Interview : Ugo Bellagamba présente les Utopiales – La SF fait son festival à Nantes

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Le festival des Utopiales se déroule du 29 octobre au 2 novembre à la Cité des congrès de Nantes - Crédit : Manchu

Le festival des Utopiales se déroule du 29 octobre au 2 novembre à la Cité des congrès de Nantes – Ph. © Manchu

À la Cité des congrès de Nantes, la science prend par la main l’imaginaire des visiteurs, pour quatre jours de cinéma, de littérature, d’expositions, de jeux et d’ateliers : c’est la seizième édition des Utopiales.

Cette année, le festival de science-fiction aborde le thème des Réalité(s), autrement dit la réalité et ses alternatives, vues sous le prisme de disciplines aussi différentes que l’astrophysique ou la psychologie. Son délégué artistique, l’auteur Ugo Bellagamba, nous en parle.

“La science n’occulte pas l’imaginaire”

S&V : Comment la science et la fiction peuvent-elles éclairer les “Réalité(s)” ?

Ugo Bellagamba : “La science occupe une place centrale dans notre démarche. Mais elle n’occulte pas l’imaginaire. Nous allons ainsi explorer, lors de nos tables rondes, comment l’état des connaissances actuelles nous renseigne sur l’existence de réalités alternatives et nourrit cet imaginaire. Par exemple, les astrophysiciens vont nous parler des univers parallèles, qui sont envisagés aujourd’hui comme un exercice de la pensée.

Nous pouvons aussi rêver à d’autres sociétés, car il n’existe pas qu’une seule société possible. Grâce à l’utopie, on est encouragé à en imaginer des alternatives, fondées sur des constructions différentes. De même que la psychologie, en explorant nos mondes intérieurs et imaginaires, montre que notre regard sur le réel n’es pas le même pour tout le monde. Chacun vit dans sa réalité et la projette sur le réel.”

Deux grandes scènes de débat seront consacrées aux tables rondes sur le thème des Réalité(s) aux Utopiales 2015. - Ph. © Ludovic Failler

Deux grandes scènes de débat seront consacrées aux tables rondes sur le thème des Réalité(s) aux Utopiales 2015. – Ph. © Ludovic Failler

S&V : Quel est le rôle de la technologie dans la construction des alternatives à la réalité ?

U.B. : “Elle est à la base d’une autre forme d’alternative : celle des réalités augmentées, à la frontière entre réel et virtuel. Ce sera un sujet de premier plan dans nos tables rondes. Car si l’un des grands thèmes de la science-fiction est, depuis des années, de savoir si le virtuel va remplacer le réel, actuellement on observe que les nouvelles générations adoptent les deux et naviguent de l’une à l’autre avec aisance. Le virtuel agrémente le réel.

Ainsi, le mouvement cyberpunk, porteur de la crainte que l’humanité évolue vers une vie en réseau, entièrement dépendante des machines, est désormais dépassé. À preuve que nos inquiétudes ne sont que transitoires.”

S&V : Quels sont les moments à ne pas rater cette année aux Utopiales ?

U.B. : “Le célèbre auteur Robert Silverberg va explorer avec nous le thème de l’uchronie (réécriture de l’Histoire, ndlr), au cœur de son œuvre. Chi Ta-Wei, un écrivain taïwanais dont les romans tournent autour de l’identité génétique, sera “l’étrange rencontre du festival”. Nous célébrerons aussi, dans le domaine de la bande dessinée, les vingt ans de Série B, le label de BD de genre sous lequel ont été publiés plus de 200 titres à succès depuis 1995.

Côté cinéma, nous hébergerons cette année une très belle compétition de courts-métrages, ainsi que 7 longs-métrages, dont le documentaire “Moonwalkers” (d’Antoine Bardou-Jacquet) présenté en avant-première. Il nous plonge dans la théorie du complot qui voudrait que l’homme n’ait jamais mis réellement le pied sur la Lune. Flamboyant de fantaisie, le film “Baahubali” (de S.S. Rajamouli), surnommé le “Seigneur des anneaux indien” est également très attendu.

Et pour les enfants, les Utopiales prévoient des ateliers pratiques : programmation du robot NAO, exposition de milliers de pièces de Lego pour construire des vaisseaux spatiaux. À la fin du festival, ils seront tous suspendus au plafond de la Cité des congrès.

—Propos recueillis par Fiorenza Gracci

 

> Pour en savoir plus : http://www.utopiales.org/

> Lire aussi dans les Grandes Archives de S&V :

  • Les animaux du futur S&V n°1175 (2015). Invités des Utopiales, Marc Boulay et Jean-Sébastien Steyer décrivent à quoi ressembleront, dans 10 millions d’années, les animaux peuplant un Terre sans humains… d’après leur modèle informatique.

S&V 1175 - animaux du futur

  • Voir plus ? Les secrets des lunettes connectéesS&V n°1154 (2013). C’est l’outil par excellence qui promet de faire entrer la réalité augmentée dans notre quotidien. Les “Google Glass” déclencheront-elles la révolution annoncée ? Quels effets ont-elles sur notre cerveau ?

S&V 1154 lunettes connectées

  • Les premiers signes de l’au-delàS&V n°1134 (2012). Le satellite Planck concrétise la possibilité de capter des signes du cosmos d’avant le big bang. Certains de ces signes pointent l’existence d’univers parallèles…

S&V 1134 - signes au dela


J’habite chez ma fille

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Une délicate odeur de légumes embaume la cuisine. Un tablier autour de la taille, Paule, 74 ans, saupoudre une pincée de sel dans la marmite fumante. « Voilà, c’est prêt ! », lance-t-elle en déposant son velouté de poireaux au milieu de la table. Suzanne, sa mère, se régale : « C’est bon comme la soupe au lait que faisait cuire autrefois grand-mère dans la cheminée… » Et de déballer, dans une longue tirade, des souvenirs de son enfance entre Ligugé et Arcachon. « À 98 ans, maman est un livre ouvert dans lequel je réapprends chaque jour à lire », commente Paule dans un sourire. Voilà bientôt un an que cette ancienne assistante maternelle, installée dans une petite maison à Saint-Grégoire, près de Rennes, accueille sa mère sous son toit. « Quand mon…

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Deuil : Comment recréer du sens à partir de l’insensé

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« La mort ne peut pas être utile, ou servir. Je déteste ces mots. Pourtant, je crois que Ferdinand aurait aimé ce que l’on fait avec l’association qui porte son nom. » C’est ainsi que l’acteur Patrick Chesnais évoquait dans nos pages en 2008 son combat contre l’alcool au volant, qui causa la mort de son fils de 20 ans, passager d’un chauffard imbibé de whisky. La mort n’a pas de sens. Et quand le traumatisme surgit, avec le décès brutal d’un enfant, mais aussi d’un mari, d’une soeur, d’un parent, viennent les questions : « Pourquoi ? Pourquoi à moi ? » « En psychologie, on parle de la théorie du monde juste, note Jacques Lecomte, psychologue, président de l’Association française de psychologie positive. La plupart d’entre nous, surtout issus d’un milieu relativement protégé, croient qu’il nous arrive ce qu’on mérite. Mais voilà que…

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Renforcer son immunité avec le thym

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Aromate emblématique du bassin méditerranéen, le thym est aussi une plante médicinale importante de la pharmacopée depuis l’Antiquité. Il a traversé les siècles et est aujourd’hui utilisé en infusions en cas de rhumes, bronchites, toux et pour favoriser la digestion.

Des propriétés différentes

Il existe diverses variétés de thym dont le thym commun (Thymus vulgaris), le serpolet (Thymus serpyllum) et le thym citron (Thymus citriodorus) aux propriétés proches. Les dernières recherches valident l’action antimicrobienne de cette plante contre les bactéries impliquées dans les infections des bronches ainsi que contre la bactérie responsable des ulcères de…

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Changement de trajectoire pour la sonde New Horizons

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Après sa rencontre avec Pluton, le 14 juillet dernier, New Horizons a tourné sa caméra vers la planète naine, et l'a photographié à contre jour, révélant, éclairée par le Soleil, son atmosphère essentiellement composée d'azote. Photo Nasa.

Après sa rencontre avec Pluton, le 14 juillet dernier, New Horizons a tourné sa caméra vers la planète naine, et l’a photographiée à contre jour, révélant, éclairée par le Soleil, son atmosphère essentiellement composée d’azote. Photo Nasa.

C’est fait… Les ingénieurs du Johns Hopkins University, dans le Maryland, ont ordonné à leur sonde New Horizons de changer de trajectoire… La sonde américaine, filant à 14,5 kilomètres par seconde, soit 52 000 kilomètres heure, dans l’espace, a allumé ses moteurs 25 minutes durant, le 25 octobre, puis dix minutes encore ce 28 octobre, changeant progressivement sa direction…
En point de mire, l’astéroïde glacé 2014 MU69, situé à 1,6 milliard de kilomètres de distance de la sonde, et que New Horizons doit croiser à environ dix mille kilomètres de distance seulement, le 1 janvier 2019.

2014 MU69 est un astéroïde glacé mesurant une quarantaine de kilomètres. L’objet tourne pratiquement en rond autour du Soleil et fait partie de la Ceinture de Kuiper, où des millions d’objets identiques se sont formés, à l’origine du système solaire. Photo Nasa.

2014 MU69 est un astéroïde glacé mesurant une quarantaine de kilomètres. L’objet tourne pratiquement en rond autour du Soleil et fait partie de la Ceinture de Kuiper, où des millions d’objets identiques se sont formés, à l’origine du système solaire. Photo Nasa.

Aujourd’hui, New Horizons se trouve à un peu plus de 5 milliards de kilomètres du Soleil, et à 125 millions de kilomètres de Pluton, la sonde a donc franchi la frontière symbolique du système solaire, celle qui, depuis un siècle, était inscrite dans les encyclopédies…
Bien sûr, nous savons depuis la fin du XX e siècle que le système solaire, en réalité, s’étend bien au delà des dernières planètes « historiques » Neptune et Pluton, d’abord parce que de nombreux mondes de glace, comme 2014 MU69, Varuna, Quaoar, Eris, Makemake, Haumea, Sedna, etc, ont été découverts au delà de Pluton, ensuite parce que le simple calcul montre que l’influence du Soleil s’exerce jusqu’à une année-lumière environ, soit dix mille milliards de kilomètres…

La sonde New Horizons a révélé les paysages prodigieux de Pluton et de Charon, d'une richesse et d'une complexité qui ont stupéfié les planétologues. Sur cette image, Charon montre des terrains géologiquement jeunes, ou alternent plaines de glace piquées de cratères et failles et montagnes d'origine inconnue. Photo Nasa.

La sonde New Horizons a révélé les paysages prodigieux de Pluton et de Charon, d’une richesse et d’une complexité qui ont stupéfié les planétologues. Sur cette image, Charon montre des terrains géologiquement jeunes, où alternent plaines de glace piquées de cratères et failles et montagnes d’origine inconnue. Photo Nasa.

Il n’en reste pas moins que New Horizons, inéluctablement, sort du système solaire. La sonde américaine, en effet, a dépassé la « troisième vitesse cosmique », celle qui permet de s’arracher à la formidable attraction de notre étoile. Mais à la vitesse de 52 000 kilomètres heure, il lui faudra près de vingt deux mille ans pour atteindre l’espace intersidéral, et commencer sa longue dérive galactique…
L’espace étant essentiellement vide, il est difficile de prédire quand, et si, elle rencontrera une autre étoile et entrera dans un autre système planétaire… Un million, dix millions d’années ?

La sonde New Horizons continue à transmettre progressivement à la Terre les images qu’elle a prise durant sa traversée, à près de 50 000 km/h, du système de Pluton, le 14 juillet dernier. Voici tous les satellites de Pluton, représentés à l'échelle. Photos Nasa.

La sonde New Horizons continue à transmettre progressivement à la Terre les images qu’elle a prise durant sa traversée, à 52 000 km/h, du système de Pluton, le 14 juillet dernier. Voici tous les satellites de Pluton, représentés à l’échelle. Photos Nasa.

New Horizons n’est pas le seul robot des hommes à affronter les vagues de l’océan sidéral infini… Quatre autres sondes ont, avant elle, atteint la troisième vitesse cosmique et quittent, lentement mais sûrement, le système solaire.
Pioneer 10, qui a quitté la Terre en 1972 et se trouve aujourd’hui à 17 milliards de kilomètres de distance, Pioneer 11, qui a quitté la Terre en 1973 et se trouve à 13,8 milliards de kilomètres, Voyager 2, partie en 1977 et se situant à 16,4 milliards de kilomètres et enfin Voyager 1, qui a quitté la Terre la même année et détient le record absolu de distance : 19,9 milliards de kilomètres, soit 133 fois la distance Terre-Soleil, en cette fin d’année 2015, trente huit ans après son départ…
Serge Brunier

Deuil : Comment recréer du sens à partir de l’insensé

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« La mort ne peut pas être utile, ou servir. Je déteste ces mots. Pourtant, je crois que Ferdinand aurait aimé ce que l’on fait avec l’association qui porte son nom. » C’est ainsi que l’acteur Patrick Chesnais évoquait dans nos pages en 2008 son combat contre l’alcool au volant, qui causa la mort de son fils de 20 ans, passager d’un chauffard imbibé de whisky. La mort n’a pas de sens. Et quand le traumatisme surgit, avec le décès brutal d’un enfant, mais aussi d’un mari, d’une soeur, d’un parent, viennent les questions : « Pourquoi ? Pourquoi à moi ? » « En psychologie, on parle de la théorie du monde juste, note Jacques Lecomte, psychologue, président de l’Association française de psychologie positive. La plupart d’entre nous, surtout issus d’un milieu relativement protégé, croient qu’il nous arrive ce qu’on mérite. Mais voilà que…

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