Deuil : Comment recréer du sens à partir de l’insensé

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« La mort ne peut pas être utile, ou servir. Je déteste ces mots. Pourtant, je crois que Ferdinand aurait aimé ce que l’on fait avec l’association qui porte son nom. » C’est ainsi que l’acteur Patrick Chesnais évoquait dans nos pages en 2008 son combat contre l’alcool au volant, qui causa la mort de son fils de 20 ans, passager d’un chauffard imbibé de whisky. La mort n’a pas de sens. Et quand le traumatisme surgit, avec le décès brutal d’un enfant, mais aussi d’un mari, d’une soeur, d’un parent, viennent les questions : « Pourquoi ? Pourquoi à moi ? » « En psychologie, on parle de la théorie du monde juste, note Jacques Lecomte, psychologue, président de l’Association française de psychologie positive. La plupart d’entre nous, surtout issus d’un milieu relativement protégé, croient qu’il nous arrive ce qu’on mérite. Mais voilà que…

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Renforcer son immunité avec le thym

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Aromate emblématique du bassin méditerranéen, le thym est aussi une plante médicinale importante de la pharmacopée depuis l’Antiquité. Il a traversé les siècles et est aujourd’hui utilisé en infusions en cas de rhumes, bronchites, toux et pour favoriser la digestion.

Des propriétés différentes

Il existe diverses variétés de thym dont le thym commun (Thymus vulgaris), le serpolet (Thymus serpyllum) et le thym citron (Thymus citriodorus) aux propriétés proches. Les dernières recherches valident l’action antimicrobienne de cette plante contre les bactéries impliquées dans les infections des bronches ainsi que contre la bactérie responsable des ulcères de…

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Changement de trajectoire pour la sonde New Horizons

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Après sa rencontre avec Pluton, le 14 juillet dernier, New Horizons a tourné sa caméra vers la planète naine, et l'a photographié à contre jour, révélant, éclairée par le Soleil, son atmosphère essentiellement composée d'azote. Photo Nasa.

Après sa rencontre avec Pluton, le 14 juillet dernier, New Horizons a tourné sa caméra vers la planète naine, et l’a photographiée à contre jour, révélant, éclairée par le Soleil, son atmosphère essentiellement composée d’azote. Photo Nasa.

C’est fait… Les ingénieurs du Johns Hopkins University, dans le Maryland, ont ordonné à leur sonde New Horizons de changer de trajectoire… La sonde américaine, filant à 14,5 kilomètres par seconde, soit 52 000 kilomètres heure, dans l’espace, a allumé ses moteurs 25 minutes durant, le 25 octobre, puis dix minutes encore ce 28 octobre, changeant progressivement sa direction…
En point de mire, l’astéroïde glacé 2014 MU69, situé à 1,6 milliard de kilomètres de distance de la sonde, et que New Horizons doit croiser à environ dix mille kilomètres de distance seulement, le 1 janvier 2019.

2014 MU69 est un astéroïde glacé mesurant une quarantaine de kilomètres. L’objet tourne pratiquement en rond autour du Soleil et fait partie de la Ceinture de Kuiper, où des millions d’objets identiques se sont formés, à l’origine du système solaire. Photo Nasa.

2014 MU69 est un astéroïde glacé mesurant une quarantaine de kilomètres. L’objet tourne pratiquement en rond autour du Soleil et fait partie de la Ceinture de Kuiper, où des millions d’objets identiques se sont formés, à l’origine du système solaire. Photo Nasa.

Aujourd’hui, New Horizons se trouve à un peu plus de 5 milliards de kilomètres du Soleil, et à 125 millions de kilomètres de Pluton, la sonde a donc franchi la frontière symbolique du système solaire, celle qui, depuis un siècle, était inscrite dans les encyclopédies…
Bien sûr, nous savons depuis la fin du XX e siècle que le système solaire, en réalité, s’étend bien au delà des dernières planètes « historiques » Neptune et Pluton, d’abord parce que de nombreux mondes de glace, comme 2014 MU69, Varuna, Quaoar, Eris, Makemake, Haumea, Sedna, etc, ont été découverts au delà de Pluton, ensuite parce que le simple calcul montre que l’influence du Soleil s’exerce jusqu’à une année-lumière environ, soit dix mille milliards de kilomètres…

La sonde New Horizons a révélé les paysages prodigieux de Pluton et de Charon, d'une richesse et d'une complexité qui ont stupéfié les planétologues. Sur cette image, Charon montre des terrains géologiquement jeunes, ou alternent plaines de glace piquées de cratères et failles et montagnes d'origine inconnue. Photo Nasa.

La sonde New Horizons a révélé les paysages prodigieux de Pluton et de Charon, d’une richesse et d’une complexité qui ont stupéfié les planétologues. Sur cette image, Charon montre des terrains géologiquement jeunes, où alternent plaines de glace piquées de cratères et failles et montagnes d’origine inconnue. Photo Nasa.

Il n’en reste pas moins que New Horizons, inéluctablement, sort du système solaire. La sonde américaine, en effet, a dépassé la « troisième vitesse cosmique », celle qui permet de s’arracher à la formidable attraction de notre étoile. Mais à la vitesse de 52 000 kilomètres heure, il lui faudra près de vingt deux mille ans pour atteindre l’espace intersidéral, et commencer sa longue dérive galactique…
L’espace étant essentiellement vide, il est difficile de prédire quand, et si, elle rencontrera une autre étoile et entrera dans un autre système planétaire… Un million, dix millions d’années ?

La sonde New Horizons continue à transmettre progressivement à la Terre les images qu’elle a prise durant sa traversée, à près de 50 000 km/h, du système de Pluton, le 14 juillet dernier. Voici tous les satellites de Pluton, représentés à l'échelle. Photos Nasa.

La sonde New Horizons continue à transmettre progressivement à la Terre les images qu’elle a prise durant sa traversée, à 52 000 km/h, du système de Pluton, le 14 juillet dernier. Voici tous les satellites de Pluton, représentés à l’échelle. Photos Nasa.

New Horizons n’est pas le seul robot des hommes à affronter les vagues de l’océan sidéral infini… Quatre autres sondes ont, avant elle, atteint la troisième vitesse cosmique et quittent, lentement mais sûrement, le système solaire.
Pioneer 10, qui a quitté la Terre en 1972 et se trouve aujourd’hui à 17 milliards de kilomètres de distance, Pioneer 11, qui a quitté la Terre en 1973 et se trouve à 13,8 milliards de kilomètres, Voyager 2, partie en 1977 et se situant à 16,4 milliards de kilomètres et enfin Voyager 1, qui a quitté la Terre la même année et détient le record absolu de distance : 19,9 milliards de kilomètres, soit 133 fois la distance Terre-Soleil, en cette fin d’année 2015, trente huit ans après son départ…
Serge Brunier

Deuil : Comment recréer du sens à partir de l’insensé

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« La mort ne peut pas être utile, ou servir. Je déteste ces mots. Pourtant, je crois que Ferdinand aurait aimé ce que l’on fait avec l’association qui porte son nom. » C’est ainsi que l’acteur Patrick Chesnais évoquait dans nos pages en 2008 son combat contre l’alcool au volant, qui causa la mort de son fils de 20 ans, passager d’un chauffard imbibé de whisky. La mort n’a pas de sens. Et quand le traumatisme surgit, avec le décès brutal d’un enfant, mais aussi d’un mari, d’une soeur, d’un parent, viennent les questions : « Pourquoi ? Pourquoi à moi ? » « En psychologie, on parle de la théorie du monde juste, note Jacques Lecomte, psychologue, président de l’Association française de psychologie positive. La plupart d’entre nous, surtout issus d’un milieu relativement protégé, croient qu’il nous arrive ce qu’on mérite. Mais voilà que…

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Viande et cancer : le risque était déjà connu

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Les saucisses sont définitivement classées comme cancérigènes, les entrecôtes comme "cancérigènes probables". - Ph. Southern Foodways Alliance / Flickr / CC BY 2.0

Les saucisses sont définitivement classées comme cancérigènes, les entrecôtes comme “cancérigènes probables”. – Ph. Southern Foodways Alliance / Flickr / CC BY 2.0

Il existe un lien certain entre viande transformée et cancer, et un lien probable entre viande rouge et cancer : ces conclusions, publiées le 26 octobre par la célèbre revue de cancérologie The Lancet Oncology ont suscité un tollé. Elles émanent du Centre international de recherche sur le Cancer (Circ), une agence de l’Organisation mondiale de la santé basée à Lyon.

Mais si ces résultats sont aujourd’hui présentés avec une force statistique inégalée auparavant, certains produits carnés étaient déjà connus pour augmenter le risque de certains cancers : ceux du côlon et du rectum, les portions terminales de l’intestin.

Comme Science&Vie le rapportait en 2009 (n°1100), les épidémiologistes savaient déjà que l’incidence du cancers colorectal (nombre de nouveaux cas par an) était particulièrement élevée en Australie, en Nouvelle-Zélande et aux États-Unis, des pays qui comptent de grands amateurs de viande. En France, l’incidence est de 38 000 cas par an.

Ainsi, l’Institut national du cancer (Inca) conseille déjà depuis des années de limiter la consommation de viande rouge cuite à 500 grammes par semaine (700 g avant cuisson). Ceci afin de réduire le risque de cancer colorectal qui serait augmenté de 29 % au-delà de 100 g de viande rouge par jour. Une augmentation faible (le risque individuel passe de 0,03 à 0,04 %), mais non négligeable.

Le niveau de certitude sur un cancérigène n’indique pas l’ampleur du risque

C’est là un point important pour comprendre les nouveaux résultats du Circ : celui-ci classe les facteurs de risque selon le degré de certitude sur leur effet cancérigène, et non selon le risque relatif à chaque facteur. En clair, s’il a désormais établi que les saucissons, les lardons et autres viandes transformées sont cancérigènes, et probablement aussi les entrecôtes, les gigots d’agneau et autres viandes rouges, cela ne dit rien sur le risque que chacun de ces aliments fait courir à la personne qui les mange.

Autrement dit, les viandes transformées sont désormais classées dans le “groupe 1″ du Circ, comprenant tous les facteurs dont il est avéré qu’ils sont cancérigènes, comme l’alcool, le tabac et les radiations ultraviolettes. Les viandes rouges sont, elles, classées “groupe 2A”, comme la friture ou l’insecticide Roundup. Mais cela ne veut pas dire que tous ces facteurs présentent le même risque pour la santé !

Les experts du Circ ont conclu que chaque portion de 50 grammes de viande transformée consommée quotidiennement accroît le risque de cancer colorectal de 18%, tandis que 100 grammes de viande rouge augmentent ce risque de 17 %. Pour comparaison, un fumeur multiplie par 10 à 15 son risque de développer un cancer du poumon.

Viande rouge = cancer colorectal ? Plusieurs hypothèses

Le lien de cause à effet de la consommation de viande rouge au cancer colorectal n’est cependant pas clair. Plusieurs hypothèses sont avancées par les chercheurs, sans qu’aucune ne soit vraiment convaincante.

Contrairement aux autres aliments, la viande rouge contient du fer sous forme dite héminique, c’est-à-dire emprisonné dans l’hémoglobine et la myoglobine (protéines du sang et du muscle). Or, une fois ingéré, ce fer héminique libère des radicaux libres capables de léser l’ADN… au point de provoquer ainsi la prolifération des cellules caractéristiques du cancer ? Ce n’est pas cliniquement démontré.

La faute au fer, au gras, à la cuisson ?

Certains spécialistes ont suivi une autre piste : ils soulignent que le gras, particulièrement abondant dans la viande rouge, nécessite, pour être digéré, une forte sécrétion d’acides biliaires qui s’avèrent agressifs pour le côlon. Mais plusieurs études ont démontré qu’un régime pauvre en graisse ne réduit pas le risque de tumeurs intestinales…

Faut-il alors incriminer la cuisson ? De fait, exception faite du tartare et du carpaccio, la viande rouge est souvent cuite. Qu’on la prépare saignante, à point, ou bien cuite, c’est le mode de cuisson qui est en cause. A très haute température ou sur une flamme nue, il se produit une réaction entre les protéines animales et la créatine, une molécule dérivée d’un acide aminé contenu dans le muscle.

Résultat : la viande cuite contient des amines hétérocycliques réputées cancérigènes. Le “grillé”, lui, n’est pas en reste puisqu’il est composé d’hydrocarbures aromatiques polycycliques eux aussi cancérigènes. Cependant, le poulet grillé et les céréales, qui ne sont pas associés à un risque accru de cancer, contiennent plus de ces amines hétérocycliques que la viande rouge cuite !

A la recherche des mécanismes biologiques

Comme pour les graisses, l’hypothèse de la cuisson ne peut donc pas expliquer à elle seule le lien entre la consommation de viande rouge et le cancer colorectal.

Sans mécanisme bien identifié, ce lien reste donc une question en suspens pour la science. Même la définition de la viande rouge n’est pas unanime : pour le Circ, ce terme regroupe les viandes de bœuf et de veau, de porc, de mouton et d’agneau, de chèvre, de cheval. Mais en France, on l’utilise seulement pour celles de bœuf, d’agneau et de viande de cheval.

En revanche, le doute n’est plus permis pour la viande transformée, du bacon aux saucisses en passant par le jambon.

La solution ? Si des prétendus régimes “anticancer” (voir archives) connaissent un certain succès, la science ne soutient pas leur efficacité. Le vrai bon conseil, lui, est toujours le même : modérer sa consommation de viande, et adopter une alimentation variée.

—F.G., M.Cy.

D’après S&V n°1100

 

> Lire aussi:

 

> Lire également dans les Grandes Archives de S&V :

  • Alimentation : enquête sur les nouveaux interditsS&V n°1158 (2014). Avec les progrès de la recherche médicale, de plus en plus d’études démontrent les bienfaits ou les inconvénients d’aliments pour lesquels jusqu’à récemment on ne se posait pas de questions. Un point sur ces nouveaux dogmes et interdits alimentaires.

1158

S&V 1145 - cancerigene Circ

  • Régimes anticancer : peut-on y croire ? S&V n°1120 (2011). Algues marines, choux, curcuma figurent au menu de régimes qui censés protéger du cancer. Problème : leurs prétendus effets bénéfiques ne sont tirés que de recherches isolées. Insuffisant.

S&V 1120 - regimes anticancer

 

Mururoa – La vie doit beaucoup au hasard

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Image ouverture sujet - Vie doit bcp au hasard

Nous vous proposons de découvrir dans ce document sonore l’article « Mururoa – La vie doit beaucoup au hasard », un article de Simon Devos, paru dans Science & Vie n°1177 (Octobre 2015).

NOUVEAU : Vous pouvez désormais retrouver les articles de Science & Vie « A voix haute » – Science & Vie en podcast sur iTunes, téléchargeable pour iPhone, iPad, iPod Touch ou tout autre périphérique compatible avec les podcasts.

Retrouvez l’intégralité de cet article dans les Grandes Archives de Science&Vie.

Comment notre corps se réchauffe-t-il quand il fait froid ?

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Face au froid, la thermorégulation implique une réponse de la circulation, du métabolisme, et du cerveau. - Ph. Ktoine / Flickr / CC BY SA 2.0

Face au froid, la thermorégulation implique une réponse de la circulation, du métabolisme, et du cerveau. – Ph. Ktoine / Flickr / CC BY SA 2.0

C’est le moins qu’on puisse dire : notre corps n’aime pas les variations de température. Il met tout en œuvre pour se maintenir à 37 °C, par un ensemble de mécanismes de thermorégulation. S’il est face à une baisse du thermomètre, il riposte au moindre signe de refroidissement.

Aussi, quand la protection assurée par les tissus adipeux de la peau ne suffit plus, des contre-mesures se mettent en place, dont les frissons. Ces contractions musculaires sont déclenchées dans le cerveau par l’hypothalamus (le centre de contrôle de notre température interne). Conséquence : l’énergie musculaire est transformée en chaleur, et la température remonte.

Les vaisseaux sanguins redirigent la circulation

Simultanément, le métabolisme s’adapte et l’organisme augmente sa consommation de glucose et sa production d’ATP (adénosine triphosphate), molécules pourvoyeuses d’énergie. Enfin, pour éviter une grande perte de chaleur quand le sang passe près de l’air ambiant, le diamètre des capillaires de la peau diminue.

Ces petits vaisseaux se contractent, renvoyant le sang vers les gros vaisseaux plus profonds et les organes internes (foie, intestins, cœur), ce qui accroît la couche de protection entre le milieu extérieur et la masse sanguine.

Parfois, en conditions de froid extrême, les réponses physiologiques n’y suffisent pas : sous les 35 °C de température corporelle, on rentre en hypothermie, mais la situation ne devient critique pour la survie qu’au-dessous de 30 °C.

A quoi est due la “morsure” du froid?

Il arrive  que la baisse de température puisse aller jusqu’à faire mal. Il aura fallu attendre 2007 pour comprendre pourquoi le froid intense est si “piquant” et identifier le coupable : un type particulier de canaux sodiques, nommé NaV1.

Les canaux sodiques sont des protéines dites “transmembranaires”, qui traversent la membrane des neurones sensoriels. En laissant passer des ions sodium, elles produisent un signal nerveux qui sera propagé jusqu’au cerveau. Or, les NAV1 sont uniquement situées sur les terminaisons nerveuses sensibles à la douleur, appelés nocicepteurs, notamment de la peau.

En conditions normales, elles sont peu activées, contrairement aux autres canaux sodiques qui s’ouvrent et se ferment pour enclencher le signal nerveux. Mais dès que la température diminue fortement, les rôles s’inversent et les NaV1 s’activent, transmettant alors un signal de douleur au cerveau.

G.K. et K.J.

D’après S&V Questions Réponses n°14

 

  • Vive les cellules graisseuses !S&V n°1165 (2014). De la régulation de l’appétit à celle de la température, en passant par les défenses immunitaires, le tissu adipeux est bien plus qu’une simple réserve d’énergie.

S&V 1165 - graisse

  • Quand l’homme dépasse ses limites S&V n°929 (1995). A travers les océans et les Pôles, certains réalisent des exploits d’endurance en repoussant les limites de l’organisme. Face au froid, à la faim, à la mer… comment réagit le corps humain ?

S&V 929 - limites froid

 

Courir procure les mêmes effets que le cannabis, affirme une étude.

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Tous drogués ? (Ph. Elvert Barnes Via Flickr CC BY 2.0)

Tous drogués ? (Ph. Elvert Barnes Via Flickr CC BY 2.0)

S’entraîner à la course est bien meilleur que consommer du cannabis. Mais il n’empêche que les deux activités auraient beaucoup en commun, selon une nouvelle étude effectuée chez les souris – dont on sait par ailleurs qu’elles constituent un modèle très proche de celui des humains.

Si l’on savait depuis longtemps que faire du sport déclenche les endorphines, en particulier la course de fond, les chercheurs montrent que finalement ces endorphines ne participent pas (ou peu) à l’”ivresse du coureur” : ce sont les endocannabinoïdes qui lui procurent ce sentiment de bien-être.

 Euphorie du coureur et cannabis

Ceux qui pratiquent la course – mais cela vaut sûrement pour les autres sports d’endurance – connaissent cet effet “second souffle” où tout à coup les douleurs et lourdeurs physiques s’estompent et où l’esprit connaît un moment de plénitude et d’euphorie.

L’effet, qui peut intervenir durant l’effort où après son arrêt, est notamment lié à l’invasion du cerveau par des substances qu’il sécrète. Et jusque-là l’on évoquait le rôle des “endorphines” dans ce processus, soit la production au niveau cérébral de molécules opioïdes, les mêmes que celles de l’opium.

Mais la nouvelle étude bat en brèche cette affirmation pour démontrer que l’effet est plutôt du type cannabis, du moins chez la souris : la course déclencherait la production des mêmes neurotransmetteurs qui apparaissent lorsqu’on fume de la marijuana, en particulier un “endocannabinoïde” nommé anandamide (contraction de “ananda”, signifiant béatitude en sanskrit, et “amide”, signalant la forme moléculaire de la substance).

Des souris coureuses

Pour démontrer cela, les chercheurs ont entrainé à la course 234 souris mâles et les ont testé pendant plusieurs semaines, à raison de 10 à 12 souris par jour en moyenne, pour une série de tests (chacun répété plusieurs fois avec différents groupes de souris).

La première expérience, avec 32 souris, visait à tester leur comportement : les 3 premiers jours, toutes les souris ont été enfermées dans une cage avec une roue tournante afin de les familiariser avec l’exercice. Laissées libres de leurs choix, elles ont en moyenne couru 5,4 km/jour.

Puis les chercheurs ont bloqué les roues pendant 2 jours, pour les faire récupérer, et ont scindé le groupe en deux : le 6e jour, seules 16 souris ont pu bénéficier d’un déblocage de la roue pendant 5 heures – et elles s’y sont données à cœur joie. Les autres n’ont pas pu courir.

Le test de la boite sombre-lumineuse

C’est alors que les chercheurs ont soumis l’ensemble à deux tests dont on sait qu’ils permettent d’évaluer chez la souris l’anxiété (ou stress) et la douleur ressentie : l’expérience de la boite sombre-brillante et celle de la plaque chauffante.

La première est un montage où deux boites, l’une obscure l’autre exposée à la lumière, communiquent par une ouverture. Il a été démontré qu’une souris placée dans un tel environnement inhabituel tend naturellement à se réfugier dans l’obscurité : ses incursions du coté lumineux sont d’autant plus nombreuses que son niveau d’anxiété est élevé. Or les souris joggeuses ont par ce biais montré que leur anxiété était moindre.

Le test sur plaque chauffante

Le deuxième test, celui de la plaque chauffante (à 53 °C), mesure la sensibilité à la douleur : et encore une fois, les souris sportives réagissaient moins violemment (temps de latence entre l’immobilité et les mouvement réactifs) que les autres.

Ces tests ont été répétés ensuite mais cette fois en mesurant les taux d’endocannabinoïdes et d’endorphines dans le sang des souris. Puis avec des inhibiteurs de ces substances. Puis enfin (pour confirmer les résultats) avec des souris modifiées génétiquement afin de ne pas produire d’endocannabinoïdes.

Mettre en lumière le rôle du système endocannabinoïde

Dans chaque test, les chercheurs ont constaté que le taux d’endorphines dans le sang n’influe pas sur l’anxiété ni la sensibilité à la douleur, ce qu’ils expliquent par le fait que ces molécules sécrétées dans le sang ne peuvent traverser la barrière encéphalique et donc atteindre le cerveau.

En revanche, ils ont montré qu’il y a un lien fort entre le taux de molécules du système endocannabinoïde, qui passent la barrière, et le comportement moins anxieux et sensible à la douleur des souris coureuses.

L’étude a ainsi permis de relativiser l’effet des endorphines et, au contraire, mettre en avant l’importance du système endocannabinoïde dans les effets ressentis par les joggeurs – et, supposent-ils, pour tout un ensemble de sports d’endurance. Mais bien sûr cela ne signifie pas qu’il faut compenser le manque de course par du cannabis (l’inverse étant .

Román Ikonicoff

 

> Lire aussi :

 

> Lire également dans les Grandes Archives de Science & Vie :

  • Et l’intelligence humaine vint aux souris – S&V n°1148 – 2013. Les souris sont les animaux préférés des chercheurs, car sur de nombreux aspects biologiques, leur fonctionnement ressemble au nôtre. Mais de là à essayer de les doper aux neurones humaines, il n’y a qu’un pas… que les chercheurs ont franchi.

1148

  • Cinq sports sur ordonnance – S&V n°1152 – 2013. Manger sain n’est pas, loin s’en faut, la seule façon de garder la forme. Toutes les études montrent que le sport est l’un des facteurs essentiels de l’amélioration de la santé.

1152

  • Incroyables neurones – S&V n°1141, 2012. Bien plus qu’on ne le pensait, le fonctionnement de notre cerveau repose sur ce qui se passe à l’intérieur de ses plus petites composantes, les neurones.

S&V 1141 - couv