En Méditerranée, le thon rouge se porte mieux

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Pêche au thon rouge à la ligne. Le gros des prélèvements se fait par la pêche à la senne. / Ph. Xiphias BGF  via Wikimedia Commons - CC-BY-SA-3.0

Pêche au thon rouge à la ligne. Le gros des prélèvements se fait par la pêche à la senne. / Ph. Xiphias BGF via Wikimedia Commons – CC-BY-SA-3.0

Alors que les thoniers français appareillent en Méditerranée cette fin de semaine pour un mois de pêche au thon rouge, une bonne nouvelle est sur toutes les bouches : le thon rouge se porte mieux.

Ces cinq dernières années, les chercheurs de l’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer) en mission d’observation aérienne ont pu repérer trois fois plus de bancs de jeunes poissons qu’il y a dix ans. C’est la preuve que les mesures drastiques de réglementation de la pêche ont porté leurs fruits.

A la fois symbole de la surpêche par excellence et poisson le plus prisé au monde, le thon rouge avait subi des pertes dramatiques dans les années 90. La faute à une quantité de bateaux de pêche surdimensionnée par rapport aux stocks existants, et à un marché très demandeur.

L’effondrement des stocks a été évité de justesse

Ainsi, après avoir diagnostiqué sa surexploitation en 1996, le Cicta (Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique) avait mis en place des quotas de pêche réduits à 30 000 t annuelles en 1998.

Mais cela n’allait pas suffire. Alors que de l’avis des scientifiques des quotas bien inférieurs auraient été nécessaires, les abus étaient nombreux. Jusqu’à 50 000 t de thon rouge étaient prélevées chaque année, d’après les estimations. C’est-à-dire la même quantité d’avant la réduction des quotas !

 

Evolution des captures de thon rouge (d'après l'Ifremer). Lors de l'instauration des quotas à 30 000 tonnes, la pêche s'est en réalité maintenue aux niveaux précédents, soit 50 000 t environ.

Evolution des captures de thon rouge (d’après l’Ifremer). Lors de l’instauration des quotas à 30 000 tonnes, la pêche s’est en réalité maintenue aux niveaux précédents, soit 50 000 t environ.

 

Conséquence inévitable, en 2006, le comité scientifique de la Cicta avait tiré la sonnette d’alarme : toutes les données convergeaient pour dire que les stocks allaient s’effondrer. Le thon rouge s’épuisait partout, alors que les captures étaient deux fois plus élevées que la productivité de sa population, mesurée en 2000.

Ce fut le début des mesures draconiennes. Fermeture de la pêche pendant 6 mois, une taille minimale de 30 kg pour tout exemplaire pêché (ce qui lui donne une chance de se reproduire), interdiction de se servir d’avions pour repérer les bancs de thons… mais aussi une surveillance et une traçabilité renforcées.

Une surveillance on ne peut plus stricte

Chaque bateau a l’obligation d’embarquer un observateur de la Cicta, de déclarer à l’avance les cages où les thons sont placés pour être engraissés en mer avant d’être vendus, et son arrivée à terre est filmée par des caméras, afin que chaque exemplaire pêché soit compté et bagué.

Ce plan de reconstitution, entamé en 2007, devrait courir jusqu’en 2022. Quelques années après sa mise en application, le thon de Méditerranée ne cesse de donner des signes de rémission : les prises diminuent progressivement et les populations de jeunes se reconstituent petit à petit.

D’après l’Ifremer, le thon rouge ne serait plus surexploité, mais subirait encore les conséquences de la surexploitation passée.

Pour cette saison, les pêcheurs français qui prennent la mer en ce moment auront droit à prélever 2 471 t de thon rouge, sur les 13 400 t autorisées au total. Des prises trois fois moindres qu’auparavant, largement compensées cependant par un prix au kilo devenu exorbitant.

F.G.

 

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La limite de vitesse à Paris pourrait passer de 50 à 30 km/h

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Place de la Bastille, à Paris. / Ph. r.g-s via Flickr - CC BY-SA 2.0

Place de la Bastille, à Paris. / Ph. r.g-s via Flickr – CC BY-SA 2.0

Après Lorient, Nogent-sur-Marne, Fontainebleau ou Clamart, c’est au tour de la capitale d’envisager la généralisation de la limitation de vitesse à 30km/h en ville, à l’exception des grands axes de circulation, comme les Champs-Elysées ou les voies sur berges.

Aujourd’hui, 37 % des rues de Paris sont déjà limitées à 30 km/h (soit 560 km de routes sur 1513 km), tandis que les zones dites « de rencontre », où piétons, cyclistes et automobilistes se partagent la chaussée, sont plafonnées à 20km/h.

Mais la vitesse réelle des véhicules qui circulent ne dépasse pas les 18,1 km/h (15,5 km/h en moyenne sur la journée), d’après les mesures de la Direction de la voirie et des déplacements en 2012 (PDF).

Une mesure qui vise à diminuer les accidents

La réduction de la limite de vitesse proposée par la Mairie viserait non seulement à réduire les émissions de polluants dans le cadre du plan antipollution, mais surtout le nombre d’accidents de la circulation impliquant des automobilistes avec des piétons et des conducteurs de deux roues.

Rien qu’en 2013, ces accidents ont été responsables à Paris du décès de 27 personnes : 12 piétons et 14 motards.

Or, abaisser la vitesse de circulation permettrait de réduire non seulement le nombre d’accidents mortels mais également de collisions comme l’ont montré plusieurs études.

L’une d’entre elles, menée à Adélaïde (Australie) entre 1983 et 1991 sur 176 accidents mortels de piétons, a ainsi révélé qu’une diminution de 5km/h de la vitesse de circulation éviterait 10 % des collisions.

Le risque de mort par accident diminue de moitié

D’ailleurs, l’entrée en vigueur de la limitation de vitesse en ville à 50km/h dès décembre 1990 a fait chuter de 15 % le nombre d’accidents mortels en France. Car qui dit vitesse moindre, dit champs de vision élargi et donc temps de réaction augmenté.

Mieux, alors qu’à 50 km/h la distance de freinage est d’environ 28 m sur chaussée sèche (42 m sur route humide) elle chute à 13 m quand la vitesse n’est plus que de 30 km/h (ou à 18 m sur une chaussée humide).

Quant à la violence du choc, le risque de mourir pour un piéton percuté par un automobiliste passe d’environ 90 % à une vitesse de 50 km/h, à moins de 50 % quand la vitesse n’excède pas 30 km/h.

Autant d’arguments qui seront sans doute avancés lors des discussions entre la mairie et les acteurs concernés.

K.J.

 

Testez votre sang-froid avec la Croix-Rouge

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Ce samedi-là, une dizaine d’élèves s’apprêtent à enchaîner huit heures de formation pour décrocher leur certificat de premiers secours civique de niveau 1 (PSC1). La moitié d’entre eux sont motivés par un emploi dans une société de véhicule de tourisme avec chauffeur (VTC). « Les gens viennent se former pour leur travail, mais il y aussi des groupes d’amis, des étudiants, des familles entières, de l’enfant au grand-père », observe Anne Veschembes, la responsable de la communication du 6ème arrondissement de Paris.

Les situations dramatiques abordées dès le matin sortent les élèves de leur sommeil. Même jouées, elles font monter l’adrénaline. « Les exercices restent le meilleur rempart contre le stress », lance Amine Wehbe, le responsable de la formation à la Croix-Rouge du 6e arrondissement de Paris. 

D’abord, observer

Au sol, une série de photos avec des scènes catastrophiques s’étale. La petite assemblée est invitée à en commenter une. Face à des visages de femmes implorantes dans un paysage dévasté, l’un pense qu’elle avertit quelqu’un, l’autre qu’elle pleure. Logique, chacun regarde une scène dramatique à sa façon.

Plongé dans l’initiation à la réduction des risques, le visage tendu, un futur conducteur de véhicule lâche : « Tant qu’il ne nous est rien arrivé, on ne mesure pas les risques ! » « Exact, on n’apprend pas à faire face, mais à adopter un comportement adapté pour répondre efficacement aux catastrophes », rétorque le formateur.

Catastrophe technologique, conflictuelle ou naturelle : tout est envisagé. Le formateur détaille les dispositifs pour protéger la population face à une inondation ou un nuage toxique… « Dès qu’on entend une sirène durant 1 minute 41, on se confine », prévient t’il. Si le courant n’est pas interrompu, allumez la télévision pour vous informer ; sinon, une radio à pile convient. « N’allez pas chercher les enfants à l’école, ils sont protégés là-bas, insiste le formateur. Ne téléphonez pas, inutile de bloquer le réseau !  Enfin, coupez l’alimentation du gaz. » La tension monte, même si les futurs diplômés se réconfortent avec des petits gâteaux offerts par la maison. 

Se tromper, c’est normal !

Place à la pratique, quels réflexes adopter face à une personne qui s’étouffe ? Le formateur mime cinq claques dans le dos sur une secouriste professionnelle. Les élèves s’entraînent en présentant bien le plat de la main. « Sans résultat, on enchaîne avec des compressions abdominales au creux de l’estomac »,  conseille Amine Wehbe. Les apprentis sauveteurs continuent à faire semblant, car la pression peut faire mal, voire faire vomir ! Inutile de déployer ces grands moyens si la victime parle, respire, et tousse. « Qui prévenir alors ? » demande une étudiante. « Le Samu, au 15, pour avoir des consignes médicales, conseille Amine Wehbe. Et si vous vous trompez en appelant les pompiers au 18, pas de panique, les numéros d’urgence sont interconnectés. »

Savoir déclencher les secours, c’est vital, mais « Avec le stress, l’action peut primer sur le dialogue. Dans la panique, n’oubliez pas de parler d’abord à la victime, et de la rassurer. Puis, voyez si elle est consciente ou pas, avant d’effectuer un geste », insiste t’il.

Lorsque les futurs sauveteurs abordent un exercice, la peur de faire mal les bride. Ils enroulent une plaie factice qui saignent abondamment avec une cravate. La plupart d’entre eux bouclent ce pansement compressif – appelé le tampon-relais – avec un lien trop lâche ! « Un peu de maladresse, ce n’est pas grave. Et je vois peu d’erreurs dans les gestes », observe le formateur.

Exprimer ses peurs

Des bustes, prolongés par des visages en silicone, s’alignent devant les élèves. « Face à un arrêt cardiaque, l’activité cérébrale chute de 10 % à chaque minute, prévient Amine. Alors, alertez le 15 ou le 18. Puis, passez au massage cardiaque. »

Chacun effectue des compressions du thorax de cinq centimètres, puis souffle deux fois dans la bouche du mannequin. Les réactions embarrassées affleurent : « Et si on est dégoûté par le bouche-à-bouche ? » lance un élève. « Et si la personne a une mauvaise haleine », enchaîne son voisin. Une fois encore, le formateur rassure : « Si vous ne pouvez pas, ne le faites pas. Sachez qu’un massage mal fait reste plus efficace qu’un massage non fait ».

Autre défi : placer en position latérale de sécurité une victime inconsciente, mais qui respire. « Comment en être sûr ? », anticipe le formateur. « C’est simple, sa poitrine se soulève et son souffle atteint votre oreille ». « On peut aussi approcher des lunettes vers la bouche pour voir si une buée se forme », suggère le sauveteur en herbe qui refusait le bouche-à-bouche.

L’assemblée se concentre. Avec la position latérale de sécurité,  une dizaine de gestes se succèdent ! « Ils ne sont pas difficiles ; c’est l’enchaînement qui l’est », reconnaît le formateur. Géraldine, future membre de la Croix-Rouge, acquièse : « Le plus dur, c’est de mémoriser toutes les étapes ».

Les exercices de simulation viennent clore cette journée de formation. Deux victimes jouent une mini-scène, deux secouristes doivent observer, se protéger, alerter et agir. A la grande surprise du formateur,  un futur chauffeur quasi-muet, qui avait l’air endormi depuis le matin, a tout enchaîné sans une erreur. Un bon point pour agir avec sang-froid face à une vraie victime !

 

> Où se former ?

Le 25 mai 2014 marque le 150e anniversaire de la création de la Croix-Rouge Française. L’occasion de rattraper notre retard. 45 % seulement des Français sont sensibilisés aux gestes qui sauvent, contre 73 % des Allemands ! 

Pour passer le certificat de prévention et secours civique de niveau 1 (PSC1), contactez la Croix-Rouge Française. La formation, y compris le guide « les gestes qui sauvent », coûte 60 euros et dure une journée. Au programme, tous les conseils pour répondre à une petite brûlure, un accident de la route, un malaise, comme à une catastrophe naturelle. Ou faites appel à la Fédération française de sauvetage et de secourisme, qui propose un module sur 4 jours pour 67 euros.

La loi sur l’autorité parentale repoussée

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« Le Gouvernement est attaché à ce texte », a lancé dans la nuit du mercredi 21 au jeudi 22 mai dans l’hémicycle Laurence Rossignol, Secrétaire d’Etat à la Famille. « Il ne le laissera pas tomber dans les oubliettes de l’obstruction parlementaire ». L’opposition a en effet déposé plus de 600 amendements à cette proposition de loi, qui n’en compte que 20. Après trois jours de débat à l’Assemblée nationale, seuls 320 ont pu être examinés.

Interrogé par La Vie, Philippe Gosselin, porte-parole de l’UMP, se défend pourtant de toute logique d’obstruction : « Si nous étions opposés à ce texte, nous aurions déposé 7 000 ou 8 000 amendements ! Nous sommes conscients que certaines familles attendent des réponses pragmatiques. Mais rigidifier le système avec un mandat d’éducation quotidienne, par exemple, n’est pas une bonne solution pour elles. Ce texte est un nid à contentieux, avec ses approximations. On écrit le droit de la famille. Le sujet est assez grave pour qu’on ne renâcle pas de lever les ambiguïtés. Quitte à y passer plusieurs jours… »

Déposée le 1er avril, cette proposition de loi relative à l’autorité parentale et l’intérêt de l’enfant émane de députés socialistes et écologistes. Ce sont eux qui ont repris la main, après le report de la « Loi famille » annoncée début février par le gouvernement. Il s’agit de gérer le « post-divorce », en réalisant le grand-écart – ou, plus politiquement, « en assurant la complémentarité » – entre l’exercice conjoint de l’autorité par les parents de l’enfant, et la place du beau-parent, le cas échéant. On évalue à 720 000 le nombre de familles recomposées en France. Cette situation concerne 11 % de mineurs, soit 1,5 million d’enfants.

Pour impliquer davantage les parents dans l’exercice de leur autorité conjointe, le principe de la « double résidence » a été adopté. L’enfant de parents séparés aura donc désormais une « double domiciliation » sur ses papiers : celle de son père et celle de sa mère. Essentiellement symbolique, cette mesure évite la hiérarchisation que semblait introduire la garde de l’enfant d’une part, le droit de visite et d’hébergement d’autre part. Pour autant, elle ne préjuge pas du « temps de résidence », qui pourra demeurer majoritairement chez l’un des deux parents. Cette modalité pratique relèvera de la décision des parents, lors de la séparation.

Il reste 361 amendements et 9 articles à examiner. Et notamment le recours à la médiation familiale dans le cadre des séparations. « Je vous donne rendez-vous pour continuer l’examen de ce texte très attendu par nos concitoyens », a conclu Laurence Rossignol avant la levée de la séance. Pour cela, il doit être réinscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Initialement prévu le 28 mai, le vote solennel est donc repoussé. A quand ?  Le calendrier est déjà chargé… La discussion pourrait reprendre au plus tôt mi juin, ce qui repousserait le vote à début juillet pour les plus optimistes, à l’automne pour les autres. Sauf intervention du gouvernement.

Cancer du sein, les vrais facteurs de risque

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Une mammographie. / Ph. NASA Goddard Photo and Video via Flickr - CC BY 2.0

Une mammographie. / Ph. NASA Goddard Photo and Video via Flickr – CC BY 2.0

Toutes les femmes ne courent pas le même risque de développer un cancer du sein. Or, le dépistage est proposé à toutes après 50 ans, car l’âge joue un rôle majeur dans cette maladie. Mais parmi les femmes plus jeunes, lesquelles faudrait-il surveiller particulièrement ?

C’est à cette question qu’a voulu répondre la Haute autorité de santé (HAS, un organisme public indépendant), par un dossier publié ce 19 mai.

La HAS y passe en revue tous les facteurs de risque présumés pour le cancer du sein : ils sont 69 au total, de la prise d’un contraceptif à la présence de ce cancer dans la famille.

Résultat : les situations où il est conseillé de passer des mammographies régulières même en-dessous de 50 ans ont pu être dégagées avec précision :

-        Avoir déjà été soignée pour un cancer ;

-        Avoir subi une radiothérapie thoracique à haute dose ;

-        Certains cas familiaux de cancer du sein ;

-        Certaines lésions du sein.

Ainsi, les médecins disposent désormais de recommandations pour le dépistage de leurs patientes qui se trouvent dans ces cas-là.

UNE CONTROVERSE ENTOURE LE DEPISTAGE ORGANISE

A noter que le dépistage organisé du cancer du sein est depuis quelques années au cœur d’une controverse, car la mise en place de programmes à large échelle a engendré une baisse de la mortalité par cancer du sein moins importante qu’attendue.

Des critiques que la HAS veut balayer, considérant que mieux cibler le dépistage envers les femmes qui en ont vraiment besoin permettra d’en augmenter les performances.

De plus, « La HAS rappelle l’intérêt du dépistage systématique par mammographie des femmes de 50 à 74 ans », peut-on lire dans le rapport.

Lire : Cancer du sein : pourquoi son dépistage ne fait pas l’unanimité – S&V n° 1143, décembre 2012

LES FACTEURS DE RISQUE SOUPCONNES A TORT            

L’étude de la HAS a aussi permis de faire la lumière sur les facteurs de risque qui ne méritent pas d’attention particulière. De nombreux comportements ou substances sont en effet soupçonnés d’être impliqués dans le cancer du sein, sans que leur importance soit clairement établie.

D’après l’analyse de la HAS, ils se regroupent en trois catégories :

  1. les facteurs qui n’augmentent pas le risque de survenue du cancer du sein : tabagisme, prothèses en silicone, consommation de café, thé, tomate, pamplemousse.
  2. les facteurs pour lesquels il n’existe pas de preuve robuste du lien avec le cancer du sein : taille des seins, densité mammaire élevée après la ménopause, port de soutien-gorge, déodorant, travail de nuit.
  3. les facteurs associés à une augmentation modeste du risque de survenue du cancer du sein : consommation d’alcool, de viandes grasses, prise de contraception hormonale, traitement hormonal substitutif, ne pas avoir mené de grossesse à terme, grossesse tardive, diabète de type 2, obésité.

« Pour l’ensemble de ces facteurs de risque, il n’y a pas lieu de réaliser de surveillance spécifique », indique la HAS. En revanche, l’organisation publique fait noter que « l’allaitement (de plus d’un an cumulé pour tous les enfants) ainsi que la naissance du premier enfant avant 30 ans sont des facteurs protecteurs modestes ».

Par contre, la HAS insiste sur « les conseils d’hygiène de vie recommandés également en prévention du diabète et des maladies cardiovasculaires », notamment l’activité physique [lien vers actu sur bénéfices du sport] et une alimentation équilibrée [lien vers actu sur alimentation santé], reconnues pour être des facteurs protecteurs.

F.G.

Lire aussi :

 

Pourquoi le cancer tue-t-il davantage les plus défavorisés ?

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Un cancer de l'estomac. / Ph. Université de Médecine, Lodz, Pologne via Wikimedia commons

Un cancer de l’estomac. / Ph. Université de Médecine, Lodz, Pologne via Wikimedia commons

Le Plan cancer, 2009-2013, a fait de la lutte contre les inégalités sociales face à la maladie l’une de ses priorités.

Pourtant, le constat est aujourd’hui implacable : au bas de l’échelle sociale – que ce soit en termes de niveau d’études, de revenus ou de catégorie socioprofessionnelle – on est plus souvent victime du cancer et on en meurt plus.

Pis, les écarts se creusent. Dans les années 1970, le risque de mourir d’un cancer était 1,5 fois plus élevé chez les personnes ayant un niveau d’étude faible par rapport aux plus diplômées. En 2013, ce chiffre s’élevait à 2,5 !

Et en la matière, notre pays fait figure de très mauvais élève. “La France est un des pays d’Europe de l’Ouest où les inégalités de mortalité par cancer sont les plus importantes”, notaient les chercheurs de l’Institut national du cancer (INCa) dans un rapport de 2012.

Ainsi, pour les cancers des voies aérodigestives (cavité buccale, larynx, pharynx), l’écart de mortalité entre le haut et le bas de l’échelle sociale est deux fois plus important en France qu’en Belgique ou au Danemark.

Les classes les plus pauvres se font moins dépister

Comment de telles inégalités ont-elles pu perdurer et même se renforcer au fil des ans, dans un pays souvent vanté pour la qualité et l’accessibilité de son système de santé ? “La prévention, le dépistage ont probablement bénéficié de façon plus importante aux catégories les plus favorisées”, avance l’Institut dans son étude.

Autrement dit, le message est bien passé dans les classes supérieures, beaucoup moins dans les autres. Pour preuve : en Isère, la différence de participation au dépistage des cancers colorectaux est de 29 % entre les zones de résidence les plus aisées et les plus précaires. Ce qui a renforcé les écarts.

Certains facteurs de risque, précisément liés au monde du travail, sont aussi à prendre en compte : parmi les salariés exposés aux cancérogènes en milieu professionnel, 70 % sont des ouvriers.

Et même lorsque les plus défavorisés sont moins touchés par certains cancers, ils ont un taux de survie moindre que les plus aisés ! Les études épidémiologiques révèlent ainsi que les femmes les plus aisées ont 1,6 fois plus de risques de développer une tumeur du sein (grossesses plus tardives et nombre moins élevé d’enfants, deux facteurs de risque connus de ce type de cancer) mais y survivent mieux, grâce à un meilleur accès au soin.

Et pour cause, les cinq régions présentant les plus faibles densités de spécialistes sont parmi les régions de France ayant le plus fort taux… de pauvreté. Pas de doute, en ce qui concerne le cancer, la pauvreté tue.

M.S.

La loi sur l’autorité parentale repoussée

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« Le Gouvernement est attaché à ce texte », a lancé dans la nuit du mercredi 21 au jeudi 22 mai dans l’hémicycle Laurence Rossignol, Secrétaire d’Etat à la Famille. « Il ne le laissera pas tomber dans les oubliettes de l’obstruction parlementaire ». L’opposition a en effet déposé plus de 600 amendements à cette proposition de loi, qui n’en compte que 20. Après trois jours de débat à l’Assemblée nationale, seuls 320 ont pu être examinés.

Interrogé par La Vie, Philippe Gosselin, porte-parole de l’UMP, se défend pourtant de toute logique d’obstruction : « Si nous étions opposés à ce texte, nous aurions déposé 7 000 ou 8 000 amendements ! Nous sommes conscients que certaines familles attendent des réponses pragmatiques. Mais rigidifier le système avec un mandat d’éducation quotidienne, par exemple, n’est pas une bonne solution pour elles. Ce texte est un nid à contentieux, avec ses approximations. On écrit le droit de la famille. Le sujet est assez grave pour qu’on ne renâcle pas de lever les ambiguïtés. Quitte à y passer plusieurs jours… »

Déposée le 1er avril, cette proposition de loi relative à l’autorité parentale et l’intérêt de l’enfant émane de députés socialistes et écologistes. Ce sont eux qui ont repris la main, après le report de la « Loi famille » annoncée début février par le gouvernement. Il s’agit de gérer le « post-divorce », en réalisant le grand-écart – ou, plus politiquement, « en assurant la complémentarité » – entre l’exercice conjoint de l’autorité par les parents de l’enfant, et la place du beau-parent, le cas échéant. On évalue à 720 000 le nombre de familles recomposées en France. Cette situation concerne 11 % de mineurs, soit 1,5 million d’enfants.

Pour impliquer davantage les parents dans l’exercice de leur autorité conjointe, le principe de la « double résidence » a été adopté. L’enfant de parents séparés aura donc désormais une « double domiciliation » sur ses papiers : celle de son père et celle de sa mère. Essentiellement symbolique, cette mesure évite la hiérarchisation que semblait introduire la garde de l’enfant d’une part, le droit de visite et d’hébergement d’autre part. Pour autant, elle ne préjuge pas du « temps de résidence », qui pourra demeurer majoritairement chez l’un des deux parents. Cette modalité pratique relèvera de la décision des parents, lors de la séparation.

Il reste 361 amendements et 9 articles à examiner. Et notamment le recours à la médiation familiale dans le cadre des séparations. « Je vous donne rendez-vous pour continuer l’examen de ce texte très attendu par nos concitoyens », a conclu Laurence Rossignol avant la levée de la séance. Pour cela, il doit être réinscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Initialement prévu le 28 mai, le vote solennel est donc repoussé. A quand ?  Le calendrier est déjà chargé… La discussion pourrait reprendre au plus tôt mi juin, ce qui repousserait le vote à début juillet pour les plus optimistes, à l’automne pour les autres. Sauf intervention du gouvernement.