L’éclairage artificiel fait perdre une heure de sommeil par nuit

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L'éclairage artificiel nous aurait fait perdre une heure de sommeil. — Ph. youngshanahan / Flickr / CC BY 2.0

L’éclairage artificiel nous aurait fait perdre une heure de sommeil. — Ph. youngshanahan / Flickr / CC BY 2.0

On a tendance à penser que notre sommeil est gâché par les écrans, tablettes et autres smartphones qui ont envahi notre quotidien ces dernières années. Pourtant, une étude américaine suggère que l’humanité a déjà perdu une heure de sommeil depuis qu’elle fait appel à l’éclairage artificiel !

Les soirées d’hiver seraient tellement plus courtes sans la possibilité d’allumer un plafonnier ou une lampe de chevet. Et qui peut s’imaginer se réveiller sans allumer la lumière alors qu’il fait encore nuit dehors  ? Appuyer sur un interrupteur nous paraît si naturel qu’on en oublie combien d’heures en plus cela nous permet de nous tenir éveillés.

Pour la première fois, des chercheurs ont évalué, dans des conditions réelles, combien l’accès à l’éclairage artificiel influe sur la durée de notre sommeil. Une équipe interdisciplinaire de biologistes, neuroscientifiques et anthropologues venant de plusieurs universités en Argentine et aux États-Unis a étudié le sommeil et les activités quotidiennes de deux communautés d’indigènes vivant dans le Chaco, une région montagneuse du nord de l’Argentine.

Ces communautés appartiennent toutes deux à l’ethnie Toba (appelée Qom dans leur propre langue), une population de chasseurs-cueilleurs. Séparées de 50 kilomètres seulement, leur mode de vie est en tout point semblable, excepté un facteur de taille : depuis les années 1990, l’une des deux a accès au réseau électrique 24 heures sur 24, tandis que l’autre ne s’éclaire qu’avec la lumière naturelle du soleil.

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Afin de traquer l’exposition à la lumière et la durée du sommeil, les participants étaient munis de bracelets-traceurs d’activité. — Ph. © Université de Washington

En présence d’éclairage naturel, les Toba dorment une heure de plus par nuit

Les expérimentateurs ont rendu visite à ces deux populations durant une semaine d’été (en novembre 2012, proche du solstice d’été austral) et une semaine d’hiver (en août 2013, proche cette fois du solstice d’hiver austral). A l’aide de bracelets-traceurs d’activité, l’exposition à la lumière et l’activité de chaque participant était enregistrée, minute par minute. Pour vérifier le bon fonctionnement de ces détecteurs de mouvement, les participants tenaient aussi un journal quotidien où ils inscrivaient l’heure de coucher et de réveil, ainsi que d’éventuelles siestes durant la journée.

Résultats : les habitants du village connecté au réseau électrique dormaient moins que leurs contreparties éclairées naturellement, aussi bien dans la période d’été (moins 43 minutes) qu’en hiver (56 minutes de moins). C’est à dire près d’une heure de sommeil en moins au quotidien ! Dans les deux cas, ceci s’expliquait parce qu’ils allaient se coucher plus tard, alors que l’horaire de réveil restait semblable dans les deux villages. Et les mesures de luminosité l’ont confirmé : la présence de l’éclairage électrique exposait à un plus fort éclairage le soir.

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Un bébé Toba/Qom dormant. — Ph. © Université de Washington

Le sommeil reste plus important l’hiver que l’été

D’après les chercheurs, c’est là le signe que l’éclairage artificiel a contribué à modifier le sommeil des sociétés humaines à mesure que l’industrialisation généralisait l’accès à l’électricité. Mais il y a plus : comme ils l’expliquent dans leur article paru dans le Journal of Biological Rythms, la disponibilité de l’éclairage artificiel n’a pas suffi à annuler les changements de besoins en sommeil au cours de l’année.

En effet, dans les deux villages étudiés, on dort plus longtemps l’hiver (près de 10 heures sans éclairage électrique et à peine plus de 9 heures avec l’éclairage électrique), non pas parce qu’on se couche plus tôt, mais parce qu’on se lève plus tard.

Ainsi, les chercheurs avancent que l’humanité ne s’est pas affranchie des différences saisonnières dans les cycles du sommeil, bien au contraire. Les besoins en sommeil seraient plus importants l’hiver… alors que l’éclairage artificiel empêche en partie de les satisfaire. Et ceci serait d’autant plus vrai dans des latitudes où la durée du jour est beaucoup plus courte l’hiver que l’été, comme dans le nord de l’Europe. Tandis que dans la région d’étude, le Chaco, située en zone subtropicale, l’ensoleillement ne varie que de 3 heures entre le solstice d’hiver et d’été.

—Fiorenza Gracci

 

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> Lire également dans les Grandes Archives de S&V :

  • Le sommeil en 16 questions – S&V n°1128 – 2011. Comment connaître son rythme biologique ? La grasse matinée n’a-t-elle que des effets bénéfiques ? A quelle heure s’endort-on le plus facilement ? Peut-on dormir moins sans risquer d’être fatigué ?… Une revue des questions essentielles qu’on se pose sur le sommeil.

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  • Le tempo des origines bat en nous – S&V n°1124 – Les problèmes de décalage horaire sont liés à notre « horloge circadienne » qui régit nos rythmes biologiques en fonction de l’alternance de la lumière solaire. Cette horloge serait présente dans tous les êtres vivants depuis les origines.

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  • Pourquoi le temps passe de plus en plus vite ? - S&V n°1109 – Quand on parle de l’heure, fait-on référence à une mesure physique extérieure où à une autre grandeur, plus intérieure, qui n’a qu’un rapport lointain avec la première ? Quand le temps devient un phénomène neurologique.

S&V1109

 

Une lumière dans le cerveau pour combattre la dépression

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Les souvenirs positifs libèrent de la dépression, du moins chez les souris (Moyan Brenn via Flickr CC BY 2.0)

Les souvenirs positifs libèrent de la dépression, du moins chez les souris (Moyan Brenn via Flickr CC BY 2.0)

Cette recherche se distingue autant par ses résultats que par les moyens expérimentaux qui les ont amenés. A savoir : en allumant une petite lumière implantée dans le cerveau d’une souris, via une fibre optique, des scientifiques ont découvert des circuits cérébraux liés à la dépression et trouvé la manière dont de bons souvenirs peuvent court-circuiter une dépression durablement.

Ici, les résultats sont la découverte de cette circuiterie cérébrale qui lie la mémoire et la dépression, et la nouvelle piste thérapeutique qu’elle ouvre pour les humains. Les moyens expérimentaux, eux, sont l’utilisation d’une impulsion lumineuse dans le cerveau des souris pour activer artificiellement – et donc rendre observable – le fonctionnement de ce circuit. Si l’on pouvait mesurer l’esthétique d’une recherche, celle-ci serait certainement qualifiée de très belle.

 Les bons souvenirs contre la dépression

En résumé, comme l’explique l’article publié dans la revue Nature, des souris présentant les signes d’une dépression – que les chercheurs avaient induite en les soumettant à une situation de fort stress (dépression dite réactive) – ont vu leur optimisme revenir grâce à l’évocation d’un souvenir positif – une évocation mémorielle provoquée artificiellement à l’aide d’une impulsion lumineuse transmise à leur cerveau par une fibre de verre.

Pour être bien clairs, précisions qu’il ne s’agit pas de développer un traitement contre la dépression impliquant l’implantation de fibres de verre dans la tête de patients humains. Cet aspect de la manip sur les souris a servi seulement à tester l’hypothèse des chercheurs et à découvrir les circuits neuronaux impliqués.

Rendre les neurones sensibles à la lumière

Pour cela les chercheurs, une équipe nippo-américaine impliquant le Massachusetts Institute of Technology (MIT) et l’Institut de recherche scientifique japonais RIKEN, se sont servis de la nouvelle méthode d’optogénétique consistant à greffer, dans les cellules nerveuses, des gènes qui s’activent grâce à de la lumière (via des virus modifiés injectant ces gènes dans les cellules ciblées).

Schéma expliquant le principe de l'optogénétique (en anglais, MCLAC via Wikicommons CC0)

Schéma expliquant le principe de l’optogénétique (MCLAC via Wikicommons CC0)

Concrètement, les scientifiques ont créé des bons souvenirs chez des souris mâles en les mettant en présence de femelles. Plus tard, ces mêmes rongeurs ont été exposés à des situations stressantes (privations) au point de les rendre déprimés – dans le modèle animal de la souris, la dépression se mesure à l’apathie, le manque d’entrain et la passivité (ainsi qu’à certains marqueurs physiologiques).

Allumer l’interrupteur des bons souvenirs

Ces souris avaient préalablement été traitées par optogénétique : les neurones de l’aire du gyrus denté, situé dans le lobe limbique du cortex cérébral au-dessus de l’hippocampe, avaient reçu leur « injection » de gènes photosensibles. En effet, cette aire est connue pour stocker les souvenirs récents. Des fibres optiques avaient également été implantées dans leur cerveau afin de transporter le signal lumineux depuis l’extérieur jusqu’au gyrus.

Quand les chercheurs ont allumé le signal, les souris déprimées ont vu leur mal-être disparaître (ce que l’on mesure à leur comportement) car les neurones ciblées avaient réactivé le bon souvenir. Les chercheurs ont aussi observé que deux autres aires non traitées génétiquement, les aires nommées BLA et NAcc, s’activaient quasi-simultanément, dessinant alors un circuit non encore connu lié de toute évidence à la remémoration de souvenirs positifs et agissant contre la dépression.

Une belle promesse pour les humains

Conclusion : vu que le circuit découvert chez les souris est transposable aux humains (c’est toute la puissance des modèles animaux), les chercheurs ont démontré le rôle des souvenirs positifs actifs sur les dépressions réactives et localisé les aires en jeu dans ce processus guérison.

Reste maintenant à trouver un moyen moins intrusif pour activer chez les humains ce circuit, par la pharmacologie ou les méthodes cognitivo-comportementales, afin de confirmer que le modèle s’y applique effectivement – et également se servir d’autres souvenirs que ceux de femelles (la plupart des signataires de l’article étant des hommes, ceci explique peut-être cela). La psychiatrie disposera alors d’une nouvelle arme pour combattre la maladie du siècle.

Román Ikonicoff

 

>Lire aussi:

> Lire également dans les Grandes Archives de Science & Vie :

  • La dépression, une maladie qui dérange – S&V n°1047 – 2004 – La dépression touche aujourd’hui 350 millions d’individus selon l’OMS et génère d’énormes dépenses de santé publique. Pourtant c’est une maladie qu’on tait.

1047

 

  • A quoi pensent les invertébrés – S&V n°1144 – 2013. Ils éprouvent des émotions, sont sensibles à la douleur, voire ont une vie intérieur… Qui donc ? Les invertébrés.

S&V 1444 invertébrés

 

"La fragilité est emplie de force"

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Qu’est-ce qui vous a conduit à ce désir d’adoption ? Est-ce lié à une précédente expérience avec le handicap ?

Avec mon mari, nous n’étions pas du tout touchés par le handicap. Notre décision n’était d’ailleurs pas, au début, forcément de nous tourner vers un enfant handicapé. Nous avons eu le désir d’agrandir notre famille et nous étions animés par l’envie d’aimer un enfant qui en avait besoin, tout simplement. C’est pourquoi nous nous sommes dirigés vers des enfants “à particularités”, qui attendent que des parents leur tendent la main. Leur handicap n’était pas quelque chose qui nous faisait peur. Nous voulions aimer sans condition un enfant avec ses différences et ses problèmes, pour ce qu’il est.

Comment vos enfants ont-ils réagi ?

Nous en avons parlé à nos enfants au moment où il devenait question qu’ils rencontrent l’assistante sociale ainsi que les psychologues. Leur première réaction était la joie d’avoir un petit frère ou une petite soeur. Ils ont néanmoins compris que ce ne serait pas comme les autres fois. L’idée que l’enfant serait adopté et handicapé leur a naturellement fait un peu peur. Nous leur avons expliqué que ce sentiment était tout à fait légitime. Leur première rencontre avec Marie s’est extrêmement bien passée. C’était l’excitation générale ! Pour nous, parents, nous vivions un moment merveilleux, un moment tant attendu ! Toutes les peurs des enfants se sont envolées. Quand ils se sont retrouvés face à elle, ils n’ont pas vu la Trisomie 21 mais une petite fille joyeuse, bien au creux de leur bras, qui n’attendait que d’être aimée.

Avez-vous connu des difficultés, des découragements, des réactions qui vous ont heurtés ?

Notre parcours vers l’adoption a été semé d’embûches. Notre choix d’accueillir au sein de notre famille un enfant rejeté à la naissance à cause de sa différence, comme “tombé du nid”, n’a pas toujours été bien compris. Nous avons dû faire face aux jugements de nombreux psychologues et assistantes sociales qui n’étaient pas toujours à l’écoute. Notre confiance en l’amour, en l’épanouissement de la parentalité était vue comme “louche”. Comme si des parents d’une famille déjà nombreuse ne pouvait souhaiter se tourner vers l’adoption sans avoir en tête une quête malsaine de récompense.

Nous avons ainsi été bercés de faux espoirs, interrogés, jugés dans nos valeurs les plus profondes et dans nos choix, allant de rendez-vous en rendez-vous avec l’administration. Mais nous n’avons pas lâché prise.

Votre foi chrétienne, dont vous ne faites pas mystère, serait-elle votre principale source de confiance en la vie ?

Le premier élément qui nous a permis de tenir bon était cette envie d’aimer cet enfant, de lui donner un amour sans condition. Nous pensions que nous devions nous battre pour ce petit être fragile, être comme ses représentants, ses porte-parole. Elle le méritait bien. C’est pour elle que nous avons cherché à être patients et dociles par rapport à tous ces rendez-vous avec l’administration, les psychologues et l’assistante sociale. Notre foi nous a aussi permis de garder le cap. C’est ce qui, comme une étincelle, nous aide à ne pas baisser les bras. Il faut réellement une force incroyable et cette force, sans la foi, nous ne l’aurions pas eue.

Nous vivons dans une société où, sans cesse, il faut être fort, compétent, performant. Qu’enseigne la vie auprès d’une enfant dite “plus fragile” ?

Vivre auprès de Marie nous a appris à nous recentrer sur l’essentiel. Elle n’évolue absolument pas selon les codes d’évolution d’un enfant dit “normal”. Elle ne marchera, ne parlera peut-être pas au même âge que les autres. Il nous a fallu sortir de cette habituelle codification et apprendre à la regarder comme elle est, en avançant petit à petit.

La fragilité est ainsi emplie de force. Chaque jour, chaque découverte, chaque petite avancée est une victoire pour elle et bien sûr pour nous. Elle nous enseigne à prendre la vie comme elle vient et à se mettre au niveau de cette vie là plutôt que de la rêver différemment.

Au sommaire de Science & Vie n°1174

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> L’étude citée de Barbara Heude : http://www.plosone.org/article/metrics/info:doi/10.1371/journal.pone.0120806

> Un article de Martine Vercauteren sur le rôle de l’alimentation dans l’évolution séculaire : http://www.ulb.ac.be/inforsciences2/ressources_documentaires/energie/index_8.html

> Les normes de croissance telles qu’elles ont été définies par l’OMS : http://www.who.int/childgrowth/standards/fr/


À VOIR

> La conférence de Sara Seager sur les nouveaux mondes extraterrestres :

 

Une simulation de la Nasa pour explorer les exoplanètes découvertes par le télescope Kepler :

http://eyes.nasa.gov/exoplanets/index.html

 

À CONSULTER

> Le site qui recense toutes les exoplanètes découvertes, actualisé presque au jour le jour : 

http://exoplanet.eu

> Le site des exoplanètes habitables :

http://phl.upr.edu/projects/habitable-exoplanets-catalog

 

À LIRE

> La publication de René Heller et John Armstrong sur les planètes superhabitables :

http://arxiv.org/abs/1401.2392

> La bible des planétologues, la publication qui, en 1993, a forgé le concept de planète habitable :

http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/11536936

 

À RETROUVER :  20 ans de découvertes sur les exoplanètes dans Science & Vie

> S&V n° 940 de janvier 1996, p. 38 :

S&V_940_P.38

> S&V n° 994 de juillet 2000, p. 51 :

S&V_994_P.51

> S&V n° 1045 d’octobre 2004, p. 46 :

S&V_1045_P.46

> S&V n° 1053 de juin 2005, p. 46 :

S&V_1053_P.46

> S&V n° 1107 de décembre 2009, p. 48 :

S&V_1107_P.48

> S&V n° 1139 de août 2012, p. 50 :

S&V_1139_P.50

> S&V n° 1157 de février 2014, p. 48 :

S&V_1157_P.48

 


S&V_1174_SEISMES_SILENCIEUX

À CONSULTER

> Les travaux (japonais et américains) qui mettent en évidence un séisme silencieux ayant précédé le tremblement de terre de Tohoku, le 11 mars 2011:

http://www.nature.com/ncomms/2015/150106/ncomms6934/full/ncomms6934.html

http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/2014GL060139/abstract

 

À VOIR

> Une carte de répartition géographique des évènements silencieux:

https://www.e-education.psu.edu/earth520/node/1804

> Au passage : comment se produit un tremblement de Terre ? 

 


 À CONSULTER

> L’article scientifique rapportant la découverte de l’équipe de Tor Wager:

http://journals.plos.org/ploscompbiol/article?id=10.1371/journal.pcbi.1004066

> L’entrée « Les bases neurales des émotions » dans l’encyclopédie experte « ScholarPedia », rédigée par l’un des grands noms de ce domaine, Antonio Damasio:

http://www.scholarpedia.org/article/wiki/index.php?title=Emotion&oldid=85881

 

À LIRE

Le livre Le libre arbitre et la science du cerveau, par un grand expert du fonctionnement cérébral, Michael Gazzaniga, qui explique avec une grande clarté le vrai rôle des deux hémisphères cérébraux:

http://www.odilejacob.fr/catalogue/sciences/neurosciences/libre-arbitre-et-la-science-du-cerveau_9782738129161.php

 


À VOIR

> Un caméléon changeant ses couleurs de l’état relaxé à l’état excité:

 

 À LIRE

> La publication des chercheurs:

http://www.nature.com/ncomms/2015/150302/ncomms7368/pdf/ncomms7368.pdf

 À CONSULTER

> Le site très riche du département Physique de la biologie de l’UUniversité de Genève:

http://www.lanevol.org/LANE/The_Physics_of_Biology.html

 


 ASSISTANCE

> Anorexie Boulimie, Info Ecoute : 0810 037 037 (prix d’un appel local ; appel anonyme) :

Une ligne téléphonique, mise en place par le réseau TCA francilien, ouverte à toute personne confrontée directement ou indirectement à l’anorexie mentale ou boulimie (patients, entourage familial, proches, les professionnels de santé, assistantes sociales, associations), où des spécialistes (psychologues le lundi de 16 à 18h ; des associations, mardi de 19 à 21h et vendredi de 16 à 18h ; et des médecins, jeudi de 16 à 18h) répondent à vos questions sur l’anorexie mentale et la boulimie et vous informent sur les principales ressources thérapeutiques spécialisées en Île-de-France.

À LIRE

> Pour en savoir plus sur les troubles du comportement alimentaires (TCA), et les réunions et congrès pourtant sur ces troubles) :

Le site internet de l’Association française pour le développement des approches spécialisées des TCA:

http://www.anorexieboulimie-afdas.fr/

Le site internet du Réseau TCA francilien:

http://reseautcaidf.org/

À CONSULTER

> Le dossier d’information sur l’Anorexie, de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale:

http://www.inserm.fr/thematiques/neurosciences-sciences-cognitives-neurologie-psychiatrie/dossiers-d-information/anorexie-mentale :

 


 

À CONSULTER

 

 


 

À CONSULTER

> Pour rentrer dans les coulisses des laboratoires d’étude sur les œuvres anciennes:

Ipanema utilise, notamment, un synchrotron (Soleil): http://ipanema.cnrs.fr/spip/ipanema/article/presentation

Et l’ESRF: http://www.esrf.eu/

 

> La Dame à l’hermine de Léonard de Vinci

Les travaux sur ce tableau ont été menés par l’équipe de Pascal Cotte, et son laboratoire Lumière technology:

http://www.lumiere-technology.com/

Pour découvrir tous les détails de l’analyse: Lumière sur la dame à l’hermine de Pascal Cotte, Vinci Editions, 288 p., 49 €.

 

> Rubens ou Van Dyck?

http://www.3ders.org/articles/20120910-historians-discover-secret-of-famous-painting-using-3d-scanners.html

 

> Les couleurs de Renoir

Le site de l’équipe de recherche est ici :

http://www.artic.edu/exhibition/renoir-s-true-colors-science-solves-mystery

 

> Les pots de peinture de Picasso

La publication à l’origine des travaux: http://link.springer.com/article/10.1007%2Fs00339-012-7534-x#

 

> Le tableau caché de Magritte

http://www.moma.org/explore/inside_out/2013/10/31/the-discovery-of-magrittes-the-enchanted-pose

 

 


 

À CONSULTER

> Voilà les deux études américaines qui affolent les chercheurs d’or:

http://pubs.acs.org/doi/abs/10.1021/es505329q

https://profile.usgs.gov/myscience/upload_folder/ci2015Jun042157574403327th-IAGS_Smith-K_final_3-9-15.pdf

 

> Un rapport suédois sur les métaux qui hibernent dans les sous-sols des villes:

http://www.diva-portal.org/smash/get/diva2:645289/FULLTEXT01.pdf

 

> Un rapport de l’ONU qui déplore le faible taux de recyclage des métaux:

http://www.diva-portal.org/smash/get/diva2:645289/FULLTEXT01.pdf

 

Don d’organes : dites "oui" ou "non", mais dites-le !

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Avec l’évolution des techniques des greffes, le don d’organes est devenu essentiel. Pour sauver ou changer radicalement de nombreuses vies. Et parfois, pour sauver la sienne en recevant l’organe sain d’un donneur. Depuis qu’en France plus aucune instance ou religion (catholicisme, islam, judaïsme) ne s’oppose au don, dire « Je suis pour » ou « Je suis contre » est donc un choix très personnel, souvent très intime, dont on ne fait pas toujours part à ses proches. 

 

Pourquoi il est important de se positionner ?

« Pour » ou « contre » le don de mes organes… Du choix du défunt dépend toute la chaîne du prélèvement et de la greffe. En effet, depuis la loi Caillavet de 1976, toute personne est considérée comme consentante au don d’organes et de tissus de son corps si elle n’a pas affirmé le contraire de son vivant. Un refus que l’on peut exprimer de son vivant, soit en faisant part de son opposition à ses proches oralement ou même par écrit, soit en s’inscrivant sur le registre national des refus géré par l’Agence de la Biomédecine (lire encadré). Au moment du décès, si un prélèvement d’organes est possible, l’équipe médicale consulte obligatoirement le registre et aucune volonté n’est enregistrée, elle interroge les proches pour connaître le choix du défunt et le respecter. Des échanges pas toujours faciles, qui mêlent la tristesse et les larmes à l’urgence d’un prélèvement dont la réussite dépend de délais très courts…

Quel est l’âge limite pour donner ?

Cela surprend souvent mais le prélèvement est possible à tout âge car, ce qui compte, c’est l’état physiologique de l’organe le jour du décès. Ainsi, s’il est rare de pouvoir donner son cœur après 60 ans, il est parfaitement possible de prélever des poumons jusqu’à 70 ans, des foies jusqu’à 80 ans, des reins jusqu’à 85 ans et des cornées (son faible risque de rejet, elle permet à bien des patients d’éviter la cécité) jusqu’à 90 ans et plus ! À l’inverse, quand un enfant décède, ses parents peuvent parfaitement autoriser le don de ses organes : leur petite taille permet en général d’opérer un jeune du même âge dans l’attente d’un greffon. En 2013, 3,5 % des donneurs avaient 17 ans ou moins, 29,8 % de 18 à 49 ans, 29,2 % de 50 à 64 ans et 37,5 % plus de 65 ans.

En disant « oui », est-on forcément prélevé ?

Non. Le don d’organe n’est possible que dans des cas de mort cérébrale, souvent consécutifs à des traumatismes crâniens ou à des accidents cardio-vasculaires, et ils représentent moins de 1 % des décès actuels à l’hôpital. Le prélèvement est donc rare : voilà pourquoi chaque possibilité est précieuse ! Si vous êtes décidé, vous pouvez dès à présent obtenir gratuitement votre carte de donneur d’organes auprès de la Fédération des Associations pour le Don d’Organes et des Tissus humains. Mais cette carte n’est pas toujours retrouvée à temps alors, mieux vaut toujours informer vos proches de votre choix, y compris de vos restrictions (veto éventuel concernant le prélèvement de tel organe ou tissu).

 

> Pour en savoir plus : www.dondorganes.fr

 

> Plus de dons, c’est plus de greffes…

• 20 311 patients ont eu besoin d’une greffe en 2014.

• 5357 patients ont pu en bénéficier (5123 en 2013). Les greffes les plus fréquentes sont celles du rein (60 % en 2013), du foie (24 %), du cœur (8 %) et du poumon (6 %).

• 54 659 personnes étaient porteuses d’un greffon fonctionnel en 2014, preuve de l’efficacité thérapeutique de la greffe !


 

Découverte : des volcans en activité sur Vénus !

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Vénus a presque la même taille et la même masse que la Terre. Mais son atmosphère épaisse de gaz carbonique et sa proximité au Soleil ont emballé un effet de serre qui porte aujourd'hui sa température moyenne à 465 °C. La surface de la planète est invisible, cachée par cent kilomètres de brume et de nuages. Seuls les radars, et dans une moindre mesure les caméras infrarouges, permettent de voir ce qui se passe à la surface de la planète. Photo Venus Express, ESA.

Vénus a presque la même taille et la même masse que la Terre. Mais son atmosphère épaisse de gaz carbonique et sa proximité au Soleil ont emballé un effet de serre qui porte aujourd’hui sa température moyenne à 465 °C. La surface de la planète est invisible, cachée par cent kilomètres de brume et de nuages. Seuls les radars, et dans une moindre mesure les caméras infrarouges, permettent de voir ce qui se passe à la surface de la planète. Photo Venus Express, ESA.

C’est la planète des enfers, un monde d’une hostilité absolue, inouïe, caché par un voile éternel de nuages, et qui porte bien mal son nom de déesse de la beauté et de l’amour. Si les Anciens, qui ont baptisé la seconde planète à partir du Soleil, avaient su ce qu’est en réalité ce monde, ils l’auraient probablement appelé Pluton…
Vénus, jusqu’au début du XX e siècle, a été considérée comme une sœur jumelle de la Terre, une planète accueillante, vivante, luxuriante, même. Même taille ou presque, même masse approximativement, une atmosphère, comme notre planète : Vénus ne semblait différer de la Terre que par sa distance moyenne au Soleil, 108 millions de kilomètres, contre 149,6 millions de kilomètres pour la planète bleue… On ne savait rien de plus d’elle, alors les astronomes projetaient leur désir d’y voir, comme la Terre, une planète habitable, une planète habitée…
Las ! Une quinzaine de sondes spatiales, lancées à la fin du XX e siècle, ont refroidi les ardeurs. Vénus est la planète la plus hostile du système solaire. Une atmosphère épaisse, brûlante, composée de dioxyde de carbone (le gaz carbonique, CO2) principalement, un paysage plongé dans un crépuscule perpétuel, noyé dans la brume, surchauffé, battu par des pluies d’acide sulfurique… La température, à la surface de Vénus, ne change pratiquement pas, nuit et jour : 465 °C en moyenne, un record, dans le système solaire.

Le paysage vénusien, photographié le 5 mars 1982 par la sonde soviétique Venera 14. La sonde a résisté 57 minutes aux conditions effroyables de pression, de température et de corrosion de la planète. La sonde a mesuré la température (457 °C), analysé la nature du sol, a pris quelques images, a transmis ses informations vers la Terre et c'est tue. Photo Russian Academy of Sciences/Ted Stryk.

Le paysage vénusien, photographié le 5 mars 1982 par la sonde soviétique Venera 14. La sonde a résisté 57 minutes aux conditions effroyables de pression, de température et de corrosion de la planète. La sonde a mesuré la température (457 °C), analysé la nature du sol, a pris quelques images, a transmis ses informations vers la Terre et s’est tue. Photo Russian Academy of Sciences/Ted Stryk.

La surface de Vénus est une immense plaine de lave solidifiée, ponctuée de grands édifices volcaniques aux formes étranges, érodées, arrondies, déformées, peut-être, par la plasticité du sol porté à de hautes températures. Une surface remarquablement jeune, presque dénuée de cratères d’impacts ! En absence de tectonique des plaques, comme sur Terre, les planétologues supposent que Vénus est une cocotte-minute géante : elle accumule une énergie interne colossale sous sa croûte, et, régulièrement, tous les trois cents ou cinq cents millions d’années, elle libère cette énergie sous forme d’épisodes de volcanisme globaux, à l’échelle planétaire.

Une autre image du paysage vénusien, photographié le 5 mars 1982 par la sonde soviétique Venera 14. Aucune sonde ne s'est posée sur Vénus depuis 33 ans, quand Mars est arpentée en tous sens par des sondes des années durant, depuis une quinzaine d'années... N'est-il pas temps de renvoyer des robots sur la mystérieuse et fascinante Vénus ? Photo Russian Academy of Sciences/Ted Stryk.

Une autre image du paysage vénusien, photographié le 5 mars 1982 par la sonde soviétique Venera 14. Aucune sonde ne s’est posée sur Vénus depuis 33 ans, quand Mars est arpentée en tous sens par des sondes des années durant, depuis une quinzaine d’années… N’est-il pas temps de renvoyer des robots sur la mystérieuse et fascinante Vénus ? Photo Russian Academy of Sciences/Ted Stryk.

De fait, aucune éruption volcanique contemporaine n’avait jusqu’ici été détectée sur Vénus. Ni les huit sondes soviétiques qui sont parvenues jusqu’au sol, ni la demie douzaine de satellites soviétiques, américains et européen en orbite, Venera 15 et 16, Vega, Pioneer Venus, Magellan, Venus Express, n’ont rien vu, handicapés, il est vrai, par une atmosphère opaque, épaisse de près de cent kilomètres… Pourtant, un indice laissait à penser que cette activité volcanique, même discrète, existait bel et bien : durant sa mission, entre 2006 et 2014, la sonde européenne Venus Express a enregistré dans l’atmosphère vénusienne une brusque augmentation de la quantité de dioxyde de soufre (SO2). C’était en 2008, et cette brutale injection de SO2 dans l’atmosphère est un indice fort d’une éruption volcanique. Puis, l’an dernier, des chercheurs ont annoncé officieusement avoir découvert des points chauds sur Vénus. Date de l’observation ? Juin 2008…

Cette observation est décisive : alors que la camera VRM (Venus Monitoring Camera) mesure en infrarouge la température du sol de Vénus, en 2008, elle détecte un point chaud à la surface, dont l'emplacement ne varie pas, contrairement aux structures nuageuses. Deux autres points chauds dans cette même région vénusienne confirment l'activité volcanique de Vénus. Sur cette série d'images infrarouges, le point chaud (object A) apparaît le 22 juin, est mesuré le 24 à sa température maximale de 830 °C, puis, en octobre 2008, il a disparu. Photos ESA.

Cette observation est décisive : alors que la camera VRM (Venus Monitoring Camera) mesure en infrarouge la température du sol de Vénus, en 2008, elle détecte un point chaud à la surface, dont l’emplacement ne varie pas, contrairement aux structures nuageuses. Deux autres points chauds dans cette même région vénusienne confirment l’activité volcanique de Vénus. Sur cette série d’images infrarouges, le point chaud (object A) apparaît le 22 juin, est mesuré le 24 à sa température maximale de 830 °C, puis, en octobre 2008, il a disparu. Photos ESA.

Aujourd’hui, c’est officiel : dans un article publié dans la revue Geophysical Research Letters, Eugene Shalygin, Wojciech Markiewicz et leurs collaborateurs détaillent l’observation de ces trois points chauds découverts dans la région de Ganis Chasma, un réseau de fractures jouxtant la plaine de Ganiki, et situé non loin des grands volcans Ozza Mons et Maat Mons. L’analyse des données a été très longue et complexe, car il était difficile pour les chercheurs de discriminer les contributions infrarouges du sol de celles des nuages de Vénus. Mais cette fois-ci, l’Agence spatiale européenne (ESA) semble sûre d’elle : sa sonde Venus Express a bien découvert « les preuves d’une activité volcanique actuelle sur Vénus »… En effet l’un des points chauds découverts par Venus Express est visible sur plusieurs enregistrements de la sonde, il ne s’agit donc pas d’une erreur aléatoire de mesure, ni d’une structure atmosphérique. Sa température est très supérieure à celle du sol : 830 °C environ ! Sur Terre les coulées de lave sont portées à des températures de 700 °C à 1200 °C…
Conclusion de Hakan Svedhem, membre de l’équipe scientifique de Venus Express : « Il semble bien que nous puissions finalement inclure Vénus dans le petit club des mondes volcaniques actifs du système solaire ». Petit club ? Oui, seules la Terre et Io connaissent actuellement des éruptions volcaniques quotidiennes…
Serge Brunier

Voyez les hallucinations d’une Intelligence artificielle !

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Voilà ce qu'imagine un réseau de neurones artificielles quand on lui montre une image faite de pixels aléatoires (image : Google)

Voilà ce qu’imagine un réseau de neurones artificielles quand on lui montre une image faite de pixels aléatoires (image : Google)

C’est un carnaval d’inventions visuelles créées par un système d’intelligence artificielle, plus étranges les unes que les autres, que les chercheurs de Google ont révélé dans leur Blog… Il s’agit tout simplement des « pensées intérieures » d’un réseau de neurones artificiel conçu pour la reconnaissance automatique des images.

Outre l’aspect esthétique qu’elles revêtent à nos yeux, ces « créations » exposent au grand jour la manière dont ce type de système forme des « concepts » à partir des myriades d’images que les chercheurs leurs soumettent durant la phase dite d’apprentissage.

Un système d’intelligence artificielle qui joue les artistes

De fait, les informaticiens adorent jouer avec leurs systèmes en les poussant dans leurs retranchements, non sans arrière-pensée scientifique… Ici, le questionnement de départ des chercheurs de Google était le suivant : que se passe-t-il quand on montre à un système de reconnaissance visuelle surentrainé une image sans aucun sens (pixels générés de manière aléatoire) ? – ceci pour l’aspect jeu. Et : que nous apprend le résultat sur le fonctionnement interne de ces systèmes ?- cela pour l’aspect scientifique.

Là où il n'y a que du bruit (aléatoire), le système voit des bananes (crédit : Google).

Là où il n’y a que du bruit (aléatoire), le système voit des bananes cubistes (crédit : Google).

En substance, la manip décrite dans le blog de Google (adossée à quelques articles plus techniques versés dans le site arXiv.com) a été la suivante : d’abord les chercheurs ont appris à leur réseau de neurones artificielles à plusieurs couches (plus d’une dizaine) à reconnaître des images via un entrainement sur plusieurs millions de photos extraites d’une base de données.

Comment le système crée des concepts

Cet aspect préparatoire est « surveillé » : le système est censé identifier dans les photos les objets représentés (table, oiseau, banane, etc.), voire identifier la scène globale représentée. A ce stade, les chercheurs aident le système à bien fonctionner en lui indiquant à la fin de chaque itération quels sont les bonnes réponses – ce que le système intègre en ajustant ses millions de paramètres intérieurs (tout ce processus est automatisé).

Ainsi, le système enregistre dans ses paramètres un schéma général (probabiliste) de ce qu’est une table, un oiseau, une banane, par-delà leurs caractéristiques particulières – couleur, orientation, forme, hauteur, etc. On dit qu’ils forment des « concepts » abstraits pour chaque objet, concepts qui sont invisibles aux yeux des opérateurs car inscrits sous forme numérique sur l’ensemble des neurones du système.

 Un horizon devient une pagode, un arbre se métamorphose en cathédrale

Puis vient la phase d’expérimentation elle-même. Si le cas de l’image aléatoire est le clou du spectacle, en réalité les chercheurs ont procédé à plusieurs types tests. Par exemple, ils ont montré une photo de nuages au système en ayant pris soin préalablement de l’entrainer préférentiellement sur des images d’animaux (entrainement orienté). Ils ont alors « obligé » le système à identifier la scène c’est-à-dire à l’associer aux concepts formés durant l’entrainement, puis lui ont demandé de rectifier l’image en y imprimant le résultat de leur analyse, comme le montre la figure ci-dessous (pour une meilleure définition, voir la galerie de Google). Surprise : le ciel nuageux s’est peuplé de drôles d’oiseaux représentant la meilleure solution probabiliste liée simultanément à l’image vue et au concept interne d’ »oiseau ».

Que voit dans le ciel un système entrainé à reconnaitre des oiseaux ? De drôles d'oiseaux (crédit : Google).

Que voit dans le ciel un système entrainé à reconnaitre des oiseaux ? De drôles d’oiseaux (crédit : Google).

Autres étranges créatures "imaginées" par le système (crédit : Google).

Autres étranges créatures « imaginées » par le système (crédit : Google).

Les autres expériences sont du même acabit : un entrainement légèrement orienté et une image formée d’objets inconnus ou peu connus du système. Pour certains, une étape supplémentaire a été ajoutée : réinjecter le résultat de l’analyse comme s’il s’agissait de la photo originale pour pousser le système à s’enferrer chaque fois plus dans sa propre interprétation de l’image – cette boucle étant répétée plusieurs fois. Résultat (voir figures ci-dessous) : un horizon est devenu des tours et des pagode, un arbre s’est métamorphosé en une cathédral, une feuille a engendré une sorte de poule-insecte… Enfin, ils ont demandé au système de s’exercer sur des images aléatoires. Résultat artistique assuré !

Un horizon, un arbre et une feuille interprétés par un système sur-entraîné (crédit : Google).

Un horizon, un arbre et une feuille interprétés par un système sur-entraîné (crédit : Google).

 Cela éclaire-t-il nos propres processus de création ?

La manip est amusante, et le résultat mérite d’être montré au grand public curieux. Mais nous apprend-t-elle quelque chose d’intéressant ? D’un point de vue technique, elle éclaire le fonctionnement interne des réseaux de neurones et comment ils forment des concepts, et plus généralement comment « pensent » ces IA – car s’ils sont une création humaine, leur fonctionnement interne (soit les intermédiaires de calcul) sont à nos yeux des « boites noires » dont on n’appréhende que le résultat à cause des millions et milliards de calculs qu’on ne peut pas suivre pas à pas.

D’un point de vue plus général, les chercheurs de Google suggèrent qu’ils pourraient éclairer les processus créatifs chez les humains, ce à cause des formes originales, jamais vues durant l’entrainement. Cette idée est d’autant plus séduisante que les réseaux de neurones artificiels sont, comme leur nom l’indique, inspirés du vivant.

Google maître de l'expressionnisme ? (Crédit : Google)

Google maître de l’expressionnisme ? (Crédit : Google)

Mais du fait que cette inspiration découle d’une interprétation très libre, partielle et réductionniste du mode de fonctionnement de nos propres circuits neuronaux (dont on ignore encore bien des choses), elle ne semble pas plus éclairer les processus de création humaine – sauf preuve scientifique du contraire –  que ne le ferait un dessin résultant du passage sur une feuille blanche d’un chat dont on aurait (nous humains) attaché à sa queue un pinceau gorgé de peinture. Les mots « concept » ou « neurone » utilisés pour ces réseaux, qui sont des conventions adoptés par le domaine de l’IA, ne doivent pas nous faire prendre des vessies pour des lanternes, ni des nuages pour des oiseaux.

Román Ikonicoff

 

>Lire aussi:

 

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1169

1162

  • Robots : leur intelligence dépasse déjà la nôtre – S&V n°1166 – 2014 – Peu à peu et sans grandes vagues, l’intelligence artificielle et la robotique sont sorties de l’échec relatif des années 1980 pour finir par devenir des acteurs essentiels dans nos activités. Ils nous dépassent déjà.

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Peut-on vraiment produire des nombres au hasard ?

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Le hasard ou l'aléatoire est une propriété de notre monde qu'il est bien difficile à appréhender (Ph. Gaz via Wikicommons CC BY-SA 3.0)

Le hasard ou l’aléatoire est une propriété de notre monde qu’il est bien difficile à appréhender (Ph. Gaz via Wikicommons CC BY-SA 3.0)

La réponse paraît évidente : oui ! Il suffit de battre un jeu de cartes, ou de lancer un dé. La valeur de la carte au sommet de la pile ou la face supérieure du dé sont d’authentiques nombres aléatoires, au sens où il est impossible de les connaître à l’avance.

La qualité première d’un nombre aléatoire est d’être produit avec la même fréquence d’apparition que n’importe quel autre nombre parmi ceux au sein desquels s’effectue le tirage “au hasard”. Une règle d’“uniformité” qui se double, lorsqu’il s’agit de produire une séquence de nombres, par un impératif d’indépendance : l’apparition de chacun ne doit avoir aucun lien avec l’apparition d’aucun de ses prédécesseurs ou successeurs.

Le hasard : une opération fastidieuse

Sauf que lancers de dés et jeux de cartes ont un défaut : produire, ne serait-ce qu’une série de quelques dizaines de chiffres, devient très vite fastidieux. Inutilisable pour répondre à l’usage intensif du hasard au cœur d’activités comme l’industrie du jeu, la simulation de modèles complexes (météorologie, diffusion de virus, collisions de particules) et, surtout, la cryptographie.

De fait, crypter un message, c’est le transformer en une suite de caractères indéchiffrables pour un éventuel espion. Et pour s’assurer qu’aucun espion ne pourra décoder le message chiffré, l’idée est d’utiliser une “clé” de cryptage : une longue série de nombres aléatoires. Chaque caractère du message est alors transformé en un autre, par une opération mathématique prenant comme point de départ la suite aléatoire que représente la clé. Le message devient dès lors illisible, sauf pour le destinataire à qui a été transmise la clé et qui peut donc réaliser l’opération inverse.

Le hasard est un problème pour les ordinateurs

La production industrielle de hasard utilise donc de puissants ordinateurs. Solution étrange, quand on songe que l’informatique repose sur des machines bêtement déterministes, produisant des résultats attendus selon des calculs programmés.

Peut-on produire ainsi une “clé” vraiment aléatoire ? En théorie, non. En pratique, il faut donc se contenter de “pseudo-hasard”. De “simples” fonctions mathématiques suffisent à produire des séquences aléatoires assez longues pour qu’il soit impossible d’établir un lien entre le nombre de départ et le nombre obtenu.

Plusieurs types de hasard

Au point que le “pseudo-hasard” ressemble alors furieusement à sa version idéale : l’algorithme appelé “Mersenne Twister” donne des séquences démesurément grandes avant qu’elles ne commencent à se répéter : jusqu’à “219 937 – 1” nombres d’affilée (soit 4,315 suivi de plus de 6 000 zéros !). Inaccessible aux pirates… mais pas de quoi rivaliser avec la pureté hasardeuse d’un lancer de dés. D’autres générateurs, plus rarement utilisés, s’approchent cependant de cette qualité de hasard. Et, pas de mystère : l’informatique ne suffit pas. Ces systèmes s’appuient sur la mesure de phénomènes physiques, chaotiques ou quantiques.

Les phénomènes chaotiques sont le résultat d’événements dont on connaît, en théorie, la cause, mais dont l’état à l’instant “t”, dépendant de trop nombreux paramètres, échappe au calcul. Ils garantissent donc un signal imprévisible. La société Random.org utilise par exemple les signaux reçus par une antenne de radio, amplifiant le bruit électromagnétique produit dans l’atmosphère par les éclairs, pour produire des séries de nombres authentiquement aléatoires.

La physique quantique à la rescousse des ordinateurs

Les phénomènes quantiques, eux, sont fondamentalement indéterminés : avant qu’on mesure une de ses caractéristiques, un photon ou un atome ne se trouve dans aucun état précis. Une aubaine pour les cryptologues. Une équipe internationale de physiciens a ainsi montré, en avril dernier, qu’il était possible, en mesurant l’état quantique de deux atomes d’ytterbium émettant des photons, de produire des séquences de plusieurs dizaines de nombres purement aléatoires.

Un résultat modeste quant à la “quantité de hasard produite”, mais remarquable quant à la “pureté” du hasard issu d’un dispositif artificiel.

F.L.

 

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> Lire également dans le site des Grandes Archives de Science & Vie :

  • Pourquoi créer du hasard reste… aléatoire – S&V n°1036 – 2004. Le hasard est vu comme ayant moins de valeur que l’ordre et les lois physiques… Pourtant les machines ont le plus grand mal à produire de l’aléatoire.

1036

  • Le hasard est-il le maître de l’univers ? – S&V n°1003 – 2001. Dans la nature, le hasard joue un grand rôle : que ce soit dans les processus d’évolution ou dans le fonctionnement de l’Univers. Pourtant nous sommes loin de le comprendre et encore plus loin de savoir le définir vraiment.

1003

 

 

On a compris comment le cerveau reste concentré face aux distractions

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Pour maintenir la concentration face aux distractions, le cerveau mobilise le cortex préfrontal. - Ph. Stemonx via Flick / CC BY 2.0

Pour maintenir la concentration face aux distractions, le cerveau mobilise le cortex préfrontal. – Ph. Stemonx via Flick / CC BY 2.0

Lorsqu’on est concentré, il est parfois agaçant d’être interrompu. Car les distractions interfèrent avec la mémoire de travail du cerveau. Mais pas toutes de la même manière… Pourquoi le bruit d’un marteau piqueur empêche-t-il plus de réfléchir qu’une mélodie à la radio ?

Des chercheurs espagnols viennent de montrer que si la distraction est désagréable (suscitant une émotion négative), le cerveau mobilise, pour rester concentré, des circuits particuliers — ce qui n’est pas le cas si la distraction est agréable ou neutre.

L’équipe, formée par des psychologues et neuroscientifiques de l’université complutense de Madrid, a mis en lumière les trois phases de ce processus de distraction… qui ne dure par plus d’une seconde dans le cerveau ! Leurs résultats dévoilent que le cerveau réagit plus intensément lorsqu’il doit faire face à une distraction négative. Comme s’il était plus facile de rester concentré si on est interrompu par quelque chose d’agréable ou de neutre.

Une tâche simple : reconnaître un visage… suite à une petite distraction

Comment les chercheurs ont-il procédé ? Ils ont recruté 19 participants parmi les étudiants de l’université et les ont soumis à une magnétoencéphalographie (MEG). Soit une sorte d’électroencéphalogramme, où des magnétomètres remplacent les électrodes placées sur le cuir chevelu. Ces outils, qui se présentent comme un gros casque, mesurent cette fois les champs magnétiques résultant de l’activité électrique des neurones du cerveau.

Avantage par rapport à l’IRM fonctionnelle : cette technique permet de suivre l’activité du cerveau en temps réel, avec une très grande résolution temporelle, de l’ordre des millisecondes. C’est à dire qu’elle enregistre les variations d’activité des neurones avec une grande finesse et rapidité, décelant des processus qui échappent à des mesures faites, par exemple, par l’IRM ou le PET-Scan.

Alors qu’ils étaient coiffés d’un casque MEG, les participants devaient exécuter une tâche simple : reconnaître un visage. Deux photos de visages côte à côte leur étaient présentées pendant 2 secondes et, après quatre secondes d’intervalle, une photo d’un visage apparaissait à nouveau à l’écran pendant 1,5 seconde. Il fallait reconnaître s’il s’agissait d’un des deux visages précédents.

Seulement, il y avait une difficulté : pendant l’intervalle, alors que le participant essayait de mémoriser les visages vus, une image « distrayante » apparaissait à l’écran durant 2 secondes. Il s’agissait d’une photo (parmi un lot de 144 couramment utilisées dans les tests cognitifs de ce type) évoquant soit une émotion agréable, soit désagréable, soit neutre. Tout ce déroulé était exécuté 96 fois de suite.

Le cortex préfrontal est la clé du contrôle des distractions

Résultats : la magnétoencéphalographie a montré que le cerveau réagit à la distraction émotive par le cortex préfrontal. Grâce à des études précédentes, on sait que cette structure, placée à l’avant du cerveau (juste derrière le front et les yeux), joue un rôle clé pour maintenir la concentration et ne pas se laisser emporter par les émotions.

Lors de cette expérience, les chercheurs ont identifié trois phases de réaction. Tout d’abord, aussi rapidement que 70 à 130 millisecondes après la photo distrayante, le cortex préfrontal s’active, détectant le stimulus. Ensuite, il s’allume à nouveau entre 280 et 320 millisecondes, puis entre 360 et 455 millisecondes après le stimulus distrayant.

Or, à ces trois moments, les chercheurs ont remarqué que l’activation concernait des aires plus étendues lorsque l’émotion distrayante était désagréable… comme si maintenir la concentration demandait plus de ressources cérébrales dans face à des émotions négatives. Pour preuve, plus l’activation dans ces aires (cortex préfrontal dorsolatéral, médial et cortex orbitofrontal) était intense chez un participant, mieux il arrivait à reconnaître le visage qui lui était présenté après la distraction.

D’après les chercheurs, ces résultats suggèrent que pour maintenir la concentration, le cerveau doit immédiatement capter la teneur d’un stimulus distrayant et le maintenir sous contrôle grâce au cortex préfrontal. Ce qui n’est pas une mince affaire, étant donné que les informations émotives provoquent une grande réaction du cerveau, et sont plus facilement retenues en mémoire. Pas étonnant, vu que la survie d’un individu peut parfois dépendre de ce type d’informations… surtout si elles sont chargées négativement, comme dans le cas d’une agression.

—Fiorenza Gracci

 

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S&V 1162 - cauchemars

 

Comment le cerveau réagit aux distractions

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Pour maintenir la concentration face aux distractions, le cerveau mobilise le cortex préfrontal. - Ph. Stemonx via Flick / CC BY 2.0

Pour maintenir la concentration face aux distractions, le cerveau mobilise le cortex préfrontal. – Ph. Stemonx via Flick / CC BY 2.0

Lorsqu’on est concentré, il est parfois agaçant d’être interrompu. Car les distractions interfèrent avec la mémoire de travail du cerveau. Mais pas toutes de la même manière…

Des chercheurs espagnols viennent de montrer que si la distraction est désagréable (suscitant une émotion négative), le cerveau mobilise, pour rester concentré, des circuits particuliers — ce qui n’est pas le cas si la distraction est agréable ou neutre.

L’équipe, formée par des psychologues et neuroscientifiques de l’université complutense de Madrid, a mis en lumière les trois phases de ce processus de distraction… qui ne dure par plus d’une seconde dans le cerveau ! Leurs résultats dévoilent que le cerveau réagit plus intensément lorsqu’il doit faire face à une distraction négative. Comme s’il était plus facile de rester concentré si on est interrompu par quelque chose d’agréable ou de neutre.

Une tâche simple : reconnaître un visage… suite à une petite distraction

Comment les chercheurs ont-il procédé ? Ils ont recruté 19 participants parmi les étudiants de l’université et les ont soumis à une magnétoencéphalographie (MEG). Soit une sorte d’électroencéphalogramme, où des magnétomètres remplacent les électrodes placées sur le cuir chevelu. Ces outils, qui se présentent comme un gros casque, mesurent cette fois les champs magnétiques résultant de l’activité électrique des neurones du cerveau.

Avantage par rapport à l’IRM fonctionnelle : cette technique permet de suivre l’activité du cerveau en temps réel, avec une très grande résolution temporelle, de l’ordre des millisecondes. C’est à dire qu’elle enregistre les variations d’activité des neurones avec une grande finesse et rapidité, décelant des processus qui échappent à des mesures faites, par exemple, par l’IRM ou le PET-Scan.

Alors qu’ils étaient coiffés d’un casque MEG, les participants devaient exécuter une tâche simple : reconnaître un visage. Deux photos de visages côte à côte leur étaient présentées pendant 2 secondes et, après quatre secondes d’intervalle, une photo d’un visage apparaissait à nouveau à l’écran pendant 1,5 seconde. Il fallait reconnaître s’il s’agissait d’un des deux visages précédents.

Seulement, il y avait une difficulté : pendant l’intervalle, alors que le participant essayait de mémoriser les visages vus, une image « distrayante » apparaissait à l’écran durant 2 secondes. Il s’agissait d’une photo (parmi un lot de 144 couramment utilisées dans les tests cognitifs de ce type) évoquant soit une émotion agréable, soit désagréable, soit neutre. Tout ce déroulé était exécuté 96 fois de suite.

Le cortex préfrontal est la clé du contrôle des distractions

Résultats : la magnétoencéphalographie a montré que le cerveau réagit à la distraction émotive par le cortex préfrontal. Grâce à des études précédentes, on sait que cette structure, placée à l’avant du cerveau (juste derrière le front et les yeux), joue un rôle clé pour maintenir la concentration et ne pas se laisser emporter par les émotions.

Lors de cette expérience, les chercheurs ont identifié trois phases de réaction. Tout d’abord, aussi rapidement que 70 à 130 millisecondes après la photo distrayante, le cortex préfrontal s’active, détectant le stimulus. Ensuite, il s’allume à nouveau entre 280 et 320 millisecondes, puis entre 360 et 455 millisecondes après le stimulus distrayant.

Or, à ces trois moments, les chercheurs ont remarqué que l’activation concernait des aires plus étendues lorsque l’émotion distrayante était désagréable… comme si maintenir la concentration demandait plus de ressources cérébrales dans face à des émotions négatives. Pour preuve, plus l’activation dans ces aires (cortex préfrontal dorsolatéral, médial et cortex orbitofrontal) était intense chez un participant, mieux il arrivait à reconnaître le visage qui lui était présenté après la distraction.

D’après les chercheurs, ces résultats suggèrent que pour maintenir la concentration, le cerveau doit immédiatement capter la teneur d’un stimulus distrayant et le maintenir sous contrôle grâce au cortex préfrontal. Ce qui n’est pas une mince affaire, étant donné que les informations émotives provoquent une grande réaction du cerveau, et sont plus facilement retenues en mémoire. Pas étonnant, vu que la survie d’un individu peut parfois dépendre de ce type d’informations… surtout si elles sont chargées négativement, comme dans le cas d’une agression.

—Fiorenza Gracci

 

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