"Il faut savoir dire stop et non !"

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Trois questions à Isabelle Barth  Directrice de l’École de management de Strasbourg

Isabelle Barth est l’auteure avec Yann-Hervé Martin de la Manager et le Philosophe (le Passeur éditeur).

La course contre la montre est-elle une fatalité ?

Internet a introduit une rupture. Le temps s’est accéléré : il faut tout, tout de suite. Le domaine privé n’est plus sanctuarisé, ce qui augmente d’autant notre charge mentale. Mais je n’ai pas à me résigner, à accepter des consignes de plus en plus pressantes, à faire de mieux en mieux mon travail, puis de plus en plus. Ne nous condamnons pas au syndrome de la Reine rouge dans Alice au pays des merveilles : courir à perdre haleine pour rester sur place. Il faut savoir dire stop et non.

Par où commencer ?

Je recommande une technique : le sabotage (maîtrisé et à la marge) ! Assumer de ne pas s’être maquillée un matin, de différer la réponse à un mail, ou reconnaître simplement « Je me suis trompé(e) », sans se justifier. Essayez, vous verrez qu’on vit mieux lorsqu’on accepte d’être« moins parfait ». Certains ressentent le besoin de « blinder » un dossier pour ne pas laisser prise à la critique. Nous confondons trop souvent qualité et surqualité.

Quelles sont les questions à se poser pour prendre un nouveau départ ?

Profitons de la rentrée pour prendre un peu de recul. Suis-je content de ma vie ? Si je suis enfermé dans la plainte et la routine, je réfléchis à la manière de changer, d’adopter une posture plus active en sollicitant une formation, par exemple. Cette prise de conscience est une condition pour vivre plus sereinement.INTERVIEW

 

> À savoir

Retrouvez Isabelle Barth aux États généraux du christianisme, organisés par La Vie les 2,3,4 octobre 2015 à Strasbourg

Locon tresse des lauriers à l’ail gayant

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Il s’appelle gayant, comme le géant d’osier et de papier mâché qui défile chaque mois de juillet aux fêtes de Douai. L’ail d’ici, que les botanistes surnomment « ail du Nord », fait sa sortie à la même saison. Si son nom signifie justement « géant » en picard, la plante se distingue moins par ses dimensions que par sa longévité : ce produit phare du Pas-de-Calais peut se cuisiner un an après avoir été ramassé. Le bulbe ou « tête » du gayant est blanc, ses petites gousses subsidiaires ou « caïeux » rose foncé.

Les producteurs de Locon et des alentours le vendaient autrefois au kilo. Mais en 1978, quand des habitants de la commune ont lancé la Foire à l’ail pour créer des liens entre villageois et valoriser les ressources locales, les cultivateurs ont commencé à le tresser, instaurant sur le tas une tradition.

Un complément de revenus

Le carré d’ail n’est jamais très grand (autour de 5 000 m2 ) et constitue toujours une activité de complément, à côté du maraîchage, des serres, des céréales ou des œufs, dans des petites structures diversifiées. « La valorisation provoquée par la foire a permis à beaucoup de jeunes d’avoir un complément de revenus », explique Bernard Rose, producteur à Locon.

Chez lui, le ramassage est déjà « une fête ». Amis, frères et sœurs, cousins, neveux : on fait cela en groupe, pour la joie, mais aussi par nécessité. Car la culture de l’ail demande de nombreuses manipulations. Des caïeux de l’été sont plantés en février suivant. Le champ est ensuite désherbé, puis on « butte » l’ail « en ramenant un monticule de terre au-dessus, pour que la tête ne risque pas d’être à l’air libre avant maturité », explique le producteur. Quand la plante est mûre, ses fanes se couchent sur le sol. Une fois ramassé, l’ail est « blanchi » : « on enlève la première épaisseur de peau et la terre qui va avec », et ses racines sont coupées. Après avoir séché quelques jours dans le champ, il est lié en bottes, qui seront suspendues ou séchées sur des grilles.

Un état d’esprit

Les producteurs de la Foire à l’ail ont créé leur syndicat et le jour J, ils affichent leurs tresses au même prix. « Un signe qui indique un état d’esprit et qui profite à tous » selon Lysiane Playe, la présidente de l’Association loconoise pour les loisirs, l’entraide et les sports (Alles). Nature ou fumée, chaque tresse porte le nom du producteur. « L’ail de la région est apprécié, car il n’est pas particulièrement dur, acide ou agressif. Mais ici, on dit quand même qu’il est préférable de le manger en couple ! », plaisante Bernard Rose, chez qui on consomme les gousses conservées dans du vinaigre après cuisson dans du lait.

La veille de la foire, des bénévoles éplucheront 150  kg de têtes pour cuisiner 1 500 litres de soupe loconoise (dans 1,5 litre d’eau froide, verser un bol d’ail épluché, 500 g de pomme de terre en morceaux, 500 g de tomates pelées, saler, poivrer, mixer en fin de cuisson) servis le dimanche. « On fait ça avec des gants, car le jus d’ail frais brûle les doigts », explique Lysiane. Connu pour traiter certaines infections de la peau, l’ail améliore aussi la circulation, réduit l’hypertension et facilite la digestion. En Égypte, les esclaves qui construisaient les pyramides en recevaient une ration quotidienne censée renouveler leurs forces. Khéops en fit graver l’image sur les murs de son tombeau, tandis que des têtes d’ail déposées sur les sarcophages accompagnaient les pharaons dans l’au-delà. Une certaine idée du goût de l’éternité !

 

> La Foire à l’ail à Locon

Créée en 1978 pour animer le village et valoriser une culture traditionnelle locale, la Foire à l’ail accueille environ 10000 visiteurs par édition. Après le thème des chevaux l’an dernier, les stands de la quinzaine de producteurs-exposants pré- sents le dimanche 23 août dès 9 h seront décorés d’épouvantails de leur composition ! Le public pourra s’y procurer des tresses de 15, 25, 45 ou 90 têtes d’ail ornementées, ainsi que des échalotes et des oignons, et déguster les spécialités locales comme la soupe à l’ail ou le palet au bours’ail loconois (un rôti de porc farci de saucisson à l’ail). Cette année encore, la foire proposera des démonstrations de battage des haricots et du blé à la manière des années 1950, une exposition de vieux matériel agricole et le travail d’un maréchal-ferrant.

Tél. : 03 21 27 81 75. http://foirealail.fr

 

> De fêtes en foires

23 août Foire à l’ail à Locon (Pas-de-Calais).
22-23 août Fête de l’oignon à Roscoff (Finistère).
Du 28 au 30 août L’ail en fête à Piolenc (Vaucluse).
29-30 août Fête de l’ail à Cadours (Haute-Garonne).
29-30 août Foire aux oignons à Villeneuvela-Guyard (Yonne).
30 août Foire à l’ail, à l’oignon et au boudin à La Garde (Var). 

 

France Bleu est partenaire de la série d’été « Un produit, un terroir », à retrouver chaque semaine dans l’émission Vacances en France, présentée par Frédérick Gersal, de 12h30 à 13h.