Attentats : les réactions de vos enfants et comment y répondre

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  • « Maman, pour Charlie, les journalistes avaient fait des dessins que les méchants n’aimaient pas, mais là, ils ont fait quoi les gens du concert et des terrasses ? »

On commence par leur dire que « Nous non plus, les adultes, on ne comprend pas ». On accepte de ne pas pouvoir donner d’explication sur les motivations. En revanche, on peut tenter d’expliquer aux enfants le lavage de cerveau subi par ces hommes. « Ils sont partis dans un autre pays, où des gens très méchants leur ont dit des choses comme : « Tous les autres gens sont vos ennemis ». On ne sait pas ce qui s’est passé dans leur tête, mais eux, ils l’ont cru et donc ils veulent tuer tout le monde ».

Quoi qu’il arrive, on contrebalance en précisant : « Mais ne t’inquiète pas, ça ne risque pas de se produire dans notre famille ou nos amis ni parmi les gens qu’on connait ». Si l’enfant se demande si lui-même pourrait devenir comme l’un de ces terroristes, sinon ça n’est pas la peine, on le rassure : « Non, toi tu ne pourrais pas devenir fou comme ça. Parce qu’on est là pour t’entourer. Et que si tu étais triste ou si tu avais des problèmes, tu sais que tu pourrais venir nous parler, ou à untel ou untel dans la famille… ». Ce qui permet d’introduire, dès 6-8 ans, l’idée qu’il aura toujours quelqu’un à qui parler autour de lui et que c’est important.

  • « Mais les méchants, ils peuvent revenir : ça va recommencer… »

Les enfants sont baignés de toute sorte d’informations, même si l’on tente de les protéger au mieux. Ils entendent des choses dans la rue, dans les médias, mais aussi à la maison, dans la cour de l’école… Il ne faut pas trop enjoliver en soutenant que « non, non, ça n’arrivera plus jamais ». Nous savons que nous ne sommes pas à l’abri. Or si ça recommençait, ce serait trop compliqué à digérer, de garder confiance dans la parole de l’adulte etc. Le plus juste est de dire quelque chose comme : « Oui, ça peut arriver de nouveau. Mais tout est mis en place pour que ça n’arrive pas. Regarde les policiers, les militaires, le monsieur qui fouille nos sacs à l’entrée du magasin… » On ajoute aussi que ça n’est pas une raison pour ne plus sortir de chez soi. On peut recourir à une comparaison plus quotidienne : « Peut-être qu’un de ces jours, il y aura un coup de vent et que le voisin va se prendre un pot de fleurs sur la tête en sortant de chez lui… Eh bien, ça n’est pas parce qu’un événement exceptionnel peut arriver, que l’on va s’arrêter de sortir de chez nous, tu ne crois pas… ? » Pour les plus petits, il ne faut pas hésiter à leur dire d’exprimer leur peur à la maitresse s’ils sentent qu’elle surgit dans la journée…

  • « Ils ont tiré avec quelles armes les terroristes ? »

Face à une situation chaotique, il peut arriver que l’enfant tente de maitriser quelque chose en se focalisant sur un détail. Quand ils ont l’habitude de jouer au policier, au gendarme et au voleur etc, d’autant plus. Il vaut mieux leur répondre la vérité : « Ils ont utilisé des kalachnikov. C’est un gros fusil, très très dangereux, qui n’est pas du tout un jeu. Ça fait beaucoup de mort, et quand on est mort, c’est pour toujours ». Si l’enfant fait le geste du fusil par exemple, c’est aussi une façon d’extérioriser. Plutôt que de lui dire que ça n’est pas le moment, mieux vaut saisir l’occasion et détourner le geste d’une certaine manière : « Je vois bien que tu essaies de comprendre ce qui s’est passé. Pour l’instant, c’est dur à expliquer même pour les adultes, mais est-ce que toi tu as peur ou besoin d’en parler ? »

  • « La minute de silence et ce que j’entends sur les gens morts, ça me donne envie de pleurer et je n’aime pas ça. »

On peut dire à l’enfant que pleurer pendant la minute de silence, ça n’est pas grave, que c’est normal, parce que tout ce qui s’est passé est horrible. On peut aussi lui dire que des adultes aussi ont pleuré ou ont eu envie de pleurer pendant ce moment spécial. Que quand on est triste, c’est important de le dire. Et qu’en fait, faire sortir cette tristesse de nous par des pleurs aide à aller mieux après. On peut aussi leur expliquer que la minute de silence et les moments de ce type signifient qu’on est tous ensemble à un même moment.

  • « Le collège, je n’y retourne pas. C’est hors de question que je sorte dans la rue. »

De nombreux adolescents ont « surréagi » à ces attentats. C’est dans la nature de cet âge. Certains ont regardé la télévision nuit et jour, tout le week-end, ont refusé de retourner au collège lundi. Ca n’est pas inquiétant tant que ça ne s’installe pas. S’ils sont restés à la maison lundi, mardi, ce serait bien qu’ils en retrouvent le chemin mercredi au plus tard. À cette période, les amis comptent plus que tout. On peut leur dire : « Il faut que tu y retournes vite, que tu ne rates pas le train. C’est important que tu vives ça avec tes amis. C’est une ambiance particulière, tu le sentiras. Ca te fera du bien de sentir que vous êtes ensemble ».

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