Mission à haut risque pour la sonde Juno, objectif : Jupiter

Standard

L'exploration de Jupiter est une aventure américaine. Depuis 1973, sept sondes de la Nasa ont déjà visité ce mini système planétaire, en croisant au large de la planète géante et de sa soixantaine de satellites, ou en se satellisant autour d'elle, comme Galileo. Photos JPL/Nasa.

L’exploration de Jupiter est une aventure américaine. Depuis 1973, sept sondes de la Nasa ont déjà visité ce mini système planétaire, en croisant au large de la planète géante et de sa soixantaine de satellites, ou en se satellisant autour d’elle, comme Galileo. Photos JPL/Nasa.

Elle fonce à plus de 200 000 kilomètres par heure vers la planète géante, et elle n’aura pas de seconde chance. C’est une mission à haut risque qu’entame la sonde américaine Juno la semaine prochaine, en tentant de se satelliser autour de la plus grande planète du système solaire : Jupiter.
Ce sera, si tout va bien, ce mardi matin 5 juillet, à 5 h 20 min. Juno – l’épouse de Jupiter, dans la mythologie – frôlera les nuages de la planète géante à seulement 4300 kilomètres, appuiera des deux pieds sur les freins – elle utilisera ses moteurs à hydrazine, en réalité, pendant trente minutes – et se satellisera sur une orbite polaire très elliptique, l’amenant, toutes les deux semaines, à l’intérieur de la magnétosphère de Jupiter, puis la propulsant au delà du satellite Callisto.
La mission Juno est promise à accumuler les « premières » et les records. Ce sera la première fois qu’une sonde alimentée par panneaux solaires s’aventure aussi loin du Soleil : Jupiter se trouve à 780 millions de kilomètres de notre étoile. La première fois qu’une sonde s’approche aussi près de la planète géante et se satellise sur une orbite polaire, à l’intérieur même de son intense ceinture de radiations. Enfin, Juno prendra les images les plus précises jamais vues de la « planète tempête »…

Jupiter et trois de ses satellites, de gauche à droite, Ganymède, Io et Europe, photographiés par Juno le 28 juin 2016, à une distance de 6,2 millions de kilomètres. A partir de la fin août, Juno passera à moins de 6000 kilomètres de la surface jovienne, soit mille fois plus près ! Cela donne une idée de la qualité des photographies que sa caméra, si elle résiste aux radiations, nous transmettra... Photo JPL/Nasa.

Jupiter et trois de ses satellites, de gauche à droite, Ganymède, Io et Europe, photographiés par Juno le 28 juin 2016, à une distance de 6,2 millions de kilomètres. A partir de la fin août, Juno passera à moins de 6000 kilomètres de la surface jovienne, soit mille fois plus près ! Cela donne une idée de la qualité des photographies que sa caméra, si elle résiste aux radiations, nous transmettra… Photo JPL/Nasa.

Objectif de Juno : mieux comprendre l’origine de la principale planète du système solaire, et de son immense atmosphère. Ses instruments – un radiomètre millimétrique, des spectrographes, des analyseurs de particules lourdes – étudieront son champ magnétique létal – la magnétosphère de Jupiter est vingt mille fois plus intense que celle de la Terre ! – et ses couches gazeuses profondes.
Juno a quitté la Terre il y a cinq ans, en août 2011. Ce gros robot à un peu plus de un milliard de dollars pèse 3,6 tonnes, mesure 3,5 mètres de diamètre et de hauteur. Avec ses trois panneaux solaires déployés, Juno forme un élégant pétale spatial de 20 mètres d’envergure.
L’instrument le plus médiatique de Juno n’est pas scientifique : la Nasa a intelligemment équipé sa sonde d’une petite caméra dont les chercheurs n’avaient pas vraiment besoin. Mais cette caméra, à chaque passage de Juno près de la planète géante, prendra les meilleures images jamais vues de son immense atmosphère… Qu’on en juge : les plus fins détails visibles dans ces nuages grands comme des planètes mesureront environ 25 kilomètres. Pour comparaison, les plus petits détails perceptibles sur Jupiter par les astronomes amateurs depuis la Terre mesurent 1500 kilomètres, 160 kilomètres pour le télescope spatial Hubble, 60 kilomètres pour la sonde Cassini qui a croisé Jupiter en l’an 2000…
Nul doute que les spécialistes de l’atmosphère jovienne seront heureux de profiter des images de ce petit instrument de « vulgarisation scientifique »…
Mieux, à partir de novembre, la Nasa proposera aux astronomes amateurs, comme au grand public, de participer à la mission Juno en choisissant les zones nuageuses que la caméra de la sonde devra pointer
A raison d’une séance de prises de vues à très haute résolution toutes les deux semaines, les ingénieurs américains ignorent quelle sera la longévité de leur caméra. Quoique protégée des radiations joviennes, elle ne devrait pas résister au puissant champ magnétique de Jupiter plus de quelques mois…
Quant à la sonde Juno, après ses trente sept rases-mottes sur les nuages de Jupiter, elle devrait plonger dans la planète tempête en février 2018, et s’y volatiliser…
Juno, comme avant elle Pioneer 10 et 11, Voyager 1 et 2, Galileo, Cassini et New Horizons, aura des successeurs : la sonde européenne Juice, qui doit quitter la Terre en 2022, et la sonde américaine Europa Mission, qui doit s’envoler en direction du système de Jupiter en 2023.
Serge Brunier

OGM : Cent Prix Nobel prennent position en faveur de ces biotechnologies

Standard

Les Grandes Archives de S&V : les OGM

Par une lettre ouverte, un groupe de scientifiques de renommée mondiale s’exprime aujourd’hui en faveur des OGM agricoles. Plus de cent lauréats du prix Nobel appellent l’organisation Greenpeace à cesser sa campagne contre ces biotechnologies utilisées en agriculture notamment pour leur productivité, leur résistance aux nuisibles et aux herbicides. Les 107 signataires, dont quatre Français, pointent en particulier l’intérêt du Riz Doré, un riz génétiquement modifié pour contenir de la vitamine A et ainsi lutter contre la cécité dont souffrent des centaines de milliers d’enfants, surtout en Asie.

Dans leur lettre (à lire ci-dessous) les Prix Nobel appellent les gouvernements du monde entier à accélérer le développement des biotechnologies en agriculture. Ils estiment que les OGM sont un outil indispensable pour répondre aux besoins agricoles croissants auxquels la population mondiale doit faire face. Une prise de position qui relance un débat qui fait rage depuis l’introduction de cette technologie.

> Lire sur le riz doré : Questions sur un OGM pas comme les autresS&V n°1162 (2014) – acheter ce numéro.

S&V 1162 - riz dore

Depuis leur conception, les OGM font polémique

En effet, depuis la création en 1973 de la première bactérie génétiquement modifiée dans un laboratoire californien, cette biotechnologie suscite d’âpres polémiques, y compris au sein de la communauté scientifique. En 1975 déjà, les généticiens se réunissaient à la Conférence d’Asilomar (Californie), pour convenir d’une réglementation visant à prévenir d’éventuels risques découlant de la modification du vivant.

Par la suite, l’enthousiasme a prévalu : la recherche en ingénierie génétique a beaucoup progressé, aussi bien sur le volet agronomique que médical. Les biotechnologies agricoles ont conquis de nombreux marchés à partir des années 90, profitant largement aux grandes industries de l’agrochimie, pour qui elles ont représenté un vecteur majeur de développement.

Cependant, la plupart des pays de l’Union européenne a choisi d’interdire la culture de plants OGM à de fins alimentaires sur leur sol. Les craintes ? A la fois le risque de diffusion des gènes modifiés dans l’environnement et celui d’une toxicité transmise par l’alimentation. Sur ce point, à ce jour, aucune des très nombreuses publications scientifiques n’a permis de démontrer l’existence de tels risques. En outre, certains opposants aux OGM et scientifiques pointent une plus grande consommation de pesticides par les cultures OGM.

> Lire sur la toxicité des OGM : Sont-ils dangereux ? S&V n°1082 (2007).

S&V 1082 - OGM

La technologie CRISPR de modification génétique va relancer le débat

Des polémiques qui ne risquent pas de se dissiper. Car aujourd’hui, une nouvelle génération d’OGM est en train de naître. Grâce à un nouvel outil génétique appelé CRISPR-Cas9 les chercheurs disposent d’un moyen incroyablement simple pour remplacer, pile à l’endroit souhaité, une séquence génétique par une autre, introduisant ainsi une nouvelle propriété dans un organisme.

La Commission européenne travaille actuellement à déterminer si les plants modifiés à l’aide de CRISPR rentrent dans la définition classique des OGM et doivent donc faire l’objet des mêmes restrictions que ces derniers. Une décision très attendue tant par les industriels, que par les chercheurs et les opposants aux OGM.

> Lire sur CRISPR : Bricoleurs du vivant S&V n°1180 (2016) – acheter ce numéro.

S&V 1180 - CRISPR

Fiorenza Gracci

 

Voici la lettre des Prix Nobel, diffusée en France par l’AFIS, association française pour l’information scientifique.

A l’attention des dirigeants de Greenpeace, des Nations Unies et des Gouvernements à travers le monde.

L’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture a noté que la production mondiale de denrées alimentaires, d’aliments pour animaux et de fibres aura quasiment besoin de doubler d’ici 2050 pour répondre aux besoins d’une population mondiale croissante. Les organisations opposées à la sélection végétale moderne, avec Greenpeace à leur tête, ont constamment nié ces faits et se sont opposées aux innovations biotechnologiques dans l’agriculture. Elles ont déformé leurs risques, leurs avantages et impacts, et ont soutenu la destruction criminelle des essais sur le terrain approuvés et des projets de recherche.

Nous exhortons Greenpeace et ses partisans à réexaminer l’expérience acquise par les agriculteurs et les consommateurs du monde entier avec des cultures et des aliments améliorés grâce aux biotechnologies, à reconnaître les résultats des organismes scientifiques compétents et des agences en charge de la réglementation, et d’abandonner leur campagne contre les «OGM» en général et contre le Riz Doré en particulier.

Toutes les agences scientifiques et réglementaires à travers le monde ont établi de manière répétée et cohérente que les cultures et les aliments améliorés grâce aux biotechnologies sont aussi sûrs, sinon plus, que ceux provenant de toute autre méthode de production. Il n’y a jamais eu un seul cas confirmé d’un résultat négatif sur la santé pour les humains ou les animaux dû à leur consommation. Il a été montré à plusieurs reprises que leurs impacts environnementaux sont moins dommageables pour l’environnement et qu’ils représentaient une opportunité pour la biodiversité dans le monde.

Greenpeace a été le fer de lance de l’opposition contre le Riz Doré, qui a le potentiel de réduire ou d’éliminer la plupart des décès et maladies causées par une carence en vitamine A (CVA), dont l’impact est le plus fort sur les populations les plus pauvres en Afrique et en Asie du Sud-Est. L’Organisation mondiale de la Santé estime que 250 millions de personnes souffrent de cette carence en vitamine A, et 40% des enfants de moins de cinq ans dans les pays en développement. Sur la base des statistiques de l’UNICEF, un total de un à deux millions de décès évitables surviennent ainsi chaque année parce que la carence en vitamine A compromet le système immunitaire en mettant les bébés et les enfants en grand danger. La carence en vitamine A elle-même est la principale cause de cécité infantile affectant globalement 250.000 à 500.000 enfants chaque année. La moitié d’entre eux meurent dans les 12 mois du fait de la perte de vision.

NOUS APPELONS GREENPEACE à cesser sa campagne contre le Riz Doré en particulier et contre les cultures et les aliments améliorés grâce aux biotechnologies en général.

NOUS APPELONS LES GOUVERNEMENTS DU MONDE ENTIER à rejeter la campagne de Greenpeace contre le Riz Doré en particulier et contre les cultures et les aliments améliorés grâce aux biotechnologies en général et de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour s’opposer aux actions de Greenpeace et accélérer l’accès des agriculteurs à tous les outils de la biologie moderne, en particulier des semences améliorées par les biotechnologies. L’opposition basée sur l’émotion et le dogme, et contredite par les faits, doit être stoppée. Combien de pauvres gens dans le monde doivent mourir avant que nous considérions cela comme un crime contre l’humanité ?

Cordialement.

La liste des signataires est ici. Y figurent quatre Français : Claude Cohen-Tannoudji, Roger Guillemin, Serge Haroche et Jean-Marie Lehn.

 

> Lire aussi :

 

> Lire également dans les Grandes Archives de S&V :

  • Bricoleurs du vivant S&V n°1180 (2016) – acheter ce numéro. Ils ont trouvé l’outil ! Pour réparer, soigner ou même améliorer les gènes, CRISPR se présente comme l’instrument rêvé des généticiens.

S&V 1180 - CRISPR

S&V 1162 - riz dore

  • OGM : sont-ils dangereux S&V n°1082 (2007). Toxiques pour la santé ? Désastreux pour les
    cultures ? Trop de paramètres sont intriqués, et les spécialistes sont en désaccord.

S&V 1082 - OGM

 

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer