Voici le “Top 5” des meilleures illusions d’optique de 2016

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Des tubes rectangulaires qui, reflétées dans un miroir, semblent cylindriques... voici l'une des illusions d'optique primées cette année (capture d'écran).

Des tubes rectangulaires qui, reflétées dans un miroir, semblent cylindriques… voici l’une des illusions d’optique primées cette année (capture d’écran).

Les illusions d’optique sont à cheval entre le ludique et le sérieux. Ludique car il est toujours impressionnant de voir comment notre cerveau est berné malgré nous, sérieux car c’est une base de travail pour les chercheurs en neurologie de la vision : à l’instar des pathologies visuelles liées à des lésions cérébrales, les illusions révèlent des secrets du fonctionnement cognitif de la vision.

C’est pourquoi, tous les ans, la Neural Correlate Society, une association américaine créée et dirigée par des chercheurs en neurologie et sciences cognitives, organise un concours des meilleures illusions d’optique. Elle permet aussi bien d’alimenter la recherche que de faire profiter le public de ces trouvailles étranges. Voici donc 5 finalistes de cette année 2016 (sur un total de 10).

Les meilleures illusions d’optique de l’année 2016

  • Illusion n° 1

Voici le carré qui tourne sans tourner, conçu par Mathew T. Harrison et Gideon P. Caplovitz de l’université du Nevada à Reno (USA) – en cliquant sur le lien vous aurez les explications (en anglais).

 

  • Illusion n° 2

Les cylindres ambigus, conçus par Kokichi Sugihara de l’université Meiji au Japon.

 

  • Illusion n° 3

Une silhouette zootrope conçue par Christine Veras de l’université technologique Nanyang à Singapour.

 

  • Illusion n° 4

Les bulles de couleur (il faut fixer la croix au centre de l’image), de Mark Vergeer, Stuart Anstis et Rob van Lier (universités de Liège, de Nijmegen et de Californie à San Diego).

 

  • Illusion n° 5

L’effet contrôle à distance. Selon qu’on rapproche ou éloigne les barres entre elles (ou qu’on les rallonge), les deux barres clignotantes semblent battre en phase ou au contraire en opposition de phase. Arthur G. Shapiro de l’American University, USA.

 

Pour les autres illusions, vous pouvez les voir directement sur le site. Également, vous y trouverez les finalistes 2015, 2014, etc.

–Román Ikonicoff

 

> Lire également

 

> Lire aussi dans les Grandes Archives de Science & Vie :

  • Votre cerveau vous trompe – S&V n°1044 – 2004 – Notre cerveau présente des failles : mémoire trompeuse, fausses perceptions, raisonnements biaisés… Comment l’univers de la publicité en exploitent certaines (+ 20 expériences qui vous feront douter de vous-même).

1044

  • Libre arbitre : notre cerveau décide avant nous – S&V n°1057 – 2005 – L’un des grands apprentissages issues des sciences cognitives est l’importance des mécanismes inconscients et hyper-rapides dans notre être au monde. Au point de questionner notre libre arbitre.

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  • La formule qui décrypte le monde – S&V n°1142 – 2012 – Depuis quelques années, la recherche en sciences cognitives s’est affinée. Outre les recherches expérimentales sur la plasticité cérébrale et la volatilité des représentations mentales du corps, des modèles théoriques émergent, en particulier autour d’une formule, la célèbre formule de Bayes, qui semble consubstantielle à tout traitement par le cerveau des informations provenant de la réalité extérieure.

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Le Very Large Telescope plonge au cœur d’Orion

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Le Very Large Telescope (VLT) européen a pris cette image infrarouge spectaculaire de la nébuleuse d'Orion. Photo ESO.

Le Very Large Telescope (VLT) européen a pris cette image infrarouge spectaculaire de la nébuleuse d’Orion. Photo ESO.

Quand les deux plus puissants télescopes du monde observent la plus belle des nébuleuses du ciel avec des regards différents, l’image qu’ils en offrent est forcément stupéfiante de beauté… En 2006, c’est le télescope spatial Hubble qui s’est tourné vers la grande nébuleuse d’Orion, ce nuage de gaz d’une beauté sidérale qui flotte à 1300 années-lumière d’ici.
Portrait en majesté classique, cadré, figuratif : l’image de Hubble a été prise dans le domaine visible du spectre électromagnétique, la partie du spectre visible par l’œil humain, entre 0,4 et 0,8 micromètre de longueur d’onde.
En 2016, le Very Large Telescope européen a été à son tour orienté vers Orion par l’équipe de Holger Drass et Amelia Bayo. Trois heures de temps de pose, avec un télescope de 8,2 m de diamètre, mais, cette fois, entre 1,25 et 2,15 micromètres de longueur d’onde, c’est à dire dans l’infrarouge. Là encore, l’image, figurative mais impressionniste, est vertigineusement belle… Bien sûr, sur les deux images, on reconnaît les deux ailes déployées de l’immense alcyon céleste, qui s’étendent sur une dizaine d’années-lumière.
Mais l’image infrarouge montre bien plus que celle de Hubble, parce qu’elle permet de voir à l’intérieur des nuages de poussières et de gaz de la nébuleuse et parce qu’elle permet de détecter des astres froids dans ce champ d’Orion…

A gauche, la nébuleuse d'Orion vue en infrarouge par le VLT. A droite, la même nébuleuse vue par le télescope spatial Hubble dans le domaine visible. Photos ESO/Nasa/ESA.

A gauche, la nébuleuse d’Orion vue en infrarouge par le VLT. A droite, la même nébuleuse vue par le télescope spatial Hubble dans le domaine visible. Photos ESO/Nasa/ESA.

La nébuleuse d’Orion est un vaste nuage de gaz qui donne depuis quelques millions d’années naissance à un grand nombre d’étoiles. Elle est illuminée, chauffée, ionisée pour être exact, par quelques dizaines d’étoiles supergéantes extrêmement jeunes et lumineuses. Et, derrière ces voiles gazeux, elle cache des milliers de jeunes étoiles plus légères et moins brillantes. Jusqu’ici, les astronomes pensaient que la population la plus importante de cette jeune nébuleuse, c’était de petites étoiles, environ quatre fois moins massives et dix fois moins brillantes que le Soleil. Mais l’équipe de Holger Drass et Amelia Bayo a découvert une nouvelle population, plus nombreuse et bien plus discrète encore, dans la nébuleuse d’Orion… Il s’agit, tout d’abord de près de huit cents naines brunes, ces mini étoiles trop peu massives pour connaître des réactions nucléaires en leur cœur. Plus étonnant, cent soixante objets bien plus petits encore, entre cent et mille fois moins massifs que le Soleil, c’est à dire d’une masse supérieure ou égale à celle de Jupiter, ont été découverts dans la nébuleuse… Ces véritables « planètes flottantes », mondes obscurs et étranges, ont sans doute été expulsés de leurs étoiles durant la formation des systèmes stellaires dans l’environnement dense, chaotique et violent de la nébuleuse.

Gros plan sur la nébuleuse d'Orion. Le Very Large Telescope européen révèle un grand nombre d'astres invisibles sur l'image prise par le télescope spatial Hubble. Photos ESO/Nasa/ESA.

Gros plan sur la nébuleuse d’Orion. Le Very Large Telescope européen révèle un grand nombre d’astres invisibles sur l’image prise par le télescope spatial Hubble. Photos ESO/Nasa/ESA.

Une violence et un chaos tout relatifs, en tout cas à l’échelle humaine. Depuis qu’elle est observée par les astronomes, il y a plusieurs centaines d’années, la nébuleuse d’Orion semble figée, inchangée et hiératique, comme une immense tempête interstellaire immobile, éternelle.
Serge Brunier