Des effets secondaires moindres, des performances thérapeutiques indéniables et la possibilité de personnaliser les soins… Pour ces raisons, les plantes médicinales font l’objet d’une demande croissante du grand public. De fait, la phytothérapie pourrait être prescrite en première intention dans de nombreuses pathologies courantes et accompagner avantageusement des traitements plus importants. Le point avec le docteur Jean-Michel Morel.
L’avantage des plantes ?
Des principes actifs bien identifiés, une biodisponibilité (utilisation des actifs par l’organisme) supérieure aux médicaments classiques et la synergie de centaines de molécules au sein d’une même plante, qui offre une intelligence d’action supérieure aux molécules synthétiques uniques.
Ainsi, la reine-des-prés dont les dérivés salicylés sont à l’origine de l’aspirine (acide salicylique). Elle a les mêmes vertus anti-inflammatoires que ce médicament. Toutefois, grâce à ses tanins, elle ne risque pas de provoquer chez le patient un ulcère de l’estomac.
Outre leur capacité à lutter contre les agents pathogènes, les plantes soutiennent aussi nos capacités d’autoguérison en modulant l’immunité, l’inflammation ou la nervosité (plantes adaptogènes à la fois calmantes et tonifiantes, par exemple). Ces connaissances pourtant millénaires n’étant hélas plus enseignées dans les facultés de médecine depuis l’ère des médicaments chimiques, les patients doivent se tourner vers des médecins phytothérapeutes formés via des diplômes universitaires de phytothérapie. Malgré le succès et l’essor de ces formations, trouver un médecin phytothérapeute près de chez soi n’est pas une démarche aisée, d’où le développement de l’automédication.
Peut-on se lancer seul et sans risque en phytothérapie ?
Pour les maux du quotidien, c’est envisageable, à condition évidemment de prendre certaines précautions, tout comme avec les médicaments en vente libre. Premièrement, récolter soi-même ses plantes demande d’avoir acquis de solides connaissances en botanique, ou alors de se faire accompagner lors des premières cueillettes par un professionnel.
La prudence s’impose aussi vis-à-vis des huiles essentielles, qui sont très concentrées (surtout chez les femmes enceintes et les jeunes enfants). Il est par ailleurs indispensable que votre médecin établisse au préalable un diagnostic. Et si vous êtes sous traitement, vérifiez les éventuelles interactions, car certaines plantes augmentent ou réduisent les effets des médicaments.
Enfin, évitez tout traitement prolongé avec une même plante : au bout de quelques semaines, observez une pause thérapeutique de la même durée ou bien prenez le relais avec d’autres à l’action proche (par exemple, pour le foie, commencez par le chardon-marie, avant de passer à l’artichaut, puis au fumeterre…). Certaines plantes peuvent engendrer à la longue des modifications importantes, notamment hormonales. Un cas typique : les femmes en période de ménopause, souffrant de bouffées de chaleur, doivent être vigilantes et éviter de recourir à des plantes œstrogéniques comme le soja, la sauge ou le houblon sans avis médical, en cas de facteur de risque de cancer du sein.
Une fois ces précautions prises, vous pouvez recourir aux plantes pour les petits maux du quotidien, comme l’huile essentielle de lavande pour les brûlures, ou d’hélichryse italienne sur un bleu (une goutte), des décoctions de feuilles de noyer pour la gastro-entérite, des tisanes de thym en période d’épidémies ou encore du macerat glycériné de bourgeons de cassis, qui servira à temporiser des réactions allergiques, des problèmes inflammatoires ou qui stimulera une immunité affaiblie. Un pharmacien formé peut vous accompagner dans cette démarche. Au départ, optez pour quelques plantes simples dont vous maîtrisez bien l’usage et soyez attentif à leur provenance et à leur qualité (filière bio, achat auprès d’un pharmacien formé ou en herboristerie, laboratoire recommandé par un médecin phytothérapeute…). Si ces recommandations sont bien respectées, la phytothérapie demeure une médecine douce aux potentiels fabuleux s’ils sont bien exploités.
> Remboursée ?
La consultation en phytothérapie, si elle est pratiquée par un médecin, est remboursée sur la base d’une consultation classique (23 €). La plupart des médicaments en phytothérapie ne sont plus remboursés par la Sécurité sociale, mise à part la gemmothérapie, dont les dilutions se rapprochent de l’homéopathie. Quelques mutuelles proposent des forfaits médecines douces prenant en compte les soins par les plantes.