De quoi dépend l’indice UV ?

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soleil plage

L’indice UV, calculé par les météorologues, renseigne sur l’intensité des rayons ultraviolets du soleil qui parviennent au sol. – Ph. DiRavenna / Flickr / CC BY 2.0

Disons que vous passez vos vacances au Cap d’Agde. Le soleil brille et, ce jour-là, le bulletin météo prévoit un indice UV de 6, autrement dit un “risque fort” pour la peau. Or, à quelques dizaines de kilomètres de là, à La Grande-Motte, le même jour et à la même heure, l’indice UV n’est que de 4 ! Le risque n’est plus que “modéré”. Pourtant, le soleil brille tout autant. Comment est-ce possible ? Simple : si l’indice UV décrit l’intensité du rayonnement ultraviolet émis par le soleil et le risque qu’il représente pour la santé, il n’est pas une donnée immuable. Bien d’autres paramètres entrent en jeu.

Les nuages, par exemple : selon leur épaisseur, leur couleur, leur forme et leur altitude, ils filtrent plus ou moins les ultraviolets, faisant chuter ou grimper localement l’indice UV. Mais si le ciel est pareillement bleu à La Grande-Motte et au Cap d’Agde ? Alors, ce sont peut-être les aérosols : très nombreux dans l’air en cas de pollution, ils peuvent filtrer 30 à 40 % du rayonnement ! Ce n’est pas tout : la nature du sol modifie aussi la dose d’UV à laquelle nous sommes exposés.

Le soleil tape plus fort à la mer, qui réfléchit les rayons

Ainsi, le sable réfléchit 15 % des UV, l’eau 25 %, un paramètre appelé albédo. La dose de rayons reçue est donc plus forte en mer que sur la plage et bien moindre dans les terres. Par ailleurs, à l’échelle du globe, la couche d’ozone n’est pas sans effet : l’exposition aux rayons ultraviolets augmente là où elle est la plus mince, c’est-à-dire aux pôles, ainsi qu’à l’équateur et en altitude, où le Soleil est le plus proche de la Terre. C’est pour toutes ces raisons que l’indice UV peut varier d’un site à l’autre, même s’ils ne sont pas très éloignés. Il n’est pas un simple indice météorologique. Ce qui donne une idée du travail de Météo France qui, chaque jour, le recalcule à partir de tous les facteurs qui influent sur l’intensité du rayonnement ultraviolet.

En été, chaque jour, l’indice UV varie (sur une échelle de 1 à 11) en fonction des nuages, de l’épaisseur de la couche d’ozone et de la pollution. Météo France pondère cet indice en fonction du type d’UV (A, B ou C) en présence. Des informations qui permettent d’adapter sa protection solaire. - © S&V (2015)

En été, chaque jour, l’indice UV varie (sur une échelle
de 1 à 11) en fonction des nuages, de l’épaisseur
de la couche d’ozone et de la pollution. Météo France
pondère cet indice en fonction du type d’UV (A, B ou C)
en présence. Des informations qui permettent d’adapter
sa protection solaire. – © S&V (2015)

L’indice UV est une échelle de 0 à 11

Inventé en 1992, cet indice est devenu une référence pour l’Organisation météorologique mondiale et l’Organisation mondiale de la santé. Il s’étale sur une échelle linéaire de 0 à 11. A chaque échelon, la densité de puissance des rayons solaires qui frappent un mètre carré de sol augmente de 25 mégawatts. L’indice est par ailleurs pondéré pour prendre davantage en compte l’intensité des rayons dont la longueur d’onde est inférieure à 315 nanomètres, c’est-à-dire les UVB.

Car les UV, dont la longueur d’onde est comprise entre 100 et 400 nanomètres, juste avant les rayons X, se divisent en trois catégories : les UVA, les UVB et les UVC. Et ce sont les UVB qui sont les plus agressifs pour la peau. Bien qu’ils ne représentent que 5 % des rayons, ils provoquent le plus de dégâts à court terme : des coups de soleil, bien visibles, aux mutations de l’ADN, plus sournoises. Les UVA sont absorbés plus profondément par la peau et provoquent des dégâts moins visibles, mais tout aussi dangereux à long terme. Et ce, même si la peau est déjà bronzée. La mélanine qui la pigmente a beau absorber 90 % des rayons (dont tous les UVB), les 10 % qu’elle laisse passer suffisent à provoquer des dommages.

Se mettre à l’ombre dès un indice 3

Pour se prémunir contre ces rayons, il faut se mettre à l’ombre à l’heure où le soleil frappe le plus fort, dès que l’indice UV atteint le niveau 3 (“modéré”). A partir de 6 (“fort”), enduisez-vous de crème solaire, portez un chapeau, des lunettes de soleil et mettez-vous à l’ombre durant les trois heures les plus ensoleillées de la journée ; de 8 à 10 (“très fort”), ajoutez une chemise à manches longues et ne vous attardez pas au soleil. Au niveau “extrême”, tout le corps devrait être couvert. Si un indice UV de 8 ou 9 est courant sur les plages françaises, il passe rarement la barre des 10-11. Dans les Andes boliviennes, sur le volcan Licancabur (5 916 m d’altitude), c’est une autre affaire. En raison des effets combinés d’une couche d’ozone naturellement plus mince dans la région, de tempêtes, de plusieurs incendies et d’une éruption solaire survenue quelques semaines avant les mesures, les chercheurs ont enregistré en 2004 le plus fort indice UV jamais mesuré à la surface de la Terre : 43 !

—F.G.

D’après S&V Questions-Réponses n°16

 

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S&V1150

  • Les UV et la vie S&V n°896 (1992). Les rayons ultraviolets du Soleil parviennent sur la Terre en plus grande quantité du fait du trou dans la couche d’ozone. Avec quelles conséquences pour le vivant ?

S&V 896 - uv vivant

 

Voici le “Top 5” des meilleures illusions d’optique de 2016

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Des tubes rectangulaires qui, reflétées dans un miroir, semblent cylindriques... voici l'une des illusions d'optique primées cette année (capture d'écran).

Des tubes rectangulaires qui, reflétées dans un miroir, semblent cylindriques… voici l’une des illusions d’optique primées cette année (capture d’écran).

Les illusions d’optique sont à cheval entre le ludique et le sérieux. Ludique car il est toujours impressionnant de voir comment notre cerveau est berné malgré nous, sérieux car c’est une base de travail pour les chercheurs en neurologie de la vision : à l’instar des pathologies visuelles liées à des lésions cérébrales, les illusions révèlent des secrets du fonctionnement cognitif de la vision.

C’est pourquoi, tous les ans, la Neural Correlate Society, une association américaine créée et dirigée par des chercheurs en neurologie et sciences cognitives, organise un concours des meilleures illusions d’optique. Elle permet aussi bien d’alimenter la recherche que de faire profiter le public de ces trouvailles étranges. Voici donc 5 finalistes de cette année 2016 (sur un total de 10).

Les meilleures illusions d’optique de l’année 2016

  • Illusion n° 1

Voici le carré qui tourne sans tourner, conçu par Mathew T. Harrison et Gideon P. Caplovitz de l’université du Nevada à Reno (USA) – en cliquant sur le lien vous aurez les explications (en anglais).

 

  • Illusion n° 2

Les cylindres ambigus, conçus par Kokichi Sugihara de l’université Meiji au Japon.

 

  • Illusion n° 3

Une silhouette zootrope conçue par Christine Veras de l’université technologique Nanyang à Singapour.

 

  • Illusion n° 4

Les bulles de couleur (il faut fixer la croix au centre de l’image), de Mark Vergeer, Stuart Anstis et Rob van Lier (universités de Liège, de Nijmegen et de Californie à San Diego).

 

  • Illusion n° 5

L’effet contrôle à distance. Selon qu’on rapproche ou éloigne les barres entre elles (ou qu’on les rallonge), les deux barres clignotantes semblent battre en phase ou au contraire en opposition de phase. Arthur G. Shapiro de l’American University, USA.

 

Pour les autres illusions, vous pouvez les voir directement sur le site. Également, vous y trouverez les finalistes 2015, 2014, etc.

–Román Ikonicoff

 

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  • Votre cerveau vous trompe – S&V n°1044 – 2004 – Notre cerveau présente des failles : mémoire trompeuse, fausses perceptions, raisonnements biaisés… Comment l’univers de la publicité en exploitent certaines (+ 20 expériences qui vous feront douter de vous-même).

1044

  • Libre arbitre : notre cerveau décide avant nous – S&V n°1057 – 2005 – L’un des grands apprentissages issues des sciences cognitives est l’importance des mécanismes inconscients et hyper-rapides dans notre être au monde. Au point de questionner notre libre arbitre.

1057

  • La formule qui décrypte le monde – S&V n°1142 – 2012 – Depuis quelques années, la recherche en sciences cognitives s’est affinée. Outre les recherches expérimentales sur la plasticité cérébrale et la volatilité des représentations mentales du corps, des modèles théoriques émergent, en particulier autour d’une formule, la célèbre formule de Bayes, qui semble consubstantielle à tout traitement par le cerveau des informations provenant de la réalité extérieure.

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Le Very Large Telescope plonge au cœur d’Orion

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Le Very Large Telescope (VLT) européen a pris cette image infrarouge spectaculaire de la nébuleuse d'Orion. Photo ESO.

Le Very Large Telescope (VLT) européen a pris cette image infrarouge spectaculaire de la nébuleuse d’Orion. Photo ESO.

Quand les deux plus puissants télescopes du monde observent la plus belle des nébuleuses du ciel avec des regards différents, l’image qu’ils en offrent est forcément stupéfiante de beauté… En 2006, c’est le télescope spatial Hubble qui s’est tourné vers la grande nébuleuse d’Orion, ce nuage de gaz d’une beauté sidérale qui flotte à 1300 années-lumière d’ici.
Portrait en majesté classique, cadré, figuratif : l’image de Hubble a été prise dans le domaine visible du spectre électromagnétique, la partie du spectre visible par l’œil humain, entre 0,4 et 0,8 micromètre de longueur d’onde.
En 2016, le Very Large Telescope européen a été à son tour orienté vers Orion par l’équipe de Holger Drass et Amelia Bayo. Trois heures de temps de pose, avec un télescope de 8,2 m de diamètre, mais, cette fois, entre 1,25 et 2,15 micromètres de longueur d’onde, c’est à dire dans l’infrarouge. Là encore, l’image, figurative mais impressionniste, est vertigineusement belle… Bien sûr, sur les deux images, on reconnaît les deux ailes déployées de l’immense alcyon céleste, qui s’étendent sur une dizaine d’années-lumière.
Mais l’image infrarouge montre bien plus que celle de Hubble, parce qu’elle permet de voir à l’intérieur des nuages de poussières et de gaz de la nébuleuse et parce qu’elle permet de détecter des astres froids dans ce champ d’Orion…

A gauche, la nébuleuse d'Orion vue en infrarouge par le VLT. A droite, la même nébuleuse vue par le télescope spatial Hubble dans le domaine visible. Photos ESO/Nasa/ESA.

A gauche, la nébuleuse d’Orion vue en infrarouge par le VLT. A droite, la même nébuleuse vue par le télescope spatial Hubble dans le domaine visible. Photos ESO/Nasa/ESA.

La nébuleuse d’Orion est un vaste nuage de gaz qui donne depuis quelques millions d’années naissance à un grand nombre d’étoiles. Elle est illuminée, chauffée, ionisée pour être exact, par quelques dizaines d’étoiles supergéantes extrêmement jeunes et lumineuses. Et, derrière ces voiles gazeux, elle cache des milliers de jeunes étoiles plus légères et moins brillantes. Jusqu’ici, les astronomes pensaient que la population la plus importante de cette jeune nébuleuse, c’était de petites étoiles, environ quatre fois moins massives et dix fois moins brillantes que le Soleil. Mais l’équipe de Holger Drass et Amelia Bayo a découvert une nouvelle population, plus nombreuse et bien plus discrète encore, dans la nébuleuse d’Orion… Il s’agit, tout d’abord de près de huit cents naines brunes, ces mini étoiles trop peu massives pour connaître des réactions nucléaires en leur cœur. Plus étonnant, cent soixante objets bien plus petits encore, entre cent et mille fois moins massifs que le Soleil, c’est à dire d’une masse supérieure ou égale à celle de Jupiter, ont été découverts dans la nébuleuse… Ces véritables « planètes flottantes », mondes obscurs et étranges, ont sans doute été expulsés de leurs étoiles durant la formation des systèmes stellaires dans l’environnement dense, chaotique et violent de la nébuleuse.

Gros plan sur la nébuleuse d'Orion. Le Very Large Telescope européen révèle un grand nombre d'astres invisibles sur l'image prise par le télescope spatial Hubble. Photos ESO/Nasa/ESA.

Gros plan sur la nébuleuse d’Orion. Le Very Large Telescope européen révèle un grand nombre d’astres invisibles sur l’image prise par le télescope spatial Hubble. Photos ESO/Nasa/ESA.

Une violence et un chaos tout relatifs, en tout cas à l’échelle humaine. Depuis qu’elle est observée par les astronomes, il y a plusieurs centaines d’années, la nébuleuse d’Orion semble figée, inchangée et hiératique, comme une immense tempête interstellaire immobile, éternelle.
Serge Brunier

Particule X : dans les pas du boson de Higgs – Le blog de Mathieu Grousson

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En 2012, le boson de Higgs s’est d’abord manifesté - ici dans le détecteur CMS - sous la forme de deux photons, fruits de sa désintégration. Si elle est confirmée, la découverte du X empruntera le même canal.

En 2012, le boson de Higgs s’est d’abord manifesté – ici dans le détecteur CMS – sous la forme de deux photons, fruits de sa désintégration. Si elle est confirmée, la découverte du X empruntera le même canal.

Il y a un peu plus de 4 ans, précisément le 4 juillet 2012, dans le grand amphithéâtre du Cern, près de Genève, les physiciens du LHC annonçaient au monde la découverte du boson de Higgs. A priori, rien de commun avec le X, cette particule dont les premiers signes ont peut-être été observés fin 2015, et dont l’existence pourrait être confirmée tout prochainement. D’une part, le Higgs était attendu depuis des décennies, quand le « petit excès » rendu public le 15 décembre dernier a fait l’effet d’une véritable surprise. D’autre part si le premier signifiait que le modèle standard, l’actuelle théorie de l’univers élémentaire, était enfin complet, le second ouvrirait une nouvelle ère de l’exploration de l’infiniment petit.

Le cousin “obèse” du boson de Higgs ?

Et pourtant… Tout d’abord, selon certains théoriciens, si X il y a, celui-ci pourrait bien constituer une sorte de cousin obèse du boson de Higgs, cette particule qui, au sein du modèle standard, confère leur masse à toutes les autres.

Plus précisément, dans les années Soixante, une poignée de théoriciens parvient à fusionner sur le papier deux des quatre forces fondamentales : l’électromagnétique et l’interaction faible. Pour autant, contrairement au photon – la particule vectrice de l’électromagnétisme – les bosons W et Z, qui transmettent l’interaction faible, sont extrêmement massifs. Or cet embonpoint est incompatible avec une symétrie mathématique fondamentale (dite symétrie de jauge) sur laquelle la théorie électrofaible est fondée, au point de réduire cette dernière à un fatras d’incohérences mathématiques. Jusqu’à l’introduction d’une particule supplémentaire dans l’édifice, le boson de Higgs, dont l’effet dans les équations est de rendre compatible la symétrie de jauge avec la masse des W et Z.

La particule X pourrait être l’un des cinq bosons de Higgs prévus par certaines théories

Au-delà, les physiciens constatent que l’interaction de ces particules avec le Higgs revient à les affubler d’une masse. Ainsi, le “Higgs” ne rend pas seulement compatible les symétries de la théorie électrofaible avec le fait que le W et le Z ont une masse, il donne une raison à l’existence même de ces masses. Mieux encore : on se rendra compte par la suite qu’il explique de la même manière la masse des particules de matière, les quarks et les leptons.

Dans le cadre du modèle standard, une seule particule suffit pour remplir ce rôle. En revanche, plusieurs de ses extensions supersymétriques prévoient l’existence non pas d’un unique boson de Higgs, mais de cinq. Or selon plusieurs théoriciens, la particule X pourrait tout à fait constituer l’un d’entre eux.

Les premiers signes de la particule X ressemblent à ceux du boson de Higgs

Mais le lien entre les deux particules va au-delà. Ainsi, le signal naissant observé fin 2015 consiste en un petit excès de photons à l’origine d’une petite bosse dans les graphiques résumant les résultats expérimentaux. Or fin 2011, c’est exactement de la même manière que le boson de Higgs a commencé à se manifester. Et de même qu’aujourd’hui, il était alors impossible de dire si ces quelques particules de lumière surnuméraires constituaient les produits de désintégration d’une poignée de bosons de Higgs, ou bien une simple fluctuation des données. Ce n’est qu’à l’issue d’une prise de données supplémentaire que l’excès initial s’est transformé en un signal incontestable.

Faut-il y voir le signe que l’histoire est en train de se répéter, et que d’ici quelques semaines le X va finir de prendre corps dans le creuset de l’accélérateur géant ? « Il est impossible de nier qu’il y a une vraie proximité entre les deux observations, confirme un expérimentateur. D’où en partie l’excitation dans laquelle nous sommes depuis plusieurs mois. » Et dont tout le monde espère qu’elle explosera en apothéose dans le grand amphithéâtre du Cern avant la fin de l’été…

—Mathieu Grousson

 

Mathieu Grousson est un journaliste collaborateur de Science & Vie spécialiste de la physique fondamentale. Suivez son blog “Particule X” :

cartouche-particule-X

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S&V 1152 - LHC boson de Higgs

  • Pourquoi le boson de Higgs n’est pas la fin de l’histoireS&V n°1147 (2013) – Après la découverte du boson de Higgs, qui est venu compléter et confirmer le modèle standard des particules, certains s’interrogeaient sur la suite : est-ce la fin de la recherche en physique des particules ? Que non !

S&V1147

  • La matière va enfin parler S&V n°1129 (2011). Moment clou : tout le monde a les yeux rivés sur le LHC, qui confirmera enfin l’existence du boson de Higgs, des décennies après sa théorisation.

S&V 1129 - boson de Higgs LHC

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"Maman, je ne veux pas partir en colo !"

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Les jolies colonies de vacances ? La première expérience peut être mal vécue par l’enfant. Elle peut faire surgir des peurs difficiles à maîtriser, voire insurmontables. Comment réagir en tant que parents ? Faut-il renoncer à l’envoyer ou faire la sourde oreille ? L’accompagnement varie, s’il s’agit d’une peur de l’inconnu (légitime) et d’une crainte passagère liée aux changements de repères ou bien d’un refus catégorique renvoyant à une angoisse de séparation qui n’aurait pas été prise en charge. Différentes techniques peuvent aider : l’écoute active, l’EFT (Emotional Freedom Techniques, technique de libération émotionnelle), qui stimule des points d’acupuncture et diminue le stress, ou bien la mémoire d’une séparation traumatisante. Psychologue, psychothérapeute et sophro-relaxologue nous livrent les clefs d’un dialogue réussi.

Ne dites pas…

« Tu es un bébé, tu es ridicule ! » 

Dites…

« Quand t’est-il arrivé d’avoir peur comme ça ? »

L’humiliation provoque des blessures et n’est jamais payante en matière d’éducation, comme la comparaison avec un frère ou un camarade plus téméraire. Évitez : « Tu verras, tu vas t’amuser, ça va vite passer. » Sans doute avez-vous raison, mais rassurer trop vite et trop tôt votre enfant empêche le dialogue. Vous cherchez à positiver cette aventure sans donner d’assurance concrète. C’est une façon de botter en touche et de nier ce qu’il ressent. Marie-Claire Penot, sophrologue et relaxologue, auteure de Je gère ! Les émotions de mon enfant (Solar), engage précisément les parents à explorer cette voie, même si elle est désagréable : « Toute émotion est un mouvement de vie. La peur de la séparation est normale, légitimez-la ! » Évoquez des moments difficiles où il a dû surmonter sa peur.

Cherchez avec lui des expériences plus ou moins traumatisantes : le trac ressenti lors d’un gala de fin d’année, la panique en réalisant qu’il s’était perdu dans un magasin, etc. Ajoutez : « Je sais que ça a été difficile pour toi. Comment as-tu réagi ? » « Il faut aussi souligner que la peur passe, ajoute Marie-Claire Penot, on ne l’éprouve plus dans l’action. » Insistez alors : « Te souviens-tu de ce que tu as ressenti lorsque nous nous sommes retrouvés ? » L’enfant cherchera : soulagement, fierté, légèreté, joie, etc. Une ressource sur laquelle il peut désormais s’appuyer pour affronter le prochain obstacle. « Si vous autorisez votre enfant à vivre sa peur, il développera du courage et de l’estime de soi, puisque vous l’aurez accueilli tel qu’il est. »

Ne dites pas…

« Pourquoi as-tu peur ? »

Dites…

« Que ressens-tu ? »

« Prenez votre enfant au sérieux, intime le psychothérapeute Jean-Michel Gurret, spécialiste français de l’EFT, auteur de Finis les chagrins, les peurs et les colères (Leduc.s, à paraître en août), écoutez ce qu’il essaie de vous dire. Laissez s’exprimer son émotion afin de ne pas la bloquer et l’enkyster. Autrement, on fabrique des personnes incapables de verbaliser ce qu’elles ressentent. »

Asseyez-vous tranquillement et prenez le temps de discuter avec votre enfant en évitant des questions telles que « mais de quoi as-tu peur ? », comme le prévient le thérapeute. « L’enfant ne peut répondre au “pourquoi”. Il ignore la raison de son ressenti. Ses structures du cortex préfrontal n’inhibent pas encore ses émotions. Il faut savoir que le cerveau n’est mature qu’à partir de 15 ans. » En revanche, il pourrait tout à fait vous répondre : « J’ai mal au ventre, la gorge serrée, l’estomac noué… » C’est déjà un début de maîtrise ! C’est alors aux parents de nommer l’émotion et d’ajouter : « C’est normal. C’est même important qu’elle sorte ainsi, autrement elle resterait bloquée en toi et s’exprimerait d’une autre manière, plus forte et psychosomatique. » Le thérapeute invite ensuite les parents à stimuler différents points d’acupuncture en pressant le bout des doigts de l’enfant, par exemple, ou le « point du karaté » (le flanc des mains). « C’est une technique très adaptée pour les enfants hyperactifs qui peinent à entrer dans des exercices de yoga ou de pleine conscience, poursuit-il. Ils y voient un jeu. Ils peuvent ensuite réaliser ces automassages pour se calmer, même s’ils sont loin de leurs parents. » L’émotion de l’enfant, ainsi légitimée, disparaîtra.

Ne dites pas…

« Arrête d’en faire tout un plat ! »

Dites…

« Je vais continuer à t’aimer, même quand je serai loin. »

Si sa réaction vous semble disproportionnée (pleurs récurrents, cauchemars, tics), sans doute l’enfant est-il renvoyé à un vécu antérieur traumatisant. « Ce traumatisme trouve sa source dans la toute petite enfance », précise la psychologue Véronique Lemoine Cordier, cofondatrice de l’association Mieux connaître l’angoisse de séparation (mcads.org). Elle encourage les parents à en « faire mémoire » avec l’enfant et à mettre des mots dessus.

Revenez sur l’événement (par exemple, un week-end seul chez ses grands-parents ou une soirée loin de vous) et expliquez-lui qu’il a pu penser que vous l’abandonniez en certaines occasions, mais que ce n’était que quelques heures et que vous êtes revenu. L’enfant a ressenti que vous ne l’aimiez plus. Dites-lui que cela n’a jamais été le cas, pas plus hier que maintenant. Et que demain, ce sera pareil. Préparez l’enfant à cette nouvelle séparation en plusieurs étapes, en essayant de détailler ce qu’il va affronter : « Tu vas partir dans un lieu que tu ne connais pas encore, avec des animateurs qui ne sont pas tes parents, je sais que ce qui est nouveau pour toi est inquiétant. Ça peut te rappeler ce que tu as vécu bébé. Mais tout ce que tu as cru alors, tu sais maintenant que ce n’était pas vrai. »

Auteure du Guide de survie à l’usage des parents (Quasar), la thérapeute invite alors à revenir sur les trois angoisses vécues : abandon, perte d’amour et angoisse de mort. « Pendant que tu seras en colonie, je vais continuer à t’aimer. Si on te confie à ces personnes, c’est parce qu’on sait que tu y seras en sécurité. Autrement, on ne t’y enverrait pas. Tu sais qu’on se retrouvera dans six jours. » Et d’assurer : « Ces paroles sont l’antidote à son traumatisme. »

Une séparation bien vécue fait grandir. « Savoir se séparer permet d’être ajusté dans ses relations : ni dans la fusion, qui entraîne la confusion, ni dans une volonté farouche d’indépendance qui coupe de l’autre, conclut-elle. Affronter l’inconnu, quitter ses repères, les personnes que l’on aime, sont des signes d’une maturité affective. » Dès lors, tous les ans, il voudra que ça recommence.

 

> Astuces de parents :

« L’an dernier, notre fils de 12 ans a annulé son départ en colonie de vacances. Nous avons choisi de ne pas le forcer. Cette année, son groupe de scouts organisait un camp d’été de trois semaines et il refusait d’y aller. Il avait peur de partir seul, d’être obligé de réaliser des activités qui ne l’attiraient pas. Je l’ai invité à en parler avec la responsable du groupe. Il lui a posé des questions et a pu discuter avec des anciens. Cela l’a rassuré. Il a aussi vérifié que certains de ses amis y allaient. Et je lui ai offert un couteau suisse. » Un beau symbole de sa prise de risque et de son autonomie.
Natacha, 2 enfants, Clermont-Ferrand.

> À lire :
Je gère ! Les émotions de mon enfant, de Marie-Claire Penot, Solar, 12,90€.
Finis les chagrins, les peurs et les colères,
de Jean-Michel Gurret, Leduc.s, 16€ (à paraître).
Guide de survie à l’usage des parents, de Véronique Lemoine Cordier, Quasar, 20€.

Sur le terrain, l’intelligence collective mène le jeu

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Surnommé le « Mage de Fusignano », sa ville natale, le stratège italien Arrigo Sacchi a révolutionné le football. Le Transalpin était animé par une conviction, qu’il assénait à ses joueurs : « Le collectif est meilleur que l’individu. » Entraîneur du Milan AC, avec lequel il remporta deux Coupes d’Europe des clubs champions, en 1989 et 1990, sélectionneur de l’Italie de 1991 à 1994, Sacchi l’affirmait : « J’ai toujours pensé que le football naît du cerveau, et non des pieds. » [...]

 

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L’intelligence analytique, l’intelligence artificielle, l’intelligence émotionnelle, l’intelligence de situations, les phénomènes d’intelligence (les performances)… À chacun sa forme d’intelligence. Pour autant, ceux qui réussissent sont-ils intelligents ? L’élitisme républicain a t-il disparu ? Le discernement, forme supérieure de l’intelligence ?
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Nous partageons nos aptitudes sociales avec les abeilles, affirme une étude

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La communication verbale des humains et celle par phéromones des abeilles pourraient provenir d'une même source génétique (Lestat via Wikicommons CC BY-SA 3.0)

La communication verbale des humains et celle par phéromones des abeilles pourraient provenir d’une même source génétique (Lestat via Wikicommons CC BY-SA 3.0)

Se pourrait-il que les aptitudes sociales des humains, notamment la communication verbale, aient les mêmes fondements génétiques que celles des insectes dits sociaux, comme les abeilles ?

Alors que le dernier ancêtre commun entre insectes et mammifères (dont Homo sapiens) a vécu il y a 670 millions d’années, une étude met en lumière pour la première fois un groupe de gènes communs entre ces deux branches du vivant qui, chez les humains, serait impliqué dans le développement du langage.

Une structure partagée entre insectes et mammifères

En vérité, cette étude de “génomique sociale” (social genomics) ne concerne pas seulement les humains mais des dizaines d’espèces, aussi bien d’insectes sociaux et non sociaux que de mammifères (dont les humains), toutes comparées aux abeilles (Apis mellifera), prises comme espèce de référence.

De plus, le résultat est un peu plus subtil qu’annoncé ci-dessus : il s’agit non pas à proprement parler d’un réseau de gènes identiques partagés par les abeilles et les mammifères, mais d’un motif commun de “régulation” entre gènes – les gènes eux-mêmes étant assez différents, car ils ont varié d’espèce en espèce au cours du temps.

Phéromones et fonctions cérébrales

Plus précisément, les abeilles et les mammifères partageraient un même type de dynamique biochimique entre des gènes intervenants, pour les premiers, dans la production et l’émission de phéromones spécifiques (phéromones d’alerte), pour les autres dans les structures cérébrales liées à des fonctions de communication avec leurs semblables.

Les chercheurs en ont déduit d’abord que les aptitudes sociales observées chez les insectes sociaux et chez les mammifères proviennent de leur dernier ancêtre commun – contrairement à l’hypothèse qu’elles se seraient développées indépendamment après la scission entre ces deux grandes branches (évolution convergente).

Entre abeilles et humains, un héritage commun ?

C’est ensuite, en guise de conclusion, que les chercheurs ont émis l’hypothèse osée d’un lien entre cet héritage génétique et le développement du langage chez les humains.

Une hypothèse basée sur une analyse de la nature de ce groupe de régulation génétique, mettant en jeu quelque 25 gènes, notamment son implication dans le développement de certains circuits cérébraux.

Les circuits sous-tendant le langage chimiques des abeilles à miel et le langage verbal humain pourraient être des analogues génétiques” disent les chercheurs. Il reste à transformer cette hypothèse en certitude (ou à la contredire).

–Román Ikonicoff

 

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Lire aussi dans les Grandes Archives de S&V :

  • Les Grandes Archives de S&V : l’évolution. Formulée par Darwin au milieu du XIX° siècle, la théorie de l’évolution décrit l’histoire du vivant à partir de deux principes : la descendance avec transformation et la sélection naturelle. Les espèces qui vivent aujourd’hui sur terre partagent donc toutes des ancêtres communs. Celles qui ont disparu n’était plus adaptées à leur milieu.

 

  • Les nouveaux mystères de l’ADN – S&V n°1145 – 2013 – Depuis la découverte de la structure de l’ADN, en 1953, les biologistes ne cessent de s’étonner de la sophistication de cette minuscule machinerie qui contient toutes les informations pour faire fonctionner un organisme vivant. C’est un véritable langage, dont les paroles sont des protéines, qui est loin d’avoir été parfaitement déchiffré.

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  • A quoi pensent les invertébrés – S&V n°1144 – 2013. Ils éprouvent des émotions, sont sensibles à la douleur, voire ont une vie intérieur… Qui donc ? Les invertébrés.

S&V 1444 invertébrés

 

 

Quel est le secret d’un bon coup franc au football ?

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Un coup franc de Saint-Etienne contre Nantes dans un match de football en 2006. - Ph. MCanevet / Flickr / CC BY SA 2.0

Un coup franc de Saint-Etienne contre Nantes dans un match de football en 2006. – Ph. MCanevet / Flickr / CC BY SA 2.0

Un ballon bien brossé ! On ne parle pas ici d’un ballon propre, mais d’un coup franc imprimant un effet de courbure à la trajectoire de celui-ci… qui le fait rentrer dans le goal au dernier instant alors qu’il semblait partir à côté.

Un exemple ? 1997, coup franc du Brésilien Roberto Carlos contre les Bleus : un modèle du genre ! Alors que le ballon semble se diriger hors de la cage, il bifurque violemment vers le poteau pour, finalement, entrer dans le but, à la grande surprise du gardien Fabien Barthez.

 

 

“La première explication de la déflexion latérale d’un objet tournant sur lui-même est due au physicien allemand Gustav Magnus, en 1852, expliquent Take Asai et Takao Akatsuka, chercheurs à l’université Yamagata, au Japon. A l’époque, il s’intéressait surtout aux trajectoires des obus et des balles, mais les mécanismes fondamentaux sont les mêmes en football, ainsi qu’en base-ball, en golf, ou encore en tennis.”

Effet Magnus : la différence de vitesse de l’air “brosse” le ballon

Le principe de l’effet Magnus ? Un ballon qui tourne sur lui-même entraîne l’air de son voisinage de façon dissymétrique : au point de la surface du ballon qui tourne dans le sens inverse à sa trajectoire, l’air alentour est accéléré par le mouvement du ballon, alors qu’au point opposé, l’air est ralenti (voir figure).

S&V 1024 - ballon brosse

Crédit : S&V (2003)

Or, d’après le principe de Bernoulli, formulé par le savant suisse en 1738, plus la vitesse d’un fluide est grande, moins forte est la pression qu’il exerce sur les corps. Pour le vérifier, il suffit de placer le bord d’une feuille de papier horizontalement devant son menton : si l’on souffle fort sur le dessus de celle-ci, la pression baisse et la feuille se soulève (“effet lifté”).

Football, tennis, golf… toutes les balles sont concernées

Dans le cas du ballon, la différence de vitesse de l’air crée un déséquilibre des forces latérales qui s’appliquent dessus : sa trajectoire s’incurve. Des expériences sur des balles de golf, menées en 1976 par Peter Bearman et ses collègues de l’Imperial College de Londres, ont montré que plus le projectile tourne vite sur lui-même et se déplace lentement, plus l’effet lifté est important.

“Au football, lors d’un shoot brossé, la vitesse de rotation reste à peu près constante, soulignent les chercheurs japonais. La courbe est donc de plus en plus prononcée vers la fin de sa trajectoire, lorsque la balle ralentit.”

Et le tir de Carlos de finir dans les filets…

—H.P.

D’après S&V n°1024 (2003)

 

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S&V 1161 - climat foot coupe du monde 2014 Bresil

  • La géométrie du footS&V n°970 (1998). Ce jeu haletant et si populaire repose sur une géométrie particulière qui dépend surtout… de la taille de la cage !

S&V 970 - geometrie terrain football

 

Ciel du mois : comment photographier le cosmos

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La nébuleuse de la Lyre, M 57, se trouve à un peu plus de deux mille années-lumière de la Terre. Cet anneau de fumée qui brille dans la nuit mesure dix mille milliards de kilomètres de diamètre. Au centre de la nébuleuse, l'étoile qui l'a expulsée et l'illumine s'éteint doucement... L'image a été prise en juillet 2016 dans le Limousin, avec un télescope de 150 mm de diamètre et 1800 mm de focale, et un boîtier Nikon D 4. La photographie résulte de la fusion avec le logiciel DeepSkyStacker de 400 images, posées chacune 5 secondes à 12 800 ISO. Photo S.Brunier.

La nébuleuse de la Lyre, M 57, se trouve à un peu plus de deux mille années-lumière de la Terre. Cet anneau de fumée qui brille dans la nuit mesure dix mille milliards de kilomètres de diamètre. Au centre de la nébuleuse, l’étoile qui l’a expulsée et l’illumine s’éteint doucement… L’image a été prise en juillet 2016 dans le Limousin, avec un télescope de 150 mm de diamètre et 1800 mm de focale, et un boîtier Nikon D 4. La photographie résulte de la fusion avec le logiciel DeepSkyStacker de 400 images, posées chacune 5 secondes à 12 800 ISO. Photo S.Brunier.

La photographie des planètes, des étoiles, des nébuleuses et galaxies, jadis réservée aux astronomes professionnels ou aux amateurs très éclairés, s’est démocratisée à un point tel que désormais, tout amateur, même débutant, peut tirer le portrait des astres les plus beaux du cosmos… Il y a une quarantaine d’années, seule une poignée d’amateurs, en France, maîtrisaient les télescopes, les appareils photos et les pellicules capables de donner de belles images du ciel. Aujourd’hui, ils sont des milliers ; ce mois-ci, je vous propose ici des techniques particulièrement simples pour vous initier à cette fascinante activité : la photographie de l’invisible…
Invisible ? Oui : les images du ciel prises au télescope révèlent évidemment des astres invisibles à l’œil nu mais, mieux encore, elles montrent aussi des astres invisibles dans les télescopes ! Pourquoi ? Tout simplement parce que les appareils photo modernes sont plus sensibles que l’œil humain, et, aussi et surtout, que l’astrophotographe peut poser autant de temps qu’il le désire, quand l’œil « rafraîchit » les images qu’il observe environ vingt cinq fois par seconde…
Ce qui va vous permettre cet été de réaliser vos premières images télescopiques, ce sont les progrès des télescopes, des appareils photo et des logiciels de traitement d’images.

Pour prendre des photographies du ciel, il faut un télescope installé sur une monture équatoriale et un boîtier reflex numérique. C'est tout ! Ce petit télescope de 150 mm de diamètre et son boîtier photographique ont permis de réaliser les images qui illustrent cet article. Photo S.Brunier.

Pour prendre des photographies du ciel, il faut un télescope installé sur une monture équatoriale et un boîtier reflex numérique. C’est tout ! Ce petit télescope de 150 mm de diamètre et son boîtier photographique ont permis de réaliser les images qui illustrent cet article. Photo S.Brunier.

Avant de développer ces nouvelles pratiques astrophotographiques, voyons pourquoi, jusqu’à la fin du XX e siècle, seuls des astronomes amateurs quasi professionnels parvenaient à fixer l’image des nébuleuses et galaxies lointaines. D’abord, à l’époque, les télescopes devaient suivre le mouvement apparent des astres, du à la rotation de la Terre sur elle-même, de façon quasi parfaite. L’instrument devait être remarquablement réglé, en particulier sa « mise en station ». Cette mise en station était un véritable pensum, il s’agissait de rendre l’axe de rotation du télescope parallèle à l’axe de rotation de la Terre, une technique très longue et difficile à mettre en œuvre. De même, le photographe devait, l’œil à l’oculaire d’un instrument de guidage, suivre précisément le mouvement du télescope, et ceci pendant les dizaines de minutes nécessaires à la prise de vue… Un véritable challenge…

Cette époque « aristocratique », qui réservait le cosmos aux initiés, est révolue… Certains télescopes achetés dans le commerce se règlent presque tout seuls, d’autres sont dotés d’instruments de mise en station très faciles à utiliser. Enfin, désormais, ni une mise en station très précise, ni un suivi des astres pendant la prise de vue ne sont nécessaires, grâce aux progrès des appareils numériques et aux logiciels de traitement d’images.
Alors comment faire ? D’abord, bien sûr, disposer d’un appareil photo numérique reflex, à objectifs interchangeables. Car le télescope, durant la prise de vue, remplacera l’objectif photo… Puis disposer d’un télescope ou d’une lunette astronomique. Les instruments d’initiation sont disponibles dans le commerce pour mille euros environ. Quel instrument faut-il choisir ? Le prix d’un instrument d’astronomie croit comme le diamètre de son optique, donc, en fonction de votre budget, vous opterez pour une lunette ou un télescope de 100 à 200 millimètres de diamètre. Mais, si votre but, c’est avant tout de réaliser des images dignes du télescope spatial Hubble ou presque, c’est surtout la monture de l’instrument qui guidera votre choix et votre dépense… Optez pour une monture équatoriale, c’est à dire une monture qui suivra automatiquement le mouvement des astres dans le ciel. La plupart de ces montures sont aujourd’hui proposées avec un « kit » de pointage et de guidage, ce qui signifie qu’elles ont en mémoire la plupart des objets célestes, et que moyennant la mise en station de la monture, votre instrument pourra s’orienter n’importe où dans l’Univers…

Les montures équatoriales permettent de suivre le mouvement apparent des astres dans le ciel. Pour cela, il faut pointer l'axe de la monture vers le Pôle céleste nord.

Les montures équatoriales permettent de suivre le mouvement apparent des astres dans le ciel. Pour cela, il faut pointer l’axe de la monture vers le Pôle céleste nord.

La mise en station, maintenant : c’est le « point dur », crucial, de vos débuts en astronomie…
Choisissez une monture équipée d’un « viseur polaire », c’est à dire d’une petite lunette qu’il suffit d’orienter vers l’Etoile Polaire pour que la monture soit sommairement mise en station. Avec un peu d’expérience, vous affinerez cette mise en station en pointant le Pôle céleste plus précisément ; avec un viseur polaire, c’est enfantin…
En résumé, pour devenir astrophotographe, il suffit de trouver l’Etoile Polaire dans le ciel ! Celle-ci est facile à observer, plein nord, bien sûr, avec les brillantes étoiles de la Grande Ourse qui lui tournent perpétuellement autour…

Le viseur polaire, qui permet de pointer directement le Pôle céleste nord, est indispensable lorsque l'on débute en astronomie...

Le viseur polaire, qui permet de pointer directement le Pôle céleste nord, est indispensable lorsque l’on débute en astronomie…

Une fois la mise en station, même sommaire, assurée, il suffit de pointer une cible de votre choix dans le ciel et de monter votre appareil photo sur le télescope. Des bagues de montage standard vous permettront de remplacer l’objectif de votre appareil par le télescope, qui se transformera comme par magie en super téléobjectif de 1000, 2000 ou 3000 millimètres de focale.

Le ciel du mois d'août 2016. L'Etoile polaire est facile à trouver, plein nord, et perpétuellement entourée des brillantes étoiles de la Grande Ourse.

Le ciel du mois d’août 2016. L’Etoile polaire est facile à trouver, plein nord, et perpétuellement entourée des brillantes étoiles de la Grande Ourse.

Prendre une photographie de la Lune est enfantin : il suffit de faire des tests de sensibilité et de temps de pose et de valider la bonne combinaison en regardant l’image obtenue sur l’écran du boîtier photographique… Afin d’éviter les effets du vent, de la turbulence atmosphérique, des vibrations instrumentales, optez pour un temps de pose court, de l’ordre du millième de seconde.

La Lune, photographiée en banlieue parisienne en mai 2016. Pour cette image prise avec un télescope de 150 mm de diamètre, le mode vidéo a été utilisé, la vidéo étant ensuite traitée avec le logiciel Autostakkert. Photo S.Brunier.

La Lune, photographiée en banlieue parisienne en mai 2016. Pour cette image prise avec un télescope de 150 mm de diamètre, le mode vidéo a été utilisé, la vidéo étant ensuite traitée avec le logiciel Autostakkert. Photo S.Brunier.

Quand vous maîtriserez cette technique simple, vous pourrez chercher à améliorer encore vos images, en additionnant de multiples poses pour augmenter le rapport signal sur bruit de vos images.
Puis vous utiliserez des logiciels spécialisés, comme Autostakkert ou Registax, par exemple, qui, dotés d’une véritable « intelligence artificielle », discriminent automatiquement vos meilleures prises de vue pour les sélectionner et les fusionner parfaitement… Si vous disposez d’une fonction « vidéo » sur votre appareil photo, ce seront des milliers d’images que le logiciel pourra analyser et sélectionner… Cette technique de vidéo photographie est plébiscitée désormais par tous les astronomes amateurs.
La photographie des étoiles, des nébuleuses et des galaxies exige des temps de pose bien supérieurs, pour qu’une image révèle des galaxies invisibles, distantes de plusieurs centaines de millions d’années-lumière, un temps de pose de 20, 30, 60 minutes, voire plus est indispensable.
Impossible de réaliser une image nette avec un tel temps de pose sans une monture équatoriale coûteuse et minutieusement réglée, et sans un système de guidage automatique – une caméra installée sur un petit télescope monté sur l’instrument photographique, et qui suit une étoile du champ – complexe et coûteux…
Il est pourtant possible d’obtenir de belles images avec un simple appareil photo monté sur un petit télescope, installé sur une modeste monture…

Le Grand amas d'Hercule compte plus de cinq cent mille étoiles, et brille à 22 000 années-lumière de la Terre, aux confins de la Voie lactée. Photo prise en juillet 2016 dans le Limousin, avec un télescope de 150 mm de diamètre et un boîtier Nikon D 4. La photographie résulte de la fusion avec le logiciel DeepSkyStacker de 500 images, posées chacune 5 secondes à 51200 ISO. Photo S.Brunier.

Le Grand amas d’Hercule compte plus de cinq cent mille étoiles, et brille à 22 000 années-lumière de la Terre, aux confins de la Voie lactée. Photo prise en juillet 2016 dans le Limousin, avec un télescope de 150 mm de diamètre et un boîtier Nikon D 4. La photographie résulte de la fusion avec le logiciel DeepSkyStacker de 500 images, posées chacune 5 secondes à 51200 ISO. Photo S.Brunier.

Pour cela, il suffit de choisir des temps de pose très courts, de 2 à 10 secondes, en réglant la sensibilité de l’appareil à son maximum, 6400, 12800, 25600 ISO par exemple, et de prendre des dizaines ou des centaines d’images à la suite… Pour réaliser ces rafales automatiquement, certains appareils sont équipés d’un intervallomètre, sinon, il faut en acheter un… Une fois les poses effectuées, un logiciel spécialisé, comme DeepSkyStacker, par exemple, analysera les centaines d’images, corrigera les défauts de mouvement de la monture, corrigera sa mise en station défaillante, recentrera précisément les images, et les fusionnera, afin de lisser complètement le bruit électronique du à la forte sensibilité utilisée, et de ne faire ressortir que les détails de l’image du ciel…
Les photographies qui illustrent cet article ont été réalisées en banlieue parisienne et dans le Limousin, en 2016, avec le matériel et les techniques décrites ici. A votre tour, maintenant, de vous lancer à la découverte de l’Univers et de connaître le plaisir et le vertige de la contemplation de l’invisible…
Serge Brunier

Cette photographie de la grande nébuleuse d'Orion a été prise en banlieue parisienne en janvier 2016. Télescope de 150 mm de diamètre et 1800 mm de focale, boîtier Nikon D4. 600 poses de quatre secondes ont été prises à 2500 ISO, le traitement de l'image a été réalisé avec le logiciel Iris par Frédéric Tapissier. Photo S.Brunier.

Cette photographie de la grande nébuleuse d’Orion a été prise en banlieue parisienne en janvier 2016. Télescope de 150 mm de diamètre et 1800 mm de focale, boîtier Nikon D4. 600 poses de quatre secondes ont été prises à 2500 ISO, le traitement de l’image a été réalisé avec le logiciel Iris par Frédéric Tapissier. Photo S.Brunier.

Pourquoi le football est un sport collectif, malgré lui

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Ce n’était pas une tendinite, mais une entorse à la vérité. Le genre de blessure qui se résorbe dans la liesse. Ce soir-là, en pleine finale de l’Euro 84, Patrick Battiston hèle son banc. Il réclame son remplacement. Michel Hidalgo, le sélectionneur des Tricolores, sollicite un défenseur, Manuel Amoros, qui entrera en jeu à la 73e minute. Le faux éclopé, Patrick Battiston, finira par l’avouer : il a menti pour permettre à son coéquipier de goûter à l’euphorie du sacre européen. La France, ce 27 juin, l’emporte 2 à 0, face à l’Espagne. Et l’« esprit du foot », qui parfois gît dans la rouerie, s’incarne dans ce geste altruiste, à l’image du tempérament de cette troupe de héros romantiques. « Dans cette…

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