Pourquoi ne peut-on prendre un médicament à toute heure ?

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L’heure de prise d’un médicament peut dépendre du rythme biologique de certains organes (Ph. Frédérique Voisin-Demery via Flickr CC BY 2.0)

Vous vous êtes sans doute posé cette question à la suite d’une prescription médicale : en effet, outre la posologie, les prescriptions comportent généralement des informations quant au moment de prise des médicaments. La plupart du temps, ces indications permettent d’étaler les bienfaits du médicament sur toute la journée, pour optimiser la durée de son efficacité et éviter un surdosage.

C’est le cas de beaucoup d’antibiotiques, dont la prise s’effectue le matin et le soir : ainsi, le traitement est efficace pendant 24 heures et plus pratique à suivre. Certains médicaments dont les anti-inflammatoires, toxiques pour les muqueuses digestives, doivent être administrés au moment des repas pour être mieux tolérés.

 Des médicaments dont l’efficacité est liée aux rythmes biologiques

Un autre élément qui entre en jeu est l’évolution au cours de la journée de nombre de paramètres physiologiques, généralement en fonction de nos périodes d’éveil et de repos : ce sont nos rythmes biologiques. Certains de ces paramètres ont un rôle dans la distribution et l’élimination des médicaments et influencent donc leur efficacité ou leur toxicité : c’est le cas du débit sanguin du foie, qui fluctue quotidiennement en passant par un maximum en début de matinée. Or, cet organe joue un rôle prépondérant dans l’élimination des molécules.

Nous connaissons aujourd’hui plus de 200 médicaments dont l’efficacité et la tolérance varient avec le moment de prise”, estime Bernard Bruguerolle du Laboratoire de pharmacologie médicale et clinique de Marseille. Parmi eux, des molécules telles que le cisplatine, contre les cancers de l’ovaire et de la vessie : des études montrent, sans parvenir à l’expliquer, qu’il est mieux toléré administré en fin d’après-midi…

Des rythmes biologiques qui varient d’un individu à l’autre

Il existe sans doute beaucoup d’autres médicaments dont l’efficacité varie en fonction du temps. Mais les études chronopharmacologiques sont compliquées par le fait que les rythmes biologiques varient d’un individu à l’autre : la température du corps par exemple, ne sera pas maximale à la même heure chez ceux qui sont “du soir” que chez ceux qui sont “du matin”.

Pour un travailleur de nuit, ce rythme sera même inversé. Ainsi, la meilleure heure de prise d’un médicament n’est pas toujours identifiée. De plus, le gain d’efficacité reste parfois assez faible. Pour ces raisons, la dépendance au temps des médicaments n’est pas systématiquement indiquée sur les ordonnances.

L.F.

D’après S&V n° 1118

 

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S&V1163

  • Le guide des médicaments utiles, inutiles ou dangereux – S&V n°1027 – 2003 – Les contraintes économiques et les perspectives financières qui guident les choix des laboratoires pharmaceutiques ne sont pas toujours compatibles avec l’intérêt public, d’où la nécessité d’une intervention de l’Agence de sécurité du médicament.

S&V1127

  • Les Français malades de leurs médicaments – S&V n°964 – 1998 – La surconsommation et l’automédication sont deux maux qui poursuivent les Français depuis les années 1990. En particulier l’automédication – montée en flèche depuis les années 2010 grâce à internet – pénalise également les enfants.

S&V964

 

Ils font pousser des mini-répliques de votre cerveau dans une boîte de Pétri

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Trois couches de neurones et cellules gliales d'un mini-cerveau produit par les biologistes (Crédit : Sergiu Pasca- M.D- Stanford University)

Trois couches de neurones et cellules gliales d’un mini-cerveau produit par les biologistes (Crédit : Sergiu Pasca- M.D- Stanford University)

Voilà qui devrait désacraliser encore un peu notre organe vedette : des biologistes de l’université de Stanford ont réussi à cultiver des mini-cerveaux humains à partir de cellules issues de la peau d’un individu jusqu’à un stade équivalent à celui d’un embryon de 19 voire 24 semaines. Le tout en seulement 2 mois et demi ! Cette nouvelle méthode très efficace et relativement simple à mettre en œuvre vise le nouveau domaine de la médecine et des traitements hyper-individualisés.

Si la manip était une recette, ça donnerait à peu près cela : prélever quelques cellules de peau d’un individu et les convertir en une colonie de cellules souches pluripotentes induites (CSPi, méthode éprouvée depuis 10 ans), transférer la colonie dans un bain alimentaire particulier (du sérum Knock-Out) jusqu’à ce que la colonie se replie en une sphère (5 jours), changer le bain en y ajoutant des facteurs de croissance (5 jours), plonger la sphère dans un bain alimentaire spécifique et renouveler quotidiennement pendant 10 jours puis 1 jour/2 pendant 9 jours, ajouter ensuite (25e jour) des facteurs neurotrophes et continuer à alimenter pendant quelques semaines…

 Un cerveau embryonnaire avec sa structure itou

Résultat : la colonie de cellules pluripotentes est devenue une « sphéroïde corticale humaine », soit une mini-réplique d’une partie du cortex du donneur de cellules, avec structure en couches itou.  Bref, l’équivalent du cerveau d’un embryon de 19 à 24 semaines. Du moins presque. Car ces sphéroïdes ne contiennent qu’un seul type de neurones (les neurones excitatrices du télencéphale dorsal).

Néanmoins elles contiennent également un type de cellule indispensable à l’équilibre biologique cérébral bien qu’il ne participe pas directement au traitement de l’information, des astrocytes. Et ça vit ! Ces embryons cérébraux sont le siège d’activations neuronales spontanées…

Quelques "sphéroïdes corticales humaines" cultivées dans une boîte de pétri (Crédit : Sergiu Pasca- M.D- Stanford University)

Quelques « sphéroïdes corticales humaines » cultivées dans une boîte de Petri (Crédit : Sergiu Pasca- M.D- Stanford University)

Tester de nouveaux médicaments sur le « mini-cerveau » d’un patient

L’idée est alors de s’en servir pour tester l’effet de nouvelles drogues sur le mini-cerveau répliqué d’un patient souffrant d’atteintes cérébrales de type psychiatrique ou génétique, par exemple l’effet d’une substance sur l’équilibre entre neurotransmetteurs. Une médecine hyper-individualisée, puisque ce sont des embryons de votre cerveau recréés à partir de cellules de votre peau ! Ainsi, l’amélioration de ces méthodes médicales par cellules souches, tout comme le développement des nanotechnologies, ouvrent un boulevard à cette nouvelle ère de la médecine « au-cas-par-cas » qui se profile.

Román Ikonicoff

 

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  • Voici le premier cerveau éprouvette – S&V n°1154 – 2013. Ce fut la grande première, le premier mini-cerveau recréé à partir de cellules souches. A l’époque, ces embryons de cerveau équivalaient à celui d’un embryon de 9 semaines. En deux ans, les méthodes se sont simplifiées et les chercheurs arrivent à cultiver des cerveaux de 19 à 2 semaines.

1154

  • Cellules souches embryonnaires: c’est parti ! — S&V n°1134 — 2013. Le premier exploit des cellules souches embryonnaires : réparer la rétine d’un malade. Il n’est plus interdit de rêver à un corps humain éternellement régénéré.

S&V 1134 cellules souches embryonnaires

S&V 1120 cellules souches