Comment se fait-il que les nouveau-nés clignent si peu des yeux ?

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Les bébés clignent jusqu’à dix fois moins des yeux que les enfants et les adultes. / Ph. andrechinn via Flickr - CC BY 2.0

Les bébés clignent jusqu’à dix fois moins des yeux que les enfants et les adultes. / Ph. andrechinn via Flickr – CC BY 2.0

C’est vrai, les bébés clignent des yeux bien moins souvent qu’un enfant ou un adulte. Mais ils le font bel et bien, et cela dès la naissance. Et heureusement car, sans ce réflexe, la surface de leurs yeux finirait par se dessécher et s’opacifier, jusqu’à les rendre aveugles.

Ces clignements servent en effet à déposer sur la surface une fine couche de larmes, appelée film lacrymal. Jusqu’à 6 mois, pourtant, les bébés agitent très peu leurs paupières : deux à trois fois par minute en moyenne contre douze à vingt fois chez l’adulte.

De multiples études expliquent ce phénomène par la structure particulière du film lacrymal du nouveau-né. Celui-ci comprend, chez tous les individus, une couche d’eau saline, recouverte d’une pellicule huileuse qui la protège de l’évaporation.

Plusieurs hypothèses

“Chez le nouveau-né, cette couche de lipides est plus épaisse, ce qui ralentirait la vitesse d’évaporation du film lacrymal et diminuerait donc le besoin de cligner des yeux”, explique Dominique Brémond-Gignac, ophtalmologue pédiatrique au CHU d’Amiens.

La faible ouverture des paupières à la naissance (qui fait que les yeux des bébés apparaissent plus « grands ») participerait également à ce phénomène, puisqu’elle n’expose qu’une petite surface oculaire à l’air extérieur.

Une autre hypothèse implique l’immaturité du système nerveux central des nouveau-nés : encore en développement, celui-ci réagirait moins efficacement aux signaux d’assèchement de l’œil envoyés par le nerf ophtalmique.

Pour Dominique Brémond-Gignac, la rareté des clignements d’yeux des nouveau-nés résulte probablement de tous ces facteurs à la fois. Mais quelle qu’en soit la cause, rien ne sert de vous inquiéter si votre progéniture n’abuse pas des effets de cils.

E.A.

"Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?" ou le miracle de la famille

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On rit beaucoup, grâce à une liberté de ton où le politiquement correct est écarté. Les spectateurs se réjouissent des « vannes » que se lancent les gendres du très gaulliste Verneuil, qui ne supporte pas, après les mariages de ses trois premières filles avec un juif, un Arabe et un Chinois, de voir sa quatrième épouser un Noir.

La méfiance identitaire ne concerne pas seulement le bon Français catho. Le jeu avec les mots, et au fond avec l’identité de chacun à travers des protocoles d’insultes échangées, avec pas mal d’agressivité, mais aussi beaucoup de jubilation par lesdits gendres, souligne le « bordel identitaire » du monde contemporain, selon les mots du réalisateur dans une interview à Marianne.

Un melting-pot explosif

Ce bordel est joyeux, et ne court pas nécessairement vers la catastrophe, nous suggère le film. Ce melting-pot explosif – un repas de famille dégénère presque en pugilat général – s’achève sur la célébration du mariage de la quatrième fille de Verneuil avec le soupirant d’origine africaine. Les insultes rituelles entre jeunes, maintenant réconciliés, constituent en fait les prolégomènes de la dernière alliance. Si le discours manifeste de ce film concerne le racisme, le contenu latent, et donc inconscient, met en scène la force mythique de la famille.

C’est d’ailleurs la problématique même de l’alliance qui est mise ici en scénario. On va chercher le différent, l’exogamie étant la base de toute culture, mais le problème est de rencontrer un différent avec qui l’on n’ait pas trop de différends. Le scénario rabote les angles les plus rugueux des mariages mixtes pour presque réduire la question religieuse à un folklore alimentaire. La famille est alors la valeur fédératrice qui, par magie, va recréer le lien social. Elle se révèle le plus puissant des régulateurs de conflits. Il faut néanmoins que les deux clans familiaux se reconnaissent un terrain d’entente minimal, et, si possible, un ancêtre commun, fût-il symbolique.

Les tensions identitaires résorbées

D’une manière très patriarcale, les deux chefs de famille, l’un blanc et l’autre noir, finissent par se mettre d’accord sur la célébration des dernières noces après avoir scellé symboliquement l’alliance avec leur sang – pour les détails, il faut voir le film –, s’être enivrés ensemble et avoir invoqué le grand ancêtre, qui n’est autre que de Gaulle.

Pas de « nouvelle famille » donc : que du très classique, hétérosexuel et sans recomposition, avec des réunions familiales régulières. Les gendres finissent par en redemander, comme les spectateurs du film, applaudissant à l’idée que les tensions identitaires habitant le corps social se résolvent, comme par miracle, au sein d’un phalanstère familial.

Le parfum nostalgique de la France d’avant esquisse un espace de retrouvailles possible. Verneuil est un fantôme. Le notaire catholique, et gaulliste, de province est le survivant d’un film de Louis de Funès, faisant signe vers un passé révolu, à la fois improbable et rassurant. Il donne l’espoir d’une réconciliation entre forces centrifuges communautaristes ou claniques, autour d’un modèle familial fortement intégrateur, même si on s’en moque un peu.

Nous n’avons plus de grand ancêtre commun, mais il nous reste quand même la « liturgie » familiale… Est-ce qu’elle suffira pour retisser le lien social ?