Qui va gagner les Jeux olympiques de Rio ? Un modèle informatique aurait la réponse

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Sur le podium des Jeux olympiques (ici, Londres 2012), on trouve souvent les mêmes nationalités... - Ph. Si B / Flickr / CC BY 2.0

Sur le podium des Jeux olympiques (ici, Londres 2012), on trouve souvent les mêmes nationalités… – Ph. Si B / Flickr / CC BY 2.0

Comme tous les quatre ans, les grands favoris des Jeux olympiques sont les mêmes : les États-Unis, la Chine et la Russie… Cet été encore, les grandes nations ont de fortes chances de rafler le plus de médailles à Rio.

Mais au-delà de cette estimation largement partagée par les experts, peut-on prévoir de manière plus détaillée le nombre de médailles que chaque nation en compétition peut espérer remporter ? C’est ce qu’ont voulu savoir les chercheurs Julia Bredtmann, Sebastian Otte (Institut de recherche en économie RWI de Essen, en Allemagne) et Carsten Crede (université de l’Est-anglie, Angleterre).

Ils ont ainsi bâti un modèle informatique qui prévoit le palmarès de chaque pays à Rio. De quoi intéresser les adeptes des paris sportifs !

Pour être précis, les chercheurs ont bâti deux modèles, qu’ils ont ensuite testés : un premier où les chances de gagner sont uniquement basées sur les succès de chaque nation aux précédentes éditions des Jeux olympiques ; et un deuxième, où ils ont fait rentrer en ligne de compte d’autres facteurs.

Les grandes nations gagnantes des Jeux olympiques sont aussi les plus peuplées

Le but de ces économistes était ainsi de vérifier si le fait d’être monté sur le podium de nombreuses fois auparavant, comme c’est le cas des États-Unis (103 médailles), de la Chine (88) ou de la Russie (81), suffit à prévoir qu’on va y monter encore. En somme : est-ce que ce sont toujours les mêmes qui gagnent ?

 

En 1996, on fêtait à Atlanta les 100 ans des Jeux olympiques de l'époque moderne. A l'époque, l'Allemagne occupait la troisième position du podium, après les Etats-Unis et la Russie. La Chine n'avait pas encore connu le boom économique qui allait la hisser au rang des vainqueurs. - Crédit : S&V

En 1996, on fêtait à Atlanta les 100 ans des Jeux olympiques de l’époque moderne. A l’époque, l’Allemagne occupait la troisième position du podium, après les Etats-Unis et la Russie. La Chine n’avait pas encore connu le boom économique qui allait la hisser au rang des vainqueurs. – Crédit : S&V (1996)

Les résultats sont détaillés dans la revue Significance. Et ils révèlent… que le succès passé ne suffit pas à prévoir le succès futur. En effet, c’est le second modèle des chercheurs, enrichi d’autres paramètres que les anciennes médailles, qui fonctionne le mieux.

Quels autres paramètres ? D’abord, Bredtmann et ses collègues sont partis du constat assez évident que si les grandes nations sont aussi les grandes gagnantes habituelles des JO, c’est d’abord grâce à leur très nombreuse population (USA : 320 millions ; Chine : 1,375 milliards ; Russie : 147 millions).

Logique : en supposant que les qualités athlétiques sont distribuées uniformément dans la population mondiale, les pays les plus peuplés ont plus de chance de compter dans leurs rangs un bon nombre d’athlètes de haut niveau.

 

Les pays hôtes présents et futurs des Jeux olympiques gagnent plus de médailles que les autres. Ici, le village olympique de Rio. - Ph. Global Geographer / Flickr / CC BY 2.0

Les pays hôtes présents et futurs des Jeux olympiques gagnent plus de médailles que les autres. Ici, le village olympique de Rio. – Ph. Global Geographer / Flickr / CC BY 2.0

Le PIB par habitant, le fait d’héberger prochainement les Jeux… plusieurs paramètres à prendre en compte

Mais cela n’explique pas tout. Par exemple, l’Inde, avec ses 1,286 milliards d’habitants, est le deuxième pays le plus peuplé, et pourtant elle ne figure même pas au classement des 15 pays les plus médaillés aux Jeux !

Cela s’explique tout simplement par son niveau de développement économique, qui reste moyen. Celui-ci jouant un rôle déterminant dans le succès olympique d’un pays, car les infrastructures sportives demandent des investissements importants. Pour en rendre compte, le PIB par habitant a donc été introduit dans le modèle.

Ce qui mène également au troisième facteur très important : l’organisation des Jeux. Héberger la compétition donne un avantage aux athlètes nationaux, non seulement parce qu’ils bénéficient du support direct du public ainsi que d’une forme d’indulgence des juges, mais aussi parce que le pays hôte investit beaucoup de ressources dans le secteur sportif dans les années qui précèdent les JO.

Du coup, à Rio 2016, le Brésil aura un avantage, tout comme le prochain pays hôte : le Japon.

En envoyant aux JO beaucoup d'athlètes femmes (ici la sauteuse Brigetta Barret, argent aux JO de Londres en 2012), des pays comme les Etats-Unis gagnent plus de médailles. - Ph. T_Abdelmoumen / Flickr / CC BY 2.0

En envoyant aux JO beaucoup d’athlètes femmes (ici la sauteuse Brigetta Barret, argent aux JO de Londres en 2012), des pays comme les Etats-Unis gagnent plus de médailles. – Ph. T_Abdelmoumen / Flickr / CC BY 2.0

Enfin, Bredtmann et ses collègues ont inclus deux autres paramètres prédictifs : le fait qu’un pays ait (ou ait eu) un régime politique autocratique ou à l’économie planifiée, comme dans les pays de l’ex-URSS, car ceux-ci ont tendance à beaucoup investir dans le sport afin de gagner du prestige à l’international ; et le fait qu’il soit à majorité de religion musulmane, car ces pays ont tendance à envoyer moins de femmes parmi les athlètes, diminuant ainsi leurs chances d’obtenir des médailles.

Conclusion ? La preuve par trois pour valider le modèle a consisté à le tester en se plaçant en 2008, et en tentant de prévoir les résultats pour les JO de 2012 à Londres. Et il marchait plutôt bien ! L’écart moyen entre les médailles prédites et effectivement acquises par les pays était de 5,8. En revanche, le modèle basé uniquement sur la quantité de médailles précédentes présentait un écart moyen de 6,6.

Le palmarès pour 2016

Dernière étape : établir les prévisions pour Rio 2016 ! Le top 15 réalisé par les économistes à l’aide de leur modèle commence sans surprises, mais en recèle quelques-unes dès la cinquième position : 1. Etats-Unis ; 2. Chine ; 3. Russie ; 4. Royaume-Uni ; 5. Japon ; 6. Allemagne… et en septième position, un ex-æquo entre l’Australie, le Brésil et la France ! Suivent l’Italie et la Corée du Sud également ex-æquo, puis l’Ukraine, les Pays-Bas, le Canada et la Hongrie.

L’étude complète est à consulter ici. Son seul véritable biais, est qu’elle ne prend pas en compte l’effet, pourtant potentiellement déterminant, du dopage…

A vos paris !

—Fiorenza Gracci

 

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  • Atlanta : le dopage sera (presque) parfaitS&V n°946 (1996). Les Jeux d’Atlanta promettaient une traque sans précédent des athlètes dopés. Lesquels redoublent d’ingéniosité. Une course sans fin, dont nous sommes encore loin d’être sortis !

S&V 946 - jeux olympiques Atlanta

 

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