Il y a de la vie à 2,5 km sous le plancher océanique

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Au large de la péninsule Shimokita, au nord-ouest du Japon, des chercheurs ont découvert des micro-organismes vivant par 2500 mètres de profondeur sous le plancher océanique - Ph. NASA / Wikimedia Commons / domaine public

Au large de la péninsule Shimokita, au nord-ouest du Japon, des chercheurs ont découvert des micro-organismes vivant par 2500 mètres de profondeur sous le plancher océanique – Ph. NASA / Wikimedia Commons / domaine public

Le forage le plus profond jamais réalisé par des scientifiques a mis au jour, au large du Japon, des micro-organismes jusqu’à 2446 mètres de profondeur sous le plancher océanique. Et ils sont bien vivants !

Pour preuve : une fois ramenés à la surface, quand ils les ont soumis à un flux de poussière de charbon, les microbiologistes et les géologues ayant mené l’étude ont constaté que leurs cellules étaient actives. Elles consommaient le charbon (source de carbone oxydé) et relâchaient en retour du méthane (le gaz le plus simple à base de carbone), comme ils le détaillent dans la revue Science.

Dans le sous-sol océanique, à une température de 60 °C, ces micro-organismes extrêmophiles survivent donc en se nourrissant d’une source de carbone plus ou moins abondante selon la profondeur. Les chercheurs les ont détectés, grâce à un derrick embarqué sur le bateau de recherche Chikyu, à partir d’une profondeur de 400 mètres et jusqu’à 2446 mètres, au large de la péninsule Shimokita (Nord-ouest du Japon).

Cette région était autrefois émergée, couverte de marécages et de lagunes : c’était il y a 23 millions d’années.

De 10 à 10 000 cellules par centimètre cube de roche

Progressivement, les sédiments riches en carbone typiques de ces zones humides ont dérivé au large, puis ont été recouverts par les sédiments marins. Dans les diverses couches de roche qui forment aujourd’hui le plancher océanique (calcaire, charbon…), la concentration des microbes retrouvés par les chercheurs japonais, à l’aide de techniques de comptage au microscope à fluorescence, varie de 10 à 10 000 cellules par centimètre cube.

Le bateau de forage en profondeur japonais Chikyu - Ph. Gleam via Wikimedia Commons.

Le bateau de forage en profondeur japonais Chikyu – Ph. Gleam via Wikimedia Commons.

Pour comparaison, un centimètre de cube de sol contient plusieurs milliards de bactéries, archées et protistes ! Et pourtant, le séquençage génétique de ces micro-organismes sous-marins a révélé qu’ils sont très semblables à ceux qui peuplent le sol des forêts.

Ces micro-organismes pourraient être les descendants de ceux ayant habité les lieux il y a 20 millions d’années

Deux hypothèses émergent ainsi pour expliquer ce lien de parenté : soit les microbes sous-marins sont les descendants de ceux ayant peuplé, il y a 20 millions d’années, le sol des marécages qui recouvraient autrefois cette zone, soit ils en seraient eux-mêmes les survivants !

En effet, même si très peu de choses sont connues sur leur biologie, de précédentes études ont montré que les microbes vivant dans la croûte terrestre ont un métabolisme extrêmement ralenti. On estime que la division cellulaire peut leur prendre mille ans ! Certains microbiologistes doutent même que ce genre de microbes se divisent, estimant qu’il est plus avantageux pour eux d’investir le peu de ressources disponibles tout simplement pour se maintenir en vie.

L’hypothèse de l’origine de la vie “intraterrestre”

Les premières traces de vie jamais détectées dans la profondeur du sol remontent à 1987, lors de forages conduits par les autorités américaines sous le lit du fleuve Savannah (entre la Caroline du Sud et la Géorgie). Par la suite, des micro-organismes vivants avaient été retrouvés à 3,9 kilomètres de profondeur dans la mine d’or de TauTona en Afrique du Sud. A présent, la mission de forage japonaise montre qu’on trouve des microbes à des profondeurs inouïes sous les océans.

Où est donc la limite ? Pour l’instant, on l’ignore. Mais depuis les années 1990, d’intéressantes théories émergent autour de ces micro-organismes, baptisés “intraterrestres” : pour certains biologistes, plutôt que d’avoir été tout simplement engloutis par la mer ou par la tectonique des plaques, ils seraient, au contraire, à l’origine de la vie sur Terre (voir S&V n°1151). Autrement dit, la vie serait née dans la profondeur de la croûte terrestre, avant d’émerger à la surface !

—Fiorenza Gracci

 

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  • Microbes terrestres, voici le vrai microcosmos – S&V n°1161, 2014. De la toundra aux forêts en passant par les fonds marins, la surface de la Terre regorge de microbes aussi précieux qu’inconnus. Leur mille activités jouent un rôle clé dans les écosystèmes… sans même qu’on s’en aperçoive !

S&V 1161 - microbes terrestres

  • De la vie au cœur de la Terre — S&V n°1151, 2013. Quelle incroyable hypothèse : l’origine de la vie aurait pu avoir lieu sous la surface de notre planète ! Les microbes retrouvés dans les profondeurs de la croûte terrestre sont légion. Ils portent un nom aussi étrange qu’eux : les “intraterrestres”.

S&V 1151 - couv

 

"Les scouts veulent intégrer la diversité des convictions"

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En donnant à votre dernier rassemblement de Strasbourg une dimension européenne, n’avez-vous pas eu l’impression d’aller à contre-courant d’une opinion publique qui n’y croit plus ?

29 pays étaient représentés à You’re Up. Ces jeunes venus de partout savent que l’Europe est leur avenir. Mais ils ne veulent pas d’une Europe seulement réglementaire ou administrative. Ils veulent un projet politique, un vrai projet de société où chacun ait sa place. Et ils ont envie de s’engager dans ce sens. C’est pourquoi, après une longue séance de travail au Parlement, ils ont rédigé une résolution, mise en ligne sur notre site, dans laquelle il est question de citoyenneté, d’environnement, de solidarité, de vivre ensemble… Des valeurs porteuses d’avenir.

Parmi les moments forts, il y a eu la visite à la mosquée de Strasbourg. Pourquoi cette rencontre ?

Le scoutisme a pour vocation de former des jeunes qui vont être constructeurs d’un monde plus fraternel, où chacun peut exister et approfondir ce qu’il est. Cet apprentissage ne peut se faire en vase clos. L’ouverture à l’autre, à celui qui pense, vit et croit autrement que moi, est une des conditions de l’éducation. La découverte du dialogue interreligieux est un ingrédient indispensable pour notre société actuelle.

Est-ce pour cette raison que vous accueillez des jeunes incroyants ou issus d’autres religions ?

Les Scouts et Guides de France sont un mouvement catholique ouvert à tous. Notre proposition est clairement catholique, mais nous ne chercherons jamais à convertir un jeune d’une autre religion. De la même manière, nous n’obligerons jamais un jeune à participer à un temps de prière. Chez nous, un jeune musulman n’est pas gêné par le fait de participer à une messe, il se sait respecté. Nous annonçons la couleur et nous sommes dans une confiance réciproque avec les familles. Comme chrétiens, nous pensons que le Christ n’a pas demandé de certificat de baptême avant d’accueillir ceux qui le croisaient et nous essayons de faire de même. L’Évangile ne nous donne aucun signe de fermeture de Jésus. Pour nous, être catholique, c’est être universel, ouvert à tous, comme lui. Bien entendu, nous accompagnons les jeunes chrétiens pour qu’ils découvrent le Christ dans leur vie. À Strasbourg, douze jeunes ont été confirmés pendant la messe de ce rassemblement. Mais, dans les années qui viennent, nous voulons aussi nous engager plus avant dans la rencontre interreligieuse. Nous sommes au XXIe siècle ! Qu’on le veuille ou non, ce dialogue est devenu incontournable.

Quels sont vos autres chantiers ?

Nous avons adopté il y a deux mois notre plan d’orientation pour 2015-2020 : « Grandir et servir ensemble ». Il faut que nous appelions et que nous formions davantage de chefs et de cheftaines pour mieux partager la joie du scoutisme, car beaucoup de jeunes et de familles l’attendent. Avec 75 000 membres et une croissance des effectifs de 5 % cette année, notre mouvement a besoin de nouveaux cadres. Avec eux, nous voulons mettre en oeuvre trois priorités : l’éducation à la paix, à la sobriété et à l’engagement citoyen.

 

> L’appel des scouts après l’orage :

Les 15.000 scouts réunis à Strasbourg ont dû être évacués dans la nuit du 17 au 18 juillet, à la suite d’une mini-tornade sur le camp. Le mouvement appelle aux dons pour faire face aux dégâts, estimés à plusieurs centaines de milliers d’euros… « On a perdu beaucoup de matériel : tentes, équipements collectifs, sonorisation. C’est important de pouvoir repartir dès la rentrée », explique François Mandil, délégué national du mouvement.