Une expérience relance l’idée d’une origine de la vie venue de l’espace

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Une météorite qui brûle en entrant dans l'atmosphère. Des bactéries emprisonnées dans la météorite pourraient y survivre (Ph. Alex Alishevskikh via Flickr CC BY 2.0)

Photo de la trainée d’une météorite qui brûle en entrant dans l’atmosphère : des bactéries pourraient y survivre (Ph. Alex Alishevskikh via Flickr CC BY 2.0)

Et si la Terre avait été “fécondée” par de la vie extraterrestre apportée par les météorites ? C’est une hypothèse marginale sur les origines de la vie mais qui garde tout son attrait Or une expérience vient de montrer pour la première fois que des bactéries coincées dans une météorite peuvent survivre aux conditions extrêmes de son entrée dans l’atmosphère.

Ce résultat ne permet pas d’inférer que les premières formes de vie terrestres, des organismes unicellulaires, ont été apportées depuis l’espace, loin de là !, mais il démontre que ce n’est pas totalement impossible. Surtout, il nous en apprend davantage sur l’extraordinaire résistance des formes de vie les plus simples…

 Une vie résistante aux conditions extrêmes de l’entrée atmosphérique

L’expérience, menée par des chercheurs de l’Académie des Science Russe, a consisté à sélectionner une bactérie particulièrement résistante, à l’enfermer dans un morceau de basalte (roche magmatique présente dans de nombreux météorites), à coller le tout sur la paroi extérieure d’un satellite, à envoyer ce dernier dans l’espace et puis à le faire ré-entrer dans l’atmosphère à une vitesse comparable à celle des météorites, enfin à regarder si la population de bactéries a survécu au voyage.

Concrètement, le candidat sélectionné est la bactérie Thermoanaerobacter siderophilus, une espèce découverte en 1999 capable de survivre à des températures de 121 °C pendant 90 minutes et dans un milieu riche en oxydes de fer (présents dans les météorites). De nombreuses colonies de cette bactérie ont été enfermées dans trois disques de basalte (7 cm de diamètre, 1.4 cm d’épaisseur) lesquels ont été collés à la surface du module d’atterrissage d’un satellite FOTON-M4, comme le montrent les images :

A gauche, les trois disques de basalte où ont été logées les bactéries. A droite, la position des disques sur le satellite FOTON-M4 (PLOS ONE)

A gauche, les trois disques de basalte logeant les bactéries. A droite, la position des disques sur le satellite FOTON-M4 (PLOS ONE)

Après 45 jours de séjour dans l’espace, sur une orbite de 575 km d’altitude, le module de rentrée atmosphérique s’est précipité sur la Terre à 7,6 km/s (soit 27 360 km/h) : les frottement de l’air ont porté les disques de basalte enfermant les bactéries à des températures pouvant dépasser 1250 °C (fusion du basalte).

16 % des colonies bactériennes ont survécu à l’expérience

Si les échantillons n’ont pas subi le terrible impact avec le sol, car le module a fini par déployer ses parachutes, le résultat est néanmoins impressionnant : 16% des colonies ont survécu. Et après avoir choyé ces survivantes dans un bain de culture à 65°C pendant 120 heures, celles-ci avaient l’air de se porter bien, comme le montre la figure ci-dessous :

Les clichés A et B montrent les bactéries ayant effectué le voyage aller-retour vers l'espace, les deux autres sont des échantillons de contrôle (PLOS ONE)

Les clichés A et B montrent les bactéries ayant effectué le voyage aller-retour vers l’espace, les deux autres sont des échantillons de contrôle (PLOS ONE)

L’expérience et ses résultats sont inédits, d’autres ont déjà été réalisées mais dans des conditions moins extrêmes. Même s’il a manqué l’étape cruciale de l’impact sur le sol, dont la violence dépasse les conditions de cette expérience, cela renforce un peu l’hypothèse de la panspermie, qui postule la “fertilisation” de la Terre par une vie extraterrestre.

Une hypothèse marginale, mais pas impossible

Mais c’est une hypothèse marginale parmi les exobiologistes, qui lui préfèrent la version plus faible : ce sont les molécules nécessaires à la vie (dites prébiotiques) et non pas la vie elle-même qui a pu provenir de l’espace – on sait que certaines de ces molécules se forment naturellement dans des corps ou des objets cosmiques, comme les nébuleuses.

En revanche, rien ne dit qu’un jour nous n’utiliserons pas cette technique pour exporter nos propres bactéries dans l’espace pour ensemencer une planète ou une lune proche, dans une expérience de “terraformation” au long cours…

Román Ikonicoff

 

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> Lire également dans les Grandes Archives de S&V :

  • Origine de la vie : l’expérience de Miller refait parler d’elle – S&V n°1099 – 2009. En 1953, le chercheur américain Stanley Miller avait montré dans une expérience que certaines molécules complexes nécessaires à la vie pouvaient se former spontanément dans la soupe primitive de la Terre, voici 3,7 milliards d’années. Plus d’un demi-siècle après, l’expérience intéresse encore les chercheurs…

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  • Ils ont créé des êtres presque vivants – S&V n°1157 – 2014 – C’est un fait : il y a 3,7 milliards d’années des organismes vivants ont commencé à émerger de l’inerte. Cela ne s’est pas fait du jour au lendemain : des dizaines de millions d’années durant lesquelles des formes intermédiaires, ni vivantes ni inertes, ont crû dans les océans. Les scientifiques tentent de comprendre et reproduire cette étape en laboratoire.

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  • Vie extraterrestre : l’espoir – S&V n°1167 – 2014. Il y a Titan, et il y a Europe, une lune de Jupiter totalement gelée en surface mais avec un océan intérieur alimenté en chaleur par le noyau de la lune. Bref, le Système solaire est un terrain d’exploration pour les exobiologistes bien plus accessible que les exoplanètes lointaines.

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Le souffle, c’est la vie

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L’air que l’on respire et le souffle qui nous anime ont de tout temps interpellé les grandes civilisations. Déjà, le célèbre médecin Hippocrate considérait « l’air comme le plus puissant agent de tout et en tout ». En grec, pneuma désigne à la fois le vent, l’air, le souffle, la respiration mais aussi l’esprit, l’âme, la vie ou le coeur. Tout comme en hébreu, ou l’âme et le souffle ne sont qu’un même mot (ruah ou ruach) ou en latin avec spiritus, qui désigne à la fois l’air, la respiration, le souffle, l’esprit, l’âme et même la confiance ! Insaisissable, l’air nous traverse et nous donne vie depuis la première inspiration jusqu’à notre dernier souffle. Nous le partageons avec notre voisin et l’échangeons avec le monde végétal dans une parfaite symbiose : les arbres recyclent nos…

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La myrtille, petite baie gourmande des Vosges

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Les Vosgiens l’appellent la brimbelle. Au coeur du parc régional des ballons des Vosges, à Belfahy (70), on part la cueillir dès l’aube dans les chaumes et les sous-bois, lorsqu’elle est encore couverte de pruine, une cire naturelle exhalée par le fruit, qui garde sa fraîcheur.

Initié dès l’enfance au ratissage des myrtilliers du massif, le restaurateur Ivan Lahore sublime le fruit dans son auberge familiale : « La myrtille sauvage est propre à notre région. Son goût est très prononcé et sa chair, très noire. Ce n’est pas pour rien qu’elle a la réputation de tacher les dents ! », dit, amusé, le patron de la Chevauchée. Une variété que l’on trouve aussi en Ardèche, en Lozère ou dans la Forêt-Noire, en Allemagne. Toutefois sa cueillette est réglementée par une loi très stricte…

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Pluton : les images de la rencontre

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Cette image de la surface de Pluton a été prise par la sonde New Horizons alors qu'elle était encore distante de 770 000 kilomètres. Les plus petits détails visibles ici mesurent environ un kilomètre. Cette région, étonnamment jeune car dénuée de cratères d'impacts, révèle des montagnes hautes de 3500 mètres. Quel type de géologie est capable de créer de telles structures ? Nous l'ignorons. Photo Nasa.

Cette image de la surface de Pluton a été prise par la sonde New Horizons alors qu’elle était encore distante de 770 000 kilomètres. Les plus petits détails visibles ici mesurent environ un kilomètre. Cette région, étonnamment jeune car dénuée de cratères d’impacts, révèle des montagnes hautes de 3500 mètres. Quel type de géologie est capable de créer de telles structures ? Nous l’ignorons. Photo Nasa.

Voici les toutes dernières images du système de Pluton transmises par la sonde américaine New Horizons. Prises le 14 juillet, pendant la traversée, un quart d’heure durant, après près de dix ans de voyage, de ce système planétaire en miniature à près de 50 000 km/h, ces quelques photographies représentent moins de 1 % des données que la sonde transmettra à la Terre à partir du 24 septembre.
Pluton apparaît, malgré sa petite taille et son statut de planète naine, comme un monde complexe, probablement actif encore aujourd’hui. D’immenses régions dénuées de cratères d’impacts semblent recouvertes de glaces d’azote, de méthane, ou d’eau… D’étonnants systèmes montagneux, hauts de plus de 3 kilomètres, apparaissent sur le petit astre. Charon, qui forme avec Pluton une « planète double », dévoile aussi des paysages d’une étonnante richesse.

Comme sa grande sœur Pluton, la planète naine Charon, qui lui tourne autour, a révélé aux caméras de New Horizons une surface étonnamment jeune et complexe. Un canyon immense, profond peut-être de 9000 mètres, traverse le petit astre. Son origine est inconnue. Photo Nasa.

Comme sa grande sœur Pluton, la planète naine Charon, qui lui tourne autour, a révélé aux caméras de New Horizons une surface étonnamment jeune et complexe. Un canyon immense, profond peut-être de 10 000 mètres, traverse le petit astre. Son origine est inconnue. Photo Nasa.

La mission New Horizons peut d’ores et déjà être considérée comme un immense succès : avec elle se clôt, symboliquement, la conquête du système solaire. Toutes les planètes qui tournent autour du Soleil ont été visitées par les robots des hommes. L’humanité n’est plus terrestre, mais stellaire.
Serge Brunier

Observé de loin par New Horizons, le satellite Hydra, qui mesure environ 40 x 30 kilomètres, révèle une forme chaotique. Photo Nasa.

Observé de loin par New Horizons, le satellite Hydra, qui mesure environ 40 x 30 kilomètres, révèle une forme chaotique. Photo Nasa.

Selfies : "Smartphone, ô mon beau Smartphone…"

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Un bouquet de porte-clés dans une main, des perches à selfie dans l’autre, une dizaine de vendeurs à la sauvette déambulent sous les piliers de la tour Eiffel en quête de clients. « Selfie, selfie, selfie », lancent-ils, insistants, à chaque quidam qui passe. Pressés par leurs deux têtes blondes, Jeannette et Patrick, un couple de quadras américains, se laissent tenter. Le temps d’installer leur iPhone sur la petite canne pliante, et la séance de sourires forcés démarre. « Ready ? (Prêts ?) Smiiile ! (Souriez !) », fait le père à sa petite famille en pressant le bouton déclencheur installé sur le manche.

Apparu il y a une dizaine d’années sur les forums de discussion en ligne, l’autoportrait réalisé avec Smartphone s’est répandu comme une traînée de poudre à travers le monde. Aujourd’hui, il séduit aussi bien les adultes que les ados, les anonymes que les célébrités : chanteurs, acteurs, sportifs, ministres…

Se mettre en scène

Même le pape François s’y est mis ! « Se représenter soi-même n’a bien sûr rien de nouveau », rappelle Pauline Escande-Gauquié, maître de conférences au Celsa (Paris-IV Sorbonne). « Toute l’histoire de la peinture depuis l’Antiquité a été marquée par cette pratique. La différence, aujourd’hui, c’est qu’on est dans une véritable logique identitaire. Dans notre société très uniformisée et médiatique, chacun se sent obligé de se mettre en scène pour exister. »

On s’immortalise dans les gradins du Stade de France, sur une plage paradisiaque des antipodes ou aux côtés du dernier chanteur à la mode. En veillant tant bien que mal à se présenter sous un jour avantageux. « Ce qui est chouette avec les selfies, c’est qu’on peut voir tout de suite à quoi on ressemble », se félicite Mélanie, du haut de ses 13 ans. « Si certains clichés sont moches, on peut les supprimer et poster uniquement les meilleurs. »

Une occasion de partage

Chef d’équipe chez Airbus Helicopters à Marignane (Bouches-du-Rhône), Jean-Marc, lui, préfère jouer la carte du naturel ou de l’autodérision. « Je suis quelqu’un de nature », confie ce père de quatre enfants. « J’affiche une grimace ou une mine ridicule ? Peu importe ! Ce qui m’intéresse, c’est de capturer l’instant présent. J’ai été victime d’un infarctus en 2013. Depuis, je croque la vie à pleines dents, et j’essaie de partager ma bonne humeur avec mes amis et proches qui sont dispersés aux quatre coins de la planète. »

« Le selfie ne saurait se réduire à une manifestation de l’ego », insiste Laurent Schmitt, coordinateur du pôle psychiatrie des hôpitaux de Toulouse et auteur du Bal des ego. « Ludique, il est aussi une occasion de partage. » Une forme de lien social version 2.0.

 

« Immortaliser un moment particulier »

« Plus jeune, je prenais des selfies surtout lorsque j’étais seule. Dès que j’en avais envie, j’appuyais sur le déclencheur. Aujourd’hui, je me restreins à quelques occasions : une nouvelle coiffure, un nouveau vêtement, un concert entre amis ou une sortie en amoureux. Le but n’est pas de me montrer personnellement, mais plutôt d’immortaliser un moment particulier et de me fabriquer des souvenirs. Maîtriser la façon de prendre la photo me plaît. Je peux recommencer autant de fois que je le veux sans avoir à importuner qui que ce soit. »

Maïlys, 24 ans, conseillère principale d’éducation dans un collège de la région parisienne

Scoutisme, les raisons d’un succès

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J’adore camper, dormir sous une toile de tente. On se sent libre, on respire. Quand je rentre de camp, je me sens à l’étroit dans l’appartement. » Six ans de guidisme au compteur : Apolline a toqué à la porte des « bleus » à 11 ans, conquise par les récits de son frère aîné. Comme elle, environ 140 000 jeunes partiront cet été sac au dos. Un nombre qui peut sembler faible en regard des 300 000 guides et scouts des années 1960 et des 8 millions de 8 à 17 ans en France (selon l’Insee en 2013). « Sans doute, le scoutisme a-t-il répondu à des objectifs d’émancipation sociale, quand il est davantage perçu comme “vintage rétro” actuellement, reconnaît Elsa Bouneau, présidente de la Fédération du scoutisme français et des Éclaireuses et éclaireurs unionistes. Pourtant, chaque association a le souci de proposer la spécificité de la méthode scoute au plus grand nombre, et les pouvoirs publics mesurent l’intérêt de notre engagement bénévole ».

Mais la multiplication de l’offre éducative de loisirs rend les comparaisons difficiles sur le long terme. Plus significatif : depuis une décennie, c’est la croissance qui est au rendez-vous. Même si on peut toujours les contester, les chiffres avancés par les mouvements scouts reconnus par l’Église catholique en attestent. Côté Scouts et guides de France (SGDF), on affiche 17 % de croissance en dix ans et plus de 68 000 adhérents. Les Guides et scouts d’Europe avancent près de 30 000 jeunes, dont 6 000 chefs et cheftaines. Les effectifs atteignent 26 000 chez les Scouts unitaires de France (Suf), augmentant de 3 à 5 % chaque année depuis 2002.

Qu’apportent donc les scouts ? « L’engagement permet des projets dans la durée, précise Elsa Bouneau. Par sa promesse, l’enfant montre qu’il est volontaire et s’engage vis-à-vis de lui et du groupe. On peut lui faire confiance. On peut compter les uns sur les autres. » Une clé du fameux « esprit scout ».

« Face à la crise de la société, le scoutisme continue d’offrir des réponses pertinentes à notre temps, confirme Jean-Jacques Gauthé, auteur de les Scouts (Le Cavalier bleu). Il propose des relations authentiques et non artificielles, il véhicule des valeurs fortes : fraternité, amitié. Et il intègre une dimension spirituelle à laquelle les jeunes sont sensibles, quel que soit leur horizon. »

L’amour de la nature

« La nature est le lieu privilégié…

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