"Les scouts veulent intégrer la diversité des convictions"

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En donnant à votre dernier rassemblement de Strasbourg une dimension européenne, n’avez-vous pas eu l’impression d’aller à contre-courant d’une opinion publique qui n’y croit plus ?

29 pays étaient représentés à You’re Up. Ces jeunes venus de partout savent que l’Europe est leur avenir. Mais ils ne veulent pas d’une Europe seulement réglementaire ou administrative. Ils veulent un projet politique, un vrai projet de société où chacun ait sa place. Et ils ont envie de s’engager dans ce sens. C’est pourquoi, après une longue séance de travail au Parlement, ils ont rédigé une résolution, mise en ligne sur notre site, dans laquelle il est question de citoyenneté, d’environnement, de solidarité, de vivre ensemble… Des valeurs porteuses d’avenir.

Parmi les moments forts, il y a eu la visite à la mosquée de Strasbourg. Pourquoi cette rencontre ?

Le scoutisme a pour vocation de former des jeunes qui vont être constructeurs d’un monde plus fraternel, où chacun peut exister et approfondir ce qu’il est. Cet apprentissage ne peut se faire en vase clos. L’ouverture à l’autre, à celui qui pense, vit et croit autrement que moi, est une des conditions de l’éducation. La découverte du dialogue interreligieux est un ingrédient indispensable pour notre société actuelle.

Est-ce pour cette raison que vous accueillez des jeunes incroyants ou issus d’autres religions ?

Les Scouts et Guides de France sont un mouvement catholique ouvert à tous. Notre proposition est clairement catholique, mais nous ne chercherons jamais à convertir un jeune d’une autre religion. De la même manière, nous n’obligerons jamais un jeune à participer à un temps de prière. Chez nous, un jeune musulman n’est pas gêné par le fait de participer à une messe, il se sait respecté. Nous annonçons la couleur et nous sommes dans une confiance réciproque avec les familles. Comme chrétiens, nous pensons que le Christ n’a pas demandé de certificat de baptême avant d’accueillir ceux qui le croisaient et nous essayons de faire de même. L’Évangile ne nous donne aucun signe de fermeture de Jésus. Pour nous, être catholique, c’est être universel, ouvert à tous, comme lui. Bien entendu, nous accompagnons les jeunes chrétiens pour qu’ils découvrent le Christ dans leur vie. À Strasbourg, douze jeunes ont été confirmés pendant la messe de ce rassemblement. Mais, dans les années qui viennent, nous voulons aussi nous engager plus avant dans la rencontre interreligieuse. Nous sommes au XXIe siècle ! Qu’on le veuille ou non, ce dialogue est devenu incontournable.

Quels sont vos autres chantiers ?

Nous avons adopté il y a deux mois notre plan d’orientation pour 2015-2020 : « Grandir et servir ensemble ». Il faut que nous appelions et que nous formions davantage de chefs et de cheftaines pour mieux partager la joie du scoutisme, car beaucoup de jeunes et de familles l’attendent. Avec 75 000 membres et une croissance des effectifs de 5 % cette année, notre mouvement a besoin de nouveaux cadres. Avec eux, nous voulons mettre en oeuvre trois priorités : l’éducation à la paix, à la sobriété et à l’engagement citoyen.

 

> L’appel des scouts après l’orage :

Les 15.000 scouts réunis à Strasbourg ont dû être évacués dans la nuit du 17 au 18 juillet, à la suite d’une mini-tornade sur le camp. Le mouvement appelle aux dons pour faire face aux dégâts, estimés à plusieurs centaines de milliers d’euros… « On a perdu beaucoup de matériel : tentes, équipements collectifs, sonorisation. C’est important de pouvoir repartir dès la rentrée », explique François Mandil, délégué national du mouvement.

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