Le télescope franco-canadien d’Hawaii révèle l’évolution des galaxies

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Ces filaments rouges qui s'échappent de la galaxie M 90, c'est son gaz interstellaire, littéralement soufflé par l'interaction de cette spirale géante avec ses voisines de l'amas Virgo. Vidée de son gaz, et donc de ses nébuleuses, cette galaxie ne donne plus naissance à de nouvelles étoiles. Photo 2015 CFHT/Coelum/J.C Cuillandre/G. Anselmi.

Ces filaments rouges qui s’échappent de la galaxie M 90, c’est son gaz interstellaire, littéralement soufflé par l’interaction de cette spirale géante avec ses voisines de l’amas Virgo. Vidée de son gaz, et donc de ses nébuleuses, cette galaxie ne donne plus naissance à de nouvelles étoiles. Photo 2015 CFHT/Coelum/J.C Cuillandre/G. Anselmi.

Les galaxies, que Emmanuel Kant avait, dans une intuition fulgurante, baptisées « Univers-îles », sont les cellules constitutives de l’Univers. Formées, en quelque sorte comme des grumeaux, à partir du gaz chaud et homogène laissé par le big bang, elles sont constituées de gaz, de poussières et d’étoiles, lesquelles recyclent inlassablement, depuis 13,7 milliards d’années, la matière cosmique.
Comprendre l’évolution des galaxies, comprendre comment elles sont apparues, quelques dizaines de millions d’années après le big bang, tels sont quelques-uns des enjeux actuels de la cosmologie.
Une équipe internationale d’astronomes, emmenée par Allessandro Boselli, directeur de recherches au CNRS, s’est dotée d’un nouvel outil pour étudier l’évolution des galaxies : il s’agit d’un filtre, dit « H alpha » par les spécialistes, qui équipe désormais la caméra géante Megacam du télescope franco-canadien d’Hawaii (CFHT). Cette caméra, son filtre et le télescope de 3,6 m CFHT permettent d’observer avec une grande clarté le gaz interstellaire, gaz qui, en se condensant en étoiles, puis en étant transformé par l’évolution de celles-ci avant de retourner à l’espace, participe à l’évolution cosmique.

Le télescope franco-canadien d'Hawaii se trouve au sommet du volcan Mauna Kea, à 4200 m d'altitude. Doté d'un miroir de 3,6 m de diamètre et de sa caméra Megacam et ses 340 millions de pixels, ce télescope à grand champ offre des images d'une « profondeur » vertigineuse. Photo S.Brunier.

Le télescope franco-canadien d’Hawaii se trouve au sommet du volcan Mauna Kea, à 4200 m d’altitude. Doté d’un miroir de 3,6 m de diamètre et de sa caméra Megacam et ses 340 millions de pixels, ce télescope à grand champ offre des images d’une « profondeur » vertigineuse. Photo S.Brunier.

La première cible de Alessandro Boselli, Jean-Charles Cuillandre, Matteo Fossati, Samuel Boissier, Giovanni Anselmi et leurs collaborateurs ? L’amas de galaxies Virgo, situé dans la constellation de la Vierge. Cet immense amas d’un millier de galaxies se situe à 60 millions d’années-lumière, et est composé essentiellement de galaxies elliptiques, dénuées de gaz et de poussières, et où brillent de vieilles étoiles, sans aucun espoir de descendance.
Depuis longtemps, les astronomes soupçonnent que le gaz présent dans les galaxies spirales telles que la Voie lactée, par exemple, et qui leur permettent de donner naissance à dix ou cent étoiles tous les ans, est soufflé de leurs sœurs cosmiques se trouvant au cœur des amas, ce qui les rend stériles. Mais quel processus est responsable de cette « stérilisation » des galaxies ?

La galaxie spirale géante M 90, et sa compagne, la petite galaxie IC 3583, se trouvent dans l'amas Virgo, à 60 millions d'années-lumière de la Voie lactée. Cette image inédite de M 90 a été prise avec le télescope franco-canadien d'Hawaii (CFHT) et sa caméra Megacam. Photo 2015 CFHT/Coelum/J.C Cuillandre/G. Anselmi.

La galaxie spirale géante M 90, et sa compagne, la petite galaxie IC 3583, se trouvent dans l’amas Virgo, à 60 millions d’années-lumière de la Voie lactée. Cette image inédite de M 90 a été prise avec le télescope franco-canadien d’Hawaii (CFHT) et sa caméra Megacam. Photo 2015 CFHT/Coelum/J.C Cuillandre/G. Anselmi.

Pour le comprendre, l’équipe de Alessandro Boselli a photographié, avec une précision encore jamais atteinte, la galaxie géante M 90 de l’amas de la Vierge. Cette galaxie, qui ressemble un peu à la nôtre, est l’une des seules spirales de l’amas Virgo. Pourtant, elle semble dénuée d’étoiles très jeunes, comme si, elle aussi, avait cessé de donner naissance à de nouvelles générations stellaires… Le télescope CFHT et Megacam ont permis aux astronomes de comprendre pourquoi : le filtre qui équipe la caméra a révélé d’immenses nuages d’hydrogène qui s’échappent de la galaxie M 90 : la majorité du gaz de la spirale géante est perdue dans le cosmos… Pourquoi ? La galaxie M 90 se déplace à 1200 kilomètres/seconde dans l’amas, et sur son chemin, elle traverse les halos des galaxies elliptiques géantes qui peuplent le cœur de Virgo, comme M 86 et M 87. Ces halos – du gaz ionisé très peu dense – arrachent littéralement de la galaxie M 90 son gaz interstellaire. Dénuée de nébuleuses, celle-ci, stérile, va peu à peu se transformer en galaxie elliptique, comme ses voisines.
L’étude des galaxies, et celle des amas de galaxies permet aux chercheurs de mieux comprendre l’évolution de l’Univers dans son ensemble, mais pas seulement : il leur permet aussi de prédire son avenir. Dans quelques centaines de milliards d’années, dans un cosmos de plus en plus vide et froid, les galaxies ne formeront plus d’étoiles, et, une à une, lentement, celles-ci s’éteindront…
Serge Brunier

Thérèse Hargot : "Aujourd’hui, la norme c’est le devoir de jouissance"

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Qu’est-ce qui a changé ces trente ou vingt dernières années dans la sexualité des jeunes ?

La génération de 68 a vécu une période qui devait être très grisante : elle s’est affranchi des interdits. Les « tabous » ont été levés. Par la suite, les jeunes ont donc grandi dans une société où il n’y avait plus vraiment d’interdits ni de limites. Cela a généré chez eux un sentiment d’angoisse dans le champ de la question affective et sexuelle. On a donc une génération qui ne respire pas le sentiment de liberté de la génération précédente : la sexualité est devenue un champ anxiogène, ce qui montre d’ailleurs qu’il y a une quête existentielle qui se joue dans la question sexuelle. Cette génération a toujours un rapport normatif à la sexualité, mais aujourd’hui, la norme s’est renversée : c’est le devoir de jouissance. Nous sommes encore dans une société extrêmement normative et les jeunes ne sont pas plus libres qu’on ne l’était à l’époque, mais la norme n’est plus donnée par l’Eglise, elle est donnée par l’air du temps, et notamment la culture pornographique, qui s’impose dès le plus jeune âge…

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Le "burn-out" ou l’équilibre du don

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En cette année de jubilé de la Miséricorde lancée par le pape François, le carême offre l’occasion privilégiée de réfléchir sur nos façons de donner. Dans cette optique, nous avons sollicité Pascal Ide, prêtre, médecin, auteur du livre le Burn-Out, une maladie du don (éditions Emmanuel et Quasar). Il évoque comment cette situation d’épuisement général s’installe à bas bruit et finit par priver les personnes de toute vitalité. Selon cet enseignant et formateur au séminaire de Bordeaux, elle surviendrait souvent chez les personnes particulièrement généreuses. Sa thèse peut surprendre, surtout venant d’un prêtre. Toutefois, il ne s’agit pas de moins donner, mais de mieux donner. Pour La Vie, Pascal Ide propose des pistes qui permettront de profiter des huit semaines nous séparant…

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Prévenir l’infarctus du myocarde chez les femmes

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À force de calquer leur train de vie sur celui des hommes, les femmes ont vu leur coeur s’emballer. Cholestérol, tabac et stress le touchent de plein fouet : 11% des Françaises victimes d’infarctus du myocarde ont moins de 50 ans ! Sans attendre, chacune peut prévenir ce fléau.

Tabac, stress, sédentarité

« Les facteurs modifiables constituent 90 % du risque d’infarctus du myocarde », avance la Pr Claire Mounier-Vehier, cardiologue au CHRU de Lille et présidente de la Fédération française de cardiologie. À commencer par l’excès de stress. Pour l’évacuer, plusieurs leviers possibles : la cohérence cardiaque (des exercices pour apprendre à contrôler sa respiration), la méditation de pleine conscience et…

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Un pas de plus vers le décodage automatique des pensées

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Un algorithme capable de saisir la pensée en temps réel... on s'en approche (Ph. Wade M via Flickr CC BY 2.0)

Un algorithme capable de saisir la pensée en temps réel… On s’en approche (Ph. Wade M via Flickr CC BY 2.0)

La technologie conquière chaque jour un peu plus de terrain sur notre esprit, notamment par sa capacité à lire dans les ondes cérébrales les contenus de pensée qu’elles charrient. Cette fois, le paramètre qui a rendu les armes c’est la vitesse : des neurologues et informaticiens de l’université de Washington ont réussi à décoder certains éléments de pensée quasiment en même temps que celles-ci se formaient dans la matière grise de volontaires à l’expérience.

Mais attention, il s’agit seulement de pensées “visuelles”, soit les informations primaires liés à la vision qui circulent dans le cortex avant même qu’elles soient saisies par la conscience et deviennent matière à réflexion. Néanmoins ces nouveaux résultats sont un très bel exploit pouvant conduire à des applications médicales auprès de patients cérébrolésés.

Des électrodes implantées dans le cerveau pour saisir les pensées

La technique utilisée est la même que pour la traduction de pensées en paroles dont nous avions parlé en juin dernier : 7 volontaires, des patients épileptiques portant déjà des électrodes implantées sur la surface de leur cerveau pour le traitement contre l’épilepsie (entre 30 et 60), se sont soumis à une expérience consistant à regarder défiler 300 images sur un écran, à raison d’une image tous les 0,4 secondes.

Un algorithme conçu par les chercheurs analysait en simultané les signaux recueillis par les électrodes pour extraire de chaque image une information visuelle particulière, ce en moins de 20 millisecondes ! C’est dans cette quasi-simultanéité que réside l’intérêt de l’expérience.

Maison, visage ou écran vide ?

Plus précisément, les signaux mesurés par l’algorithme, sur des groupes de 5 millions de neurones par électrode, étaient de deux types : les pics électriques survenant quelques millisecondes après l’apparition de l’image (“potentiels évoqués”) et la phase de relaxation de ces groupes de neurones après le pic.

Les images projetées représentaient, de manière aléatoire, des maisons,  des visages, ou encore un écran vide, l’algorithme étant conçu non pas pour pouvoir reproduire les images vues mais simplement pour savoir les classer à vitesse réelle dans l’une ou l’autre des trois catégories prédéfinies : “maison”, “visage”, “ni l’un ni l’autre”.

Apprendre à l’algorithme à réagir en 20 millisecondes

L’expérience a comporté trois séances de projection de 300 images (0,4 s par image) dont 50 maisons, 50 visages et le reste en écrans vides. Les deux premières séances ont servi à apprendre à l’algorithme à distinguer les images en fonction des ondes mesurées : une phase où chaque image portait la mention de ce qu’elle représentait, ce qui informait l’algorithme de sa catégorie.

La troisième séance présentait 300 images non annotées que l’algorithme devait alors classer en fonction des signaux cérébraux et de ce qu’il avait appris précédemment.

Un taux de réussite de 96 %

Une tâche très simple, surtout au regard de l’idéal rêvé d’une machine à lire dans les pensées, mais menée à un rythme “temps réel” (20 ms pour classer chaque image), avec un taux de réussite de 96 %.

Cela ouvre la voie à des systèmes qui à terme permettraient à un patient atteint d’une paralysie sévère incluant la parole (AVC avec aphasie, locked-in syndrome, etc.) de communiquer en temps réel via l’ordinateur par des choix visuels, sur un ensemble d’images prédéfinies pouvant exprimer chacune une intention du patient.

–Román Ikonicoff

 

> Lire aussi:

 

> Lire également dans les Grandes Archives de Science & Vie :

  • La science sait lire dans les pensées – S&V n°1098 – 2009. C’est dans la décennie 2000 que sont apparus les premiers résultats sur la reconstruction des pensées via le captage des signaux cérébraux, en particulier des images vues par l’individu.

1098

  • C’est parti pour la télépathie high-tech ! – S&V n°1054 – 2005. Il y a 10 ans déjà les premières expériences d’interface cerveau-machine permettaient d’anticiper ce que les progrès en imagerie cérébrale et en traitement statistique des signaux permettrait de faire. L’idée de communiquer ses pensées sans les vocaliser apparaissait comme l’objectif recherché.

1054

  • Cerveau : voici la première carte de nos idées – S&V n°1146 – 2013. La connaissance sur l’écosystème cérébral ne cesse de progresser, notamment grâce au mariage entre les système d’imagerie et l’analyse statistique numérique. Au point de pouvoir  tracer la carte de nos idées.

1146

 

Thérèse Hargot : "Aujourd’hui, la norme c’est le devoir de jouissance"

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Tabac, stress, sédentarité

« Les facteurs modifiables constituent 90 % du risque d’infarctus du myocarde », avance la Pr Claire Mounier-Vehier, cardiologue au CHRU de Lille et présidente de la Fédération française de cardiologie. À commencer par l’excès de stress. Pour l’évacuer, plusieurs leviers possibles : la cohérence cardiaque (des exercices pour apprendre à contrôler sa respiration), la méditation de pleine conscience et…

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