Que devient le virus de la grippe en été ?

Standard
Virus de la grippe en microscopie électronique (fausses couleurs). / Ph. Cynthia Goldsmith, CDC, 1981, via Wikimedia Commons.

Virus de la grippe en microscopie électronique (fausses couleurs). / Ph. Cynthia Goldsmith, CDC, 1981, via Wikimedia Commons.

C’est simple : il déménage sous des cieux plus favorables à sa propagation, c’est-à-dire froids et humides. « Le virus de la grippe est toujours quelque part en un point du globe », confirme Jean-Claude Manuguerra, de l’Institut Pasteur.

Dans l’hémisphère Nord, il provoque des épidémies entre octobre et mars, tandis qu’il s’épanouit dans l’hémisphère Sud entre avril et septembre. C’est le “basculement hémisphérique” de l’hiver septentrional à l’hiver austral.

Dans la ceinture intertropicale, le virus circule toute l’année, mais à bas bruit, avec des pics à la saison des pluies.

De proche en proche

Mais comment fait-il pour voyager d’un point du globe à l’autre ? Eh bien, il passe de proche en proche.

Nul besoin de parcourir de longues distances en avion, il suffit que chaque individu contaminé parcoure ne serait-ce qu’un kilomètre et le tour (de la Terre) est accompli !

A contrario, si un Australien contaminé vient passer ses vacances en France au mois d’août, le virus ne s’y implantera pas car les conditions “environnementales et comportementales” ne sont pas réunies.

D’une part, les UV abîment son ARN – son matériel génétique –, d’autre part, en été, les personnes ont moins tendance à s’agglutiner dans des endroits confinés. Ce qui entrave la diffusion du virus.

M.-C.M

Pourquoi l’eau du bain fume alors qu’elle n’est pas à 100 °C ?

Standard
Il faut distinguer la fumée blanche formée par l'eau au contact avec un air plus froid et la vapeur d'eau, invisible. / Ph. Steve Corey via Flickr, CC BY ND.

Il faut distinguer la fumée blanche formée par l’eau au contact avec un air plus froid et la vapeur d’eau, invisible. / Ph. Steve Corey via Flickr, CC BY ND.

Il est vrai que l’on peut s’étonner de voir de la fumée au-dessus du bain ou même d’une casserole d’eau chaude, alors que c’est à 100 °C que l’eau se transforme en vapeur.

Pour comprendre, il faut d’abord se débarrasser d’un abus de langage : le mot vapeur désigne l’eau à l’état de gaz (invisible à l’œil nu), et non la fumée blanche que vous observez dans votre bain. Celle-ci est constituée de fines gouttelettes d’eau formée… par la condensation de la vapeur d’eau dans de l’air plus froid.

C’est donc bien que l’eau peut se transformer en gaz à moins de 100 °C. 100 °C, soit la température d’ébullition de l’eau, c’est en fait la température où la totalité du liquide chauffé se transforme en gaz. Vous pouvez chauffer plus, la température de l’eau n’augmentera pas, seule la température du gaz ainsi formé pourra augmenter.

UNE AFFAIRE D’ÉQUILIBRE

Mais que se passe-t-il alors en deçà des 100 °C ? Dans une masse d’eau liquide, il règne une agitation permanente, plus ou moins grande selon la température. Cette agitation provoque des chocs entre les molécules d’eau qui suffisent à les éjecter en plus ou moins grand nombre de la surface.

Isolées les unes des autres, ces molécules forment un gaz (la vapeur) qui se mélange à l’air. C’est très pratique, car c’est ainsi que sèche la flaque de
pluie quand revient le soleil. L’échange entre la surface de l’eau et l’air atteint un équilibre quand autant de molécules d’eau sont éjectées du liquide que d’autres y retournent. On dit alors que l’air est saturé en vapeur d’eau. Le taux d’humidité est de 100 %.

Cet équilibre eau-vapeur, qui est aussi un équilibre thermique, est assuré uniquement près de la surface. Jusqu’ici, pas de fumée. Oui, mais la quantité de vapeur que peut contenir l’air dépend de la température. Ainsi, lorsqu’on s’éloigne de la surface d’un liquide chaud, la température décroît et l’air ne peut plus contenir autant d’eau sous forme de vapeur.

Alors, les molécules d’eau s’agrègent pour former des gouttes minuscules : voici enfin la fumée qui s’élève au-dessus du bain. L’effet inverse peut aussi être observé lorsqu’un air chaud et humide entre en contact d’une paroi plus froide. L’air refroidi près de la paroi ne peut conserver l’eau sous forme gazeuse : elle se condense pour former de la buée.

B.T.

 

Comment se fait-il que les nouveau-nés clignent si peu des yeux ?

Standard
Les bébés clignent jusqu’à dix fois moins des yeux que les enfants et les adultes. / Ph. andrechinn via Flickr - CC BY 2.0

Les bébés clignent jusqu’à dix fois moins des yeux que les enfants et les adultes. / Ph. andrechinn via Flickr – CC BY 2.0

C’est vrai, les bébés clignent des yeux bien moins souvent qu’un enfant ou un adulte. Mais ils le font bel et bien, et cela dès la naissance. Et heureusement car, sans ce réflexe, la surface de leurs yeux finirait par se dessécher et s’opacifier, jusqu’à les rendre aveugles.

Ces clignements servent en effet à déposer sur la surface une fine couche de larmes, appelée film lacrymal. Jusqu’à 6 mois, pourtant, les bébés agitent très peu leurs paupières : deux à trois fois par minute en moyenne contre douze à vingt fois chez l’adulte.

De multiples études expliquent ce phénomène par la structure particulière du film lacrymal du nouveau-né. Celui-ci comprend, chez tous les individus, une couche d’eau saline, recouverte d’une pellicule huileuse qui la protège de l’évaporation.

Plusieurs hypothèses

“Chez le nouveau-né, cette couche de lipides est plus épaisse, ce qui ralentirait la vitesse d’évaporation du film lacrymal et diminuerait donc le besoin de cligner des yeux”, explique Dominique Brémond-Gignac, ophtalmologue pédiatrique au CHU d’Amiens.

La faible ouverture des paupières à la naissance (qui fait que les yeux des bébés apparaissent plus « grands ») participerait également à ce phénomène, puisqu’elle n’expose qu’une petite surface oculaire à l’air extérieur.

Une autre hypothèse implique l’immaturité du système nerveux central des nouveau-nés : encore en développement, celui-ci réagirait moins efficacement aux signaux d’assèchement de l’œil envoyés par le nerf ophtalmique.

Pour Dominique Brémond-Gignac, la rareté des clignements d’yeux des nouveau-nés résulte probablement de tous ces facteurs à la fois. Mais quelle qu’en soit la cause, rien ne sert de vous inquiéter si votre progéniture n’abuse pas des effets de cils.

E.A.

"Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?" ou le miracle de la famille

Standard

On rit beaucoup, grâce à une liberté de ton où le politiquement correct est écarté. Les spectateurs se réjouissent des « vannes » que se lancent les gendres du très gaulliste Verneuil, qui ne supporte pas, après les mariages de ses trois premières filles avec un juif, un Arabe et un Chinois, de voir sa quatrième épouser un Noir.

La méfiance identitaire ne concerne pas seulement le bon Français catho. Le jeu avec les mots, et au fond avec l’identité de chacun à travers des protocoles d’insultes échangées, avec pas mal d’agressivité, mais aussi beaucoup de jubilation par lesdits gendres, souligne le « bordel identitaire » du monde contemporain, selon les mots du réalisateur dans une interview à Marianne.

Un melting-pot explosif

Ce bordel est joyeux, et ne court pas nécessairement vers la catastrophe, nous suggère le film. Ce melting-pot explosif – un repas de famille dégénère presque en pugilat général – s’achève sur la célébration du mariage de la quatrième fille de Verneuil avec le soupirant d’origine africaine. Les insultes rituelles entre jeunes, maintenant réconciliés, constituent en fait les prolégomènes de la dernière alliance. Si le discours manifeste de ce film concerne le racisme, le contenu latent, et donc inconscient, met en scène la force mythique de la famille.

C’est d’ailleurs la problématique même de l’alliance qui est mise ici en scénario. On va chercher le différent, l’exogamie étant la base de toute culture, mais le problème est de rencontrer un différent avec qui l’on n’ait pas trop de différends. Le scénario rabote les angles les plus rugueux des mariages mixtes pour presque réduire la question religieuse à un folklore alimentaire. La famille est alors la valeur fédératrice qui, par magie, va recréer le lien social. Elle se révèle le plus puissant des régulateurs de conflits. Il faut néanmoins que les deux clans familiaux se reconnaissent un terrain d’entente minimal, et, si possible, un ancêtre commun, fût-il symbolique.

Les tensions identitaires résorbées

D’une manière très patriarcale, les deux chefs de famille, l’un blanc et l’autre noir, finissent par se mettre d’accord sur la célébration des dernières noces après avoir scellé symboliquement l’alliance avec leur sang – pour les détails, il faut voir le film –, s’être enivrés ensemble et avoir invoqué le grand ancêtre, qui n’est autre que de Gaulle.

Pas de « nouvelle famille » donc : que du très classique, hétérosexuel et sans recomposition, avec des réunions familiales régulières. Les gendres finissent par en redemander, comme les spectateurs du film, applaudissant à l’idée que les tensions identitaires habitant le corps social se résolvent, comme par miracle, au sein d’un phalanstère familial.

Le parfum nostalgique de la France d’avant esquisse un espace de retrouvailles possible. Verneuil est un fantôme. Le notaire catholique, et gaulliste, de province est le survivant d’un film de Louis de Funès, faisant signe vers un passé révolu, à la fois improbable et rassurant. Il donne l’espoir d’une réconciliation entre forces centrifuges communautaristes ou claniques, autour d’un modèle familial fortement intégrateur, même si on s’en moque un peu.

Nous n’avons plus de grand ancêtre commun, mais il nous reste quand même la « liturgie » familiale… Est-ce qu’elle suffira pour retisser le lien social ?

 

D’où vient la lumière des lucioles ?

Standard
1) L’extrémité de l’abdomen des lucioles est tapissée de photophores, des petits organes bioluminescents. 2) Ces photophores sont formés d’une couronne de cellules lumineuses, les photocytes, groupées autour d’une trachée. Chaque photocyte contient des petits organites appelés peroxisomes. 3) Dans ces peroxisomes, se produit une réaction chimique entre une enzyme (la luciférase) et une protéine (la luciférine) qui provoque l’émission de photons. / Image : S&V.

(1) L’extrémité de l’abdomen des lucioles est tapissée de photophores, des petits organes bioluminescents. (2) Ces photophores sont formés d’une couronne de cellules lumineuses, les photocytes, groupées autour d’une trachée. Chaque photocyte contient des petits organites appelés peroxisomes. (3) Dans ces peroxisomes, se produit une réaction chimique entre une enzyme (la luciférase) et une protéine (la luciférine) qui provoque l’émission de photons. / Image : S&V.

C’est une réaction chimique, produite dans un organe spécifique situé à l’extrémité de l’abdomen de ces coléoptères, qui est à l’origine de la belle lumière qu’émettent les “mouches à feu”.

Cette “bioluminescence”, commune à d’autres animaux, en majorité marins, comme la méduse Aequorea victoria, a été en partie élucidée dès le XIXe siècle par le pharmacien français Raphaël Dubois (1849-1929). La bioluminescence est due à une réaction entre deux molécules, la luciférine (une protéine) et la luciférase (une enzyme), réalisée en présence d’oxygène. Elle donne lieu à l’émission de particules élémentaires de lumière, des photons.

Excepté quelques rares espèces qui ne “s’allument” pas, comme la luciole noire (Ellychnia atra), presque toutes les 2 000 espèces de lucioles clignotent. Un comportement qui pourrait sembler dangereux, puisqu’il signale l’animal aux yeux d’éventuels prédateurs… Mais alors, pourquoi l’évolution l’a-t-il favorisé ?

Si la sélection naturelle a conservé ce comportement lumineux, c’est qu’il permet à ces insectes de signaler leur présence à leurs partenaires sexuels, d’attirer des proies ou bien d’éclairer un site de vol. En général, les mâles se servent de la lumière en vol pour afficher leur présence, tandis que les femelles signalent ainsi leur position dans l’herbe.

Des clignotements codés

Pour éviter tout flirt avec un partenaire d’une autre espèce, chacune clignote à un rythme et avec une intensité particuliers, une sorte de code Morse à l’usage des lucioles. Ainsi, le mâle de Photinus macdermotti émet-il deux flashs séparés par deux secondes, quand la femelle attend, elle, environ une seconde avant de répondre par un seul flash.

La couleur du signal lumineux des lucioles varie aussi légèrement, selon l’espèce de luciole : elle peut être jaune, verte, bleue… Pour améliorer les chances de rencontres entre partenaires, les mâles de certaines espèces comme Photinus carolinus clignotent en groupe, de façon synchronisée ; ce qui permet aux femelles de les détecter, même en présence d’un très grand nombre de mâles d’autres espèces.

Et les espèces qui ne s’allument pas ? Elles utilisent des phéromones à la place de la lumière. La bioluminescence peut également être “détournée” par certaines espèces qui attirent alors des mâles d’autres espèces pour… les manger. C’est le cas des femelles Photuris versicolor et P. bethaniensis, qui imitent les signaux lumineux des femelles P. macdermotti pour attirer les mâles de cette espèce. Enfin, la bioluminescence peut aussi servir à éclairer les sites d’atterrissage et de ponte.

Certains chercheurs, comme l’entomologiste américain James Lloyd, suggèrent également que cette bioluminescence pourrait servir à intimider de potentiels prédateurs, qui verraient dans cette émission lumineuse un risque de toxicité…

K.B.

Peut-on mesurer l’intelligence des animaux?

Standard
Un orangoutan. Ph. macinate, via Flickr - CC BY 2.0

Un orangoutan. Ph. macinate, via Flickr – CC BY 2.0

Malin comme un singe, bête à manger du foin… Dans la langue, le singe se classe au-dessus du ruminant sur l’échelle de l’intelligence. Et dans les faits ?

Personne n’a jamais comparé scientifiquement un chimpanzé et une montbéliarde. Mesurer l’intelligence des animaux est pourtant possible (même celle des bactéries a été évaluée !), notamment en captivité, via des tests de “résolution de problème” qui interposent, par exemple, un obstacle entre un animal et sa nourriture.

Le niveau d’intelligence sera alors donné par sa capacité à agir sur son environnement – y compris en manipulant des “outils” (crochet de fer, ficelle…) – pour s’affranchir de l’obstacle. Les éthologues ont ainsi compris que nombre d’oiseaux, en particulier de la famille des corbeaux, conçoivent mentalement les effets d’un outil avant de l’utiliser : ce qui est une marque claire d’intelligence.

La seconde mesure passe par l’observation en milieu naturel du “taux d’innovation”. Les marqueurs de l’intelligence sont alors l’aptitude à adopter des gestes nouveaux sortant du répertoire ordinaire de l’animal et lui apportant un avantage (pour se nourrir, tenir sa place dans le groupe, se reproduire).

“Quelles que soient les espèces étudiées, les mesures en captivité et en milieu naturel convergent”, observe Louis Lefebvre, directeur de recherche à l’université McGill (Canada).

Leur cerveau ne dit rien

Cela suffit-il pour établir une échelle universelle d’intelligence ? Non. Les tests ne sont généralement pas transposables entre espèces et, surtout, les résultats varient beaucoup entre groupes ou individus d’une même espèce.Cela permet de comparer l’intelligence d’un animal par rapport à celle de ses congénères, mais laisse peu d’espoir de révéler des différences entre espèces.
L’exploration directe du cerveau n’en dit guère plus, et rapporter sa taille à celle du corps ne donne pas de réponse claire. Ainsi, le cerveau humain représente 2 % de notre masse corporelle et nous place parmi les plus “cérébraux” des grands mammifères.
Mais celui de la musaraigne, pourtant peu capable d’innover ou de résoudre un problème, en représente 10 %. Seule l’efficacité du traitement de l’information donnerait l’avantage aux hommes grâce à la grande densité de nos neurones et la rapidité des fibres nerveuses qui les relient.

F.L.

Perçoit-on tous les couleurs de la même façon?

Standard
confettis - Juan Antonio Capò via Flickr - CC BY 2.0

confettis – Juan Antonio Capò via Flickr – CC BY 2.0

Si en regardant un jeton, j’affirme qu’il est bleu roi et une autre personne le voit bleu vert, à quoi est due cette différence de perception ?

La question sera de savoir si c’est notre cerveau qui ne perçoit pas la même couleur, ou si tout simplement nous en parlons différemment. Sachant que nos rétines possèdent toutes les mêmes cellules spécialisées, les cônes, qui réagissent à une couleur (bleu, vert ou rouge), on pourrait croire que c’est à ce niveau que se joue la différence de perception.

Sauf qu’en 2005, en observant les rétines de plusieurs individus grâce à un système de laser, des chercheurs sont parvenus à une conclusion surprenante : le nombre de cônes et leur distribution dans la rétine ont beau varier significativement entre les personnes, leur perception des couleurs est équivalente.

Contre toute attente, les différences de perception interindividuelles ne trouvent donc pas leur origine dans l’œil.

Une question de culture

Selon Nicole Tersis, linguiste au CNRS, “la perception et la dénomination des couleurs ne sont pas universelles, elles diffèrent avec les cultures et les langues… et peuvent évoluer dans le temps. Différents paramètres interviennent dans leur dénomination selon le vécu de chaque groupe social et la symbolique qui s’y rattache. »

Cette relation entre langage et perception est flagrante lorsque la catégorisation des couleurs diffère radicalement de la nôtre. Ainsi, les Himba de Namibie classent dans un groupe les teintes foncées (rouge, vert et bleu), mais consacrent une catégorie entière aux bleu et vert vifs : parmi des figures vert vif, ils savent identifier un vert légèrement différent pour lequel ils disposent d’un mot distinct.

Mais au milieu de figures vertes, parmi lesquelles on en aura glissé une bleue (choisie pour avoir le même nom que le vert dans leur système), les Himba repéreront difficilement l’intrus… On ne sait cependant pas comment le langage détermine ces différences étonnantes au niveau cérébral.

En fait, pour déterminer si malgré des appellations distinctes nous percevons ou non la même couleur, il faudrait s’affranchir de notre subjectivité en nous soumettant une couleur de façon subliminale et comparer nos activités cérébrales. Cette expérience n’étant pas envisageable, seuls les nuanciers de couleurs normalisés permettent de mettre tout le monde d’accord pour désigner une couleur… même si chacun la voit à sa façon.

Au.R.

Le papier recyclé est-il vraiment plus écologique ?

Standard
Recyclage de papier par siftnz via Flickr - CC BY 2.0

Recyclage de papier par siftnz via Flickr – CC BY 2.0

Quelle que soit sa qualité, oui, le papier recyclé a moins d’impact sur l’environnement que le papier classique. Le recyclage consiste en effet à extraire les fibres des vieux papiers et à en éliminer les contaminants (colle, agrafes…). Ses fibres sont ainsi récupérées, et elles pourront être réutilisées plusieurs fois. Ce procédé nécessite moins de bois, d’eau et d’énergie que la fabrication de pâte à papier traditionnelle et permet de valoriser un déchet qui, autrement, serait incinéré.

Pour autant, certains papiers recyclés sont plus écologiques que d’autres. La différence se joue surtout au niveau du taux de fibres recyclées (de 50 à 100 %) et des traitements subis au cours du recyclage. Pour les journaux et magazines, l’encre doit être séparée des fibres, généralement à l’aide
de solutions savonneuses. Or, cette étape peut entraîner un surcoût.

L’USAGE d’oxydants LIMITÉ

Pour obtenir un papier blanc, que le papier soit recyclé ou non, l’usage d’oxydants est nécessaire. Ces produits chimiques vont alors contaminer les eaux. Des normes européennes obligent donc les papetiers à limiter significativement leurs rejets. Même si l’épuration de ces eaux produit alors des déchets qu’il faudra éliminer, le bilan écologique reste en faveur du papier recyclé. La palme revenant au papier 100 % recyclé, non blanchi et non
désencré (beige ou gris).

Bien que de nombreux labels aient été mis en place, il est encore parfois difficile de s’y retrouver. Le premier type de label atteste du taux de fibres récupérées (APUR ou NAPM garantissent un taux de 50 à 100 %). D’autres attestent de la consommation énergétique et des impacts sur l’environnement (La Fleur, l’écolabel européen). Le plus exigeant combine les deux, c’est l’écolabel allemand l’Ange bleu.

S.P.

"Quand le burn-out guette, apprenez à dire non"

Standard

Près de 3,2 millions d’actifs seraient en situation de travail excessif et compulsif, présentant un surengagement pathologique avec un risque élevé de déclencher un burn-out. Ce sont les chiffres éloquents de la dernière étude menée par le cabinet Technologia dédiée aux risques liés au travail. Une autre étude réalisée par les éditeurs de logiciels Roambi et Zebaz montre que 93 % des cadres supérieurs consultent leurs données professionnelles pendant leurs congés. Face à l’ampleur de ce phénomène emblématique de notre époque débordée, comment prévenir l’épuisement professionnel ? Quels sont les signaux d’alerte et que faire pour s’en protéger ? Rencontre avec François Baumann, médecin généraliste, auteur de Burn-out. Quand le travail rend malade et du Guide anti-burn-out, éditions Josette Lyon.

 

À quoi reconnaît-on le burn-out ?

Le burn-out est un état d’épuisement émotionnel qui est l’aboutissement d’un stress intense et souvent chronique. Il est en lien direct avec notre manière de vivre le travail et nos relations avec les autres. On repère plusieurs signes avant-coureurs. Le plus manifeste ? Un état de fatigue persistante qui ne disparaît pas au repos. Les personnes se sentent totalement vidées et connaissent au sein d’une même journée d’importantes fluctuations d’humeur. On décèle aussi des troubles psychosomatiques (maux de dos, troubles digestifs, perturbations du sommeil, vertiges, anxiété…). Des crises de larmes ou de colère, des comportements addictifs et destructeurs peuvent également annoncer un burn-out.

Et sur le lieu de travail, quels en sont les signes tangibles et précurseurs ?

Dans la vie professionnelle, on observe chez ces personnes une importante démotivation, une lassitude psychique et un désenchantement associés à un sentiment d’inutilité. La déception est d’autant plus lourde que les attentes professionnelles sont élevées. Bien souvent, ces personnes s’isolent de leurs collègues et de leurs proches. Elles peuvent également faire preuve de cynisme ou d’humour noir, alors que de telles tendances n’ont rien à voir avec leur comportement habituel. Cet ensemble de signaux doit être pris en compte.

Existe-t-il des personnes plus à risque que d’autres ?

Le burn-out a longtemps concerné les professionnels de l’aide en contact avec un public : médecins, infirmières, avocats, enseignants… mais aujourd’hui, aucune catégorie n’est épargnée. Les caissières de supermarché, les ouvriers et les agriculteurs présentent les mêmes risques que d’autres professions.

Comment prendre de la distance par rapport à son travail ?

Il est capital de s’interroger sur la place et le sens qu’on lui donne. Bien souvent, les personnes confrontées au surmenage présentent une forte quête de reconnaissance, voire d’amour mal placé dans l’univers professionnel. Je leur demande fréquemment : « Que cherchez-vous à montrer en travaillant de cette manière ? » Elles ne savent pas dire non à certaines demandes de leur hiérarchie, ni respecter leurs propres limites. Or face à une promotion qui risque d’entraîner trop de stress et de mettre en péril son équilibre, il est parfois souhaitable d’opposer un refus. Selon moi, le burn-out, c’est une maladie de l’âme en quête de son idéal. Il existe souvent, dans ce cas-là, un fort sentiment de déception par rapport à la vie que l’on mène. Ce mal-être peut conduire à une remise en question et à une profonde transformation de l’existence et de sa manière de l’appréhender. En sortir implique notamment de revoir son idéal et de l’adapter autrement aux exigences de la réalité.

Cela passe aussi par le fait de retrouver un juste équilibre entre vie professionnelle et vie privée…

Quel que soit notre métier, il importe de laisser de la place aux loisirs. Faire du sport, avoir des hobbies sont nécessaires pour éviter un surinvestissement professionnel. Sur le plan physique, veillez à dormir suffisamment, à prévoir des moments de détente après votre journée de travail, à vous investir dans des activités qui vous ressourcent. Sur le plan relationnel, ne vous isolez pas : gardez le contact avec vos collègues, votre famille et vos amis. Enfin, entretenez des relations fondées sur la réciprocité : fuyez les personnalités toxiques ou négatives qui accaparent votre énergie.