Rosetta découvre de la glace sur la comète

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L'activité de la comète Churyumov-Gerasimenko augmente avec la distance au Soleil qui diminue. La glace d'eau, mais aussi de gaz carbonique, de méthane, qui est enfermée dans le sous-sol de la comète s'échauffe et est éjectée dans l'espace, bouleversant les paysages miniatures de ce petit corps céleste. Photos ESA.

L’activité de la comète Churyumov-Gerasimenko augmente avec la distance au Soleil qui diminue. La glace d’eau, mais aussi de gaz carbonique, de méthane, qui est enfermée dans le sous-sol de la comète s’échauffe et est éjectée dans l’espace, bouleversant les paysages miniatures de ce petit corps céleste. Photos ESA.

Les images ont été prises en septembre 2014, lorsque la sonde Rosetta faisait du rase-mottes à moins de 20 kilomètres de la surface de la comète Churyumov-Gerasimenko. A ce moment là, distante de cinq cents millions de kilomètres du Soleil, le petit astre était peu actif, et sa surface, glacée.
La sonde européenne a alors photographié la surface de Churyumov-Gerasimenko avec une résolution – un niveau de détails – jamais atteinte pour une comète… Première constatation des chercheurs : la surface de la comète est extrêmement sombre, les spécialistes disent que son albédo est de 0,04, ce qui signifie qu’elle reflète seulement 4 % de la lumière qui l’éclaire, autant dire que la comète est noire comme du charbon…
Mais dans ce paysage crépusculaire, Rosetta a photographié plus d’une centaine de taches blanches, mesurant quelques mètres tout au plus, isolées ou rassemblées en groupes de quelques dizaines, couvrant quelques centaines de mètres-carrés…
De la glace d’eau.

A la surface de la comète  Churyumov-Gerasimenko, sombre comme du charbon, des blocs de glace brillent au Soleil. Ces images ont été prises en septembre 2014, à une époque où la comète était loin du Soleil et où la glace, plongé dans le froid et l'obscurité, ne se sublimait que très lentement. Photos ESA.

A la surface de la comète Churyumov-Gerasimenko, sombre comme du charbon, des blocs de glace brillent au Soleil. Ces images ont été prises en septembre 2014, à une époque où la comète était loin du Soleil et où la glace, plongé dans le froid et l’obscurité, ne se sublimait que très lentement. Photos ESA.

Les chercheurs ont ensuite réalisé que ces plaques de glace recouvraient le plus souvent des blocs rocheux, amoncelés au pied de falaises. Ces falaises portant ombre sur ces blocs glacés, et la grande distance de la comète au Soleil, expliquent, selon les chercheurs, que cette glace ne s’est pas, en tout cas pas encore, sublimée. Pour les chercheurs européens, cette glace témoigne de l’activité de la comète Churyumov-Gerasimenko lors de son dernier passage auprès du Soleil, en 2009. A ce moment là, le violent dégazage de la comète chauffée par le Soleil aurait provoqué des éboulements de terrain, et mis à jour, sous la croûte de poussière très noire de la surface, cette glace du sous-sol.
Dans les mois qui viennent, Rosetta va étudier la surface de la comète, et probablement révéler de nouveaux bouleversements de son paysage miniature. Sans doute, parmi les geysers s’échappant de la surface, la sonde européenne verra t-elle des blocs rocheux de plusieurs mètres, lévitant littéralement au dessus de la comète, avant de se poser dans une irréelle lenteur.

En survolant la comète à une vingtaine de kilomètres de distance seulement, la sonde Rosetta est parvenu à la photographier en très gros plan. Sur ces images, les plus petits détails mesurent environ un mètre. En haut, un amoncellement de rochers couverts de glace, au pied d'une falaise. En bas, un bloc isolé, mesurant environ 3 mètres mais ne pesant que quelques grammes, a été éjecté par un geyser puis a « volé » sur une grande distance avant de retomber à la surface... Photos ESA.

En survolant la comète à une vingtaine de kilomètres de distance seulement, la sonde Rosetta est parvenu à la photographier en très gros plan. Sur ces images, les plus petits détails mesurent environ un mètre. En haut, un amoncellement de rochers couverts de glace, au pied d’une falaise. En bas, un bloc isolé, mesurant environ 3 mètres mais ne pesant que quelques grammes, a été éjecté par un geyser puis a « volé » sur une grande distance avant de retomber à la surface… Photos ESA.

La comète Churyumov-Gerasimenko nous offre des paysages de science-fiction, où vallées et montagnes se mêlent, sans haut ni bas, dans un indescriptible chaos… La mission Rosetta, l’une des plus grandes réussites de l’histoire de l’exploration du système solaire, est à la hauteur, et les scientifiques européens l’ont bien compris, qui préparent à Rosetta un grand final surréaliste : en 2016, pendant que la comète s’éloignera dans le système solaire, les ingénieurs rapprocheront progressivement leur sonde, et elle se posera doucement à sa surface, non loin, pourquoi pas, de son module Philaé à jamais endormi.
Serge Brunier

Un étude explique les causes de stress des chats domestiques et la manière de les calmer

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Comment éviter de stresser nos chats - et d'être stressés par eux en retour ? (Ph. bDom via Flickr CC BY 2.0)

Comment éviter de stresser nos chats – et qu’il nous rende la pareille ? (Ph. bDom via Flickr CC BY 2.0)

C’est une étude très sérieuse que le  Journal of Feline Medicine and Surgery a publié : elle établit un recensement des signes de stress chez les chats domestiques, leur cause et la manière de les apaiser. Si la coexistence entre les animaux domestiques et les humains passe pour une problématique secondaire voire futile, les conclusions de l’article devraient intéresser les 27 % de foyers français qui partagent leur territoire avec un chat et qui parfois n’ont pu éviter de faire de l’adorable petit minou adopté à quelques semaines un vieux tyran aussi stressé que stressant.

L’étude révèle aussi l’utilisation de plus en plus légitime des outils issus de la psychologie comportementale et des sciences cognitives pour répondre à la « sensibilité » des animaux (reconnue juridiquement) sans sombrer dans un anthropomorphisme ridicule.

Qu’est-ce qu’un chat stressé ?

S’appuyant sur la somme des connaissances éthologiques acquises, les chercheurs de l’École de sciences vétérinaires de l’université autonome de Barcelone ont dressé un tableau reliant les causes du stress des chats, leur expression comportementale et les moyens d’y remédier.

A commencer par la définition même de ce que l’on entend par stress pour un mammifère non-humain. Par référence à notre propre vécu, nous associons l’état de stress d’un chat à un vécu intérieur négatif… Mais celui-ci se constate physiologiquement par l’activation de deux circuits, l’axe hormonal dit hypothalamo-pituito-surrénal et le système médullaire sympatho-adrénal.

Une liste des comportements de stress des chats domestiques

L’observation montre que ces systèmes s’activent pour des situations appartenant aux catégories suivantes : un environnement qui change (géographie, objets ou personnes), un environnement pauvre (enfermement dans un milieu « stérile » en stimuli), une relation humain-chat pauvre (peu d’interactions positives avec les maîtres), un conflit avec d’autres chats, une lacune de prédictibilité (changements arbitraires des règles, des routines ou des comportements des maîtres).

Ces situations stressantes conduisent à des comportements caractéristiques. On observe, expliquent les chercheurs, une diminution de la prise d’aliments (parfois son augmentation), de l’activité, du jeu, de l’exploration territoriale, du marquage par les hormones faciales (sécrétées au niveau des commissures et des joues), des interactions non agressives avec les humains ou les autres chats.

Une liste d’initiatives pour les déstresser

De même on observe une augmentation de la fréquence de toilettage (sa diminution dans des cas particuliers), des vocalisations, de la vigilance, du marquage urinaire, du besoin de se cacher, des marques agressives d’affection et de comportements compulsifs (tourner en rond ou autre). Tout cela ne sonnera pas comme une nouveauté pour les heureux propriétaires. Ce qui l’est plus, c’est que les chercheurs proposent une liste de « thérapies » comportementales pour sortir le chat du cercle vicieux du stress.

Parmi celles proposées selon le type de stress, voici les plus générales :

  • 1- L’établissement d’un espace sûr, réservé au chat, où celui-ci dispose de toutes les ressources importantes.
  • 2- La multiplication de mangeoires cachées ou d’accès difficile car les chats s’épanouissent dans la chasse. De même, pour les chats d’intérieur il convient de renouveler régulièrement les jouets, lesquels doivent simuler de petites proies (si possible mobiles).
  • 3- L’aménagement d’un espace accessible dans les trois dimensions, en particulier la verticalité (étagères, plateformes, etc.) car les chats adorent se percher en hauteur pour observer. Un observatoire clandestin est d’autant plus apprécié.
  • 4- Séparer l’espace litière, l’espace de repos et l’espace d’alimentation
  • 5- Fournir le meilleur substrat pour le grattage, qui est une activité liée à la communication territoriale et au maintien d’un bon état de forme.

Dans un pays qui compte 11,5 millions de chats domestiques considérés comme facteur de bien-être (par 44% des possesseurs) et vecteurs positifs du développement de l’enfant (pour 40 % des possesseurs), nos compagnons félins méritent bien qu’on explore un peu mieux leur sensibilité.

Román Ikonicoff

 

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  • A quoi pensent les invertébrés – S&V n°1144 – 2013. Ils éprouvent des émotions, sont sensibles à la douleur, voire ont une vie intérieur… Qui donc ? Les invertébrés.

S&V 1444 invertébrés

  • Expérimentation animale, le grand malaise – S&V n°1087 – 2008. L’expérimentation animale à de beaux jours devant elle. Et pour cause, c’est grâce au modèle animal que la biologie et la médecine progressent. Mais la conscience de leur souffrance progresse également chez les humains.

S&V 1087 expérimentation animale

  • Fallait-il libérer les poules ? – S&V n°1014 – 2002. La libération des poules des terribles batteries d’élevage industriel n’est pas pour elles une sinécure : elles s’écharpent voire s’entre-tuent. L’amélioration du bien-être des animaux d’élevage est un défi bien plus complexe que prévu.

S&V 1014 poules

 

L’éclairage artificiel fait perdre une heure de sommeil par nuit

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L'éclairage artificiel nous aurait fait perdre une heure de sommeil. — Ph. youngshanahan / Flickr / CC BY 2.0

L’éclairage artificiel nous aurait fait perdre une heure de sommeil. — Ph. youngshanahan / Flickr / CC BY 2.0

On a tendance à penser que notre sommeil est gâché par les écrans, tablettes et autres smartphones qui ont envahi notre quotidien ces dernières années. Pourtant, une étude américaine suggère que l’humanité a déjà perdu une heure de sommeil depuis qu’elle fait appel à l’éclairage artificiel !

Les soirées d’hiver seraient tellement plus courtes sans la possibilité d’allumer un plafonnier ou une lampe de chevet. Et qui peut s’imaginer se réveiller sans allumer la lumière alors qu’il fait encore nuit dehors  ? Appuyer sur un interrupteur nous paraît si naturel qu’on en oublie combien d’heures en plus cela nous permet de nous tenir éveillés.

Pour la première fois, des chercheurs ont évalué, dans des conditions réelles, combien l’accès à l’éclairage artificiel influe sur la durée de notre sommeil. Une équipe interdisciplinaire de biologistes, neuroscientifiques et anthropologues venant de plusieurs universités en Argentine et aux États-Unis a étudié le sommeil et les activités quotidiennes de deux communautés d’indigènes vivant dans le Chaco, une région montagneuse du nord de l’Argentine.

Ces communautés appartiennent toutes deux à l’ethnie Toba (appelée Qom dans leur propre langue), une population de chasseurs-cueilleurs. Séparées de 50 kilomètres seulement, leur mode de vie est en tout point semblable, excepté un facteur de taille : depuis les années 1990, l’une des deux a accès au réseau électrique 24 heures sur 24, tandis que l’autre ne s’éclaire qu’avec la lumière naturelle du soleil.

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Afin de traquer l’exposition à la lumière et la durée du sommeil, les participants étaient munis de bracelets-traceurs d’activité. — Ph. © Université de Washington

En présence d’éclairage naturel, les Toba dorment une heure de plus par nuit

Les expérimentateurs ont rendu visite à ces deux populations durant une semaine d’été (en novembre 2012, proche du solstice d’été austral) et une semaine d’hiver (en août 2013, proche cette fois du solstice d’hiver austral). A l’aide de bracelets-traceurs d’activité, l’exposition à la lumière et l’activité de chaque participant était enregistrée, minute par minute. Pour vérifier le bon fonctionnement de ces détecteurs de mouvement, les participants tenaient aussi un journal quotidien où ils inscrivaient l’heure de coucher et de réveil, ainsi que d’éventuelles siestes durant la journée.

Résultats : les habitants du village connecté au réseau électrique dormaient moins que leurs contreparties éclairées naturellement, aussi bien dans la période d’été (moins 43 minutes) qu’en hiver (56 minutes de moins). C’est à dire près d’une heure de sommeil en moins au quotidien ! Dans les deux cas, ceci s’expliquait parce qu’ils allaient se coucher plus tard, alors que l’horaire de réveil restait semblable dans les deux villages. Et les mesures de luminosité l’ont confirmé : la présence de l’éclairage électrique exposait à un plus fort éclairage le soir.

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Un bébé Toba/Qom dormant. — Ph. © Université de Washington

Le sommeil reste plus important l’hiver que l’été

D’après les chercheurs, c’est là le signe que l’éclairage artificiel a contribué à modifier le sommeil des sociétés humaines à mesure que l’industrialisation généralisait l’accès à l’électricité. Mais il y a plus : comme ils l’expliquent dans leur article paru dans le Journal of Biological Rythms, la disponibilité de l’éclairage artificiel n’a pas suffi à annuler les changements de besoins en sommeil au cours de l’année.

En effet, dans les deux villages étudiés, on dort plus longtemps l’hiver (près de 10 heures sans éclairage électrique et à peine plus de 9 heures avec l’éclairage électrique), non pas parce qu’on se couche plus tôt, mais parce qu’on se lève plus tard.

Ainsi, les chercheurs avancent que l’humanité ne s’est pas affranchie des différences saisonnières dans les cycles du sommeil, bien au contraire. Les besoins en sommeil seraient plus importants l’hiver… alors que l’éclairage artificiel empêche en partie de les satisfaire. Et ceci serait d’autant plus vrai dans des latitudes où la durée du jour est beaucoup plus courte l’hiver que l’été, comme dans le nord de l’Europe. Tandis que dans la région d’étude, le Chaco, située en zone subtropicale, l’ensoleillement ne varie que de 3 heures entre le solstice d’hiver et d’été.

—Fiorenza Gracci

 

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  • Le tempo des origines bat en nous – S&V n°1124 – Les problèmes de décalage horaire sont liés à notre « horloge circadienne » qui régit nos rythmes biologiques en fonction de l’alternance de la lumière solaire. Cette horloge serait présente dans tous les êtres vivants depuis les origines.

S&V1124

  • Pourquoi le temps passe de plus en plus vite ? - S&V n°1109 – Quand on parle de l’heure, fait-on référence à une mesure physique extérieure où à une autre grandeur, plus intérieure, qui n’a qu’un rapport lointain avec la première ? Quand le temps devient un phénomène neurologique.

S&V1109