Le savon peut-il provoquer la résistance des bactéries ?

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Mélangé à l'eau, le savon lui permet de dissoudre les graisses, dont est composée la paroi des cellules bactériennes. / Ph. Photonoumi via Flickr, CC BY 2.0

Mélangé à l’eau, le savon lui permet de dissoudre les graisses, dont est composée la paroi des cellules bactériennes. / Ph. Photonoumi via Flickr, CC BY 2.0

Comme les antiseptiques et les antibiotiques, le savon peut-il engendrer une résistance chez les bactéries ? La réponse est non, car il s’agit d’un détergent et pas d’un désinfectant.

En effet, le savon ne s’attaque pas directement aux bactéries, mais il se contente de les décoller de la surface sur laquelle elles se sont fixées par une action purement mécanique. Voici comment : ses molécules sont capables d’émulsionner à la fois les corps aqueux et les corps gras. De fait, l’eau seule ne peut nettoyer le gras, et donc les bactéries, puisque leur paroi est essentiellement composée de lipides.

Le savon permet ainsi à l’eau et aux molécules lipidiques de se mélanger. Et ce mélange est ensuite éliminé par l’eau de rinçage. On le voit, cette action détergente ne tue pas les bactéries, et ne les empêche pas non plus de revenir.

Indispensable pour un bon nettoyage

Il n’empêche, les experts soulignent qu’utiliser un  détergent avant un antibactérien est indispensable : “On ne peut désinfecter que ce qui est déjà propre, affirme Jean-Yves Dusseau, expert en biologie médicale au centre hospitalier d’Annemasse. L’élimination des souillures par un détergent permet ensuite à l’antiseptique de donner toute sa ‘mesure’ antimicrobienne.”

Mais à la différence des détergents, les antiseptiques et les antibiotiques qui visent à détruire les bactéries en les intoxiquant peuvent, eux, engendrer des résistances. En effet, les quelques individus qui échappent aux effets du produit vont alors pouvoir se multiplier librement.

C’est pourquoi l’usage, à la place du savon, de lingettes, déodorants et autres produits ménagers véritablement antibactériens inquiète les scientifiques. La résistance que peuvent manifester et développer les bactéries à ces produits leur confère effectivement en même temps une résistance aux antibiotiques utilisés en médecine, ce qu’on appelle une résistance croisée.

C.H.

Pourquoi existe-t-il autant de tarifs pour un billet d’avion ?

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Ph. dailysublime via Flickr, CC BY-ND 2.0

Ph. dailysublime via Flickr, CC BY-ND 2.0

Il est toujours désagréable de découvrir, en plein vol, que votre voisin a acheté sa place à un prix quatre fois inférieur au vôtre. Cette disparité des tarifs résulte d’une technique ultra-sophistiquée de fabrication des prix : le “Revenue Management”.

Ce cocktail de marketing et de science a été mis en place à partir de 1978 par les grandes compagnies américaines, fragilisées par l’ouverture à la concurrence. L’objectif est clair : remplir les avions au maximum – un siège vide est synonyme de perte sèche – tout en optimisant les recettes par rapport aux énormes coûts fixes engagés sur un vol. Comment y parvenir ?

calcul en temps réel

Face à une clientèle hétéroclite, proposer un tarif unique n’aurait pas de sens. Il s’agit plutôt de développer plusieurs offres ciblées, les plus proches possibles du prix et des contraintes qu’une catégorie de client serait prête à accepter. C’est ainsi qu’Air France produit, chaque année, 18 millions de tarifs différents !

Le classique découpage en trois classes tarifaires (Première, Business, Eco) a donc cédé la place, sur chaque trajet, à une vingtaine de “boîtes” évoluant en fonction des réservations. Charge à la compagnie de calculer, en temps réel, la répartition la plus profitable du nombre de sièges entre les différentes classes de prix, du plein tarif au discount.

Cette tâche est un véritable défi qui “mobilise de très importants moyens informatiques de calcul de prévision de la demande (en fonction des données historiques de la compagnie) et de répartition de boîtes tarifaires, souligne Daniel Rueda, l’un des architectes du “Revenue Management” d’Air France. Depuis vingt ans, ces modèles font l’objet de nombreux travaux académiques d’optimisation mathématique.” Tout un arsenal qui, à partir du comportement modélisé du consommateur (jusqu’à l’anticipation du taux d’annulation avant un vol), détermine l’ouverture ou la fermeture des classes tarifaires.

contraintes en série

Conséquence, le prix d’un billet d’avion dépend d’un échafaudage complexe de paramètres (voir encadré ci-dessous), où la distance du trajet n’a plus guère d’importance. Tout juste peut-on tirer quelques enseignements.

Ainsi, logiquement, les tarifs les plus bas correspondent aux contraintes les plus fortes : réservations jusqu’à un an avant la date du vol, conditions d’échange et de remboursement drastiques, nuit du samedi sur place (afin d’écarter les hommes d’affaires des tarifs avantageux)…

Autres critères pris en compte : l’origine et la destination du passager. Ceux en correspondance vers un autre vol de la compagnie sont, en effet, favorisés… au prix d’un casse-tête combinatoire supplémentaire pour les ingénieurs car chaque vol peut en desservir trente autres.

Cette débauche de calculs semble payer : les compagnies aériennes y auraient gagné de 5 à 10 % de recettes supplémentaires ! Depuis, d’autres secteurs ont adopté le “Revenue Management”, comme l’hôtellerie, la location auto et, bien sûr, le transport ferroviaire. Après s’être inspirée d’American Airlines, la SNCF se félicite ainsi du taux de remplissage record de ses TGV et d’un prix moyen de 42 euros accessible au plus grand nombre.

Il n’empêche : ces arguments parviennent mal à faire oublier l’illisibilité et l’imprévisibilité des tarifs pour le consommateur. Fédérations d’usagers et pouvoirs publics ont commencé à se faire entendre sur la question…

V.N.

 


TROUVER LE BILLET LE MOINS CHER EST DEVENU UNE MISSION IMPOSSIBLE

La multiplication des paramètres entrant en jeu dans le prix d’un billet d’avion a un effet surprenant : selon Carl de Marcken, ancien chercheur au Massachusetts Institute of Technology (MIT), il est devenu mathématiquement impossible de déterminer le tarif aérien le moins cher entre une ville A et une ville B, sans restriction de trajet. De fait, dans ce nouveau contexte, quand on veut se rendre de Boston à New York, il est parfois moins onéreux de passer par Londres plutôt que d’effectuer un (très court) vol direct ! Et même en spécifiant un trajet bien précis, le temps du calcul complet serait faramineux. Ce qui en dit long sur les limites des sites Internet de comparaison des prix, lesquels ne donnent que des résultats approchés…