Qu’est ce qui fait que chacun a une odeur spécifique ?

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L’odeur de chaque individu, issue de son microbiome et de ses gènes, est unique (Ph. J. Digweed via Flickr CC BY 2.0).

L’odeur de chaque individu, issue de son microbiome et de ses gènes, est unique (Ph. J. Digweed via Flickr CC BY 2.0).

 

 

Il est vrai que chacun possède une odeur propre, une véritable signature, à l’instar des empreintes digitales. Les chercheurs de l’Institut d’éthologie Konrad-Lorenz de Vienne ont découvert en 2006 que 400 composés volatils forment un cocktail spécifique de l’odeur de chaque individu. Les composés ne semblent pas varier avec le temps, mais leurs proportions peuvent changer.

La singularité des odeurs corporelles s’explique par divers facteurs. Tout d’abord, il faut chercher au niveau des aisselles, où se concentrent un maximum de glandes sudoripares, appelées également mérocrines, qui expulsent la sueur via les pores.

L’odeur d’un cocktail de bactéries

Cette sueur n’acquiert une odeur qu’au moment où elle est transformée par les bactéries nichant sous nos aisselles. Or, la composition de cette microflore varie selon les individus et selon la chaleur ou l’humidité. Comme les bactéries en présence diffèrent en nature (diverses espèces bactériennes cohabitent) et en quantité, leur activité de transformation de la sueur excrétée, à l’origine inodore, a pour résultat l’élaboration d’odeurs différentes.

Cependant, d’autres facteurs sont avancés, sans être tout à fait démontrés scientifiquement… C’est le cas des gènes du complexe majeur d’histocompatibilité (CMH) qui codent des protéines à la surface des cellules, et qui sont spécifiques du soi du point de vue immunitaire. C’est grâce à elles que l’organisme ne s’attaque pas à ses propres cellules.

 Deux types d’odeurs ; celles de hommes et celles des femmes

Des études ont monté que les femmes, en étant attirées par des odeurs révélant un CMH différent du leur, contribuaient au brassage génétique. Par ailleurs, alimentation, hygiène de vie, âge et cycles menstruels font varier les proportions du cocktail de molécules. Mais globalement, selon une équipe de l’université de Genève, les odeurs humaines se classent en deux groupes : celui des hommes et celui des femmes.

En fonction du sexe, les précurseurs des odeurs sont libérés à des concentrations différentes. La sueur masculine contient plus de précurseurs d’une odeur faisant penser à du fromage, celle de la femme des précurseurs d’une odeur évoquant les fruits exotiques ou l’oignon. Quant à savoir le rôle de la singularité de l’odeur, les chercheurs écartent la possibilité que l’homme ait pu un jour marquer son territoire grâce à son odeur singulière car les différences chimiques sont plus importantes dans la sueur axillaire que dans l’urine ou la salive.

M.Cy.

 D’après S&V n°1103

 

> Lire aussi :

 

> Lire également dans les Grandes Archives de Science & Vie :

  • Dix odeurs primaires suffisent à tout sentir – S&V n°1157 – 2014. Et si les millions d’odeurs, de nuances et de parfums que l’on est capable de sentir se décomposaient en à peine 10 odeurs fondamentales ? A l’instar des couleurs, les odeurs semblent avoir une base réduite.

1157

  • Le nez sent ce qui n’a pas d’odeur – S&V n°1028 – 2003. Chez les mammifères, il existerait un “deuxième nez”, qui sent les phéromones, ces molécules volatiles… qui n’ont pas d’odeur.

1028

  • Microbes terrestres, voici le vrai microcosmos – S&V n°1161, 2014. De la toundra aux forêts en passant par les fonds marins, la surface de la Terre regorge de microbes aussi précieux qu’inconnus. Leur mille activités jouent un rôle clé dans les écosystèmes, sans même qu’on s’en aperçoive.

S&V 1161 - microbes terrestres

Au sommaire de Science & Vie n°1176

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>

 

  CŒUR : LES NOUVEAUX MIRACLES

 DE LA CHIRURGIE

 

Découvrez dans la suite de cet article le sommaire complet ainsi que les compléments que la Rédaction a souhaité apporter à votre dernier numéro de Science&Vie.

 

[AU SOMMAIRE]

Visuel-SOMMAIRE-ACTU

18 > Labos

Pluton n’est pas l’astre qu’on croyait ; à Arles, des fresques dignes de Pompéi témoignent de l’élite antique ; l’âge n’a pas d’effet sur nos empreintes ; chaque galaxie a bien un trou noir…

28 > Environnement

La première carte globale de la couverture nuageuse ; les grands aquifères se tarissent…

34 > Médecine

Nous n’avons pas toujours l’âge de nos organes ; le globule blanc a une fin explosive ; une thérapie génique contre la mucoviscidose a réussi…

38 > Technos

Un bouclier est en préparation pour les astronautes ; un laser réussit à tordre la foudre…

 

 

Visuels-SOMMAIRE-SCIENCE-SOCIETE

42 >  Echec des maths au collège [En savoir plus]

Les clés pour réussir malgré tout

46 >  Vaccins obligatoires ou recommandés 

Désormais, même les médecins doutent de la nécessité de vacciner

48 >  Débat sur le clonage des animaux de ferme 

La viande issue de clones est-elle comme les autres ?

50 > Essor de la voiture électrique

Le temps de charge freine encore les Français

 

Visuels-SOMMAIRE-A-LA-UNE

54 > LES NOUVEAUX MIRACLES DE LA CHIRURGIE DU CŒUR  [En savoir plus]

56 > Maladies du cœur : la première cause de mortalité mondiale

60 > Six exploits de la chirurgie cardiaque

 

Visuels-SOMMAIRE-SCIENCE-DECOUVERTE

70 > Astronomie [En savoir plus]
Systèmes solaires : voici les toutes premières échographies

73 > Virologie [En savoir plus]
Sida : et s’il était en train de pactiser avec l’homme ?

76 > Ecologie [En savoir plus]
Plancton : le plus vaste écosystème livre ses secrets

84 > Musicologie [En savoir plus]
Quand la biologie réécrit l’histoire de la pop music

 

Visuels-SOMMAIRE-SCIENCE-TECHNIQUES

90 > Energie [En savoir plus]
La France sans nucléaire, c’est possible !

100 > Elevage [En savoir plus]
Fin des quotas laitiers : voici les vaches laitières 2.0

106 > Véhicule du futur [En savoir plus]
Voiture volante : encore raté ?

 

Visuels-SOMMAIRE-SCIENCE-FUTUR

114 > Les premiers fruits et légumes cultivés sous l’eau ; un prototype de désalinisateur universel d’eau de mer arrive à tirer son énergie de la houle ; Paris pourrait s’offrir le plus haut gratte-ciel en bois du monde ; un drone “taxi” veut remplacer l’hélicoptère ; l’impression en 3D passe un cap en imprimant un pont…

 

Visuels-SOMMAIRE-CULTURE-SCIENCE

[PUBLICATIONS SCIENTIFIQUES, VIDÉOS, SITES WEB, LIVRES…]

Retrouvez les sources et les références essentielles pour approfondir les articles parus dans votre magazine.


ÉCHEC DES MATHS AU COLLÈGE

À LIRE

> La bosse des maths, de Stanislas Dehaene, édition Odile Jacob (2010), qui lève le voile sur le sens du nombre avec lequel l’homme vient au monde, qui est la base de toutes ses futures aptitudes mathématiques.

À CONSULTER

> Une étude parue dans PNAS, démontrant que les nourrissons sont capables de distinguer les quantités dès 49 heures d’existence

http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2700913/

> Un article sur l’enseignement des mathématiques et ses conditions d’efficacité, sur le site de l’Institut français de l’éducation de l’ENS de Lyon

http://educmath.ens-lyon.fr/Educmath

> Le site de l’équipe de recherche en didactique « Maths à modeler », qui présente de nombreuses stratégies pour l’enseignement des mathématiques et offres des outils (jeux sérieux, casse-têtes, situations de recherche) à expérimenter en classe où à la maison

http://mathsamodeler.ujf-grenoble.fr/accueil.html

> Les résultats de l’étude CEDRE réalisée en 2014, qui testait les connaissances en mathématiques de près de 8 000 collégiens français en fin de 3e

http://cache.media.education.gouv.fr/file/2015/26/0/depp-ni-2015-19-cedre-2014-mathematiques-college_422260.pdf

 

 

À CONSULTER

> Notre dossier s’appuie notamment sur un rapport de l’OCDE publié ces dernières semaines

http://www.oecd.org/health/cardiovascular-disease-and-diabetes-policies-for-better-health-and-quality-of-care-9789264233010-en.htm

http://www.oecd.org/fr/france/Maladie-cardio-vasculaire-et-diab%C3%A8te-Politiques-pour-une-meilleure-sant%C3%A9-et-qualit%C3%A9-des-soins-France.pdf

 

> Sur le cœur artificiel

Deux équipes travaillent actuellement sur une version de cœur artificiel qui fonctionnerait à flux continu :

Plusieurs chercheurs du Texas Heart Institute (Etats-Unis) regroupés dans une entreprise, baptisée Bivacor, détaillent leur projet sur leur site

http://bivacor.com/

 

Des chercheurs de la clinique de Cleveland (Etats-Unis) ont publié plusieurs résultats de leurs tests sur des animaux

http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2818003/

http://www.jhltonline.org/article/S1053-2498(14)00458-6/fulltext

Et l’une de leur prochaine publication est déjà annoncée ici

http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25806613

 

> Le cœur génétiquement modifié

Les premiers essais ont été menés dans le cadre de l’étude Cupid

http://www.nature.com/mt/journal/v19/n7/full/mt2011123a.html

Actuellement, de nouveaux tests sont en cours, menés notamment par l’équipe de Juventas Therapeutics aux Etats-Unis

http://juventasinc.com/sdf1.html

 

> La xénogreffe 

Une présentation des travaux financés par le NIH

http://irp.nih.gov/catalyst/v22i4/extending-organ-survival

 

> Les mini-pacemakers

http://www.medtronic.com/innovation/smarter-miniaturization.html

et

http://www.sjm.com/leadlesspacing/intl/options/leadless-pacing

 


ASTRONOMIE

À VENIR… 


VIROLOGIE

À CONSULTER

> L’étude de Jaclyn Mann publiée dans PNAS

http://www.pnas.org/content/111/50/E5393

 


ÉCOLOGIE

À CONSULTER

> Le site de Tara Expéditions, pour suivre au quotidien les missions scientifiques menées sur la goélette

http://oceans.taraexpeditions.org/

À VOIR

> Un site internet proposant de découvrir les vidéos de nombreux organismes planctoniques

http://www.planktonchronicles.org/fr

À LIRE

> Un beau livre mêlant photographies et informations scientifiques sur le plancton : Plancton – Aux origines du vivant, de Christian Sardet, 192 p., 39,90 €, éditions Eugun Ulmer

 


MUSICOLOGIE

À CONSULTER

> Le site du sociologue Gérôme Guibert, spécialiste de la musique populaire contemporaine

http://www.irma.asso.fr/Gerome-Guibert

> L’article scientifique de Matthias Mauch et son équipe

http://rsos.royalsocietypublishing.org/content/royopensci/2/5/150081.full.pdf

> L’article scientifique de l’université de Vienne sur les marqueurs universels de la musique

http://www.pnas.org/content/112/29/8987

 


À LIRE

> Le rapport qui brise le tabou (version provisoire)

http://www.ademe.fr/sites/default/files/assets/documents/rapport100enr_comite.pdf

À CONSULTER

> Ce lien permet de suivre en direct la production d’électricité en France (source RTE)

http://www.rte-france.com/fr/eco2mix/eco2mix-mix-energetique

 


ÉLEVAGE

À CONSULTER

> Une étude de l’Inra sur l’impact de la fin des quotas sur les types et les tailles d’exploitations laitières en France

http://prodinra.inra.fr/?locale=fr#!ConsultNotice:276949

> Les chiffres clés de la filière lait en France, sur le site de la Maison du lait

http://www.maison-du-lait.com/fr/chiffres-cles/filiere-laitiere-francaise-en-50-chiffres

> Une étude technico-économique de l’utilisation au quotidien d’un robot de traite (Centre de référence en agriculture et agrooalimentaire  du Québec)

http://www.agrireseau.qc.ca/bovinslaitiers/documents/Beauregard_Guy_AR.pdf

> La présentation des technologies développées par la société Medria pour le monitoring des vaches laitières

http://www.medria.fr/fr_FR/innovation/service-r-d.html

 

 

 


VÉHICULES DU FUTUR

À LIRE

> Les Voitures volantes de Patrick Gyger, éditions Favre, 192 pages, 38 € (ISBN : 2-8289-0842-9)

À VOIR

> Un documentaire sur le Maverick :

 

 

À CONSULTER

> Le site du projet Pegase de Vaylon : http://www.vaylon.fr

> Le site de Terrafugia : http://www.terrafugia.com

> Le site d’Aeromobil : http://www.terrafugia.com





























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Science et vie

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Apprendre, oui, mais pourquoi ?

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« On apprend pour vivre, pas l’inverse »

Sylvain Connac, auteur d’Apprendre avec les pédagogies coopératives (ESF éditeur) est maître de conférences en sciences de l’éducation à l’université Paul Valéry, à Montpellier. Il interviendra aux États généraux sur le thème « Éduquer à la responsabilité ? »

Voici la question à laquelle tout élève devrait pouvoir répondre autrement que par des poncifs du style « pour avoir un bon métier », « pour faire plaisir à mes parents » ou « pour aider mes enfants à faire leurs devoirs plus tard ».

Mais quel est le sens de l’acte d’apprendre ? Devenir meilleur ? D’accord, mais l’érudition ne garantit pas la bonté humaine. Entrer dans la culture ? Certainement, mais à quoi servirait de vivre au sommet d’une tour d’ivoire des savoirs ? Réussir les concours ? Certainement, mais quelle tristesse, une scolarité ne servant qu’à préparer sa situation d’adulte…

Nous postulons qu’apprendre sert d’abord à transmettre. Les savoirs n’ont de saveur que lorsqu’ils alimentent la relation humaine. À la question «  Vit-on pour apprendre ou apprend-on pour vivre ? », nous optons pour la seconde proposition. Le fonctionnement d’une classe est alors bousculé. La coopération entre élèves s’active pour construire un réseau d’échanges de savoirs.

Les élèves sont autorisés à travailler à plusieurs et à s’aider. Ils travaillent à plusieurs face à des problèmes qu’aucun n’a su résoudre individuellement, ce qui conduit à réfléchir et se confronter à de nouvelles idées. Ils s’aident lorsque le besoin émerge, pour une consigne non comprise ou une question a priori insoluble si l’on est seul. Ainsi, ceux qui se font aider obtiennent des réponses à des questions qu’ils se posent, là où l’école magistrale essaie de répondre à des questions que les élèves ne se posent pas. Ceux qui aident se mobilisent pour faire un geste altruiste. À noter que c’est souvent ceux-ci qui apprennent le plus.

Il est cependant nécessaire que les élèves aient été préalablement formés aux attendus des gestes coopératifs et que l’enseignant ait construit une discipline de travail qui favorise le calme dans les échanges. À ce moment-là, les jeunes sauront pourquoi ils viennent au collège : pour apprendre, coopérer, échanger et ainsi, encore mieux apprendre.

« La finalité, c’est la construction de l’individu »

Michel Lussault est président du Conseil supérieur des programmes et directeur de l’Institut français de l’éducation. Il interviendra aux États généraux du christianisme, sur le thème « Peut-on réformer l’école ? »

À l’âge du collège, les jeunes sont confrontés à des changements très profonds de leur personnalité. Ils sont soumis à d’intenses sollicitations de la société des médias et de consommation. Tout cela est normal : l’attirance des adolescents pour ce qui se situe hors de l’école et la contestation de l’autorité ont toujours été ! Leurs relations aux programmes scolaires sont forcément ambiguës. La nostalgie d’une école pleine d’ados le doigt sur la couture du pantalon est une image d’Épinal : ce collège-là n’a jamais existé.

Au Conseil supérieur des programmes, nous n’avons pas postulé un dégoût des élèves pour les apprentissages. Dans les classes de maternelle et de primaire, l’appétit reste intact. Et chez les ados, la volonté d’apprendre est toujours là. Nous avons préféré insister sur l’engagement. Le défi consiste à mobiliser les élèves, corps et esprit, pour qu’ils acceptent de s’engager, de mobiliser leurs connaissances antérieures, scolaires, mais aussi ce qu’ils ont appris en dehors, dans leur famille et leurs activités extrascolaires.

L’apprentissage ne présuppose pas la passion ni l’engagement une appétence systématique. Il m’est arrivé de m’engager sans en avoir le goût, d’apprendre en m’ennuyant. On peut apprendre quelque chose qu’on ne goûte pas dès lors que la finalité vous apparaît clairement. La finalité de l’école, c’est la construction de l’individu, son épanouissement, sa capacité à faire des choix libres dans la société, la découverte possible de choses que l’on ne connaît pas.

Plutôt que du dégoût, nous observons chez les élèves en difficulté de grands handicaps linguistiques (et non cognitifs, car nous réfutons l’idée que certains seraient plus bêtes que d’autres) et une vraie fragilité sur les méthodes. Sur ces points, la réforme du collège s’engage clairement. La recherche de l’engagement des élèves doit être poursuivie malgré et même à cause de la grande hétérogénéité des élèves. C’est difficile, mais quel autre choix avonsnous ? Que risque-t-on à essayer ? Les bons élèves n’en deviendront pas moins bons. On « risque » juste de voir des élèves faibles devenir meilleurs. Cessons de nous lamenter sur les conditions de notre contemporanéité. Incorporons-y plutôt nos idéaux.

« Il faut bâtir une école des intelligences multiples »

Jean-Michel Blanquer est ancien directeur général de l’enseignement scolaire, directeur de l’Essec et auteur de l’École de la vie (Odile Jacob). Il interviendra aux États généraux du christianisme sur le thème « Peut-on réformer l’école ? »

L ’éducation est consubstantielle à la condition humaine. Toute personne naît démunie mais riche d’un grand potentiel cognitif et émotionnel. C’est l’entourage, la formation par les autres qui vont lui permettre de s’élever. De ce fait, toute éducation est une éducation à la liberté. Il y a donc une relation directe entre la condition humaine, la liberté et l’éducation. C’est la principale réponse à la question « Pourquoi apprendre ? »

Mais cette raison profonde n’est pas toujours immédiatement compréhensible. C’est pourquoi les méthodes et les formes de l’éducation doivent tenir compte de la particularité de chacun. D’un côté, on doit garantir à tous un socle commun de savoirs et de savoir-faire. De l’autre, il faut dessiner des chemins particuliers tenant compte de la diversité des personnes. Il faut donc bâtir une école des intelligences multiples. La véritable égalité consiste à pousser chacun vers  son excellence.  Il faut sortir des débats binaires, des oppositions factices, des prises de position caricaturales, et conjuguer des termes qui nous semblent si opposés, en France  : tradition et modernité, rigueur et liberté, exigence et bienveillance. C’est tout l’enjeu d’adopter une pédagogie différenciée, personnalisée, qui encourage l’élève et lui permette d’avancer à son rythme.

Ainsi, je préconise des parcours à géométrie variable au collège. Pourquoi ne pas remplacer les niveaux de 6e , 5e , 4e , 3e , par un cycle entier organisé en groupes de niveaux, en mathématiques, français, langues étrangères, etc.  ? Chacun pourrait progresser davantage dans ses matières fortes et consolider ses bases dans ses matières plus faibles. L’objectif étant toujours qu’il ait acquis le niveau minimum nécessaire, à l’issue de sa scolarité obligatoire.

Cela suppose plus de souplesse dans l’organisation, plus de liberté pour les acteurs de l’enseignement, quand notre système français demeure encore trop rigide et vertical. 

« Les élèves ont besoin de professeurs passionnés »

Jean-Paul Mongin est délégué général de SOS Éducation, association qui prône notamment la méthode syllabique. Il interviendra aux États généraux du christianisme sur le thème « Éduquer à la bienveillance ? »

À en croire la ministre de l’Éducation nationale, les élèves de France s’ennuient. Un peu au primaire, beaucoup au collège, où il serait donc nécessaire de déconstruire les savoirs disciplinaires et d’introduire la fine fleur de l’expérimentation pédagogique, classes inversées et tablettes numé- riques à l’appui, pour activer le premier facteur de la réussite scolaire, à savoir la « motivation pour apprendre ». Encore faudrait-il préciser que c’est dans le rapport au professeur que le désir de connaissance s’enracine et s’oriente – ce que signifiait le beau mot d’instituteur, malheureusement tombé quelque peu en désuétude.

Le meilleur professeur de français n’est pas celui qui guide de façon experte les enfants dans le repérage d’une succession de procédés stylistiques, mais celui qui leur permet une expérience littéraire, l’émerveillement face à la richesse du sens d’un texte. Le professeur de physique aura beau diversifier à l’envi les expériences qu’il propose à ses élèves, les faire travailler de manière collaborative, jeter des ponts entre disciplines, ce qu’il leur transmettra (ou non), c’est son amour de la science. Et je ne connais pas de philosophe qui ne doive sa vocation à la rencontre d’un maître en philosophie. Pour retrouver l’envie d’apprendre, les élèves ont avant tout besoin de professeurs passionnés. Si toutes les méthodes ne se valent certes pas, la fécondité du rapport pédagogique repose d’abord sur la cohérence et l’engagement des équipes éducatives. L’avenir est à une école dont les acteurs (parents d’élèves, professeurs, chefs d’établissement) se choisissent.

> Pour retrouver ces intervenants aux Etats généraux du christianisme, à Strasbourg du 2 au 4 octobre 2015, inscrivez-vous dès maintenant (et gratuitement) en ligne !