Aider à affronter les vilains tours de la vie

Standard

Assis à côté de Brigitte Le Borgne, présidente d’Astrame France, Matthias colorie son bonhomme d’après les émotions qu’il ressent : noir pour la tristesse, vert pour la colère, rose pour la peur. Sa maman est décédée l’année dernière d’un cancer. Envoyé par la caisse d’allocations familiales qui prend en charge les séances, son père explique en aparté : « Je ne veux pas qu’il s’enferme dans sa tristesse. C’est parfois plus facile d’extérioriser avec un tiers. » Après avoir évalué les signes de souffrance avec les parents (somatisation, agressivité ou abattement, manque de concentration…), l’association propose un protocole de cinq séances de deux heures pour aider l’enfant à relire autrement ce qui s’est passé et ne plus subir. « Ce n’est pas une thérapie, insiste la…

Cet article est réservé aux abonnés de La Vie, afin de le lire

ABONNEZ-VOUS

4€/mois SANS ENGAGEMENT

Accédez à des contenus numériques exclusivement réservés aux abonnés ainsi qu’à vos numéros en version PDF sur ordinateur, smartphone et tablette.


Pour le printemps, prenez-en de la graine !

Standard

Avec le boom de la nourriture végan et la décote du blé – suspecté de provoquer des désordres intestinaux à cause du gluten qu’il renferme -, de nouvelles petites graines et baies jouent des coudes dans les rayons bio des grandes surfaces et des magasins spécialisés. Riches en bons nutriments, elles sont des alliées idéales pour se maintenir en forme…

1. Le chia, mine d’omégas-3

Qu’est-ce que c’est ? Aliments de base des Aztèques, ces petites graines noires, grisâtres ou blanches sont à nouveau cultivées depuis les années 1990 en Amérique du Sud. Quels atouts santé ? Riches en bon gras, elles recèlent 15 à 20 % d’omégas-3, ces acides gras essentiels qui protègent contre les maladies cardiovasculaires, luttent contre la dépression et le…

Cet article est réservé aux abonnés de La Vie, afin de le lire

ABONNEZ-VOUS

4€/mois SANS ENGAGEMENT

Accédez à des contenus numériques exclusivement réservés aux abonnés ainsi qu’à vos numéros en version PDF sur ordinateur, smartphone et tablette.


Avec le pneu sphérique, l’automobile rêve son futur

Standard

Présentation d'un prototype du pneu sphérique (au centre) lors du 86e Salon international de l'automobile de Genève ((c) Goodyear).

Le pneu sphérique (au centre) a été présenté lors du 86e Salon international de l’automobile de Genève ((c) Goodyear).

Inutile de chercher l’article scientifique caché derrière, cette fois l’information nous parvient d’une communication d’entreprise présentée au 86e Salon international de l’automobile de Genève. Mais son charme étrange le dispute aux nouveautés scientifiques plus profondes. Il s’agit du pneu sphérique – comme dans la moto de Batman des films de Christopher Nolan.

La vidéo ci-dessous fournie par le concepteur, l’entreprise Goodyear, dit tout et suffit à déclencher la rêverie technologique… mais nous pouvons préciser quelques points.

Pneu sphérique, magnétique et personnalisable

Sphérique, le pneu Eagle-360 serait également magnétique c’est-à-dire “fixé” à la voiture par sustentation magnétique donc sans contact physique ni frottements mécaniques – sauf avec l’asphalte, sur lequel il améliorerait fortement l’adhérence. Il pourrait en outre être fabriqué par impression 3D dans des “fablabs” régionaux, ce qui permettrait de les “customiser” en fonction du type de terrain que le client fréquente usuellement… Les ingénieurs de Goodyear se sont lâchés.

L’idée générale est d’utiliser cette forme ultra-symétrique qui ne possède donc pas d’axe de rotation privilégié (contrairement aux pneus actuels) pour que les roues puissent tourner dans toutes les directions selon les besoins : dans les dépassements, pour les demi-tours sur place ou pour se garer, le corps de la voiture resterait toujours alignée à l’axe de la route, évitant ainsi les effet de déportation centrifuge et permettant aussi d’économiser de l’énergie.

 Un biomimétisme inspiré des coraux et des éponges de mer

Autre avantage lié à la variabilité de l’axe de rotation d’une sphère : des pneus s’adaptant mieux aux conditions de la route. Par exemple, en cas de chaussée inondée, le pneu utiliserait un axe de rotation mettant en contact avec le sol la rainure d’évacuation de l’eau (bande de roulement) puis, en revenant à une chaussée sèche, l’axe changerait afin que le pneu s’ébroue comme un chien, évacuant ainsi toute son eau.

Un biomimétisme évident !

Un biomimétisme évident inspiré des coraux !

Selon l’entreprise, la structure extérieure du pneu a été inspiré des Faviidae, ces coraux en forme de cerveau (Brain coral), et sa bande de roulement serait garnie d’un matériau reproduisant les caractéristiques des éponges de mer, absorbantes et molles en présence d’eau, dures lorsqu’elles sont sèches, afin d’optimiser l’adhérence dans toutes les situations.

Un bon marqueur des rêves de l’industrie automobile

Il est également question de moteurs indépendants intégrés dans le corps de chaque pneu et alimentés en énergie par le phénomène d’induction (encore une affaire de champs magnétiques) et d’une flopée de capteurs… Le tout prévu pour les futures voitures sans conducteur autour de l’année 2035.

Toutefois les détails techniques restent assez vagues, car l’Eagle-360 sert surtout à la communication actuelle de l’entreprise. Mais, réaliste ou non, il préfigure le type de métamorphose qui guette l’industrie automobile dans les décennies à venir.

–Román Ikonicoff

 

 > Lire aussi :

 

> Lire également dans les Grandes Archives de Science & Vie :

Dossier spécial : la voiture autonome – S&V n°1169 – 2015 – acheter ce numéro. Science & Vie s’est penché sur l’état d’avancement du concept de voiture autonome, qui a commencé comme un défi de geek et est devenu ce grand projet d’avenir de l’industrie automobile. Qu’est-ce qui est déjà fait ? Que reste-t-il à faire ?

Capture

100 ans, vers de nouveaux projets – S&V n° 1147 – 2013 – acheter ce numéro. A l’occasion des 100 ans de Science & Vie, en avril 2013, la rédaction a interrogé tous les secteurs technologiques afin de tracer une esquisse possible de l’imprévisible : le monde de demain.

Capture2

Malgré ses réussites, l’intelligence artificielle manque de subtilité

Standard

Les systèmes actuelles d'intelligence artificielle manquent de compétences essentielles (Ph. Kevin Simpson via Flickr CC BY 2.0).

Les systèmes actuelles d’intelligence artificielle manquent de compétences essentielles (Ph. Kevin Simpson via Flickr CC BY 2.0).

Nous ne cesserons jamais de vanter les extraordinaires exploits de l’Intelligence artificielle… mais cela n’empêche pas de prendre un peu de recul. Car si la machine est devenue imbattable dans certaines taches requérant de compulser des milliards d’informations à très haute vitesse, par exemple dans la reconnaissance d’images ou dans la planification stratégique (jeux), elle semble perdue quand, au contraire, elle doit se contenter d’un minimum d’informations – domaine dans lequel nous excellons.

En effet, une équipe de chercheurs a montré comment les meilleurs systèmes IA actuels, ceux de Google, Facebook et d’autres, défaillent à reconnaître des images très incomplètes, une compétence essentielle des humains et de la plupart des animaux.

A partir de quand une image n’est-elle plus reconnaissable ?

Les chercheurs du M.I.T (États-Unis) et de l’Institut Weizmann (Israël) ont d’abord mis au point une méthodologie inspirée de travaux de psychologie expérimentale consistant à définir, pour dix objets (avion, bateau, mouche, vélo, aigle, œil, cheval, lunettes, costume, voiture), une limite de reconnaissance, ou configuration minimale de reconnaissance, de cet objet suivant le niveau de zoom et de floutage appliqué.

Par effet de zoom et de flou sur des photos, ici de mouche, les chercheurs identifient une configuration minimale en-deçà de laquelle l’objet n’est plus reconnaissable. Les chiffres représentent le taux de reconnaissance de l’objet par les humains (Shimon Ullman et al., PNAS 2016)

Cette configuration minimale est telle qu’une petite augmentation de l’effet de zoom ou de flou entraîne statistiquement une chute très forte du taux de reconnaissance de l’objet, comme l’illustre l’image ci-dessous.

Les lignes A et B représentent les mêmes objets avec des niveau de zoome et de flou qui se situent à la limite du reconnaissable par les humains (ou configurations minimales reconnaissables). Les lignes A* et B* représentent ces mêmes images mais juste en-dessous de la limite (il faut les regarder un par un pour constater le phénomène). Les chiffres sous les images représentent les taux de reconnaissance obtenus (statistiquement). On constate la forte chute de ce taux entre les lignes A et A* (B et B*).

Les lignes A et B représentent les mêmes objets avec des niveau de zoome et de flou qui se situent à la limite du reconnaissable par les humains (ou configuration minimale de reconnaissance). Les lignes A* et B* représentent ces mêmes images mais juste en-dessous de la limite (il faut les regarder un par un pour constater le phénomène). Les chiffres sous les images représentent les taux de reconnaissance obtenus (statistiquement). On constate la forte chute de ce taux entre les lignes A et A* (B et B*). Shimon Ullman et al., PNAS 2016

 

Les chercheurs se sont servi de la Toile, via le système collaboratif Amazon Mechanical Turk, pour définir expérimentalement cette configuration minimale : ils y ont versé 3 553 de ces images, représentant les 10 objets avec des niveaux de zoom et de floutage différents, afin de recueillir les réponses des internautes à la question : que représente cette image ? (une image par internaute).

Pour chaque objet, les chercheurs ont effectué des dizaines de zoom (et de floutages) différents (Shimon Ullman et al., PNAS 2016).

Pour chaque objet, les chercheurs ont effectué des dizaines de zoom et de floutages différents (Shimon Ullman et al., PNAS 2016).

L’exercice a été effectué par 14 000 internautes, ce qui a permis de confirmer que la compétence à reconnaître des images selon le niveau de zoom et de floutage est relativement homogène chez les humains, et qu’il y a bien une chute forte du taux de reconnaissance à partir d’une certaine limite, validant l’hypothèse de l’existence de cette configuration minimale de reconnaissance.

Coté IA, ça manque de finesse de vue

Du coté des IA, dont les célèbres “réseaux de neurones profonds” utilisés par Google, les chercheurs les ont d’abord entraînés à reconnaître des objets sur des images non zoomées ni floutées, soit des centaines de milliers d’images portant le label de ce qu’elles représentaient, de sorte à obtenir un excellent taux de reconnaissance (de l’ordre de 85%). Puis ils les ont soumis, dans la phase de test, au même exercice que les internautes.

Avant de tester la capacité des IA à reconnaître des images zoomées ou floutées, les chercheurs leur ont d'abord appris à reconnaître les objets faisant partie du test. Ici, le type d'image présenté à l'IA dans la phase d'apprentissage (Shimon Ullman et al., PNAS 2016).

Avant de tester la capacité des IA à reconnaître des images zoomées ou floutées, les chercheurs leur ont d’abord appris à reconnaître les objets faisant partie du test. Ici, le type d’image présenté à l’IA dans la phase d’apprentissage (Shimon Ullman et al., PNAS 2016).

Résultat : les IA ont cessé de reconnaître l’objet représenté bien avant leurs homologues humains. En particulier, les images représentant la configuration minimale n’ont été reconnues par les IA qu’à un taux de 7% (contre environ 80% pour les humains) !

Même en rendant plus intelligents ces IA (doublement des couches de neurones) ou en les entraînant directement sur ces configurations minimales (avec des labels indiquant ce qu’elles représentaient), aucun des systèmes n’a pu arriver à la cheville des internautes.

Un résultat qui questionne le tournant “tout-statistique” pris par l’IA actuelle

Les chercheurs ont également étudié les processus dans les couches intermédiaires des systèmes, afin de voir s’il y avait tout de même un début de reconnaissance de la part des IA, sans rien trouver qui puisse indiquer une identification quelconque. Bref, à ce jeu subtil de la reconnaissance avec un minimum d’informations, l’IA a prouvé son incompétence.

Les chercheurs en ont déduit que le système cognitif humain – mais cela vaut sans doute pour de nombreuses espèces – s’appuie sur des “représentations internes” palliant le manque d’informations extérieures – ce dont les systèmes IA, qui fonctionnent uniquement sur les redondances statistiques, manquent cruellement.

Finalement, l’orientation très “statistique” prises dans le domaine de l’IA, qui surclasse l’homme dans des tâches nécessitant de classer et filtrer un trop plein d’information, ne sera peut-être pas suffisante pour capter toute la subtilité des systèmes cognitifs de chair et de sang.

–Román Ikonicoff

 

> Voir la vidéo de Science&Vie TV :

S&V TV - IA

> Lire aussi :

 

> Lire également dans les Grandes Archives de S&V :

1162

1169

  • Test : êtes-vous une machine ? S&V n°1028 (2003). Sur internet, un test vise à essayer de faire la différence entre une intelligence humaine et une artificielle. Comme l’avait imaginé le mathématicien Alan Turing en son temps.

S&V 1028 - test Turing IA

 

Exomars : l’Europe à la conquête de la planète rouge

Standard

Le 16 octobre 2016, le module Schiaparelli se séparera de TGO (Trace Gaz Orbiter), la mission Exomars pourra commencer... Illustration ESA.

Le 16 octobre 2016, le module Schiaparelli se séparera de TGO (Trace Gaz Orbiter), la mission Exomars pourra commencer… Illustration ESA.

Les centaines de scientifiques et ingénieurs qui participent à la saga Exomars croisent les doigts… L’aventure martienne européenne a débuté ce lundi 14 mars, avec l’envol, depuis Baïkonour, au Kazakhstan, à bord d’une fusée russe Proton, de la sonde Trace Gas Orbiter (TGO) associée à son module atterrisseur Schiaparelli. Le lancement a réussi, reste maintenant, en fin de journée, à TGO de se séparer du dernier étage de la fusée et déployer ses panneaux solaires avant de plonger dans l’abîme sidéral qui sépare la planète bleue de la planète rouge…
Pour l’Europe spatiale, l’enjeu de la mission Exomars, du programme Exomars, plutôt, est crucial. Il est technique, d’abord : réussir ce que, jusqu’ici et depuis un demi siècle d’exploration martienne, seuls les Américains ont réussi : poser un robot sur Mars et le faire fonctionner. Un exploit : l’atmosphère martienne est très raréfiée, et l’atterrissage sur la planète rouge est très technique et exigeant. Les Soviétiques, dans les années 1960, avec la série des sondes Mars, puis l’Agence spatiale européenne (ESA), en 2003, avec le module Beagle 2 ont échoué… La Nasa, elle, a réalisé un carton plein, ou presque : Viking 1 et Viking 2 en 1976, Mars Pathfinder en 1997, Spirit et Opportunity en 2004, Phoenix en 2008 et enfin Curiosity en 2012. Seule ombre au tableau, l’échec de Mars Polar Lander en 1999.

A ce jour, sept sondes, toutes américaines, se sont posées avec succès sur la planète rouge. Schiaparelli va tenter de réussir cet exploit pour le compte des ingénieurs et chercheurs européens. Photo ESA.

A ce jour, sept sondes, toutes américaines, se sont posées avec succès sur la planète rouge. Schiaparelli va tenter de réussir cet exploit pour le compte des ingénieurs et chercheurs européens. Photo ESA.

A défaut de s’être posée sur la planète rouge, l’ESA a une belle réussite planétaire à son actif, avec l’atterrissage de sa sonde Huygens sur Titan en 2005, le satellite de Saturne. Un exploit, un record, jamais l’humanité n’avait visité un monde aussi lointain…
Mais le programme Exomars est aussi ambitieux sur le plan scientifique. En effet, il s’agit de résoudre une énigme vieille comme l’astronomie ou presque : y a t-il aujourd’hui, y a t-il eu dans le passé… de la vie sur Mars ?
Un peu de patience : d’une part, Trace Gas Orbiter et Schiaparelli n’arriveront en vue de la planète rouge qu’en octobre, d’autre part le programme Exomars dépasse les missions respectives de ces deux engins. Europe et Russie, en effet, prévoient de lancer une seconde sonde en 2018 pour continuer et achever cette fascinante et interminable quête de la vie martienne.

Le programme Exomars comprend le module Schiaparelli, le rover Exomars 2018, le module d'atterrissage Exomars 2018 et enfin, sur cette photographie, le TGO (Trace Gaz Orbiter), un satellite qui va des années durant étudier l'atmosphère martienne afin de comprendre le cycle du méthane, et l'origine de ce gaz rare sur la planète rouge. Photo ESA.

Le programme Exomars comprend le module Schiaparelli, le rover Exomars 2018, le module d’atterrissage Exomars 2018 et enfin, sur cette photographie, le TGO (Trace Gaz Orbiter), un satellite qui va des années durant étudier l’atmosphère martienne afin de comprendre le cycle du méthane, et l’origine de ce gaz rare sur la planète rouge. Photo ESA.

Si tout se passe bien, donc, le 16 octobre prochain, le module Schiaparelli se séparera de TGO, et se dirigera vers la surface, tandis que la sonde principale se mettra progressivement en orbite autour de la planète.
Schiaparelli pénétrera dans l’atmosphère martienne à 120 kilomètres d’altitude et à 21 000 km/h. Freinée par l’atmosphère et protégée par un bouclier, la sonde, à 11 kilomètres d’altitude et 1700 km/h, ouvrira un parachute, puis, à 1200 mètres d’altitude et 250 km/h, neuf moteurs à hydrazine prendront son contrôle pour l’amener jusqu’au sol, non loin du robot américain Opportunity, dans la région de Meridiani Planum.
L’arrivée au sol sera photographiée par une petite caméra, mais, malheureusement, aucune image ne sera prise par Schiaparelli du paysage martien dans lequel il se sera posé. La mission de ce démonstrateur technologique sera pratiquement achevée si il arrive intact au sol, mais une petite batterie d’instruments météo lui permettra de transmettre quelques informations vers la Terre, quelques jours durant : vitesse du vent, composition de l’atmosphère, humidité de l’air, température, etc.
Si ces objectifs technologique et scientifique sont atteints, nul doute que l’ESA et Roscomos trouveront le financement nécessaire à la suite du programme, Exomars 2018.

Le module Schiaparelli est avant tout un démonstrateur technologique. D'une masse de 600 kg, Schiaparelli doit atterrir sain et sauf sur Mars le19 octobre 2016 et transmettre des informations météorologiques, quelques jours durant, vers la Terre. Photo ESA.

Le module Schiaparelli est avant tout un démonstrateur technologique. D’une masse de 600 kg, Schiaparelli doit atterrir sain et sauf sur Mars le19 octobre 2016 et transmettre des informations météorologiques, quelques jours durant, vers la Terre. Photo ESA.

En attendant, le satellite TGO circularisera progressivement son orbite : d’abord elliptique, TGO s’approchant à 300 km et s’éloignant à 96 000 km, l’orbite se resserrera, TGO utilisant la technique délicate du freinage atmosphérique à chacun de ses passages près de la planète rouge, pour aboutir en 2017 à un cercle parfait, distant de 400 km de la surface. Si tout va bien, la mission scientifique de TGO débutera à la fin 2017. Il s’agit pour le satellite européen de détecter et analyser les gaz rares de l’atmosphère martienne. Si celle-ci est composée à 96 % de dioxyde de carbone, à 1,93 % d’argon, à 1,89 % de diazote, etc, elle recèle aussi des traces de vapeur d’eau, 0,03 % et des quantités infinitésimales de monoxyde de carbone, de néon, de Krypton, d’ozone, et enfin… de méthane.
Ce gaz se trouve en quantité infime dans l’atmosphère martienne, une partie pour dix milliards environ. Très difficile à détecter, sa présence a été annoncée, puis réfutée, puis confirmée… Mais surtout, les scientifiques, géologues comme biologistes, veulent à tout prix comprendre l’origine du méthane atmosphérique de Mars… Sur la Terre, en effet, le méthane – en quantité relative plus de mille fois supérieure à celle de Mars – est en très grande partie d’origine terrestre. Ce sont les bactéries qui, depuis l’origine de la vie terrestre, produisent l’essentiel du méthane.
Mais sur Mars ? D’où vient le méthane ? Cette molécule est facilement cassée par le rayonnement ultraviolet du Soleil, et sa durée de vie n’excède pas quelques siècles. Il y a donc sur Mars, expliquent les planétologues, une source continue de méthane… Le méthane martien est-il d’origine biologique ? C’est cette théorie que va tenter de démontrer ou de réfuter TGO, en analysant avec une précision inédite l’atmosphère martienne. Déterminer la quantité de méthane, localiser ses sources en les photographiant, mesurer son éventuelle variation saisonnière, voilà l’objectif de TGO. Si ce sont des bactéries qui sont à l’origine du méthane martien, celles-ci peuvent être mortes depuis des milliards d’années, et alors le gaz, comme sur Terre, pourrait provenir de couches sédimentaires fossiles. Elles pourraient aussi être vivantes, résistant depuis des milliards d’années, dans des poches souterraines, où l’eau serait liquide. Enfin, le méthane martien pourrait avoir une origine plus triviale, simplement géochimique : l’oxydation du fer produit du méthane, comme le processus de serpentinisation, qui transforme en présence d’eau l’olivine en serpentine.
Si TGO découvre des spots de méthane dans des régions volcaniques, son origine sera supposée géologique, si en revanche ce méthane est produit dans des régions géologiquement très anciennes, supposées inactives, une origine biologique pourra être évoquée.

Le rover Exomars 2018 n'a pas encore été baptisé par l'ESA. Cette suite et fin du programme Exomars est prévue pour 2018, mais il n'est pas sûr que les agences russe et européenne parviennent à respecter cet agenda. Si l'ESA et Roscosmos manquent la fenêtre de 2018, le lancement du rover sera repoussé en 2020. Illustration ESA.

Le rover Exomars 2018 n’a pas encore été baptisé par l’ESA. Cette suite et fin du programme Exomars est prévue pour 2018, mais il n’est pas sûr que les agences russe et européenne parviennent à respecter cet agenda. Si l’ESA et Roscosmos manquent la fenêtre de 2018, le lancement du rover sera repoussé en 2020. Illustration ESA.

Le projet Exomars ne doit pas s’arrêter à TGO et Schiaparelli. Russes et Européens prévoient pour 2018 la suite du programme : envoyer sur Mars un rover, porté par une plate forme scientifique fixe, qui étudiera la surface de la planète rouge pendant que le rover partira à l’aventure. A bord de ce rover, un laboratoire biochimique, des caméras, bien sûr, et une foreuse capable de recueillir des échantillons jusqu’à deux mètres de profondeur, là où, bien protégées des radiations solaires, des bactéries, vivantes ou fossiles, pourraient être découvertes…
Le rover du programme Exomars devrait quitter la Terre en mai 2018 pour se poser dans la région de Oxia Planum, et ses lits d’oueds asséchés, en janvier 2019. En attendant, les planétologues et astronomes du monde entier ont les yeux rivés vers la sonde TGO et son module Schiaparelli en route pour la planète rouge…
Serge Brunier

À découvrir le 23 mars dans Science & Vie

Standard

1183_COUV_mini

Un nombrilisme assumé

Nous avons déjà publié de nombreux articles sur cette révolution du “microbiote”. Dès 2008, nous rendions compte des débuts du séquençage des bactéries intestinales (S&V n°1088), dont on sait désormais qu’elles ont un impact sur le cerveau (n°1133), et même sur notre hérédité (n°1173), ou encore sur l’anorexie (n°1174). Cette fois, le fruit de toutes ces recherches mérite la première place sur notre couverture. Certes, le ventre, ses intestins et leurs microbes, a priori, ça ne fait pas rêver. Mais, vous le verrez, c’est bien du côté de notre nombril qu’il faut chercher les ressorts de notre santé, voire de notre identité…

Elsa Abdoun

 

Une vieille promesse renouvelée

Et si la première idée était la bonne ? Cela fait presque un siècle que les plus éminents physiciens voient dans la fusion nucléaire l’avenir énergétique de l’humanité. Et qu’ils imaginent toutes sortes de machines capables de maîtriser cette énergie qui, depuis 5 milliards d’années, fait brûler le Soleil. Le démarrage du réacteur expérimental W7-X, il y a quelques semaines, signe le retour en grâce d’un des premiers modèles jamais  imaginé : le stellarator.

Mathieu Grousson

 

La réalité dépasse la fiction

1, 10, 100 et finalement des milliers… La multitude de mondes découverts ces vingt dernières années par les planétologues sont extraordinairement différents de ceux auxquels nous a habitués notre bon vieux Système solaire. Et ces experts en sont convaincus : les planètes qu’il reste à découvrir dépasseront en bizarreries les fantasmes les plus tordus des meilleurs auteurs de science-fiction ! Il était donc tentant de dessiner ces nouveaux horizons jusqu’ici littéralement… inimaginables.

Benoît Rey

Science & Vie TV – Myopie : une épidémie sans précédent

Standard

Saviez-vous qu’un jeune occidental sur deux souffre de myopie ? Ce trouble visuel en pleine expansion est en passe de devenir le mal de ce XXIe siècle.

Dans cette nouvelle chronique du Mag de la Science, Jérôme Bonaldi et Caroline Tourbe, journaliste à Science & Vie, explorent différentes solutions afin d’y voir plus clair : création de nouvelles lunettes, nouveaux médicaments ou simplement un peu plus de lumière naturelle…

 

 

A consulter dans Les grande archives de Science & Vie :

Tous myopes – les raisons d’une épidémie, les nouveaux traitements, S&V n°1173.

Vous pouvez acheter le numéro ici.

Capture S&V mypopie UNE

 

découvrez Science & Vie TV : http://science-et-vie.tv/

 

X-files : coma, bioterrorisme, épidémies… La 10e série se clôt aux frontières de la biologie

Standard

Mitch Pileggi David Duchovny Gillian Anderson William B. Davis

La saison 10 de X-files vient de se clôturer sur M6 – Ph. FOX/M6

Comme les fans de X-files ont pu le voir hier soir, la série sur le paranormal conclut sa dixième saison sur des problématiques bien concrètes, auxquelles la société est directement confrontée à l’heure actuelle.

Dans le cinquième épisode, une attaque terroriste à laquelle l’un des kamikazes à survécu met les agents spéciaux du FBI au défi d’interroger le suspect alors qu’il se trouve dans le coma. Mulder aura l’idée de recourir aux champignons magiques pour atteindre un état de conscience plus profond et ainsi “percevoir” la vérité. De son côté, Scully adoptera la voie scientifique, par l’intermédiaire d’un électroencéphalogramme (EEG) qu’elle place sur le crâne cabossé du terroriste.

L’idée : s’il peut entendre les personnes autour de lui, ses ondes cérébrales doivent le trahir, et peuvent ainsi servir de moyen pour communiquer avec lui. S’il pense “oui”, un certain schéma devrait appraître à l’écran de l’EEG, s’il pense “non”, un schéma différent s’affichera. Aussi simple que cela.

Il reste difficile pour les médecins d’évaluer le niveau de conscience des patients

Sans révéler ici laquelle des deux stratégies portera ses fruits, il faut savoir que définir l’état de conscience exact d’un patient maintenu en vie artificiellement reste un défi de taille pour les médecins. S’il ne peut s’alimenter ni respirer tout seul, peut-il en revanche entendre, sentir ?

À l’hôpital, des protocoles sont appliqués afin de tester les réactions du patient et déterminer le plus précisément possible son niveau de conscience du monde extérieur et ainsi, ses possibilités d’évolution. Quatre niveaux sont reconnus, du moins alerte au plus alerte : altération ultime ou mort cérébrale ; coma ; état végétatif et état de conscience minimale. Mais malgré leurs efforts, les médecins se trompent souvent de diagnostic. Selon une étude, 41 % des états végétatifs seraient en fait des états de conscience minimale, où ils peuvent par moments répondre à certains stimuli.

Quoi qu’il en soit, il est bénéfique d’aller rendre visite à un patient et de lui parler, quel que soit son niveau de conscience, comme l’a prouvé une récente étude menée par Theresa Pape à l’université Northwestern (États-Unis) (voir S&V n°1171).

> Lire davantage : Pourquoi évaluer l’état de conscience minimale est si difficileS&V n°1160 (2014) – acheter ce numéro.

S&V 1160 - coma

Dans le sixième et dernier épisode de la saison 10, un autre type de terrorisme menace la société américaine tout entière. C’est le bioterrorisme, sous la forme d’une épidémie d’”anthrax” (maladie du charbon, pour une traduction plus exacte) transmise à la population via une campagne de vaccination des militaires en mission au Moyen-Orient. D’après la reconstruction de l’agent Scully, ce vaccin peut, opportunément modifié, déclencher la maladie au lieu de la prévenir.

Or, la scientifique parle d’un mystérieux virus “spartiate”… alors que la maladie du charbon est provoqué par une bactérie, Bacillus anthracis ! Mais le plus surprenant (et farfelu) est la suite : Scully serait porteuse, dans son ADN, d’une séquence introduite mystérieusement (par les extraterrestres ?) qui lui confère une résistance à la bacille de l’anthrax. Alors que tout le monde tombe malade autour d’elle, sa réaction revient aux fondamentaux de la biologie : elle va tenter de créer un vaccin à partir de la séquence génétique à l’origine de sa résistance.

> Lire davantage : Armes chimiques : après Tokyo, Paris ? S&V n°932 (1995).

S&V 932 - armes chimiques

Le final de X-files se rapproche ainsi étroitement à la science réelle. Car si le vaccin de Louis Pasteur contre le charbon, à base de bactéries atténuées, présentait bien des risques de déclencher la maladie, actuellement on administre aux personnes à risque, dont les soldats, des petites séquences de protéines de la bactérie, pour un effet plus sûr.

Pour savoir si la stratégie de Scully va sauver le monde, il faudra attendre la 11e saison…

—Fiorenza Gracci

 

> Lire également :

 

> Lire aussi dans les Grandes Archives de S&V :

S&V 1175 - paranormal

  • Le bioterrorisme en questions S&V n°1011 (2001). Après les armes chimiques et nucléaires, le monde craint à présent les armes biologiques, fabriquées pour pas cher à base de toxines ou de bactéries. Les premières victimes par le charbon !

S&V 1011 - bioterrorisme

S&V 962 - coma

 

 

 

LIVE VIDEO Mission ExoMars‬ : Suivez le lancement en direct lundi 14 mars à 10h

Standard

SLIDER

Une fusée Proton décolle ce lundi avec à son bord la ‪#‎MissionExoMars‬, à la recherche des traces d’une vie martienne. Nous retransmettrons en direct son lancement, lundi 14 mars, à partir de 10h00 !

Lundi 14 mars à 10h00, depuis le cosmodrome de Baïkonour en Russie, nous vous proposons d’assister en direct au lancement de la fusée Proton, avec à son bord, le satellite orbiteur et le démonstrateur de rentrée atmosphérique conçus par l’Agence Spatiale Européenne. Décollage prévu à 10h31 CET, précises !

Cette retransmission sera présentée par Michel Viso, responsable de l’exobiologie au CNES et Antoine Meunier, journaliste pour le journal Espace et Exploration et fondateur du blog La Chronique Spatiale.

Rendez-vous donc lundi sur cette page pour suivre le live !

 

Voir aussi : https://exomars.cnes.fr/

Par ailleurs, Science & Vie TV suivra toutes les étapes de la mission spatiale ExoMars, et produit actuellement un documentaire avec Label News sur la genèse et les enjeux de ce projet européen.

Rendez-vous en octobre 2016 pour la mise en orbite autour de la Planète Rouge, et en 2018 pour le lancement de la seconde mission !

Dans l’océan, le plastique se décompose en des milliers de milliards de nanoparticules polluantes

Standard

Un échantillon de microplastiques prélevés dans l'océan Atlantique nord par l'Expédition 7e continent. - Ph. Vinci Sato

Un échantillon de microplastiques prélevés dans l’océan Atlantique nord par l’Expédition 7e continent. – Ph. Vinci Sato

De nouveaux chiffres sur le “continent de plastique” dans les océans ont de quoi donner le tournis. Les rayons solaires démultiplient cette source de pollution, à tel point qu’un débris de quelques millimètres produit 1000 milliards de nanoparticules ! Invisibles mais extrêmement insidieuses, celles-ci peuvent être facilement ingérées par les organismes marins et, par là, pourraient contaminer toute la chaîne alimentaire.

D’où viennent ces déchets ? Des innombrables objets en plastique peuplant notre quotidien – des sacs plastiques, aux emballages, en passant par les jouets. Tous les ans, ils sont 8 millions de tonnes à terminer dans les océans, faute d’être mis à la poubelle et recyclés.

Le catamaran de l'Expédition 7e continent a arpenté le gyre océanique de l'Atlantique nord pour y traquer les minuscules déchets en plastique. - Ph. Vinci Sato

Le catamaran de l’Expédition 7e continent a arpenté le gyre océanique de l’Atlantique nord pour y traquer les minuscules déchets en plastique. – Ph. Vinci Sato

Portés pas les flots, leur destin est de s’accumuler dans les gyres océaniques, des zones où les courants forment d’immenses tourbillons. Au centre de ces tourbillons, ils s’accumulent et se morcèlent au fil du temps, sous l’effet de la houle et des rayons ultraviolets du soleil.

Résultat : dans les gyres océaniques, les scientifiques observent depuis plusieurs années une myriade de petits bouts de plastique, pas plus gros qu’un demi-millimètre, flottant à la surface de l’eau. Ces microparticules ou “microplastiques” se montent à environ 5 mille milliards, d’après une étude parue en 2014 dans la revue PlosOne.

Le soleil décompose les débris de plastique en d’innombrables nanoparticules invisibles

Or, une nouvelle étude menée par l’association “Expédition 7e continent” révèle que ça ne s’arrête pas là ! Des réactions photochimiques, déclenchées par le soleil et ses rayons ultraviolets, démultiplient ultérieurement ces microparticules en nanoparticules, si petites (un trente-millième de l’épaisseur d’un cheveu) qu’elles étaient restées inaperçues qui jusqu’ici !

Réalisée par Julien Gigault (laboratoire Epoc, université de Bordeaux) et Alexandra Ter-Halle (université Paul Sabatier, à Toulouse), l’étude est publiée dans la revue Envirnomental science : nano.

Au terme de 2 ans d’expédition en mer, les chercheurs ont soumis dans leur laboratoire les microplastiques collectés dans le gyre de l’Atlantique nord (mer des Sargasses) à des rayons ultraviolets dans des conditions reproduisant les taux d’oxygène et de sel de la mer.

Nanoplastiques formés par dégradation UV de débris millimétriques prélevés dans l'Atlantique Nord par l’Expédition 7e Continent (photo TEM)

Nanoplastiques formés par dégradation UV de débris millimétriques prélevés dans l’Atlantique Nord par l’Expédition 7e Continent – Photo au TEM (microscope électonique à transition).

Sous l’effet combiné des UV et de l’oxygène, les microparticules se sont désagrégées, formant des nanoparticules de polymères plastique en forme de billes, d’étoiles, de filaments, visibles au microscope électronique. C’est ainsi qu’un débris mesurant quelques millimètres produit 1000 milliards de nanoparticules de 100 nanomètres !

L’addition est glaçante : si on somme la surface de ces nano-débris, elle atteint celle des océans tout entiers !

Ces nanoparticules contamineraient la chaîne alimentaire

Une question brûle les lèvres à présent : quel impact cette pollution a-t-elle sur les êtres vivants ? D’autres études seront nécessaires pour vérifier la crainte de chercheurs : que les nanoparticules de plastique contaminent la chaîne alimentaire, jusqu’au poissons que nous consommons.

Les chercheurs craignent fort que les organismes marins n'ingèrent très facilement les nanoparticules de plastique. Ici, un très jeune céphalopode de l'Atlantique nord. – Ph. Vinci Sato

Ce très jeune céphalopode de l’Atlantique nord pourrait être contaminé par les nanoparticules de plastique… – Ph. Vinci Sato

...Ou ce jeune copépode (crustacé) observé également en Atlantique Nord. – Ph. Vinci Sato

…tout comme ce jeune copépode (crustacé) observé également en Atlantique Nord. – Ph. Vinci Sato

Pour l’heure, un constat est implacable : infiniment plus nombreuses que les gros déchets, les nanoparticules sont impossibles à collecter une fois qu’elles sont suspendues par milliards de milliards dans l’eau. L’Expédition 7e continent appelle plutôt à lutter à la source contre la pollution au plastique, notamment en favorisant le réemploi, la réduction des déchets et leur recyclage.

–Fiorenza Gracci

 

> Lire aussi dans les Grandes Archives de S&V :

S&V 1166 - plastique oceans

S&V 1157 - dechets

S&V 1151 - plastique oceans

  • Les océans malades du plastique S&V n°1103 (2009). Premier cri d’alarme : l’environnement, mais aussi la pêche et le tourisme sont affectés par la masse de déchets déversés tous les ans dans les mers.

S&V 1103 - plastique oceans