Echec du lancement de deux satellites Galileo : le rapport de la commission d’enquête

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Les systèmes de positionnement par satellite sont devenus indispensables (Ph. Aveynin via Flickr CC BY 2.0)

L’Europe attend son propre système de positionnement par satellite, concurrent du GPS (Ph. Aveynin via Flickr CC BY 2.0)

La commission d’enquête indépendante sur l’incident ayant conduit le 22 août dernier à la perte de deux satellites du système de navigation Galileo, le « GPS européen », a rendu son verdict : c’est la fusée (lanceur) Soyouz, plus précisément son troisième étage, qui a mal fonctionné, larguant les deux satellites Sat-5 et Sat-6 sur une orbite erronée. La cause est entendue puisqu’elle a été validée par les Russes et les Européens : le constructeur du troisième étage de la fusée, la société NPO Lavotchkin, a eu la malencontreuse idée de fixer sur un même bloc les tuyères du système de propulsion à l’hydrazine, chaud, et celles du système de refroidissement à l’hélium. La poussée des moteurs n’a donc pas eu l’efficacité voulue et les deux satellites se sont retrouvés sur une orbite elliptique à 17 000 km d’altitude au lieu de l’orbite circulaire à 23 000 km d’altitude prévue. En pure perte.

Une erreur à 150 millions d’euros qui prive momentanément l’Europe de son cinquième et sixième satellites d’une constellation qui devrait au final en compter 27, assurant son indépendance vis-à-vis du système GPS américain et du système GLONASS russe. Avec cette nouvelle déconvenue, le programme Galileo, financé par la Commission européenne, prend encore du retard alors que dans le cahier des charges initial, établi en 1999, il devait être opérationnel en 2010 pour un coût de l’ordre de 3 milliards d’euros. Aujourd’hui, la fin du programme est repoussée à 2019 et son budget est estimé à quelque 5 milliards d’euros.

Le programme Galileo demeure viable techniquement et commercialement

Mais si Galileo traine avec lui une mauvaise réputation, à cause des retards à l’allumage dus à d’interminables négociations entre Etats membres et avec les Etats-Unis, cet incident ne remet pas en cause sa viabilité ni son intérêt : prévu pour un usage strictement civil – contrairement au GPS qui se décline aussi dans une version militaire – il devrait être techniquement et commercialement une réussite. Avec un pouvoir de résolution de l’ordre de la dizaine de mètres (gratuit) voire du mètre (payant), alors que le système américain réserve ce service aux militaires, il pourrait engranger quelque 250 milliards d’euros de bénéfice, une fois totalement opérationnel. De quoi faire oublier (dans 10 ans) les 2 milliards d’euros de dépassement de budget.

Mais pour l’heure, les questions sont pragmatiques : comment remplacer les deux satellites perdus ? L’une des options serait de lancer rapidement deux nouveaux satellites du programme, l’Europe ayant prévu dès le départ d’en construire 3 supplémentaires pour pallier aux risques de ratés. L’autre option serait l’achat de satellites à des sociétés de l’internet. Car, ironie de l’affaire, Sat-5 et Sat-6 n’étaient pas assurés auprès de compagnies privées.

R.I.

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  • GPS : comment ça marche – S&V n°1053 – Comment peut-on localiser à un mètre près, en longitude, latitude et altitude, tout instrument portant un « GPS » ? Grâce à Einstein et aux satellites.

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Les prix Nobel de médecine, de physique et de chimie 2014

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L'Académie royale des sciences de Suède, qui décerne les prix Nobel de Physique et de Chimie / Ph. Dontworry via Wikimedia Commons, CC BY SA 2.5

L’Académie royale des sciences de Suède, qui décerne les prix Nobel de Physique et de Chimie / Ph. Dontworry via Wikimedia Commons, CC BY SA 2.5

Cette semaine, les lauréats des prix Nobel 2014 sont dévoilés à Stockholm. Décernés à la mémoire d’Alfred Nobel, l’inventeur de la dynamite (qu’il breveta en 1867),  ils récompensent les accomplissements qui ont « procuré le plus grand bénéfice à l’humanité ». Voici les lauréats des troix Nobels scientifiques du cru 2014.

Prix Nobel de Médecine : le système de positionnement spatial du cerveau dévoilé

C’est une sorte de «GPS intérieur» qu’ont découvert les trois lauréats du prix Nobel de médecine. L’américain John O’Keefe, ainsi que le couple norvégien May-Britt Moser et Edvard Moser ont mis en lumière l’existence d’un réseau de neurones dans le cerveau profond qui permet de se situer dans l’espace et de se déplacer tout en gardant conscience de notre position.

Ce système de positionnement et de navigation est l’une des fonctions cérébrales les plus complexes, puisqu’il fait recours à la fois à des informations multisensorielles (visuelles, vestibulaires, tactiles…), à la mémoire et au mouvement. Pour simplifier, il nécessite de construire un plan intérieur de l’environnement qui nous entoure, ainsi que d’avoir un «sens de l’emplacement».

Ce sont exactement ces deux capacités que les neuroscientifiques récompensés par l’Institut Karolinska de Stockholm ont expliqué par leurs travaux sur les rats, qui forment deux pièces complémentaires d’un puzzle. La première : John O’Keefe, à l’University College de Londres, a découvert en 1971 que certains neurones de l’hippocampe s’activent lorsqu’un rat se trouve à un certain emplacement dans une pièce : ce sont les neurones dits «cellules de lieu», utilisés pour bâtir un plan mental de l’environnement.

La deuxième pièce a été apportée par le couple Moser en 2005, qui a révélé l’existence d’un de système de coordonnées spatiales dans le cerveau, au niveau du cortex enthorinal, une structure cérébrale adjacente à l’hippocampe. Ce système repose sur des neurones appelés «cellules de grille», disposés selon une sorte de grille hexagonale, grâce à laquelle l’animal de peut s’orienter dans le plan mental qu’il a bâti à l’aide des cellules de lieu.

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S&V 1141 neurones

Prix Nobel de Physique : la mise au point de la LED bleue, base d’une nouvelle source d’éclairage peu coûteuse et extrêmement lumineuse

Aujourd’hui, de plus en plus de sites et objets sont éclairés par des lampes à LED, la source la plus lumineuse et la moins coûteuse qu’il existe. Avec près de 300 lumen produits par watt d’électricité consommé, elles écrasent en efficience à la fois les ampoules à incandescence (16 lum/w) et les lampes fluocompactes (70 lum/w). Sans compter leur durée de vie extraordinaire : 100 000 heures (respectivement cent et dix fois plus que leurs concurrentes). Sachant qu’un quart de l’électricité mondiale sert à l’éclairage, on saisit la portée des bénéfices qui en découlent.

Si les diodes électroluminescentes (LED en anglais, pour light-emitting diod) avaient déjà été mises au point depuis les années Soixante, elles n’existaient qu’en vert et rouge. Or, pour produire de la lumière blanche, il manquait une couleur au trio : la LED bleue. Un écueil important, car la lumière bleue est composée de photons à haute énergie, difficiles à obtenir.

C’était sans compter sur la persévérance des chercheurs japonais Isamu Akasaki et Hiroshi Amano (Université Nagoya) et de l’américain Shuji Nakamura (Université de Californie à Santa Barbara), récompensés cette année par l’Académie royale des sciences suédoise. Au terme de nombreuses années d’expériences dans leurs laboratoires, l’équipe japonaise d’un côté et le chercheur américain de l’autre sont parvenus tous deux à produire une LED bleue en 1992.

Comment ont-ils fait ? Pour donner une LED, il faut superposer des couches d’un matériau semi-conducteur « dopées », c’est-à-dire enrichies en électrons (couches p) et appauvries en électrons (couches n) : elles produisent ainsi des photons, autrement dit de la lumière. Les deux équipes concurrentes ont misé sur le nitrure de gallium (GaN), un semi-conducteur émettant de la lumière bleue. Après avoir réussi à produire des couches de cristaux de GaN les plus pures qui soient, il fallait trouver le meilleur moyen de les doper. La formule gagnante ? L’addition de silicium à la couche n et de magnésium à la couche p. Par la suite, la puissance de la LED bleue a été maximisée en ajoutant de couches d’indium et d’aluminium de l’épaisseur de quelques nanomètres.

Le inventions des lauréats ont tout simplement révolutionné les technologies d’éclairage actuelles. Non seulement les ampoules à LED remplacent progressivement les incandescentes et fluocompactes, elles peuplent également les écrans des téléphones, télévisions et ordinateurs (technologie OLED) et ont permis le développement des disques Blu-ray, fondés sur la lumière laser bleue, tellement fine qu’elle permet de stocker des informations avec une compacité inouïe.

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S&V 1121 LED

Prix Nobel de chimie : la microscopie à fluorescence permet de voir l’invisible

Grâce à eux, la microscopie est devenue « nanoscopie » : elle ne s’arrête plus aux objets de l’ordre du micromètre, elle permet de voir à l’échelle du nanomètre. Les lauréats du prix Nobel de chimie de cette année ont conçu des méthodes capables de contourner l’un des bastions de l’optique, la limite d’Abbe. Démontrée en 1837 par le microscopiste Ernst Abbe, elle stipule qu’il est impossible pour un microscope optique de discerner des objets plus petits que 0,2 micromètre (soit la moitié de la longueur d’onde de la lumière visible). Ainsi, les virus, ou les protéines, n’auraient jamais pu être visibles.

Cette barrière est tombée lorsque la microscopie a fait appel à des molécules fluorescentes. La fluorescence est une propriété physique de certaines molécules qui émettent des photons (donc de la lumière) lorsqu’elles subissent stimulation lumineuse qui excite leurs électrons. Afin d’employer la fluorescence en microscopie, deux stratagèmes différents ont été élaborés, tous deux primés par l’Académie royale des sciences suédoise.

Le premier, mis au point en 2000 par le biophysicien allemand Stefen Hell, s’appelle microscopie STED, ou déplétion par émission stimulée (un type de microscopie à balayage) : la résolution atteinte est de l’ordre de quelques nanomètres seulement. C’est ce qu’on appelle une super-résolution.

En bref, la structure observée est teintée avec des substances fluorescentes. Ensuite, un faisceau lumineux balaye sa surface, excitant l’ensemble des molécules fluorescentes, pendant qu’un autre faisceau, au centre de celui-ci, atténue la fluorescence émise par toutes les molécules, hormis celles de taille nanométrique. Ainsi, en balayant ce faisceau sur l’ensemble de la structure observée, on obtient une image complète des nano-structures qui la composent… ce qui permet, par exemple, de voir à l’échelle d’une molécule de protéine !

L’autre méthode, élaborée grâce aux travaux indépendants des Américains Eric Betzig (Institut médical Howard Hugues) et William Moerner (Université Stanford, Californie), fait appel à de petites molécules faiblement fluorescentes, que l’on dispose le long de toute la structure à observer, et que le microscope excite en séquence. Ensuite, les images produites sont superposées, résultant en une image à super-résolution.

A quoi sert donc cette super-résolution ? A l’aide de leurs microscopes, que l’on pourrait rebaptiser « nanoscopes », les lauréats du prix Nobel explorent les processus les plus intimes de la matière vivante. Stefan Hell étudie les synapses entre neurones ; William Moerner mène des recherches sur les protéines liées à la chorée de Hungtinton ; enfin, Eric Betzig observe la division cellulaire au sein des embryons.

F.G.

 

 

 

Le sac plastique pourrait être banni de France le 1er janvier 2016

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Plus de 60% de déchets en mer sont des sacs plastiques (Ph. Konstantinos Koukopoulos via Flickr CC BY 2.0)

Plus de 60% de déchets en mer sont des sacs plastiques (Ph. Konstantinos Koukopoulos via Flickr CC BY 2.0)

Le gouvernement et l’Assemblée nationale débattent actuellement sur l’interdiction en France au 1er janvier 2016 des sacs plastiques à usage unique, ceux qu’on jette après une seule utilisation. C’est en effet l’un des premiers points abordé dans le « projet de loi sur la transition énergétique pour la croissance verte » discutée depuis le 1er octobre à l’Assemblée Nationale. Ce serait un changement d’habitudes pour un grand nombre d’entre nous, sachant qu’en moyenne un Français « consomme » environ 80 de ces sacs par an, contre 4 au Danemark ou en Finlande, et 466 en Pologne, au Portugal et en Slovaquie, selon la Commission européenne. Les remplaçants seraient les sacs plastiques réutilisables (un moindre mal) et les biodégradables ou compostables.

Certes, il est dur de se convaincre qu’un petit effort individuel peut avoir de grandes répercussion, mais les lois statistiques sont ainsi faites que le doute n’a pas sa place : en France, on distribue 17,7 milliards de sacs plastiques à usage unique, dont 700 millions aux caisses des supermarchés, 5 milliards dans les magasins de proximité et 12 milliards pour emballer fruits et légumes et les aliments à la découpe. Pour toute l’Europe, ce sont 98,6 milliards mis sur le marché tous les ans (données 2010) dont « 8 milliards […] finissent en déchets sauvages, entraînant des dommages considérables pour l’environnement » signale M. Janez Potočnik, membre de la Commission européenne chargé de l’environnement.

Le sac plastique tue. Mais il fait également vivre.

A l’échelle mondiale, le nombre de sacs plastiques utilisés une seule fois (pendant 20 minutes en moyenne) crève le plancher des mille milliards, alors qu’un seul de ces sacs peut mettre des siècles à se désagréger – jusqu’à 450 ans. On comprend le problème. Nos sacs de courses jetables constitueraient entre 60 % et 80 % des déchets en mer : déchiquetés par les flots, ils forment des nuages de micro-paillettes de moins d’un millimètre pouvant s’étendre sur des milliers de kilomètres (et jusqu’à 30 mètres d’épaisseur). Ces « continents » de plastique causent la mort chaque année de 100 000 mammifères marins et 1 million d’oiseaux – qui prennent ces étranges poussières flottant entre deux eaux pour de la nourriture.

Le sac plastique tue. Mais il fait également vivre… les travailleurs de la plasturgie : 3000 emplois seraient menacés en France par son interdiction en 2016. Et celle-ci engendrerait un surcoût de 300 millions d’euros qui se répercuterait sur les prix des aliments. De quoi alimenter le débat sur leur interdiction, qui est d’ailleurs mené en ce moment même dans de nombreux pays ou Etats, alors que certains, comme la Californie aux Etats-Unis et le Rwanda, la Mauritanie et le Mali, ont déjà adopté la mesure.

R.I.

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  • Les océans malades du plastique – S&V n°1103 – Devenu aujourd’hui un sujet brûlant, se souvent-on que la pollution engendrée par les sacs plastiques était encore mal connue voici 5 ans ?

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La tour Eiffel a un nouveau premier étage… transparent

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Le premier étage rénové de la tour Eiffel, offre aux visiteurs une plongée sur le vide.

Le premier étage rénové de la tour Eiffel, offre aux visiteurs une plongée sur le vide. / Ph. ©E. Livinec – SETE, permission de SETE.

Pour ses 125 ans, la tour Eiffel s’est offert un nouveau premier étage, avec un plancher et des pavillons entièrement refaits. Au terme de deux ans de travaux, la maire de Paris Anne Hidalgo l’a inauguré lundi. Dévoilant une surprise : le nouveau plancher est vitré ! Perché à 57 mètres au-dessus du sol, il a de quoi donner le vertige aux quelques 7 millions de touristes qui visitent le monument chaque année.

Au sol, la surface de verre entoure le vide central sur une bande d’1,85 mètre de large. Elle est recouverte d’un antidérapant dont l’effet de transparence est progressif de l’extérieur vers le vide central, où les garde-corps sont entièrement vitrés – pour un effet de suspension dans le vide maximal.

Cela faisait trente ans que la dame de fer n’avait pas subi de rénovation importante, hormis sa peinture, refaite à neuf tous les sept ans. Depuis sa construction, achevée en 1889, le premier étage et ses divers pavillons avaient été rénovés deux fois, en 1937 et en 1981, fondant progressivement leur style dans le décor général de la tour, au profit d’une plus grande vue sur le panorama alentour.

Les nouveaux pavillons ont réduit leur empreinte environnementale

En plus du nouveau plancher vitré, la Société d’exploitation de la tour Eiffel (SETE) a voulu rénover en profondeur les trois pavillons de la première plate-forme afin de les rendre moins énergivores, plus accessibles aux personnes à mobilité réduite, et le parcours muséologique qu’ils offrent plus attractif.

Deux d’entre eux, le pavillon Eiffel et le pavillon Ferrié ont été intégralement reconstruits pour des raisons structurelles, tandis que le pavillon 58 tour Eiffel, qui abrite un restaurant, a été réhabilité. Ils ont été équipés de LED, de panneaux solaires, et de vitrages réduisant de 25 % la dépendance à la climatisation. Tous sont désormais construits en oblique, pour renforcer l’impression de la forme élancée de la tour.

Le secret de la structure de la tour Eiffel n’a été dévoilé qu’en 2005

Cette forme particulière, unique au monde, illustre tout le génie de son concepteur Gustave Eiffel, quand on sait que la formule mathématique qui régit sa structure n’a été comprise qu’en 2005 ! On la doit à Patrick Weidman, ingénieur de l’Université du Colorado, qui a relevé le défi lancé par Christophe Chouard, ingénieur centralien tout comme l’était Gustave Eiffel.

Christophe Chouard avait cru avoir trouvé l’équation décrivant la structure de la tour, si bien qu’il l’a publiée sur un site pour l’offrir à la vérification de la communauté des mathématiciens. Or, Patrick Weidman est arrivé à une toute autre conclusion. Il a découvert qu’afin de rendre optimale sa résistance au vent, le pionnier de l’ingéniérie qu’était Gustave Eiffel a calculé les courbes des quatre arêtes de la tour en s’appuyant sur des principes mathématiques très élaborés.

Autre astuce, pour stabiliser la tour, Gustave Eiffel a renforcé sa base, composée de quatre piliers suivant une fonction mathématique linéaire, alors qu’il a allégé sa partie supérieure, dont la forme suit une fonction exponentielle.

La formule se révèlera gagnante… Cent-vingt ans après sa construction, en 2010, la première modélisation numérique complète de la structure de la tour Eiffel (165 000 éléments unis en 148 000 nœuds, chacun ayant 6 degrés de liberté) a dévoilé que sa robustesse lui assure de pouvoir tenir encore deux ou trois siècles !

F.G.

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  • La tour Eiffel a livré son équation - S&V n°1050 – Un ingénieur américain vient le premier de trouver la formule mathématique qui explique la forme si particulière que dresse dans le ciel la célèbre tour.

S&V 1050 tour Eiffel

 

 

 

Première mondiale : une femme ayant reçu une greffe de l’utérus donne naissance à un enfant

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Le bébé né en septembre après 31 semaines de gestation dans un utérus greffé.

Le bébé né en septembre après 31 semaines de gestation dans un utérus greffé. / Ph. permission de The Lancet.

C’est un garçon, il pèse 1,775 kg et il est né en septembre au terme de 31 semaines et demi de grossesse (soit presque 8 mois). Pourtant, sa mère est atteinte d’une absence congénitale d’utérus. Si elle a pu mettre au monde un enfant, c’est grâce à un exploit médical de portée mondiale, dont le théâtre est l’Hôpital universitaire Sahlgrenska de Gothembourg, en Suède. C’est ici que travaille depuis dix ans une équipe pionnière en matière de greffe de l’utérus, dirigée par le professeur Mats Brännström.

En 2013, la patiente, âgée de 35 ans, a reçu la greffe d’une donneuse de 61 ans, une amie de la famille ménopausée depuis 7 ans. Au préalable, des ovules avaient été prélevés dans les ovaires de la jeune femme, puis fécondés in vitroOnze embryons avaient été obtenus et congelés. Un an après la greffe, un de ces embryons a été implanté dans l’utérus désormais cicatrisé, et la jeune femme est tombée enceinte.

Huit autres femmes ont été greffées par la même équipe suédoise

L’équipe de gynécologues de Mats Brännström a réalisé neuf telles greffes d’utérus, chez de jeunes femmes dont le seul espoir pour avoir un enfant était la greffe, en dehors du recours à une mère porteuse. Nées sans utérus ou avec des défauts de celui-ci, ou bien ayant subi l’ablation de cet organe suite à un cancer, elles ont reçu un utérus sain de donneuses n’étant plus en âge de procréer – souvent leur mère, leur tante, ou une amie de la famille.

En revanche, les ovaires des femmes greffées fonctionnent la plupart du temps normalement, produisant des ovules que l’on peut féconder in vitro, pour les implanter dès que le greffon est cicatrisé. Car l’objectif d’un utérus greffé est celui de servir le temps d’une grossesse, et d’être ensuite retiré. Ceci dans le but de ne pas prolonger la prise de médicaments antirejet, obligatoires en présence d’un greffon. Pour l’instant, on ignore où en sont ces autres femmes opérées en Suède.

La naissance de ce premier enfant développé dans un utérus greffé, bien qu’elle ait eu lieu prématurément et par césarienne, est déjà un succès phénoménal: l’enfant est sain et son poids est conforme à son âge gestationnel. C’est une sorte « démonstration de faisabilité » de la grossesse via un utérus greffé, décrite dans le journal de médecine britannique The Lancet publié ce 4 octobre.

La greffe de l’utérus constitue un espoir pour des milliers de femmes infertiles

Avant l’exploit suédois, deux autres tentatives de mener à bien une grossesse avaient déjà été faites par des femmes avec un utérus greffé, la première en Arabie saoudite en 2000 et la deuxième en Turquie en 2011. Mais aucune n’était allée plus loin que 3 mois de grossesse.

La greffe d’utérus est un domaine de recherche récent, tout comme celui des autres organes non vitaux (main, visage)… En France, une équipe du CHU de Limoges y travaille sur les brebis, sous la direction du professeur Pascal Piver et du chirurgien Tristan Gauthier. Ils prévoient de passer aux essais cliniques dans les deux à trois ans à venir, mais à la différence des médecins suédois les médecins français prélèveront les utérus sur des femmes jeunes décédées.

D’après The Lancet, 12 000 femmes au Royaume-Uni doivent leur infertilité à un problème utérin, leur nombre étant comparable en France. C’est un espoir immense qui s’ouvre désormais pour elles.

F.G.

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Désormais on peut utiliser son téléphone dans les avions en vol

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L'interdiction de téléphoner dans un avion a été levée (Ph. Sam Churchill via Flickr CC BY 2.0)

L’interdiction de téléphoner dans un avion a été levée (Ph. Sam Churchill via Flickr CC BY 2.0)

L’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA) vient d’autoriser les coups de fil et les échanges de données numériques dans les avions en vol, y compris durant le décollage et l’atterrissage. C’est une petite révolution qui doit ravir les quelque 3 millions de personnes qui chaque jour en Europe empruntent l’avion : désormais, il n’y a plus d’interdiction à discuter au téléphone de la liste des courses de la semaine où à consulter les infos du jour sur internet même durant les fameuses « phases critiques » de décollage et d’atterrissage. Un ravissement partagé par les entreprises téléphoniques et numériques qui verront ainsi leur marché gagner des marges non négligeables. Ce sont d’ailleurs ces dernières, Amazon en tête, qui depuis des années ont fait du lobbying auprès des agences d’aviation civile pour obtenir la levée de l’interdiction.

De fait, différents groupes d’experts, en Europe et aux États-Unis, se sont prononcé pour cette levée après avoir constaté que les ondes électromagnétiques émises et reçues par les appareils communicants ne semblaient pas perturber le moins du monde les communications et les instruments de bord des pilotes. Néanmoins à l’instar des directives émises par la Federal Aviation Administration américaine (FAA), l’EASA indique que la levée de l’interdiction ne signifie pas l’obligation des compagnies aériennes d’autoriser ces nouveaux usages, précisant que celles-ci « devront engager un processus d’évaluation, garantissant que [leurs] avions ne sont affectés en aucune manière par la transmission de signaux des appareils électroniques portables. » Libre à la compagnie aérienne ou au commandant de bord d’interdire leur usage.

Les raisons de cette ambiguïté, qui ne devrait pas rassurer les phobiques de l’avion, est technique, et amplifié par la culture d’un secteur où le principe de précaution est la règle d’or. En effet, depuis l’irruption massives des objets communicants dans notre vie quotidienne le risque que les ondes électromagnétiques émises dans la cabine vienne fausser les instruments et les communications du cockpit étaient réelles : les câbles transmettant les données de mesure à partir des capteurs externes et ceux convoyant la voix à partir des antennes extérieures passent souvent dans le fuselage le long de la cabine. Des effets d’induction électromagnétique peuvent alors altérer ces signaux électriques au point de modifier la mesure et de brouiller la voix.

Une nouvelle génération d’avions insensibles aux ondes émises par un téléphone ou un ordinateur.

Néanmoins, les nouvelles générations d’avions (Airbus et Boeing) ont intégré la technologie numérique, plus robuste face aux perturbations autant du point de vue matériel que logiciel : les câbles sont gaines et armés, ce qui diminue l’effet d’induction, et les communications avec les l’extérieur sont transportées souvent sous forme numérique. Or contrairement aux transmissions radio analogiques (classiques), la voix codée par des 0 et des 1 ne peut pas être brouillée comme l’était celle de l’ancienne radio, pour la même raison que le son d’un CD ne subit pas le même type d’altérations que les anciens disques vinyle. Des 0 et des 1 peuvent tout simplement se perdre ou être changés l’un en l’autre à cause des interférences, ce qui constitue une perte d’information. Mais des algorithmes de correction d’erreurs permettent d’amoindrir ces effets. Ce que confirment les tests effectués sur ces avions récents : les ondes émises par les appareils des passagers n’altèrent pas la transmission de données au cockpit.

Est-ce dire que nous pourrons vraiment communiquer avec l’extérieur pendant un vol en avion ? Cela dépendra de la portée et du facteur de pénétration des ondes émises par nos appareils et par les antennes-relai au sol, sachant qu’une carlingue métallique agit comme un isolateur électromagnétique (cage de Faraday). Cela dépendra aussi, donc, de l’estimation du commandant de bord. Quand à savoir comment nous supporterons les accros du portable dans cet espace de plus en plus exigu qu’est devenu la cabine d’un avion, c’est là une autre question: a-t-on prévu comme dans les trains d’installer un espace dédié au portable, ou faudra-t-il inviter certains à poursuivre la liste des courses à l’extérieur ?

R.I.

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  • Les avions du futur – S&V n°1137 – Quelle sera la prochaine génération des avions civils ? Un tour d’horizon des projets des grands constructeurs.

S&V1137

  • Trafic aérien, les voies du ciel s’ouvrent aux ordinateurs – S&V n°1090 – Avec la révolution numérique, c’est toute la conception du transport aérien qui est revue : la gestion du trafic, les communications… Le numérique est désormais le maître-mot à l’intérieur et à l’extérieur de la carlingue.

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  • Surfer en plein ciel – S&V n°1008 – En 2001, l’internet était déjà (presque) dans les avions… n’aurait été la métamorphose drastique des règles de sécurité après le traumatisme de 11-septembre. 13 ans plus tard, le progrès reprend son cours.

S&V1008

 

 

 

Maladies cardiovasculaires : un programme de recherche spécifique aux femmes va être lancé

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Inégalité hommes/femmes face aux maladies cardiovasculaires (Ph. Campdarby via Flickr CC BY 2.0)

La Fondation pour la recherche cardiovasculaire de l’Institut de France lance un programme national de recherche sur les maladies cardiovasculaires féminines. Une première en France ! Le comité scientifique pilotant ce nouveau programme nommé « Cœur de femmes »  est composé à parité de 7 femmes et 7 hommes chercheur(e)s à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), professeur(e)s d’université et membres de l’Académie des Sciences. Il devra définir les grandes orientations de recherche mais également organiser des campagnes de sensibilisation auprès des médecins, des chercheurs et des décideurs du domaine de la Santé aux manifestations et traitements spécifiques de ces maladies chez les femmes.

L’initiative s’inscrit dans un mouvement plus général, dans les pays industrialisés, de prise de conscience de l’inégalité entre hommes et femmes de la prise en charge des maladie. En effet, des études récentes montrent non seulement que les maladies ne s’expriment pas de la même manière selon le sexe mais également que les médicaments, pensés sur la base de modèles biologiques purement masculins et testés majoritairement sur des individus mâles (4 fois sur 5), ne sont pas bien adaptés aux femmes. Ainsi, l’aspirine, les somnifères, les vaccins et bien d’autres médicaments n’ont pas l’efficacité voulue chez les femmes et entrainent des effets secondaires 50% plus néfastes que chez les hommes car les protocoles et posologies (mode d’administration) ont été pensés pour des hommes… souvent par des hommes.

Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité chez les femmes

Aussi, l’initiative sur les maladies cardiovasculaires des femmes ne peut être que salutaire quand on sait que celles-ci sont souvent « sous-diagnostiquées » et mal prises en charge car les médecins ont du mal à reconnaitre la spécificité des symptômes. Par exemple, chez les femmes, l’infarctus se signale par des douleurs abdominales dans 15% des cas (contre 7% chez l’homme). Aujourd’hui, un tiers des décès féminins est causé par une maladie cardiovasculaire (infarctus, accident vasculaire cérébral, hypertension, thromboses, etc.), dont une part pourrait sans doute être évitée par une meilleure connaissance de ces spécificités.

Certes, au fondement de cette différence face à la maladie, il y a les gènes portés par les chromosomes sexuels, XX pour la femme, XY pour l’homme : chaque cellule du corps possède ces caractères sexuels qui la font réagir différemment à l’environnement biologique et aux substances chimiques. Il y a également les hormones, véritables activateurs génétiques et organiques, qui différencient les processus biologiques entre des corps masculins et féminins. Mais pour expliquer la montée en puissance des maladies cardiovasculaires des femmes, le facteur premier serait le changement de mode de vie. Comme le souligne Danièle Hermann, présidente de la Fondation pour la recherche cardiovasculaire : « elles ont une vie très stressante. Ou plutôt trois vies : une vie de mère, une vie de femme et ce que j’appelle une « vie d’homme » au travail. »

R.I.

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S&V1163

S&V1135

  • Les maladies cardiovasculaires: un fléau planétaire – S&V n°1053 – Vies sédentaires, alimentation, rythme de travail… Les maladies cardiovasculaires, réservées aux plus riches il y a quelques décennies, sont devenues la première cause de décès dans le monde.

S&V1053

Ebola : un premier cas se déclare sur le sol des Etats-Unis

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Un avion de l'armée américaine livre des aides sanitaires au Libéria pour faire face à l'épidémie d'ebola

Un avion de l’armée américaine livre des aides sanitaires au Libéria pour faire face à l’épidémie d’Ebola / Ph. US Army Africa via Flickr CC BY 2.0

Hier, le dernier bilan de l’épidémie d’Ebola sévissant en Afrique de l’Ouest depuis mars a été communiqué par l’OMS : 7 178 cas, dont 3 338 mortels. Dans le même temps, on a appris l’existence d’un premier patient qui a manifesté la maladie sur le sol des Etats-Unis.

Il s’agit d’un quadragénaire libérien, venu rendre visite à sa famille au Texas. Thomas Eric Duncan a voyagé en avion le 19 septembre depuis Monrovia, la capitale du Libéria, jusqu’à Dallas, au Texas, en faisant escale à Washington et à Bruxelles.

Mais au moment de son voyage, ils ne présentait aucun signe de la maladie, passant inaperçu aux contrôles de température obligatoires pour les passagers provenant des pays touchés par Ebola. Ce n’est que quatre jours plus tard que les premiers symptômes sont apparus. Le 28 septembre, il a été hospitalisé au Texas Health Presbyterian Hospital et placé en isolement. Le 30 septembre, il a été déclaré positif au virus. Son état est grave, mais stable, d’après les médecins.

Quels sont donc les risques que ce patient ait contaminé d’autres personnes ?

Comme l’affirme  le directeur des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) américains, une personne n’est contagieuse que lorsque les signes de la maladie se sont manifestés, et pas durant la période d’incubation, qui peut durer jusqu’à trois semaines. Ainsi, les personnes ayant voyagé sur les mêmes avions que M. Duncan ne courent aucun risque.

Par contre, les autorités sanitaires ont immédiatement commencé à reconstruire le parcours de ce patient à partir du moment où il a manifesté la maladie aux Etats-Unis, afin de suivre de près les personnes qui ont été en contact avec lui, notamment ses proches et le personnel soignant. Un membre de sa famille aurait été placé sous surveillance.

Pour rappel, le virus d’Ebola se transmet par les fluides corporels : salive, sang, vomissements, selles, sperme. Il a été découvert en 1976 au Zaïre (République Démocratique du Congo), lors de la première épidémie, où il avait fait 431 morts. L’épidémie actuelle est, à elle seule, plus meurtrière que toutes celles qui ont eu lieu depuis.

Pourquoi ne dispose-t-on toujours pas de traitement efficace contre Ebola?

A ce jour, trois possibles traitements expérimentaux et cinq possibles vaccins expérimentaux existent, sans que les essais n’aient jamais été conduits jusqu’au bout sur l’homme. La recherche a été freinée par les faibles perspectives de retombées financières pour les industries pharmaceutiques, et par l’impossibilité d’identifier une population à risque pour les tester.

L’épidémie actuelle est une occasion de tester ces produits sur un grand échantillon de personnes. Mais même si l’OMS a autorisé leur utilisation sur des malades, les compagnies pharmaceutiques ne disposent que de très peu de doses. Trop peu pour réaliser des essais cliniques probants.

F.G.

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