En Chine, sur la voie de la sagesse

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Découvrir la Chine sous un jour culturel, artistique et spirituel, c’est le voyage inédit que propose La Vie, en partenariat avec Sens & santé, du 11 au 22 octobre prochains. Avec Ke Wen, notre accompagnatrice et formatrice de qi gong, qui, depuis 25 ans, travaille à établir des ponts entre la culture chinoise et le monde occidental. Interview.


 Quels visages de la Chine allons-nous découvrir ?


À partir de Shanghai, ville parmi les plus dynamiques du monde, nous pénétrerons dans la Chine ancestrale des montagnes sacrées,…

J’interroge mes produits cosmétiques

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Parmi les multiples applications développées pour vous aider à protéger la planète à partir de votre Smartphone, demandez celles dédiées aux produits cosmétiques. Développées par des entreprises (comme INCI Beauty par le comparateur de prix Tous les prix.com, Yuka par la société Yuca…) et par des associations (QuelCosmetic par l’UFC-Que Choisir, Beat the microbead par la fondation Plastic soup…), elles fournissent, grâce au scan des étiquettes des produits, une évaluation de leur composition voire proposent des produits équivalents (en fonction et/ou prix) réputés moins…

Cardinal Turkson : “Notre économie doit être dans une logique de collaboration et non de compétition”

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Ce 28 mai, l’auditorium d’Axa, avenue de Matignon à Paris (8e), était comble. Dans la salle : 350 professionnels de la finance et de l’économie, dont Bertrand Badre, ancien directeur général de la Banque mondiale, Denis Duverne, président du conseil d’administration d’Axa, et Philippe Royer, président des Entrepreneurs et dirigeants chrétiens (EDC). Face à eux : le cardinal Peter Turkson, préfet du Dicastère pour le Service du développement humain intégral. Lors d’une longue allocution, le cardinal n’a cessé d’effectuer un parallèle entre les enjeux économiques actuels et la préservation de l’environnement. Son objectif ? Alerter sur les dérives de la finance spéculative et affirmer qu’une économie centrée sur la personne humaine est possible, « à partir du moment où elle se développe dans une logique de collaboration et non de compétition », a ensuite précisé le cardinal lors d’un point presse.


La visite du cardinal Peter Turkson en France n’est pas un hasard. Elle intervient un an après la publication par le Dicastère d’ Œconomicæ et pecuniaræ questionnes (« Considérations pour un raisonnement éthique sur certains aspects du système économique et financier actuel »). Le texte alertait sur les dérives financières de « l’égoïsme aveugle, limité au court terme, faisant fi du bien commun, excluant de ses horizons la préoccupation non seulement de créer mais aussi de partager la richesse ». Sitôt le document paru, des associations chrétiennes de professionnels de la finance français, telles que Pro Persona, le groupe Ora et Labora et l’Association des économistes catholiques (AEC) se sont regroupées en groupes de travail. L’enjeu de cette initiative ? Approfondir certaines parties et apporter des précisions à Œconomicæ et pecuniaræ questionnes. Le fruit de ce travail a donné lieu à deux textes. Le premier porte sur les critères éthiques de l’investissement. Le second, sur la vocation de l’investisseur. Après relecture par Rome, les deux documents seront prochainement publiés par le dicastère, dans toutes les langues.


Nous vivons une crise socio-écologique sans précédent.

- Mgr Peter Turkson


Lors du point presse organisé à l’occasion de cette conférence, le Cardinal Peter Turkson n’a cessé d’établir un parallèle entre l’encyclique Laudato si’ et le document sur l’économie. Face aux enjeux environnementaux et économiques : même credo. Dans les deux cas, l’Église pointe du doigt les inégalités créées par une mauvaise utilisation des ressources. « Nous vivons une crise socio-écologique sans précédent. Cela nécessite une profonde réforme de la manière dont nous gérons notre maison (économie), de la manière dont nous prenons soin de notre maison commune (écologie) », a notamment détaillé Peter Turkson. Reconnue sur la scène internationale pour son engagement écologique , l’Église entend bien désormais être audible sur la scène économique et financière.


Or, pour être crédible, il s’agit d’être force de proposition. Dans cette optique, le pape François a invité les jeunes du monde entier à venir travailler avec lui en mars 2020, à Assise, pour réfléchir à la création d’une économie alternative. « Pour le pape, l’inclusion doit être la visée de l’économie actuelle », précise Peter Turkson. Et il y a urgence. « Dans certaines entreprises, les travailleurs sont considérés comme les objets d’une société du profit », alerte le cardinal, avant d’ajouter : « En France, la crise des Gilets jaunes a démontré l’importance d’axer la politique sur le bien commun ». Autant d’éléments qui encouragent l’Église à faire de l’économie, un nouvel enjeu apostolique.

À Reims, la reconstruction vertueuse de la cathédrale

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Les cloches sonnent peu, non par pudeur, mais pour limiter les vibrations de son squelette fragilisé. Car le traumatisme fut colossal. En 1914, Reims se trouve sur la ligne de front et le 19 septembre, une pluie d’obus allemands s’abat sur la ville. La cathédrale Notre-Dame prend feu. Ses échafaudages de bois s’embrasent, les gargouilles dégobillent du plomb fondu. En quelques heures, la charpente en chêne disparaît. Il semble alors vain de secourir l’édifice tant la guerre fait rage – Reims subit au total 1051 jours de bombardements – et bien d’autres obus suivent, décapitant les statues, perçant les voûtes à sept endroits.


Peut-on sauver toutes les églises ?


Comme pour Notre-Dame de Paris aujourd’hui, l’émoi est mondial. Dès 1917, une Société des amis de la cathédrale est créée, avec pour principale mission de trouver l’argent pour permettre sa reconstruction. Rapidement, une riche famille américaine se manifeste : les Rockefeller. Ils paient pour une charpente de béton – totalement innovante à l’époque – et une nouvelle toiture de plomb, dont la crête retrouve ses fleurs de lys dorées supprimées du temps de la Révolution. On rouvre des carrières pour renouveler les pierres mutilées de ce trésor gothique. En 1972, le palais du Tau mitoyen devient un musée où le visiteur se retrouve « nez à nez » avec toutes les statues déposées, comme un Goliath de cinq mètres enveloppé dans sa cotte de mailles.


20 ans pour rendre la cathédrale aux fidèles


Hélène Bureau est la petite-fille d’Albert Nigron, bâtisseur creusois missionné par l’architecte rémois Henri Deneux pour rénover la cathédrale. Il fallut 20 ans à son grand-père pour rendre la cathédrale entière aux fidèles. Ce chantier pharaonique amena une main-d’œuvre nouvelle, de Creuse évidemment. « C’étaient des paysans qui ont rejoint leurs fermes avec tellement de fierté quand tout fut terminé ! », se souvient-elle. Quand son père Émile, fils d’Albert, meurt en 1977, l’entreprise familiale est cédée au rival rémois Léon Noël : « J’avais 13 ans à l’époque et ma mère restait au foyer. Elle ne se voyait pas du tout gérer 50 tailleurs de pierres. » Encore aujourd’hui, c’est la société Léon Noël qui mène les travaux sur la cathédrale, ce bien public. Comme ce mois-ci, avec les travaux d’étanchéité de la terrasse reliant les deux tours. L’étaiement des trois statues-colonnes du portail central est programmé pour l’été.


On pourrait presque dire que chaque coup de burin ou de truelle est scruté par Patrick Demouy, docteur en histoire médiévale. La cathédrale fait battre son cœur, ni plus ni moins. « J’ai 68 ans et je l’étudie depuis mon enfance. Ce qui m’intéresse le plus, ce sont les messages des vitraux et des sculptures, car ils ont encore des choses à nous dire ! Ils nous invitent à plonger dans les psaumes et la liturgie pour entrer en communion avec le bâtiment », dit l’esthète, dont le grand-oncle italien, sculpteur de la vallée d’Aoste, participa à la reconstruction. Dehors, assis sur un banc, l’homme contemple des anges blancs impassibles, alignés sur les contreforts. Un moment de répit après une matinée de chant, à prêter sa voix de baryton à la maîtrise de Reims, un chœur d’enfants fondé en 1285. « La façade de Notre-Dame de Paris est très géométrique, avec des proportions extrêmement calculées. À Reims, les architectes ont davantage joué sur les profondeurs qui accrochent les ombres et les lumières. Regardez comme, au-dessus des pignons, les lignes diagonales contribuent à l’élan de la cathédrale : tout est fait pour élever les regards ! »


Des blessures de guerre


Désormais, les urbanistes rémois font tout pour encourager ce mouvement. Il y a 20 ans, le parvis pavé s’est débarrassé de son rond-point. « Non sans mal, car les édiles de l’époque craignaient que les touristes ne viennent plus si on les empêchait de se garer au pied de la cathédrale ! » Les voitures ont ainsi été refoulées à l’extérieur d’un « banc continu » construit légèrement en hauteur et presque en demi-lune. Un palace au restaurant panoramique s’apprête à succéder à une caserne de pompiers. Un café jazzy a déjà remplacé un garage. « Devant tant de beauté, c’est quand même plus sympa de savourer une flûte de champagne que d’y réparer un moteur, n’est-ce pas ? », s’amuse Patrick Demouy.


L’effervescence touristique autour de Notre-Dame n’a pas effacé toutes ses blessures de guerre. Augustin, Sénégalais de 30 ans, est professeur de physique-chimie dans un lycée des Ardennes. Ce catholique pratiquant a été sacristain durant ses années étudiantes et revient souvent à la cathédrale saluer ses amis. « Rien ne me rendait plus heureux que de préparer l’autel avant chaque messe. Pendant ce temps-là, des artisans étaient affairés à réparer enfin la grande rosace, sur la façade principale. L’échafaudage était impressionnant, leur boulot immense… Ça a duré trois ans. Alors, quand votre Président annonce que le chantier de Notre-Dame durera cinq ans, j’ai un peu du mal à y croire… »


Une rénovation ne se contente pas de restituer la beauté de l’édifice ; elle le documente ! 

- Jean-Pierre Laurent, recteur de Notre-Dame de Reims


À Reims, sur les recommandations d’un comité d’experts, le maître d’ouvrage décida de conserver certains éclats d’obus autour de la rosace, considérant que l’épisode guerrier appartenait pleinement à l’histoire de la cathédrale. De la même manière, une main coupée au XVIIIe siècle ne fut pas restituée à une statue lorsqu’il fallut lui redonner un coup de frais. Ou des prothèses de plomb du XVIe siècle, conçues par économie pour camoufler des animaux de pierre défigurés, sont restées dans ce métal lors d’une grosse rénovation.


« Avec tout ça, j’ai compris qu’une rénovation ne se contentait pas de restituer la beauté de l’édifice ; elle le documente ! », témoigne Jean-Pierre Laurent, recteur de Notre-Dame. Le prêtre s’interrompt pour aiguiller une touriste brésilienne en quête d’une chapelle, afin de prier pour un proche malade. Il reprend : « Des fouilles ont été menées l’été dernier dans les jardins entourant la cathédrale. Des archéologues ont découvert deux rues antiques et un cimetière médiéval !»


De la galette des Rois frangipane aux souvenirs du chalet de Noël, en passant par la boîte de biscuits roses à l’effigie du joyau gothique, les Amis de la cathédrale multiplient les produits dérivés pour que chaque Rémois ou visiteur du bout du monde ressente l’envie de contribuer au financement des futurs chantiers, « Et pas seulement l’État ou les grosses maisons de Champagne, insiste l’historien Patrick Demouy, car la beauté de Notre Dame est et restera universelle ».

L’écologie au secours des jeunes décrocheurs

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Pour se rendre à l’Être, il faut s’aventurer sur de petites routes serpentant dans la campagne, à une quarantaine de kilomètres à l’ouest de Toulouse. Au bout d’un chemin, au milieu des champs vert tendre, émerge un corps de bâtiment un brin défraîchi. Dès 9 heures, le lieu prend vie. Dans une salle de stockage du matériel, des rires fusent et on entend des planches qui s’entrechoquent. Ce matin, il faut décharger un camion rempli de chutes de bois données par un menuisier voisin. Léa, Mélanie, Vincent, Odin, Steven, Margaux, forment une chaîne humaine pour ranger la récolte du jour.


Tous suivent depuis plusieurs mois les formations dispensées par l’Être. Ouverte en 2017, par des éducateurs et des spécialistes de la sensibilisation à l’environnement, cette école unique en France entend remobiliser les jeunes au parcours scolaire chaotique ou à l’orientation indécise grâce aux métiers verts. L’enjeu est de taille : en France, près de 100.000 jeunes…

Fêter la nature dans la vallée de Trobodec

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Cela commençait bien. Les averses continuelles de la semaine avaient cessé, laissant la place à un soleil lumineux, et, dans l’ancien lavoir de Guimaëc, point de départ de notre randonnée, tritons, grenouilles et mêmes salamandres s’étaient laissées apercevoir sous les lentilles vertes. Géraldine Gabillet, notre guide, animatrice nature au CPIE (Centre permanent d’initiative pour l’environnement) du pays de Morlaix (Finistère), portant à la boutonnière le badge rouge « Nous voulons des coquelicots » (une campagne nationale antipesticides), nous avait prévenu : « C’est un petit sentier, pas très long, mais on y voit plein de choses… » Plein de confiance, nous nous engageons dans un chemin un peu boueux qui longe un ruisseau.


Éveil des sens


Ce bruit aquatique – parfois simple murmure, d’autres fois cascade plus sonore – nous accompagnera tout au long de notre déambulation champêtre. « C’est la nature en mouvement, le thème précisément…

Avec les enfants, “il y a plein de façons de parler de Dieu”

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« J‘ai posé la question :”Où se trouve le paradis ?” », déclare fièrement Raphaël, 10 ans, qui a suivi le programme #taslaParole. Bien que réservé, ce garçon accepte de témoigner. « Un copain a répondu : “À la droite du Père”, ça m’a assez convaincu », enchaîne avec sérieux le jeune Marseillais qui porte un K-way noir. Le ciel est menaçant au-dessus de la basilique Notre-Dame-de-La-Garde, à Marseille, en ce 8 mai. Mais dans l’enceinte de l’école Lacordaire, dans le XIIIe arrondissement de la cité phocéenne, l’heure est à la joie. Plusieurs centaines d’enfants, de parents et de catéchistes sont venus assister à la Fête du caté, point culminant d’un programme de catéchèse novateur démarré en septembre 2018 et qui court jusqu’à fin juin, intitulé #taslaParole.


Centrales, les questions de l’enfant


Sous cette appellation inspirée des réseaux sociaux, le projet a voulu mettre l’accent sur le questionnement de l’enfant plutôt que sur une transmission verticale du message chrétien. Lors de chaque cours de catéchèse, les élèves marseillais de 7 à 11 ans ont donc été invités à poser des questions à Dieu : « Pourquoi es-tu au ciel ? », « Pourquoi quand on prend l’avion, on ne te voit pas ? », « Comment fais-tu pour nous aimer chacun à la fois ? »… Plus d’une centaine de questions ont circulé dans des boîtes dédiées au sein de jumelages mêlant écoles catholiques et paroisses des quartiers nord et sud de la ville, dans un objectif affiché de mixité sociale et culturelle.


La diversité, un atout clé


« La foi, c’est des questions », argumente soeur Marie-Anne Bourgois, responsable de la catéchèse au sein du diocèse marseillais et instigatrice du projet #taslaParole. « C’est parce que l’enfant se questionne qu’il sera réceptif. L’essentiel n’est pas de donner une réponse, mais d’avancer ensemble, d’écouter l’autre et d’apprendre à respecter les différences », précise la religieuse. La proposition a rapidement fait des émules : une quarantaine de groupes de catéchisme se sont engagés dans l’aventure, chacun recevant les messages des uns et des autres au long des semaines. 


« Le fait que d’autres enfants se posent les mêmes questions qu’eux, ça les marque. Et comme c’est anonyme, il y a moins d’a priori », analyse Gratienne Disdier, enseignante et catéchiste dans une école de l’est marseillais. Depuis septembre, ses élèves ont pu échanger leurs interrogations sur Dieu avec d’autres enfants issus d’une paroisse à forte concentration d’immigrés ainsi qu’avec ceux de Saint-Victor, église historique du Vieux-Port. « Ils comprennent qu’il y a plein de façons de parler de Dieu, ça développe leur écoute », poursuit l’enseignante. Et de conclure : « L’Esprit saint parle à travers eux, et ils ont des choses à dire ! »


Prolonger la réflexion en famille


« Ça m’a motivé pour continuer le caté l’an prochain », assure un élève de CM2. La démarche semble avoir porté ses fruits. Lors de cette fête du 8 mai, les parents ont été conviés à cultiver l’intérêt de leurs enfants pour les questions de foi. Pour Sandrine, mère de Lucas, 8 ans, « ce ne sont pas des sujets dont on discute habituellement à la maison ». Mais elle a constaté l’effet positif de cette méthode : « Lucas ne s’exprime pas beaucoup en classe, là il a été très fédérateur dans son groupe de caté. Une brèche est ouverte : il m’a même demandé de faire sa première communion. »


À Savoir

#taslaParole https://marseille.catholique.fr

Tenir bon face à la surconsommation

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Éduquer à contre-courant dès le plus jeune âge n’a rien d’évident avec les jouets sous licence, la mode vestimentaire, puis très vite les goûters d’anniversaires, la malbouffe, les écrans, un Smartphone à 10 ans… Valérie Halfon vient de publier Tout le monde en a un, sauf moi ! dans lequel elle passe en revue tous ces sujets devenus problématiques. Elle rappelle le rôle essentiel des parents et la juste manière de présenter une alternative qui aidera l’enfant à se construire, gagner en confiance en lui, sans pour autant devenir un paria. Interview.


Comment réagir lorsqu’il veut un sac à dos neuf alors que le sien n’est pas abîmé, une paire de baskets ou un blouson hors de prix, un téléphone ?


Toute demande est une opportunité de dialogue. Plutôt que de passer en mode automatique, évaluer le budget et répondre par oui ou par non, commencez par écouter, posez-lui des questions. En réalité, au-delà du permis/défendu, ces sujets renvoient à des questions existentielles : identité, affirmation de soi et de ses valeurs, place dans un groupe… Les enfants sont gouvernés par le principe du plaisir. Tout l’enjeu de l’éducation consiste à les amener au principe de réalité. Si les parents ne le font pas, la vie s’en chargera… sans tendresse. Or notre société de consommation invite à la facilité. Très tôt, il s’agit de donner des limites, d’accepter qu’on ne pourra pas tout avoir et que l’argent ne saurait nous combler.


Parfois, les parents cèdent de crainte que leur enfant ne soit marginalisé.


Être reconnu par ses pairs est un besoin, à tout âge, sans doute davantage à l’adolescence où l’enfant se construit, se distancie du modèle parental et cherche à faire ses preuves. C’est pourquoi il ne faut pas attendre le collège pour favoriser des prises de conscience et le baigner dans une manière de penser alternative. Elle commence par notre propre attitude d’adulte… Quel est mon rapport à la technologie, à l’argent, au regard de l’autre, à la conformité ? Si mes enfants me voient happée par mon téléphone portable ou occupée à compter le nombre de Like sur mes publications… je peux continuer de leur tenir de beaux discours ! Tout est question de cohérence.


Vous évoquez des prises de conscience, à quoi pensez-vous ?


La réalité, c’est que les enfants sont manipulés par les géants du numérique, par des marques sans scrupules prêtes à tout pour conquérir des parts de marché. Il faut être conscient que des personnes sont payées pour nous faire consommer. Si l’on ne fait rien, nos enfants tomberont dans leurs panneaux publicitaires. Très jeunes, ils peuvent entendre que des enfants de pays pauvres sont exploités pour assembler des vêtements, que des produits alimentaires ou cosmétiques contiennent des produits néfastes pour notre santé, notre planète. Cette conscience les rendra parfois même plus vigilants que nous !


Selon vous, quelle est la priorité éducative pour les parents ?


D’après une étude d’Oxford, 47 % des métiers risquent d’avoir disparu en 2035. Que restera-t-il à l’homme ? Les deux spécificités humaines résident dans sa créativité et ses qualités morales. Voilà le propre de l’homme, qu’une machine n’aura jamais. Face aux succès faciles, aux fortunes gagnées par des « youtubers » parfois encore mineurs, aux salaires disproportionnés de joueurs de foot, favorisez le goût de l’effort, la persévérance et la créativité. Ce sont autant d’antidotes à la passivité à laquelle invite notre société. Veillez aussi à ce qu’ils épanouissent leurs qualités morales et leur vie intérieure… Une étude américaine a montré que les jeunes des années 2010 étaient 40 % moins empathiques que ceux des années 1990 ! Le rôle des parents consiste à aider leur enfant à prendre conscience de ses richesses intérieures.


Comment cultiver ses qualités morales ?


À l’heure des réseaux sociaux, nos enfants ont plus que jamais besoin de vraies relations et de nouer des liens « IRL » (in real life, « dans la vraie vie »). Ils ont cette capacité à donner. Aidons-les à explorer cette fibre, avant qu’ils ne soient transformés en joueurs de jeux vidéo obsessionnels ! Voyez Arthur Soufflet, ce garçon de 10 ans qui finance des paniers-repas pour des sans-abri près de Cambrai en vendant des dessins. Quelles sont les aptitudes de votre enfant, dans quoi peut-il s’engager, devenir bénévole ? Visite de personnes âgées, confection de gâteaux pour des SDF, aide aux devoirs, course pour une cause… Tout est possible ! Se rendre utile rend heureux. Car on comprend pourquoi on est venu dans ce monde et ce qu’on a de spécifique à y apporter.


Ce n’est pas facile de ramer à contre-courant…


Ne doutez pas de vos valeurs. Commencez par en vivre : vous-même, êtes-vous engagés auprès des autres, votre style de vie vous rend-il heureux ? Vous n’êtes pas si isolés que vous le croyez. Beaucoup de parents cèdent à contrecoeur aux sirènes de la consommation, car ils n’osent pas affronter la majorité. Motivez, faites-vous des alliés. À quelques-uns, vous pouvez décider cette année de proposer des anniversaires « made in home », par exemple, ou organiser une conférence sur l’impact des écrans. Un Smartphone à 11 ans, c’est non ! Vos enfants vous remercieront d’avoir tenu bon. Aux États-Unis, une nouvelle tendance prône « Wait until 8 th » c’est-à-dire pas de téléphone portable avant la 4e. En France, la plateforme Slow We Are répertorie les vêtements de mode écoresponsable. Des prises de conscience émergent, rejoignez ce mouvement et devenez acteurs du changement !


Concrètement, par quoi commencer ?


Cette éducation suppose un réel investissement des parents. Cuisiner ensemble plutôt que d’aller dans un fast-food, réparer un objet au lieu de le jeter, entretenir son vélo, bricoler… tout prend du temps. Accompagnez l’enfant qui va sur Internet, aidez-le à ne pas être dupe de la réalité trafiquée d’Instagram. Relevez des défis en famille. Enfin, soyez connectés à la qualité. Si vous prenez soin de proposer à vos enfants de belles choses en tout – des vêtements aux films -, ils sauront reconnaître une étoffe bas de gamme et une série télévisée nulle. Finalement, il n’est pas tant question d’interdire, que d’adopter un certain état d’esprit : veillez à leur offrir des moments de qualité et des souvenirs qu’une console de jeux ne pourra jamais leur procurer.


À lire 
Tout le monde en a un, sauf moi ! de Valérie Halfon, Albin Michel.

Le jeu vidéo Fortnite a lancé sa première Coupe du monde

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C’est le jeu vidéo du moment. Fortnite et ses 200 millions de joueurs dans le monde a beaucoup fait parler de lui, en bien comme en mal. Mais tout d’abord qu’est-ce c’est ? Fortnite est un jeu en ligne de construction et de bataille développé par l’éditeur américain Epic Games. Il est totalement gratuit, ce qu’on appelle un free-to-play dans le langage vidéoludique. Tout le monde peut s’y inscrire et commencer à jouer immédiatement. 


Son modèle économique repose sur l’achat d’objets virtuels : tenues ou accessoires pour les personnages, qui n’améliorent pour autant en rien les performances des joueurs. Le mode de jeu qui a popularisé Fortnite s’appelle Battle Royale : 100 joueurs arrivent sur une carte dont la taille réduit petit à petit et il doit n’en rester qu’un à la fin. Le survivant remporte la partie. « C’est un jeu assez simple et accessible, avec un univers cartoon bien à lui ce qui explique en partie son succès », résume Servane Fischer, consultante juridique chez l’entreprise de développement et d’édition de jeux vidéo Ubisoft.


Il faut en parler aux parents, surveiller les enfants pour qu’ils ne fassent pas que jouer.


Le boum est tel qu’une Coupe du monde a vu le jour le 13 avril dernier. Pendant dix semaines, des tournois seul ou en duo se sont déroulés dans différentes régions du monde. Les meilleurs au classement se sont qualifiés pour la grande finale qui aura lieu à New-York du 26 au 28 juillet. Quatre nouveaux joueurs français se sont qualifiés pour la coupe du monde entre temps : Idris Aichouche (15 ans), Rémy Lehoult (22 ans), Clément Vaudin (18 ans) et Malow Orrieux (15 ans). Ce qui fait polémique, c’est le montant total des récompenses : l’éditeur Epic Games a mis quarante millions de dollars en jeu distribués tout au long de la Coupe du monde. Le vainqueur repartira avec trois millions de dollars, une somme énorme mais insignifiante comparée aux bénéfices engrangés par l’éditeur : trois milliards de dollars en 2018 ! « Pour Epic Games, la compétition va peut-être rapporter dix fois plus que la somme mise en jeu… Pour eux, c’est une question d’attractivité avant tout » , avance Servane Fischer, qui est aussi une ancienne joueuse professionnelle du très populaire jeu de tir Counter Strike Global Offensive.


Autre annonce discutée, la possibilité de participer au tournoi dès 13 ans, avec une autorisation parentale. Ce qui, sur le plan juridique, ne choque pas Servane Fischer puisque Fortnite n’est pas catégorisé comme violent selon PEGI, le système d’évaluation des jeux vidéo. Elle rappelle que, dans l’esport comme pour les enfants stars, une partie de l’argent remporté par les mineurs est consigné à la Caisse des dépôts, le reste étant versé aux parents. 


La juriste considère néanmoins qu’une véritable sensibilisation est nécessaire : « Il faut en parler aux parents, surveiller les enfants pour qu’ils ne fassent pas que jouer. Ils peuvent oublier qu’il y a très peu d’élus et qu’atteindre la première place demande un véritable travail. » Un point encore trop peu mis en avant par l’éditeur et la communauté des joueurs, des coaches et des managers. Cette professionnalisation de Fortnite, puisque c’est bien de cela qu’il s’agit à travers la compétition, montre combien des avancées sur le plan juridique demandent à être réalisées. 


Pourquoi, par exemple, ne pas créer un statut de sport-étude pour les jeux vidéo, ce qui permettrait d’éviter les dérives en tout genre – addictions et déscolarisation en tête ? Beaucoup de questions sur lesquelles travaille France Esports, l’association qui rassemble les acteurs du secteur en vue de promouvoir et de développer les sports électroniques. En attendant, un premier Français s’est déjà qualifié pour la grande finale de la Coupe du Monde : Nathan Berquignol, de l’équipe LDLC. Il a 16 ans.