Quand la pudeur, timidement, se dévoile

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Les observateurs croient déceler un « retour à la pudeur ». Rejoignez-vous cette analyse ?


À l’heure de l’« extimité », de l’exhibition de soi, de l’intime, notamment sur les écrans, notre société s’interroge sur la nudité et le sens du corps. Le corps est-il honteux ? C’est l’attitude puritaine, qui a généré la fausse pudeur, c’est-à-dire la pudibonderie. Est‑elle pour autant banale ? En ce cas, je pourrais m’exhiber sans honte… Ce serait sans compter sur notre pudeur, qui apparaît comme conscience de l’intimité et désir de la protéger.


Peut-on rester pudique dans une société qui enjoint au tout-transparent ?


Si la pudeur a essentiellement trait à la sexualité, elle couvre en réalité un domaine bien plus large. Il y a aussi une pudeur des sentiments, ou du bien que l’on a fait. Or, aujourd’hui où nous vivons dans la tyrannie du paraître, tout pousse à se raconter, entre amis ou par écrans interposés. Le narcissisme suraigu, qui est très adolescent, entraîne un grand manque de pudeur. Ce phénomène maintient dans la recherche de soi à travers ce que les autres en disent. Pendant ce temps, on ne s’occupe de rien. Or, ce qui fait grandir et mûrir, c’est d’aimer, de se tourner vers les autres, de vivre de vraies relations.

Même ce qui se vit au sein de la famille n’a pas à être étalé sur la place publique, car cela trahirait l’amour et la confiance de chacun des membres. J’entends trop de mères de famille papoter autour d’un café des problèmes de leurs enfants et des travers de leur mari. La pudeur invite à une retenue, une manière d’aborder certains sujets et d’en taire d’autres. Cela implique de choisir son langage en évitant les mots grossiers, de respecter l’autre, son rythme, son corps, son cœur, son jardin secret…