Pourquoi, à un certain âge, les enfants demandent-ils toujours “pourquoi ?” ?

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La phase du "Pourquoi?"  permet à l'enfant de se familiariser avec la causalité du monde (Ph. Steve C via Flickr CC BY 2.0).

La phase du “Pourquoi?” permet à l’enfant de se familiariser avec la causalité du monde (Ph. Steve C via Flickr CC BY 2.0).

La question intéresse depuis long­temps psychologues et chercheurs en sciences cognitives sans qu’ils soient parvenus à lui apporter une réponse claire. Dans les années 1950, le psychologue suisse Jean Piaget pensait que l’apparition de ce questionnement aux alentours de 3 à 5 ans était liée au dévelop­pement à la fois biologique et psychologique de l’enfant, et serait un moyen d’adaptation au monde et aux autres.

Aujourd’hui, les psychologues y voient le signe d’une révolution intellectuelle majeure de l’enfant lorsqu’il découvre la richesse de la forme narrative du langage.

Entre 3 et 5 ans l’enfant élabore sa pensée causale

Selon Jerome Bruner (psychologue américain, chercheur à la New York University), l’enfant restructure sa pensée par le langage, et plus encore par le récit. C’est pourquoi, après s’être approprié un répertoire sémantique et lexical important (“Comment ça s’appelle ?”), l’enfant s’oriente vers le “pourquoi ?”. Il se bâtit ainsi des modèles de pensée, explore la logique, approfondit la causalité, se construisant une vision du monde…

En même temps, la multiplication des “pourquoi ?” est une sorte de jeu où la capacité de l’adulte à expliquer le monde est mise au défi, laissant apparaître les limites de son savoir. Il s’agirait donc d’élaborer sa propre pensée en interaction avec autrui. Le pourquoi fournit à la fois une connaissance et un échange affectif.

Des petits scientifiques

Jusqu’à ce que les pourquoi se raréfient, quand l’enfant prend conscience que tout n’est pas explicable, ou qu’il peut trouver les réponses par lui-même. Pour Alison Gopnik (psychologue à l’université de Berkeley, en Californie), les enfants sont des petits scientifiques qui exploitent les corrélations entre phénomènes pour chercher eux-mêmes des explications causales.

E.Z.

 

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Un nouveau vaccin contre le sida débute les tests sur l’homme

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Un lymphocyte T infecté (en rose) libère des virus du sida (en vert) - Ph. CDC/ C. Goldsmith, P. Feorino, E. L. Palmer, W. R. McManus / Wikimedia Commons / domaine public

Un lymphocyte T infecté (en rose) libère des virions, de petits virus du sida (en vert) – Ph. CDC/ C. Goldsmith, P. Feorino, E. L. Palmer, W. R. McManus / Wikimedia Commons / domaine public

Voilà quinze ans que l’équipe de Robert Gallo s’emploie à la mise au point d’un vaccin d’un nouveau genre contre le VIH. Il aura fallu autant à ce pionnier de la recherche sur le sida pour obtenir les meilleurs résultats possibles sur les singes, avant passer aux tests sur l’homme.

En 1984, trois ans après le début de l’épidémie de cet étrange syndrome appelé sida, le californien Robert Gallo s’était fait connaître par quatre articles pionniers dans la revue Science, où il prouvait que la maladie était due à un virus appelé VIH. Il s’agissait du virus identifié un an plus tôt à Paris par Luc Montaigner, Françoise Barré-Sinoussi et Jean-Claude Chermann de l’Institut Pasteur (dont les deux premiers furent récompensés du prix Nobel de médecine en 2008).

A présent, âgé de 78 ans, Robert Gallo dirige l’Institute of Human Virology (IHV, basée au Maryland, États-Unis). C’est là que son équipe a élaboré le vaccin qui s’apprête à être testé sur l’homme pour la première fois. Sur 60 volontaires sains, l’essai évaluera si le vaccin est bien toléré et s’il déclenche une bonne réaction immunitaire. Si et seulement si tout se passe bien, l’étude clinique passera aux étapes suivantes, à savoir évaluer l’efficacité du vaccin contre l’infection au VIH, le virus responsable du sida dans notre espèce.

Aucun vaccin contre le VIH n’a passé les tests sur l’homme jusqu’à présent

Alors que plus de 100 candidats vaccins ont déjà tenté de passer ce tout premier stade de la recherche clinique, pour l’instant aucun d’entre eux n’a abouti à un produit suffisamment efficace sur notre espèce. En février dernier, Science&Vie annonçait qu’un candidat vaccin était efficace sur toutes les souches du VIH… chez le singe !

Mais le vaccin proposé par l’équipe de Gallo semble prometteur : il adopte une stratégie d’un type nouveau, mise au point à grand renfort d’ingénierie génétique, en partenariat avec l’entreprise de biotechnologies Profectus Bioscience (une spin-off de l’IHV).

Le vaccin vise à attaquer la glycoprotéine gp120, présente à la surface du virus du sida. - Ph. atropos235 / Wikimedia Commons / CC BY 2.5

Le vaccin vise à attaquer la glycoprotéine gp120, présente à la surface du virus du sida. – Ph. atropos235 / Wikimedia Commons / CC BY 2.5

Détecter le virus du sida avant qu’il ne s’accroche aux cellules immunitaires

Cette stratégie consiste à faire en sorte que le système immunitaire attaque le virus avant qu’il ne pénètre dans les lymphocytes T, qui sont les globules blancs censés anéantir les virus. Car une fois le VIH à l’intérieur de ceux-ci, c’est trop tard : ils les prend en otage pour se reproduire, avant de les détruire, mettant par là même KO le système immunitaire.

Ainsi, le vaccin consiste en une molécule présente à la surface du VIH, appelée gp120 (une glycoprotéine), qu’il utilise pour se lier au récepteur CD4 à la surface des lymphocytes T. Cet accrochage est crucial dans l’infection au VIH : il entraîne une “transition” de la gp120 qui finit par exposer sa partie cachée, qui lui servira à contacter un autre site d’attache de la cellule, le récepteur CCR5. Une fois ce deuxième accrochage établi, il n’y a plus rien à faire. Le virus infecte irrémédiablement le globule blanc.

Sauf si le système immunitaire a été entraîné en amont, grâce au vaccin en question, à attaquer la glycoprotéine gp120 dès qu’elle s’accroche au CD4. C’est pourquoi les immunologues ont modifié génétiquement la gp120 de leur vaccin pour qu’elle s’accroche seulement à une portion du CD4, laissant le temps aux défenses immunitaires humaines de la reconnaître et de développer des anticorps contre elle. Ainsi, en cas de contact avec le virus, les globules blancs apprendraient à attaquer la gp120 avant qu’elle rentre en transition et qu’elle finalise l’infection des cellules.

Recherche à suivre…

—Fiorenza Gracci

 

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  • Guérir du sida – S&V n°1135- 2012. En 2012, un homme infecté par le VIH a guéri grâce à une greffe de moelle osseuse. Un cas qui laisse entrevoir la possible défaite de cette maladie d’ici quelques années.

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  • Cela fait 30 ans… L’épidémie de sida – S&V n°1125 (2011). Exactement trente ans après l’apparition de cette nouvelle maladie, le point sur le nombre de victimes, le nombre d’infectés et les nouvelles voies de traitement.

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  • 25 ans et toujours pas de vaccin – S&V n°1093 (2008). La recherche doit-elle changer d’approche ? Oui, avance Pierre Sonigo, généticien expert du virus : il faut viser la prévention.

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  • 15 ans de sida – S&V n°943 (1996). La recherche est sur tous les fronts : diagnostics, trithérapies, thérapie génique… mais l’espoir d’un vaccin semble s’éloigner.

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