Un ventilateur rafraîchit-il vraiment l’air ?

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Ph. Corbis

Ph. Corbis

En fait, contrairement à ce que l’on pense, les ventilateurs ne refroidissent pas l’air, ils le mettent seulement en mouvement ! Pis, ce faisant, ils augmentent les frottements des molécules d’air et l’échauffent.

“Certes, cette agitation des molécules n’a pas de conséquence thermique perceptible à température ambiante, mais dans une petite chambre froide de 1 mètre cube à –30 °C, un ventilateur peut élever la température de 1 °C”, explique Jocelyn Bonjour, directrice du Centre d’énergétique et de thermique de Lyon (CETHIL).

Reste que s’il ne rafraîchit pas l’air, le ventilateur peut tout de même nous apporter une agréable sensation de fraîcheur quand la température ambiante d’une pièce est élevée. Pour le comprendre, il faut savoir que lorsque nous transpirons, les pores de notre peau évacuent la chaleur corporelle vers l’air environnant via l’évaporation de la sueur.

Il produit des mouvements de convection de l’air, qui rafraîchissent la peau

Or, l’air chaud monte vers le plafond de la pièce. Ainsi, les molécules d’air chauffé et humidifié par contact avec notre corps transpirant suivent un mouvement de convection et s’élèvent vers le plafond. L’action des pales d’un ventilateur va alors entraîner l’air chaud au loin et accentuer le phénomène de convection.

Résultat, un courant d’air sec chasse en permanence l’air humide qui nous entoure, permettant à la sueur de s’évaporer plus vite… ce qui augmente la sensation de fraîcheur. 

K.J.

Conduire la nuit est-il vraiment dangereux ?

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Automobile Lights on Foggy Night

Ph. Henrik Trygg/Corbis

Oui. En moyenne, en France, un tiers des accidents de la route se produisent la nuit alors qu’elle ne concentre que 10 % à 20 % du trafic global ! Et selon les chiffres de la sécurité routière, le créneau le plus dangereux se situe entre 4 h et 6 h du matin. Plusieurs facteurs sont impliqués.

La fatigue, d’abord, puisque la vigilance du conducteur est à son minimum entre 2 h et 5  h du matin. Dans cet intervalle, le risque de somnolence est accru. Pour autant, la fatigue ne se manifeste pas uniquement la nuit : la moitié des accidents sur autoroute liés à la somnolence surviennent entre 14 h et 16 h.

L’alcool, qui se consomme davantage en fin de journée, entre également en jeu. Ainsi, en 2012, 48 % des accidents mortels avec alcool ont eu lieu la nuit. Surtout le week-end et les jours fériés, où le chiffre grimpe jusqu’à 58,4 %.

De nuit, les routes plus dégagées incitent à accélérer

Par ailleurs, le trafic plus fluide et les routes plus dégagées donnent un sentiment de toute puissance qui incite à prendre de la vitesse, principal ennemi de la sécurité routière. Enfin, alors que notre vue baisse la nuit, les feux de croisement n’éclairent en moyenne qu’à 50 mètres, contre 100 mètres pour les feux de route.

Certaines études préconisent néanmoins de réduire les éclairages publics routiers pour renforcer l’attention des conducteurs et les faire ralentir. Mais d’autres ont montré que le manque de visibilité empêche surtout d’anticiper d’éventuels obstacles.

Les plus exposés des usagers nocturnes de la route restent en effet les piétons et les cyclistes, bien que peu nombreux. Les piétons trouvent la mort deux fois plus en décembre qu’en juin, en partie à cause des journées raccourcies.

Les animaux sauvages sont également à l’origine de nombreux accidents. La plupart des collisions impliquant le grand gibier surviennent au crépuscule, souvent en hiver. Les chevreuils sont les plus concernés, ainsi que les sangliers, dont les yeux ne réfléchissent pas la lumière, contrairement à ceux des cervidés.

L.G.

Que sait-on exactement de la pollution des mers liée aux matières plastiques ?

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Ph. Gary Bell/Corbis

Ph. Gary Bell/Corbis

Un premier chiffre : sur les quel que 288 millions de tonnes de plastique produites en 2013 dans le monde, 10 % se retrouveront dans les océans, faute de recyclage. Soit près de 30 millions de tonnes par an !

Or, si des décharges de plastiques envahissent les mers, dans l’indifférence générale, des études récentes montrent qu’elles menaceraient toute la chaîne alimentaire, et peut-être l’homme. Le problème n’est pas nouveau. Dès 1997, le marin américain Charles Moore repère dans l’océan Pacifque une zone d’accumulation de déchets plastiques.

Ces derniers, en provenance des côtes et des feuves, rejoignent la mer et sont attirés par les mouvements circulaires (les gyres) des grands courants océaniques comme le Gulf Stream. Depuis, quatre autres zones où la concentration en plastique est très élevée ont été localisées sur les deux hémisphères.

La plus grande, située en plein Pacifque Nord, à 3 000 km des côtes californiennes, et baptisée le “septième continent”, s’étend sur une superfcie de six fois celle de la France ! Elle concentre 18 000 morceaux de plastique par kilomètre carré ; ce qui représente 5 kg de plastique pour 1 kg de plancton !

En surface, on ne saisit pas l’étendue des déchets plastiques

Pourtant, en surface, on ne voit que quelques bouteilles flotter de ci, de là. Mais c’est sous l’eau que cet iceberg de déchets devient cauchemardesque : une gigantesque soupe de plastique contenant des débris de quelques millimètres, voire micromètres, s’étend jusqu’à 30 m de profondeur !

Et selon les chercheurs, si aucune mesure n’est prise, ce gyre du Pacifque Nord pourrait atteindre la taille de l’Europe d’ici une vingtaine d’années. Peu étudié, faute d’intérêt et de financements, cette soupe de déchets cache des dangers insidieux qui commencent tout juste à être révélés.

Soumis aux courants et au rayonnement solaire, ils se désagrègent en particules de plus en plus minuscules. Or, celles-ci contiennent des substances toxiques (phtalates, bisphénol A…), mais aussi des polluants (PCB…).

Bilan ? 35 % des poissons collectés dans le gyre du Pacifque Nord auraient ingéré du plastique. Pis, une étude menée dans la Manche a révélé que la même proportion de poissons était intoxiquée au large des côtes britanniques.

Or, ces poissons font partie de la chaîne alimentaire. Ils sont mangés par des prédateurs, comme les thons, qui parfois migrent. Et parfois aussi par d’autres espèces… y compris l’homme. Si les chercheurs n’ont pas encore pu établir que les molécules toxiques des plastiques avalés par les poissons se retrouvent dans l’organisme humain, ils le soupçonnent fortement.

M.V.

Pourquoi la pluie vient-elle après les éclairs d’un orage ?

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La foudre ébranle le ciel lors d'un orage au-dessus du Grand Canyon - Ph. Scott Stulberg/Corbis

La foudre ébranle le ciel lors d’un orage au-dessus du Grand Canyon – Ph. Scott Stulberg/Corbis

D’abord les éclairs et la foudre, puis le tonnerre. La pluie, si elle tombe, ne vient qu’après. Pourquoi ?

Parce que la formation des éclairs dépend des mêmes conditions atmosphériques orageuses : des courants ascendants chauds et de la vapeur d’eau en grande quantité, réunis au sein d’un cumulonimbus qui peut s’étendre sur des kilomètres de haut.

Si l’atmosphère est humide et que de gros écarts de température existent entre le sol et l’air, les nombreuses molécules d’eau qui composent ce lourd nuage – elles peuvent peser jusqu’à des centaines de milliers de tonnes ! – sont entraînées par les courants ascendants.

En se séparant, les molécules d’eau génèrent un champ électrique dans le ciel

Les plus fines parviennent rapidement au sommet en se chargeant positivement, les plus lourdes stagnent à la base et se chargent négativement, donnant au nuage son aspect gris menaçant. C’est en se séparant ainsi que les molécules d’eau engendrent un champ électrique au sein du cumulonimbus, dont l’éclair est la conséquence.

L’éclair décharge en quelques millisecondes la tension électrique accumulée, et les coups de foudre s’abattent sur la terre qui s’est chargée positivement en réponse à l’activité intense au-dessus d’elle.

De leur côté, les fines particules d’eau ont continué de s’élever dans l’atmosphère. Sous l’effet du refroidissement des températures en altitude, elles se condensent en gouttes de pluie, grésil, voire grêle. D’où pluie et éclairs simultanés.

Mais tous les orages ne s’accompagnent pas de pluie…

Reste que, comme le souligne Frédéric Nathan, prévisionniste à Météo France, on peut avoir des éclairs sans avoir de précipitations”. C’est ce qui arrive par temps très sec, lorsque les molécules accumulées au sommet du nuage ne sont pas assez nombreuses pour se condenser, mais que les frottements issus de leur différenciation en fonction de leur masse entraînent de facto une activité électrique.

On parle alors de nuage orageux et non pas de cumulonimbus, car la quantité d’eau présente dans l’atmosphère n’est pas suffisante.

M.Go.

A vélo, descend-on plus vite si on est lourd ?

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Des cyclistes sur les Dolomites / Ph. ThomasGrner/F1 Online/Corbis

Des cyclistes sur les Dolomites / Ph. ThomasGrner/F1 Online/Corbis

Si on compare un cycliste lourd et un cycliste léger lancés dans une même descente, c’est le cycliste le plus lourd qui va le plus vite ! Une masse plus élevée est en effet plus difficile à ralentir. De quoi faire tomber Galilée de haut.

Mais si le physicien toscan a montré que, dans le vide, la masse d’un objet n’a pas d’incidence sur sa vitesse de chute (le plomb tombe aussi vite que les plumes), les cyclistes, eux, ne roulent pas dans le vide… Sur la route, en plus de son propre poids qui le fait accélérer au fil de la pente, le cycliste se trouve confronté aux forces de frottement de l’air et de la route qui le ralentissent.

En pratique, seuls comptent les frottements de l’air sur le corps du cycliste et sur le vélo, plus importants que ceux produits par le contact des pneus sur le sol. On pourrait donc penser que les cyclistes les plus gros – qui présentent une surface au vent supérieure, et donc subissent un frottement plus important – vont moins vite que leurs concurrents plus légers.

Mais cet effet est beaucoup moins important qu’un autre, purement mécanique lui, qui donne aux plus massifs un avantage décisif dans la descente, que ce soit à vélo, en ski alpin ou en chute libre.

Même à égalité de frottement, le cycliste plus lourd descendra plus vite

Imaginons deux cyclistes en haut d’une pente, un lourd et un léger, mais de même taille, équipés du même matériel et se tenant de la même manière sur leur vélo. Bref : subissant les mêmes frottements. Selon Galilée, même si leur poids diffère, l’attraction terrestre les “tire” tous les deux avec la même force vers le bas.

Pourtant, Jean-Claude Grandidier, professeur de mécanique à l’Ecole nationale supérieure de mécanique et d’aérotechnique de Poitiers, est formel“Même si on applique la même force de frottement de l’air pour ralentir leur descente, le premier à s’arrêter sera le plus léger.”

Pourquoi ? “Parce qu’en pleine descente et à résistance aérodynamique égale, il est plus difficile de ralentir le cycliste entraînant une masse élevée que celui dont la masse est plus faible”, répond le spécialiste. Il ne faut en effet pas confondre la “masse inertielle”, qui désigne la capacité de résistance au mouvement, avec la “masse pesante”, qui mesure la quantité de matière du cycliste et du vélo.

Une question d’inertie et pas de poids

“Ce n’est pas une question de poids, mais d’inertie au mouvement, insiste Jean-Claude Grandidier. Ce distinguo est crucial car ce sont deux phénomènes physiques distincts.” Si la différence de “masse pesante” ne joue aucun rôle dans la course, celle de “masse inertielle” est décisive : comme il est plus difficile de faire bouger un chariot plein de plomb qu’un chariot plein de paille, il est plus difficile de freiner un cycliste lourd.

Du fait de sa plus grande masse inertielle, il évacuera plus facilement l’air censé le freiner. Corollaire : un cycliste plus léger aura plus de mal à chasser l’air qui s’oppose à lui. C’est donc bien le cycliste le plus lourd, et donc le plus difficile à ralentir, qui arrivera en bas de la pente le premier.

Dans la montée, en revanche, les effets de la masse inertielle deviennent négligeables par rapport à ceux de la masse pesante. Et ce sont bien des kilogrammes en plus que le cycliste le plus lourd devra faire l’effort de monter en haut de la colline…

J.G.

Le ciel du mois d’août 2014

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Le ciel du mois de août 2014, entre 23 h et 2 h du matin. Au dessus de l’horizon sud, brille Antarès du Scorpion, dominée par la Voie lactée.

Le ciel du mois de août 2014, entre 23 h et 2 h du matin. Au dessus de l’horizon sud, brille Antarès du Scorpion, dominée par la Voie lactée.

Aux latitudes boréales européennes, le mois d’août est idéal pour contempler le ciel. Beau temps, températures douces, et surtout nuits plus longues permettent de découvrir, en début de soirée, tout le ciel d’été, et, passé minuit, de faire quelques incursions dans le ciel d’automne…
Vers l’horizon ouest, Mars et Saturne se mêlent aux feux du couchant, puis, plein sud, dès la nuit venue, la brillante étoile Antarès invite à découvrir le cœur de la Galaxie. La zone d’Antarès, c’est l’une des plus belles régions du ciel. Un camaïeu vertigineux de bleu, de jaune d’or, d’orangé, de violine, et de gris cendré. Auréolant littéralement Antarès, le nuage de Rho Ophiuchi étend ses volutes colorées en pleine Voie lactée. L’étoile supergéante rouge, parfaitement visible à l’œil nu, même en pleine ville, sert de guide, au cœur des nuits d’été : elle passe au dessus de l’horizon sud entre 22 h et 1 h du matin. Mais si l’étoile est brillante, le nuage de Rho Ophiuchi, lui, est invisible à l’œil nu ou aux jumelles, demeure très pâle ans dans un télescope d’amateur et ne révèle sa splendeur qu’à la photographie, plus sensible que l’œil humain… Ses nébuleuses s’étendent sur une soixantaine d’années-lumière, et sont situées à environ 450 années-lumière de la Terre.

Au cœur de la Voie lactée, la nébuleuse de Rho Ophiuchus auréole l'étoile supergéante rouge Antarès, visible en bas et à gauche du nuage interstellaire. Photo Stéphane Guisard/ESO.

Au cœur de la Voie lactée, la nébuleuse de Rho Ophiuchus auréole l’étoile supergéante rouge Antarès, visible en bas et à gauche du nuage interstellaire. Photo Stéphane Guisard/ESO.

Complexes, tourmentées comme des nuages d’orage, les nébuleuses de Rho Ophiuchi sont entrain, aujourd’hui, de former des étoiles… Dissimulées dans les langes gazeux, plus de cinq cents sources infrarouges, trahissant la formation, par condensation et effondrement du gaz interstellaire, de jeunes étoiles, ont été repérées. Les astronomes, qui étudient Rho Ophiuchi depuis une trentaine d’années, ont réalisé qu’ils avaient sous les yeux l’un des sites de formation stellaire les plus proches, les plus récents et les plus fertiles de toute la Voie lactée : ces astres qui vont bientôt souffler le gaz autour d’eux et se mettre à briller ont cent mille à un million d’années seulement !

Serge Brunier

L’Etat responsable des décès d’animaux dus aux algues vertes

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Une plage bretonne couverte d'algues vertes

Une plage bretonne couverte d’algues vertes / Ph. Ludo29880 via Flickr – CC BY SA 2.0

Pour la première fois, la justice a reconnu la responsabilité de l’Etat français dans les conséquences sanitaires de la prolifération des algues vertes sur les côtes. La cour administrative d’appel de Nantes l’a condamné à indemniser M. Petit à hauteur de 2 200 € plus les frais de justice.

Cet homme avait perdu son cheval lors d’une promenade sur la plage de Saint-Michel-en-Grève, dans les Côtes d’Armor, où il s’était rendu en 2009. Le cheval avait péri dans une vasière profonde de 1,5 mètre, enfoncé jusqu’à l’encolure. Le gaz toxique sulfure d’hyrogène (H2S), dégagé par les algues en putréfaction qui l’entouraient, a entraîné sa mort, comme l’a prouvé l’autopsie : les poumons de l’animal étaient remplis de sang.

M. Petit, lui, avait également été intoxiqué par ce gaz. En septembre 2011, deux rapports avaient prouvé que le sulfure d’hydrogène est responsable des décès d’animaux observés ces dernières années sur les plages (sangliers, ragondins et blaireaux).

En cause, la pollution découlant des élevages intensifs

Sur les côtes bretonnes, l’Ineris avait mesuré des concentrations de gaz jusqu’à 3 000 mg/m3. Or, à partir de 2 400 mg/m3, celui-ci peut être létal pour l’homme. Des constatations renforcées par les observations de l’ANSES, auteure du second rapport.

Si les plages de Bretagne sont chargées d’algues vertes, principalement Ulva armoricana, la cause est à rechercher dans les pratiques agricoles de la région, très vouée à l’élevage porcin. Les cours d’eaux et les côtes subissent les effets de la pollution générée par le lisier des porcs : riche en dérivés de l’azote, il favorise la croissance des algues par un phénomène connu sous le nom d’eutrophisation.

La directive européenne sur les nitrates, qui encadre cette pollution, n’a peut-être pas été suffisamment respectée dans la région, de l’aveu du ministre de l’agriculture lui-même, Stéphane Le Foll. Les éleveurs de porcs ont normalement l’obligation de restreindre les périodes d’épandage de lisier dans les champs, et de le stocker le reste du temps.

La Cour européenne de justice à Bruxelles devrait se prononcer en septembre pour décider si la France n’a pas suffisamment fait respecter la loi, et la sanctionner le cas échéant.

F.G.

> Lire aussi :

Algues vertes S&V 1125

Algues vertes S&V 1092

S&V 1006 Algues vertes

Avant-propos de Science & Vie N°1163

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SEXE ET MÉDECINE, L’IMPARDONNABLE OUBLI !

Bien sûr, on s’en doutait un peu. Biologiquement parlant, un homme n’est pas une femme. Pour autant, leurs différences ne se résument pas à leurs seuls attributs sexuels, loin s’en faut. Jusqu’où hommes et femmes sont-ils différents ? Bien au-delà de ce que nous imaginions. Les travaux des biologistes dont nous rendons compte dans notre dossier offrent à cette question une dimension insoupçonnée. Ils démontrent qu’hommes et femmes sont différents au plus profond d’euxmêmes, que chacune de nos cellules se comporte différemment selon que l’on est de sexe masculin ou de sexe féminin. Hommes et femmes ? Deux biologies humaines jouant une partition différente !

Etant restée jusqu’ici parfaitement sourde à ces différences fondamentales, il n’est pas étonnant que la médecine soit passée à côté de cette vérité essentielle. Qui sait que les femmes ne ressentent pas forcément de vives douleurs dans la poitrine en cas d’infarctus ? Qu’une demi-dose de vaccin anti-grippe les protégerait tout autant en leur infligeant moins d’effets secondaires ? Que la prise d’aspirine ne produit pas les mêmes effets chez les hommes et chez les femmes ? A l’issue de notre enquête, notre regard sur la médecine a changé. Une médecine principalement faite par des hommes et pour des hommes. Disons-le : une médecine sexiste.

ARCHIVAGE GOOGLE : L’IMPOSSIBLE OUBLI ?

Suite à la décision de la Cour de justice de l’Union européenne du 13 mai dernier, chacun peut demander aux moteurs de recherches sur Internet de supprimer les liens le  concernant. Et ce sont des dizaines de milliers d’internautes qui ont déjà fait savoir à Google, par voie de formulaire, qu’ils souhaitaient exercer leur nouveau “droit à l’oubli”. Une demande qui sera pourtant difficile à satisfaire…

AMNESIE INFANTILE: L’OUBLI NECESSAIRE

Quel âge aviez-vous lors de votre premier souvenir ? 4 ans ? 3 ans ? Rarement moins (sauf chez les femmes, qui ont souvent des souvenirs plus précoces – décidément…). Des neurobiologistes viennent de découvrir les raisons pour lesquelles cette amnésie infantile n’épargne personne. Et, pour une fois, l’oubli est salutaire.

>> Consulter le sommaire de ce numéro

Au sommaire de Science & Vie n°1163

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Benedix, Frank, Rainer Kube, Frank Meyer, Uwe Schmidt, Ingo Gastinger, et Hans Lippert. « Comparison of 17,641 Patients With Right- and Left-Sided Colon Cancer: Differences in Epidemiology, Perioperative Course, Histology, and Survival: » Diseases of the Colon & Rectum 53, no 1 (janvier 2010): 57‑64. doi:10.1007/DCR.0b013e3181c703a4.

 http://www.nature.com/doifinder/10.1038/ajg.2009.650

Singh, Harminder, Zoann Nugent, Salaheddin M Mahmud, Alain A Demers, et Charles N Bernstein. « Predictors of Colorectal Cancer After Negative Colonoscopy: A Population-Based Study ». The American Journal of Gastroenterology 105, no 3 (mars 2010): 663‑673. doi:10.1038/ajg.2009.650.

> Etude sur les différences entre filles et garçons de l’effet de l’exposition prénatale au plomb

http://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0378378209000772

Jedrychowski, Wieslaw, Frederica Perera, Jeffery Jankowski, Dorota Mrozek-Budzyn, Elzbieta Mroz, Elzbieta Flak, Susan Edwards, Anita Skarupa, et Ilona Lisowska-Miszczyk. « Gender Specific Differences in Neurodevelopmental Effects of Prenatal Exposure to Very Low-Lead Levels: The Prospective Cohort Study in Three-Year Olds ». Early Human Development 85, no 8 (août 2009): 503‑510. doi:10.1016/j.earlhumdev.2009.04.006.

> Etude sur les différences de vitesse de développement des embryons entre filles et garçons

http://doi.wiley.com/10.1002/mrd.1120120308

Tsunoda, Y., T. Tokunaga, et T. Sugie. « Altered Sex Ratio of Live Young after Transfer of Fast- and Slow-Developing Mouse Embryos ». Gamete Research 12, no 3 (1985): 301‑304. doi:10.1002/mrd.1120120308.

> Trois études sur le sexe des neurones

http://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0169328X03003395

Dewing, Phoebe, Tao Shi, Steve Horvath, et Eric Vilain. « Sexually Dimorphic Gene Expression in Mouse Brain Precedes Gonadal Differentiation ». Molecular Brain Research 118, no 1‑2 (octobre 2003): 82‑90. doi:10.1016/S0169-328X(03)00339-5.

http://www.jbc.org/cgi/doi/10.1074/jbc.M405461200

Du, L., H. Bayir, Y. Lai, X. Zhang, P. M. Kochanek, S. C. Watkins, S. H. Graham, et R. S. B. Clark. « Innate Gender-Based Proclivity in Response to Cytotoxicity and Programmed Cell Death Pathway ». Journal of Biological Chemistry 279, no 37 (10 septembre 2004): 38563‑38570. doi:10.1074/jbc.M405461200.

http://www.jbc.org/cgi/doi/10.1074/jbc.M804396200

Du, L., R. W. Hickey, H. Bayir, S. C. Watkins, V. A. Tyurin, F. Guo, P. M. Kochanek, et al. « Starving Neurons Show Sex Difference in Autophagy ». Journal of Biological Chemistry 284, no 4 (23 janvier 2009): 2383‑2396. doi:10.1074/jbc.M804396200.

> Étude sur la différenciation des cellules souches mâles et femelles

 http://doi.wiley.com/10.1002/art.24125

Matsumoto, Tomoyuki, Seiji Kubo, Laura B. Meszaros, Karin A. Corsi, Gregory M. Cooper, Guangheng Li, Arvydas Usas, Aki Osawa, Freddie H. Fu, et Johnny Huard. « The Influence of Sex on the Chondrogenic Potential of Muscle-Derived Stem Cells: Implications for Cartilage Regeneration and Repair ». Arthritis & Rheumatism 58, no 12 (décembre 2008): 3809‑3819. doi:10.1002/art.24125.

> Deux études sur l’expression des gènes dans différents tissus mâles et femelles

http://www.genome.org/cgi/doi/10.1101/gr.5217506

Yang, X. « Tissue-Specific Expression and Regulation of Sexually Dimorphic Genes in Mice ». Genome Research 16, no 8 (29 juin 2006): 995‑1004. doi:10.1101/gr.5217506.

http://dx.plos.org/10.1371/journal.pgen.1002215

Mittelstrass, Kirstin, Janina S. Ried, Zhonghao Yu, Jan Krumsiek, Christian Gieger, Cornelia Prehn, Werner Roemisch-Margl, et al. « Discovery of Sexual Dimorphisms in Metabolic and Genetic Biomarkers ». Édité par Mark I. McCarthy. PLoS Genetics 7, no 8 (11 août 2011): e1002215. doi:10.1371/journal.pgen.1002215.

> Une étude sur l’importance du chromosome Y

http://www.nature.com/doifinder/10.1038/nature13206

Bellott, Daniel W., Jennifer F. Hughes, Helen Skaletsky, Laura G. Brown, Tatyana Pyntikova, Ting-Jan Cho, Natalia Koutseva, et al. « Mammalian Y chromosomes retain widely expressed dosage-sensitive regulators ». Nature 508, no 7497 (23 avril 2014): 494‑499. doi:10.1038/nature13206.

> Une étude sur le rôle du chromosome X dans le retard de croissance des embryons femelles

http://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S1934590913005493

Schulz, Edda G., Johannes Meisig, Tomonori Nakamura, Ikuhiro Okamoto, Anja Sieber, Christel Picard, Maud Borensztein, Mitinori Saitou, Nils Blüthgen, et Edith Heard. « The Two Active X Chromosomes in Female ESCs Block Exit from the Pluripotent State by Modulating the ESC Signaling Network ». Cell Stem Cell 14, no 2 (février 2014): 203‑216. doi:10.1016/j.stem.2013.11.022.

> Une étude sur l’influence des chromosomes sexuels sur certaines maladies

http://www.nature.com/doifinder/10.1038/ng.2966

Forsberg, Lars A, Chiara Rasi, Niklas Malmqvist, Hanna Davies, Saichand Pasupulati, Geeta Pakalapati, Johanna Sandgren, et al. « Mosaic loss of chromosome Y in peripheral blood is associated with shorter survival and higher risk of cancer ». Nature Genetics 46, no 6 (28 avril 2014): 624‑628. doi:10.1038/ng.2966.

> Les nouvelles recommandations de l’association américaine du cœur concernant la prévention de l’AVC chez les femmes

http://stroke.ahajournals.org/cgi/doi/10.1161/01.str.0000442009.06663.48

Bushnell, C., L. D. McCullough, I. A. Awad, M. V. Chireau, W. N. Fedder, K. L. Furie, V. J. Howard, et al. « Guidelines for the Prevention of Stroke in Women: A Statement for Healthcare Professionals From the American Heart Association/American Stroke Association ». Stroke 45, no 5 (1 mai 2014): 1545‑1588. doi:10.1161/01.str.0000442009.06663.48.

> Les sites web de deux instituts promouvant la recherche sur le sexe et le genre

http://www.ossdweb.org/

http://www.eugenmed.eu/

> Le site web « gendered innovations », développé par l’université Stanford, qui explique comment, et pourquoi, analyser le sexe peut être utile à l’innovation

http://genderedinnovations.stanford.edu/what-is-gendered-innovations.html

> Un rapport récent de l’hôpital Brigham de Boston sur l’importance de la prise en compte du sexe dans la recherche

http://tinyurl.com/nz2v32r

> Deux rapports de l’institut de médecine américain sur l’importance de la prise en compte du sexe en santé

http://tinyurl.com/omv9s3l

http://tinyurl.com/o8n8x65

 

> Les recommandations de la FDA concernant la prise du somnifère Zolpidem (Stilnox) par les femmes

 http://www.fda.gov/safety/medwatch/safetyinformation/safetyalertsforhumanmedicalproducts/ucm334738.htm

 

Mobilisation maximale contre le chikungunya aux Antilles

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Des malades de chikungunya à Saint Domingue - Ph. PAHO-OMS via Flickr - CC BY-ND 2.0

Des malades de chikungunya à Saint Domingue – Ph. PAHO-OMS via Flickr – CC BY-ND 2.0

La ministre de la Santé est en déplacement aux Antilles pour faire face à une épidémie de chikungunya de plus en plus galopante. Débutée fin 2013, alors qu’elle n’avait jamais touché ces îles, elle atteint des proportions sans précédent.

Plus de 100 000 personnes ont été infectées au total. En Guadeloupe, au moins 7 000 nouveaux cas sont recensés chaque semaine, pour 3 000 en Martinique. Un millier de personnes ont dû être hospitalisées et 33 sont décédées indirectement à cause de la « chik ».

Quant à la Métropole, on recense désormais près de 150 cas de la maladie. Pas étonnant quand on sait qu’en période de vacances, on évalue à 400 000 les vacanciers qui font l’aller-retour de France vers les Antilles.

Ce tableau a de quoi inquiéter les autorités, qui craignent entre autre que le virus du chikungunya ne s’installe sur le territoire métropolitain.

En effet, 18 départements de l’Hexagone sont désormais habités par le moustique tigre (Aedes albopictus), cousin du vecteur originel du virus Aedes aegypti et tout à fait capable de le transmettre. Si un moustique tigre venait à piquer une personne infectée rentrant d’Outre-mer, il pourrait théoriquement transmettre le virus à une seconde personne en la piquant à son tour.

La ministre de la Santé Marisol Touraine est actuellement sur place pour deux jours, afin de débloquer un maximum de moyens de lutte. Des pompiers ont également été envoyés en renfort par le ministère de l’Intérieur.

Comment lutter contre le chikungunya

Cependant, les défenses contre ce virus accablant ne sont que préventives, car il n’existe aucun traitement spécifique contre les lourdes fièvres et les douleurs articulaires qui peuvent clouer au lit les patients jusqu’à deux semaines. Les médecins prescrivent généralement des antipyrétiques (comme le paracétamol) pour soulager de la fièvre.

Ainsi, la lutte consiste essentiellement à prévenir le mal, tout d’abord en désinfectant les réservoirs d’eau stagnante où les femelles pondent leurs œufs. Les épidémiologistes recommandent également aux personnes exposées de protéger la peau et les vêtements avec des répulsifs agrées, vendus en pharmacie : les seuls principes actifs à l’efficacité prouvée sont le DEET, l’IR3535 ou l’icaridine.

Néanmoins, attraper le chikungunya n’est pas mortel. Le risque le plus élevé concerne les nourrissons et les personnes âgées atteintes d’autres maladies qui les fragilisent. Sur les 6 décès enregistrés en Guadeloupe, le chikungunya n’a entraîné à lui seul que la mort d’une personne âgée chez qui les complications ont été fatales. Chez les cinq autres, d’autres causes de mort étaient également présentes.

Une enquête a été lancée pour vérifier quelle part de la population antillaise est immunisée contre le virus, et savoir si le pic de l’épidémie a été dépassé… et donc si elle sévira encore longtemps.

F.G.

 

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