Comment réagir devant le carnet de notes de votre enfant ?

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Le carnet d’évaluation de fin d’année cristallise tant d’enjeux, avec la mention du passage en classe supérieure, la moyenne annuelle des notes, les lacunes pointées, des conseils de devoirs de vacances, un éventuel avis d’orientation… Tout enfant aspire à réussir, il est fier de montrer ses bons résultats et déçu de ses échecs, même s’il affecte le détachement. Comment lire avec lui son carnet d’évaluation ? Comment se positionner en tant que parents face à des difficultés lorsque le résultat n’est pas à la hauteur des attentes ? Avis croisés.

1. Projetez votre enfant dans des stratégies positives

Patricia Garouste, psychologue scolaire à La Ciotat (13)

Quels que soient les résultats, il revient aux parents de clarifier l’enjeu du contrat pédagogique. L’évaluation, c’est la façon qu’a l’école de mesurer si l’enfant a compris, intériorisé un savoir. Elle n’a pas d’impact sur le contrat parental, contrat d’amour et de confiance inconditionnels. Les apprentissages ne doivent pas être un enjeu de pouvoir ni de conflit. Trop souvent, dans le fonctionnement professionnel comme parental, on confond évaluation et jugement. L’évaluation mesure une compétence et se distingue du jugement sur la personne. « Cette note est nulle » ne doit pas résonner comme un « tu es nul ». L’évaluation est à la fois partielle et partiale : elle mesure un savoir didactique défini qui est en train de se construire, et ignore d’autres savoirs qui construisent la personne et que notre système scolaire français ne valorise pas encore suffisamment, hélas : résilience, leadership, empathie, conscience civique, etc.

De plus, en France, l’école évalue trop de façon normative, par rapport au groupe. Les parents veilleront à préférer l’évaluation par rapport à soi-même, en soulignant les progrès de l’enfant, sans le comparer aux échecs ou aux réussites des autres. Souvent, face à une mauvaise note, l’élève se défausse sur les « attributions externes » : « C’est pas ma faute, le prof est nul, toute la classe a raté… » Il s’agira de l’aider à mieux identifier les attentes du professeur et ce que lui peut changer. Inutile de remuer le couteau dans la plaie le 30 juin, mieux vaut projeter le jeune dans des stratégies positives. Les vacances offrent d’ailleurs l’occasion rêvée : lire et mesurer en cuisinant, compter en s’amusant… Cela change tout ! L’enfant expérimente que le nombre et les lettres ont une application pratique, une valeur en dehors de l’école, et pas juste pour obtenir une bonne note. Les évaluations internationales apprécient justement la « littératie » (capacité à comprendre et à réagir de façon appropriée aux textes écrits) et la « numératie » (capacité à utiliser les concepts numériques et mathématiques), voilà pourquoi les élèves français peinent, tant leurs savoirs sont cloisonnés.

L’été, on développe aussi d’autres savoirs : compétence sociale, relationnelle, artistique, sportive… Tous les enfants devraient faire un camp scout ! Ces acquisitions rejaillissent sur l’école. Ainsi, un adolescent passionné de sport a vu ses résultats scolaires s’améliorer à mesure qu’il pratiquait. En réussissant dans un domaine, on gagne en maîtrise de soi, en confiance, en persévérance… La motivation peut aussi s’appuyer sur du renforcement positif. J’utilise ainsi un tableau d’aide comportementale hebdomadaire, que les parents peuvent adapter. Je propose à l’enfant trois actions concrètes à modifier : « Je commence mes devoirs seul » ; « je répète mon violon seul » ; « je prends ma douche seul », par exemple. S’il réussit, il marque un point vert et obtient une récompense – définie au préalable avec les parents – dès 15 points marqués. C’est un contrat gagnant-gagnant (moins de cris, de stress, plus de paix), qui aide l’enfant à grandir.

2. Identifiez les problèmes

Matthieu Grimpret, enseignant, auteur du Coaching scolaire (Eyrolles)

S’agit-il de difficultés conjoncturelles ou structurelles ? Un obstacle conjoncturel résulte d’un manque ponctuel de travail ou de motivation. Dans ce cas, j’invite les parents à être assez fermes dans leur réponse et à imposer à l’enfant des devoirs de vacances adaptés à ses difficultés, en lien avec les professeurs. Sa légèreté ou sa paresse ayant entraîné une baisse de résultats, il lui appartient de remédier au problème par davantage de travail.

Une difficulté structurelle se manifeste par des lacunes importantes, l’impression de subir sa scolarité, l’incapacité à se projeter… Je conseille alors un mois de coupure complète pour neutraliser ce blocage psychologique à l’égard de l’école, puis un accompagnement : remise à niveau, stage de remédiation, suivi personnalisé. Certains enfants stressent à l’approche de la rentrée des classes. Cette aide leur permettra de dédramatiser et de repartir d’un bon pied.

3. Relativisez les notes !

Simon Amouraben, élève au lycée expérimental de Saint-Nazaire (44)

Dans notre lycée, nous n’avons pas de notes, ni d’obligation de passer les examens du système traditionnel. En fin d’année, chaque élève réalise une auto-évaluation de ce qu’il a réalisé de bien, de pas bien, de ce qu’il veut changer à la rentrée prochaine. Alors je conseillerais aux parents de relativiser les notes, même un 0 sur 20 ! Ce n’est pas une bonne note qui garantit le bonheur. L’important, c’est ce que l’enfant a réellement appris, aimé. À quoi ça sert d’apprendre pour apprendre sous la contrainte, d’attendre que le cours se termine et de tout oublier à la fin de l’année ? L’essentiel c’est de trouver un sens à ses études.

C’est une preuve de confiance des parents à l’égard de l’enfant, une épreuve sans doute pour beaucoup, vu le système dans lequel nous vivons, tellement attaché aux diplômes et à une certaine idée de la réussite. Je suis sorti du système classique en troisième. Depuis, mes parents ne me disent plus le soir : « Tu as eu un contrôle ? ça s’est bien passé ? » mais : « Qu’as-tu appris aujourd’hui ? » Et je réponds : « J’ai appris à faire la cuisine, à répondre au téléphone, à découvrir la vie des Vikings… » Autrement dit, j’ai appris la vie.