Les expériences de mort imminent, des signes de l’au-delà ?

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« En pleine nuit, avec 41,5 ° de fièvre, je descendais calmement, sans peur – je me revois encore ! – dans un tunnel sombre où je n’avais nulle crainte, attirée par une clarté inconnue… Par deux fois, je suis arrivée au bout de ce tunnel, au bord de l’Au-delà. J’ai vu des arbres magnifiques, une exubérance de fleurs aux teintes éclatantes, une intense lumière douce, un jardin merveilleux. Un océan de beauté ! J’étais subjuguée par l’immense clarté que je voyais au-delà des arbres, l’extraordinaire atmosphère de paix. J’ai aperçu une construction blanche sur une montagne, à ma droite, un bâtiment religieux, m’a-t-il semblé… Je voulais avancer plus avant… Cependant une force douce mais irrésistible m’a, par deux fois, fait reculer et, à regret, je suis “remontée” vers mon corps sur lequel devaient s’activer les soignants ! J’étais déçue de ne pouvoir aller plus avant. C’était si beau ! »


Madeleine Litoux avait alors 30 ans quand, lors d’une intervention chirurgicale où elle se voit mourir, elle vit cette expérience de mort imminente. Elle le racontera des années plus tard au Dr Patrick Theillier. Ce témoignage est l’un des sept publiés dans son ouvrage, préfacé par André Léonard, archevêque émérite de Malines-Bruxelles. « Il s’agit de faits réels existants qui m’ont été confiés, prévient l’auteur, les EMI ont toujours existé, dans toutes les cultures. La Bible et de grands mystiques y font référence. Le tableau de Jérôme Bosch (voir tableau ci-contre) laisse penser que ce dernier a pu vivre une telle expérience. Ce sont, selon moi, des signes de notre temps qui peuvent nous ouvrir à la vie intérieure. En parler est utile pour notre destinée », explique-t-il avant d’entrer dans le vif du sujet.


Vie intérieure


Ces phénomènes se sont intensifiés grâce aux progrès de réanimation médicale. Et des personnes ayant vécu une expérience à la frontière de la mort – appelés « expérienceurs » – qui de peur d’être incompris ou pris pour des fous se taisaient, osent aujourd’hui en témoigner. Dans les faits, les EMI surviennent chez des croyants de toute confession et des non-croyants ; malgré diverses tentatives de chercheurs, nul ne sait les déclencher. « Elles n’ont pas été voulues et sont vécues généralement lors d’un accident ou d’une intervention chirurgicale qui tourne mal. » Elles se produisent en cas de mort clinique apparente ou de coma avancé. Mais ne sont pas systématiques. Dans son second tome consacré à ces phénomènes, Patrick Theillier les qualifie d’expérience de « vie imminente » – une expression reprise par Fabienne Raoul, ancienne ingénieure nucléaire et auteure de Mon bref passage dans l’autre monde, édition Leduc.s.


Pour ce médecin croyant mais également pour Fabienne Raoul, il ne fait aucun doute que les EMI sont la preuve de l’existence d’une vie dans l’au-delà, e cette vie invisible apparaît plus réelle et plus belle que la vie terrestre. Mais cette conviction, partagée par certains chercheurs, rencontre encore de nombreuses résistances. « Sur le plan scientifique, on ne peut contester qu’il se passe quelque chose d’absolument anormal. Si la démonstration était faite, cela remettrait en cause un des paradigmes les plus fondamentaux de notre science biologique actuelle qui considère que la conscience est sécrétée par le cerveau », explique Patrick Thellier. Or comment expliquer que la conscience, alors qu’elle s’est détachée du corps durant une EMI, soit toujours active quand le cerveau ne fonctionne plus ? Comment un individu est-il capable de décrire très précisément les situations vécues, les rencontres faites avec un être bienveillant, les paroles reçues pendant une période de mort clinique avec un encéphalogramme plat ?


Quant à notre âme, qui fait un avec notre corps et s’en sépare ­lorsqu’a lieu une EMI, elle serait notre force vitale : « Un corps sans âme devient un cadavre. Elle a cette force spirituelle qui nous vient d’en haut, qu’on peut aussi appeler esprit. Elle est immuable, alors que le corps se transforme de jour en jour. Une fois ressuscitée, notre âme continuera à porter notre corps en elle, qui ne sera plus notre corps actuel mais un corps complètement spirituel qui restera notre corps. »


Purgatoire et enfer


Sur le plan de la foi chrétienne, et tandis que l’Église reste très prudente sur les EMI jugées souvent comme des phénomènes paranormaux, Patrick Theillier tire aussi d’autres conclusions. Comment interpréter que 2 à 5% des « expérienceurs » vivent des expériences infernales, très angoissantes ? « Si les agnostiques n’ont pas d’explication, l’enseignement de la foi chrétienne en donne une, avance-t-il. Pour les chrétiens, il n’y a pas que le paradis. La vie après dépend de la vie qu’on a ici sur terre, c’est une prolongation. On sait par les Écritures saintes et par les mystiques qui l’ont vécu qu’il y a aussi un monde “infernal”. C’est une sorte d’étape entre la terre et le ciel, où on pourra se purifier de nos scories pour pouvoir voir Dieu face à face. Combien de mystiques ont vu le purgatoire et demandent qu’on prie pour les âmes qui s’y trouvent, et elles peuvent elles-mêmes prier pour nous ! », analyse-t-il. 


Mais celui qui croit dans le Christ qui a promis de sauver tous les hommes, peut-il croire que l’enfer existe ? « La théorie qui dit qu’il existe, mais qu’il est vide, je n’y crois pas. L’enfer démontre notre liberté. Celle-ci est offerte à tous les pécheurs, mêmes à ceux qui meurent en état de péché mortel. Hélas, il est possible de refuser jusqu’au bout la miséricorde divine, en état de connaissance. »


Autre enjeu posé par les EMI, la possibilité d’entrer en relation avec les défunts. S’il est recommandé de prier pour nos défunts et de faire dire des messes, le médecin met en garde contre les moyens médiumniques utilisés pour garder une relation régulière et suivie avec nos morts : « Les psychologues le disent : quand il y a un deuil, il faut faire le deuil, c’est-à-dire accepter que la personne n’est plus là et qu’elle a sa vie à elle, et nous la nôtre. » Ce spécialiste témoigne à la manière de Bernadette, qui déclarait à propos des messages reçus par la Vierge : « Je ne suis pas chargée de vous le faire croire, je suis chargée de vous le dire. » « L’EMI est un appel à s’emparer de la vie éternelle. À nous ouvrir à cette dimension d’éternité, à un amour absolu de Dieu. Vivre dans la gratitude, la paix, l’amour des autres : c’est ça qui nous propulsera directement dans les meilleurs côtés de la vie éternelle. » Ne nous contentons pas de la Toussaint pour y songer !


 


À lire
Expériences de vie imminente, Patrick Theillier, Artège, tout juste sorti.
Expériences de mort imminente, du même auteur publié en 2015.


L’expérience de Fabienne Raoul

Dans Mon bref passage dans l’autre monde (Leduc.s), Fabienne Raoul raconte comment, en 2004, lors d’un malaise cardiaque, elle bascule dans un autre monde, sans limite, et vit un état de félicité. Cette expérience irrationnelle l’amène à balayer ses croyances en une science matérialiste et à changer de vie. Jusqu’alors, l’existence (humaine) se résumait en la matière seule pour cette ingénieure en nucléaire. Et la mort, au néant. Devenue depuis thérapeute, elle croit désormais en un « là-haut », qui agit quand elle l’invoque. Elle s’appuie sur les dernières recherches scientifiques en physique quantique, pour tenter d’expliquer comment il lui est possible de faire le lien entre la matière et le monde invisible. « Changer notre vision de la mort pour mieux vivre notre vie, c’est un des messages que je souhaite faire passer (…). Et le meilleur état d’esprit pour lire cet ouvrage, c’est d’être sceptique », écrit-elle. Lecteurs, soyez donc « dans un doute sain, sans a priori, ni jugement préétabli » !

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