Deux milliards de personnes souffrent d’une carence alimentaire ou « faim invisible »

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La faim invisible toucherait 2 milliards de personnes (Ph. Feed My Starving Children via Flickr BY CC 2.0)

La pénurie en vitamines et minéraux essentiels a des effets à long terme sur la santé (Ph. Feed My Starving Children via Flickr BY CC 2.0)

 

Un rapport publié lundi dernier dévoile l’existence d’une forme de malnutrition ou « faim invisible » – des carences en zinc, fer, iode, vitamine A, etc. – qui grève l’espérance de vie de plus de deux milliards de personnes et freine les capacités de développement des pays concernés. Le rapport sur la Faim globale 2014 de l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (International Food Policy Research Institute ou IFPRI), situé à Washington (États-Unis), souligne que cette faim invisible – car non prise en compte dans l’estimation usuelle du taux de sous-alimentation des populations-, mesurée en déficit du nombre de calories consommées par jour, devrait être intégrée au débat sur la lutte contre la famine et la malnutrition.

Le calcul usuel de la famine dans le monde montre que celle-ci a diminué de 39% depuis 1990 (taux corrigé en fonction de l’augmentation de la population mondiale). Selon l’IFPRI, c’est encourageant : l’évolution se rapproche ainsi des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD, Millennium Development Goals) établis en 2000 par 193 États et 23 organisations internationales qui ciblaient une diminution de 50% entre 1990 et 2015. Mais d’une part, il reste encore 805 millions de personnes soufrant de la faim au sens classique du terme (données FAO), d’autre part, et surtout, 2 milliards de personnes, soit 2,5 fois plus, soufrent d’une « déficience de micronutriments », principalement en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud.

La faim invisible a des effets sur la santé et sur l’économie

« Cette pénurie en vitamines [surtout A] et minéraux essentiels [comme le zinc, le fer et l'iode], écrivent les auteurs du rapport, peut avoir à long terme des effets irréversibles sur la santé et des conséquences socio-économiques pouvant éroder le bien-être et le développement d’une personne. En affectant la productivité des personnes, elle peut également gréver les économies des pays. » Des effets inobservables à court terme mais qui agissent sur la mortalité maternelle et infantile, sur les déficiences du système immunitaire, sur les capacités physiques et sur les facultés intellectuelles. D’un point de vue économique, la faim invisible peut coûter à un pays entre 0,7 et 2 points de PIB.

Le paradoxe, souligne encore le rapport, est que la Révolution verte des années 1960-1990 a fait baisser « les prix de féculents par rapport aux prix de produits alimentaires non essentiels [mais] riches en micronutriments, comme les légumes et les légumineuses [...] rendant les aliments riches en micronutriments moins attrayant pour les populations pauvres. » Néanmoins, les experts de l’IFPRI ont quelque idée de solution, dont l’intégration des micronutriments par les industriels dans la phase de transformation des aliments, le « bio-renforcement » consistant à créer par la génétique des aliments plus riches en micronutriments, etc. Et le rapport de conclure : « L’élimination de la faim invisible ne sera pas facile. Il y a des défis à relever. Mais si suffisamment de ressources sont allouées, si les bonnes politiques sont développées, et les bons investissements réalisés, ces défis peuvent être surmontés. »

R.I.

> Lire également dans les Grandes Archives de S&V :

S&V1145

S&V1060

  • Nourrir le monde – rêve du XXIè. Siècle – S&V n° 987- A l’orée du 21e siècle, S&V s’interrogeait sur les moyens futurs pour assurer l’alimentation des milliards d’êtres humains, après la réussite de la Révolution verte des années 1960-1990. Le défi semblait déjà difficile.

S&V987

 

 

 

Deux milliards de personnes soufrent d’une carence alimentaire ou « faim invisible »

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La faim invisible toucherait 2 milliards de personnes (Ph. Feed My Starving Children via Flickr BY CC 2.0)

La pénurie en vitamines et minéraux essentiels a des effets à long terme sur la santé (Ph. Feed My Starving Children via Flickr BY CC 2.0)

 

Un rapport publié lundi dernier dévoile l’existence d’une forme de malnutrition ou « faim invisible » – des carences en zinc, fer, iode, vitamine A, etc. – qui grève l’espérance de vie de plus de deux milliards de personnes et freine les capacités de développement des pays concernés. Le rapport sur la Faim globale 2014 de l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (International Food Policy Research Institute ou IFPRI), situé à Washington (États-Unis), souligne que cette faim invisible – car non prise en compte dans l’estimation usuelle du taux de sous-alimentation des populations-, mesurée en déficit du nombre de calories consommées par jour, devrait être intégrée au débat sur la lutte contre la famine et la malnutrition.

Le calcul usuel de la famine dans le monde montre que celle-ci a diminué de 39% depuis 1990 (taux corrigé en fonction de l’augmentation de la population mondiale). Selon l’IFPRI, c’est encourageant : l’évolution se rapproche ainsi des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD, Millennium Development Goals) établis en 2000 par 193 États et 23 organisations internationales qui ciblaient une diminution de 50% entre 1990 et 2015. Mais d’une part, il reste encore 805 millions de personnes soufrant de la faim au sens classique du terme (données FAO), d’autre part, et surtout, 2 milliards de personnes, soit 2,5 fois plus, soufrent d’une « déficience de micronutriments », principalement en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud.

La faim invisible a des effets sur la santé et sur l’économie

« Cette pénurie en vitamines [surtout A] et minéraux essentiels [comme le zinc, le fer et l'iode], écrivent les auteurs du rapport, peut avoir à long terme des effets irréversibles sur la santé et des conséquences socio-économiques pouvant éroder le bien-être et le développement d’une personne. En affectant la productivité des personnes, elle peut également gréver les économies des pays. » Des effets inobservables à court terme mais qui agissent sur la mortalité maternelle et infantile, sur les déficiences du système immunitaire, sur les capacités physiques et sur les facultés intellectuelles. D’un point de vue économique, la faim invisible peut coûter à un pays entre 0,7 et 2 points de PIB.

Le paradoxe, souligne encore le rapport, est que la Révolution verte des années 1960-1990 a fait baisser « les prix de féculents par rapport aux prix de produits alimentaires non essentiels [mais] riches en micronutriments, comme les légumes et les légumineuses [...] rendant les aliments riches en micronutriments moins attrayant pour les populations pauvres. » Néanmoins, les experts de l’IFPRI ont quelque idée de solution, dont l’intégration des micronutriments par les industriels dans la phase de transformation des aliments, le « bio-renforcement » consistant à créer par la génétique des aliments plus riches en micronutriments, etc. Et le rapport de conclure : « L’élimination de la faim invisible ne sera pas facile. Il y a des défis à relever. Mais si suffisamment de ressources sont allouées, si les bonnes politiques sont développées, et les bons investissements réalisés, ces défis peuvent être surmontés. »

R.I.

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  • Nourrir le monde – rêve du XXIè. Siècle – S&V n° 987- A l’orée du 21e siècle, S&V s’interrogeait sur les moyens futurs pour assurer l’alimentation des milliards d’êtres humains, après la réussite de la Révolution verte des années 1960-1990. Le défi semblait déjà difficile.

S&V987

 

 

 

Deux milliards de personnes soufrent d’une carence alimentaire ou « faim invisible« 

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La faim invisible toucherait 2 milliards de personnes (Ph. Feed My Starving Children via Flickr BY CC 2.0)

La pénurie en vitamines et minéraux essentiels a des effets à long terme sur la santé (Ph. Feed My Starving Children via Flickr BY CC 2.0)

 

Un rapport publié lundi dernier dévoile l’existence d’une forme de malnutrition ou « faim invisible » – des carences en zinc, fer, iode, vitamine A, etc. – qui grève l’espérance de vie de plus de deux milliards de personnes et freine les capacités de développement des pays concernés. Le rapport sur la Faim globale 2014 de l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (International Food Policy Research Institute ou IFPRI), situé à Washington (États-Unis), souligne que cette faim invisible – car non prise en compte dans l’estimation usuelle du taux de sous-alimentation des populations-, mesurée en déficit du nombre de calories consommées par jour, devrait être intégrée au débat sur la lutte contre la famine et la malnutrition.

Le calcul usuel de la famine dans le monde montre que celle-ci a diminué de 39% depuis 1990 (taux corrigé en fonction de l’augmentation de la population mondiale). Selon l’IFPRI, c’est encourageant : l’évolution se rapproche ainsi des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD, Millennium Development Goals) établis en 2000 par 193 États et 23 organisations internationales qui ciblaient une diminution de 50% entre 1990 et 2015. Mais d’une part, il reste encore 805 millions de personnes soufrant de la faim au sens classique du terme (données FAO), d’autre part, et surtout, 2 milliards de personnes, soit 2,5 fois plus, soufrent d’une « déficience de micronutriments », principalement en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud.

La faim invisible a des effets sur la santé et sur l’économie

« Cette pénurie en vitamines [surtout A] et minéraux essentiels [comme le zinc, le fer et l'iode], écrivent les auteurs du rapport, peut avoir à long terme des effets irréversibles sur la santé et des conséquences socio-économiques pouvant éroder le bien-être et le développement d’une personne. En affectant la productivité des personnes, elle peut également gréver les économies des pays. » Des effets inobservables à court terme mais qui agissent sur la mortalité maternelle et infantile, sur les déficiences du système immunitaire, sur les capacités physiques et sur les facultés intellectuelles. D’un point de vue économique, la faim invisible peut coûter à un pays entre 0,7 et 2 points de PIB.

Le paradoxe, souligne encore le rapport, est que la Révolution verte des années 1960-1990 a fait baisser « les prix de féculents par rapport aux prix de produits alimentaires non essentiels [mais] riches en micronutriments, comme les légumes et les légumineuses [...] rendant les aliments riches en micronutriments moins attrayant pour les populations pauvres. » Néanmoins, les experts de l’IFPRI ont quelque idée de solution, dont l’intégration des micronutriments par les industriels dans la phase de transformation des aliments, le « bio-renforcement » consistant à créer par la génétique des aliments plus riches en micronutriments, etc. Et le rapport de conclure : « L’élimination de la faim invisible ne sera pas facile. Il y a des défis à relever. Mais si suffisamment de ressources sont allouées, si les bonnes politiques sont développées, et les bons investissements réalisés, ces défis peuvent être surmontés. »

R.I.

> Lire également dans les Grandes Archives de S&V :

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  • Nourrir le monde – rêve du XXIè. Siècle – S&V n° 987- A l’orée du 21e siècle, S&V s’interrogeait sur les moyens futurs pour assurer l’alimentation des milliards d’êtres humains, après la réussite de la Révolution verte des années 1960-1990. Le défi semblait déjà difficile.

S&V987

 

 

 

Mission Rosetta : voici ce qui attend Philaé…

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La plaine où doit atterrir le module Philaé mesure environ 500 mètres de diamètre. Sur cette image, les plus petits rochers mesurent environ un mètre. Photo ESA.

La plaine où doit atterrir le module Philaé mesure environ 500 mètres de diamètre. Sur cette image, les plus petits rochers mesurent environ un mètre. Photo ESA.

La sonde Rosetta se trouve désormais à 8 kilomètres de la surface de la comète Churyumov-Gerasimenko, et à 480 millions de kilomètres de la Terre. Dans moins d’un mois, Rosetta doit éjecter son module Philaé, lequel doit se poser à la surface de la comète. Du jamais vu, du jamais fait. C’est donc le 12 novembre, d’après l’Agence spatiale européenne, que la mission Philaé doit commencer. L’image qui ouvre ce billet montre la région choisie pour l’atterrissage, une « plaine » de glace de quelques hectares, relativement uniforme, dénuée de reliefs trop importants. Des blocs de glace, des failles, parsèment la surface, dont personne d’ailleurs ne connaît la résistance, la solidité. Rarement dans une mission spatiale, les scientifiques auront ainsi littéralement sauté dans l’inconnu.
Philaé, l’atterrisseur de Rosetta, est une grosse boîte recouverte de panneaux solaires, et mesurant environ un mètre. Sa masse avoisine 100 kg. Problème, sur la comète Churyumov-Gerasimenko, son poids ne dépassera pas… un gramme !

La plaine où doit se poser le module Philaé se trouve en haut de l'image, sur cette photographie de la comète Churyumov-Gerasimenko prise par la sonde Rosetta. Photo ESA.

La plaine où doit se poser le module Philaé se trouve en haut de l’image, sur cette photographie de la comète Churyumov-Gerasimenko prise par la sonde Rosetta. Photo ESA.

Parvenir à poser cet engin sur un astre au champ gravitationnel aussi faible est forcément une gageure… Pour pallier, au mieux, à toutes les surprises, Philaé a été équipé d’un système d’atterrissage multiple. Un train d’atterrissage arachnéen, à trois pieds, munis d’amortisseurs, pour éviter au module de rebondir et repartir dans l’espace. Plus un petit système propulsif, pour plaquer Philaé au sol. Plus un système de harpons, pour tenter de l’arrimer dans la glace de la comète… Enfin, si Philaé se pose de guingois, le système d’atterrissage est réglable, un peu comme le trépied d’un appareil photo…
Philaé doit être largué à une vingtaine de kilomètres d’altitude, et doit se diriger, à la vitesse de 2,8 kilomètres/heure, vers la surface, qu’elle doit atteindre 7 heures plus tard. Le vol sera automatique, ainsi que l’atterrissage, Rosetta et Philaé se trouvant à trop grande distance pour être pilotées en temps réel : un aller-retour des communications entre la Terre et Rosetta, dure, à la vitesse de la lumière, près d’une heure.

Cet énorme iceberg posé à la surface de Churyumov-Gerasimenko, baptisé Cheops par les scientifiques européens, mesure 45 mètres de diamètre. Pourtant, il pèse moins de 100 kg dans le champ de pesanteur de la comète ! Photo ESA.

Cet énorme iceberg posé à la surface de Churyumov-Gerasimenko, baptisé Cheops par les scientifiques européens, mesure 45 mètres de diamètre. Pourtant, il pèse moins de 100 kg dans le champ de pesanteur de la comète ! Photo ESA.

Si tout se passe bien, une fois au sol, Philaé prendra une image panoramique du paysage de la comète Churyumov-Gerasimenko, puis commencera à analyser la glace et la poussière de la comète, demeurées peut-être inchangées depuis l’origine du système solaire. Philaé peut « tenir » sur ses batteries quatre jours environ, puis, si les panneaux solaires parviennent à les recharger, des mois, peut-être, avant que l’environnement de la comète, de plus en plus active puisque s’approchant du Soleil, ne finisse par engloutir le courageux petit module, ambassadeur des Terriens, ou le recouvrir de glace voire l’expulser dans l’espace…
Serge Brunier

17 milliards d’euros perdus dans les embouteillages en France en 2013

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Les automobilistes français sont ceux qui perdent le plus de temps dans les embouteillages (Ph. Frédéric Bisson via Flickr CC BY 2.0)

Les automobilistes français sont ceux qui perdent le plus de temps dans les embouteillages (Ph. Frédéric Bisson via Flickr CC BY 2.0)

Le chiffre décoiffe : en 2013, les Français auraient gaspillé 17 milliards d’euros en carburant, en usure précoce des voitures, en heures perdues de travail, etc. dans leurs immenses embouteillages, soit en moyenne 1943 euros par foyer. En termes de temps perdu, les embouteillages ont ainsi amputé en moyenne 135 heures et 48 minutes à chaque conducteur… Et cela pourrait s’aggraver fortement dans les deux décennies à venir : en 2030, la facture s’élèverait à 22 milliards d’euros (une augmentation de 31 %), avec un temps perdu annuel pour les automobilistes de 143 heures et 36 minutes – le plus fort taux européen. Du moins, c’est ce qui ressort d’une étude prospective réalisée conjointement par le premier fournisseur mondial d’informations routières en ligne, l’américain INRIX, et la société britannique de consulting économique Centre for Economics and Business Research.

Les deux entreprises ont ainsi établi les coûts de la congestion automobile en 2013 et procédé à une projection à l’horizon 2030 sur quatre pays, les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne, pris comme représentatifs des économies occidentales. Ils ont également « zoomé » sur quatre villes particulières, les plus congestionnées de chaque pays : Los Angeles, Londres, Paris et Stuttgart. Brassant des myriades de données, l’étude dresse finalement un tableau actuel et futur à faire froid dans le dos.

3 400 milliards d’euros perdus dans les embouteillages d’ici à 2030.

D’ici à 2030, les embouteillages couteront 3 400 milliards d’euros aux économies occidentales. Le coût des embouteillages augmentera le plus fortement au Royaume-Unis (+63 %) et aux États-Unis (+50 %), la France et l’Allemagne restant dans un modeste +31 %. En ce qui concerne les villes, Londres verra le coût des embouteillages grimper de 71 % (de 6,5 milliards à 11,2 milliards d’euros), suivi par Los Angeles avec un augmentation de 65 % (de 17,8 Mds à 29,5 Mds), puis Paris : +60 % (9 Mds à 14,4 Mds), et enfin Stuttgart : +34 % (2,5 Mds à 3,2 Mds). Signalons que les automobilistes français sont et resteront ceux qui perdent le plus de temps dans les embouteillages – 135,8 heures en 2013 et 143,6 heures prévues en 2030.

Pour le calcul de l’impact économique des embouteillages en 2013, l’étude prend en compte des coûts directs comme le carburant gaspillé en immobilisation, l’usure des voitures et la productivité perdue d’employés bloqués dans le trafic. Mais elle considère aussi des coûts indirects comme l’augmentation du prix de produits de consommation due au temps de transport accru entre le lieu de production et celui de la mise en vente.

Un calcul sur une myriade de données difficile à confirmer

Et pour faire la projection à 2030, les paramètres considérés sont nombreux  : la croissance du PIB, par exemple 25% de croissance en France en 17 ans, l’évolution du taux de possession d’un véhicule, supposée passer en France de 30,8 millions de véhicules à 35 millions, la croissance de la population, de 64 millions à 72 millions en France, etc. Le tout sous l’hypothèse d’un retour de la croissance dans les économies occidentales, sans rupture technologique ni écologique ni historique – comme une guerre ou une catastrophe globale. Bien que les deux sociétés responsables du rapport soient rompues à l’analyse de flux gigantesques d’informations (ou Big data) et à l’interprétation prospective des résultats, ces derniers sont difficiles à confirmer à cause de l’aspect massif du calcul. Aussi la projection 2030 devrait être plutôt vue comme une alerte pour aujourd’hui que comme une véritable prophétie.

R.I.

> Lire également dans les Grandes Archives de S&V :

  • La physique se mêle des embouteillages – S&V n°1091 – Face au fléau des embouteillages, tous les moyens sont bons. Par exemple, la physique, habituée à modéliser des systèmes complexes à milliards de particules, permet de traiter le problème globalement afin de chercher comment fluidifier le trafic.

S&V1091

S&V1016

  • Villes : plans de déplacements sans voitures – S&V n° 962 – En 1997, la France pensais avoir atteint le point de saturation. Et l’on explorait la possibilité de généraliser la « ville sans voiture ». Le défi demeure plus que jamais d’actualité.

S&V962

 

 

 

Alcool chez les jeunes : le « binge drinking » pourraît être sanctionné

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Un adolescent sur deux pratique le "binge drinking" en France / Ph. Marnie Joyce via Flickr CC BY SA 2.0

Un adolescent sur deux pratique le « binge drinking » en France / Ph. Marnie Joyce via Flickr CC BY SA 2.0

Une mesure inédite pour s’attaquer au problème de l’alcool chez les jeunes a été proposée par la ministre Marisol Touraine, dans le cadre la loi santé qu’elle présente aujourd’hui. Le « binge drinking », consommation accélérée d’alcool dans le but d’atteindre rapidement l’ivresse, devrait être lourdement sanctionné, par des amendes pouvant aller jusqu’à 15 000 euros, et un an d’emprisonnement. Et plus généralement, l’incitation à la consommation excessive d’alcool pourrait également être punie par la loi, qui est toutefois encore loin d’être approuvée. Il faudra attendre début 2015 pour que les députés examinent le texte.

Le « binge drinking » est en effet devenu un problème de santé publique important, sachant qu’il concerne un jeune de 17 ans sur deux en France. La France fait d’ailleurs toujours partie des pays où la consommation d’alcool par personne est la plus élevée parmi les membres de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) : tous âges et sexes confondus, chaque français boit 12,3 litres d’alcool pur par an, la moyenne européenne étant de 10,85 litres.

20 000 décès prématurés sont provoqués par l’alcool chaque année

Conséquence triste mais inévitable, environ 50 000 décès sont imputables à l’alcool chaque année dans l’Hexagone, dont 20 000 surviennent avant l’âge de 65 ans. Ils sont dus principalement aux maladies cardiovasculaires, à divers cancers (foie, oesophage, sein…) ainsi qu’aux cirrhoses et autres maladies digestives – en plus des accidents qui surviennent suite à la prise d’alcool.

Certes, d’après le dernier rapport de l’INPES (Institut national de prévention et d’éducation sur la santé) sur la question, publié en novembre dernier, les français boivent globalement moins qu’auparavant. Mais les occasions de consommation « excessive » – établie à plus de 5 verres bus en une même occasion – augmentent, elles, presque partout en France. Ainsi, la prévention vis-à-vis des risques de l’alcool est devenue un volet incontournable de la loi de santé à venir.

F.G.

> Lire aussi dans les Grandes Archives de S&V :

S&V 1156 alcool

S&V 1076 dépendance

  • L’alcoolisme, une toxicomanie nationale – Alors que l’alcool est assimilé à une drogue toxique depuis 1998, la tradition de le consommer pour le plaisir complique les politiques de prévention. – S&V n°1019

S&V 1019 alcoolisme

 

 

En direct du système solaire

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Ce paysage de science-fiction, c'est la surface de la comète Churyumov-Gerasimenko, photographiée par la sonde Rosetta. Les plus petits blocs de glace visibles sur ce monde minuscule mesurent moins de deux mètres. Photo ESA.

Ce paysage de science-fiction, c’est la surface de la comète Churyumov-Gerasimenko, photographiée par la sonde Rosetta. Les plus petits blocs de glace visibles sur ce monde minuscule mesurent moins de deux mètres. Photo ESA.

Aujourd’hui, une vingtaine d’engins spatiaux arpentent les mondes du système solaire, ou glissent silencieusement dans l’espace interplanétaire… Des sondes sont satellisées autour du Soleil, de Mercure, de Vénus, de la Lune, de Mars, de Saturne, d’une comète, tandis que deux autres foncent vers des planètes naines et qu’enfin, deux sondes continuent à émettre loin derrière les huit planètes de notre étoile.

Un impressionnant autoportrait de Rosetta devant sa comète... Photo ESA.

Un impressionnant autoportrait de Rosetta devant sa comète… Photo ESA.

La sonde européenne Rosetta s’approche de plus en plus de la comète Churyumov-Gerasimenko. C’est à une quinzaine de kilomètres de distance que Rosetta a pris cette image vertigineuse voici quelques jours. Dans les semaines qui viennent, la sonde va continuer son approche, pour se satelliser, probablement, entre 5 et 8 kilomètres d’altitude. Puis, dans moins d’un mois si tout va bien, elle larguera son module Philaé… L’atterrissage du module désormais prévu le 12 novembre.

La planète Mars, photographiée par la sonde indienne Mangalyaan. Photo ISRO.

La planète Mars, photographiée par la sonde indienne Mangalyaan. Photo ISRO.

C’est un très grand succès que connaît l’Inde spatiale avec sa sonde Mangalyaan, encore appelée Mars Orbiter Mission. En effet, l’Inde est la quatrième puissance spatiale à réussir une mission martienne, après les États-Unis, l’Europe et l’Union Soviétique. Mangalyaan a quitté la Terre en novembre 2013 et se trouve désormais en orbite martienne. De là, elle commence à étudier la planète rouge. Parmi ses premières images, un portrait de Mars où apparaît le cratère Gale, où se trouve la sonde américaine Curiosity…

Au centre exact de cette image prise par la sonde Mangalyaan, le cratère Gale, où se trouve la sonde Curiosity. Photo ISRO.

Au centre exact de cette image prise par la sonde Mangalyaan, le cratère Gale, où se trouve la sonde Curiosity. Photo ISRO.

Les sondes martiennes, qu’elles se trouvent au sol, comme les américaines Opportunity et Curiosity, ou en orbite, comme l’européenne Mars Express, l’indienne Mars Orbiter Mission ou les américaines Mars Reconnaissance Orbiter, Mars Odyssey et Maven, attendent désormais le passage dans le ciel de Mars de la comète Siding Spring le 19 octobre 2014… Le passage de la comète sera extraordinairement proche : moins de 150 000 kilomètres, soit moins de la moitié de la distance Terre-Lune ! Les ingénieurs américains, européens et indiens vont tenter de photographier la comète avec leurs différentes sondes, tout en croisant les doigts pour que l’impact de poussières ne les endommagent pas…
Serge Brunier

Le gendarme de la sûreté nucléaire en France délivre sa première sanction

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centrale nucléaire de Golfech (Ph. hebdromadaires via Flickr CC BY 2.0)

centrale nucléaire de Golfech (Ph. hebdromadaires via Flickr CC BY 2.0)

Pour la première fois depuis sa création, l’Autorité (indépendante) de sûreté nucléaire, ou ASN, a sanctionné une entreprise du secteur nucléaire pour défaut de sûreté dans ses installations. Le sanctionné est Cis bio international qui produit des éléments radioactifs pour le secteur médical, principalement de l’iode radioactif pour des examens biologiques et des traitements contre le cancer. Celui-ci a vu 480 000 euros, soit 1% de son chiffre d’affaires, consigné en attente de la réalisation d’un système automatique d’extinction d’incendies dans son usine à Saclay (Essonne). Une consignation « répondant du montant des travaux à réaliser dans l’une des ailes du bâtiment pour se conformer à des prescriptions de réduction du risque d’incendie, indique l’ASN. En effet, un incendie dans cette usine est susceptible de provoquer des rejets radioactifs accidentels. »

L’acte de l’ASN peut sembler bien modeste eu égard à l’immense problème de sécurisation des sites nucléaires français. Mais il dénote un changement de ton et d’attitude de l’État face au risque nucléaire, consécutif à la catastrophe de Fukushima en 2011. Suivant peut-être le principe selon lequel les petits ruisseaux font les grands fleuves, l’ASN a monté une première marche. Il lui reste a gravir l’Everest : la sécurisation de toutes les installations nucléaires, surtout les 58 réacteurs qui produisent 80% de l’électricité française (400 milliards de kWh) et le site de retraitement des combustibles radioactifs de La Hague (Manche).

 Un changement de point de vue sur le nucléaire depuis la catastrophe de Fukushima

Un parc qui fait de la France le deuxième pays au monde derrière les États-Unis à développer une telle  puissance électrique d’origine nucléaire, et dont le coût estimé  de rénovation et sécurisation se chiffre à plus de 50 milliards d’euros selon EDF d’ici 2025. Est-ce dire que nos installations nucléaires sont devenues soudainement obsolètes et dangereuses alors que jusqu’ici le discours officiel était plutôt rassurant ?

Il s’agit plutôt d’un changement de point de vue : en repassant le film de ces 40 dernières années au filtre de la catastrophe de Fukushima, les officiels ont réalisé que la France a frôlé la catastrophe au moins cinq fois, en dépits des calculs théoriques qui situent le risque d’accident nucléaire en France à 1 accident par 100 000 ans. D’où une véritable prise de conscience par les autorités françaises de leur aveuglement antérieur et de l’impréparation aussi bien technique que logistique (gestion des populations) face à un évènement aussi « impossible » que le fut l’explosion des réacteurs de la centrale de Fukushima.

R.I.

> Pour en savoir plus : 

Autorité de sûreté nucléaire : Rapport annuel 2013 (avril 2014).

> Lire aussi dans les Grandes Archives :

S&V1164

S&V1158

S&V1124

 

 

 

 

 

Chikungunya : la Polynésie française touchée par l’épidémie pour la première fois

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Aedes albopictus, le moustique tigre, transmet plusieurs arboviroses comme la dengue ou le chikungunya / Ph. Kari Salomon via Flickr - CC BY SA 2.0

Aedes albopictus, le moustique tigre, transmet plusieurs arboviroses comme la dengue ou le chikungunya / Ph. Kari Salomon via Flickr – CC BY SA 2.0

Le virus du chikungunya a atteint pour la première fois l’île de Tahiti, comme l’a annoncé la présidence de la Polynésie française vendredi. Habituellement, cette fièvre transmise par le moustique tigre sévit aux Antilles, mais cette année l’épidémie a traversé les mers. Fin décembre 2013, le virus se répandait pour la première fois sur la Guyane française, sur le continent sud-américain, où il a déjà touché plus de 3200 personnes. A présent, elle a pris pied sur l’île de Tahiti, où une patiente revenant de Guadeloupe avait été diagnostiquée en mai dernier.

Si l’épidémie se répand sur de nouveaux territoires, c’est sans doute du fait de son caractère particulièrement virulent cette année. En témoignent les données de l’Institut national de veille sanitaire : cet été, l’alerte maximale a été déclenchée, alors que l’épidémie a explosé en Martinique et en Guadeloupe, à Saint Martin et Saint Barthélémy, où 150 000 personnes au total ont été atteintes à ce jour.

Le seul moyen de lutte contre le chikungunya : l’éradication du moustique tigre

A Tahiti, sur les nombreux patients atteints de fièvre qui ont consulté un médecin, quinze cas de chikungunya ont été confirmés dans les laboratoires de l’Institut Louis Malardé, à Papeete. Ils se concentrent, pour l’instant, dans le Sud de l’île. Dimanche, au petit matin, les opérations de fumigation ont débuté dans les zones touchées par le virus. Objectif : éliminer le moustique tigre (Aedes albopictus), le vecteur de la maladie. C’est là le seul moyen de lutte possible, étant donné qu’aucun médicament ni vaccin spécifique n’existent pour attaquer le virus.

Le moustique tigre inquiète depuis longtemps les autorités sanitaires. Depuis qu’il s’est installé en France métropolitaine, où il est devenu endémique de 18 départements du sud de la France, le risque existe que les virus tropicaux qu’il est susceptible de transporter (dengue, zika, chikungunya) ne s’y installent aussi. Si le moustique pique un patient porteur de l’un de ces virus, il peut en effet le transmettre à une deuxième personne. Ainsi, quatre cas autochtones de dengue ont été recensés cette année en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Mais en ce qui concerne le chikungunya, les 349 cas identifiés sont tous importés d’Outre-mer, il n’y a donc pas eu de contamination sur place.

F.G.

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Moustiques, enfin inoffensifs? S&V 1124

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Le projet d’écotaxe pour les poids lourds est définitivement abandonné

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Un portique qui devait être destiné au prélevement de l'écotaxe dans le Morbihan / Ph. XIIIfromTokyo via Wikimedia commons - CC BY SA 3.0

Un portique qui devait être destiné au prélevement de l’écotaxe dans le Morbihan / Ph. XIIIfromTokyo via Wikimedia commons – CC BY SA 3.0

Les poids lourds qui sillonnent les routes nationales françaises ne devront verser aucun péage. La ministre de l’écologie Ségolène Royal l’a annoncé jeudi, suite à l’opposition manifestée par les transporteurs routiers au cours des dernières semaines.

Destiné, à l’origine, à financer l’entretien des routes françaises et le développement de systèmes de transport alternatifs moins polluants, le dispositif de « taxation kilométrique des poids lourds », ou écotaxe, devait entrer en vigueur le 1er janvier 2015.

Il avait déjà été revu à la baisse au printemps dernier, lors des vives contestations par le mouvement connu sous le nom des « bonnets rouges » : initialement prévu pour concerner 15 000 kilomètres de routes et rapporter un milliard d’euros aux caisses de l’Etat, le nouveau dispositif, rebaptisé « péage poids lourds », devait concerner 4000 km de routes, pour des recettes de 450 millions d’euros environ. Mais cette fois, c’est sa disparition pure et simple qui actée.

Le manque à gagner de l’écotaxe sera probablement comblé par une hausse de la taxation du diesel

Autant de fonds qui ne pourront pas être investis dans des travaux destinés à lutter contre la pollution de l’air, regrettent les milieux écologistes.  A commencer par le développement du transport sur rail, qui étaiten effet l’un des projets phare du Grenelle de l’environnement, le plan gouvernemental établi en 2007 visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Pour compenser ce manque à gagner, le gouvernement envisage d’augmenter de deux centimes les taxes sur le gazole, le carburant qui alimente les poids lourds, mais aussi près de 80 % des voitures immatriculées en 2013 en France. Ce projet de taxation du diesel est lui aussi sur la table des politiques depuis quelques temps, suite à la prise de conscience que l’ »exception française » en matière de carburant comporte des risques écologiques et sanitaires liés à leur plus grande émission de particules fines, dangereuses pour la santé.

F.G.

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  •  La bataille du rail  – C’est en créant un nouvel équilibre entre le rail et la route que l’Europe sortira de ce grand embouteillage de fin de siècle – S&V n°921

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