La vie d’un jeune « Aspi » vue de l’intérieur

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Camille a passé son bac L en 2016 à Charleville, à l’âge de 19 ans. Excepté l’année de 2de redoublée, il a effectué une scolarité sans faute. Raconter ce parcours, c’est égrener une multitude d’étapes, la plupart douloureuses, certaines humiliantes, vécues au coude à coude avec ses parents. Si Camille vous livrait lui-même ce récit, vous entreriez dans son histoire en prenant le temps de relire chacune de ces étapes, à partir d’un détail. « L’autisme Asperger est une autre manière d’être au monde, prévient Damien, son père, professeur des écoles. Nous, “neurotypiques”, utilisons des nationales pour nous exprimer, eux vont prendre le chemin de terre et ça va être très long, ou au contraire une autoroute et là c’est fulgurant de rapidité. Ils voient tous les détails ; cette accumulation de détails surcharge le cerveau et joue un grand rôle dans leur fatigabilité. » Ce jour-là, Camille et ses parents nous accueillent dans leur maison de Charleville-Mézières…

“Sa place est dans le système scolaire !“

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Décrocher son bac S à 14 ans avec 18,97 de moyenne. Être reçu au prestigieux concours d’entrée de l’École normale supérieure un peu avant ses 17 ans. Commencer une thèse en géométrie algébrique à 20 ans… Le parcours de Thomas Mordant inspire le respect, surtout quand on sait que le jeune homme souffre d’une forme sévère d’ostéogenèse imparfaite, plus connue sous le nom de maladie des os de verre. Une maladie très handicapante qui le prive de toute mobilité. Mais cette réussite ne doit pas masquer la somme de difficultés que Thomas et sa famille ont dû surmonter durant toutes ces années. Remarques blessantes, aberrations administratives, injonctions à la déscolarisation… Isabelle Mordant a dû faire face à un système scolaire qui peine encore à inclure dignement les enfants en situation de handicap. Dans Mystère de la fragilité, ouvrage très émouvant, elle évoque la trajectoire de son fils, un jeune homme « vivant malgré sa maladie, libre malgré son handicap,…

En classe avec des enfants différents

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Une voiture se gare devant l’école primaire Lamazou, un établissement catholique sous contrat situé dans le XVIe arrondissement de Paris. Il est 8h30. Une petite fille accompagnée de sa mère en descend : voici Claire, 9 ans. Elle vient du XVe arrondissement pour rejoindre sa classe Ulis (pour unité localisée pour l’inclusion scolaire), qui accueille des enfants atteints de troubles spécifiques. « À ce soir, ma chérie, travaille bien. » Le départ de sa mère ne distrait pas Claire du plaisir qu’elle prend à retrouver la copine qui l’attend et qui fait résonner sur sa joue un baiser sonore. Les fillettes rejoignent leur maîtresse, Laurence Hébert, spécialisée dans la prise en charge d’enfants présentant des troubles cognitifs, puis montent les deux étages qui les amènent à leur classe en se donnant la main. Huit élèves – sept filles et un garçon – de 8 à 12 ans, y pénètrent. Tous atteints de trisomie. « Ce sont des enfants qui connaissent des déficits de l’attention et…

“L’école inclusive est l’école de l’esprit d’équipe“

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Vous souhaitez une école « pleinement inclusive ». Quel est l’enjeu ?


Chaque année, depuis la loi de 2005, l’école accueille 5 à 10% d’élèves handicapés supplémentaires. Ils seront environ 350.000 cette année. Nous voulons simplement que tout enfant de la République qui peut être scolarisé le soit. Comme nous l’expliquons aux enfants : « Avant, tu attendais à la maison un AESH (accompagnant des élèves en situation de handicap) pour aller à l’école ; à présent, tu vas à l’école, l’AESH t’attend. » Ce changement d’état d’esprit est une petite révolution qui s’engage et sera totalement déployée en 2021 grâce à des recrutements d’AESH et à une nouvelle organisation. Pour simplifier les démarches, nous dotons également chaque département d’une cellule ouverte de juin à octobre, afin que les familles aient un interlocuteur en 24 heures pour les aider dans leurs demandes. L’inclusion n’est pas un sujet marginal au sein de l’école. Elle est significative de…

La médina de Salé, entre corsaires et mosquée

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À une station de tramway de Rabat, sur l’autre rive du fleuve Bouregreg, se trouve Salé, ville de presque un million d’habitants. Nous voici au pied des remparts, sous l’arche de l’imposante porte Bab Lamrissa, l’une des sept entrées de la cité. « La médina de Salé est relativement préservée et donc idéale pour comprendre les codes de ces vieilles villes marocaines fortifiées », prévient Mohammed Krombi, le responsable des monuments historiques de la ville, avant de nous inviter à le suivre pour deux heures de découvertes architecturales et historiques de ce quartier dans lequel vivent 85.000 Salétins. « Bab Lamrissa » signifie « la porte du Petit Port » : jusqu’au début du XIXe siècle, un canal artificiel s’engouffrait dans la médina, en lieu et place des actuels pavés. D’un geste théâtral, notre guide désigne le sol sous nos pieds : « Si l’on remonte au XIIIe siècle, vous êtes en train de marcher sur l’eau ! »


Il faut imaginer qu’autrefois…