Particule X : le dénouement approche – Le blog de Mathieu Grousson

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Si dans les prochains jours, le Cern annonce la tenu d’un séminaire spécial, tel que celui organisé pour l’annonce de la découverte du boson de Higgs, en 2012 (ci-dessus), on peut s’attendre à voir confirmée l’existence de la particule X. - Ph. © 2012-2016 CERN

Si dans les prochains jours, le Cern annonce la tenue d’un séminaire spécial, tel que celui organisé pour l’annonce de la découverte du boson de Higgs, en 2012 (ci-dessus), on peut s’attendre à voir confirmée l’existence de la particule X. – Ph. © 2012-2016 CERN

C’est désormais une question de jours. Sous peu, nous saurons si l’étrange signal découvert dans les données prises en 2015 au LHC, l’accélérateur géant du Cern, correspondait aux premières manifestations d’une nouvelle particule non prédite par les théories en vigueur et ouvrant par conséquent une nouvelle ère pour l’exploration de l’infiniment petit. Ou bien une malheureuse fluctuation des données sans la moindre signification.

Tout d’abord, il est désormais clair que suffisamment de données ont été accumulées par les deux détecteurs ATLAS et CMS pour trancher. Un simple doublement par rapport à 2015 aurait été suffisant quand quatre fois plus ont été gravées à ce jour dans la mémoire des ordinateurs du Cern.

Les physiciens connaissent peut-être déjà la réponse sur la particule X

Mieux, à ce jour, il n’est pas interdit de penser que les expérimentateurs eux-mêmes savent à quoi s’en tenir. Selon nos informations, il est possible que les données aient commencé à être passées à la moulinette des analyses ces jours derniers, si bien qu’au plus tard à la fin de la semaine, les dés auront été définitivement jetés. Si tel est le cas, on peut alors s’attendre à voir commencer la valse des rumeurs dans les tous prochains jours, tant le strict respect du blackout imposé par la direction des deux expériences est difficile à tenir s’agissant de collaborations comptant chacune plusieurs milliers de personnes.

Pour tenter de savoir à quoi s’en tenir avant l’annonce officielle, y aura-t-il quelques signes tangibles ? L’un des plus fiable sera probablement à lire dans le programme des conférences et séminaires des prochaines semaines. Ainsi, la prochaine grand-messe de la communauté des particules élémentaires aura lieu à Chicago du 3 au 10 août prochain. C’est d’ailleurs aujourd’hui à elle que renvoient les officiels interrogés sur le calendrier des annonces.

L’annonce pourrait être donnée à Genève ou à Chicago

Sauf que comme l’expliquait Eckhard Elsen, directeur de la recherche et de l’informatique au Cern, lors d’une présentation donnée dans le cadre de la quatrième conférence annuelle du LHC, à Lund (Suède) en juin dernier, il est convenu que tout résultat important fasse d’abord l’objet d’une annonce lors d’un séminaire organisé dans l’enceinte genevoise. Ainsi, en juillet 2012, la découverte du boson de Higgs avait été annoncée depuis le grand amphithéâtre du Cern, en marge des grandes conférences d’été. Comme devrait l’être l’existence de la particule X, si tant est que particule il y ait…

Autrement dit, si le Cern annonce à court terme la tenue d’un séminaire spécial dans ses murs, il y a fort à parier que la physique fondamentale sera en passe de vivre une révolution comme il s’en produit quelques-unes par siècle. Si à l’inverse on s’achemine vers une annonce de résultats depuis la conférence internationale de physique des hautes énergies de Chicago, alors il est vraisemblable que ceux-ci doucheront les espoirs nés des deux petits excès rendus public le 15 décembre dernier.

—Mathieu Grousson

 

Mathieu Grousson est un journaliste collaborateur de Science & Vie spécialiste de la physique fondamentale. Suivez son blog “Particule X” :

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  • La matière va enfin parler S&V n°1129 (2011). Moment clou : tout le monde a les yeux rivés sur le LHC, qui confirmera enfin l’existence du boson de Higgs, des décennies après sa théorisation.

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Attentats : Comment vivre quand tout le monde est une cible ?

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La barbarie a pris le pas sur la féérie. L’auteur de l’attentat ne pouvait ignorer que nombre de familles assistaient au feu d’artifice. Selon Nice-Matin, 54 mineurs ont été admis à l’hôpital pédiatrique Lenval depuis jeudi soir. En tout, dix enfants et adolescents ont été tués lors de l’attaque du camion. Or les enfants sont choqués à la mesure de leur identification aux victimes : ils auraient pu être à leur place.


En tant que parents, inutile de chercher à cacher notre effarement sur le coup, mais on doit assurer que c’est passager, insiste Angélique Kosinski Cimelière, psychologue clinicienne pour enfants. Quelques jours après, il est important de dire que notre peur est passée, mais qu’eux ont le droit d’éprouver ce qu’ils éprouvent et qu’il vaut mieux l’exprimer : « Le mot d’ordre, c’est de rassurer et d’expliquer. » Attention au flot d’informations violentes. « Particulièrement avant 10 ans, on les tient à l’écart des images, souligne la psychologue. Et surtout, on pense à débrancher, à être à la maison avec eux, à leur consacrer du temps. »


Comment expliquer les attentats aux enfants ?


Une menace qui échappe aux probabilités


Cet attentat, survenu le jour de la fête nationale, n’a rien d’anodin, les enfants le sentent bien. Il vise explicitement la France et ce en quoi elle croit. Fête nationale, feu d’artifice, insouciance et unité : « C’est un mode de vie, mais au-delà c’est un art de vivre à la française », analysait déjà le sociologue et sémiologue Alain Mergier à propos de l’attentat au Bataclan. Spécialiste des processus d’opinion, il a cosigné Janvier 2015 : le catalyseur (Fondation Jean Jaurès), une analyse de l’impact des attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher sur le vote des classes populaires. À nouveau, ces valeurs ont été visées : « Le café en terrasse, le match de foot, la musique, la mixité, l’insouciance. Tout cela crée du “nous”. Nous appartenons à cet art de vivre. Ce ne sont pas des valeurs abstraites, mais des valeurs de vie quotidienne qui sont en jeu. Nous y tenons, car elles nous tiennent ensemble. »


Prolongé de trois mois, l’état d’urgence marque la continuité avec cette réalité nouvelle « dans laquelle se reconfigure le rapport que le public entretient avec le danger, poursuit le sociologue. Nous passons d’une situation dans laquelle des attaques terroristes étaient probables, un risque à peu près mesurable, à une situation dans laquelle elles deviennent certaines, une menace qui échappe aux probabilités. C’est cela la guerre : le passage du risque à la menace, les actes terroristes ne sont plus exceptionnels, ils deviennent une dimension constitutive de la réalité ordinaire. »


Cette guerre aveugle est d’autant plus anxiogène qu’elle n’a ni contours, ni déclaration, ni front. Impossible de se mobiliser contre un ennemi visible, qui pratiquerait le respect de certains implicites : la trêve, la protection des civils, à plus forte raison les enfants. Les coups tombent sans prévenir. À quand le prochain ? Et où ? Plus grave encore : notre système de protection, pourtant paré à toute éventualité comme il l’était à Nice, s’avère totalement dérisoire et incapable d’éviter l’horreur. Comment maintenir leur sentiment de sécurité, quand n’importe qui semble pouvoir être la prochaine cible ?