Plus un animal est petit, plus ses spermatozoïdes sont grands !

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Chez les petits mammifères, comme le tamia, les spermatozoïdes sont plus grands que chez les grands mammifères comme le cerf ou l'éléphant. - Ph. Gilles Gonthier / Flickr / CC BY 2.0

Chez les petits mammifères, comme le tamia, les spermatozoïdes sont plus grands que chez les grands mammifères comme le cerf ou l’éléphant. – Ph. Gilles Gonthier / Flickr / CC BY 2.0

Chez les mammifères, la taille du corps est inversement proportionnelle à la taille des spermatozoïdes. Ils sont plus longs chez un rongeur que chez un éléphant !
Cette bizarrerie contre-intuitive vient pourtant d’être prouvée sans équivoque par des biologistes des universités de Zurich et de Stockholm spécialisés dans l’étude de l’évolution.

Ils ont passé en revue, chez 100 espèces différentes de mammifères —des rongeurs aux carnivores, en passant par les ongulés— la taille du corps et des testicules, et l’ont comparée avec la taille et le nombre des spermatozoïdes produits par les mâles lors de l’éjaculation.

Résultat : deux tendances se dégagent en fonction de la taille des animaux. Chez ceux de petite taille, plus ils sont petits et plus leurs gamètes sont grands. Tandis que dans le sperme des animaux de grande taille, plus l’animal lui-même est grand, plus le nombre de gamètes est grand, et non leur taille.

Ainsi, un tigre aura un plus grand nombre de spermatozoïdes qu’un chat, chez qui par contre ils seront plus grands !

L’évolution des spermatozoïdes s’explique par la compétition entre mâles des mammifères

Comment peut-on expliquer ces conclusions à la lumière de l’évolution ? En d’autres termes, pourquoi la sélection naturelle a-t-elle favorisé ces deux stratégies différentes chez les mammifères petits et grands ?

Dans leur article, publié dans la revue Proceedings of the Royal Society B, Stefan Lüpold et John Fitzpatrick l’interprètent en partant de la compétition entre mâles. Lors des périodes d’accouplement, en effet, nombreuses sont les espèces de mammifères chez qui la femelle s’accouple avec plusieurs mâles à la suite.

S’installe ainsi une course entre les spermatozoïdes des divers pères en puissance pour atteindre l’ovule dans l’utérus de la femelle et le féconder. Une course qui porte le nom scientifique de “compétition spermatique”. A titre d’exemple, dans notre espèce, à peine 0,004 % des gamètes parviennent à l’utérus, c’est à dire pas plus de 250 spermatozoïdes !

Gagner la course vers l’ovule

Pour gagner la course, les petits et les grands mammifères ont pris deux directions différentes : augmenter la taille des gamètes chez les petits animaux, et augmenter leur nombre chez les grands. L’avantage des spermatozoïdes de grande taille, dotés d’un long flagelle, est qu’il sont capables de nager vite et d’atteindre rapidement l’utérus, d’autant que le chemin à parcourir est plus court si le corps de la femelle est petit.

A l’inverse, chez les espèces de grande taille, comme on ne peut augmenter indéfiniment la taille des cellules reproductives, la stratégie qui a été favorisée au cours de l’évolution est celle d’accroître le nombre de spermatozoïdes, c’est à dire leur concentration dans le sperme.

Dans le même temps, notent les chercheurs, chez les petits animaux, l’évolution a favorisé toutes sortes de formes différentes de spermatozoïdes, bien loin de celle en têtard de notre espèce : étoile, crochet… des atours qui sont autant de redoutables armes pour gagner la compétition spermatique !

—Fiorenza Gracci

 

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S&V 1112 - spermatozoide

  • Spécial sexe S&V n°1043 (2004). L’évolution des espèces a fait apparaître deux sexes, mâle et femelle. Pourquoi ? Et est-il vrai que la reproduction pourrait un jour se passer des hommes ?

S&V 1043 - sexe

 

 

 

Attentats : les réactions de vos enfants et comment y répondre

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> A lire aussi : Comment expliquer les attentats aux enfants ?

 

  • « Maman, pour Charlie, les journalistes avaient fait des dessins que les méchants n’aimaient pas, mais là, ils ont fait quoi les gens du concert et des terrasses ? »

On commence par leur dire que « Nous non plus, les adultes, on ne comprend pas ». On accepte de ne pas pouvoir donner d’explication sur les motivations. En revanche, on peut tenter d’expliquer aux enfants le lavage de cerveau subi par ces hommes. « Ils sont partis dans un autre pays, où des gens très méchants leur ont dit des choses comme : « Tous les autres gens sont vos ennemis ». On ne sait pas ce qui s’est passé dans leur tête, mais eux, ils l’ont cru et donc ils veulent tuer tout le monde ».

Quoi qu’il arrive, on contrebalance en précisant : « Mais ne t’inquiète pas, ça ne risque pas de se produire dans notre famille ou nos amis ni parmi les gens qu’on connait ». Si l’enfant se demande si lui-même pourrait devenir comme l’un de ces terroristes, sinon ça n’est pas la peine, on le rassure : « Non, toi tu ne pourrais pas devenir fou comme ça. Parce qu’on est là pour t’entourer. Et que si tu étais triste ou si tu avais des problèmes, tu sais que tu pourrais venir nous parler, ou à untel ou untel dans la famille… ». Ce qui permet d’introduire, dès 6-8 ans, l’idée qu’il aura toujours quelqu’un à qui parler autour de lui et que c’est important.

  • « Mais les méchants, ils peuvent revenir : ça va recommencer… »

Les enfants sont baignés de toute sorte d’informations, même si l’on tente de les protéger au mieux. Ils entendent des choses dans la rue, dans les médias, mais aussi à la maison, dans la cour de l’école… Il ne faut pas trop enjoliver en soutenant que « non, non, ça n’arrivera plus jamais ». Nous savons que nous ne sommes pas à l’abri. Or si ça recommençait, ce serait trop compliqué à digérer, de garder confiance dans la parole de l’adulte etc. Le plus juste est de dire quelque chose comme : « Oui, ça peut arriver de nouveau. Mais tout est mis en place pour que ça n’arrive pas. Regarde les policiers, les militaires, le monsieur qui fouille nos sacs à l’entrée du magasin… » On ajoute aussi que ça n’est pas une raison pour ne plus sortir de chez soi. On peut recourir à une comparaison plus quotidienne : « Peut-être qu’un de ces jours, il y aura un coup de vent et que le voisin va se prendre un pot de fleurs sur la tête en sortant de chez lui… Eh bien, ça n’est pas parce qu’un événement exceptionnel peut arriver, que l’on va s’arrêter de sortir de chez nous, tu ne crois pas… ? » Pour les plus petits, il ne faut pas hésiter à leur dire d’exprimer leur peur à la maitresse s’ils sentent qu’elle surgit dans la journée…

  • « Ils ont tiré avec quelles armes les terroristes ? »

Face à une situation chaotique, il peut arriver que l’enfant tente de maitriser quelque chose en se focalisant sur un détail. Quand ils ont l’habitude de jouer au policier, au gendarme et au voleur etc, d’autant plus. Il vaut mieux leur répondre la vérité : « Ils ont utilisé des kalachnikov. C’est un gros fusil, très très dangereux, qui n’est pas du tout un jeu. Ça fait beaucoup de mort, et quand on est mort, c’est pour toujours ». Si l’enfant fait le geste du fusil par exemple, c’est aussi une façon d’extérioriser. Plutôt que de lui dire que ça n’est pas le moment, mieux vaut saisir l’occasion et détourner le geste d’une certaine manière : « Je vois bien que tu essaies de comprendre ce qui s’est passé. Pour l’instant, c’est dur à expliquer même pour les adultes, mais est-ce que toi tu as peur ou besoin d’en parler ? »

  • « La minute de silence et ce que j’entends sur les gens morts, ça me donne envie de pleurer et je n’aime pas ça. »

On peut dire à l’enfant que pleurer pendant la minute de silence, ça n’est pas grave, que c’est normal, parce que tout ce qui s’est passé est horrible. On peut aussi lui dire que des adultes aussi ont pleuré ou ont eu envie de pleurer pendant ce moment spécial. Que quand on est triste, c’est important de le dire. Et qu’en fait, faire sortir cette tristesse de nous par des pleurs aide à aller mieux après. On peut aussi leur expliquer que la minute de silence et les moments de ce type signifient qu’on est tous ensemble à un même moment.

  • « Le collège, je n’y retourne pas. C’est hors de question que je sorte dans la rue. »

De nombreux adolescents ont « surréagi » à ces attentats. C’est dans la nature de cet âge. Certains ont regardé la télévision nuit et jour, tout le week-end, ont refusé de retourner au collège lundi. Ca n’est pas inquiétant tant que ça ne s’installe pas. S’ils sont restés à la maison lundi, mardi, ce serait bien qu’ils en retrouvent le chemin mercredi au plus tard. À cette période, les amis comptent plus que tout. On peut leur dire : « Il faut que tu y retournes vite, que tu ne rates pas le train. C’est important que tu vives ça avec tes amis. C’est une ambiance particulière, tu le sentiras. Ca te fera du bien de sentir que vous êtes ensemble ».