protéines, qui est loin d’avoir été parfaitement déchiffré.

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  • L’irrésistible extension de la théorie de l’évolution – S&V n°1159 – 2014 – Si Darwin a basé sa théorie de l’évolution par la sélection naturelle sur l’étude de la morphologie des espèces, depuis 155 ans la théorie s’est enrichie, notamment elle a intégré la génétique (Théorie synthétique de l’évolution) dans les années 1930. Mais depuis quelques années, les principes découverts par Darwin s’appliquent également dans d’autres domaines, comme la psychologie, la médecine, la culture voire même la cosmologie et la physique quantique.

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L’excès de CO2 menace-t-il le taux d’oxygène dans l’air ?

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La plante aquatique Hemianthus Callitrichoides (ou HC) en train de produire de l'oxyène (Ph. Carnat Joel via Flickr CC BY 2.0).

La plante aquatique Hemianthus Callitrichoides (ou HC) en train de produire de l’oxygène (Ph. Carnat Joel via Flickr CC BY 2.0).

Si les études sur les émissions de CO2 s’intéressent le plus souvent à leur impact climatique, les chercheurs se sont également penchés sur cette question, et y ont apporté une réponse. Les destins du dioxygène (O2) et du dioxyde de carbone (CO2), qui, avec le diazote (N2), composent l’atmosphère terrestre, sont effectivement liés. Des travaux scientifiques ont ainsi montré que l’augmentation des émissions de CO2 des vingt dernières années était associée à une diminution de la concentration atmosphérique en dioxygène. Mais l’augmentation de l’une n’est pas responsable de la baisse de l’autre.

Si ces deux phénomènes sont associés, c’est en fait parce qu’ils partagent des causes communes. Ainsi, la combustion du carbone des énergies fossiles – principale source d’augmentation des émissions de CO2 au cours du XXe siècle – consomme également du dioxygène (le O2 de CO2).

Un recul infime de la concentration en oxygène

La respiration des organismes vivants et la décomposition de la matière organique morte consomment elles aussi de l’O2 et rejettent du CO2. La photosynthèse, à l’inverse, libère de l’O2 à mesure qu’elle capte du CO2. Tous ces phénomènes ont donc des effets sur la concentration en dioxygène et en dioxyde de carbone atmosphériques et expliquent l’association entre l’augmentation des émissions de CO2 et la diminution de la concentration atmosphérique en O2.

D’après Ralph Killing, de l’Institut américain de recherche Scripps, le nombre de molécules de dioxygène présentes dans l’atmosphère reculerait en moyenne chaque année de 0,002 %. Un résultat légèrement plus faible que les prévisions, que le chercheur explique par un développement global de la flore, dont les capacités photosynthétiques auraient augmenté avec la hausse du taux de CO2 atmosphérique.

En 2030, 0,01 % de moins en oxygène

Si ce développement de la flore ne compense cependant pas totalement l’augmentation des émissions de CO2 et la baisse associée de la concentration atmosphérique en O2, c’est que l’expansion géographique des plantes est limitée et que les émissions de CO2 ne cessent de progresser. D’ailleurs, au rythme de 0,002 % par an, la baisse du nombre de molécules de dioxygène dans l’atmosphère pourrait faire tomber la concentration en dioxygène actuelle, de 20,94 %… à 20,93 % en 2030.

Cette “chute” de 0,01 % en vingt ans est très loin d’alarmer les spécialistes, d’autant moins que les êtres vivants vivent très bien avec beaucoup moins d’oxygène, comme on peut aisément l’observer en montagne. En effet la pression atmosphérique, et donc la quantité de dioxygène dans l’air inspiré, diminue avec l’altitude.

La menace est ailleurs

D’après Michèle Germain, chef du service d’explorations fonctionnelles respiratoires à l’hôpital de la Croix-Rousse de Lyon, les conditions atmosphériques au sommet du mont Blanc seraient équivalentes à une concentration de l’air en O2 d’environ 11,5 %, bien inférieure à celle qui serait atteinte si toutes les ressources en énergies fossiles de notre planète devaient être brûlées.

L’homme s’adapte très bien aux faibles concentrations en dioxygène. Ainsi, “le manque ne se fait sentir qu’à partir de 2 000 m d’altitude, soit l’équivalent d’une concentration en dioxygène d’environ 16 %. Et, si l’on monte doucement, le corps s’adapte très facilement, en augmentant son rythme respiratoire, son débit sanguin et, après quelques jours, sa production de globules rouges”, explique Michèle Germain. Si certaines populations vivant dans l’Himalaya ou les hauts plateaux des Andes sont menacées par l’augmentation des émissions de CO2, ce n’est donc pas à cause du risque de raréfaction de l’oxygène… mais bien de celui d’un réchauffement climatique et des perturbations qu’il engendre.

E.A.

D’après S&V n°1118

 

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GA

  • Les molécules cachées du réchauffementS&V n°1160 – Depuis une dizaine d’années les chercheurs découvrent dans l’atmosphère des molécules industrielles passées jusqu’ici inaperçues, responsables également de l’effet de serre qui réchauffe la planète.

S&V1160

 

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Comment se forme une barrière de corail ?

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Les couleurs du corail (Crédit : William Rafti of the William Rafti Institute).

Les couleurs du corail (Crédit : William Rafti of the William Rafti Institute).

Quelques millions d’années sont nécessaires à l’édification d’une barrière de corail, qui peut parfois atteindre jusqu’à 200 mètres de hauteur, comme en Nouvelle-Calédonie. Ces immenses barrières sont érigées “pas à pas” par les coraux, animaux minuscules appartenant à l’embranchement des cnidaires. Mais toutes les espèces n’en sont pas capables : seuls les scléractiniaires, également appelés coraux durs, sont les minutieux et fragiles artisans de ces magnifiques constructions.

Tout commence avec un polype mou, sorte de petite anémone au corps cylindrique et à la bouche entourée d’un anneau de tentacules, qui se fixe sur une roche ou sur de la lave solidifiée.

Le corail : un exosquelette calcaire

Il produit ensuite un exosquelette en calcaire de la forme d’une petite loge, qui lui servira de protection. Les polypes se divisent au cours du temps par bourgeonnement, mode de reproduction asexué, et forment ainsi des colonies coralliennes. Celles-ci s’agrandissent après chaque période de reproduction, construisant la barrière corallienne au fil des millénaires.

D’autres organismes comme les coquillages, les éponges ou les bryozoaires participent aussi à la construction de la barrière en ajoutant coquilles et débris calcaires. Lorsqu’une colonie meurt, les squelettes calcaires agglomérés restent, et cette structure sert éventuellement de base à la formation de nouvelles colonies. Les algues calcaires ont aussi un rôle très important à jouer dans l’élaboration des récifs coralliens en “colmatant” les squelettes abandonnés.

des algues nourricières

Le développement des coraux constructeurs s’effectue dans des conditions très précises : l’eau doit être limpide, bien oxygénée et sa température, comprise entre 20 et 30 °C, ne doit pas subir de variation, pas plus que le taux de salinité. En effet, les coraux ne supportent pas les “dessalures”, et c’est pour cette raison qu’on ne trouve pas de récif en face des embouchures de rivières. “Ils se situent préférentiellement en bordure de continent, autour des îles, ou plus généralement là où un relief sous-marin atteint la surface”, explique Pascale Chabanet, spécialiste des récifs coralliens à l’Institut de recherche pour le développement (IRD).

La zone propice doit également être bien éclairée et peu profonde car les polypes vivent en symbiose avec des algues microscopiques : les zooxanthelles. Grâce à leur capacité de photosynthèse, celles-ci leur fournissent l’oxygène et les nutriments dont ils ont besoin. C’est par leur intermédiaire que les polypes peuvent synthétiser le calcaire qui leur sert à construire leur exosquelette.

Le blanchiment du corail

En retour, ils offrent protection et nourriture à ces symbiotes logés dans leurs cellules. Mais la moindre modification du milieu peut mettre la vie du récif en danger : si l’eau devient plus chaude par exemple, à cause du dérèglement climatique, l’association des polypes et des algues se rompt. Les zooxanthelles sont alors expulsées, et cela peut conduire à la mort des polypes : ce phénomène particulier correspond au blanchissement corallien.

Pollution et surpêche viennent s’ajouter aux facteurs qui fragilisent les barrières car les coraux se développent près du littoral, zone qui s’urbanise de plus en plus. La partie vivante de la barrière peut ainsi disparaître très rapidement, remplacée le plus souvent par des algues.

G.A.

 

> Lire également :

 

> Lire aussi dans les Grandes Archives de S&V :

  • De la vie au cœur de la Terre — S&V n°1151, 2013. Quelle incroyable hypothèse : l’origine de la vie aurait pu avoir lieu sous la surface de notre planète ! Les microbes retrouvés dans les profondeurs de la croûte terrestre sont légion. Ils portent un nom aussi étrange qu’eux : les “intraterrestres”.

S&V 1151 - couv

  • Intelligence de la nature : la science s’y intéresse enfin – S&V n°1112, 2010. Revêtements antibactériens inspirés de la peau des requins, écrans inspirés des écailles des ailes des papillons… Les scientifiques comme les industriels planchent sur les secrets de fabrication à l’œuvre chez les êtres vivants.

S&V 1112 - biomimetisme

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Seniors, il n’y a pas d’âge pour faire de la gym !

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« No sport ! » Si la célèbre maxime de Winston Churchill, interrogé sur sa forme à l’âge de 80 ans, est restée célèbre, le cas fait pourtant figure d’exception. En effet, le maintien d’une activité physique régulière, et ce même à un âge avancé, reste un gage de bonne santé, au même titre que le respect d’une alimentation équilibrée et une bonne qualité de sommeil. Sportive de haut niveau, Véronique de Villèle – tout le monde se souvient du duo qu’elle formait avec Davina dans l’émission des années 1980 Gym Tonic – donne des cours de barre au sol à Paris depuis qu’elle a 33 ans. Les cours qu’elle dispense dans une ambiance joyeuse et décontractée font travailler tout le corps, des doigts de pied au sommet de la tête, sans oublier la mémoire et la…

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Qu’est ce qui fait que chacun a une odeur spécifique ?

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L’odeur de chaque individu, issue de son microbiome et de ses gènes, est unique (Ph. J. Digweed via Flickr CC BY 2.0).

L’odeur de chaque individu, issue de son microbiome et de ses gènes, est unique (Ph. J. Digweed via Flickr CC BY 2.0).

 

 

Il est vrai que chacun possède une odeur propre, une véritable signature, à l’instar des empreintes digitales. Les chercheurs de l’Institut d’éthologie Konrad-Lorenz de Vienne ont découvert en 2006 que 400 composés volatils forment un cocktail spécifique de l’odeur de chaque individu. Les composés ne semblent pas varier avec le temps, mais leurs proportions peuvent changer.

La singularité des odeurs corporelles s’explique par divers facteurs. Tout d’abord, il faut chercher au niveau des aisselles, où se concentrent un maximum de glandes sudoripares, appelées également mérocrines, qui expulsent la sueur via les pores.

L’odeur d’un cocktail de bactéries

Cette sueur n’acquiert une odeur qu’au moment où elle est transformée par les bactéries nichant sous nos aisselles. Or, la composition de cette microflore varie selon les individus et selon la chaleur ou l’humidité. Comme les bactéries en présence diffèrent en nature (diverses espèces bactériennes cohabitent) et en quantité, leur activité de transformation de la sueur excrétée, à l’origine inodore, a pour résultat l’élaboration d’odeurs différentes.

Cependant, d’autres facteurs sont avancés, sans être tout à fait démontrés scientifiquement… C’est le cas des gènes du complexe majeur d’histocompatibilité (CMH) qui codent des protéines à la surface des cellules, et qui sont spécifiques du soi du point de vue immunitaire. C’est grâce à elles que l’organisme ne s’attaque pas à ses propres cellules.

 Deux types d’odeurs ; celles de hommes et celles des femmes

Des études ont monté que les femmes, en étant attirées par des odeurs révélant un CMH différent du leur, contribuaient au brassage génétique. Par ailleurs, alimentation, hygiène de vie, âge et cycles menstruels font varier les proportions du cocktail de molécules. Mais globalement, selon une équipe de l’université de Genève, les odeurs humaines se classent en deux groupes : celui des hommes et celui des femmes.

En fonction du sexe, les précurseurs des odeurs sont libérés à des concentrations différentes. La sueur masculine contient plus de précurseurs d’une odeur faisant penser à du fromage, celle de la femme des précurseurs d’une odeur évoquant les fruits exotiques ou l’oignon. Quant à savoir le rôle de la singularité de l’odeur, les chercheurs écartent la possibilité que l’homme ait pu un jour marquer son territoire grâce à son odeur singulière car les différences chimiques sont plus importantes dans la sueur axillaire que dans l’urine ou la salive.

M.Cy.

 D’après S&V n°1103

 

> Lire aussi :

 

> Lire également dans les Grandes Archives de Science & Vie :

  • Dix odeurs primaires suffisent à tout sentir – S&V n°1157 – 2014. Et si les millions d’odeurs, de nuances et de parfums que l’on est capable de sentir se décomposaient en à peine 10 odeurs fondamentales ? A l’instar des couleurs, les odeurs semblent avoir une base réduite.

1157

  • Le nez sent ce qui n’a pas d’odeur – S&V n°1028 – 2003. Chez les mammifères, il existerait un “deuxième nez”, qui sent les phéromones, ces molécules volatiles… qui n’ont pas d’odeur.

1028

  • Microbes terrestres, voici le vrai microcosmos – S&V n°1161, 2014. De la toundra aux forêts en passant par les fonds marins, la surface de la Terre regorge de microbes aussi précieux qu’inconnus. Leur mille activités jouent un rôle clé dans les écosystèmes, sans même qu’on s’en aperçoive.

S&V 1161 - microbes terrestres

Au sommaire de Science & Vie n°1176

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  CŒUR : LES NOUVEAUX MIRACLES

 DE LA CHIRURGIE

 

Découvrez dans la suite de cet article le sommaire complet ainsi que les compléments que la Rédaction a souhaité apporter à votre dernier numéro de Science&Vie.

 

[AU SOMMAIRE]

Visuel-SOMMAIRE-ACTU

18 > Labos

Pluton n’est pas l’astre qu’on croyait ; à Arles, des fresques dignes de Pompéi témoignent de l’élite antique ; l’âge n’a pas d’effet sur nos empreintes ; chaque galaxie a bien un trou noir…

28 > Environnement

La première carte globale de la couverture nuageuse ; les grands aquifères se tarissent…

34 > Médecine

Nous n’avons pas toujours l’âge de nos organes ; le globule blanc a une fin explosive ; une thérapie génique contre la mucoviscidose a réussi…

38 > Technos

Un bouclier est en préparation pour les astronautes ; un laser réussit à tordre la foudre…

 

 

Visuels-SOMMAIRE-SCIENCE-SOCIETE

42 >  Echec des maths au collège [En savoir plus]

Les clés pour réussir malgré tout

46 >  Vaccins obligatoires ou recommandés 

Désormais, même les médecins doutent de la nécessité de vacciner

48 >  Débat sur le clonage des animaux de ferme 

La viande issue de clones est-elle comme les autres ?

50 > Essor de la voiture électrique

Le temps de charge freine encore les Français

 

Visuels-SOMMAIRE-A-LA-UNE

54 > LES NOUVEAUX MIRACLES DE LA CHIRURGIE DU CŒUR  [En savoir plus]

56 > Maladies du cœur : la première cause de mortalité mondiale

60 > Six exploits de la chirurgie cardiaque

 

Visuels-SOMMAIRE-SCIENCE-DECOUVERTE

70 > Astronomie [En savoir plus]
Systèmes solaires : voici les toutes premières échographies

73 > Virologie [En savoir plus]
Sida : et s’il était en train de pactiser avec l’homme ?

76 > Ecologie [En savoir plus]
Plancton : le plus vaste écosystème livre ses secrets

84 > Musicologie [En savoir plus]
Quand la biologie réécrit l’histoire de la pop music

 

Visuels-SOMMAIRE-SCIENCE-TECHNIQUES

90 > Energie [En savoir plus]
La France sans nucléaire, c’est possible !

100 > Elevage [En savoir plus]
Fin des quotas laitiers : voici les vaches laitières 2.0

106 > Véhicule du futur [En savoir plus]
Voiture volante : encore raté ?

 

Visuels-SOMMAIRE-SCIENCE-FUTUR

114 > Les premiers fruits et légumes cultivés sous l’eau ; un prototype de désalinisateur universel d’eau de mer arrive à tirer son énergie de la houle ; Paris pourrait s’offrir le plus haut gratte-ciel en bois du monde ; un drone “taxi” veut remplacer l’hélicoptère ; l’impression en 3D passe un cap en imprimant un pont…

 

Visuels-SOMMAIRE-CULTURE-SCIENCE

[PUBLICATIONS SCIENTIFIQUES, VIDÉOS, SITES WEB, LIVRES…]

Retrouvez les sources et les références essentielles pour approfondir les articles parus dans votre magazine.


ÉCHEC DES MATHS AU COLLÈGE

À LIRE

> La bosse des maths, de Stanislas Dehaene, édition Odile Jacob (2010), qui lève le voile sur le sens du nombre avec lequel l’homme vient au monde, qui est la base de toutes ses futures aptitudes mathématiques.

À CONSULTER

> Une étude parue dans PNAS, démontrant que les nourrissons sont capables de distinguer les quantités dès 49 heures d’existence

http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2700913/

> Un article sur l’enseignement des mathématiques et ses conditions d’efficacité, sur le site de l’Institut français de l’éducation de l’ENS de Lyon

http://educmath.ens-lyon.fr/Educmath

> Le site de l’équipe de recherche en didactique « Maths à modeler », qui présente de nombreuses stratégies pour l’enseignement des mathématiques et offres des outils (jeux sérieux, casse-têtes, situations de recherche) à expérimenter en classe où à la maison

http://mathsamodeler.ujf-grenoble.fr/accueil.html

> Les résultats de l’étude CEDRE réalisée en 2014, qui testait les connaissances en mathématiques de près de 8 000 collégiens français en fin de 3e

http://cache.media.education.gouv.fr/file/2015/26/0/depp-ni-2015-19-cedre-2014-mathematiques-college_422260.pdf

 

 

À CONSULTER

> Notre dossier s’appuie notamment sur un rapport de l’OCDE publié ces dernières semaines

http://www.oecd.org/health/cardiovascular-disease-and-diabetes-policies-for-better-health-and-quality-of-care-9789264233010-en.htm

http://www.oecd.org/fr/france/Maladie-cardio-vasculaire-et-diab%C3%A8te-Politiques-pour-une-meilleure-sant%C3%A9-et-qualit%C3%A9-des-soins-France.pdf

 

> Sur le cœur artificiel

Deux équipes travaillent actuellement sur une version de cœur artificiel qui fonctionnerait à flux continu :

Plusieurs chercheurs du Texas Heart Institute (Etats-Unis) regroupés dans une entreprise, baptisée Bivacor, détaillent leur projet sur leur site

http://bivacor.com/

 

Des chercheurs de la clinique de Cleveland (Etats-Unis) ont publié plusieurs résultats de leurs tests sur des animaux

http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2818003/

http://www.jhltonline.org/article/S1053-2498(14)00458-6/fulltext

Et l’une de leur prochaine publication est déjà annoncée ici

http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25806613

 

> Le cœur génétiquement modifié

Les premiers essais ont été menés dans le cadre de l’étude Cupid

http://www.nature.com/mt/journal/v19/n7/full/mt2011123a.html

Actuellement, de nouveaux tests sont en cours, menés notamment par l’équipe de Juventas Therapeutics aux Etats-Unis

http://juventasinc.com/sdf1.html

 

> La xénogreffe 

Une présentation des travaux financés par le NIH

http://irp.nih.gov/catalyst/v22i4/extending-organ-survival

 

> Les mini-pacemakers

http://www.medtronic.com/innovation/smarter-miniaturization.html

et

http://www.sjm.com/leadlesspacing/intl/options/leadless-pacing

 


ASTRONOMIE

À VENIR… 


VIROLOGIE

À CONSULTER

> L’étude de Jaclyn Mann publiée dans PNAS

http://www.pnas.org/content/111/50/E5393

 


ÉCOLOGIE

À CONSULTER

> Le site de Tara Expéditions, pour suivre au quotidien les missions scientifiques menées sur la goélette

http://oceans.taraexpeditions.org/

À VOIR

> Un site internet proposant de découvrir les vidéos de nombreux organismes planctoniques

http://www.planktonchronicles.org/fr

À LIRE

> Un beau livre mêlant photographies et informations scientifiques sur le plancton : Plancton – Aux origines du vivant, de Christian Sardet, 192 p., 39,90 €, éditions Eugun Ulmer

 


MUSICOLOGIE

À CONSULTER

> Le site du sociologue Gérôme Guibert, spécialiste de la musique populaire contemporaine

http://www.irma.asso.fr/Gerome-Guibert

> L’article scientifique de Matthias Mauch et son équipe

http://rsos.royalsocietypublishing.org/content/royopensci/2/5/150081.full.pdf

> L’article scientifique de l’université de Vienne sur les marqueurs universels de la musique

http://www.pnas.org/content/112/29/8987

 


À LIRE

> Le rapport qui brise le tabou (version provisoire)

http://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/rapport100enr_comite.pdf

À CONSULTER

> Ce lien permet de suivre en direct la production d’électricité en France (source RTE)

http://www.rte-france.com/fr/eco2mix/eco2mix-mix-energetique

 


ÉLEVAGE

À CONSULTER

> Une étude de l’Inra sur l’impact de la fin des quotas sur les types et les tailles d’exploitations laitières en France

http://prodinra.inra.fr/?locale=fr#!ConsultNotice:276949

> Les chiffres clés de la filière lait en France, sur le site de la Maison du lait

http://www.maison-du-lait.com/fr/chiffres-cles/filiere-laitiere-francaise-en-50-chiffres

> Une étude technico-économique de l’utilisation au quotidien d’un robot de traite (Centre de référence en agriculture et agrooalimentaire  du Québec)

http://www.agrireseau.qc.ca/bovinslaitiers/documents/Beauregard_Guy_AR.pdf

> La présentation des technologies développées par la société Medria pour le monitoring des vaches laitières

http://www.medria.fr/fr_FR/innovation/service-r-d.html

 

 

 


VÉHICULES DU FUTUR

À LIRE

> Les Voitures volantes de Patrick Gyger, éditions Favre, 192 pages, 38 € (ISBN : 2-8289-0842-9)

À VOIR

> Un documentaire sur le Maverick :

 

 

À CONSULTER

> Le site du projet Pegase de Vaylon : http://www.vaylon.fr

> Le site de Terrafugia : http://www.terrafugia.com

> Le site d’Aeromobil : http://www.terrafugia.com





























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Apprendre, oui, mais pourquoi ?

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« On apprend pour vivre, pas l’inverse »

Sylvain Connac, auteur d’Apprendre avec les pédagogies coopératives (ESF éditeur) est maître de conférences en sciences de l’éducation à l’université Paul Valéry, à Montpellier. Il interviendra aux États généraux sur le thème « Éduquer à la responsabilité ? »

Voici la question à laquelle tout élève devrait pouvoir répondre autrement que par des poncifs du style « pour avoir un bon métier », « pour faire plaisir à mes parents » ou « pour aider mes enfants à faire leurs devoirs plus tard ».

Mais quel est le sens de l’acte d’apprendre ? Devenir meilleur ? D’accord, mais l’érudition ne garantit pas la bonté humaine. Entrer dans la culture ? Certainement, mais à quoi servirait de vivre au sommet d’une tour d’ivoire des savoirs ? Réussir les concours ? Certainement, mais quelle tristesse, une scolarité ne servant qu’à préparer sa situation d’adulte…

Nous postulons qu’apprendre sert d’abord à transmettre. Les savoirs n’ont de saveur que lorsqu’ils alimentent la relation humaine. À la question «  Vit-on pour apprendre ou apprend-on pour vivre ? », nous optons pour la seconde proposition. Le fonctionnement d’une classe est alors bousculé. La coopération entre élèves s’active pour construire un réseau d’échanges de savoirs.

Les élèves sont autorisés à travailler à plusieurs et à s’aider. Ils travaillent à plusieurs face à des problèmes qu’aucun n’a su résoudre individuellement, ce qui conduit à réfléchir et se confronter à de nouvelles idées. Ils s’aident lorsque le besoin émerge, pour une consigne non comprise ou une question a priori insoluble si l’on est seul. Ainsi, ceux qui se font aider obtiennent des réponses à des questions qu’ils se posent, là où l’école magistrale essaie de répondre à des questions que les élèves ne se posent pas. Ceux qui aident se mobilisent pour faire un geste altruiste. À noter que c’est souvent ceux-ci qui apprennent le plus.

Il est cependant nécessaire que les élèves aient été préalablement formés aux attendus des gestes coopératifs et que l’enseignant ait construit une discipline de travail qui favorise le calme dans les échanges. À ce moment-là, les jeunes sauront pourquoi ils viennent au collège : pour apprendre, coopérer, échanger et ainsi, encore mieux apprendre.

« La finalité, c’est la construction de l’individu »

Michel Lussault est président du Conseil supérieur des programmes et directeur de l’Institut français de l’éducation. Il interviendra aux États généraux du christianisme, sur le thème « Peut-on réformer l’école ? »

À l’âge du collège, les jeunes sont confrontés à des changements très profonds de leur personnalité. Ils sont soumis à d’intenses sollicitations de la société des médias et de consommation. Tout cela est normal : l’attirance des adolescents pour ce qui se situe hors de l’école et la contestation de l’autorité ont toujours été ! Leurs relations aux programmes scolaires sont forcément ambiguës. La nostalgie d’une école pleine d’ados le doigt sur la couture du pantalon est une image d’Épinal : ce collège-là n’a jamais existé.

Au Conseil supérieur des programmes, nous n’avons pas postulé un dégoût des élèves pour les apprentissages. Dans les classes de maternelle et de primaire, l’appétit reste intact. Et chez les ados, la volonté d’apprendre est toujours là. Nous avons préféré insister sur l’engagement. Le défi consiste à mobiliser les élèves, corps et esprit, pour qu’ils acceptent de s’engager, de mobiliser leurs connaissances antérieures, scolaires, mais aussi ce qu’ils ont appris en dehors, dans leur famille et leurs activités extrascolaires.

L’apprentissage ne présuppose pas la passion ni l’engagement une appétence systématique. Il m’est arrivé de m’engager sans en avoir le goût, d’apprendre en m’ennuyant. On peut apprendre quelque chose qu’on ne goûte pas dès lors que la finalité vous apparaît clairement. La finalité de l’école, c’est la construction de l’individu, son épanouissement, sa capacité à faire des choix libres dans la société, la découverte possible de choses que l’on ne connaît pas.

Plutôt que du dégoût, nous observons chez les élèves en difficulté de grands handicaps linguistiques (et non cognitifs, car nous réfutons l’idée que certains seraient plus bêtes que d’autres) et une vraie fragilité sur les méthodes. Sur ces points, la réforme du collège s’engage clairement. La recherche de l’engagement des élèves doit être poursuivie malgré et même à cause de la grande hétérogénéité des élèves. C’est difficile, mais quel autre choix avonsnous ? Que risque-t-on à essayer ? Les bons élèves n’en deviendront pas moins bons. On « risque » juste de voir des élèves faibles devenir meilleurs. Cessons de nous lamenter sur les conditions de notre contemporanéité. Incorporons-y plutôt nos idéaux.

« Il faut bâtir une école des intelligences multiples »

Jean-Michel Blanquer est ancien directeur général de l’enseignement scolaire, directeur de l’Essec et auteur de l’École de la vie (Odile Jacob). Il interviendra aux États généraux du christianisme sur le thème « Peut-on réformer l’école ? »

L ’éducation est consubstantielle à la condition humaine. Toute personne naît démunie mais riche d’un grand potentiel cognitif et émotionnel. C’est l’entourage, la formation par les autres qui vont lui permettre de s’élever. De ce fait, toute éducation est une éducation à la liberté. Il y a donc une relation directe entre la condition humaine, la liberté et l’éducation. C’est la principale réponse à la question « Pourquoi apprendre ? »

Mais cette raison profonde n’est pas toujours immédiatement compréhensible. C’est pourquoi les méthodes et les formes de l’éducation doivent tenir compte de la particularité de chacun. D’un côté, on doit garantir à tous un socle commun de savoirs et de savoir-faire. De l’autre, il faut dessiner des chemins particuliers tenant compte de la diversité des personnes. Il faut donc bâtir une école des intelligences multiples. La véritable égalité consiste à pousser chacun vers  son excellence.  Il faut sortir des débats binaires, des oppositions factices, des prises de position caricaturales, et conjuguer des termes qui nous semblent si opposés, en France  : tradition et modernité, rigueur et liberté, exigence et bienveillance. C’est tout l’enjeu d’adopter une pédagogie différenciée, personnalisée, qui encourage l’élève et lui permette d’avancer à son rythme.

Ainsi, je préconise des parcours à géométrie variable au collège. Pourquoi ne pas remplacer les niveaux de 6e , 5e , 4e , 3e , par un cycle entier organisé en groupes de niveaux, en mathématiques, français, langues étrangères, etc.  ? Chacun pourrait progresser davantage dans ses matières fortes et consolider ses bases dans ses matières plus faibles. L’objectif étant toujours qu’il ait acquis le niveau minimum nécessaire, à l’issue de sa scolarité obligatoire.

Cela suppose plus de souplesse dans l’organisation, plus de liberté pour les acteurs de l’enseignement, quand notre système français demeure encore trop rigide et vertical. 

« Les élèves ont besoin de professeurs passionnés »

Jean-Paul Mongin est délégué général de SOS Éducation, association qui prône notamment la méthode syllabique. Il interviendra aux États généraux du christianisme sur le thème « Éduquer à la bienveillance ? »

À en croire la ministre de l’Éducation nationale, les élèves de France s’ennuient. Un peu au primaire, beaucoup au collège, où il serait donc nécessaire de déconstruire les savoirs disciplinaires et d’introduire la fine fleur de l’expérimentation pédagogique, classes inversées et tablettes numé- riques à l’appui, pour activer le premier facteur de la réussite scolaire, à savoir la « motivation pour apprendre ». Encore faudrait-il préciser que c’est dans le rapport au professeur que le désir de connaissance s’enracine et s’oriente – ce que signifiait le beau mot d’instituteur, malheureusement tombé quelque peu en désuétude.

Le meilleur professeur de français n’est pas celui qui guide de façon experte les enfants dans le repérage d’une succession de procédés stylistiques, mais celui qui leur permet une expérience littéraire, l’émerveillement face à la richesse du sens d’un texte. Le professeur de physique aura beau diversifier à l’envi les expériences qu’il propose à ses élèves, les faire travailler de manière collaborative, jeter des ponts entre disciplines, ce qu’il leur transmettra (ou non), c’est son amour de la science. Et je ne connais pas de philosophe qui ne doive sa vocation à la rencontre d’un maître en philosophie. Pour retrouver l’envie d’apprendre, les élèves ont avant tout besoin de professeurs passionnés. Si toutes les méthodes ne se valent certes pas, la fécondité du rapport pédagogique repose d’abord sur la cohérence et l’engagement des équipes éducatives. L’avenir est à une école dont les acteurs (parents d’élèves, professeurs, chefs d’établissement) se choisissent.

> Pour retrouver ces intervenants aux Etats généraux du christianisme, à Strasbourg du 2 au 4 octobre 2015, inscrivez-vous dès maintenant (et gratuitement) en ligne !

À découvrir le 26 août dans Science & Vie

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De miraculeux baumes au cœur

De nombreux travaux scientifiques sur le cœur ont été publiés ces derniers mois, sans que personne n’en entende vraiment parler… alors que les menaces (sédentarité, tabac, etc.) qui pèsent sur notre organe vital sont, elles, brandies haut et fort ! La bonne surprise de notre enquête, c’est qu’ont surgi des résultats spectaculaires, globalement tous prometteurs. Pour l’instant, les chercheurs gardent leurs trouvailles plutôt cachées, mais les exploits que vous allez découvrir mettent déjà du baume au cœur.

Caroline Tourbe  c.tourbe@mondadori.fr

Mais aussi…

Nucléaire : de nouveaux arguments pour un vieux débat

Cet aveu surprendra peut-être : le débat sur l’énergie en France nous ennuie ferme ! Les positions sont solidement installées, l’idéologie omni­présente, les intérêts industriels bien connus, les arguments toujours aussi caricaturaux. Les seules perspectives un tant soit peu audacieuses étant tracées sur le coin d’une table par quelques énergéticiens amateurs : citons le groupe de Bellevue à la fin des années 1970 ou l’association négaWatt aujourd’hui. Mais voilà que des chercheurs de premier plan s’emparent du sujet et simulent une “France sans nucléaire” – oui, vous avez bien lu. Cela devient tout de suite plus intéressant…

Vincent Nouyrigat  v.nouyrigat@mondadori.fr

 

Mathématiques à l’école : l’échec n’est pas une fatalité

Thomas Cavaillé-Fol  t.cavaille@mondadori.fr





























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