Trois façons d’attendre la particule X – Le blog de Mathieu Grousson

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En attendant le X, le Cern propose deux recettes de pizzas façon "boson de Higgs ». - Crédit : © Cern

En attendant le X, le Cern propose deux recettes de pizzas façon “boson de Higgs ». – Crédit : © Cern

X ou pas X ? La physique est-elle en passe de connaître un bouleversement quasi sans précédent, ou bien s’achemine-t-on vers une déconvenue sans équivalent dans toute l’histoire de l’exploration de l’infiniment petit ? Alors que le dénouement approche (voir post précédent : Particule X : le dénouement approche), aucune information ne filtre. Pour éviter que l’attente devienne insupportable, pourquoi ne pas s’offrir un peu de distraction, sans pour autant quitter l’univers des particules élémentaires !

Les chasseurs de signaux cachés des particules

Les plus sérieux pourront par exemple rejoindre le projet de science citoyenne HiggsHunters. Soit une plateforme proposant à tout un chacun de passer en revue visuellement plusieurs milliers d’images des données du détecteur ATLAS.

Objectif : y trouver la trace de phénomènes intéressants qui auraient pu passer entre les mailles des filets des puissants algorithmes du Cern. Depuis le lancement du projet, il y a deux ans, 20 000 clichés ont déjà été examinés. Mais plus du double attendent encore, avec, à la clé, qui sait, la découverte d’une particule inconnue !

La musique des particules qui s’entrechoquent

A moins que vous soyez plutôt tenté par la musique des particules. Auquel cas, rendez-vous sur le site du projet Quantizer, imaginé par une étudiante du Laboratoire Media Lab, à l’Institut de technologie du Massachussets.

Le concept : un logiciel en ligne qui transforme en échantillons sonores les données collectées par le détecteur ATLAS. De quoi écouter en temps réel le « son » produit par les collisions entre protons dans les tréfonds de l’accélérateur géant du Cern, le LHC.

Des collisions à l’image… d’une pizza !

Et si ces émotions vous ont donné faim, vous pourrez toujours penser à la particule X en dégustant une pizza façon boson de Higgs ! L’idée a traversé l’esprit de deux physiciens frappés par la ressemblance de la représentation des désintégrations de la particule au sein des détecteurs du LHC avec la pizza qu’ils dégustaient.

 

A la suite de quoi, le chef de la pizzeria Ettore, à Naples, a tout spécialement créé deux pizzas représentant respectivement la désintégration du Higgs en deux photons ou en quatre muons. La recette est ici.  En attendant peut-être la recette de la pizza façon particule X !

—Mathieu Grousson

 

Mathieu Grousson est un journaliste collaborateur de Science & Vie spécialiste de la physique fondamentale. Suivez son blog “Particule X” :

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> Lire aussi dans les Grandes Archives de S&V / acheter :

S&V 1152 - LHC boson de Higgs

S&V 1142 - Higgs blues physiciens

  • La matière va enfin parler S&V n°1129 (2011). Moment clou : tout le monde a les yeux rivés sur le LHC, qui confirmera enfin l’existence du boson de Higgs, des décennies après sa théorisation.

S&V 1129 - boson de Higgs LHC

> Lire également :

Le premier réseau international de commerce du cannabis a 5000 ans

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Quand est-ce que le cannabis a-t-il été domestiqué ? Quand sa consommation s'est-elle diffusée ? Des chercheurs ont trouvé la réponse (Ph. Martjin via Flickr CC BY 2.0).

Quand le cannabis a-t-il été domestiqué ? Quand sa consommation s’est-elle diffusée ? Des chercheurs ont trouvé la réponse (Ph. Martjin via Flickr CC BY 2.0).

Les études sont formelles : l’humanité fume ou inhale du cannabis, du moins certains individus, depuis qu’il a appris à cultiver la terre, soit environ 11 000 ans. Mais jusque-là on ignorait quand et suivant quelles routes la pratique s’était répandue à travers tout le continent eurasien, du Japon à la Bretagne, en passant par la Chine, l’Inde, la Russie…

Or, en analysant des milliers d’informations récoltées sur le terrain par les archéologues dans une centaine de sites où des restes de Cannabis ont été retrouvés et radio-datés, des chercheurs viennent d’exhumer la première “route du cannabis” de l’histoire, datant d’il y a 5000 ans environ.

Le cannabis était consommé par certaines peuplades voici déjà 11 000 ans…

Fibres, pollens, gaines ou akènes de Cannabis présents dans certains sites sur le continent eurasien,  traces de pratiques incluant la combustion de cette plante… Depuis les années 1950, les archéologues et spécialistes des paléo-environnements ont trouvé les preuves en Europe et en Asie que cette plante était utilisée par nos ancêtres depuis 11 000 ans.

Certains de ces restes appartenant à des sous-genres riches en molécules psychotropes de delta-9-tetrahydrocannabinol (THC) ont permis de conclure que nos ancêtres connaissaient déjà l’effet des “cigarettes qui font rire” (joints) – même s’ils ne le consommaient pas sous cette forme moderne.

… Mais la généralisation de la pratique à tout le continent eurasiatique daterait de 5000 ans.

Néanmoins, si les preuves de consommation de cannabis remontent aussi loin, il y avait jusqu’ici un déséquilibre géographique : de nombreux sites parsemaient les terres occidentales de l’Eurasie, alors que de très rares se trouvaient à l’Est du continent. Mais voici 5000 à 4000 ans, la pratique s’est massivement répandue à l’Est.

Carte donnant la position de la centaine de sites connue datant d'entre 11 000 et 3000 ans, où des traces de cannabis (fibres, graines, pollen, akènes ou traces) ont été relevées.

Carte donnant la position de la centaine de sites connue datant d’entre 11 000 et 3000 ans, où des traces de cannabis (fibres, graines, pollen, akènes ou traces) ont été relevées (T. Long et al., Veget Hist Archaeobot 2016).

Quel a été le vecteur de cette propagation ? Selon les auteurs de l’étude, chercheurs de l’Institut archéologique allemand et de l’Université libre de Berlin, c’est le peuple Yamna, des nomades agriculteurs occupant à l’origine les steppes situées entre l’Ukraine et la Russie actuelle qui a répandu la pratique, créant une véritable “route du cannabis” – dont une partie fut empruntée des millénaires plus tard pour le commerce de la soie.

Une monnaie d’échange

Utilisé dans le textile, grâce aux propriétés de ses fibres, mais aussi comme médecine, aliment et substance psychotrope (inhalée durant des rituels), le cannabis serait alors devenu une monnaie d’échange (troque) : faisant le lien entre les peuples de l’ouest et de l’est eurasiatiques, les Yamnas auraient ainsi “exporté” les pratiques de domestication et consommation vers l’Est du continent.

Zone occupée par les peuples de la culture Yamna au IVe millénaire av. J.-C. (Wikicommons CC BY-SA 3.0).

Zone occupée par les peuples de la culture Yamna au IVe millénaire av. J.-C. (via Wikicommons CC BY-SA 3.0).

Leur conclusion contredit ainsi la théorie dominante suggérant que la domestication du Cannabis aurait vu le jour en Chine ou en Asie centrale.

Un héritage parmi d’autres

Néanmoins, soulignent les chercheurs, ce commerce de cannabis n’est qu’un des aspects du processus d’échanges culturels portés par ces peuples des steppes.

En effet, on leur doit également la transmission entre les deux parties du continent des techniques d’élevage, de la métallurgie et, peut-être, le brassage linguistique ayant créé le “fond commun” des langues Indo-européennes.

–Román Ikonicoff

Lire aussi:

 

> Lire également dans le site des Grandes Archives de Science & Vie :

  • Les dégâts irréversibles du Cannabis – S&V n°1145 – 2013. Les effets de la consommation de cannabis sont un sujet scientifique et sociétal très controversé. Néanmoins, les études montreraient qu’une consommation précoce aurait des effets dévastateurs sur le cerveau, entrainant des troubles mentaux se manifestant des décennies plus tard.

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  • Le Cannabis soigne déjà dans de nombreux pays – S&V n°1165 – 2014. Mais quand le cannabis est utilisé à bon escient dans un cadre médical, ses vertus sont nombreuses. Plusieurs pays, dont la France, autorisent déjà des médicaments à base de cannabis.

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