Pourquoi se retourne-t-on dans la rue quand un regard pèse sur notre dos ?

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D’où vient la sensation que quelqu'un fixe notre nuque ? (Ph. Thirteen Of Clubs via Flickr CC BY 2.0)

D’où vient la sensation que quelqu’un fixe notre nuque ? (Ph. Thirteen Of Clubs via Flickr CC BY 2.0)

Nul doute que la sensation provoquée est dérangeante : se retourner et se trouver les yeux dans les yeux avec quelqu’un dont le regard semble avoir pesé sur nous. On ne peut s’empêcher de penser que c’est précisément ce regard qui nous a fait nous retourner, comme si on avait perçu son insistance. En fait, aucune des nombreuses expériences destinées à vérifier cet étrange pouvoir du regard sur nos semblables n’a encore permis d’établir l’existence d’un “sixième sens” qui pourrait l’expliquer.

Mais il n’est point besoin d’invoquer un phénomène surnaturel qui mettrait au défi les lois fondamentales de la nature : nos yeux et notre cerveau semblent bien assez performants pour expliquer ce qui nous fait croiser un regard quand on se retourne dans la rue. Nous sommes en effet dotés d’une sorte de réflexe qui nous pousse à fixer notre attention sur certaines formes familières que notre cerveau reconnaît avant même que nous en ayons conscience.

Un regard aigu et des yeux performants

Ce phénomène de “capture attentionnelle” permet de remarquer les détails les plus saillants ou les nouveautés qui surgissent dans une scène. Et à ce petit jeu, la détection du visage humain arrive largement en tête. “On ne connaît pas encore les processus neurologiques en jeu, explique Nathalie George, chargée de recherche en Neurosciences cognitives au CNRS, mais on sait que notre regard peut repérer, de façon irrépressible et quasi immédiate, un visage qui le fixe parmi une multitude de visages qui ne le regardent pas.”

A l’origine de cette habileté particulière, la taille exceptionnelle de la surface visible de la sclérotique de notre espèce, le “blanc de l’œil”. Une sclérotique de grande taille qui rend très visible la position de l’iris et donc la direction du regard. Ainsi, lorsqu’on se retourne dans la rue, notre regard tombera presque fatalement dans les yeux du seul humain qui nous regarde s’il y en a un, tout comme nous fixerons involontairement et instantanément le regard de celui qui se retourne dans la rue.

R.S.

D’après S&V n°1117

 

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1044

  • Vision, les nouveaux miracles de la médecine – S&V n°  1156 – 2014 – Dans tous les pays du monde – en particulier en France – les pathologies de la vue explosent. Heureusement, les techniques médicales pour traiter ces maladies ont fait un saut qualitatif ces dernières années : greffe de cellules, implants bioniques, thérapie génique…

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  • Libre arbitre : notre cerveau décide avant nous – S&V n°1057 – 2005 – L’un des grands apprentissages issues des sciences cognitives est l’importance des mécanismes inconscients et hyper-rapides dans notre être au monde. Au point de questionner notre libre arbitre.

1057

 

Du rêve, de l’espièglerie, de la gaieté à glisser dans la valise

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« Le farniente est une merveilleuse occupation. Dommage qu’il faille y renoncer pendant les vacances, l’essentiel étant alors de faire quelque chose. » Ce pince-sans-rire de Pierre Daninos n’avait pas tort ! Veillons à préserver des temps libres pour lire jouer, échanger, écouter de la musique… Notre sélection pour s’évader en beauté avec nos enfants.

1. Romans : Les Demoiselles de l’Empire

Marie est le dernier tome de cette tétralogie géniale. Lors de la période napoléonienne, Héloïse, Blanche, Léonie et Marie, pensionnaires à la maison…

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Remèdes naturels pour bobos et bosses de l’été

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À vous les vacances, les randos, les balades en bateau ! Un petit bobo et vous n’avez rien sous la main ? Pensez aux remèdes naturels de nos grands-mères, qui savaient soigner vite et bien une ampoule, un coup de soleil, une piqûre d’insecte…

Ampoules

En prévision des frottements répétés pouvant créer des ampoules, avant d’enfiler vos nouvelles chaussures de randonnée, frottez vos pieds et l’intérieur de vos chaussures avec le jus d’un demi-citron. Trop tard ? Avant de percer l’ampoule, stérilisez l’aiguille à la flamme d’un briquet, désinfectez avec une compresse imbibée de jus de citron et laissez votre pied à…

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Spiruline, l’aliment idéal du XXIe siècle

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Voici un élixir que n’aurait pas boudé Astérix ! Autant de protéines et de vitamines B12 que dans 500g de steak, autant de calcium qu’avec trois verres de lait, autant de fer que dans trois bols d’épinards, de bêta-carotène qu’avec 18 carottes, de vitamine E que dans trois cuillères à soupe de germe de blé, de potassium que dans trois bols de riz… Voilà tout ce qui tient dans trois cuillères à soupe de spiruline, d’après Jean-Louis Vidalo, médecin.

« Tombé » dans la potion verte depuis 20 ans, cet expert pour l’Onu et auteur du livre de référence Spiruline, l’algue bleue de santé et de prévention explique que cette plante est la meilleure source alimentaire en antioxydants, en protéines complètes et en vitamines (B12 et D notamment). Outre ces qualités nutritionnelles hors pair, c’est surtout l’action d’une quinzaine de pigments (caroténoïdes, chlorophylle, phycocyanine, porphyrine…) qui lui confère ses pouvoirs régénérants, radio-protecteurs, antioxydants, anti-inflammatoires, bactériostatiques, anticancerigènes et antibiotiques… Rien d’étonnant donc à ce que l’Unesco et l’Organisation mondiale de la santé désignent la spiruline comme « l’aliment idéal et le plus complet de demain » ou « le meilleur aliment pour l’humanité…

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Le virus du sida infecte plus facilement les consommateurs de cocaïne

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Contrairement à ce qu'on pensait jusqu'ici, ce n'est pas tant le comportement plus à risque des consommateurs de cocaïne qui les expose à un taux plus élevé d'infection au VIH, que les effets biochimiques de la molécule elle-même. - Ph. 2425869@N04 via Flickr

Contrairement à ce qu’on pensait jusqu’ici, ce n’est pas tant le comportement plus à risque des consommateurs de cocaïne qui les expose à un taux plus élevé d’infection au VIH, que les effets biochimiques de la molécule elle-même. – Ph. 2425869@N04 via Flickr

Depuis le début de l’épidémie, dans les années 1980, l’histoire du sida est étroitement liée à la consommation de drogues.  L’héroïne, en premier lieu : les seringues utilisées pour l’injecter, souvent partagées entre toxicomanes, ont aidé le virus du sida (VIH) à se répandre. Mais le VIH est aussi plus fréquent chez les consommateurs de cocaïne. Pourquoi ?

Jusqu’ici, les épidémiologistes ne pensaient pas qu’il pouvait exister un lien direct entre cocaïne et sida. Ils considéraient que les usagers de cocaïne étaient des personnes ayant tendance à prendre plus de risques, et, par là-même, avaient plus de chances d’attraper le virus du sida (VIH), parce qu’ils se protégeaient moins souvent lors des rapports sexuels. En résumé, les personnes utilisant de la cocaïne seraient aussi les personnes ayant moins tendance à utiliser des préservatifs.

Or, ces dernières années, les biologistes ont commencé à déceler des preuves que la cocaïne favorise directement le VIH dans l’organisme. Par des expériences menées in vitro (dans les éprouvettes et boîtes de Pétri des laboratoires), ils ont observé que la cocaïne rendait plus vulnérables certains globules blancs, les lymphocytes T, soit les cellules du système immunitaire qui se chargent de lutter contre les agents infectieux. Affaiblies, ces cellules seraient moins efficaces dans la lutte contre le virus.

Les effets combinés de la cocaïne et du VIH ont été testés sur un modèle de souris dotées d’un système immunitaire humain

Une toute nouvelle étude vient de démontrer que c’est bien le cas in vivo, chez un animal vivant. En l’occurrence, un modèle de souris de laboratoire appelée BLT, qui reproduit de la manière la plus fidèle possible le système immunitaire humain. Chez ces souris, le système immunitaire a été éliminé, puis elles ont subi une greffe de cellules souches humaines (du sang, du thymus et du foie), ce qui les dote de lymphocytes fonctionnant  comme des globules blancs humains.

 

Voici le protocole suivi par les chercheurs. Après avoir greffé les souris avec des cellules souches reproduisant un système immunitaire humain, les chercheurs leur ont administré de la cocaïne ou une solution saline pendant cinq jour. Ensuite, les souris ont reçu une injection de virus du sida, puis à nouveau la cocaïne ou la solution saline pendant 14 jours. Enfin, les souris ont été sacrifiées et leurs organes analysés. - Ph. © Scientific Reports

Voici le protocole de l’étude. Après avoir doté les souris de cellules souches reproduisant un système immunitaire humain, les chercheurs leur ont administré de la cocaïne ou une solution saline pendant cinq jours. Ensuite, les souris ont reçu une injection de virus du sida, puis à nouveau la cocaïne ou la solution saline pendant 14 jours. Enfin, les souris ont été sacrifiées et leurs organes, analysés. – Ph. © Scientific Reports

 

Pour la première fois, ce modèle de souris, utilisé habituellement dans les recherches sur le cancer et le sida, a été utilisé pour étudier les effets d’une drogue sur le système immunitaire. L’équipe de Dimitrios Vatakis, à l’université de Californie à Los Angeles (États-Unis), a injecté, cinq jours durant, une dose de cocaïne à 19 de ces souris, et une dose de simple solution physiologique (sans effet) à 19 autres. Ensuite, les souris ont reçu une injection de VIH, puis elles ont continué à recevoir leur injection quotidienne de cocaïne ou de solution physiologique pendant deux semaines.

La cocaïne affaiblit les cellules chargées de la défense immunitaire

Les résultats sont publiés dans la revue Scientific Reports : la présence de cocaïne facilite la diffusion du virus. Chez les souris ayant reçu une dose quotidienne de cette substance, à la fin de l’expérience, les concentrations de virus dans le sang étaient plus élevées. Seules 3 parmi ces 19 souris ne présentaient pas de niveaux détectables de VIH dans le sang, contre 9 souris parmi les 19 ayant reçu une injection inerte. Les biologistes ont aussi détecté dans le sang des souris “cocaïnomanes” une plus forte concentration d’ARN viral, produit par le VIH lorsqu’il se multiplie, signe que le virus se répand plus aisément dans leur organisme.

Enfin, les cellules immunitaires de ces souris voyaient leur réaction s’amenuiser en présence de cocaïne. Les lymphocytes T de type CD4, d’habitude en première ligne dans la lutte contre un agent infectieux, réagissaient de manière très atténuée, secrétant une trop faible quantité de cytokines, des messagers immunitaires fondamentaux pour organiser les défenses. De leur côté, les lymphocytes tueurs (T de type CD8), n’étaient plus capables de tuer les cellules infectées par le virus.

Toutes ces données montrent clairement que la cocaïne a un effet direct de facilitateur de l’infection par le virus du sida. Une conclusion qui a de quoi inquiéter, alors que l’on compte, en France, 450 000 personnes en ayant fait usage au moins une fois au cours de l’année 2014, d’après le dernier rapport de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies.

—Fiorenza Gracci

 

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> Lire également dans les Grandes Archives de Science & Vie :

  • Guérir du sida – S&V n°1135- 2012. En 2012, un homme infecté par le VIH a guéri grâce à une greffe de moelle osseuse. Ce premier cas de guérison totale par traitement médical est symbolique de l’inversion des rapports de force dans la guerre contre le sida et laisse entrevoir la possible défaite de cette maladie d’ici quelques années.

1135

  • Cela fait 30 ans… L’épidémie de sida – S&Vn°1125 – 2011. Exactement trente ans après l’apparition de cette nouvelle maladie, le point sur le nombre de victimes, le nombre d’infectés et les nouvelles voies de traitement.

1125

  • Virus : la fin de l’homme ? – S&V n°934. Le « péril viral » est annoncé pour le troisième millénaire. Aux nombreux virus déjà connus s’ajoute en effet la menace d’une multitude d’autres…

S&V 934 virus

 

 

Spiruline, l’aliment idéal du XXIe siècle

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« Tombé » dans la potion verte depuis 20 ans, cet expert pour l’Onu et auteur du livre de référence Spiruline, l’algue bleue de santé et de prévention explique que cette plante est la meilleure source alimentaire en antioxydants, en protéines complètes et en vitamines (B12 et D notamment). Outre ces qualités nutritionnelles hors pair, c’est surtout l’action d’une quinzaine de pigments (caroténoïdes, chlorophylle, phycocyanine, porphyrine…) qui lui confère ses pouvoirs régénérants, radio-protecteurs, antioxydants, anti-inflammatoires, bactériostatiques, anticancerigènes et antibiotiques… Rien d’étonnant donc à ce que l’Unesco et l’Organisation mondiale de la santé désignent la spiruline comme « l’aliment idéal et le plus complet de demain » ou « le meilleur aliment pour l’humanité…

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