Testez votre sang-froid avec la Croix-Rouge

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Ce samedi-là, une dizaine d’élèves s’apprêtent à enchaîner huit heures de formation pour décrocher leur certificat de premiers secours civique de niveau 1 (PSC1). La moitié d’entre eux sont motivés par un emploi dans une société de véhicule de tourisme avec chauffeur (VTC). « Les gens viennent se former pour leur travail, mais il y aussi des groupes d’amis, des étudiants, des familles entières, de l’enfant au grand-père », observe Anne Veschembes, la responsable de la communication du 6ème arrondissement de Paris.

Les situations dramatiques abordées dès le matin sortent les élèves de leur sommeil. Même jouées, elles font monter l’adrénaline. « Les exercices restent le meilleur rempart contre le stress », lance Amine Wehbe, le responsable de la formation à la Croix-Rouge du 6e arrondissement de Paris. 

D’abord, observer

Au sol, une série de photos avec des scènes catastrophiques s’étale. La petite assemblée est invitée à en commenter une. Face à des visages de femmes implorantes dans un paysage dévasté, l’un pense qu’elle avertit quelqu’un, l’autre qu’elle pleure. Logique, chacun regarde une scène dramatique à sa façon.

Plongé dans l’initiation à la réduction des risques, le visage tendu, un futur conducteur de véhicule lâche : « Tant qu’il ne nous est rien arrivé, on ne mesure pas les risques ! » « Exact, on n’apprend pas à faire face, mais à adopter un comportement adapté pour répondre efficacement aux catastrophes », rétorque le formateur.

Catastrophe technologique, conflictuelle ou naturelle : tout est envisagé. Le formateur détaille les dispositifs pour protéger la population face à une inondation ou un nuage toxique… « Dès qu’on entend une sirène durant 1 minute 41, on se confine », prévient t’il. Si le courant n’est pas interrompu, allumez la télévision pour vous informer ; sinon, une radio à pile convient. « N’allez pas chercher les enfants à l’école, ils sont protégés là-bas, insiste le formateur. Ne téléphonez pas, inutile de bloquer le réseau !  Enfin, coupez l’alimentation du gaz. » La tension monte, même si les futurs diplômés se réconfortent avec des petits gâteaux offerts par la maison. 

Se tromper, c’est normal !

Place à la pratique, quels réflexes adopter face à une personne qui s’étouffe ? Le formateur mime cinq claques dans le dos sur une secouriste professionnelle. Les élèves s’entraînent en présentant bien le plat de la main. « Sans résultat, on enchaîne avec des compressions abdominales au creux de l’estomac »,  conseille Amine Wehbe. Les apprentis sauveteurs continuent à faire semblant, car la pression peut faire mal, voire faire vomir ! Inutile de déployer ces grands moyens si la victime parle, respire, et tousse. « Qui prévenir alors ? » demande une étudiante. « Le Samu, au 15, pour avoir des consignes médicales, conseille Amine Wehbe. Et si vous vous trompez en appelant les pompiers au 18, pas de panique, les numéros d’urgence sont interconnectés. »

Savoir déclencher les secours, c’est vital, mais « Avec le stress, l’action peut primer sur le dialogue. Dans la panique, n’oubliez pas de parler d’abord à la victime, et de la rassurer. Puis, voyez si elle est consciente ou pas, avant d’effectuer un geste », insiste t’il.

Lorsque les futurs sauveteurs abordent un exercice, la peur de faire mal les bride. Ils enroulent une plaie factice qui saignent abondamment avec une cravate. La plupart d’entre eux bouclent ce pansement compressif – appelé le tampon-relais – avec un lien trop lâche ! « Un peu de maladresse, ce n’est pas grave. Et je vois peu d’erreurs dans les gestes », observe le formateur.

Exprimer ses peurs

Des bustes, prolongés par des visages en silicone, s’alignent devant les élèves. « Face à un arrêt cardiaque, l’activité cérébrale chute de 10 % à chaque minute, prévient Amine. Alors, alertez le 15 ou le 18. Puis, passez au massage cardiaque. »

Chacun effectue des compressions du thorax de cinq centimètres, puis souffle deux fois dans la bouche du mannequin. Les réactions embarrassées affleurent : « Et si on est dégoûté par le bouche-à-bouche ? » lance un élève. « Et si la personne a une mauvaise haleine », enchaîne son voisin. Une fois encore, le formateur rassure : « Si vous ne pouvez pas, ne le faites pas. Sachez qu’un massage mal fait reste plus efficace qu’un massage non fait ».

Autre défi : placer en position latérale de sécurité une victime inconsciente, mais qui respire. « Comment en être sûr ? », anticipe le formateur. « C’est simple, sa poitrine se soulève et son souffle atteint votre oreille ». « On peut aussi approcher des lunettes vers la bouche pour voir si une buée se forme », suggère le sauveteur en herbe qui refusait le bouche-à-bouche.

L’assemblée se concentre. Avec la position latérale de sécurité,  une dizaine de gestes se succèdent ! « Ils ne sont pas difficiles ; c’est l’enchaînement qui l’est », reconnaît le formateur. Géraldine, future membre de la Croix-Rouge, acquièse : « Le plus dur, c’est de mémoriser toutes les étapes ».

Les exercices de simulation viennent clore cette journée de formation. Deux victimes jouent une mini-scène, deux secouristes doivent observer, se protéger, alerter et agir. A la grande surprise du formateur,  un futur chauffeur quasi-muet, qui avait l’air endormi depuis le matin, a tout enchaîné sans une erreur. Un bon point pour agir avec sang-froid face à une vraie victime !

 

> Où se former ?

Le 25 mai 2014 marque le 150e anniversaire de la création de la Croix-Rouge Française. L’occasion de rattraper notre retard. 45 % seulement des Français sont sensibilisés aux gestes qui sauvent, contre 73 % des Allemands ! 

Pour passer le certificat de prévention et secours civique de niveau 1 (PSC1), contactez la Croix-Rouge Française. La formation, y compris le guide « les gestes qui sauvent », coûte 60 euros et dure une journée. Au programme, tous les conseils pour répondre à une petite brûlure, un accident de la route, un malaise, comme à une catastrophe naturelle. Ou faites appel à la Fédération française de sauvetage et de secourisme, qui propose un module sur 4 jours pour 67 euros.

La loi sur l’autorité parentale repoussée

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« Le Gouvernement est attaché à ce texte », a lancé dans la nuit du mercredi 21 au jeudi 22 mai dans l’hémicycle Laurence Rossignol, Secrétaire d’Etat à la Famille. « Il ne le laissera pas tomber dans les oubliettes de l’obstruction parlementaire ». L’opposition a en effet déposé plus de 600 amendements à cette proposition de loi, qui n’en compte que 20. Après trois jours de débat à l’Assemblée nationale, seuls 320 ont pu être examinés.

Interrogé par La Vie, Philippe Gosselin, porte-parole de l’UMP, se défend pourtant de toute logique d’obstruction : « Si nous étions opposés à ce texte, nous aurions déposé 7 000 ou 8 000 amendements ! Nous sommes conscients que certaines familles attendent des réponses pragmatiques. Mais rigidifier le système avec un mandat d’éducation quotidienne, par exemple, n’est pas une bonne solution pour elles. Ce texte est un nid à contentieux, avec ses approximations. On écrit le droit de la famille. Le sujet est assez grave pour qu’on ne renâcle pas de lever les ambiguïtés. Quitte à y passer plusieurs jours… »

Déposée le 1er avril, cette proposition de loi relative à l’autorité parentale et l’intérêt de l’enfant émane de députés socialistes et écologistes. Ce sont eux qui ont repris la main, après le report de la « Loi famille » annoncée début février par le gouvernement. Il s’agit de gérer le « post-divorce », en réalisant le grand-écart – ou, plus politiquement, « en assurant la complémentarité » – entre l’exercice conjoint de l’autorité par les parents de l’enfant, et la place du beau-parent, le cas échéant. On évalue à 720 000 le nombre de familles recomposées en France. Cette situation concerne 11 % de mineurs, soit 1,5 million d’enfants.

Pour impliquer davantage les parents dans l’exercice de leur autorité conjointe, le principe de la « double résidence » a été adopté. L’enfant de parents séparés aura donc désormais une « double domiciliation » sur ses papiers : celle de son père et celle de sa mère. Essentiellement symbolique, cette mesure évite la hiérarchisation que semblait introduire la garde de l’enfant d’une part, le droit de visite et d’hébergement d’autre part. Pour autant, elle ne préjuge pas du « temps de résidence », qui pourra demeurer majoritairement chez l’un des deux parents. Cette modalité pratique relèvera de la décision des parents, lors de la séparation.

Il reste 361 amendements et 9 articles à examiner. Et notamment le recours à la médiation familiale dans le cadre des séparations. « Je vous donne rendez-vous pour continuer l’examen de ce texte très attendu par nos concitoyens », a conclu Laurence Rossignol avant la levée de la séance. Pour cela, il doit être réinscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Initialement prévu le 28 mai, le vote solennel est donc repoussé. A quand ?  Le calendrier est déjà chargé… La discussion pourrait reprendre au plus tôt mi juin, ce qui repousserait le vote à début juillet pour les plus optimistes, à l’automne pour les autres. Sauf intervention du gouvernement.

Cancer du sein, les vrais facteurs de risque

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Une mammographie. / Ph. NASA Goddard Photo and Video via Flickr - CC BY 2.0

Une mammographie. / Ph. NASA Goddard Photo and Video via Flickr – CC BY 2.0

Toutes les femmes ne courent pas le même risque de développer un cancer du sein. Or, le dépistage est proposé à toutes après 50 ans, car l’âge joue un rôle majeur dans cette maladie. Mais parmi les femmes plus jeunes, lesquelles faudrait-il surveiller particulièrement ?

C’est à cette question qu’a voulu répondre la Haute autorité de santé (HAS, un organisme public indépendant), par un dossier publié ce 19 mai.

La HAS y passe en revue tous les facteurs de risque présumés pour le cancer du sein : ils sont 69 au total, de la prise d’un contraceptif à la présence de ce cancer dans la famille.

Résultat : les situations où il est conseillé de passer des mammographies régulières même en-dessous de 50 ans ont pu être dégagées avec précision :

-        Avoir déjà été soignée pour un cancer ;

-        Avoir subi une radiothérapie thoracique à haute dose ;

-        Certains cas familiaux de cancer du sein ;

-        Certaines lésions du sein.

Ainsi, les médecins disposent désormais de recommandations pour le dépistage de leurs patientes qui se trouvent dans ces cas-là.

UNE CONTROVERSE ENTOURE LE DEPISTAGE ORGANISE

A noter que le dépistage organisé du cancer du sein est depuis quelques années au cœur d’une controverse, car la mise en place de programmes à large échelle a engendré une baisse de la mortalité par cancer du sein moins importante qu’attendue.

Des critiques que la HAS veut balayer, considérant que mieux cibler le dépistage envers les femmes qui en ont vraiment besoin permettra d’en augmenter les performances.

De plus, « La HAS rappelle l’intérêt du dépistage systématique par mammographie des femmes de 50 à 74 ans », peut-on lire dans le rapport.

Lire : Cancer du sein : pourquoi son dépistage ne fait pas l’unanimité – S&V n° 1143, décembre 2012

LES FACTEURS DE RISQUE SOUPCONNES A TORT            

L’étude de la HAS a aussi permis de faire la lumière sur les facteurs de risque qui ne méritent pas d’attention particulière. De nombreux comportements ou substances sont en effet soupçonnés d’être impliqués dans le cancer du sein, sans que leur importance soit clairement établie.

D’après l’analyse de la HAS, ils se regroupent en trois catégories :

  1. les facteurs qui n’augmentent pas le risque de survenue du cancer du sein : tabagisme, prothèses en silicone, consommation de café, thé, tomate, pamplemousse.
  2. les facteurs pour lesquels il n’existe pas de preuve robuste du lien avec le cancer du sein : taille des seins, densité mammaire élevée après la ménopause, port de soutien-gorge, déodorant, travail de nuit.
  3. les facteurs associés à une augmentation modeste du risque de survenue du cancer du sein : consommation d’alcool, de viandes grasses, prise de contraception hormonale, traitement hormonal substitutif, ne pas avoir mené de grossesse à terme, grossesse tardive, diabète de type 2, obésité.

« Pour l’ensemble de ces facteurs de risque, il n’y a pas lieu de réaliser de surveillance spécifique », indique la HAS. En revanche, l’organisation publique fait noter que « l’allaitement (de plus d’un an cumulé pour tous les enfants) ainsi que la naissance du premier enfant avant 30 ans sont des facteurs protecteurs modestes ».

Par contre, la HAS insiste sur « les conseils d’hygiène de vie recommandés également en prévention du diabète et des maladies cardiovasculaires », notamment l’activité physique [lien vers actu sur bénéfices du sport] et une alimentation équilibrée [lien vers actu sur alimentation santé], reconnues pour être des facteurs protecteurs.

F.G.

Lire aussi :

 

Pourquoi le cancer tue-t-il davantage les plus défavorisés ?

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Un cancer de l'estomac. / Ph. Université de Médecine, Lodz, Pologne via Wikimedia commons

Un cancer de l’estomac. / Ph. Université de Médecine, Lodz, Pologne via Wikimedia commons

Le Plan cancer, 2009-2013, a fait de la lutte contre les inégalités sociales face à la maladie l’une de ses priorités.

Pourtant, le constat est aujourd’hui implacable : au bas de l’échelle sociale – que ce soit en termes de niveau d’études, de revenus ou de catégorie socioprofessionnelle – on est plus souvent victime du cancer et on en meurt plus.

Pis, les écarts se creusent. Dans les années 1970, le risque de mourir d’un cancer était 1,5 fois plus élevé chez les personnes ayant un niveau d’étude faible par rapport aux plus diplômées. En 2013, ce chiffre s’élevait à 2,5 !

Et en la matière, notre pays fait figure de très mauvais élève. “La France est un des pays d’Europe de l’Ouest où les inégalités de mortalité par cancer sont les plus importantes”, notaient les chercheurs de l’Institut national du cancer (INCa) dans un rapport de 2012.

Ainsi, pour les cancers des voies aérodigestives (cavité buccale, larynx, pharynx), l’écart de mortalité entre le haut et le bas de l’échelle sociale est deux fois plus important en France qu’en Belgique ou au Danemark.

Les classes les plus pauvres se font moins dépister

Comment de telles inégalités ont-elles pu perdurer et même se renforcer au fil des ans, dans un pays souvent vanté pour la qualité et l’accessibilité de son système de santé ? “La prévention, le dépistage ont probablement bénéficié de façon plus importante aux catégories les plus favorisées”, avance l’Institut dans son étude.

Autrement dit, le message est bien passé dans les classes supérieures, beaucoup moins dans les autres. Pour preuve : en Isère, la différence de participation au dépistage des cancers colorectaux est de 29 % entre les zones de résidence les plus aisées et les plus précaires. Ce qui a renforcé les écarts.

Certains facteurs de risque, précisément liés au monde du travail, sont aussi à prendre en compte : parmi les salariés exposés aux cancérogènes en milieu professionnel, 70 % sont des ouvriers.

Et même lorsque les plus défavorisés sont moins touchés par certains cancers, ils ont un taux de survie moindre que les plus aisés ! Les études épidémiologiques révèlent ainsi que les femmes les plus aisées ont 1,6 fois plus de risques de développer une tumeur du sein (grossesses plus tardives et nombre moins élevé d’enfants, deux facteurs de risque connus de ce type de cancer) mais y survivent mieux, grâce à un meilleur accès au soin.

Et pour cause, les cinq régions présentant les plus faibles densités de spécialistes sont parmi les régions de France ayant le plus fort taux… de pauvreté. Pas de doute, en ce qui concerne le cancer, la pauvreté tue.

M.S.

La loi sur l’autorité parentale repoussée

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« Le Gouvernement est attaché à ce texte », a lancé dans la nuit du mercredi 21 au jeudi 22 mai dans l’hémicycle Laurence Rossignol, Secrétaire d’Etat à la Famille. « Il ne le laissera pas tomber dans les oubliettes de l’obstruction parlementaire ». L’opposition a en effet déposé plus de 600 amendements à cette proposition de loi, qui n’en compte que 20. Après trois jours de débat à l’Assemblée nationale, seuls 320 ont pu être examinés.

Interrogé par La Vie, Philippe Gosselin, porte-parole de l’UMP, se défend pourtant de toute logique d’obstruction : « Si nous étions opposés à ce texte, nous aurions déposé 7 000 ou 8 000 amendements ! Nous sommes conscients que certaines familles attendent des réponses pragmatiques. Mais rigidifier le système avec un mandat d’éducation quotidienne, par exemple, n’est pas une bonne solution pour elles. Ce texte est un nid à contentieux, avec ses approximations. On écrit le droit de la famille. Le sujet est assez grave pour qu’on ne renâcle pas de lever les ambiguïtés. Quitte à y passer plusieurs jours… »

Déposée le 1er avril, cette proposition de loi relative à l’autorité parentale et l’intérêt de l’enfant émane de députés socialistes et écologistes. Ce sont eux qui ont repris la main, après le report de la « Loi famille » annoncée début février par le gouvernement. Il s’agit de gérer le « post-divorce », en réalisant le grand-écart – ou, plus politiquement, « en assurant la complémentarité » – entre l’exercice conjoint de l’autorité par les parents de l’enfant, et la place du beau-parent, le cas échéant. On évalue à 720 000 le nombre de familles recomposées en France. Cette situation concerne 11 % de mineurs, soit 1,5 million d’enfants.

Pour impliquer davantage les parents dans l’exercice de leur autorité conjointe, le principe de la « double résidence » a été adopté. L’enfant de parents séparés aura donc désormais une « double domiciliation » sur ses papiers : celle de son père et celle de sa mère. Essentiellement symbolique, cette mesure évite la hiérarchisation que semblait introduire la garde de l’enfant d’une part, le droit de visite et d’hébergement d’autre part. Pour autant, elle ne préjuge pas du « temps de résidence », qui pourra demeurer majoritairement chez l’un des deux parents. Cette modalité pratique relèvera de la décision des parents, lors de la séparation.

Il reste 361 amendements et 9 articles à examiner. Et notamment le recours à la médiation familiale dans le cadre des séparations. « Je vous donne rendez-vous pour continuer l’examen de ce texte très attendu par nos concitoyens », a conclu Laurence Rossignol avant la levée de la séance. Pour cela, il doit être réinscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Initialement prévu le 28 mai, le vote solennel est donc repoussé. A quand ?  Le calendrier est déjà chargé… La discussion pourrait reprendre au plus tôt mi juin, ce qui repousserait le vote à début juillet pour les plus optimistes, à l’automne pour les autres. Sauf intervention du gouvernement.

La loi sur l’autorité parentale repoussée

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« Le Gouvernement est attaché à ce texte », a lancé dans la nuit du mercredi 21 au jeudi 22 mai dans l’hémicycle Laurence Rossignol, Secrétaire d’Etat à la Famille. « Il ne le laissera pas tomber dans les oubliettes de l’obstruction parlementaire ». L’opposition a en effet déposé plus de 600 amendements à cette proposition de loi, qui n’en compte que 20. Après trois jours de débat à l’Assemblée nationale, seuls 320 ont pu être examinés.

Interrogé par La Vie, Philippe Gosselin, porte-parole de l’UMP, se défend pourtant de toute logique d’obstruction : « Si nous étions opposés à ce texte, nous aurions déposé 7 000 ou 8 000 amendements ! Nous sommes conscients que certaines familles attendent des réponses pragmatiques. Mais rigidifier le système avec un mandat d’éducation quotidienne, par exemple, n’est pas une bonne solution pour elles. Ce texte est un nid à contentieux, avec ses approximations. On écrit le droit de la famille. Le sujet est assez grave pour qu’on ne renâcle pas de lever les ambiguïtés. Quitte à y passer plusieurs jours… »

Déposée le 1er avril, cette proposition de loi relative à l’autorité parentale et l’intérêt de l’enfant émane de députés socialistes et écologistes. Ce sont eux qui ont repris la main, après le report de la « Loi famille » annoncée début février par le gouvernement. Il s’agit de gérer le « post-divorce », en réalisant le grand-écart – ou, plus politiquement, « en assurant la complémentarité » – entre l’exercice conjoint de l’autorité par les parents de l’enfant, et la place du beau-parent, le cas échéant. On évalue à 720 000 le nombre de familles recomposées en France. Cette situation concerne 11 % de mineurs, soit 1,5 million d’enfants.

Pour impliquer davantage les parents dans l’exercice de leur autorité conjointe, le principe de la « double résidence » a été adopté. L’enfant de parents séparés aura donc désormais une « double domiciliation » sur ses papiers : celle de son père et celle de sa mère. Essentiellement symbolique, cette mesure évite la hiérarchisation que semblait introduire la garde de l’enfant d’une part, le droit de visite et d’hébergement d’autre part. Pour autant, elle ne préjuge pas du « temps de résidence », qui pourra demeurer majoritairement chez l’un des deux parents. Cette modalité pratique relèvera de la décision des parents, lors de la séparation.

Il reste 361 amendements et 9 articles à examiner. Et notamment le recours à la médiation familiale dans le cadre des séparations. « Je vous donne rendez-vous pour continuer l’examen de ce texte très attendu par nos concitoyens », a conclu Laurence Rossignol avant la levée de la séance. Pour cela, il doit être réinscrit à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Initialement prévu le 28 mai, le vote solennel est donc repoussé. A quand ?  Le calendrier est déjà chargé… La discussion pourrait reprendre au plus tôt mi juin, ce qui repousserait le vote à début juillet pour les plus optimistes, à l’automne pour les autres. Sauf intervention du gouvernement.

Quand on est assis, à quelle vitesse on se déplace ?

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Ph. bichologo_errante via Flickr- CC BY-SA 2.0

Ph. bichologo_errante via Flickr- CC BY-SA 2.0

Vous souhaitez éprouver l’ivresse des vitesses cosmiques ? Accrochez-vous, sachant que pour calculer la vitesse de votre siège, tout dépend du référentiel que vous choisissez. Ainsi, avec le centre de Terre, c’est la tectonique des plaques qui vous emporte.

Si, par exemple, vous êtes assis dans votre fauteuil à Marseille, votre déplacement n’excède pas 2 centimètres par an (mais en Asie, vous fileriez à près de 10 centimètres par an !). Maintenant, si vous prenez pour référence l’axe de rotation de notre planète, vous atteignez 1 100 km/h à la latitude de Marseille, puisque votre parallèle mesure 26 800 km que vous parcourrez en 24 heures. A l’équateur, vous iriez à 1 670 km/h.

La vitesse augmente en se plaçant à une échelle plus grande

Le vertige commence quand on songe que votre fauteuil tourne autour du Soleil sur une orbite de 940 milliards de kilomètres qu’il parcourt en 1 an et 6 heures, soit 107 000 km/h.

Encore plus vite ? Le Soleil lui-même tourne autour du centre de la galaxie. Pour accomplir une révolution galactique, notre étoile vous propulse dans une course effrénée, à 965 000 km/h, si l’on en croit les estimations publiées par le centre d’astrophysique Harvard-Smithsonian.

Toujours plus vite ? Notre galaxie orbite autour de celle d’Andromède, ce qui fait grimper notre vitesse d’un million de km/h. Et cet amas de galaxies se rapproche de l’amas de la Vierge à une vitesse de 1 800 000 km/h. Au-delà, vous pouvez abandonner votre sens commun : ce ne sont plus des distances et des vitesses qu’il faut prendre en considération, mais la dilatation de l’espace lui-même.

PLUS VITE QUE LA LUMIÈRE

Car les amas de galaxies s’éloignent les uns des autres, emportés dans un vaste mouvement d’expansion de l’Univers initié lors du big bang, il y a plus de 13 milliards d’années. Un phénomène selon lequel plus un objet est lointain, plus il s’éloigne vite. Et là, attention les yeux : l’amas de la Vierge s’éloigne de son voisin, l’amas de Coma, situé à environ 320 millions d’années-lumière, à raison de 6 700 km/s.

Enfin, au confins de l’Univers, la vitesse dépasse les sommets de l’imagination : les objets situés à plus de 10 milliards d’années-lumière s’éloignent de nous à une vitesse qui… dépasse celle de la lumière, soit quelque 300 000 km/s. Mais attention, ce n’est pas l’objet qui bouge par lui-même mais l’espace qui est en expansion.

C’est fou ce que ça va vite, un fauteuil vu d’une lointaine galaxie.

B.T.

A partir de quel âge devient-on droitier ou gaucher ?

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Ph. Marind via Flickr - CC BY 2.0

Ph. Marind via Flickr – CC BY 2.0

La “latéralité manuelle”, cette préférence à se servir d’une main plutôt que de l’autre, semble déterminée avant même la naissance, dès la vie in utero.

D’après une étude irlandaise, 90 % des fœtus sucent plus souvent leur pouce droit, et 10 % leur pouce gauche. La quasi-totalité des fœtus “droitiers” le seront à l’âge adulte, tandis que seuls deux tiers des bébés gauchers se sont révélés de “vrais” gauchers… Cette étude porte malheureusement sur trop peu d’individus pour être extrapolée à toute la population.

D’autant que, pendant les premiers mois de vie, tous les enfants ont une latéralité fluctuante : une étude française menée sur des bébés de 4 mois a mis en évidence une préférence pour la main gauche quand l’enfant tend la main vers un objet sans s’en emparer ; et une préférence pour la main droite, quand il veut appréhender un objet.

La latéralité se stabilise vers l’âge de 7 ans

Puis, au fur et à mesure que l’enfant grandit et manipule couramment des objets, sa préférence manuelle devient plus manifeste, et ce, dès 2 ans… Enfin, c’est vers 6 à 7 ans que cette latéralité se stabilise,  avec l’apprentissage de l’écriture, qui nécessite une coordination manuelle très fine et amène donc à opter définitivement pour une main.

Au final, 10 % des adultes sont gauchers contre 90 % de droitiers, parmi lesquels se cachent… des gauchers. Ils écrivent et accomplissent des gestes de la main droite, d’autres de la gauche. En effet, l’apprentissage ne fait pas complètement disparaître la préférence spontanée. Mettre un jouet dans la main droite d’un bébé gaucher n’en fera pas un “vrai” droitier.

Existe-t-il un gène du gaucher ?

Est-ce une composante génétique qui intervient ici ? Des généticiens britanniques ont montré que le gène LRRTM1 favoriserait l’état de gaucher. Et des études familiales soulignent également une transmission génétique de la latéralité : des droitiers auraient une probabilité de 9 % d’avoir un enfant gaucher ; cette probabilité atteindrait 30 % pour un couple de gauchers.

K.B.

Pourquoi toutes les piles ne sont pas rechargeables ?

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Quand une pile alcaline se décharge, l'électrode de zinc libère des électrons (en bleu) et se désagrège sous forme d'hydroxyde de zinc dans la solution qui la baigne.

Quand une pile alcaline se décharge, l’électrode de zinc libère des électrons (en bleu) et se désagrège sous forme d’hydroxyde de zinc dans la solution qui la baigne.

Théoriquement, toutes les piles sont rechargeables, car elles produisent toutes de l’électricité à partir d’une réaction électrochimique entre deux électrodes métalliques plongées dans une substance conductrice (l’électrolyte), jusqu’à épuisement de la réaction. Si on leur apporte alors de l’électricité, on obtient donc la réaction inverse. Une fois la charge complète, c’est reparti pour un tour.

Si rien ne les distingue en théorie et si leur forme est parfois identique, ce que les piles contiennent fait toute la différence. Dans une pile alcaline, la plus utilisée des piles non rechargeables, les deux électrodes baignent dans une solution gélifiée d’hydroxyde de potassium.

En larguant des électrons, le pôle négatif de la pile se consume

La première électrode est en zinc. Elle cède progressivement des électrons au fur et à mesure que le zinc se solubilise dans l’électrolyte. “Oxydée”, cette électrode forme le pôle négatif de la pile, l’anode. La seconde électrode, en dioxyde de manganèse, peut capter des électrons, elle forme le pôle positif de la pile, la cathode.

Si un circuit relie ces deux électrodes, comme une ampoule par exemple, les électrons pourront voyager de l’une à l’autre, créant ainsi le courant électrique.

Quand une pile alcaline se recharge, l'électrode de zinc se reconstitue, mais sa structure a changé : des dendrites se forment. Ces filaments de poussière de zinc amalgamées provoqueront à terme un court-circuit.

Quand une pile alcaline se recharge, l’électrode de zinc se reconstitue, mais sa structure a changé : des dendrites se forment. Ces filaments de poussière de zinc amalgamées provoqueront à terme un court-circuit.

Le rechargement d’une pile alcaline conduira forcément à un court-circuit

Or, quand on inverse la réaction et qu’on recharge la pile, le zinc solubilisé présent dans l’électrolyte s’accumule sur l’anode où il va, sous forme de poussières de zinc amalgamées, former des dendrites (ou filaments) de zinc qui provoqueront, à terme, un court-circuit avec la cathode.

Cette recharge produit également de l’hydrogène (issu de l’eau présente dans l’électrolyte) dont la pression peut détruire l’enveloppe
de la pile.

S’il n’est donc pas impossible de recharger les piles alcalines, même en contrôlant au mieux tension et temps de charge, l’opération reste peu efficace. Les piles rechargeables – on devrait parler d’accumulateurs – fonctionnent sur le même principe mais contiennent des additifs qui empêchent la formation de dépôts sur l’anode.

Quant à l’hydrogène, les accumulateurs au nickel-cadmium sont conçus pour ne pas en produire. Pour éviter la concentration de ce gaz inflammable, certains accumulateurs sont aussi équipés de valves qui permettent de l’évacuer.

Les piles rechargeables supportent des centaines de cycles

Selon leurs composants, les accumulateurs peuvent supporter plusieurs centaines, voire plus d’un millier de cycles de charge. Malgré leur coût plus élevé, ils sont plus économiques pour les appareils qui consomment beaucoup, comme les consoles de jeu portables.

Les accumulateurs sont parfois regroupés, miniaturisés et dotés d’un circuit électronique de régulation pour former des batteries, comme celles des téléphones et des ordinateurs portables. Ce sont le plus souvent des batteries dont les électrodes échangent de manière réversible des ions lithium (les ions sont des atomes chargés électriquement).

E.C.

Une étrange exoplanète dans la constellation des Poissons

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La planète GU Psc b se trouve à près de trois cents milliards de kilomètres de son étoile, GU Psc A, un record. Photo CFHT/Gemini South.

La planète GU Psc b se trouve à près de trois cents milliards de kilomètres de son étoile, GU Psc A, un record. A une telle distance, l’étoile, vue depuis sa planète, a le même éclat que Vénus vue depuis la Terre. Cette planète serait donc plongée dans une nuit perpétuelle, si, brûlante, elle ne rayonnait pas comme une braise… Photo CFHT/Gemini North.

C’est un astre étrange que vient de découvrir une équipe internationale, essentiellement canadienne, dans la constellation des Poissons. Une exoplanète géante, GU Psc b, située à une distance anormalement grande de son étoile… D’après l’équipe de Marie-Eve Naud, de l’Université de Montréal, cet astre serait un peu plus gros que Jupiter, exhiberait une masse environ dix fois supérieure et circulerait à près de trois cents milliards de kilomètres de son étoile, c’est à dire à une distance deux mille fois supérieure à la distance Terre-Soleil !
Un record. Jamais jusqu’ici une exoplanète n’avait été trouvée aussi loin de son étoile. GU Psc b tournerait autour de GU Psc A en 80 000 ans environ… Cette étoile, située à 150 années-lumière de chez nous, serait environ trois fois moins massive que le Soleil, cent fois moins lumineuse et surtout, beaucoup plus jeune : l’astre aurait 100 millions d’années seulement. Un jeune âge qui expliquerait la température de la surface de sa planète, portée à 800 °C environ. La planète, jeune elle aussi, et toujours en phase de contraction, émet un puissant rayonnement infrarouge.
Grande, massive, brillante, il n’en fallait pas plus aux astronomes pour découvrir cette planète : contrairement aux quelques milliers d’exoplanètes découvertes jusqu’ici, GU Psc b a pu être photographiée directement par Marie-Eve Naud et ses collaborateurs ! Bien sûr, il a fallu employer les grands moyens, à savoir les meilleurs télescopes accessibles à la communauté astronomique canadienne : les télescopes Gemini North et CFHT, installés à l’observatoire de Mauna Kea, à Hawaii. Avec ces instruments, la planète géante peut être photographiée et même analysée avec précision.

Deux des plus performants télescopes du monde ont été mis à contribution pour découvrir la planète GU Psc b. Le télescope franco-canadien d'Hawaii (CFHT), à gauche, et le télescope Gemini North. Photos Serge Brunier.

Deux des plus performants télescopes du monde ont été mis à contribution pour découvrir la planète GU Psc b. Le télescope franco-canadien d’Hawaii (CFHT), à gauche, et le télescope Gemini North. Photos Serge Brunier.

Reste, bien sûr, à confirmer l’observation. Distance, masse, âge, doivent être précisés, pour s’assurer que, plutôt qu’une planète géante, il ne s’agit pas d’une mini étoile. Si elle se confirme, ce qui rend cette découverte particulièrement intéressante, c’est la distance étrange de l’étoile à sa planète… Trois cent milliards de kilomètres, encore une fois, c’est du jamais vu. Comment expliquer ce mystère ? La planète, environ trois mille fois plus massive que la Terre, a t-elle pu se former à cette distance ? Non, probablement pas, il n’y a pas assez de matière dans un disque protoplanétaire entourant une étoile de faible masse. S’est elle formée beaucoup plus près de son étoile, a t-elle ensuite dérivé vers sa position actuelle ? C’est possible, par exemple si elle a été éjectée par un effet de fronde gravitationnelle, provoqué par un objet très massif circulant très près de l’étoile. Les astronomes vont chercher de nouveaux compagnons à GU Psc A dans les années qui viennent avec les instruments GPI et Sphere… Dernière, fascinante, possibilité : cette planète aurait été capturée par son étoile. Elle aurait pu naître, au sein d’une étoile de l’association AB Doradus, comme GU Psc A, être éjectée de son étoile, voguer librement dans l’espace interstellaire avant d’être capturée par sa nouvelle étoile. Dans le monde des étoiles et des planètes, parmi les mille milliards de mondes de la Galaxie, tout semble possible…
Serge Brunier