Des drones inconnus ont survolé sept centrales nucléaires françaises

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Une centrale nucléaire en Champagne-Ardenne / Ph. Barberousse93 via Flickr - CC BY SA 2.0

Une centrale nucléaire en Champagne-Ardenne / Ph. Barberousse93 via Flickr – CC BY SA 2.0

Depuis le mois de septembre, des drones non identifiés ont été remarqués au-dessus de plusieurs centrales nucléaires françaises. La compagnie électrique EDF a annoncé ce 29 septembre avoir porté plainte contre X pour dénoncer ces survols, interdits par la loi. Celle-ci est claire : en-dessous de 5 kilomètres de distance et 1000 mètres d’altitude, aucun engin volant ne peut s’approcher des sites nucléaires.

Et pourtant, des robots volants ont été observés par les équipes de surveillance d’EDF à plusieurs reprises, entre le 14 septembre et le 27 octobre, sur au moins sept centrales, du nord au sud, de l’ouest à l’est de l’Hexagone. Le 19 octobre, ce sont quatre centrales qui ont été survolées le même jour. Si EDF affirme avec certitude qu’il s’agit bien de drones, on ignore de quel type et de quelle taille de robots volants il s’agit. Et bien sûr, impossible pour l’instant de dire qui a piloté ces drones.

Greenpeace dément être impliquée cette fois-ci. L’organisation non gouvernementale mène depuis plusieurs années une campagne de sensibilisation aux failles de sécurité du secteur nucléaire français, notamment en introduisant des militants dans les centrales, ou en les survolant à l’aide de drones équipés de caméras. Dans un communiqué paru ce 29 octobre, l’ONG se dit inquiète de ces épisodes de survol non identifiés et ajoute même que des drones auraient été repérés au-dessus du site du CEA (Commissariat à l’Energie Atomique et aux Energies Alternatives) de Saclay (près de Paris), sur un site d’Areva et sur une une autre centrale : ce qui ferait monter à dix le nombre de sites survolés.

De son côté, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) explique que le survol des centrales n’entre pas dans son domaine de compétence, mais dans celui du Haut fonctionnaire de défense et de sécurité rattaché au ministère de l’Ecologie et de l’énergie, qui ne s’est pas encore exprimé. L’Armée de l’air a ouvert une enquête.

Bien qu’ils n’aient pas causé de dégâts, ces survols inquiétants montrent combien il est difficile de déceler de petis engins volants au-dessus des sites normalement très surveillés. Très discrets, rapides et silencieux, les drones se faufilent entre les ondes des radars, traçant leur trajectoire sans se faire repérer.

Pour l’instant, en écartant la piste peu probable du terrorisme, l’enquête sur l’origine des mystérieux engins observés par EDF s’annonce complexe, sachant qu’il n’existe pas de registre des drones civils appartenant aux particuliers. A l’avenir, ce genre de questions risque fort de se poser avec plus d’acuité : on estime qu’ils seront quelque 10 000 à sillonner le ciel d’ici à 2020 !

Une hausse exponentielle justifiée à la fois par la multiplication des modèles de drones civils mis sur le marché et par la baisse des prix. Or, les drones civils ont beau ne pas être armés, ils sont déjà en eux-mêmes des armes potentielles : simplement en chutant, d’une hauteur de 50 mètres par exemple, un objet pesant 2 kilogrammes peut blesser quelqu’un, voir l’assommer !

Sans compter que les drones n’embarquent, le plus souvent, aucune technologie à même de leur donner la capacité d’éviter les autres aéronefs.

F.G.

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  • La révolution drones - S&V n° 1160. Combien sont-ils ? A quoi servent-ils ? Comment les maîtriser ? Les drones pullulent déjà dans le ciel, comme une nuée de volatiles incontrôlables.

S&V 1160 couv drone

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Nouveau record de saut libre à 41 419 mètres d’altitude

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A 41 000 m d'altitude, le noir de l'espace est visible (Ph. Crowbared via Flickr CC BY 2.0)

Depuis la stratosphère, le noir de l’espace est visible (Ph. Crowbared via Flickr CC BY 2.0)

Vendredi dernier, l’Américain Alan Eustace, l’un des Vice-Présidents de Google, a battu les records du monde de saut en parachute le plus haut et de distance en chute libre (sans parachute) la plus longue : il s’est laissé choir à 41 419 mètres d’altitude avant d’ouvrir son parachute à 3804 mètres d’altitude, totalisant une chute libre de 37 615 mètres – ce qui lui a pris 4 minutes et 27 secondes. Selon les données fournies par les appareils de mesure (GPS, centrale inertielle, etc.), la caméra embarquée dans le casque du sauteur (voir la vidéo du saut) et le témoignage du Directeur de compétition de l’Association américaine de parachutisme, présent pour l’homologation officielle du saut, le cadre de chez Google a atteint une vitesse maximale de 1322 km/h durant sa chute, et franchi le mur du son 1,24 fois ponctué du fameux « bang » – que l’intéressé dit ne pas avoir ressenti bien que le phénomène ait été entendu au sol.

Pour se placer à 41,5 km, altitude correspondant à la partie supérieure de la stratosphère non loin de la stratopause (env. 50 km) qui délimite la fin de l’atmosphère intérieure, l’informaticien des réseaux de données s’est enfermé dans une combinaison pressurisée spécialement conçue, attachée directement à un ballon d’hélium qui l’a porté pendant environ 2 heures d’ascension – depuis Roswell au Nouveau-Mexique, connu justement pour ses phénomènes bizarres et apprécié des ufologues. Puis, le vice-président a fait lui-même sauter son lien avec le ballon (via un micro-explosif), initiant le grand saut…

Le record de saut ouvre la voie à un nouveau genre de tourisme spatial

Quel est l’intérêt d’un tel exploit si ce n’est faire la publicité au déjà tentaculaire moteur de recherche ? A en croire Alan Eustace, cela n’a rien à voir. Et à sa décharge, il faut dire que l’homme a préparé son coup en secret (de Google) durant trois ans, collaborant uniquement avec une équipe restreinte d’ingénieurs d’une société tierce, le Paragon Space Developpment Corporation. Tenue par un ancien participant à la folle expérience Biosphère 2, l’objectif de Paragon est de concevoir d’ici à 2016 des combinaisons spatiales autonomes viables à 35 km d’altitude, dans le contexte d’un tourisme spatial en plein développement.

Si l’intérêt publicitaire n’est pas exempt de l’expérience, Alan Eustace semble aussi puiser son inspiration du coté du Pr. Tournesol. Car le modèle qui a inspiré à Hergé ce personnage, le Pr. Auguste Piccard, fut le premier a conquérir la stratosphère à bord d’une cabine surmontée d’un ballon (à hydrogène) : son record fut de 16 201 m (ou 16 940 m, selon les mesures), remporté le 18 août 1932. Si à l’époque, Piccard et son assistant Max Cosyns n’avaient pas prévu de sauter (sauf involontairement), et si les moyens techniques étaient bien différents  (à cette altitude, ils devaient répandre de l’oxygène liquide sur le sol de la cabine pour pouvoir respirer), l’exploit inspira les sauteurs.

Le colonel Joseph Kittinger sautant à 31 000 mettre d'altitude  (U.S. Air Force photo)

Le colonel Joseph Kittinger sautant à 31 000 mettre d’altitude (U.S. Air Force photo)

Ainsi, en août 1960, le pilote de l’US Air Force Joseph Kittinger (photo) gravit 31 330 m d’altitude à bord d’une cabine de type Piccard pour s’élancer dans le vide – il détient toujours le record du temps de chute libre le plus long, avec 4 minutes 32. Et en octobre 2012, l’Autrichien Felix Braumgartner, également à bord d’une cabine, monta jusqu’à 38 969 m pour s’élancer – il détient encore le record de vitesse de chute libre, avec une pointe à 1358 km/h. Finalement, l’exploit d’Alan Eustace se situe à mi-cheval entre l’intérêt économique et l’aspiration à l’aventure et au dépassement, dans cet entre-deux où germent actuellement les plus fous projets de tourisme spatial.

R.I.

 

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  • Tourisme spatial: c’est parti !- S&V n°1007.En 2001, un milliardaire américain est le premier civil dans l’espace. Science & Vie anticipe les progrès à venir et détaille les différents moyens d’ouvrir l’espace au grand public

 

  • Tourisme dans les étoiles – S&V n°959. En 1997, Science & Vie esquisse ce que sera le tourisme spatial… pour lequel tout reste à inventer ! Les lanceurs « bi-étages » ont alors la préférence des concepteurs, mais aucun prototype n’a encore été construit.

Une fusée de la NASA explose au décollage, tandis qu’une fusée russe réussit son lancement

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La fusée Antares embarquant la capsule Cygnus, trois jours avant son lancement. / Ph. NASA Goddard Space Flight Center via Flickr - CC BY 2.0

La fusée Antares embarquant la capsule Cygnus, trois jours avant son lancement. / Ph. NASA Goddard Space Flight Center via Flickr – CC BY 2.0

A quelques heures de distance la nuit dernière, deux fusées ont été lancées en direction de la Station spatiale internationale (ISS). La première, une fusée Antares lancée par la société privée Orbital Sciences pour le compte de la NASA, a explosé 6 secondes seulement après sa mise à feu, à 23h32 (heure de Paris).  La seconde fusée, lancée quelques heures plus tard au Cosmodrome de Baïkonour (Kazakhstan), est une Soyouz russe qui a décollé sans encombres. Elle devrait atteindre l’ISS dans la journée.

Sur la base de lancement américaine Wallops (Virginie, est des Etats-Unis), personne n’est heureusement blessé. Mais la capsule Cygnus embarquée dans la fusée contenait 2,2 tonnes de fret d’une valeur de 200 millions de dollars. En plus des vivres et du matériel de ravitaillement pour les 6 astronautes vivant actuellement dans l’ISS, elle devait transporter des équipements destinés à mener des expériences scientifiques.

Cependant, les astronautes ne sont pas en danger, car ils disposent d’importantes réserves leur garantissant une autonomie de plusieurs mois. D’autant que la cargaison du Soyouz russe qui devrait arriver à bon port aujourd’hui comporte elle aussi de la nourriture, de l’oxygène et du carburant – en plus du matériel scientifique.

Les soupçons visent déjà les moteurs de la fusée, extraits d’anciennes fusées… russes

L’accident de la nuit dernière est le premier depuis que la NASA a commencé à sous-traiter les lancements à des entreprises privées il y a six ans. Immédiatement après l’explosion, il a été annoncé qu’une enquête sera menée pour élucider les causes de l’accident, avec l’aide d’Orbital Sciences. Cette dernière avait mené à bien ses deux précédents lancements cette année. L’agence spatiale américaine a aussi souligné que sa collaboration avec les privés n’est pas remise en question. Deux contrats d’une valeur totale de 3,5 milliards de dollars avaient été signés en 2008 par la NASA avec les entreprises Orbital Sciences et Space X, afin qu’elles assurent une douzaine de lancements chacune à destination de l’ISS.

Or, les fusées utilisés par ces deux entreprises sont propulsées par des moteurs… russes, modèle NK-33. Ceux-ci proviennent des anciennes fusées N1, destinées à transporter des astronautes, dont les quatre lancements entre 1969 et 1972 avaient tous échoué, enterrant ainsi le rêve russe de poser le pied sur la Lune. Inutilisés, les moteurs de ce modèle ont été rachetés par des compagnies spatiales privées, car ils se prêtent à être installés dans des fusées à grande capacité d’emport. Ainsi, aux Etats-Unis, des voies critiques se lèvent contre ces moteurs soviétiques, comme le rapporte le Washington Post. Les Russes, eux, utilisent dans leurs fusées actuelles des versions plus modernes de ces mêmes moteurs.

Depuis le début de la guerre en Ukraine, les rapports entre les Russes et les Américains se sont considérablement gâtés, compromettant le bon fonctionnement des missions de la Station spatiale internationale. Quinze pays y collaborent à des expériences scientifiques. En mai dernier, l’agence spatiale russe Roskosmos a annoncé qu’elle se désengagera de l’ISS dès 2020. Ainsi, la question demeure ouverte de savoir comment seront expédiés dans l’espace les astronautes à l’avenir, puisque pour l’instant, seuls les Soyouz russes sont en mesure de le faire.

F.G.

> Lire aussi dans les Grandes Archives de S&V :

  • Space Launch System, la fusée ultime – S&V n°1165. La NASA tente de changer de stratégie en pariant sur une fusée de 3000 tonnes, la plus puissante de tous les temps (et aussi la plus coûteuse). Elle devrait être prête pour 2017.

S&V 1165 Space Launch System

S&V 1162 vols spatiaux

  • Juillet 1914 : Robert Goddard invente la fusée moderne – S&V n°1162. La fusée a 100 ans ! On doit sa forme actuelle à un jeune physicien américain, qui déposa un brevet d’une fusée transportant une deuxième fusée, allégée et plus rapide… qui permettra aux ingénieurs après lui d’envoyer des hommes dans l’espace.

S&V 1162 fusée Goddard

 

 

La France risque le black-out électrique dès l’année prochaine

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La France court le risque de se retrouver éclairée à la bougie (Ph. Christopher Selac via Flickr CC BY 2.0)

Dans certains foyers, la bougie pourrait retrouver toute son utilité ces prochains hivers (Ph. Christopher Selac via Flickr CC BY 2.0)

Deux rapports mettent en garde certains pays européens, dont la France, contre le risque de black-out électrique durant les prochains hivers. Concrètement, si l’hiver 2015-2016 est rude, il n’y aura peut-être pas assez d’électricité pour tout le monde en France (et dans d’autres pays européens). Et le risque sera le même pour les hivers suivants, au moins jusqu’en 2018…

Les deux rapports, la 16e édition annuelle de l’Observatoire européen des marchés de l’énergie publiée le 27 octobre par la société Capgemini, l’un des leaders mondiaux du conseil, et  le Bilan 2014 publié en septembre par le Réseau de transport d’électricité (RTE, filiale d’EDF), parviennent en effet aux mêmes conclusions alarmistes. Notamment, dès l’hiver 2016-2017, en cas de pic de consommation, il pourrait manquer à la France environ 2000 méga-watts (MW), soit l’équivalent de la production de deux réacteurs nucléaires comme ceux de la centrale de Tricastin (qui en compte quatre). Des coupures sont donc à craindre dont l’étendue et la durée dépendraient du manque net d’électricité mais aussi de son effet déstabilisateur sur l’ensemble de réseaux électriques interconnectés.

 Un réseau électrique doit se tenir en équilibre entre le risque de black-out par manque et d’un black-out par surcharge.

De fait, la distribution de l’électricité est problématique car la fée bleue ne peut pas être stockée. Elle doit donc être produite au moment où elle est nécessaire, grâce à des centrales très réactives (à gaz, à fioul, hydrauliques, etc.). Comme un réseau électrique, national ou transnational, est constitué d’une multitude de producteurs et de consommateurs (foyers et industries), le paramètre essentiel d’une bonne distribution est l’équilibre : à tout moment il faut injecter dans les réseaux assez d’électricité, sinon c’est le black-out, mais il ne faut pas en injecter trop, au risque de surcharger des réseaux parfois au bord de la vétusté (black-out également).

Comme il est impossible de prévoir exactement les besoins, surtout ces fameux pics de consommation d’hiver dont l’amplitude ne cesse de croître d’année en année, la gestion de la production et de la distribution se fait en temps réel, par ajout ou exclusion d’un producteur dans le réseau, le tout piloté par un régulateur national – en France,  RTE. A l’échelle transnationale européenne c’est un ensemble d’entreprises qui gère la distribution et l’échange entre réseaux nationaux, dont l’interconnexion est une priorité inscrite récemment au « Paquet énergie-climat 2030« . Mais qu’il soit local, national ou transnational, un réseau électrique est toujours en position d’équilibre instable à cause de ses deux fragilités endémiques : l’impossibilité de stocker l’électricité et celle de prévoir la demande.

Or selon les rapports de Capgemini et de RTE, le risque de manque s’est accru ces dernières années pour atteindre aujourd’hui un seuil critique. Le résultat d’une addition de multiples facteurs, comme l’augmentation constante de la consommation d’électricité (+1,2% par an) et la grand variabilité de la demande et des usages en pleine mutation à cause de la révolution numérique. Mais pour expliquer le manque net en électricité qui risque de nous plonger dans le noir, les études évoquent d’autres facteurs plus circonstanciels. Par exemple, le spectre brandi par Vladimir Poutine d’une coupure de la livraison du gaz vers l’Europe à cause de la crise ukrainienne pourrait devenir bien réel. D’ores et déjà l’Europe cherche à alléger sa dépendance au gaz russe (qui est de 30 %), sans encore avoir trouvé comment compenser le manque.

Une perte de capacité de la production européenne équivalente à 50 centrales nucléaires d’ici 2016

Mais peut-être les facteurs les plus importants du manque à venir sont la crise économique et, paradoxalement, l’exigence européenne de monter la part des énergies renouvelables à 20 % dans la production d’électricité en 2020 (et 27% en 2030). Par exemple la France a perdu son partenaire électrique principal, l’Allemagne, qui ne peut plus nous ravitailler ponctuellement et rapidement depuis qu’elle s’est engagée dans sa mutation vers le « zéro nucléaire ». Et les réseaux belges sont trop saturés pour pouvoir prendre la relève.

Selon les experts, les deux facteurs (crise et énergie renouvelable) se conjuguent pour mettre la pression sur les centaines de centrales thermiques, à fioul ou gaz, qui jusque-là assuraient la réactivité du réseau – les centrales d’énergie renouvelable (éoliennes, géothermiques, photovoltaïques) n’ont pas cette capacité de réaction rapide en cas de pic de demande. Les études constatent que des dizaines de ces centrales thermiques ont dû fermer en 2013, par manque de subventions et par réglementation de plus en plus contraignante, privant le réseau européen de 20 000 méga-watts (20 centrales nucléaires), une perte de capacité qui devrait plus que doubler d’ici à 2016 (50 000 MW).

R.I.

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  • Récupérer l’énergie au quotidien – S&V n°1122 – En cas de nécessité, voici un plan B pour éviter de se retrouver dans le noir : récupérer sous forme d’électricité une partie de l’énergie que notre corps dépense au quotidien.

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Procès autour de la ferme des mille vaches : quel est l’intérêt de la méthanisation ?

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Des vaches laitières dans une ferme industrielle. La ferme des mille vaches en contiendra jusqu'à 500. / Ph. Stéphane Mignon via Flickr - CC BY 2.0

Des vaches laitières dans une ferme industrielle. La ferme des mille vaches en contiendra jusqu’à 500. / Ph. Stéphane Mignon via Flickr – CC BY 2.0

Des centaines de manifestants sont réunis depuis ce matin devant le Palais de justice d’Amiens. Neuf agriculteurs, membres de la Confédération paysanne, sont jugés au tribunal correctionnel pour des dégradations commises en septembre 2013 et mai 2014 sur le chantier de la « ferme des mille vaches ». Cette usine laitière inaugurée en septembre dans la campagne de la Somme est à l’origine d’une vague de contestations depuis sa conception il y a trois ans.

Le concept ? Élever dans une seule exploitation agricole un millier de vaches laitières ainsi que leurs petits (veaux et génisses) pour produire du lait, et dans le même temps récupérer leurs excréments pour produire de l’énergie électrique. Cette dernière est obtenue à partir du gaz qui se dégage du fumier et du lisier, via un processus appelé « méthanisation ».

Les bénéfices d’une telle ferme sont doubles : le coût de production du lait est faible (30 % moins cher que la moyenne) et l’énergie électrique ainsi produite est rachetée par EDF à un prix très avantageux (deux fois le prix du kilowatt-heure normal). Depuis le Grenelle de l’environnement en 2011, la méthanisation jouit en effet de fortes subventions en France, qui seront maintenues par la loi de transition énergétique.

Quel est l’intérêt écologique de la méthanisation ?

La méthanisation a pour objectif de réduire l’émission de gaz à effet de serre (GES) des élevages, qui constitue 20 % du total des émissions de la planète, en réutilisant les gaz dégagés par le lisier et le fumier. Et par la même occasion, de produire de l’énergie électrique « verte », et du matériel d’épandage naturel pour fertiliser les champs.

Pour ce faire, de la biomasse (d’origine animale ou végétale) est entreposée dans une cuve (le méthaniseur), à une température comprise entre 30 et 40 °C, où par un processus chimique de digestion anaérobie elle produit du biogaz (un mélange de méthane et de gaz carbonique). Celui-ci peut ensuite être employé pour générer de l’énergie électrique, comme c’est le cas à la ferme des mille vaches.

En France, les méthaniseurs déjà présents dans les campagnes produisent en moyenne 0,2 mégawatt. Celui de la ferme des mille vaches devait être sept fois plus puissant que cela (1,4 MW), mais suite aux contestations, l’autorisation préfectorale a finalement plafonné cette valeur à 0,6 MW. Pour fonctionner à plein régime, un méthaniseur de cette taille nécessite d’un apport de biomasse supplémentaire en plus des excréments des vaches élevées sur place.

Déchets agricoles, ménagers ou hospitaliers, voire boues industrielles ou chutes de graisse animale provenant des abattoirs… cette biomasse a doit être transportée sur place, ce qui se fait par camion. Ainsi, plus elle vient de loin, plus les émissions de gaz à effet de serre augmentent. Et s’il est vrai qu’à défaut d’être méthanisés ces déchets serait incinérés ou mis en décharge (deux traitements plus polluants), une analyse menée l’année dernière par l’Irstea a montré que lorsqu’ils sont méthanisés, ils produisent un digestat (produit final) deux à trois fois plus émetteur d’azote par rapport à la méthanisation du lisier seul. Or, l’azote est un polluant des eaux et de l’air bien connu.

Les agriculteurs et écologistes s’opposent surtout au gigantisme de la ferme des mille vaches

De leur côté, les agriculteurs et les écologistes mobilisés contre la ferme des mille vaches dénoncent surtout la taille impressionnante de la ferme des mille vaches. Ce genre d’exploitations d’élevage intensif transforme d’après eux les fermes en usines. Ce qui pose aussi des problèmes sur le plan du bien-être animal, puisque les vaches ne sortiront jamais des hangars pour brouter l’herbe.

Finalement, la ferme de toutes les polémiques a ouvert discrètement en septembre dernier. Elle n’est autorisée qu’à contenir 500 vaches laitières, plus leurs petits, pour un cheptel total de 800 animaux.

F.G.

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S&V 1163 méthanisation

  • Il est temps de réduire les gaz du bétail - S&V n°1095. Véritable usine à gaz, une vache peut émettre, en ruminant, plus de 100 kg de méthane ! Intervenir sur leurs gènes, leurs écosystèmes gastriques, leur alimentation… Voici les pistes envisagées pour réduire ces « fuites » peu écologiques.

S&V 1095 émissions méthane bétail

  • Mort aux vaches ! - S&V n°907. La « sauterelle à sabots » : ainsi l’écologiste américain Jeremy Rifkin qualifie-t-il la vache, qu’il considère comme l’ennemi n° de l’homme dans son ouvrage Beyond Beef.

S&V 907 vaches Rifkin

  • Effet de serre : les vaches plus que l’industrie – S&V n°876. L’effet de serre est un phénomène tout ce qu’il y a de plus naturel. Mais dans la part des activités humaines, l’accent est mis sur l’industrie, et on fait l’impasse sur l’agriculture… Or les élevages tout comme les rizières sont fortement émettrices de GES, surtout si elles sont intensives !

S&V 876 effet de serre vaches

 

 

 

Le ciel du mois de novembre 2014

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Trois galaxies sont visibles à l’œil nu dans le ciel de novembre. La Voie lactée, bien sûr, mais aussi M 31 d’Andromède et M 33 du Triangle. Illustration S&Vie.

Trois galaxies sont visibles à l’œil nu dans le ciel de novembre. La Voie lactée, bien sûr, mais aussi M 31 d’Andromède et M 33 du Triangle. Illustration S&Vie.

Novembre. C’est la période idéale pour tenter de voir des galaxies à l’œil nu… D’abord, la galaxie d’Andromède, M 31, sœur jumelle de la Voie lactée, qui passe au zénith de l’Europe entre 22 h et minuit. Des conditions idéales, par une claire nuit sans Lune, et sous un ciel pur de campagne, sont nécessaires pour apercevoir, à l’œil nu, un astre situé à… 2,5 millions d’année-lumière, soit près de 25 milliards de milliards de kilomètres ! La galaxie d’Andromède est une spirale, comme la Voie lactée, et elle compte plusieurs centaines de milliards d’étoiles. Cette immense agglomération stellaire fonce vers la Voie lactée à plus de 400 000 km/h, la collision, puis la fusion, entre les deux galaxies interviendra dans quatre milliards d’années. M 31 possède aussi deux grands satellites, M 32 et NGC 205, qui sont bien visibles dans de simples paires de jumelles.

A 2.5 millions d'années-lumière, la galaxie d'Andromède est visible à l’œil nu. De part et d'autre de l'immense spirale, M 32 et NGC 205, satellites, sont observables dans de simples paires de jumelles. Photo S.Brunier.

A 2.5 millions d’années-lumière, la galaxie d’Andromède est visible à l’œil nu. De part et d’autre de l’immense spirale, M 32 et NGC 205, ses satellites, sont observables dans de simples paires de jumelles. Photo S.Brunier.

Non loin d’elle, dans la constellation du Triangle, se trouve une galaxie un peu plus distante, 2,7 millions d’années-lumière. C’est une spirale, aussi, comme la Voie lactée et M 31 d’Andromède, mais sa masse est beaucoup moins importante. M 33 du Triangle est, elle aussi, perceptible à l’œil nu, par une nuit exceptionnellement pure, mais une telle observation exige une très bonne vue, et beaucoup d’habitude…

Grande et pâle, la galaxie du Triangle est très difficile à percevoir à l’œil nu. Au bout de l'un de ses bras spiraux, en haut et à gauche, NGC 604, l'une des plus grandes nébuleuses actuellement connues dans l'Univers. Photo NOAO.

Grande et pâle, la galaxie du Triangle est très difficile à percevoir à l’œil nu. Au bout de l’un de ses bras spiraux, en haut et à gauche, NGC 604, l’une des plus grandes nébuleuses actuellement connues dans l’Univers. Photo NOAO.

La galaxie spirale M 33 – voir le numéro de Science et Vie de novembre – possède l’une des plus grandes nébuleuses connues dans l’Univers local. NGC 604 mesure 1500 années-lumière de diamètre et est tellement lumineuse qu’elle peut être vue dans un petit télescope de 200 à 400 mm de diamètre comme une petite tache ronde, se fondant dans le gris pâle de la spirale. Un astre ténu, mais une observation bouleversante pour un astronome amateur…
Mais combien de galaxies peuvent-être vues à l’œil nu ? En fait, personne n’en sait rien. Il y a, d’abord, la nôtre, la Voie lactée. Puis, dans l’hémisphère sud, les deux Nuages de Magellan, des galaxies naines, proches de la nôtre. Ensuite, bien sûr, M 31 et M 33. Mais certains astronomes amateurs, à la vue particulièrement aiguisée et affûtée, perçoivent aussi les galaxies M 81 et M 82 de la Grande Ourse… D’autres galaxies brillantes, comme NGC 253 ou NGC 5128, dans l’hémisphère sud, sont, peut-être, elles aussi, perceptibles à l’œil nu à plus de dix millions d’années-lumière.
Serge Brunier

L'extraordinaire nébuleuse NGC 604, photographiée par le télescope spatial Hubble. Photo Nasa/ESA/STSCI.

L’extraordinaire nébuleuse NGC 604, photographiée par le télescope spatial Hubble. Photo Nasa/ESA/STSCI.

Contestation du barrage de Sivens : combien d’eau consomme l’agriculture française ?

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L'agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale), l'une des espèces protégées habitant la zone humide du Testet, sur laquelle devrait surgir le barrage de Sivens. / Ph. Gilles San Martin via Wikimedia Commons - CC BY SA 2.0

L’agrion de Mercure (Coenagrion mercuriale), l’une des espèces protégées habitant la zone humide du Testet, dans laquelle devrait être aménagé le barrage de Sivens. / Ph. Gilles San Martin via Wikimedia Commons – CC BY SA 2.0

A Sivens, dans le Tarn, la contestation autour d’un projet de barrage est à son comble. Des affrontements violents ont eu lieu le weekend dernier entre manifestants et forces de l’ordre, provoquant la mort d’un jeune opposant. Aujourd’hui, un rapport d’experts présenté à la préfecture du Tarn juge « de qualité très moyenne » l’étude d’impact qui a précédé le projet de barrage de Sivens. Commandé par le Ministère de l’Environnement et réalisé par deux ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts, le rapport préconise d’apporter d’importantes modifications au projet, dont les travaux ont commencé en septembre.

Destiné à créer un réservoir d’1,5 million de mètres cubes d’eau pour irriguer les terres cultivées avoisinantes, le barrage sera construit sur le Tescou (un affluent de la rivière Tarn). Le but du Conseil général du Tarn, qui porte le projet, est de sécuriser les besoins en eau des activités agricoles dans le secteur, principalement des cultures maraîchères. Or, les auteurs de l’analyse présentée aujourd’hui estiment que ce barrage-réservoir ne bénéficiera qu’à 40 exploitations : c’est la moitié de ce qui était initialement annoncé.

Sur place, 34 hectares ont déjà été défrichés. Les opposants, organisés autour du Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet, ont multiplié les manifestations pour défendre les 13 hectares de zone humide menacés par le projet de barrage. Située entre la forêt de Sivens et les prairies naturelles permanentes sur lesquelles sont installés les champs agricoles, la zone humide du Testet est baignée par des eaux très pures qui alimentent un écosystème riche en biodiversité. Elle est l’habitat de plus de 90 espèces protégées dans le département.

En France, l’agriculture consomme 48 % de l’eau disponible

D’après Eaufrance, le service public français d’information sur l’eau, le secteur de l’agriculture consomme 48 % de l’eau disponible dans le milieu naturel, le reste étant partagé entre les collectivités (24 %), la production d’énergie (22 %) et l’industrie (6%). Les besoins de l’agriculture pour l’irrigation des champs varient selon la météo de l’année, se situant en moyenne autour de 2 880 millions de mètres cubes pour l’ensemble des terres agricoles hexagonales.

Sur les centaines de barrages présents sur le sol français, environ la moitié sont destinés à l’irrigation. Une cartographie détaillée de tous les ouvrages présents sur les cours d’eaux est disponible sur le site du Ministère de l’environnement.

Les hommes construisent des barrages depuis des millénaires, les premières traces de telles infrastructures remontant à la civilisation égyptienne (3000 ans avant J.-C.). Outre les dégâts écologiques et humains qu’entraîne souvent leur construction – destruction et pollution des écosystèmes, inondation de zones habitées, voire de sites archéologiques (à l’instar de l’imposant barrage des Trois-Gorges, sur le fleuve Yangzi en Chine), ils peuvent aller jusqu’à provoquer des tremblements de terre dans des régions auparavant non sismiques. Cela a été le cas à Monteynard (Ysère) en 1963 (magnitude 4,9) ou à Konya (Inde) en 1967, lorsqu’un séisme de magnitude 6,3 a entraîné la mort de 200 personnes.

F.G.

> Lire aussi dans les Grandes Archives de S&V :

  • Quand l’homme fait trembler la Terre… – S&V n°1099. Zimbabwe, Grèce, Inde, Thailande… autant de pays où des séismes ont secoué la terre suite à la construction d’un barrage. Sous l’effet de la pression, et lubrifiées par l’eau, les failles se mettent à bouger !

S&V 1099 couv tremblements de terre

  • Le point sur les barrages – S&V n°1087. Il existe 800 000 barrages dans le monde, dont 40 % destinés à l’irrigation. Comment fonctionnent-ils ?

S&V 1087 les barrages point sur

  • Barrage du Yangzi, on l’appelle déjà la nouvelle Muraille de Chine – S&V n°1019. Destiné à fournir 10 % de l’énergie électrique de la Chine, le barrage des Trois-Gorges a demandé un chantier pharaonique, obligeant 1,5 million d’habitants à émigrer, engloutissant une vingtaine de villes et comportant des problèmes de pollution des eaux considérables.

S&V 1019 barrage trois-gorges

 

 

Changement d’heure : utile, anecdotique ou carrément néfaste ?

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Chaque année, le changement d'heure en été ou en hiver soulève des questions (Ph. Alan Cleaver via Flickr CC BY 2.0)

Chaque année, le changement d’heure en été ou en hiver soulève des questions (Ph. Alan Cleaver via Flickr CC BY 2.0)

Ce dimanche matin, une seconde après 02 : 59 : 59, il était 02 : 00 : 00. Comme chaque année à la même époque nous avons donc « perdu » une heure en passant à l’heure d’hiver. Techniquement, cela signifie qu’il faut reculer d’une heure toutes les montres et réveils qui ne sont pas connectés à la Toile – ces derniers se règlent automatiquement. Comme chaque année également certains se demandent à quoi cela sert-il, mais surtout : est-ce utile ? Et la réponse est toujours la même : difficile à dire.

Remarquons d’abord que le problème se pose pour l’heure d’été et non pas pour l’heure d’hiver : cette nuit la France n’a fait que revenir dans son fuseau horaire légal, celui qui a un rapport avec la position du Soleil dans notre voûte. Ce fuseau est noté UTC+1, signifiant que l’heure de la France équivaut au « Temps universel coordonné plus une heure » ou plus simplement : l’heure qu’il fait à Greenwich, une petite banlieue de Londres, auquel on rajoute une heure. En effet, pour des raisons historiques ce bourg londonien a été pris comme référence planétaire pour calculer l’heure en fonction du Soleil – mais tout autre point du Globe aurait fait l’affaire.

Le fait est qu’à midi à Greenwich, ou 12:00:00 UTC, le Soleil se trouve le plus à la verticale possible du village, quoi qu’en réalité il faudrait descendre vers le sud de Greenwich (sur son méridien) jusqu’à l’équateur, soit en plein centre du Mali, pour qu’à 12:00:00 UTC le Soleil soit exactement à la verticale.Pour des raisons de convention aussi bien que de sens de rotation de la Terre par rapport au Soleil, la France a adopté l’heure légale UTC+1, ce qui signifie qu’à midi à Greenwich (et dans tout le Royaume-Uni et les pays se situant sur le Méridien de Greenwich), il est 13:00:00 chez nous – ce qui n’est astronomiquement vrai qu’en Alsace et en Corse.

La science a du mal à se prononcer sur les conséquences du changement d’heure

C’est donc l’heure d’été, quand on avance nos montres d’une heure par rapport à l’heure légale de la France (UTC+1), qu’on agit pour ainsi dire « contre nature ». Ce choix, qui plonge aussi dans l’histoire, est devenu systématique depuis 1976, pour des raisons d’économie d’énergie : par un calcul complexe sur les consommations, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) a établi en 2009 que le passage à l’heure d’été permettait d’économiser 440 gigawatts-heure (GWh), soit la consommation de 800 000 ménages pendant un an (environ 3 % des ménages français).

Mais la Commission européenne a commandée une grande étude sur la question, car elle s’interroge sur l’impact réel du changement d’heure à l’échelle du continent. Un gain qui, s’il est avéré, serait à mettre en regard avec certains inconvénients biologiques et psychologiques que des études épidémiologiques semblent prouver mais de manière plus ou moins indirecte et partielles, ce qui empêche la communauté scientifique de se prononcer à l’unisson.

L’opinion publique est majoritairement contre.

Ainsi, l’on évoque l’existence dans les semaines suivant le changement d’heure de perturbations dans l’apprentissage chez les plus jeunes (également cette étude), de risques accrus de crise cardiaque, d’augmentation des accidents de la route, voire d’une augmentation du nombre de suicides… Le tout lié aux perturbations (réversibles au bout de quelques jours) des rythmes du sommeil et des rythmes biologiques (circadiens). La science ne pouvant pas encore étayer par une démonstration robuste l’existence d’un impact positif ou négatif direct du changement d’heure sur nous et nos économies, c’est l’opinion publique qui a force de vérité : selon un récent sondage OpinionWay pour Comprendre Choisir, 54% des Français sont contre le changement d’heure, 19% sont pour, et 27% ne voient aucun intérêt à ce débat.

Il reste que, s’il fallait éliminer le changement d’heure, nombre de systèmes informatiques devraient être reprogrammés, comme à l’époque du « bug de l’an 2000« , et le changement d’heure d’été – car c’est lui qui serait éliminé – priverait les amateurs de lumière de voir encore le Soleil à 22:00:00, aux alentours du 21 juin. Nous vivrions pour ainsi dire dans une heure d’hiver éternelle.

R.I.

> Lire également dans les Grandes Archives de S&V :

  • Le tempo des origines bat en nous – S&V n°1124 – Les problèmes de décalage horaire sont liés à notre « horloge circadienne » qui régit nos rythmes biologiques en fonction de l’alternance de la lumière solaire. Cette horloge serait présente dans tous les êtres vivants depuis les origines.

S&V1124

  • Pourquoi le temps passe de plus en plus vite ? - S&V n°1109 – Quand on parle de l’heure, fait-on référence à une mesure physique extérieure où à une autre grandeur, plus intérieure, qui n’a qu’un rapport lointain avec la première ? Quand le temps devient un phénomène neurologique.

S&V1109

S&V1072

 

L’Union européenne a signé un accord historique sur le climat

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L’accord sur le climat signé à Bruxelles redore le blason d’une Europe unie (Ph.Sébastien Bertrand via Flickr CC BY 2.0)

Les chefs d’État et de gouvernement des 28 pays membres de l’Union européenne ont signé ce vendredi à l’aube l’accord sur le « Paquet énergie-climat pour 2030″ préparé par la Commission européenne et négocié pendant des mois. A l’avant-garde de la lutte contre le réchauffement climatique, c’est un exemple d’entente qui devrait peser dans le futur Sommet international sur le climat prévu à Paris en décembre 2015.

En substance, voici les principaux points prévus par l’accord à l’horizon 2030 :

 1- Réduire d’au moins 40% les émissions de gaz à effet de serre par rapport à celles de 1990

2- Augmenter la part de la production d’énergie renouvelable et verte à 27%

3- Augmenter l’efficacité énergétique de 27% par rapport à sa valeur en 2007

4- Augmenter le taux d’interconnexion pour l’établir à 15%

Explications : par « efficacité énergétique », il faut entendre la réduction des pertes d’énergie dans les réseaux, les bâtiments, les appareils, etc. Et par « interconnexion », la circulation et l’échange d’énergie entre pays membres.

C’est assurément une réussite car jeudi soir encore, il restait bien des obstacles à surmonter pour mettre au diapason les différents pays d’un espace couvrant 4,5 millions de km2, peuplée de plus de 506 millions d’habitants (7,3% de la population mondiale) et représentant la première puissance économique mondiale avec un PIB d’environ 17 000 milliards de dollars (chiffres de 2012), soit 23% du Produit brut mondial. En termes d’émission de dioxyde de carbone (CO2), principal gaz à effet de serre d’origine humaine (hors la vapeur d’eau), l’Europe occupe la 3e place derrière la Chine et les États-Unis (et devant l’Inde et la Russie), responsables respectivement de 24%, 16% et 11% du total mondial des émissions (données 2010) estimé cette année à 37 (+/- 2) milliards de tonnes.

L’accord sur le climat est une réussite politique. Mais peut-il réellement infléchir la courbe du réchauffement ?

L’Union européenne étant loin d’être homogène, l’accord global se décline à l’échelle plus locale en une multitude de sous-accords tenant compte des particularités, ce qui signifie autant de négociations ardues en vue d’une adaptation de chaque pays. Par exemple, la Pologne, gros émetteur de gaz à effet de serre car sa production énergétique est basée à 90% sur le charbon, pourrait bénéficier, outre d’une aide, de crédits-carbone gratuits (quotas d’émission), par ponction sur les quotas d’autres pays ayant de bonnes capacités à réduire leurs émissions, comme l’Allemagne. En termes d’interconnexion, les négociations locales devraient également être tendues – par exemple les réseaux de l’Espagne et du Portugal sont aujourd’hui isolés car la France a protégé de la concurrence son producteur EDF.

L’accord à 2030 signé vendredi est donc une réussite politique, dont l’objectif principal est…2015 et son Sommet mondial sur le climat à Paris (Conférence Paris Climat 2015). Il s’agit d’inciter les États-Unis et la Chine à s’inscrire plus franchement dans la lutte contre le réchauffement climatique. Car si l’UE a réussi à réduire de 18% ses émissions de gaz à effet de serre depuis 1990, les deux autres pays ont vu celles-ci augmenter : de 8% pour les États-Unis et de 24% pour la Chine. De quoi relativiser la belle réussite européenne.

Les projections actuelles montrent qu’il sera difficile d’éviter un réchauffement d’au moins 2 °C d’ici à 2100

Ce d’autant plus que les organisations non gouvernementales (ONG) impliquées dans la lutte contre le réchauffement, regroupées sous la bannière Climate Action Network (CAN), ont signalé par la voix de son antenne française, le Réseau Action Climat-France (RAC-F), l’insuffisance de l’accord au regard des enjeux, lesquels avaient été rappelés crument en avril 2014 par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

Dans son rapport sur les mesures nécessaires pour atténuer l’effet de réchauffement, le cinquième en date depuis 1990 et fort de quelque 20 000 études et projections réalisées par 800 chercheurs, le GIEC signalait que même en réduisant de 40% à 70% d’ici à 2050 les émissions mondiales de gaz à effet de serre (pour les rendre nulles en 2100) et en multipliant par 3 ou 4 la production d’énergie renouvelable, nous n’éviterions pas un réchauffement de l’ordre de 2 °C à l’horizon 2100, avec son cortège de phénomènes (montée du niveau des mers, évènements climatiques extrêmes, etc.) dramatiques pour les humains (insécurité alimentaire, problèmes sanitaires, conflits, déplacements migratoires massifs) et les espèces vivantes. La réussite européenne n’est finalement qu’un pas modeste, mais néanmoins bien réel, dans le grand défi qui nous attend.

R.I.

> Lire également dans les Grandes Archives de S&V :

(pour accéder à l’aperçu de l’article, cliquez sur l’image. Pour lire la totalité de l’article, rendez-vous dans les Grandes Archives de S&V)

GA

  • Les molécules cachées du réchauffementS&V n°1160 – Depuis une dizaine d’années les chercheurs découvrent dans l’atmosphère des molécules industrielles passées jusqu’ici inaperçues, responsables également de l’effet de serre qui réchauffe la planète.

S&V1160

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SV1144

SV1137

Lune : La Chine a lancé un module spatial qui doit revenir sur Terre

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A la base spatiale chinoise de Xichang, lancement d'une fusée Long March 3B, la même qui a projeté le module 4M dans l'espace cette nuit.

A la base spatiale chinoise de Xichang, lancement d’une fusée Long March 3B, la même qui a projeté le module 4M dans l’espace cette nuit.

Elle a décollé la nuit dernière à 2 heures du matin, heure locale de la base spatiale de Xichang (province du Sichuan, centre-ouest de la Chine). C’est la première sonde spatiale chinoise destinée à se placer en orbite lunaire et puis à revenir sur la Terre. Après un trajet aller de 380 000 km, le module fera un demi-tour de la Lune, puis rentrera sur Terre. En tout, le voyage durera huit jours.

Très peu d’informations ont été dévoilées par la Chine. Baptisée 4M, cette mission lunaire est aussi la première à être financée par une société privée, LuxSpace, basée au Luxembourg. L’agence de presse « Chine nouvelle », explique qu’elle représente une étape importante pour l’agence spatiale chinoise, la CNSA (China National Space Administration). Celle-ci prépare depuis longtemps la mission Chang’e 5 (du nom de la déesse lunaire de la mythologie chinoise), prévue pour 2017, qui a pour but d’aller collecter des échantillons lunaires.

La Chine prépare des missions lunaires de plus en plus poussées

Le module qui vient d’être lancé est surveillé de près pour vérifier le bon fonctionnement de ses technologies. Considérée comme la plus délicate, la phase de retour sur Terre sera cruciale : l’engin  devra se poser en Mongolie intérieure (une province du nord de la Chine) après avoir résisté au passage à travers l’atmosphère terrestre. A une vitesse estimée de 11,2 km/s, la friction sera énorme, risquant de faire surchauffer la capsule… et les pilotes à terre d’en perdre le contrôle.

La mission 4M a aussi pour objectif de faire participer le public : le module, d’une charge utile de 14 kg, émettra un signal radio tout le long de son voyage, que les radioamateurs pourront capter à l’aide de matériel très basique.

A plus long terme, l’objectif chinois d’envoyer des hommes sur la Lune est visé pour après 2025. L’an dernier, déjà, a été marqué par le lancement de Chang’e 3, qui a déposé sur le sol lunaire le « rover » Yutu. Après s’être perdu, puis avoir redonné des signes de « vie », le « lapin de jade » est immobilisé depuis le 25 janvier dernier.

F.G.

> Lire aussi dans les Grandes Archives de S&V :

S&V 1162 vols spatiaux

  • La Chine va se poser sur la Lune – S&V n°1555. En lançant la sonde Chang’e 3 vers la Lune, l’objectif de la Chine est moins scientifique que… politique. Ce qu’elle veut décrocher là-haut, c’est sa place parmi les grandes nations spatiales.

S&V 1555 Chang'e 3

  • La nouvelle donne de la conquête spatiale – S&V n°1064. Installer une base lunaire, poser le pied sur Mars… les États-Unis ne manquent pas de glorieux projets de conquête spatiale. Seront-ils suivis par l’Europe, la Chine, le Japon ?

S&V 1064 conquête spatiale