Le blog de Mathieu Grousson : Particule X, une découverte désormais à portée de main…

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l'existence ou non de la particule X est déjà inscrite dans les données recueillies par les détecteurs du Cern (ph : Cern).

L’existence ou non de la particule X est cachée quelque part dans les données recueillies par les détecteurs du Cern (ph : Cern).

Concrètement, la situation aujourd’hui est la même qu’hier, et grosso modo la même que le 15 décembre dernier : les collaborations ATLAS et CMS ont rendu public l’enregistrement d’un petit excès de photons qui pourrait être le signe qu’une particule inconnue d’une masse de 750 GeV s’est subrepticement matérialisée dans les entrailles du LHC, l’accélérateur géant du Cern, près de Genève. A moins qu’il ne s’agisse d’une simple fluctuation statistique. Sauf que depuis quelques jours, au sein de la petite communauté mondiale des particules, impossible de nier que l’excitation a atteint un niveau sans précédant.

Et pour cause, l’accélérateur fonctionnant à plein régime, la quantité de données enregistrée depuis son redémarrage fin avril est désormais supérieure à celle accumulée durant toute l’année 2015 ! Or, pour peu que la nature ne se montre pas trop facétieuse (voir Particule X, ou comment les statistiques jouent avec nos nerfs), cela signifie que le verdict, sous sa forme brute, non encore passé au crible des analyses, se trouve désormais gravé dans les mémoires de silicium du Cern.

Si bien que la valse des rumeurs a commencé. Certes, les directions d’ATLAS et CMS ont pris d’infinies précautions pour que rien ne filtre. Mais comment le garantir, quand chaque collaboration compte environ 3 000 personnes ? Et surtout, comment simplement empêcher les gens de parler ! Ainsi, ces derniers jours, plusieurs physiciens non membres d’ATLAS et CMS se sont autorisés à écrire sur leur blog que la réponse définitive au mystère de l’excès à 750 GeV pourrait être connue dans les tous prochains jours.

Quant aux conversations des théoriciens vendredi dernier au restaurant du Cern, elles se faisaient l’écho, selon nos informations, d’un bruit selon lequel les nouvelles données d’ATLAS plaideraient en défaveur d’une nouvelle particule. Et ce même si l’un d’eux le reconnaît : « Il ne semble pas crédible. »

Et pour cause, officiellement, personne, pas même les membres des deux expériences, n’a encore eu accès aux secrets de l’accélérateur. Précisément les données sont en cours de reconstruction et de calibration. Et il semble que la stratégie adoptée par les deux collaborations soit de les conserver masquées jusqu’à quelques jours de la date d’ouverture de la Conférence internationale de physique des hautes énergies, qui se tiendra à Chicago du 3 au 10 août prochain. Ainsi, comme le disent les spécialistes, ce n’est qu’à la dernière minute qu’ils ouvriront la boite.

Si bien qu’à ce stade, toute rumeur relève du pur ragot amplifié par l’impatience, l’espoir ou la peur de voir le signal miraculeux disparaître. « A l’heure où le verdict approche, nous sommes assaillis par le doute, et l’hypothèse d’une fluctuation statistique reprend du poil-de-la-bête, reconnaît un spécialiste de la physique au-delà du modèle standard. Avant d’ajouter : Et ce d’autant qu’ATLAS et CMS demeurent silencieux. » Preuve qu’à quelques semaines du dénouement, les esprits sont fébriles et chacun se raccroche au moindre signe, même le moins tangible.

Légèrement agacé, un officiel de CMS tranche : « Pour le bien de la science, il me semblerait judicieux d’attendre d’en savoir plus avant d’écrire ou de dire quoi que ce soit. » Ce qui, à l’évidence, est de plus en plus difficile !

— Mathieu Grousson

 

Mathieu Grousson est un journaliste collaborateur de Science & Vie spécialiste de la physique fondamentale. Suivez son blog “Particule X” :

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> En savoir plus :

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