Dans l’océan, le plastique se décompose en des milliers de milliards de nanoparticules polluantes

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Un échantillon de microplastiques prélevés dans l'océan Atlantique nord par l'Expédition 7e continent. - Ph. Vinci Sato

Un échantillon de microplastiques prélevés dans l’océan Atlantique nord par l’Expédition 7e continent. – Ph. Vinci Sato

De nouveaux chiffres sur le “continent de plastique” dans les océans ont de quoi donner le tournis. Les rayons solaires démultiplient cette source de pollution, à tel point qu’un débris de quelques millimètres produit 1000 milliards de nanoparticules ! Invisibles mais extrêmement insidieuses, celles-ci peuvent être facilement ingérées par les organismes marins et, par là, pourraient contaminer toute la chaîne alimentaire.

D’où viennent ces déchets ? Des innombrables objets en plastique peuplant notre quotidien – des sacs plastiques, aux emballages, en passant par les jouets. Tous les ans, ils sont 8 millions de tonnes à terminer dans les océans, faute d’être mis à la poubelle et recyclés.

Le catamaran de l'Expédition 7e continent a arpenté le gyre océanique de l'Atlantique nord pour y traquer les minuscules déchets en plastique. - Ph. Vinci Sato

Le catamaran de l’Expédition 7e continent a arpenté le gyre océanique de l’Atlantique nord pour y traquer les minuscules déchets en plastique. – Ph. Vinci Sato

Portés pas les flots, leur destin est de s’accumuler dans les gyres océaniques, des zones où les courants forment d’immenses tourbillons. Au centre de ces tourbillons, ils s’accumulent et se morcèlent au fil du temps, sous l’effet de la houle et des rayons ultraviolets du soleil.

Résultat : dans les gyres océaniques, les scientifiques observent depuis plusieurs années une myriade de petits bouts de plastique, pas plus gros qu’un demi-millimètre, flottant à la surface de l’eau. Ces microparticules ou “microplastiques” se montent à environ 5 mille milliards, d’après une étude parue en 2014 dans la revue PlosOne.

Le soleil décompose les débris de plastique en d’innombrables nanoparticules invisibles

Or, une nouvelle étude menée par l’association “Expédition 7e continent” révèle que ça ne s’arrête pas là ! Des réactions photochimiques, déclenchées par le soleil et ses rayons ultraviolets, démultiplient ultérieurement ces microparticules en nanoparticules, si petites (un trente-millième de l’épaisseur d’un cheveu) qu’elles étaient restées inaperçues qui jusqu’ici !

Réalisée par Julien Gigault (laboratoire Epoc, université de Bordeaux) et Alexandra Ter-Halle (université Paul Sabatier, à Toulouse), l’étude est publiée dans la revue Envirnomental science : nano.

Au terme de 2 ans d’expédition en mer, les chercheurs ont soumis dans leur laboratoire les microplastiques collectés dans le gyre de l’Atlantique nord (mer des Sargasses) à des rayons ultraviolets dans des conditions reproduisant les taux d’oxygène et de sel de la mer.

Nanoplastiques formés par dégradation UV de débris millimétriques prélevés dans l'Atlantique Nord par l’Expédition 7e Continent (photo TEM)

Nanoplastiques formés par dégradation UV de débris millimétriques prélevés dans l’Atlantique Nord par l’Expédition 7e Continent – Photo au TEM (microscope électonique à transition).

Sous l’effet combiné des UV et de l’oxygène, les microparticules se sont désagrégées, formant des nanoparticules de polymères plastique en forme de billes, d’étoiles, de filaments, visibles au microscope électronique. C’est ainsi qu’un débris mesurant quelques millimètres produit 1000 milliards de nanoparticules de 100 nanomètres !

L’addition est glaçante : si on somme la surface de ces nano-débris, elle atteint celle des océans tout entiers !

Ces nanoparticules contamineraient la chaîne alimentaire

Une question brûle les lèvres à présent : quel impact cette pollution a-t-elle sur les êtres vivants ? D’autres études seront nécessaires pour vérifier la crainte de chercheurs : que les nanoparticules de plastique contaminent la chaîne alimentaire, jusqu’au poissons que nous consommons.

Les chercheurs craignent fort que les organismes marins n'ingèrent très facilement les nanoparticules de plastique. Ici, un très jeune céphalopode de l'Atlantique nord. – Ph. Vinci Sato

Ce très jeune céphalopode de l’Atlantique nord pourrait être contaminé par les nanoparticules de plastique… – Ph. Vinci Sato

...Ou ce jeune copépode (crustacé) observé également en Atlantique Nord. – Ph. Vinci Sato

…tout comme ce jeune copépode (crustacé) observé également en Atlantique Nord. – Ph. Vinci Sato

Pour l’heure, un constat est implacable : infiniment plus nombreuses que les gros déchets, les nanoparticules sont impossibles à collecter une fois qu’elles sont suspendues par milliards de milliards dans l’eau. L’Expédition 7e continent appelle plutôt à lutter à la source contre la pollution au plastique, notamment en favorisant le réemploi, la réduction des déchets et leur recyclage.

–Fiorenza Gracci

 

> Lire aussi dans les Grandes Archives de S&V :

S&V 1166 - plastique oceans

S&V 1157 - dechets

S&V 1151 - plastique oceans

  • Les océans malades du plastique S&V n°1103 (2009). Premier cri d’alarme : l’environnement, mais aussi la pêche et le tourisme sont affectés par la masse de déchets déversés tous les ans dans les mers.

S&V 1103 - plastique oceans

 

 

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