Ebola : les pays occidentaux prennent des mesures de protection supplémentaires

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A l'aéroport de Conakry (Guinée), prise de température par caméra thermique du directeur des Centres pour la prévention et le contrôle des maladies américain (CDC).

A l’aéroport de Conakry (Guinée), prise de température par caméra thermique du directeur des Centres pour la prévention et le contrôle des maladies américain (CDC)./ Ph. CDC Global via Flickr – CC BY 2.0

A partir d’aujourd’hui, tous les passagers provenant de Conakry, la capitale de la Guinée, verront leur température corporelle contrôlée à l’aéroport Charles de Gaulle à Roissy, aux portes de Paris. Ces contrôles visant à limiter l’importation d’Ebola seront faits avant que les passagers ne mettent pied à l’aéroport, au moyen de caméras infrarouges installées sur les passerelles d’arrivée. Si leur température s’avère supérieure à 38 °C, ils seront pris en charge par une équipe médicale de Roissy, assistée par la Croix rouge et la Protection civile.

Ces mesures ne concerneront que les vols venant de Conakry car c’est la seule capitale d’un pays touché par l’épidémie d’Ebola qui soit encore reliée par avion à la France. De plus, tous les passagers venant de Guinée seront répertoriés et leur numéro de siège enregistré, afin de pouvoir, si besoin, retrouver toutes les personnes qui sont rentrés en contact avec eux. Un questionnaire leur sera soumis pour tracer leurs déplacements.

En revanche, il n’y aura pas de mesures particulières vis-à-vis des voyageurs qui n’arrivent pas directement de Guinée. Ainsi, les passagers qui font une escale dans des pays limitrophes (Sénégal, Guinée-Bissau, Mali, Côte d’Ivoire) ne seront pas contrôlés. Le manque de prise en compte des passagers qui empruntent ces trajets indirects a de quoi soulever des questions sur la pertinence des contrôles de températures mises en place à Roissy.

Par ailleurs, l’OMS recommande depuis le début de l’épidémie que les vols vers les pays touchés soient maintenus. Ils sont importants pour le personnel médical et celui des ONG, qui les empruntent de plus en plus fréquemment, ainsi que pour acheminer des équipements médicaux essentiels. Or, à Conakry, il ne reste plus que 17 vols sur les 57 vols internationaux qui desservaient l’aéroport avant la flambée épidémique. Sur place, tous les voyageurs voient leur température contrôlée avant d’être admis à bord d’un avion.

La mobilisation vis-à-vis d’Ebola s’est accrue depuis que l’Europe et les Etats-Unis sont touchés

Si la riposte occidentale à l’épidémie est renforcée, c’est en raison des contaminations confirmées aux Etats-Unis et en Espagne. A Dallas (Texas), deux infirmières ont été touchées par la maladie après avoir participé aux soins du patient libérien, premier cas d’Ebola déclaré aux Etats-Unis et décédé depuis. En Espagne, six personnes sont actuellement sous surveillance à l’hôpital Carlos III de Madrid, où une infirmière a contracté la maladie après avoir soigné un missionnaire revenant d’Afrique.

Face à ces failles dans les procédures médicales des hôpitaux occidentaux, une visioconférence de crise s’est tenue mercredi entre les chefs d’État américain, allemand, britannique, italien et français. Et jeudi, les ministres de la Santé de l’Union européenne se sont également réunis à Bruxelles afin de coordonner la réponse à l’épidémie. Bilan : en plus des contrôles de température, dans les aéroports, le président de la République François Hollande a fait savoir que la France participerait à la construction de nouveaux centres de traitement médical en Guinée, et qu’elle enverrait sur place des personnels de la protection civile. De son côté, le président américain Barack Obama s’est dit prêt à déployer des réservistes de l’armée pour envoyer trois à quatre mille hommes en Afrique de l’Ouest.

Quant aux ministres de la Santé européens, ils ont lancé une enquête, avec le soutien logistique de l’OMS, qui vise à déceler les failles dans le système de dépistage des passagers dans les aéroports. La pertinence des questionnaires sera notamment évaluée, pour s’assurer que les déplacements des passagers à risque seront clairement répertoriés afin de retrouver les personnes qui ont été en contact avec eux.  Enfin, la Commission européenne évalue également la possibilité de conclure des achats groupés de matériel médical, de gants et de masques de protection.

Pour l’heure, 4500 personnes sont décédées à cause d’Ebola depuis mars, la mortalité se situant entre 53% et 70 %. L’OMS a fait savoir vendredi qu’il faut s’attendre à une explosion des cas en décembre : 5000 à 10 000 nouveaux cas pourraient être diagnostiqués chaque semaine.

F.G.

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