Pourquoi les aimants n’attirent-ils que le fer ?

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Lignes de champ magnétique développées par un aimant. Expérience de la limaille de fer (Windell Oskay via Flickr CC BY 2.0).

Lignes de champ magnétique développées par un aimant. Expérience de la limaille de fer (Windell Oskay via Flickr CC BY 2.0).

En fait, les aimants n’attirent pas que le fer, mais aussi le cobalt et le nickel, voire certains métaux de la famille des terres rares. Mais hormis ces exceptions, pourquoi les non-ferreux semblent rester indifférents au champ magnétique généré par les aimants ? Pour le comprendre, il faut pénétrer au cœur de la matière et se souvenir qu’un atome est constitué d’un noyau autour duquel gravitent des électrons.

Leur trajectoire en orbite peut être considérée comme un courant électrique qui génère un champ magnétique dit “orbital”. De plus, chaque électron possède aussi un “moment magnétique de spin”, comme s’il tournait sur lui-même.

Chaque électron est comme un petit aimant

La combinaison de ces moments orbitaux et de spin donne le moment magnétique de chaque électron. Le moment magnétique global de l’atome est la somme des moments magnétiques des électrons. Et en additionnant les moments magnétiques de tous les atomes, on obtient le moment magnétique total du corps qu’ils constituent.

Dans de nombreux éléments, comme l’eau ou les molécules organiques, les électrons s’assemblent sur la même orbitale en paires de spins opposés, ce qui annule leurs moments de spin, mais aussi leurs moments orbitaux, comme s’ils tournaient sur la même orbite mais dans des sens différents.

Des électrons libres et de noyaux à l’unisson

Dans d’autres matériaux, notamment certains conducteurs électriques (métaux), les atomes disposent d’électrons “libres”, non appariés, qui font perdurer un champ magnétique au niveau des atomes. Mais généralement, les atomes se dispersent à l’intérieur du corps, ce qui annule son champ magnétique. Quand on soumet ce corps à un aimant, il ne réagit pas ou très peu.

Dans le cas des matériaux ferromagnétiques, non seulement chaque atome a un moment magnétique dû à la présence d’électrons non appariés, mais les atomes ont en plus tendance à orienter leurs moments magnétiques parallèlement et dans le même sens. La force qui les y oblige – baptisée “l’interaction d’échange” – est d’origine quantique et dépend notamment de la distance interatomique.

Un effet d’alignement

L’interaction se répand entre différents atomes à l’intérieur de domaines magnétiques (des groupes d’atomes) constituant le matériau, orientés dans diverses directions, ce qui annule leur effet. Mais en présence d’un aimant, les domaines réagissent en s’alignant tous parallèlement, et le corps devient à son tour aimanté.

I.C.

 D’après S&V n°1101

 

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Le ciel du mois de septembre

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Le ciel du mois de septembre 2015, vers minuit.

Le ciel du mois de septembre 2015, vers minuit.

La grande horlogerie cosmique va ce mois-ci nous offrir deux beaux spectacles célestes à admirer. Alignements parfaits des astres aidant, ce sont deux effets de perspective cosmique, une occultation et une éclipse, que nous pourrons contempler à l’œil nu et aux jumelles.
Le 5 septembre au matin, le Dernier Quartier de Lune occultera la brillante étoile Aldébaran du Taureau. C’est à l’aube que la Lune et l’étoile géante rouge seront le plus proches l’une de l’autre, au dessus de l’horizon sud est. En Europe, l’occultation elle-même sera très difficile à observer dans un ciel déjà trop clair, le phénomène n’étant visible en pleine nuit qu’en Grande Bretagne, en Islande, au Groenland, et en Amérique du Nord. Ce rapprochement, et pour les plus chanceux, cette occultation, seront bien visibles à l’œil nu et aux jumelles, et n’exige pas l’utilisation d’un télescope.
Le 28 septembre, toute la nuit ou presque, c’est à une spectaculaire éclipse totale de Lune que nous allons assister… Cette nuit là, notre étoile, la Terre et la Lune seront exactement alignées, et la Lune plongera dans l’ombre de la Terre, durant plus d’une heure.
L’éclipse commencera, avec l’entrée de la Lune dans l’ombre de la Terre, à 3 h 07 min, le début de la phase totale, c’est à dire le moment où la Lune sera entièrement plongée dans l’ombre, aura lieu à 4 h 11 min, le maximum de l’éclipse aura lieu à 4 h 51 min, la fin de la phase totale interviendra à 5 h 23 min et enfin, la Lune sortira de l’ombre de la Terre à 6 h 27 min.

Durant une éclipse totale de Lune, la luminosité de l'astre des nuits chute spectaculairement, d'un facteur mille, ou plus. La Lune se pare d'une robe orangée, rouge ou grise. Photo Serge Brunier.

Durant une éclipse totale de Lune, la luminosité de l’astre des nuits chute spectaculairement, d’un facteur mille, ou plus. La Lune se pare d’une robe orangée, rouge ou grise. Photo Serge Brunier.

Il est impossible de prédire à quoi ressemblera la Lune durant la phase totale. Plongée dans l’ombre de la Terre, elle sera faiblement éclairée par les rayons du Soleil traversant l’atmosphère terrestre au moment du lever ou du coucher, sur Terre. Ce sont donc des couleurs crépusculaires qui teinteront la Lune durant plus d’une heure, et sa robe sera orangée, grise ou rouge, en fonction des conditions atmosphériques.
Photographier l’éclipse n’est pas très difficile, à condition, toutefois, d’utiliser un objectif d’une focale assez longue, de 100 à 600 mm. L’appareil photo sera installé sur pied, le diaphragme de l’objectif sera largement ouvert, entre 2.8 et 5.6. Le temps de pose doit être court, afin que la Lune ne se déplace pas trop dans le champ de l’appareil durant l’exposition. Une pose de 1 à 5 secondes suffit avec la plupart des téléobjectifs, jusqu’à 300 mm, les objectifs plus puissants exigeront des temps de pose plus courts. La sensibilité de l’appareil sera réglée en fonction de plusieurs tests d’exposition.
Serge Brunier