Une étrange exoplanète dans la constellation des Poissons

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La planète GU Psc b se trouve à près de trois cents milliards de kilomètres de son étoile, GU Psc A, un record. Photo CFHT/Gemini South.

La planète GU Psc b se trouve à près de trois cents milliards de kilomètres de son étoile, GU Psc A, un record. A une telle distance, l’étoile, vue depuis sa planète, a le même éclat que Vénus vue depuis la Terre. Cette planète serait donc plongée dans une nuit perpétuelle, si, brûlante, elle ne rayonnait pas comme une braise… Photo CFHT/Gemini North.

C’est un astre étrange que vient de découvrir une équipe internationale, essentiellement canadienne, dans la constellation des Poissons. Une exoplanète géante, GU Psc b, située à une distance anormalement grande de son étoile… D’après l’équipe de Marie-Eve Naud, de l’Université de Montréal, cet astre serait un peu plus gros que Jupiter, exhiberait une masse environ dix fois supérieure et circulerait à près de trois cents milliards de kilomètres de son étoile, c’est à dire à une distance deux mille fois supérieure à la distance Terre-Soleil !
Un record. Jamais jusqu’ici une exoplanète n’avait été trouvée aussi loin de son étoile. GU Psc b tournerait autour de GU Psc A en 80 000 ans environ… Cette étoile, située à 150 années-lumière de chez nous, serait environ trois fois moins massive que le Soleil, cent fois moins lumineuse et surtout, beaucoup plus jeune : l’astre aurait 100 millions d’années seulement. Un jeune âge qui expliquerait la température de la surface de sa planète, portée à 800 °C environ. La planète, jeune elle aussi, et toujours en phase de contraction, émet un puissant rayonnement infrarouge.
Grande, massive, brillante, il n’en fallait pas plus aux astronomes pour découvrir cette planète : contrairement aux quelques milliers d’exoplanètes découvertes jusqu’ici, GU Psc b a pu être photographiée directement par Marie-Eve Naud et ses collaborateurs ! Bien sûr, il a fallu employer les grands moyens, à savoir les meilleurs télescopes accessibles à la communauté astronomique canadienne : les télescopes Gemini North et CFHT, installés à l’observatoire de Mauna Kea, à Hawaii. Avec ces instruments, la planète géante peut être photographiée et même analysée avec précision.

Deux des plus performants télescopes du monde ont été mis à contribution pour découvrir la planète GU Psc b. Le télescope franco-canadien d'Hawaii (CFHT), à gauche, et le télescope Gemini North. Photos Serge Brunier.

Deux des plus performants télescopes du monde ont été mis à contribution pour découvrir la planète GU Psc b. Le télescope franco-canadien d’Hawaii (CFHT), à gauche, et le télescope Gemini North. Photos Serge Brunier.

Reste, bien sûr, à confirmer l’observation. Distance, masse, âge, doivent être précisés, pour s’assurer que, plutôt qu’une planète géante, il ne s’agit pas d’une mini étoile. Si elle se confirme, ce qui rend cette découverte particulièrement intéressante, c’est la distance étrange de l’étoile à sa planète… Trois cent milliards de kilomètres, encore une fois, c’est du jamais vu. Comment expliquer ce mystère ? La planète, environ trois mille fois plus massive que la Terre, a t-elle pu se former à cette distance ? Non, probablement pas, il n’y a pas assez de matière dans un disque protoplanétaire entourant une étoile de faible masse. S’est elle formée beaucoup plus près de son étoile, a t-elle ensuite dérivé vers sa position actuelle ? C’est possible, par exemple si elle a été éjectée par un effet de fronde gravitationnelle, provoqué par un objet très massif circulant très près de l’étoile. Les astronomes vont chercher de nouveaux compagnons à GU Psc A dans les années qui viennent avec les instruments GPI et Sphere… Dernière, fascinante, possibilité : cette planète aurait été capturée par son étoile. Elle aurait pu naître, au sein d’une étoile de l’association AB Doradus, comme GU Psc A, être éjectée de son étoile, voguer librement dans l’espace interstellaire avant d’être capturée par sa nouvelle étoile. Dans le monde des étoiles et des planètes, parmi les mille milliards de mondes de la Galaxie, tout semble possible…
Serge Brunier

Que devient le virus de la grippe en été ?

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Virus de la grippe en microscopie électronique (fausses couleurs). / Ph. Cynthia Goldsmith, CDC, 1981, via Wikimedia Commons.

Virus de la grippe en microscopie électronique (fausses couleurs). / Ph. Cynthia Goldsmith, CDC, 1981, via Wikimedia Commons.

C’est simple : il déménage sous des cieux plus favorables à sa propagation, c’est-à-dire froids et humides. « Le virus de la grippe est toujours quelque part en un point du globe », confirme Jean-Claude Manuguerra, de l’Institut Pasteur.

Dans l’hémisphère Nord, il provoque des épidémies entre octobre et mars, tandis qu’il s’épanouit dans l’hémisphère Sud entre avril et septembre. C’est le “basculement hémisphérique” de l’hiver septentrional à l’hiver austral.

Dans la ceinture intertropicale, le virus circule toute l’année, mais à bas bruit, avec des pics à la saison des pluies.

De proche en proche

Mais comment fait-il pour voyager d’un point du globe à l’autre ? Eh bien, il passe de proche en proche.

Nul besoin de parcourir de longues distances en avion, il suffit que chaque individu contaminé parcoure ne serait-ce qu’un kilomètre et le tour (de la Terre) est accompli !

A contrario, si un Australien contaminé vient passer ses vacances en France au mois d’août, le virus ne s’y implantera pas car les conditions “environnementales et comportementales” ne sont pas réunies.

D’une part, les UV abîment son ARN – son matériel génétique –, d’autre part, en été, les personnes ont moins tendance à s’agglutiner dans des endroits confinés. Ce qui entrave la diffusion du virus.

M.-C.M