Scoutisme, les raisons d’un succès

Standard

J’adore camper, dormir sous une toile de tente. On se sent libre, on respire. Quand je rentre de camp, je me sens à l’étroit dans l’appartement. » Six ans de guidisme au compteur : Apolline a toqué à la porte des « bleus » à 11 ans, conquise par les récits de son frère aîné. Comme elle, environ 140 000 jeunes partiront cet été sac au dos. Un nombre qui peut sembler faible en regard des 300 000 guides et scouts des années 1960 et des 8 millions de 8 à 17 ans en France (selon l’Insee en 2013). « Sans doute, le scoutisme a-t-il répondu à des objectifs d’émancipation sociale, quand il est davantage perçu comme “vintage rétro” actuellement, reconnaît Elsa Bouneau, présidente de la Fédération du scoutisme français et des…

Cet article est réservé aux abonnés de La Vie, afin de le lire

ABONNEZ-VOUS

4€/mois SANS ENGAGEMENT

Accédez à des contenus numériques exclusivement réservés aux abonnés ainsi qu’à vos numéros en version PDF sur ordinateur, smartphone et tablette.


Ce matériau absorbe la chaleur et ne la libère que si on le presse

Standard

Un matériau synthétisé en laboratoire, dont la structure ressemble à ce cristal naturel de biotite, agit comme une éponge à chaleur (Ph. Didier Descouens via Wikicommons CC BY-SA 4.0)

Le nouveau matériau synthétisé en laboratoire, dont la structure ressemble à ce cristal naturel de biotite, agit comme une éponge à chaleur (Ph. Didier Descouens via Wikicommons CC BY-SA 4.0)

Une éponge à chaleur. C’est à cela que ressemblerait le nouveau matériau conçu par des chercheurs japonais de l’université de Tokyo, à ceci près qu’il est massif (pas de trous) et rigide. Pourtant, il suffit de l’exposer au Soleil ou à toute autre source de chaleur puis, plus tard, d’exercer une pression sur lui, pour qu’il libère la chaleur accumulée. Et pas qu’un peu !

Cette aptitude, liée à sa structure cristalline, pourrait en faire un récupérateur de la chaleur pour les dispositifs électroniques, les moteurs et autres systèmes techniques qui en gaspillent à foison.

Beaucoup de chaleur contre un peu de pression

Le chiffre est significatif : ce matériau classé dans la catégorie des céramiques (couches cristallines superposées) et au nom abscons de trititane pentoxide (de formule Ti3O5) est capable d’accumuler puis libérer 320 kilojoules (kJ) par volume de 10 cm3, de quoi faire bouillir 1/10 de litre d’eau.

C’est surtout le premier matériau capable de libérer sa chaleur à la demande : pour cela, il suffit d’exercer sur lui une pression de 600 bars (1 bar = pression atmosphérique), ce qui est facile à obtenir avec une petite presse mécanique.

La chaleur devient une énergie de structure

Le secret de cette “éponge” ? Sa structure microscopique : selon les chercheurs ce sont les atomes d’oxygène O et de titane Ti qui piègent la chaleur en l’utilisant comme énergie pour modifier leur disposition dans le réseau.

Le matériau est en effet cristallin : ses atomes O et Ti sont placés solidement en réseau selon un certain ordre (ici c’est une structure monoclinique du groupe C2/m) – plus précisément, ce sont non pas des atomes individuels qui occupent les nœuds du réseau mais des groupes d’atomes, par exemple 2 atomes de Ti ou 4 de O, etc. (voir figure).

Exemple de répartition des groupes d’atomes d’oxygène et de titane (les couleurs représentent la densité d’électrons. Crédit : Nature Communications)

De la chaleur mais aussi de l’électricité ou de la lumière

En chauffant, le matériau fait une “transition de phase” et change de structure. Cela est commun, mais lui reste bloqué dans cette position même quand on a cessé de le chauffer, à l’instar des matériaux à mémoire de forme. Et  quand on presse dessus, on “décoince” le cristal qui revient à sa structure initiale en relâchant l’énergie en surplus sous forme de chaleur.

C’est un peu comme si l’on générait des frictions internes en pressant, sauf que la chaleur dégagée dépasse de loin l’énergie mécanique (pression) appliquée. Et ce n’est pas tout : le matériau peut être alimenté non seulement en chaleur mais aussi en électricité ou en lumière, qu’il restituera toujours sous forme de chaleur.

Un cliché du matériau, une micrographie de sa structure, la représentation de la structure  monoclinique C2/m et un cristal naturel possédant ce type de structure : la biotite.

De gauche à droite : un cliché du matériau, une micrographie de sa structure (en couches), la représentation de la structure monoclinique C2/m et un cristal naturel possédant ce type de structure : la biotite.

 Une nouvelle source d’énergie renouvelable et propre

Pour les chercheurs, leur matériau serait idéal pour récupérer l’énergie thermique gaspillée par la plupart des engins mécaniques (moteurs) et électroniques (composants), qui habituellement est libérée dans l’atmosphère sans aucune utilité. Il pourrait même devenir un composant pour dispositifs électroniques réagissant à la pression.

Il est surtout le premier exemple, mais certainement pas le dernier, d’une nouvelle source d’énergie renouvelable et propre (hors le coût énergétique de sa fabrication).

Román Ikonicoff

 

 > Lire aussi :

 

> Lire également dans les Grandes Archives de Science & Vie :

1149

  • Voici les matériaux surnaturels – S&V n°1133 – 2012. Durant des millénaires, l’humanité s’est servie des matériaux offerts par la nature. Mais peu à peu, en apprenant à jouer sur leur composition d’abord, puis sur leur structure microscopique, nous sommes devenus des spécialistes de l’art de créer de nouveaux matériaux aux propriétés inédites.

1133

  • Diamants de synthèse : l’artifice atteint des sommets – S&V n°1053 – 2005. Un diamant ne se forme pas par magie mais il faut des conditions de température et de pression extrêmes pour y arriver, ce que les scientifiques savent de mieux en mieux faire dans les laboratoires.

1053

Scoutisme, les raisons d’un succès

Standard

J’adore camper, dormir sous une toile de tente. On se sent libre, on respire. Quand je rentre de camp, je me sens à l’étroit dans l’appartement. » Six ans de guidisme au compteur : Apolline a toqué à la porte des « bleus » à 11 ans, conquise par les récits de son frère aîné. Comme elle, environ 140 000 jeunes partiront cet été sac au dos. Un nombre qui peut sembler faible en regard des 300 000 guides et scouts des années 1960 et des 8 millions de 8 à 17 ans en France (selon l’Insee en 2013). « Sans doute, le scoutisme a-t-il répondu à des objectifs d’émancipation sociale, quand il est davantage perçu comme “vintage rétro” actuellement, reconnaît Elsa Bouneau, présidente de la Fédération du scoutisme français et des…

Cet article est réservé aux abonnés de La Vie, afin de le lire

ABONNEZ-VOUS

4€/mois SANS ENGAGEMENT

Accédez à des contenus numériques exclusivement réservés aux abonnés ainsi qu’à vos numéros en version PDF sur ordinateur, smartphone et tablette.


Nos mains sont plus primitives que celles des chimpanzés

Standard

Un jeune chimpanzé dans un zoo suisse. / Ph. Tambako via Flickr – CC BY SA

Une nouvelle étude ayant analysé dans le détail la morphologie des mains d’un grand nombre de singes, de fossiles et d’hommes confirme que ce ne sont pas les nôtres qui sont les plus évoluées, mais celles de nos proches cousins.

La question fait débat depuis longtemps parmi les scientifiques : à quoi ressemblait notre dernier ancêtre commun avec les chimpanzés ? Cet être mystérieux a vécu avant la séparation, il y a 7 million d’années, entre ancêtres des chimpanzés et des hommes. Si on pouvait le rencontrer, aurait-il les apparences simiesques d’un chimpanzé — notre plus proche cousin, avec qui nous partageons 99 % de notre génome — ou, au contraire, lui trouverait-on déjà une forte ressemblance avec les Hominidés dont nous sommes ?

Marcherait-il sur ses poings comme Pan troglodytes (le chimpanzé) ou se dresserait-il sur ses pieds, comme Homo sapiens ? Et ses mains, seraient-elles plus adaptées à la manipulation d’objets, comme les nôtres, ou à saisir des branches pour se déplacer dans les arbres, comme celles des chimpanzés ?

 

La main du chimpanzé possède de long doigts et un pouce court. / Ph. Michele W via Flickr - CC BY SA

La main du chimpanzé possède de long doigts et un pouce court. / Ph. Michele W via Flickr – CC BY SA

Les fossiles d’hominidés apportaient déjà des preuves de la primitivité de notre main

Depuis l’an 2000 environ, de nouvelles preuves fossiles se sont accumulées indiquant que le fameux ancêtre commun arborait déjà des traits forts semblables à ceux des hommes : il était bipède (stature debout) et possédait des mains polyvalentes comme les nôtres.

Avec un pouce relativement long et des doigts plutôt courts, ce genre de main permet une manipulation très fine des objets, puisque la pointe du pouce peut toucher la pointe de tous les autres doigts. A l’inverse, la main des chimpanzés, avec son pouce court et ses autres doigts très allongés, permet une meilleure saisie des branches pour de déplacer dans les arbres.

C’est la main du chimpanzé la plus primitive, pensaient les paléoanthropologues il y a trente ans

Or, depuis les analyses génétiques réalisées dans les années 80 et 90, qui avaient montré la parenté entre hommes et chimpanzés, bon nombre de paléoanthropologues estimaient que la forme la plus primitive était celle de notre cousin. Autrement dit, notre ancêtre commun, estimaient-ils, devait plus ressembler à un grand singe qu’à un homme.

Rien de tout cela n’a été confirmé par les fossiles d’hominidés très anciens découverts ensuite. Au contraire, ils allaient peu à peu dessiner un portrait de l’ancêtre commun doté de mains humaines. A commencer par Toumaï, vieux de 7 millions d’années (découvert au Tchad en 2001), Orrorin (6 millions d’années, découvert en 2000 au Kenya) et Kenyanthropus platyops (3,5 million d’années, découvert au Kenya en 1999).

Le dernier ancêtre commun entre chimpanzés et hommes a vécu il y a environ 8 millions d'années. - © S&V n°1113.

Le dernier ancêtre commun entre chimpanzés et hommes a vécu il y a environ 8 millions d’années. – © S&V n°1113.

Ces fossiles sont venus enrichir un tableau de famille qui ne comportait auparavant que des australopithèques comme la célèbre Lucy (découverte en 1974 en Ethiopie), âgés de 4 à 2 millions d’années, des Paranthropus (2 à 1 million d’années) et des Homo (2 millions d’années).

Enfin, la preuve la plus significative est venue de l’analyse, en 2009, d’un fossile exceptionnellement conservé, surnommé “Ardi”. Il s’agit d’un Ardipithecus ramidus (5 million d’années environ), découvert en Ethiopie en 1990. Complet à 40 %, le squelette a fourni des preuves particulièrement solides à l’équipe de Tim White (université de Californie à Berkeley) : “Ardi”, était bel et bien doté de mains de type humain.

Une nouvelle étude portant sur les singes vivants aujourd’hui fournit de nouvelles preuves

Si certains n’étaient toujours pas convaincus du caractère primitif de nos mains à doigts courts et pouce long, une nouvelle étude réalisée par des paléoanthropologues espagnols et américains, et publiée dans Nature Communications, vient apporter des éléments nouveaux, qui laissent peu de place au doute.

Sergio Almécija et ses collègues ont examiné par des statistiques très fines la morphologie des mains de 270 espèces : tous les grands singes (homme, chimpanzé, bonobo, gorille, orang-outan, gibbon), de nombreux singes du vieux et du nouveau continent, et tous les fossiles d’hominidés disponibles, de Lucy à Ardi.

La main d'un chimpanzé à gauche, celle d'un homme à droite. Dans le schéma, les résultats pour différentes espèces de grands singes, du rapport entre pouce et quatrième doigt. / Nature Communications - CC-BY-SA.

La main d’un chimpanzé à gauche, celle d’un homme à droite. Dans le schéma, les résultats pour différentes espèces de grands singes, du rapport entre longueur du pouce et du quatrième doigt. / Tiré de Almecija et al., Nature Communications – CC-BY-SA.

Résultats : premièrement, la main de l’homme fait partie des formes les plus primitives et peu spécialisées que l’on retrouve chez les hominidés. Deuxièmement, il existe parmi les espèces étudiées et leurs ancêtres une grande diversité de formes, qui correspondent à divers chemins de spécialisation.

Par exemple, les chimpanzés, ainsi que les orangs-outans, ont développé au cours de l’évolution des mains semblables car répondant au même besoin : celui de la vie arboricole et frugivore, qui demande de s’accrocher aux banches pour aller chercher des fruits dans les arbres.

A l’inverse, les gorilles comme les hominidés ont gardé une main plus primitive, adaptée à leur vie au sol. Ils exploitent leur grande dextérité pour se nourrir d’une vaste gamme d’aliments.

L’invention des outils, elle, n’aurait pas joué un rôle moteur dans l’évolution des mains : celles-ci avaient déjà la forme actuelle chez nos ancêtres les plus anciens, tels qu’Orrorin (5 millions d’années), à une époque où aucun outil n’est connu ! Plutôt que la main, les spécialistes pensent que l’évolution a davantage influencé le cerveau : progressivement, il aurait acquis une meilleure maîtrise des mouvements, qui nous a permis de développer des outils.

—Fiorenza Gracci

 

> Lire aussi dans les Grandes Archives de S&V :

  • Le mystère des cinq crânes — S&V n°1157, 2014. Découverts en Géorgie, ces crânes mêlent différents caractères d’espèces d’Homo théoriquement éloignés. Et floutent un peu plus le tableau de nos origines. Comment les paléoanthropologues vont-ils les interpréter ?

S&V 1157 - le mystere des 5 cranes

  • D’où venons-nous ? — S&V n°1113, 2010. Les nouvelles découvertes fossiles bouleversent complètement l’histoire des origines humaines. Ardi, Orrorin, Toumaï… voici comment elles recomposent le puzzle de notre phylogénétique.

S&V 1113 - d'ou venons nous

  • Australopithèques : cherchez l’ancêtre ! — S&V n°996, 2000. Alors qu’on remet un peu d’ordre dans la famille des australopithèques dont la célèbre Lucy, on se demande encore comment classer Ardi (Ardipithecus ramidus).

S&V 996 - australopitheques

 

Scoutisme, les raisons d’un succès

Standard

J’adore camper, dormir sous une toile de tente. On se sent libre, on respire. Quand je rentre de camp, je me sens à l’étroit dans l’appartement. » Six ans de guidisme au compteur : Apolline a toqué à la porte des « bleus » à 11 ans, conquise par les récits de son frère aîné. Comme elle, environ 140 000 jeunes partiront cet été sac au dos. Un nombre qui peut sembler faible en regard des 300 000 guides et scouts des années 1960 et des 8 millions de 8 à 17 ans en France (selon l’Insee en 2013). « Sans doute, le scoutisme a-t-il répondu à des objectifs d’émancipation sociale, quand il est davantage perçu comme “vintage rétro” actuellement, reconnaît Elsa Bouneau, présidente de la Fédération du scoutisme français et des…

Cet article est réservé aux abonnés de La Vie, afin de le lire

ABONNEZ-VOUS

4€/mois SANS ENGAGEMENT

Accédez à des contenus numériques exclusivement réservés aux abonnés ainsi qu’à vos numéros en version PDF sur ordinateur, smartphone et tablette.


Le souffle, c’est la vie

Standard

L’air que l’on respire et le souffle qui nous anime ont de tout temps interpellé les grandes civilisations. Déjà, le célèbre médecin Hippocrate considérait « l’air comme le plus puissant agent de tout et en tout ». En grec, pneuma désigne à la fois le vent, l’air, le souffle, la respiration mais aussi l’esprit, l’âme, la vie ou le coeur. Tout comme en hébreu, ou l’âme et le souffle ne sont qu’un même mot (ruah ou ruach) ou en latin avec spiritus, qui désigne à la fois l’air, la respiration, le souffle, l’esprit, l’âme et même la confiance ! Insaisissable, l’air nous traverse et nous donne vie depuis la première inspiration jusqu’à notre dernier souffle. Nous le partageons avec notre voisin et l’échangeons avec le monde végétal dans une parfaite symbiose : les arbres recyclent nos…

Cet article est réservé aux abonnés de La Vie, afin de le lire

ABONNEZ-VOUS

4€/mois SANS ENGAGEMENT

Accédez à des contenus numériques exclusivement réservés aux abonnés ainsi qu’à vos numéros en version PDF sur ordinateur, smartphone et tablette.


Une expérience relance l’idée d’une origine de la vie venue de l’espace

Standard

Une météorite qui brûle en entrant dans l'atmosphère. Des bactéries emprisonnées dans la météorite pourraient y survivre (Ph. Alex Alishevskikh via Flickr CC BY 2.0)

Photo de la trainée d’une météorite qui brûle en entrant dans l’atmosphère : des bactéries pourraient y survivre (Ph. Alex Alishevskikh via Flickr CC BY 2.0)

Et si la Terre avait été “fécondée” par de la vie extraterrestre apportée par les météorites ? C’est une hypothèse marginale sur les origines de la vie mais qui garde tout son attrait Or une expérience vient de montrer pour la première fois que des bactéries coincées dans une météorite peuvent survivre aux conditions extrêmes de son entrée dans l’atmosphère.

Ce résultat ne permet pas d’inférer que les premières formes de vie terrestres, des organismes unicellulaires, ont été apportées depuis l’espace, loin de là !, mais il démontre que ce n’est pas totalement impossible. Surtout, il nous en apprend davantage sur l’extraordinaire résistance des formes de vie les plus simples…

 Une vie résistante aux conditions extrêmes de l’entrée atmosphérique

L’expérience, menée par des chercheurs de l’Académie des Science Russe, a consisté à sélectionner une bactérie particulièrement résistante, à l’enfermer dans un morceau de basalte (roche magmatique présente dans de nombreux météorites), à coller le tout sur la paroi extérieure d’un satellite, à envoyer ce dernier dans l’espace et puis à le faire ré-entrer dans l’atmosphère à une vitesse comparable à celle des météorites, enfin à regarder si la population de bactéries a survécu au voyage.

Concrètement, le candidat sélectionné est la bactérie Thermoanaerobacter siderophilus, une espèce découverte en 1999 capable de survivre à des températures de 121 °C pendant 90 minutes et dans un milieu riche en oxydes de fer (présents dans les météorites). De nombreuses colonies de cette bactérie ont été enfermées dans trois disques de basalte (7 cm de diamètre, 1.4 cm d’épaisseur) lesquels ont été collés à la surface du module d’atterrissage d’un satellite FOTON-M4, comme le montrent les images :

A gauche, les trois disques de basalte où ont été logées les bactéries. A droite, la position des disques sur le satellite FOTON-M4 (PLOS ONE)

A gauche, les trois disques de basalte logeant les bactéries. A droite, la position des disques sur le satellite FOTON-M4 (PLOS ONE)

Après 45 jours de séjour dans l’espace, sur une orbite de 575 km d’altitude, le module de rentrée atmosphérique s’est précipité sur la Terre à 7,6 km/s (soit 27 360 km/h) : les frottement de l’air ont porté les disques de basalte enfermant les bactéries à des températures pouvant dépasser 1250 °C (fusion du basalte).

16 % des colonies bactériennes ont survécu à l’expérience

Si les échantillons n’ont pas subi le terrible impact avec le sol, car le module a fini par déployer ses parachutes, le résultat est néanmoins impressionnant : 16% des colonies ont survécu. Et après avoir choyé ces survivantes dans un bain de culture à 65°C pendant 120 heures, celles-ci avaient l’air de se porter bien, comme le montre la figure ci-dessous :

Les clichés A et B montrent les bactéries ayant effectué le voyage aller-retour vers l'espace, les deux autres sont des échantillons de contrôle (PLOS ONE)

Les clichés A et B montrent les bactéries ayant effectué le voyage aller-retour vers l’espace, les deux autres sont des échantillons de contrôle (PLOS ONE)

L’expérience et ses résultats sont inédits, d’autres ont déjà été réalisées mais dans des conditions moins extrêmes. Même s’il a manqué l’étape cruciale de l’impact sur le sol, dont la violence dépasse les conditions de cette expérience, cela renforce un peu l’hypothèse de la panspermie, qui postule la “fertilisation” de la Terre par une vie extraterrestre.

Une hypothèse marginale, mais pas impossible

Mais c’est une hypothèse marginale parmi les exobiologistes, qui lui préfèrent la version plus faible : ce sont les molécules nécessaires à la vie (dites prébiotiques) et non pas la vie elle-même qui a pu provenir de l’espace – on sait que certaines de ces molécules se forment naturellement dans des corps ou des objets cosmiques, comme les nébuleuses.

En revanche, rien ne dit qu’un jour nous n’utiliserons pas cette technique pour exporter nos propres bactéries dans l’espace pour ensemencer une planète ou une lune proche, dans une expérience de “terraformation” au long cours…

Román Ikonicoff

 

> Lire également

 

> Lire également dans les Grandes Archives de S&V :

  • Origine de la vie : l’expérience de Miller refait parler d’elle – S&V n°1099 – 2009. En 1953, le chercheur américain Stanley Miller avait montré dans une expérience que certaines molécules complexes nécessaires à la vie pouvaient se former spontanément dans la soupe primitive de la Terre, voici 3,7 milliards d’années. Plus d’un demi-siècle après, l’expérience intéresse encore les chercheurs…

1099

  • Ils ont créé des êtres presque vivants – S&V n°1157 – 2014 – C’est un fait : il y a 3,7 milliards d’années des organismes vivants ont commencé à émerger de l’inerte. Cela ne s’est pas fait du jour au lendemain : des dizaines de millions d’années durant lesquelles des formes intermédiaires, ni vivantes ni inertes, ont crû dans les océans. Les scientifiques tentent de comprendre et reproduire cette étape en laboratoire.

1157

  • Vie extraterrestre : l’espoir – S&V n°1167 – 2014. Il y a Titan, et il y a Europe, une lune de Jupiter totalement gelée en surface mais avec un océan intérieur alimenté en chaleur par le noyau de la lune. Bref, le Système solaire est un terrain d’exploration pour les exobiologistes bien plus accessible que les exoplanètes lointaines.

1167

 

 

Le souffle, c’est la vie

Standard

L’air que l’on respire et le souffle qui nous anime ont de tout temps interpellé les grandes civilisations. Déjà, le célèbre médecin Hippocrate considérait « l’air comme le plus puissant agent de tout et en tout ». En grec, pneuma désigne à la fois le vent, l’air, le souffle, la respiration mais aussi l’esprit, l’âme, la vie ou le coeur. Tout comme en hébreu, ou l’âme et le souffle ne sont qu’un même mot (ruah ou ruach) ou en latin avec spiritus, qui désigne à la fois l’air, la respiration, le souffle, l’esprit, l’âme et même la confiance ! Insaisissable, l’air nous traverse et nous donne vie depuis la première inspiration jusqu’à notre dernier souffle. Nous le partageons avec notre voisin et l’échangeons avec le monde végétal dans une parfaite symbiose : les arbres recyclent nos…

Cet article est réservé aux abonnés de La Vie, afin de le lire

ABONNEZ-VOUS

4€/mois SANS ENGAGEMENT

Accédez à des contenus numériques exclusivement réservés aux abonnés ainsi qu’à vos numéros en version PDF sur ordinateur, smartphone et tablette.


La myrtille, petite baie gourmande des Vosges

Standard

Les Vosgiens l’appellent la brimbelle. Au coeur du parc régional des ballons des Vosges, à Belfahy (70), on part la cueillir dès l’aube dans les chaumes et les sous-bois, lorsqu’elle est encore couverte de pruine, une cire naturelle exhalée par le fruit, qui garde sa fraîcheur.

Initié dès l’enfance au ratissage des myrtilliers du massif, le restaurateur Ivan Lahore sublime le fruit dans son auberge familiale : « La myrtille sauvage est propre à notre région. Son goût est très prononcé et sa chair, très noire. Ce n’est pas pour rien qu’elle a la réputation de tacher les dents ! », dit, amusé, le patron de la Chevauchée. Une variété que l’on trouve aussi en Ardèche, en Lozère ou dans la Forêt-Noire, en Allemagne. Toutefois sa cueillette est réglementée par une loi très stricte…

Cet article est réservé aux abonnés de La Vie, afin de le lire

ABONNEZ-VOUS

4€/mois SANS ENGAGEMENT

Accédez à des contenus numériques exclusivement réservés aux abonnés ainsi qu’à vos numéros en version PDF sur ordinateur, smartphone et tablette.


Pluton : les images de la rencontre

Standard

Cette image de la surface de Pluton a été prise par la sonde New Horizons alors qu'elle était encore distante de 770 000 kilomètres. Les plus petits détails visibles ici mesurent environ un kilomètre. Cette région, étonnamment jeune car dénuée de cratères d'impacts, révèle des montagnes hautes de 3500 mètres. Quel type de géologie est capable de créer de telles structures ? Nous l'ignorons. Photo Nasa.

Cette image de la surface de Pluton a été prise par la sonde New Horizons alors qu’elle était encore distante de 770 000 kilomètres. Les plus petits détails visibles ici mesurent environ un kilomètre. Cette région, étonnamment jeune car dénuée de cratères d’impacts, révèle des montagnes hautes de 3500 mètres. Quel type de géologie est capable de créer de telles structures ? Nous l’ignorons. Photo Nasa.

Voici les toutes dernières images du système de Pluton transmises par la sonde américaine New Horizons. Prises le 14 juillet, pendant la traversée, un quart d’heure durant, après près de dix ans de voyage, de ce système planétaire en miniature à près de 50 000 km/h, ces quelques photographies représentent moins de 1 % des données que la sonde transmettra à la Terre à partir du 24 septembre.
Pluton apparaît, malgré sa petite taille et son statut de planète naine, comme un monde complexe, probablement actif encore aujourd’hui. D’immenses régions dénuées de cratères d’impacts semblent recouvertes de glaces d’azote, de méthane, ou d’eau… D’étonnants systèmes montagneux, hauts de plus de 3 kilomètres, apparaissent sur le petit astre. Charon, qui forme avec Pluton une « planète double », dévoile aussi des paysages d’une étonnante richesse.

Comme sa grande sœur Pluton, la planète naine Charon, qui lui tourne autour, a révélé aux caméras de New Horizons une surface étonnamment jeune et complexe. Un canyon immense, profond peut-être de 9000 mètres, traverse le petit astre. Son origine est inconnue. Photo Nasa.

Comme sa grande sœur Pluton, la planète naine Charon, qui lui tourne autour, a révélé aux caméras de New Horizons une surface étonnamment jeune et complexe. Un canyon immense, profond peut-être de 10 000 mètres, traverse le petit astre. Son origine est inconnue. Photo Nasa.

La mission New Horizons peut d’ores et déjà être considérée comme un immense succès : avec elle se clôt, symboliquement, la conquête du système solaire. Toutes les planètes qui tournent autour du Soleil ont été visitées par les robots des hommes. L’humanité n’est plus terrestre, mais stellaire.
Serge Brunier

Observé de loin par New Horizons, le satellite Hydra, qui mesure environ 40 x 30 kilomètres, révèle une forme chaotique. Photo Nasa.

Observé de loin par New Horizons, le satellite Hydra, qui mesure environ 40 x 30 kilomètres, révèle une forme chaotique. Photo Nasa.